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 L'Europe, maillon faible de l'impérialisme

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pzorba75
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   Posté le 26-06-2021 à 21:26:13   Voir le profil de pzorba75 (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à pzorba75   

Les pays adhérents à l'UE, de leur plein gré ou à l'insu de leur plein gré, sont de toute façon sous la coupe de l'impérialisme américain qui dirige les "affaires" européennes depuis 1917 où les premiers GIs ont posé le pied sur le continent européen.
S'affranchir de la tutelle américaine est la première étape pour envisager une perspective révolutionnaire en Europe ou attendre le plan B "la révolution aux Etats-Unis" qui surviendra bien un jour tant la crise est grave.

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Xuan
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   Posté le 27-06-2021 à 12:57:29   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'Ukraine retourne sa veste dans l'alliance occidentale anti Chine :

La Chine soutient le retrait de l'Ukraine de la déclaration conjointe anti-Chine lors de la session de l'ONU sur les droits de l'homme

Par Global Times
Publié: 26 juin 2021 21:45
https://www.globaltimes.cn/page/202106/1227133.shtml

La Chine se félicite du retrait de l'Ukraine de son approbation d'une déclaration conjointe anti-Chine faite lors de la 47e session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, qui reflète son esprit d'indépendance et de respect des faits et est conforme aux objectifs de la Charte des Nations Unies et des normes fondamentales régissant les relations internationales, a déclaré samedi le ministère chinois des Affaires étrangères.

La mission permanente de l'Ukraine auprès de l'Office des Nations Unies à Genève a déclaré vendredi sur son site officiel qu'elle avait retiré sa signature d'une déclaration conjointe sur la situation des droits de l'homme dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en Chine, selon l'agence de presse Xinhua.

Plus tôt le 22 juin, selon la rapport, lors du dialogue interactif avec le Haut-Commissaire aux droits de l'homme à la 47e session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, le Canada, au nom de certains pays, avait fait une déclaration conjointe critiquant la Chine au nom des questions liées au Xinjiang.

Lors de la 47e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, plus de 90 pays ont lancé leur appel à la justice, soutenu et fait écho à la Chine de diverses manières, a déclaré samedi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur son site Internet.
La tentative de quelques pays occidentaux de salir la Chine sur des questions liées au Xinjiang, à Hong Kong et au Tibet s'est à nouveau soldée par un échec. Cela démontre pleinement que la justice prévaudra toujours et que les gens auront un jugement équitable, a déclaré le porte-parole.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a déclaré jeudi dans un communiqué à l'occasion du 10e anniversaire de l'établissement du partenariat stratégique sino-ukrainien que l'Ukraine valorisait ce partenariat avec la Chine, dont le fondement inébranlable est la non-ingérence dans les affaires intérieures de l'autre et le respect mutuel de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et l'indépendance.


Edité le 27-06-2021 à 12:57:47 par Xuan




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Xuan
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   Posté le 12-07-2021 à 23:03:16   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'UE gèle le projet de taxe numérique sous la pression des USA


vidéo https://www.youtube.com/watch?v=iVORHwtibMY

Bruxelles a annoncé lundi, sous la pression de Washington, le gel de son projet de taxe numérique pendant les négociations à l'OCDE sur une réforme de la fiscalité des multinationales qui doivent s'achever en octobre, après un accord politique obtenu au G20 samedi.

https://fr.euronews.com/2021/07/12/l-ue-gele-son-projet-de-taxe-numerique-sous-la-pression-de-washington

"La réussite de ce processus nécessitera une dernière impulsion de la part de toutes les parties, et la Commission s'est engagée à se concentrer sur cet effort. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre en pause notre travail sur une proposition de taxe numérique" , a déclaré un porte-parole de la Commission.

Le projet européen a suscité des critiques américaines et la secrétaire au Trésor Janet Yellen avait appelé dimanche l'UE à le reconsidérer.

Le projet de taxe numérique était une des nouvelles ressources prévues par l'Union européenne pour financer son plan de relance de 750 milliards d'euros. Mais Washington juge ce projet discriminatoire pour les champions américains des technologies comme Amazon, Google ou Facebook.
L'accord sur la taxation des multinationales conclu sous l'égide de l'OCDE et approuvé samedi par le G20 "invite les pays à accepter de démanteler les taxes numériques existantes que les États-Unis considèrent comme discriminatoires et à s'abstenir d'instaurer des mesures similaires à l'avenir" , avait déclaré Mme Yellen dimanche.
"Il appartient donc à la Commission européenne et aux membres de l'Union européenne de décider de la marche à suivre" , avait-elle lancé devant la presse en marge du G20 à Venise.

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A noter : sur RT le 10 juillet soit deux jours avant cet enterrement de première, Bruno Lemaire déclarait à propos de l'accord sur la taxation des multinationales : il «n'y a plus de retour en arrière possible». «Le G20 Finances de Venise est un G20 décisif qui marque un avant et un après»

Le 11 juillet : La secrétaire américaine au Trésor enjoint à l'UE de réviser son projet de taxe numérique

Le 12 juillet l'UE abandonne l'accord


Edité le 01-08-2021 à 23:54:40 par Xuan




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   Posté le 13-07-2021 à 22:46:44   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La Serbie deviendra le premier pays d'Europe à produire un vaccin COVID-19 développé par la Chine

Par Global Times
Publié: 13 juil. 2021 22:22

https://www.globaltimes.cn/page/202107/1228583.shtml
Les gens s'enregistrent pour recevoir des vaccins COVID-19 à Belgrade, en Serbie, le 25 janvier 2021. Après l'arrivée du premier million de doses du vaccin chinois Sinopharm COVID-19, la Serbie a commencé la vaccination de masse le 19 janvier. (Photo de Nemanja Cabric/Xinhua)

La Serbie deviendra le premier pays d'Europe à produire des vaccins inactivés COVID-19 développés par la Chine, le pays ayant conclu un accord avec Sinopharm, a annoncé mardi la société chinoise.
La ligne de production en Serbie sera en mesure de livrer environ trois millions de doses de vaccins par mois et devrait produire 10 millions de doses de vaccin inactivé de Sinopharm, selon l'annonce.
Le premier lot de doses sera fourni au marché local serbe pour aider le pays à lutter contre l'épidémie, selon l'annonce.
Avant la dernière coopération avec la Serbie, Sinopharm a également localisé la production en travaillant avec des partenaires aux Émirats arabes unis (EAU) et au Maroc. Sinovac, un autre grand producteur chinois de vaccins COVID-19 a construit une chaîne de production en Égypte.
Un autre pays européen, la Hongrie, a également annoncé un plan pour produire le vaccin COVID-19 de Sinopharm dans une usine locale, a rapporté Reuters mardi.

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   Posté le 15-07-2021 à 20:34:58   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Nouvelle Guerre froide : La Hongrie et le rideau de fer de l’Otan

PAR ADMIN · PUBLIÉ 15 JUILLET 2021 · MIS À JOUR 15 JUILLET 2021

http://www.entelekheia.fr/2021/07/15/nouvelle-guerre-froide-la-hongrie-et-le-rideau-de-fer-de-lotan/
Voilà donc ce qui se cache derrière les récentes attaques verbales hystériques de l’UE contre la Hongrie… Non pas une question de « droits de l’homme », mais de guerre économique contre la Chine et la Russie.

Un texte édifiant sur les motivations réelles de nos dirigeants occidentaux, s’il en était besoin.


Par Simó Endre, de Magyar Békekör
Paru sur Consortium News sous le titre The NATO Iron Curtain

Déclaration de la Communauté hongroise pour la paix (Magyar Békekör)
L‘OTAN et l’Union européenne ont lancé une attaque politique coordonnée contre la Hongrie pour mettre fin à notre coopération avec la Chine et la Russie.

Ils veulent que la Hongrie mette fin à l’accord avec la Russie sur l’extension de la centrale nucléaire de Paks, et avec la Chine sur la construction de la ligne ferroviaire Belgrade-Budapest, et l’établissement de l’université Fudan en Hongrie.

Le système d’alliance occidental, dont notre pays est membre, exige que nous coupions les ponts vers l’Est et que nous nous soumettions entièrement à la volonté de l’OTAN. Leur attaque se cache sous le couvert de la défense de la démocratie. Ils prétendent s’inquiéter du sort des libertés et des droits de l’homme en Hongrie. Il ne fait aucun doute qu’il y a des problèmes à ce sujet chez nous! Et pas qu’un peu!

Mais il ne fait guère de doute que la cause des problèmes n’est pas à chercher dans la construction de relations avec l’Est et d’une coopération fondées sur des avantages mutuels. L’Occident craint que l’exemple hongrois ne devienne contagieux, or il s’avère que l’ouverture à l’Est apporte d’énormes bénéfices, y compris la protection de vies. Voyez comment ils ont pu enrayer l’épidémie avec des vaccins orientaux !

Ils se plaignent que le pouvoir hongrois ne monte pas le peuple contre les Russes et les Chinois, comme le font les Polonais, les Tchèques, les Roumains et les Baltes. Ils se plaignent que nous soyons prêts à rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie. Plus important encore, ils se plaignent que nous opposions notre veto à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Alors qu’ils craignent la démocratie en Hongrie, ils pactisent avec les nazis en Ukraine.

Aucune critique n’a été formulée à l’égard de la loi adoptée le 1er juillet, qui divise l’Ukraine en groupes ethniques inférieurs et supérieurs et sert de base juridique à la privation des droits des peuples, nations et minorités nationales déclarés non autochtones. Selon cette loi, les minorités hongroise, ruthène, russe, polonaise, roumaine et bien d’autres qui composent l’Ukraine ne sont plus considérées comme autochtones.

Si le véritable objectif de l’OTAN était de protéger les libertés et les droits de l’homme, elle ne soutiendrait pas une Ukraine qui les écrase ! Mais comme ce n’est pas le but, mais l’utilisation et l’exploitation de l’Ukraine contre la Russie, elle tourne le dos à ses propres valeurs déclarées, et elle s’unit aussi aux extrémistes ukrainiens dans l’esprit de la politique du « qui veut la fin veut les moyens ».

Non seulement elle expose nos Hongrois résidents en Ukraine à des atrocités, mais elle met également en danger la paix et la sécurité de la Hongrie avec le réarmement de l’Ukraine, ses exercices militaires et sa série de provocations autour de la Crimée.

Selon le credo de la Communauté de paix hongroise, la Hongrie doit vivre en paix et en bonnes relations avec l’Est et l’Ouest. Nous considérons qu’un allié douteux est celui qui ne nous soutient pas, mais nous entrave dans cette question de destin et de survie de notre nation.

La Communauté hongroise pour la paix proclame l’amitié et la coexistence pacifique des peuples.

Nous voulons une coopération égalitaire, mutuellement respectueuse et mutuellement bénéfique avec l’Est, et non un rideau de fer occidental avec l’Est !

Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration Clker-Free-Vector / Pixabay

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Xuan
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   Posté le 25-07-2021 à 16:30:54   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Un fait nouveau :

Accord Nord Stream n ° 2 : échec et virage à 180 degrés de l'administration Biden


Les États-Unis et l'Allemagne sont parvenus à un consensus sur la question du Nord Stream 2 et Washington a finalement abandonné les sanctions. Cela peut indiquer que la force déclinante des États-Unis n'a pas été en mesure d'interférer par la force avec les intérêts fondamentaux de ses alliés.
Les États-Unis savent qu'ils ne peuvent pas intervenir
Après la visite de la chancelière allemande Angela Merkel aux États-Unis, les États-Unis et l'Allemagne ont publié une déclaration conjointe le 21 juillet, annonçant que les deux pays étaient parvenus à un accord sur le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2.
Selon RIA Novosti, il n'est pas surprenant que les États-Unis n'aient pas réussi à arrêter Nord Stream-2. Dès le départ, Washington savait très bien qu'il n'avait pas la force de s'immiscer dans le projet russo-européen. Les États-Unis ne peuvent pas forcer l'Allemagne à abandonner des projets dans son intérêt.

A lire :
https://fr.sputniknews.com/economie/202107231045912592-la-russie-indique-une-condition-indispensable-pour-le-transit-de-son-gaz-via-lukraine/
https://www.latribune.fr/economie/international/nord-stream-2-berlin-et-moscou-se-mettent-d-accord-l-ukraine-et-la-pologne-voient-rouge-889485.html

Egalement cet historique :
Nord Stream 2 : comment interpréter la fin des sanctions américaines ?


OPINION. En renonçant aux sanctions édictées contre le gazoduc Nord Stream 2, cher à la Russie et à l’Allemagne, les États-Unis ouvrent la voie à la mise en exploitation de ce projet controversé. Par Sophie Marineau, Université catholique de Louvain (*)
Écoutez cet article

Sophie Marineau (*)
17 Juill 2021,

Le 19 mai 2021, pendant les préparatifs du sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden à Genève dans le cadre du G7, le secrétaire d'État américain Anthony Blinken annonce que les États-Unis renoncent aux sanctions qu'ils avaient imposées au projet du gazoduc Nord Stream 2.
Le premier Nord Stream, complété en 2011, relie Vyborg en Russie et Greifswald en Allemagne. Nord Stream 2 reliera quant à lui Oust-Louga en Russie, toujours à Greifswald. Depuis 2017, Washington avait imposé une série de sanctions aux entreprises et aux individus participant à sa construction dans l'objectif de la bloquer et de l'arrêter définitivement.

L'administration Biden admet que les sanctions américaines ont actuellement très peu de chances de porter leurs fruits, puisque le projet est déjà presque complété et que son gouvernement souhaite améliorer ses relations avec l'Allemagne, laquelle est très désireuse de voir le gazoduc entrer en exploitation.

Les raisons de l'hostilité américaine au projet
Washington s'oppose au NS2 (l'opposition n'a pas disparu, même avec la levée des sanctions) d'une part parce que celui-ci renforcera la dépendance européenne à l'égard du gaz russe et, d'autre part, parce que les exportations de gaz russe vers l'Europe sapent l'efficacité des sanctions frappant la Russie depuis 2014 en raison de la crise en Ukraine.
Par ailleurs, en réduisant l'accès au gaz russe, l'administration Trump espérait augmenter ses propres exportations de gaz naturel liquéfié (LNG) vers le continent européen. C'est donc également dans une perspective de bénéfices économiques que les États-Unis s'opposent à NS2.
Dès 2017, le Congrès américain adopte donc le Countering America's Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) et le Sénat américain le Countering Russian Influence in Europe and Eurasia Act afin de bloquer NS2 en sanctionnant tout individu ou toute entité investissant ou travaillant sur le projet ; mais comme la Commission européenne se dit prête à adopter des contre-sanctions si la Maison Blanche décrète des mesures coercitives, les discussions entourant de potentielles sanctions sont temporairement suspendues.

Le recours aux sanctions secondaires
En novembre 2019, les États-Unis annoncent que le US National Defense Authorization Act (NDAA) 2020 inclura des sanctions visant les entreprises et les individus impliqués dans la construction du gazoduc. Craignant les sanctions américaines, la compagnie suisse Allseas et la compagnie italienne Saipem suspendent alors leur collaboration avec Gazprom avant la fin de la construction de Nord Stream 2.
Les sanctions américaines posent plusieurs problèmes, notamment en raison de la section 232 du CAATSA - dans le cas du Nord Stream 2 - qui permet d'imposer des sanctions « secondaires » à des personnes et à des entités non américaines. C'est précisément ce qui distingue ces sanctions dites secondaires des sanctions « primaires », lesquelles prennent pour cible exclusivement les intérêts du pays visé - ici, la Russie.

C'est par le même type de procédé que les États-Unis ont réussi à décourager de nombreuses entreprises européennes d'investir en Iran depuis 2017.
Craignant de se voir refuser l'accès au marché américain, la française Total s'est ainsi retirée d'un partenariat d'un milliard de dollars avec l'Iran. Les sanctions secondaires américaines ont le désavantage de ne plus différencier les alliés des adversaires puisqu'elles peuvent viser toute compagnie faisant affaire avec un partenaire considéré hostile aux États-Unis.

Selon Washington, les sanctions secondaires n'imposent aucune pénalité aux autres États, mais elles ont comme objectif d'empêcher les entreprises étrangères d'accéder au marché américain si les États-Unis jugent que ces entreprises poursuivent des activités allant à l'encontre des intérêts américains. Selon le représentant républicain Kevin Brady, les sanctions secondaires encourageront les entreprises étrangères à collaborer davantage avec les États-Unis, à isoler la Russie, et à entraver son développement économique.
Comme outil de politique étrangère, les sanctions servent normalement à influencer les comportements des États sanctionnés, selon les préférences des États sanctionneurs. Or, les sanctions secondaires forcent également les entreprises étrangères à se conformer à l'agenda international américain, même si celui-ci va à l'encontre des intérêts de leur propre État.
La question se pose alors : est-ce que les États-Unis devraient être en mesure de dicter aux firmes européennes la façon dont celles-ci doivent mener leurs affaires en les menaçant, en cas de non-obéissance, de les priver de leur accès au marché américain ?

En Europe, des voix discordantes
Dans le cas de Nord Stream 2, l'Union européenne, comme organisation, s'est bien sûr opposée publiquement et farouchement à l'extraterritorialité de ces mesures, ainsi qu'à leur légalité douteuse. Les États-Unis se permettent d'adopter ce type de politiques en raison de leur place centrale dans l'économie mondiale et de l'importance notoire de leur marché pour le continent européen. Les entreprises européennes se retrouvent dès lors dans une relation asymétrique vis-à-vis du gouvernement américain, alors que l'UE devrait être en mesure de garantir aux entreprises la liberté de conduire leurs affaires dans le cadre des lois et des politiques européennes, sans ingérence extérieure.

Toujours dans le cas particulier de Nord Stream 2, il est important de noter que certains pays européens soutiennent toutefois ces sanctions. L'Ukraine a, sans aucun doute, le plus grand des intérêts à soutenir les États-Unis dans leurs tentatives de bloquer le gazoduc. Une part importante du gaz russe destiné au marché européen transite actuellement par l'Ukraine. Les revenus générés par les frais de transit payés par la Russie et l'UE représentaient 3 % du PIB total de l'Ukraine en 2017. Nord Stream 2, reliant directement la Russie à l'Allemagne, permettra donc à la Russie et à l'UE d'économiser ces frais de transit.
Parallèlement, la Pologne s'oppose tout autant au projet. Elle bénéficie également des frais de transit en raison des gazoducs passant sur son territoire, bien qu'en proportion beaucoup moins importante que pour l'Ukraine. Par ailleurs, comme Varsovie souhaiterait devenir un hub pour le gaz naturel liquéfié américain, le gouvernement polonais a tout intérêt à soutenir les mesures américaines et, potentiellement, les exportations américaines de GNL vers l'Europe. En outre, la Pologne craint que Nord Stream 2 ait pour effet d'accroître l'influence russe en Europe. Alors même que le premier projet Nord Stream était lancé, le ministre de la Défense polonais Radoslaw Sikorski n'hésitait pas à comparer le gazoduc au Pacte Ribbentrop-Molotov de 1939. Depuis, d'autres voix se sont prononcées contre le projet de NS2, notamment le ministre des Affaires étrangères de l'Estonie Sven Mikser et le premier ministre lithuanien Saulius Skvernelis.

Tous ces efforts n'ont pas été couronnés de succès, puisque les États-Unis ont finalement décidé de lever les sanctions visant les firmes et les individus impliqués dans la construction du Nord Stream 2. Par l'application de sanctions secondaires, dans le cadre de ce projet, de l'accord sur le nucléaire iranien ou lors de toute autre situation litigieuse entre Washington et l'Union européenne, la Maison Blanche force ses alliés à suivre son propre agenda. En faisant front commun, comme en 2017, et en prévoyant des contre-mesures aux sanctions secondaires américaines, l'UE pourrait toutefois arriver à dissuader les États-Unis de mettre en place ce type de sanctions, tout en garantissant aux entreprises européennes la liberté d'œuvrer dans le cadre légal européen sans ingérence externe.

(*) Par Sophie Marineau, Doctorante en histoire des relations internationales / phD candidate History, International relations, Université catholique de Louvain.
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/nord-stream-2-comment-interpreter-la-fin-des-sanctions-americaines-889204.html

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   Posté le 29-07-2021 à 10:34:01   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le Monde s'alerte des règles sanitaires différentes dans l'UE et parle d' imbroglio .
Malgré la mise en place du pass sanitaire unifié le 1er juillet, les pays européens l'interprètent en fonction de leurs nécessités économiques. En particulier les pays du sud qui vivent pour une grande part du tourisme. Cette contradiction se superpose à l'inégalité des pays européens.
L'unité européenne sur ce sujet a fait long feu, ce qui constitue un handicap majeur dans la lutte contre le virus et une manifestation supplémentaire de la division de l'UE.
Par rapport à la crise inflationniste qui se profile, que les USA ne manqueront pas de refiler à leurs alliés, l'UE va se trouver particulièrement démunie.


Edité le 29-07-2021 à 12:25:36 par Xuan




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   Posté le 10-08-2021 à 13:24:36   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L’Allemagne cap à l’ouest ?

Cet article de dnews alerte sur le changement de cap de l'Allemagne après le départ de Merkel.
Les politiciens allemands virent vers l'atlantisme.


dnews
Écrit par : Wang Feng
2021-08-10 07:56:02

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La chancelière allemande Angela Merkel est sur le point de démissionner. Dans l'ère post-Merkel, où va la politique de l'Allemagne et de l'Europe envers la Chine ? De nombreux politiciens de la CDU, le plus grand parti d'Allemagne, ont publié des signaux importants sur l'orientation de leur politique chinoise.
Selon le "Business Daily" allemand, le candidat chancelier de la CDU, le plus grand parti d'Allemagne, Armin Laschet et la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer ont appelé au renforcement de l'alliance transatlantique et au renforcement de l'Europe en même temps, en se méfiant des risques de « contrôle du marché » apportés par la Chine.

Dans une série d'articles, Raschelt, Karenbauer et Peter Beyer, le coordinateur transatlantique du gouvernement allemand, ont mis en garde contre l'influence croissante de la Chine sur l'économie mondiale, les droits de l'homme et les technologies futures, et ont appelé l'Allemagne et les États-Unis à unir leurs forces contre la Chine dans une Alliance stratégique.
Ces articles seront publiés dans la publication de célébration « Forging a New West » .
Lashet a demandé à l'Europe d'avoir la capacité d'agir. "Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons devenir un partenaire solide pour nos amis transatlantiques."
Rushett, qui est le président du parti CDU, a également déclaré que l'Europe et les États-Unis doivent être à la pointe de la numérisation et s'entendre sur de nouvelles normes techniques.
"Cela enverra un signal clair et peut-être le plus important à la Chine, car nous et nos partenaires transatlantiques partageons le même point de vue que la Chine n'est pas seulement un partenaire de négociation et un concurrent, mais aussi un adversaire institutionnel."
Karen Bauer a averti les gens de ne pas trop se fier à la force économique de la Chine. Elle a déclaré: "La Chine, qui a des ambitions géopolitiques et cherche une forte domination, considère à peine une société ouverte, les droits de l'homme et une démocratie active."
Karenbauer a également critiqué: "Pékin veut contrôler le marché et les actions politiques des autres pays. Sans les États-Unis, nous, Européens, ne serions pas en mesure de maintenir la liberté et la sécurité. Sans le grand et influent camp économique de l'Europe, les États-Unis seraient seuls et la Chine pourrait facilement jouer contre elle lorsqu'elle sera en compétition."
Bayer, membre fédéral de la CDU, a déclaré à propos de la Chine : « C'est la dictature économiquement réussie à laquelle nous sommes confrontés. Nous l'avons sous-estimée pendant trop longtemps.
Bayer a déclaré que l'initiative chinoise "Une ceinture, une route" est préoccupante et que maintenir la neutralité sur les questions chinoises serait "naïf et dangereux". Bayer demande à l'Occident d'exercer plus fortement ses valeurs communes.

Le South China Morning Post de Hong Kong a déclaré le 10 août qu'alors que la direction de la chancelière allemande Merkel entre dans les dernières semaines, l'UE et en dehors de l'UE s'efforcent de façonner les futures relations avec la Chine.
Alors que la chancelière allemande Merkel est sur le point de faire ses adieux à l'arène politique, les relations entre la Chine et l'Union européenne sont menacées.
Au cours des 16 dernières années, les relations sino-européennes de Merkel se sont davantage orientées vers les affaires que les droits de l'homme.
Sous la pression de la répression des "violations des droits de l'homme" et des "violations économiques", l'UE est confrontée au dilemme d'être prise entre les deux superpuissances chinoise et américaine.

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   Posté le 11-08-2021 à 08:44:22   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Focus sur les relations économiques entre la Chine et l'Allemagne après Merkel, la 5G sera un terrain d'essai clé

La rhétorique dure des politiciens ajoute à l'incertitude des relations futures
Par Wang Cong et Shen Weiduo
Publié: 10 août 2021 20:18
https://www.globaltimes.cn/page/202108/1231113.shtml

Alors que la dirigeante allemande vétéran Angela Merkel envisage de démissionner dans quelques semaines, l'avenir des relations économiques et commerciales massives sino-allemandes pourrait entrer dans une période d'incertitude avec des points de vue et une rhétorique très différents de la part des politiciens allemands sur la direction de la Chine de Berlin. Stratégies.

Les récents rapports de remarques dures sur l'économie chinoise de la part de la principale candidate à la succession de Merkel et d'autres responsables allemands ont ajouté à l'incertitude.

Alors que la rhétorique dure de certains politiciens allemands est attendue, compte tenu des tensions entre la Chine et les pays alliés dirigés par les États-Unis, la coopération économique et commerciale globale devrait continuer à se développer, même s'il y aura des perturbations dans certains domaines et projets spécifiques, ont noté des analystes chinois. .

La politique largement indépendante de l'Allemagne sur la technologie 5G chinoise sera au centre de l'attention pour évaluer l'orientation des relations économiques et commerciales bilatérales, ont déclaré les analystes.

Dans ce qui pourrait être un signal étroitement surveillé de la position de l'Allemagne envers la Chine après le départ de Merkel, le candidat à la chancelière Armin Laschet et d'autres responsables allemands prévoient de mettre en garde contre l'influence croissante de la Chine sur l'économie mondiale et d'appeler à une alliance stratégique avec les États-Unis dans une série d'articles. cette semaine, selon le journal allemand Handelsblatt.

Dans les articles, les politiciens allemands ont également exhorté l'Europe et les États-Unis à diriger la numérisation et à s'entendre sur des normes pour les nouvelles technologies, tout en décrivant la Chine comme un « partenaire de négociation, un concurrent et un rival systémique », a déclaré le rapport du Handelsblatt, publié en allemand. .

Si les articles sont publiés tels que rapportés, ce serait un changement clair de position pour Laschet, qui a déclaré pas plus tard qu'en juin qu'il soutenait "la stratégie chinoise du gouvernement (Merkel)" et qu'"il n'y a pas besoin de transformer notre politique chinoise en sa tête."

Les analystes chinois ont déclaré que l'incertitude augmentait non seulement pour les relations sino-allemandes, mais également pour les relations sino-européennes après le départ de Merkel, qui a été une force stabilisatrice cruciale dans les deux relations.

"Il pourrait y avoir des changements [dans les relations bilatérales] après Merkel, et la Chine doit être préparée", a déclaré mardi Chen Fengying, chercheur aux Instituts chinois des relations internationales contemporaines, au Global Times, notant que les différends politiques se produiront probablement. compliquent de plus en plus les problèmes économiques et commerciaux.

Cependant, "indépendamment de la confrontation politique, il n'y a aucun moyen pour l'Europe et les États-Unis de se séparer complètement de la Chine", car la coopération dans les chaînes industrielles est impossible à défaire, a ajouté Chen.

Malgré les tensions diplomatiques, les échanges commerciaux de la Chine avec l'UE et les États-Unis continuent de se développer rapidement. Au cours des sept premiers mois de 2021, le commerce de la Chine avec l'UE a augmenté de 23,4% en glissement annuel, tandis que le commerce avec les États-Unis a bondi de 28,9%, selon les données douanières chinoises. L'UE et les États-Unis restent les deuxième et troisième partenaires commerciaux de la Chine.

Les liens économiques et commerciaux de l'Allemagne avec la Chine sont encore plus forts que ceux de l'UE dans son ensemble et seront encore plus impossibles à ébranler, ont noté les analystes chinois.

La Chine est restée le plus grand partenaire commercial de l'Allemagne en juin, les exportations allemandes vers la Chine augmentant de 16% en glissement annuel et les importations en provenance de Chine augmentant de 11,1%, selon les données officielles allemandes publiées lundi. La Chine est également le plus grand marché pour de nombreuses entreprises allemandes, en particulier les constructeurs automobiles, avec plus de 5 000 entreprises allemandes opérant en Chine.

« Des constructeurs automobiles aux énergies nouvelles, le potentiel de coopération sino-allemande est très important et [les intérêts de l'Allemagne] sur le marché chinois sont également les plus importants », a déclaré mardi au Global Times Ma Jihua, un analyste chevronné de l'industrie des télécommunications, ajoutant que l'Allemagne a un grand intérêt à poursuivre la coopération avec la Chine.

Sous la pression de Washington, qui tente sans relâche de sévir contre la principale technologie 5G chinoise, de nombreux alliés américains se sont montrés prudents quant à l'importation d'équipements du géant chinois des télécommunications Huawei. Cependant, l'Allemagne a maintenu une approche relativement indépendante, car elle s'est abstenue d'interdire la technologie de Huawei.

Que l'Allemagne change d'approche après le départ de Merkel serait un indicateur clé de l'orientation de la politique du pays envers la Chine sous une nouvelle chancellerie, ont noté les analystes. Cependant, alors que des incertitudes subsistent et que la rhétorique critique sur la Chine ne s'arrêtera probablement pas, les analystes estiment qu'il n'y aura pas de changement fondamental dans les politiques économiques et commerciales envers la Chine, y compris dans la 5G.

"L'Allemagne a une vision de l'industrie 4.0 et a un besoin plus urgent de construire sa 5G et d'autres infrastructures que d'autres pays européens… ce besoin ne changera pas en raison du changement de leadership", a déclaré Ma, ajoutant que Huawei est le partenaire le plus idéal de l'Allemagne. .

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L'évacuation chaotique de l'Afghanistan oblige l'UE à repenser le "leadership américain de l'alliance occidentale"

Les dirigeants européens expriment leur réflexion au milieu des appels à une politique plus autonome
Par Yang Sheng
Publié: 18 août 2021 21:33

https://www.globaltimes.cn/page/202108/1231884.shtml

L'évolution dramatique et historique de la situation en Afghanistan au cours des dernières semaines a gravement endommagé l'image des États-Unis, et de nombreux alliés clés d'Europe ont exprimé leur inquiétude quant à la crédibilité et la fiabilité de l'alliance dirigée par les États-Unis et ont exhorté leur politique de défense à être plus indépendante. et autonome, même si Joe Biden sollicite leur coopération pour l'évacuation et les affaires d'après-guerre.
Les analystes chinois ont déclaré qu'il s'agissait d'un impact inévitable sur l'Occident. Contrairement à l'ère de la guerre froide, lorsque la plupart des pays occidentaux n'avaient d'autre choix que de se tenir étroitement aux côtés des États-Unis, l'Europe a désormais plus d'espace et plus de raisons de prendre des décisions indépendantes. Dans le passé, les échecs américains dans la péninsule coréenne et au Vietnam n'ont pas eu d'impact fondamental sur l'unité de l'Occident. Mais aujourd'hui, l'échec en Afghanistan risque de rendre l'alliance dirigée par les États-Unis de moins en moins unie, ont noté les experts.

Washington a montré à ses alliés du monde entier qu'il est incapable ou peu disposé à affronter un petit adversaire avec des armes très basiques et environ 70 000 soldats. Ainsi, à l'avenir, lorsqu'il exhortera ses alliés à défier les grandes puissances comme la Chine et la Russie, très peu suivront, ont-ils déclaré.

Le Financial Times a publié mardi un article intitulé "Les alliés de l'OTAN demandent instamment de repenser l'alliance après la sortie "unilatérale" de l'Afghanistan de Biden". L'article indique que les dirigeants européens, les politiciens et les responsables d'organisations internationales comme l'UE et l'OTAN sont très préoccupés par leurs liens problématiques et peu fiables avec les États-Unis.

"Ce genre de retrait de troupes a provoqué le chaos. Le chaos provoque des souffrances supplémentaires" , a déclaré mardi à la radio locale Artis Pabriks, le ministre letton de la Défense. De telles missions à long terme étaient peu probables à l'avenir, a-t-il ajouté. " Cette époque est révolue. Malheureusement, l'Occident, et l'Europe en particulier, montrent qu'ils sont plus faibles à l'échelle mondiale" , selon le FT.

Armin Laschet, le candidat conservateur allemand à la succession de la chancelière allemande Angela Merkel, a qualifié mardi le retrait des troupes de "la plus grande débâcle que l'OTAN ait connue depuis sa fondation".

Zhu Yongbiao, directeur du Center for Afghanistan Studies de l'Université de Lanzhou, a déclaré qu'il était tout à fait raisonnable que les alliés américains remettent en question la capacité, la détermination et la volonté de Washington de protéger ses alliés et de diriger la coalition, et les pays occidentaux seront également confrontés à de nombreux problèmes après l'évacuation, comme l'accueil des réfugiés et de ceux qui demandent l'asile politique.

Les experts chinois ont également constaté que l'administration Biden n'est pas différente de l'administration Trump dans la communication avec l'alliance, car Biden montre du respect en surface, mais dans la pratique, les États-Unis sont toujours unilatéraux, ce qui signifie que le "multilatéralisme" n'est qu'un slogan pour Biden. pour plaire à l'Europe.

"Il semble que l'OTAN ait été complètement dépassée par les décisions unilatérales américaines ", a déclaré Lord Peter Ricketts, ancien conseiller britannique à la sécurité nationale, a rapporté le FT.

"Nous devons comprendre qu'en ce qui concerne la mission de l'OTAN en Afghanistan, il n'était pas possible d'avoir un rôle indépendant pour l'Allemagne ou les forces européennes" , a déclaré Merkel lundi. " Nous avons toujours dit que nous dépendions essentiellement des décisions du gouvernement américain."

Mais l'impact négatif sur l'alliance dirigée par les États-Unis ne doit pas être exagéré, et l'hégémonie américaine est loin de s'effondrer, a déclaré Xiao He, expert de l'Institut d'économie et de politique mondiales de l'Académie chinoise des sciences sociales, ajoutant que « les États-Unis s'est retiré du Vietnam mais il s'est tiré d'affaire. Cela lui a donc permis de pivoter ailleurs. Certains de ses alliés ont accueilli les États-Unis pour qu'ils abandonnent certains combats inutiles.

Zhu a déclaré que la situation internationale actuelle est différente de celle de l'ère de la guerre froide, car dans le passé, les pays occidentaux n'avaient pas le choix. Mais aujourd'hui, ils sont plus indépendants en termes de prise de décision. Ainsi, après l'échec en Afghanistan, les membres de l'OTAN et de l'UE pousseraient certainement des politiques de défense plus indépendantes ou autonomes.

"L'Afghanistan est aujourd'hui la énième expression de la politique ratée et inflexible de l'OTAN" , a écrit sur Twitter Ione Belarra, leader de Podemos et ministre espagnol des Affaires sociales.

"Il est temps de passer à une plus grande souveraineté et à la défense de nos propres intérêts", a déclaré Lilith Verstrynge, une autre responsable de Podemos, faisant écho au président français Emmanuel Macron, a rapporté le FT.

Macron a également mis en garde contre un afflux potentiel de migrants afghans en Europe, ajoutant que les dirigeants de l'Union européenne sont en contact pour lancer une initiative contre la migration irrégulière.

Li Haidong, professeur à l'Institut des relations internationales de l'Université des affaires étrangères de Chine, a déclaré mercredi au Global Times que « les États-Unis auront plus de frictions avec leurs alliés. Outre le problème des réfugiés, les États-Unis voudraient également que leurs alliés participer à la fourniture d'une aide humanitaire et d'une assistance économique à l'Afghanistan.

À l'heure actuelle, l'économie américaine est en difficulté à cause de l'inflation et de la nécessité d'empêcher le marché boursier de glisser. Ainsi, l'administration Biden n'est pas en mesure de se permettre de nouvelles dépenses extérieures, et elle fera pression sur ses alliés pour obtenir de l'aide, puis de nouveaux problèmes dans les relations transatlantiques se produiront, a noté Li.

Non seulement l'Occident, mais le reste du monde s'interroge sur le rôle que les États-Unis pourraient jouer en ce moment. "En regardant l'évacuation déconcertante de l'aéroport de Kaboul, le monde se demande dans quelle mesure les États-Unis pourraient encore jouer le rôle de" leader "pour amener leurs partenaires à surmonter de nouveaux défis" , a déclaré Shen Yi, professeur à la School of International Relations and Public Affairs. de l'Université de Fudan, a déclaré mercredi le Global Times.

"Incapables de construire un nouvel Afghanistan, les États-Unis ne peuvent même pas organiser leur évacuation. Le gouvernement américain pourrait-il aujourd'hui diriger l'Occident ? C'est une question qui doit être soigneusement examinée par toutes les personnes et entités du monde entier" , a déclaré Shen. c'est noté.

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   Posté le 06-09-2021 à 12:23:36   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La politique de la Chine envers le second monde tient compte des contradictions au sein du camp impérialiste, mais sans se laisser marcher sur les pieds.

Ensuite le PCC est matérialiste et considère que les intérêts des capitalistes européens passent avant leur idéologie ou leurs liens idéologiques avec les USA.

Cette relation n'est pas mécanique, on a vu que dans l'affaire Huawei c'est l'atlantisme qui l'a emporté, mais à long terme la position "ni Chine ni USA", qui aboutit à suivre les USA, nuit aux intérêts des monopoles de l'UE et n'a pas d'avenir.
D'autre part, l'espionnage US, la déculottée de Kaboul conduisent les européens à s'interroger sur la fiabilité de la "protection" américaine.




Le Parlement européen réclame une ligne plus dure à l'égard de la Chine

L'Europe devrait savoir qui tire le plus d'avantages des liens

Par Yang Sheng et Fan Anqi
Publié: 06 sept. 2021
https://www.globaltimes.cn/page/202109/1233409.shtml

Certains membres du Parlement européen utilisent continuellement la question de Taïwan pour provoquer la souveraineté de la Chine et exhortent l'UE à réduire sa dépendance à l'égard de la Chine et à afficher une position plus dure et plus unie envers Pékin, mais ces activités nuisent à l'échange mutuellement avantageux Chine-UE. relations et ajoutant des incertitudes à l'avenir de l'UE, ont déclaré des experts chinois.

Certains experts chinois ont averti que pour faire face à ces actes irresponsables, la Chine devrait faire des efforts pour faire savoir à l'UE que celui qui tire le plus de bénéfices des relations bilatérales devrait être plus décent que provocateur.

Après les frictions sur les affaires chinoises liées au Xinjiang en mars, causées par les accusations sans fondement de l'UE sur les affaires liées au Xinjiang et les sanctions contre les responsables et entités chinois, les forces anti-chinoises européennes, les politiciens pro-américains et les opportunistes ont récemment trouvé une nouvelle cible - la question de Taïwan - pour provoquer davantage la Chine et nuire aux relations Chine-UE.

La Lituanie est un exemple typique parmi les membres de l'UE qui souffre maintenant d'une telle décision trouble prise par ses politiciens opportunistes.

Reinhard Butikofer, un membre allemand du Parlement européen qui a été sanctionné par la Chine en raison de précédentes frictions Chine-UE sur le Xinjiang, a mis en garde les dirigeants européens contre le risque de la stratégie chinoise de "diviser pour mieux régner", selon le Daily Express samedi.

Butikofer a fait valoir que "l'Allemagne et la France devraient s'abstenir de chercher" égoïstement "à guider les relations UE-Chine" . Il a averti que les États membres de l'UE devraient convenir d'une position unie sur la question de la Chine et a déclaré que l'UE ces derniers temps a avancé collectivement sur un certain nombre de fronts pour faire face à Pékin, a rapporté le Daily Express.

"Les remarques de Bütikofer reflètent certaines voix au sein de l'UE selon lesquelles il devrait y avoir un front uni contre l'influence de la Chine, mais l'UE devrait comprendre qu'un front uni ne signifie pas nécessairement une confrontation" , a déclaré dimanche à Global Times Cui Hongjian, directeur du département d'études européennes du China Institute of International Studies.

Ce genre de pensée en Europe est causé par plusieurs facteurs, a déclaré Cui. "C'était d'abord les représailles fermes de la Chine en ripostant aux sanctions de l'UE sur les affaires liées au Xinjiang, puis l'escalade des tensions entre la Chine et la Lituanie sur la question de Taiwan. La Lituanie cherche le soutien de l'UE, c'est pourquoi certains politiciens anti-chinois ont pris l'occasion de faire encore plus de battage autour de la théorie de la « menace chinoise ».

Des politiciens comme Bütikofer tentent d'influencer l'orientation future de la politique chinoise après les élections fédérales allemandes de septembre, ce qui ajoute des incertitudes aux relations sino-allemandes et sino-européennes,
a noté Cui.

Les experts ont noté que les futures relations sino-européennes seront plus complexes et turbulentes, car davantage de conflits qui existaient depuis longtemps pourraient faire surface, en raison du changement d'attitude de l'UE qui devient plus dure et moins amicale envers la Chine. Par exemple, l'UE pourrait se prémunir contre la Chine sur certaines industries stratégiques à haute valeur ajoutée à l'avenir.

Qui est le fauteur de troubles ?

Le ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis a récemment exhorté les autres membres de l'UE à réduire leur dépendance à l'égard de la Chine alors que son pays est confronté à la conséquence amère de provoquer la Chine sur la seule question de Taiwan parmi les 27 États membres de l'UE. Il a déclaré que la direction franco-allemande des relations UE-Chine devrait être remplacée par un "format uni" sur la Chine.

Mais en fait, la Lituanie est celle qui a interrompu l'unité en créant des troubles pour les autres membres de l'UE, car personne d'autre n'a jamais provoqué le principe d'une seule Chine comme la Lituanie l'a fait. Son acte a poussé les membres de l'UE à prendre d'énormes risques pour gérer ce problème inutile, a déclaré Wang Yiwei, directeur de l'institut des affaires internationales de l'Université Renmin de Chine à Pékin.

Certains membres du Parlement européen empoisonnent et enlèvent les liens entre la Chine et l'Union européenne, poussant pour les soi-disant liens plus étroits entre le bloc et l'île de Taïwan, auxquels le ministère chinois des Affaires étrangères et la mission chinoise auprès de l'UE s'opposent fermement. La mission chinoise les a exhortés à corriger leurs mauvaises actions.

Quant à savoir si d'autres pays de l'UE suivraient la Lituanie en provoquant la Chine sur la question de Taïwan, les observateurs ont déclaré que cela dépendrait de la décision de la Lituanie de prendre des mesures de fond contre la Chine et de la réponse de la Chine.

Si les politiciens lituaniens refusent de corriger leurs erreurs et que les relations sino-lituaniennes continuent de se détériorer au point de rompre les relations diplomatiques, d'autres pays européens examineront sérieusement les conséquences de la provocation des résultats de la Chine sur la souveraineté. La question dépend également de la force avec laquelle l'UE résistera à la Lituanie contre la Chine, a déclaré Cui.

Donnez-leur des leçons

"L'utilisation par la Chine du commerce comme arme dans les différends diplomatiques" est une autre accusation que les médias et les politiciens européens ont imposée à la Chine lorsqu'ils ont reçu des représailles de Pékin sur leurs provocations.

Ces voix venues d'Europe "indiquent clairement la mauvaise personne" , car c'est l'ancien président américain Donald Trump qui a le premier "armé le commerce en imposant des droits de douane à l'Europe" , a noté Cui.

De plus, c'est l'UE qui a préconisé un avantage plus net sur les affaires et les investissements avec la Chine, comme le montre une série de mesures telles qu'un examen des investissements et des problèmes de sécurité de la chaîne d'approvisionnement, de sorte que l'UE est la première à utiliser le commerce comme une arme pour traiter avec la Chine, a noté Cui.

Pour faire face à ces accusations injustifiées, la Chine devrait exposer directement et clairement les faits et réévaluer les relations économiques bilatérales en renforçant la législation pour examiner plus strictement les investissements et les activités commerciales de l'UE en Chine, comme l'UE l'a fait avec la Chine, a noté Cui. Il a déclaré qu'il était nécessaire de " leur faire savoir qui a le plus besoin de qui dans cette relation, et celui qui en profite le plus devrait au moins être décent et poli, pas provocateur".

Les relations sino-européennes sont également affectées par les relations sino-américaines, a déclaré Wang Yiwei, notant qu'au second semestre de cette année, la Chine, les États-Unis et l'UE devront avoir des discussions clés sur les questions climatiques et les États-Unis ont besoin des deux autres. pour l'aider à démêler le gâchis de l'Afghanistan, de sorte que les tensions actuelles devraient s'apaiser, tant que les parties concernées restent pragmatiques.

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   Posté le 06-09-2021 à 23:03:09   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Comment devrions-nous juger la montée des voix dures contre la Chine en Europe : éditorial du Global Times

Par Global Times
Publié: 05 sept. 2021 20:48

https://www.globaltimes.cn/page/202109/1233382.shtml?id=12

Il y a des voix de plus en plus dures qui s'élèvent contre la Chine en Europe, et les membres du Parlement européen ont joué un rôle important dans la promotion de ces voix. Reinhard Bütikofer, qui préside la délégation du Parlement européen pour les relations avec la Chine, a fait valoir que l'Allemagne et la France devraient se retenir de chercher "égoïstement" à guider les relations UE-Chine. Il a appelé les États membres de l'UE à adopter une position unie sur la question de la Chine. La commission des Affaires étrangères du Parlement européen a adopté mercredi un projet de rapport pro-Taïwan. Fabio Massimo Castaldo, vice-président du Parlement européen, a défendu le rapport en disant que l'UE ne peut pas rester silencieuse sur la politique étrangère de plus en plus agressive de la Chine.

L'Allemagne est le plus grand partenaire commercial de la Chine au sein de l'UE. La Chine est également le plus grand partenaire commercial de l'Allemagne. Mais des voix dures envers la Chine se font souvent entendre. Dans un discours prononcé lors d'un événement de l'industrie en juin, Siegfried Russwurm, chef de l'association de l'industrie BDI, a déclaré que l'Allemagne ne doit pas éviter la confrontation si les lignes rouges sur les droits de l'homme sont franchies lorsqu'elles traitent avec la Chine.

Les États-Unis considèrent la Chine comme un rival de la guerre froide. Il a déployé tous les efforts pour exercer des pressions sur la Chine, ce qui a aggravé l'environnement diplomatique global auquel la Chine est confrontée. Les cercles politiques européens prendront la pression sur la Chine comme un levier dont ils pourront tirer parti dans leurs relations avec la Chine. Ils briseront l'entente tacite sur les questions liées à la Chine telles que les droits de l'homme entre l'Europe et la Chine et deviendront plus agressifs dans leur rhétorique envers la Chine. D'une part, ils visent à attirer davantage l'attention, d'autre part, ils veulent renforcer leur position dans les relations avec la Chine pour tenter de pousser la Chine à faire plus de concessions.

La Chine doit avoir une pleine compréhension de la nature fondamentale et des perspectives des relations sino-européennes et avoir confiance en notre capacité à sauvegarder complètement nos intérêts dans les relations avec l'Europe. En outre, nous devons voir à travers l'état d'esprit mesquin et misérable de certains politiciens européens qui veulent semer le trouble pour servir leurs propres fins et réaliser des profits. Il ne faut pas se laisser berner par leurs performances. Ces jugements devraient être la base pour nous de formuler des stratégies correspondantes.

La Chine est si loin de l'Europe, et nous n'avons jamais provoqué les pays européens. Les puissances européennes ont envahi la Chine à l'époque moderne, et aujourd'hui elles ont également pris l'initiative d'intervenir dans les affaires intérieures de la Chine. La Lituanie cherche à développer ses relations avec l'île de Taiwan d'une manière qui brise le principe d'une seule Chine, auquel la Chine s'est opposée. Mais la partie européenne a à son tour déclaré que la Chine menait une diplomatie « coercitive ». Il s'agit clairement d'une logique politique malhonnête. Certains Européens ne savent pas distinguer le bien du mal. C'est parce qu'ils ont mis l'intérêt personnel au centre de leurs préoccupations.

L'Occident a été égaré par les États-Unis, le voyou en chef. Et le hooliganisme s'est largement répandu en Occident. Cependant, le monde n'est pas entièrement dicté par l'Occident. La Chine est très puissante aujourd'hui. L'Occident peut créer une idéologie déformée, mais il ne peut pas dicter ses relations actuelles et futures avec la Chine comme il l'a fait avec les traités inégaux il y a plus d'un siècle.

La partie la plus importante des relations Chine-UE est la coopération économique et commerciale, qui doit être fondée sur l'égalité et les avantages mutuels par nature. L'idéologie ne peut pas être utilisée comme monnaie ici. Examiner de près le nombre de voitures allemandes circulant dans les rues chinoises, le nombre de femmes chinoises utilisant des cosmétiques français, le nombre de marques européennes qui ont trouvé le pilier clé du marché chinois et le nombre d'emplois créés en Europe par les entrées de capitaux chinois , on peut être sûr que si l'Europe a peur d'être dépassée par la Chine, elle ne peut pas se permettre de « découpler » avec la Chine. Ils peuvent se sentir bien en parlant durement de la Chine. Mais s'ils traduisent ces paroles en actes, ils mettent en péril l'avenir de l'Europe.

Les ventes en Chine des 30 sociétés allemandes cotées dans l'indice DAX représentent en moyenne 15 pour cent de leurs ventes totales. Parmi eux, le ratio des ventes des principaux constructeurs automobiles sur le marché chinois pourrait doubler ce chiffre. Un sondage montre que 58% des Allemands interrogés sont prêts à subir une certaine perte économique pour avoir mis en œuvre une politique stricte envers la Chine. Si le même sondage était publié en Chine, les Chinois choisiraient de sacrifier leurs intérêts et d'être également durs envers l'Europe. Mais il est intéressant de noter que le commerce Chine-Europe a augmenté.

L'Europe met en œuvre un « système démocratique ». Un tel système est plus susceptible de déclencher des émotions extrêmes. Adolf Hitler et Benito Mussolini ont tous deux pris le pouvoir de manière « démocratique ». Les partis de droite d'aujourd'hui étendent également leur influence par le biais des canaux juridiques locaux, tandis que la Chine est beaucoup plus stable et équilibrée. Nous devons riposter si nécessaire, mais nous n'avons pas besoin d'être étroitement mêlés aux forces politiques radicales en Europe. Nous devons mieux gérer les relations avec l'Europe et appréhender la situation d'ensemble qui est bénéfique pour les deux parties.

Lorsque la Chine et les États-Unis s'affronteront, l'importance de l'Europe pour les États-Unis augmentera tranquillement. L'ancien président américain Donald Trump a été dur envers l'Europe pendant un certain temps, mais Biden a rapidement montré un sourire flatteur à l'Europe. Cependant, le retrait brutal des États-Unis d'Afghanistan a fait douloureusement comprendre à l'Europe que les États-Unis ne sont pas fiables. Plus la Chine est stable, plus nous aurons d'opportunités de voir les différends entre les États-Unis et l'Europe.

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   Posté le 20-09-2021 à 20:33:54   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'UE se rend compte que les USA lui marchent sur la tête. De là à sortir de l'OTAN il y a un pas qui ne sera pas franchi. Il ne faut pas oublier qu'initialement il s'agit de vendre de sous-marins à l'Australie et que la finalité est toujours de menacer la Chine


Sous-marins australiens : Ursula von der Leyen juge « inacceptable » la façon dont la France a été traitée

Interrogée sur CNN, la présidente de la Commission européenne a demandé des explications sur le contrat stratégique de sous-marins, rompu par l’Australie au profit des Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/20/sous-marins-australiens-pour-boris-johnson-londres-voue-a-paris-un-amour-inderacinable_6095265_3210.html
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 03h18,

« Aukus », du nom du partenariat scellé entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni sur la fourniture de sous-marins à propulsion nucléaire, n’en finit pas de faire des vagues. Face à la fureur de la France, qui voit un énorme contrat lui échapper, Londres et Washington ont tenté d’amadouer leur allié, ce week-end.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé, lundi 20 septembre, « inacceptable » la manière dont la France a été traitée. « Nous voulons savoir ce qui s’est passé et pourquoi » , a-t-elle déclaré à la journaliste Christiane Amanpour, sur la chaîne d’information américaine CNN.

La valeur de ce contrat, de 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d’euros, dont 8 milliards pour la partie française) à la signature, est désormais estimée à 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d’euros) en raison de dépassement de coûts et d’effets de change.

Biden se dit « impatient » de parler à Macron
Joe Biden est « impatient » de s’entretenir avec son homologue Emmanuel Macron, a fait savoir lundi un haut responsable américain. Confirmant l’information donnée par la France, à savoir que le président américain a sollicité cet entretien, ce haut responsable a dit : « Nous sommes impatients » d’avoir cette conversation téléphonique. Joe Biden veut « faire part de son désir de travailler étroitement avec la France dans la zone indo-pacifique et sur la scène internationale. »
Joe Biden « fera savoir demain qu’il ne croit pas à la notion d’une nouvelle guerre froide avec un monde divisé en blocs » , a également assuré cette source, sur fond de vive rivalité entre Washington et Pékin et tandis que le président américain doit s’exprimer mardi à New York devant l’assemblée générale des Nations unies. Le président américain croit à une concurrence vigoureuse, intense et obéissant à des principes, a-t-elle ajouté.
« On veut des explications » sur ce qui « s’apparente à une rupture de confiance majeure » et savoir « comment ils [les Etats-Unis] entendent sortir de ce contrat » , avec des « compensations » à la clé, avait déclaré le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, dimanche, sur la chaîne BFM-TV.

Le PDG de Naval group auditionné à l’Assemblée
Pierre-Eric Pommellet, PDG de Naval Group, industriel de défense, sera auditionné le 28 septembre à l’Assemblée nationale, selon des sources parlementaires. M. Pommellet sera auditionné le 28 septembre à 17 h 30 et à huis clos par la commission de la défense et par celle des affaires économiques, a précisé la source, comme révélé par Le Parisien.

Lundi, le vice-premier ministre australien, Barnaby Joyce, a aussi tenté d’apaiser la crise, affirmant que son pays « n’a pas besoin de prouver son attachement à la France » , en évoquant les soldats envoyés se battre lors des deux guerres mondiales.

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   Posté le 21-09-2021 à 18:56:07   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

A propos de la militarisation de l'Europe.

La militarisation de l’UE peut se faire de deux façons, soit sous la direction des USA soit indépendamment. Dans ce dernier cas la « concurrence entre capitalistes » est le reflet des contradictions au sein du camp occidental, et ces contradictions sont dues à l’hégémonisme US.
D’autre part il ressort que le parapluie américain est percé, que sa protection est conditionnelle, aléatoire, et qu’elle privilégie les intérêts américains. C’est la principale raison qui conduit l’UE à chercher une autre solution.
D’autre part l’UE elle-même est divisée en intérêts opposés et en politiques opposées. C’est la raison pour laquelle elle n’a pratiquement pas de position internationale commune identifiable, sur de nombreux sujets, y compris sur l’immigration.

Par rapport à la Chine et à l’URSS, l’UE a des positions différenciées suivant les pays et d’abord suivant leurs intérêts économiques avec la Chine et avec la Russie. L’exemple du Nord Stream II est parlant.
Les contradictions économiques et idéologiques sont réelles mais les échanges économiques aussi. Aussi dans le conflit USA / RPC, l’Europe n’a pas été à l’avant-garde de l’interventionnisme et s’est contentée de déclarations, et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles la France a été écartée et humiliée.

Il ne faut pas s’avancer trop rapidement.
Lorsque Hitler a déclaré la guerre, il s’est d’abord tourné vers les autres pays capitalistes pour assurer ses arrières en écrasant le ventre mou, et ensuite il s’est retourné contre l’URSS. Nous verrons ce que sera la politique étrangère du successeur de Merkel.

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   Posté le 22-09-2021 à 12:46:00   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Selon un reportage d'Euronews.com le 21, le ministre allemand des Affaires européennes Michael Roth a déclaré que l'accord sur les sous-marins signé par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie avait sonné un "réveil" pour l'Union européenne, et il est difficile de combler la relation de confiance avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie.

Il a déclaré: "Nous ne pouvons pas compter entièrement sur les autres, mais nous devons coopérer. Nous devons surmonter les différences (à l'intérieur de l'UE) et parler d'une seule voix. La confiance perdue doit être reconstruite. Évidemment, ce ne sera pas facile. Mais nous voulons apporter une contribution constructive. . »

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   Posté le 24-09-2021 à 22:18:29   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Que signifiera le départ de Merkel ?

article de l'Huma
Allemagne. Paradoxes à tous les étages dans la course à l’après-Merkel


https://www.humanite.fr/allemagne-paradoxes-tous-les-etages-dans-la-course-lapres-merkel-721549
Vendredi 24 Septembre 2021
Bruno Odent
Au cours des joutes pour l’élection du Bundestag, qui a lieu ce dimanche, les principaux aspirants au poste suprême se sont heurtés à de terribles contradictions. Même le favori des sondages, le SPD Olaf Scholz, n’y a pas échappé.

Berlin (Allemagne), envoyé spécial.

L’élection du Bundestag de ce 26 septembre ne va pas seulement tourner la page d’une ère, celle de la chancelière Merkel, seize ans à la tête de la première puissance économique de l’Union européenne (UE). Elle va surtout marquer la fin de la grande coalition, une forme de gouvernement consensuel qui fut la règle de 3 des 4 mandats de la chancelière partante. Elle est si discréditée que les partis chrétiens-démocrates (CDU/CSU) et social-démocrate (SPD), jadis ultradominants, sont aujourd’hui ramenés à des étiages qui ne leur permettraient plus de s’allier à nouveau pour gouverner, même s’ils le désiraient. Ce saut génère des sentiments très contradictoires, des aspirations au changement réelles assorties d’une peur de l’inconnu et d’un souci de stabilité au moins aussi manifestes qui font de ce scrutin celui de tous les paradoxes.

Le retournement de tendance opéré par le candidat du SPD, Olaf Scholz, qui s’est hissé en tête des sondages durant l’été (il est crédité de 25 % dans les dernières enquêtes), est au cœur du plus éclatant de ces paradoxes. Le chef de file social-­démocrate conduit en effet une campagne qui penche plutôt à gauche tout en se prévalant ouvertement de ses fonctions de vice-chancelier et de ministre des Finances pour se présenter en champion d’une continuité avec l’ère Merkel. Une présidentialisation du scrutin de plus en plus manifeste permet de reléguer au second plan le programme, jadis si important dans l’élection du Bundestag à la proportionnelle, au profit de la personnalité placée en pole position pour exercer les plus hautes fonctions. Et Scholz a délibérément décidé d’engoncer les habits d’homme providentiel.

Pourtant, paradoxe dans le paradoxe : c’est pour beaucoup à son programme électoral que Scholz doit la remontée opérée par le SPD ces dernières semaines. Un coup de barre à gauche rompant avec la logique de la grande coalition et la ligne très recentrée, héritée de l’ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, a été décidé par un congrès du SPD en 2019. Scholz, fidèle parmi les fidèles du schrödérisme, avait alors subi une cinglante défaite, échouant à prendre les rênes du parti. Deux quasi-inconnus, Walter Borjans et Saskia Esken, les actuels coprésidents de la formation, le coiffant sur le fil. Le ministre des Finances allait cependant revenir sur le devant de la scène, un an plus tard, en se faisant adouber, au nom de la préservation de l’unité menacée du parti, comme candidat du SPD à la chancellerie.

De notables distances avec les réformes antisociales
Le programme du SPD prend de notables distances avec les réformes antisociales Hartz du marché du travail, si profondément détestées. Et pour cause, elles ont précipité une couche importante de la population dans la plus grande précarité. Selon une étude récente de l’institut de statistiques fédérales Destatis, 15,8 % des Allemands vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté (1 040 euros par mois), contre 11 % dans les années 1990. Et quiconque tombe dans les griffes de la machine à fabriquer des précaires, à coups de minijobs largement exonérés de cotisations sociales, y reste durablement coincé.

Pour remobiliser au moins une partie de sa base électorale désenchantée, le SPD propose de porter le salaire minimum à 12 euros brut, contre 9,5 euros aujourd’hui, une hausse sensible des allocations familiales pour les plus démunis, la réintroduction d’un impôt sur la fortune abandonné depuis 1997 ou encore un assouplissement des conditions de perception des indemnités sociales minimales par le biais de la création d’une « allocation citoyenne » (Bürger Geld).

En tenant ce discours tout en assurant être le «  meilleur continuateur » de l’ère Merkel, Scholz s’emploie à défier tous les records de la contorsion. D’autant qu’il affiche un conformisme à toute épreuve sur le terrain de l’économie politique. Après le « quoi qu’il en coûte » germanique de la pandémie, il martèle en effet qu’un « retour dès 2023 » au respect de l’austérité la plus stricte, conforme au « frein à la dette » inscrit dans la Constitution depuis 2009, est « indispensable ».

L’habileté du favori du scrutin souligne aussi ses fragilités. Qu’une partie de l’électorat populaire du SPD doute de son engagement à gauche, surtout quand Olaf Scholz semble préférer intégrer la droite libérale (FDP) à Die Linke dans une future coalition gouvernementale avec les Verts, et elle pourrait décider de s’abstenir comme lors des précédents scrutins. Ou que le candidat social-démocrate ne fasse pas suffisamment illusion comme homme providentiel capable d’assurer la poursuite du merkélisme sans Merkel et des électeurs de droite peuvent revenir vers Armin Laschet, le candidat de la CDU/CSU donné battu à la veille du scrutin.

Les faux pas du dauphin de la chancelière
Le représentant du camp conservateur est au cœur d’un autre paradoxe issu du discrédit de la grande coalition. Il partait avec plusieurs longueurs d’avance comme dauphin proclamé de la chancelière. Il a chuté d’une dizaine de points dans les intentions de vote au cœur de l’été et n’est plus crédité que de 21 à 22 % par les ultimes sondages. Certains faux pas de l’actuel ministre-président de Rhénanie­-du-Nord-Westphalie ont d’évidence contribué à cette érosion rapide. Comme lorsqu’il fut pris d’un long fou rire devant les caméras de télévision alors que le président de la République fédérale rendait un hommage solennel aux 180 victimes des inondations qui ont ravagé singulièrement son Land à la mi-juillet. Mais il ne faut pas s’y tromper : sa position politique de départ était déjà très inconfortable.

Laschet n’a pu en effet se hisser candidat à la chancellerie qu’après un long bras de fer interne. Élu d’extrême justesse à la présidence de la CDU à la mi-janvier, il lui a fallu affronter au printemps, de longues semaines durant, une concurrence déclarée de son homologue de la CSU bavaroise, Markus Söder, avant d’être adoubé candidat.

Une mouvance national-libérale de plus en plus virulente conteste en interne la ligne jugée trop centriste, trop consensuelle de la grande coalition. Elle a cloué au pilori la politique migratoire de la chancelière et singulièrement les conséquences de l’ouverture très provisoire des frontières aux réfugiés syriens en 2015. Cette dis­sidence fustige, sur le plan économique, les écarts avec l’orthodoxie monétariste. Elle n’a pas vraiment digéré les enga­gements de Berlin sur le plan dit de relance de 750 milliards d’euros de l’UE, qu’elle disqualifie comme d’insupportables ­cadeaux à l’indiscipline des « cigales » du sud du continent au détriment du niveau des taux d’intérêt versés aux épargnants allemands.

Semblant initialement profiter des difficultés d’un Laschet tiré à hue et à dia, la candidate des Verts, Annalena Baerbock, avait été propulsée en mai en tête des sondages. Mais cette tendance s’est vite dégonflée. Paradoxe encore : alors que le thème de la préservation du climat est omniprésent à la suite des inondations meurtrières de juillet, la figure des écologistes (donnés autour de 15 % dans les derniers sondages) a décroché, elle aussi, de plus de 10 points durant l’été. Dans une campagne qui s’est présidentialisée, la troisième du trio des grands prétendants à la succession d’Angela Merkel apparaît comme la plus inexpérimentée. Et un flagrant délit de plagiat autour de son livre de campagne, Jetzt, wie wir unser Land erneuern (« maintenant, comment nous allons rénover le pays »), n’a naturellement pas contribué à lever ce type de préventions.

L’accumulation de toutes ces tendances paradoxales nourrit nombre d’incertitudes quant à l’issue d’un scrutin qui promet d’être l’un des plus serrés de l’histoire de la République fédérale.

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Le droit européen en cause :


https://www.ouest-france.fr/europe/pologne/polexit-six-questions-sur-le-bras-de-fer-entre-la-pologne-et-l-union-europeenne-870203fa-2808-11ec-991c-dac596d5a249
« Polexit » : six questions sur le bras de fer entre la Pologne et l’Union européenne



Le tribunal constitutionnel polonais a décidé, jeudi 7 octobre, que certains articles des traités européens seraient incompatibles avec la constitution du pays et saperaient sa souveraineté. Une telle attaque contre la primauté du droit européen fragilise l’UE et certains médias polonais parlent désormais de la possibilité d’un « Polexit », la sortie de la Pologne de la construction européenne.

Fabien CAZENAVE.
Publié le 08/10/2021 à 12h01

Les juges du Tribunal constitutionnel ont dénoncé jeudi l’ingérence de la Cour de justice de l’Union européenne dans le système juridique polonais. Une décision « gravissime», estime ce vendredi 8 octobre, le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune.

Ouest-France fait le point sur les conséquences d’une telle décision qui pose la question d’un maintien de la Pologne dans l’Union européenne, quelques années après le référendum sur le Brexit qui avait abouti à la sortie du Royaume-Uni.

1. Qu’a dit le tribunal constitutionnel polonais ?
La Pologne est dans le viseur des autres États membres et de la Commission européenne car le parti au pouvoir, le PiS (Droit et Justice), est accusé de ne pas respecter le principe d’État de droit, notamment après la réforme de son tribunal constitutionnel. À l’époque, le PiS avait justifié sa décision en prétextant que les juges suprêmes étaient politiquement contre lui et qu’ils auraient gardé des liens avec la période de la dictature soviétique. Or, avec cette réforme, le parti de Jaroslaw Kaczynski en a profité pour placer des juges favorables.

La décision du tribunal constitutionnel de jeudi fait suite à une saisine par le Premier ministre Mateusz Morawiecki, qui avait demandé à la juridiction de se prononcer sur la légitimité des institutions de l’Union européenne (UE) à empêcher cette réforme du système judiciaire polonais.

La Commission européenne avait demandé à Varsovie de se conformer, avant le 16 août, sous peine de sanctions financières, à une décision de la Cour de justice de l’UE ordonnant la suppression du système de sanctions disciplinaires contre les juges. La plus haute juridiction de l’UE avait en effet estimé que le système instauré en Pologne n’était pas compatible avec la législation européenne.

Dans la décision du tribunal constitutionnel, sont notamment contestés les articles 1 et 19 du traité de l’Union européenne, notamment le passage suivant : Le présent traité marque une nouvelle étape dans le processus créant une union sans cesse plus étroite entre les peuples de l’Europe, dans laquelle les décisions sont prises dans le plus grand respect possible du principe d’ouverture et le plus près possible des citoyens.

Dans le système juridique polonais, le traité de l’UE est subordonné à la Constitution […] et, comme toute partie du système juridique polonais, il doit respecter la Constitution, a commenté le juge Bartlomiej Sochanski. Le chef de file du PiS a ajouté qu’en Pologne, la plus haute loi est la Constitution, et toutes les normes européennes qui sont en vigueur en Pologne […] doivent respecter la Constitution.

2. En quoi cela pose-t-il problème pour l’Union européenne ?
On n’est pas sur une décision concernant la liberté de circulation de marchandises, rappelle l’avocate spécialiste du droit de l’Union européenne Ophélie Omnes. La Pologne décide d’aller au bras de fer avec l’UE sur un sujet aussi fondamental que l’État de droit, pointe-t-elle. Il ne s’agit donc pas simplement d’un État membre ne respectant pas le droit européen, mais qui le conteste dans ses principes fondamentaux.

Le principe de primauté du droit européen ne date pas des premiers traités mais d’un arrêt Costa contre E.N.E.L. de la Cour de justice en 1964. Dans cet arrêt, pour la première fois, les juges estiment qu’à la différence des traités internationaux ordinaires, le traité de la CEE [ancêtre de l’UE] a institué un ordre juridique propre, intégré au système juridique des États membres lors de l’entrée en vigueur du Traité et qui s’impose à leurs juridictions. Cette intégration au droit de chaque pays membre de dispositions qui proviennent de source communautaire a pour conséquence une impossibilité pour les États membres de faire prévaloir une mesure nationale contre un ordre juridique qu’ils ont accepté sur base de réciprocité.

Un principe essentiel car si les États membres avaient eu choix de se conformer ou pas au droit européen, il est très probable qu’ils appliqueraient le droit européen à la carte, estime l’avocate spécialisée en droit européen. S’il n’y a pas cette primauté du droit européen, ça veut dire que les droits des citoyens dépendent du bon vouloir de leur gouvernement et qu’un citoyen français pourrait avoir des droits différents vis-à-vis du droit européen qu’un citoyen polonais ou maltais. Et ça, ce n’est pas acceptable dans une union où on essaye d’avoir une harmonisation des droits des citoyens, explique l’avocate. Ce principe est connu par tous les États membres et, a fortiori, par des États membres qui ont rejoint l’Union européenne en 2004 comme la Pologne​, rappelle Ophélie Omnes.

3. La primauté du droit européen avait-elle été déjà contestée par un juge constitutionnel ?
C’est une première de voir un État membre saisir lui-même sa cour constitutionnelle pour demander si le droit européen et une décision de la CJUE sont conformes au droit polonais, fait remarquer l’avocate. Cela va donc plus loin que les condamnations d’un pays pour non-respect du droit européen.

Cette réticence des États membres à considérer que leur constitution est soumise à la primauté du droit de l’Union européenne n’est pas nouvelle. Même en France, qui respecte les arrêts de la Cour de justice, il y a toujours cette zone d’ombre. Dans les facs de droit de l’Hexagone, il est enseigné dans la hiérarchie des normes que le droit européen est certes au-dessus de la loi, mais qu’il se situe en dessous de la Constitution. Comme les traités internationaux ou européens ne peuvent pas être ratifiés s’ils vont à l’encontre de la Constitution, il n’y a donc pas de problème. Mais la loi fondamentale française a dû être plusieurs fois changée, par référendum ou congrès, pour rester en accord avec les traités européens adoptés. Tant qu’il y a des équivalences dans la constitution, la Cour de Justice de l’UE estime qu’il n’y a pas de problème, c’est le sens des arrêts Solange 1 et 2, rappelle Ophélie Omnes.

C’est ce que le juge suprême allemand [la fameuse Cour de Karlsruhe]a dit en 2020 récemment en disant que tant qu’il y aura des équivalences dans les traités des droits garantis par notre Constitution, alors on suivra, explique l’avocate.

4. Cela pourrait-il entraîner un « Polexit » ?
Le Polexit a commencé, titre le grand quotidien polonais Gazeta Wyborcza à sa Une vendredi 8 octobre 2021. Ce terme fait référence au Brexit, contraction des mots anglais de Britain et exit, qui symbolisait la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Ici, il s’agit des termes également anglais : Poland et exit.

La remise en question de la supériorité du droit européen pourrait compromettre l’avenir de la Pologne au sein de l’UE, estiment plusieurs voix à Bruxelles, à Varsovie et dans les couloirs des chancelleries. Des arguments rejetés par le PiS, qui assure ne pas envisager de « Polexit », les sondages au sein de la population montrant au contraire un fort attachement à l’UE.

Le PiS a toujours été classé comme seulement ​eurosceptique, car malgré une forte contestation du fonctionnement de l’Union européenne, son discours n’est pas de rejeter le principe de participation à la construction communautaire. Les fonds européens sont au contraire très appréciés. Mais depuis le retour au pouvoir de ce parti en 2014, le discours s’est radicalisé. Les chefs du gouvernement polonais n’apparaissent ainsi plus avec le drapeau européen au côté de l’emblème polonais lors de leurs interventions.

Là, on a le problème d’un gouvernement qui instrumentalise son système judiciaire interne pour pouvoir remettre en question le droit européen, estime Ophélie Omnes. Le fait que la décision du tribunal ait été repoussée à de multiples reprises ces derniers mois donne également un indice que cette annonce s’est fait avec l’accord du gouvernement.

En déstabilisant l’ensemble de la jurisprudence européenne et en n’appliquant le droit européen qu’à la carte, Varsovie rompt le lien de confiance avec ses partenaires européens. Même le Royaume-Uni n’avait pas osé le faire. On parle donc depuis plusieurs mois d’un Polexit judiciaire. Car dans une construction communautaire fondée sur le droit et la norme, avoir un passager clandestin à bord du bateau européen n’est pas possible.

5. Les Européens ont-ils les moyens de contrecarrer une telle décision ?
La Pologne ne va pas entamer les négociations pour sa sortie de l’Union européenne en dégainant l’article 50 du traité européen dans les prochains jours. Et il n’est pas prévu dans les traités qu’on puisse expulser un autre membre du club. Il s’agit d’un long bras de fer engagé depuis plusieurs années et le lancement de la réforme judiciaire.

Force est de constater que les Européens n’ont pas pu empêcher la dérive sur l’État de droit du gouvernement polonais. Notamment parce que le Conseil européen, qui représente les intérêts des États membres, a été incapable jusqu’à présent d’utiliser l’arme dite nucléaire de la suspension des droits de vote de la Pologne lors des sommets européens. Cette procédure connue sous le nom de l’article 7 ;des traités européens est la sanction la plus forte au niveau diplomatique : cela veut dire qu’un État se verrait imposer des règles européennes qu’il n’a pas validées.

Cet article 7 n’a pas été utilisé pour deux raisons : il faut l’unanimité et la Hongrie de Viktor Orban bloque. D’autre part les autres pays de l’UE sont très réticents à l’idée de rendre habituelle une procédure qu’ils pourraient potentiellement se voir infliger dans les prochaines années. Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes, a certes qualifié la décision de très grave, mais n’a pas demandé le déclenchement de l’article 7 pour autant.

6. Quelles sont les prochaines étapes du bras de fer ?
Les Européens ne sont pas restés inactifs. Sur l’impulsion de la Commission et du Parlement européen, le Conseil s’est mis d’accord sur l’obtention des fonds européens à condition de respecter l’État de droit. Visées au portefeuille, la Hongrie et la Pologne ont accepté sous condition d’une vérification par la CJUE de la compatibilité d’une telle décision avec les traités européens.

Les parlementaires européens trépignent depuis de nombreuses semaines désormais et demandent à la Commission de ne plus attribuer de fonds à la Hongrie et la Pologne tant que la situation de l’État de droit ne se sera pas améliorée. La Commission européenne fait traîner les choses, mais en raison de sa stratégie d’attendre la décision du tribunal constitutionnel polonais.

Il reste désormais à la Commission la possibilité de faire pression par l’argent. Elle n’a ainsi toujours pas validé la proposition de Varsovie pour bénéficier des milliards d’euros du plan de relance européen, dont la Pologne est censée être l’un des principaux bénéficiaires. De même pour les fonds européens, qu’elle peut potentiellement bloquer désormais au nom du non-respect de l’État de droit. Elle l’a déjà fait pour les villes s’affichant anti-LGBT.

Pass sanitaire européen : facilitateur ou frein pour voyager ?
En Pologne, la décision risque également de déclencher une crise politique, mais le PiS tient fermement le parlement et aucune élection législative anticipée n’est prévue pour le moment, malgré les réactions outrées de l’opposition, menée notamment par l’ancien président du Conseil européen, Donald Tusk.


Edité le 08-10-2021 à 13:32:11 par Xuan




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Les écologistes à l’épreuve du pouvoir

Diplomatie « des valeurs » à la sauce verte


En Allemagne, la progression électorale des écologistes et leur participation à la prochaine coalition modifieront-elles la politique extérieure ? En France comme outre-Rhin, les précédents exercices du pouvoir avaient plutôt remis en cause la primauté qu’ils accordent dans leur programme à la recherche de la paix par la diplomatie.

par Annette Lensing
https://www.monde-diplomatique.fr/2021/12/LENSING/64157

Durant la campagne des élections législatives allemandes du 26 septembre dernier, les questions de politique extérieure et de sécurité furent largement absentes, y compris lors des Triell, les débats télévisés entre les candidats. Seule exception, le retrait chaotique des troupes d’Afghanistan. Lors de la séance parlementaire du 25 août, l’écologiste Annalena Baerbock, candidate à la chancellerie fédérale, avait vivement dénoncé cette « blessure morale ». L’accord de coalition, présenté le 24 novembre, prévoit de mandater une commission d’enquête parlementaire pour « faire la lumière » sur la mission d’évacuation (1). Ce contrat de gouvernement devait encore être ratifié début décembre par l’Alliance 90 - Les Verts (Bündnis 90 - Die Grünen), le Parti libéral-démocrate (FDP) et le Parti social-démocrate (SPD).

Sauf surprise, le coresponsable du parti écologiste, M. Robert Habeck, deviendrait vice-chancelier, à la tête d’un « super-ministère » du climat et de l’économie, tandis que le libéral Christian Lindner obtiendrait les finances. Diplômée en droit international, la cheffe des Verts, Mme Baerbock, prendrait la tête de l’Auswärtiges Amt, le ministère des affaires étrangères. L’attribution de ce poste n’a pas alimenté les débats en dépit d’un contexte chargé : urgence climatique, flambée du prix de l’énergie, conflit diplomatique entre l’Union européenne et la Biélorussie au sujet des migrants, politiques « illibérales » de la Pologne ou de la Hongrie, tension entre la Chine et les États-Unis ou entre la Russie et l’Ukraine.

Les défis géopolitiques sont nombreux, d’autant que les piliers sur lesquels s’est bâtie la politique extérieure et de sécurité depuis l’unification allemande vacillent : le Brexit a définitivement brisé le rêve d’une Union européenne évoluant vers toujours plus d’unité et d’intégration, tandis que la mise en retrait relative des États-Unis pose avec force les questions de souveraineté et d’autonomie stratégique. Après les seize années de stabilité de l’« ère Merkel », voisins et partenaires, au premier rang desquels la France, s’interrogent sur la capacité de la nouvelle coalition à redéfinir le rôle de l’Allemagne au plan international.

La détermination et la mise en œuvre de la politique extérieure et de sécurité se jouent particulièrement dans les moments de crise. Les Grünen en ont fait l’expérience douloureuse lors de leur première participation au gouvernement fédéral, de 1998 à 2005, comme partenaires des sociaux-démocrates. L’investiture du nouveau chancelier Gerhard Schröder, le 27 octobre 1998, se déroula quelques jours après le premier ultimatum de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) demandant le retrait des forces serbes du Kosovo. La volonté du gouvernement « rouge-vert » de participer à l’intervention militaire occidentale marqua une césure pour le pays. Le 24 mars 1999, pour la première fois depuis 1945, des avions de la Bundeswehr bombardèrent un pays étranger, alors que celui-ci n’avait ni agressé ni porté atteinte à des intérêts allemands ou à un État membre de l’OTAN.

L’affaire secoua fortement les Grünen, un parti issu des mouvements pacifistes et écologistes opposés au nucléaire civil comme militaire, et né en janvier 1980, en pleine crise des euromissiles. La « double décision » de l’OTAN de décembre 1979 visait alors à déployer de nouvelles armes nucléaires dans cinq pays d’Europe, dont la République fédérale d’Allemagne (les missiles Pershing II), tout en proposant des négociations aux Soviétiques pour un retrait mutuel. Elle provoqua des manifestations inédites par leur ampleur et contribua à l’irruption du parti écologiste au Bundestag lors des élections législatives de 1983.

Durant les années 1980, le « parti anti-partis » fait son entrée dans les parlements régionaux. À la différence des écologistes français, l’intégration institutionnelle des Grünen a été favorisée par un système électoral mâtiné de scrutin proportionnel, qui oblige à former des coalitions pour gouverner. La professionnalisation d’un parti rebelle au fonctionnement chaotique s’est accompagnée de l’affrontement entre les « réalistes » (« Realos »), plus pragmatiques, et les « fondamentalistes » (« Fundis »), partisans d’une transformation radicale. Les clivages internes se sont renforcés dans le contexte de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989. Lors des élections du 2 décembre 1990, les Grünen restent aux portes du premier Bundestag de l’Allemagne réunifiée, alors que huit députés de la liste Bündnis 90 - Grüne BürgerInnenbewegung représentant la partie est-allemande y font leur entrée. La restructuration qui suit cette déroute électorale se solde par le départ de personnalités-clés de la gauche radicale. Au lendemain de la fusion des Grünen avec Bündnis 90, en mai 1993, la demande d’une écologisation du système économique et social de l’Allemagne prend le pas sur les questions de sécurité et de défense.

Pour les Verts allemands et leurs quatre valeurs fondatrices — l’écologie, le social, la démocratie de la base et la non-violence —, l’exercice du pouvoir a souvent eu un goût amer. Justifiant l’intervention militaire au Kosovo lors du congrès exceptionnel des Grünen à Bielefeld, en mai 1999, l’un de leurs leaders, devenu ministre des affaires étrangères et vice-chancelier de la République fédérale, M. Joschka Fischer, reçoit une bombe de peinture rouge sang en plein visage. Pour ses détracteurs, l’ancien militant spontanéiste a fini par incarner une élite politicienne qui sacrifie la morale à la realpolitik. De nombreux adhérents tournent alors le dos au parti, auquel ils reprochent d’avoir trahi ses valeurs antimilitaristes et pacifistes. En France aussi, les écologistes participaient au pouvoir à cette époque. En avril 1999, le conseil national interrégional des Verts français approuve à 75 % la poursuite de l’intervention militaire déclenchée quelques semaines plus tôt. Ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement du gouvernement de M. Lionel Jospin, Mme Dominique Voynet évoque alors une intervention « inévitable et légitime », tandis que le porte-parole du parti, M. Denis Baupin, appelle à la mise en place d’une « force de police internationale chargée d’intervenir au sol » (2).

Deux ans et demi plus tard, le déploiement des troupes en Afghanistan consécutif aux attentats du 11 septembre 2001 élargit cette déchirure. Réunis en congrès extraordinaire à Göttingen en 2007, les délégués votent majoritairement pour un retrait rapide des troupes allemandes, mais le bureau fédéral se prononce en faveur de la prolongation de la participation du pays à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), active jusqu’à l’été dernier. Le programme de 2002 acceptait les interventions militaires comme mesure ultime, à condition qu’elles s’inscrivent dans la « sécurité collective » et soient encadrées par un mandat du Conseil de sécurité — ce qui n’était pas le cas pour le Kosovo. Soucieux de « neutralisation des querelles de courant et des postures radicales (3) », les Verts allemands abandonnent désormais le pacifisme et l’hostilité à l’OTAN, pour prôner une politique extérieure active. Mme Baerbock assume l’héritage de M. Fischer, qui est venu lui apporter son soutien lors de la campagne. Symboliquement, la rencontre a eu lieu à Francfort-sur-l’Oder, ou l’ancien ministre des affaires étrangères avait accueilli son homologue polonais en 2004, lors de l’élargissement de l’Union européenne.

Les dirigeants des Grünen souhaitent incarner un « radicalisme réaliste »

En choisissant l’eurodéputé Yannick Jadot et son « écologie de gouvernement » à l’issue de la primaire écologiste de septembre dernier, le parti Europe Écologie - Les Verts s’est probablement doté du candidat le plus compatible avec cette ligne du « parti frère ». Mme Baerbock et M. Habeck, qui codirigent les Grünen depuis 2018, représentent la majorité réformiste du parti et souhaitent incarner un « radicalisme réaliste ». Après seize années dans l’opposition, les questions géopolitiques sont passées au second plan dans le programme du parti, qui a opéré un recentrage stratégique sur la justice sociale au lendemain du renoncement définitif à l’énergie nucléaire scellé par Mme Angela Merkel en 2011. La question climatique a également gagné en importance, notamment dans le sillage des « grèves pour le climat ». Outre-Rhin, les écologistes participent aujourd’hui aux coalitions de dix des seize États-régions (Länder) d’Allemagne et de nombreuses villes (voir carte page 14). Le ministre-président du Bade-Wurtemberg, M. Winfried Kretschmann, gouverne la région en coalition avec les conservateurs depuis 2016, après s’être d’abord allié au Parti social-démocrate (SPD).

Si les électeurs reconnaissent aux Grünen une expertise sur les questions environnementale et climatique, ils ne leur font pas particulièrement confiance en matière de relations internationales. À la question « Quel degré de compétence accorderiez-vous aux candidats ou à la candidate dans le domaine de la politique extérieure ? », 39 % des personnes interrogées en août 2021 jugeaient le social-démocrate Olaf Scholz « très compétent » ou « plutôt compétent », alors que M. Armin Laschet, le candidat conservateur, et Mme Baerbock étaient perçus comme « moins compétents » ou « pas du tout compétents » (4).

Le programme des Verts allemands de 2020 plaide pour une diplomatie préventive fondée sur la sécurité, la dignité de la personne et la liberté comme valeurs universelles, par-delà les frontières nationales (5). Au nom de la défense d’une société « ouverte, juste et solidaire », ils entendent œuvrer, par exemple, à une politique de sécurité « féministe », c’est-à-dire qui accorde une attention particulière aux groupes fortement exposés à la pauvreté et à la violence (femmes, filles, lesbiennes, gays, bisexuels et trans [LGBT]…).

Le pouvoir d’influence de l’Union européenne pour la prévention de crises, la solidarité numérique ou énergétique doit constituer, selon leur programme, l’« ancre » de la coopération internationale. Et celle-ci passe par le renouvellement et le renforcement du partenariat transatlantique, pilier de la politique allemande dans un cadre européen. Pour Mme Baerbock, qui affiche une bien plus grande proximité avec les États-Unis que Mme Merkel, la politique extérieure est envisagée comme levier de la transformation écologique : le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le climat permettrait d’envisager une alliance climatique transatlantique pour la neutralité carbone, qui passerait notamment par l’adoption d’un prix du carbone commun. Les Grünen présentent la souveraineté européenne avant tout comme la défense des « valeurs » de l’Europe et de la démocratie contre ses « rivaux systémiques ». Dans leur mise en garde contre les risques que comporterait une forte dépendance vis-à-vis de la Chine, qui a remplacé les États-Unis comme premier partenaire commercial de l’Allemagne depuis 2016, les Verts peuvent compter sur le soutien du FDP et d’une partie du SPD.

En matière d’énergie, l’arrêt des trois dernières centrales nucléaires allemandes étant programmé pour 2022 et celle des centrales à charbon pour 2038 (les écologistes souhaitent avancer cette date à 2030), l’Allemagne doit repenser son modèle en développant notamment une « stratégie de connectivité », en réponse au projet chinois des nouvelles routes de la soie entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Durant la campagne, Mme Baerbock appelait à allier « dialogue » et « fermeté » vis-à-vis de la Chine et de la Russie (6). Selon elle, la politique extérieure allemande devrait procéder à un réajustement économique en abandonnant définitivement l’« illusion » du « Wandel durch Handel » (« changement par les échanges »), c’est-à-dire d’une transformation du système politique chinois par le renforcement des relations commerciales.

Concrètement, cela passerait par l’interdiction de l’accès au marché intérieur européen des marchandises qui seraient produites par le travail forcé des Ouïgours. Au lieu d’amener la libéralisation escomptée, la globalisation du marché chinois, selon la dirigeante écologiste, se serait accompagnée du virage autoritaire du président de la République populaire de Chine Xi Jinping, dont la politique répressive dans la province du Xinjiang et à Hongkong constituerait une violation de ses engagements constitutionnels et internationaux. Un durcissement des relations avec les États « autoritaires » marquerait une inflexion de la politique extérieure allemande des dernières années, qui s’est caractérisée par la priorité accordée aux intérêts commerciaux et industriels sur les questions géopolitiques et stratégiques. De même, le chantier du gazoduc Nord Stream 2 mêle enjeux énergétiques et géoéconomiques. Les Grünen s’étaient opposés à sa mise en service, mais il n’est pas évoqué dans l’accord de coalition. Tout en se disant prêt à un « dialogue constructif » avec la Russie, le futur gouvernement se présente comme un « partenaire » des mouvements démocratiques et réclame l’« arrêt immédiat des tentatives de déstabilisation » à l’encontre de l’Ukraine et l’annulation de l’annexion de la Crimée.

La position anti-atlantiste ancienne des Verts français semble remise en cause

Les Grünen peuvent trouver un appui en France avec M. Jadot, qui aimerait faire de l’« agressivité croissante » de la Chine, de la Russie et de la Turquie un « thème majeur » du scrutin présidentiel (7). Il avait également réclamé l’arrêt immédiat de Nord Stream 2 et le durcissement des sanctions européennes au lendemain de l’arrestation de partisans de M. Alexeï Navalny à Moscou, en janvier dernier. En marge de la conférence sur la sécurité de Munich de février 2020, Mme Baerbock a insisté sur la nécessité pour l’Europe de « développer une stratégie de sécurité propre (8) ». De même, dans une tribune aux accents néoconservateurs, M. Jadot a plébiscité la coopération des forces écologistes au service d’« une véritable politique extérieure et de défense européenne commune (9) ». Il reste toutefois difficile de savoir quelle forme prendrait une telle politique extérieure en cas de victoire de l’écologiste français lors de l’élection présidentielle de 2022. Dans le long entretien accordé au Journal du dimanche le 3 octobre 2021, intitulé « Ce que ferait un président vert », le candidat n’aborde pas une fois les questions géopolitiques qui constituent pourtant le « domaine réservé » du président dans la Ve République, et l’essentiel de son travail.

Dans leur rapport à l’OTAN, les deux formations politiques occupent des positions distinctes. Le programme des Grünen note que l’organisation « reste un acteur indispensable pouvant garantir la sécurité commune de l’Europe et qui, en tant qu’alliance d’États, s’oppose à la renationalisation de la politique de sécurité ». En France, le programme « Bien Vivre » d’EELV propose au contraire de « réorienter la politique de défense vers une défense européenne commune, indépendante des États-Unis, et [de] sortir de l’OTAN (10) », ce qui permettrait d’économiser 10 % sur le budget de la défense. La position anti-atlantiste ancienne des écologistes français semble toutefois remise en cause dans le Projet pour une République écologique, qui doit servir de trame pour les élections de 2022. Ce document évoque une démarche permettant aux « Européens de peser au sein du cadre atlantique et de réformer celui-ci afin de le rendre plus conforme aux intérêts européens ». Et ajoute : « La France et l’Europe conserveront leur partenariat atlantique sans subir l’autorité des États-Unis » (11). D’un côté une commission thématique des Verts réfléchit « au désarmement militaire et nucléaire », de l’autre M. Jadot défend une politique interventionniste quand il demande que la France devienne une « force de proposition » sur le terrain géopolitique et qu’elle assume sa « responsabilité particulière » en raison de « sa force de frappe ». Les Verts français continuent toutefois de réclamer que les opérations extérieures soient effectuées « sous mandat international et sous le contrôle démocratique du Parlement national et européen, avec des consultations ouvertes aux ONG [organisations non gouvernementales] spécialisées ».

Du point de vue programmatique, la vision géopolitique des écologistes allemands, elle, s’accorde toujours avec l’objectif d’un monde sans armes nucléaires, qui se traduit par plusieurs revendications : adhésion de l’Allemagne au traité sur l’interdiction des armes nucléaires de l’Organisation des Nations unies (ONU), entré en vigueur le 22 janvier 2021, retrait des armes nucléaires américaines d’Allemagne ou encore interdiction des drones armés dans la Bundeswehr. Les Grünen refusent en outre la directive de l’OTAN et l’objectif minimum de dépenses nationales consacrées à la défense fixé à 2 % du produit intérieur brut (PIB). L’accord de coalition évoque un ratio de 3 % englobant la diplomatie, la politique de développement et le « respect des engagements pris au sein de l’OTAN ». Si le budget militaire de l’Allemagne est passé de 34 milliards d’euros en 2013 à 51 milliards en 2020 — et dépasse en valeur celui de la France depuis 2018 —, il ne représente cependant que 1,56 % du PIB, contre 2,04 % (estimations) chez son voisin (12).

La question des interventions militaires risque de raviver des conflits internes
Cette question pourrait susciter des frictions avec la France, déjà inquiète qu’une participation gouvernementale des Grünen compromette l’engagement allemand au Sahel. Le 29 mai 2020, les écologistes s’étaient abstenus au Bundestag lors du vote sur le renforcement de la présence allemande dans le cadre de la Mission de formation de l’Union européenne au Mali, tout en approuvant la participation à la mission des Nations unies. Ils refusaient notamment l’inclusion dans le programme d’assistance européen du régime autocratique du Tchad. Mme Baerbock a dit vouloir discuter avec M. Emmanuel Macron des interventions militaires européennes en Afrique.

Si les trois partis ratifient l’accord de coalition, les Grünen devront enfin répondre aux inquiétudes de leur base. Beaucoup de sympathisants réprouvent les expéditions militaires comme les exportations d’armes. Ils partagent souvent les positions anti-OTAN ou antimilitaristes de Die Linke (La Gauche), estimant que l’argent destiné à moderniser la Bundeswehr serait plus utile dans la lutte contre le réchauffement climatique. Même si d’anciens militants d’extrême gauche comme M. Jürgen Trittin, ancien ministre de l’environnement, admettent la nécessité d’une armée fonctionnelle et bien équipée, la question des interventions militaires est susceptible de raviver des conflits internes, surtout après la débâcle occidentale en Afghanistan. Il en va de même pour les exportations d’armes vers les dictatures et les régions en guerre : alors que le parti les condamne officiellement, M. Habeck plaidait en leur faveur, au printemps 2021, pour « aider » l’Ukraine « à s’aider elle-même, à se défendre » contre la Russie (12). Lors du congrès de 2014, M. Cem Özdemir, leur dirigeant d’alors, avait soutenu la livraison d’armes aux Kurdes d’Irak afin qu’ils puissent se défendre contre l’Organisation de l’État islamique (OEI, ou « Daech »), s’opposant ainsi à la position majoritaire du groupe parlementaire, du bureau et des délégués verts. S’ils veulent obtenir l’appui de leur base, les écologistes allemands devront réussir à intégrer les questions de défense et de sécurité dans leur demande visant à obtenir un renforcement de la souveraineté européenne et de la défense des droits et des libertés.

Annette Lensing

Maîtresse de conférences en études germaniques à l’université de Caen-Normandie.

(1) « Koalitionsvertrag zwischen SPD, Bündnis 90/Die Grünen und FDP », accord de coalition publié le 24 novembre 2021.
(2) Antoine Guiral, « Les Verts revêtent le treillis au nom du pacifisme », Libération, Paris, 19 avril 1999.
(3) Gaëlle Winter, « Le parti écologiste allemand Bündnis 90 - Die Grünen et la politique de sécurité et de défense : la pondération en ligne de mire », Recherches & Documents, n° 6, Fondation pour la recherche stratégique, Paris, juillet 2020.
(4) Sondage Civey, Spiegel Online, 18 août 2021.
(5) « Bundestagswahlprogramm 2021 », Bündnis 90 - Die Grünen, Berlin, juin 2021.
(6) Entretien à la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung (FAZ), Francfort, 25 avril 2021.
(7) Lire Serge Halimi, « Vous avez dit unité ? », Le Monde diplomatique, mai 2021.
(8) « Europa darf nicht blauäugig sein », NTV, 14 février 2020, www.n-tv.de
(9) « Yannick Jadot : “Faire reculer l’influence des régimes autoritaires ne doit pas signifier s’engager dans une nouvelle guerre froide” », Le Monde, 13 avril 2021.
(10) « Le projet Bien Vivre », Europe Écologie - Les Verts.
(11) « Vivant, projet pour une République écologique », 11 juillet 2021 (PDF).
(12) « Les dépenses de défense des pays de l’OTAN (2013-2020) », OTAN, division diplomatie publique, Bruxelles, 16 mars 2021 (PDF).
(12) « Habeck rüstet ab », Süddeutsche Zeitung, Munich, 26 mai 2021.


Edité le 04-12-2021 à 13:11:26 par Xuan




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   Posté le 04-12-2021 à 13:26:56   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Comme nous l'avons déjà remarqué à plusieurs occasions les verts ont viré au vert-de-gris en se plaçant sous la conduite idéologique des USA et de leurs valeurs "démocratiques".
Nous avions déjà observé ça à propos du Tibet.
On peut se douter que l'Allemagne va infléchir ses positions.
Merkel malgré tout ce qui a été dit sur son "atlantisme" supposé s'est souvent opposée aux USA sur le terrain économique. Mais les verts sont capable de privilégier leur idéologie par rapports aux intérêts économiques des monopoles allemands, en se pliant aux ordres des USA.
Et en France il en sera de même, bien que leur influence ne dépasse pas la sphère urbaine et une fraction limitée de la population à 7 ou 8 %.

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   Posté le 20-12-2021 à 23:21:30   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Guerre du gaz : l’Allemagne congelée… et le reste de l’UE avec ?


PAR ADMIN · PUBLIÉ 13 DÉCEMBRE 2021 · MIS À JOUR 13 DÉCEMBRE 2021
https://www.entelekheia.fr/2021/12/13/guerre-du-gaz-lallemagne-congelee-et-le-reste-de-lue-avec/

Avant de commencer, on peut signaler que la hausse dramatique des prix du gaz dans l’UE, selon CNN en novembre dernier, est due au retard de la certification du pipeline Nord Stream 2 dont il sera question ci-dessous. Je n’ai pas le souvenir que cela nous ait été expliqué de façon aussi claire dans nos médias mainstream, et vous ?

Par Pepe Escobar
Paru sur Strategic Culture Foundation sous le titre Frozen Deutschland

Un « blitz d’agressions russes au cours des prochains mois d’hiver » est pratiquement inévitable. Regardez-le sur vos écrans pendant que vous vous gelez en toute bonne conscience.
Tout comme avec l’OTAN « en état de mort cérébrale » (copyright Emmanuel Macron), personne n’a jamais perdu quoi que ce soit à parier sur l’incompétence, l’étroitesse d’esprit et la lâcheté des « leaders » politiques des pays de l’UE atlantiste.
Il y a deux raisons principales à la dernière démarche juridique allemande de suspension de la certification du gazoduc Nord Stream 2.

1. Des représailles, directement contre la Biélorussie et la Russie, « coupables » du drame honteux des réfugiés à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.

2. De la politique politicienne de la part des Verts allemands.

Un haut responsable européen de l’énergie m’a dit : « C’est un jeu où l’Allemagne n’a pas la main gagnante. Gazprom est très professionnel. Mais imaginez que Gazprom décide de ralentir délibérément ses livraisons de gaz naturel. Le prix pourrait être décuplé, ce qui provoquerait l’effondrement de l’UE. La Russie a la Chine. Mais l’Allemagne n’a pas de plan B viable. »

Le plan B russe correspond à une proposition qui se trouve depuis deux ans sur un bureau important de Moscou, comme je l’ai signalé à l’époque : une offre de 700 milliards de dollars faite par une société énergétique occidentale réputée pour que la Russie détourne ses exportations de pétrole et de gaz vers la Chine et d’autres clients asiatiques, loin de l’UE.

Cette proposition était en fait la principale raison pour laquelle Berlin s’est résolument opposé à la volonté des États-Unis de stopper le Nord Stream 2. Pourtant, la torture ne s’arrête jamais. La Russie doit maintenant faire face à un obstacle supplémentaire : une taxe carbone sur les exportations vers l’UE, notamment d’acier, de ciment et d’électricité. Cette taxe pourrait bien être étendue au pétrole et au gaz naturel.

Tout être doté d’un cerveau dans l’UE sait que le Nord Stream 2 est la façon la plus facile de faire baisser les prix du gaz naturel en Europe, et non le pari néolibéral aveugle de l’UE d’acheter à court terme sur le marché spot.

« Ils vont geler »
Il semble que la Bundesnetzagentur, le régulateur allemand de l’énergie, se soit réveillée d’un profond sommeil juste pour découvrir que la société Nord Stream 2 AG, basée en Suisse, ne remplissait pas les conditions pour être un « opérateur de transport indépendant » et ne pouvait être certifiée que si elle était « organisée sous une forme juridique de droit allemand. »

Le fait que ni les Allemands, ni la société suisse n’en aient eu connaissance au cours des longues et turbulentes étapes précédentes est très difficile à croire. Il semble donc que Nord Stream 2 AG doive créer une filiale de droit allemand uniquement pour la section allemande du gazoduc.
En l’état actuel des choses, la société n’est pas « en mesure » de commenter les détails et surtout « le calendrier du début de l’exploitation du gazoduc. »
Nord Stream 2 AG devra transférer du capital et du personnel à cette nouvelle filiale, qui devra ensuite présenter à nouveau une documentation complète pour la certification.
Traduction : le gaz du Nord Stream 2 sera absent pendant l’hiver prochain en Europe de l’Ouest et le gazoduc ne pourrait commencer à fonctionner, au mieux, qu’à la mi-2022.

Et cela est certainement lié à l’aspect politique, car les régulateurs allemands attendent de facto l’émergence de la nouvelle coalition allemande, y compris avec les Verts néolibéraux qui sont viscéralement anti-Nord Stream et anti-Russie.
Le responsable européen de l’énergie n’a pas mâché ses mots sur un scénario tout à fait possible : « Si l’Allemagne n’obtient pas son pétrole et son gaz naturel par voie terrestre maintenant, elle n’a pas de position de repli, car il n’y a pas suffisamment de capacité de GNL ou de pétrole pour approvisionner l’UE cet hiver. Ils vont geler. Une grande partie de leur économie sera obligée de s’arrêter. Le chômage va grimper en flèche. Il faudrait quatre ans pour construire une capacité de GNL pour le gaz naturel, mais qui la construira pour eux ? »

L’Allemagne n’a aucune marge de manœuvre pour dicter ses conditions à Gazprom et à la Russie. Le gaz que Gazprom ne vendra pas à l’Europe du Nord sera vendu à l’Europe de l’Est et du Sud via le Turk Stream, et surtout aux clients asiatiques, qui ne font pas de chantage et paient mieux que les Européens.
Ce qui est également clair, c’est que si, par une décision politique malavisées, le gaz du Nord Stream 2 est finalement bloqué, les amendes à percevoir par Gazprom auprès du consortium européen qui a supplié de faire construire le gazoduc pourraient dépasser 200 milliards d’euros. Le consortium est composé d’Engie, Shell, Uniper, Wintershall Dea et OMV.


  • C’est dans ce contexte que l’offre sur la table à Moscou devient encore plus qu’un renversement potentiel de situation. Selon la recommandation audacieuse faite au Kremlin – avec un financement déjà en place – les ressources naturelles de la Russie, notamment le pétrole et le gaz naturel, devraient être redirigées vers la Chine, dans le cadre du partenariat stratégique Russie-Chine.
    La proposition fait valoir que la Russie n’a pas besoin de commercer avec l’UE, car la Chine la devance largement dans la plupart des technologies avancées. Cela donne certainement à Moscou une longueur d’avance dans toute négociation avec le gouvernement allemand en formation. Lorsque j’en ai parlé au responsable européen de l’énergie, son commentaire laconique a été le suivant : « Je doute qu’ils aient envie de se suicider. »

    Tout ça, c’est la faute à Poutine
    Il serait excessif d’attendre des politiciens allemands et européens la clairvoyance du gouvernement serbe, qui envisage d’importer 3 milliards de mètres cubes de gaz naturel russe par an pendant 10 ans. Depuis des années, Gazprom a démontré la fiabilité et les aspects pratiques des contrats à long terme.
    Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, commentant la crise des migrants à la frontière entre la Pologne et le Bélarus, a noté la façon dont « la Pologne se comporte de manière scandaleuse, tandis que les dirigeants à Bruxelles appliquent un deux poids, deux mesures si flagrant qu’ils comprennent forcément qu’ils sont en tort. »

    Le cas du Nord Stream 2 ajoute des couches supplémentaires au malaise de l’UE, car il concerne le bien-être des populations qui vivent à l’intérieur de la forteresse Europe. Qu’ils gèlent, en effet – ou qu’ils paient des fortunes pour du gaz naturel qui devrait être aisément disponible à moindre coût.
    Comme nous le savons tous, l’Allemagne, le Nord Stream 2, l’Ukraine, le Belarus, tout est lié. Et selon un dément ukrainien qui profite d’une plateforme atlantiste, tout est de la faute de Poutine, coupable de mener une guerre hybride contre l’UE.

    Ce sera à la « détermination de la Pologne et de la Lituanie » de « contrer la menace du Kremlin » . Le cadre idéal dans ce cas devrait être le Triangle de Lublin – qui unit la Pologne et la Lituanie à l’Ukraine. Ce sont les linéaments du nouveau rideau de fer, érigé par les atlantistes, de la Baltique à la mer Noire, pour « isoler » la Russie. Comme on pouvait s’y attendre, les atlantistes allemands sont un élément fondamental du dispositif.
    Bien entendu, pour réussir, ces acteurs devraient « également chercher à obtenir un plus grand engagement des États-Unis et du Royaume-Uni » , chaque mouvement venant compléter « le rôle de l’OTAN en tant que garant ultime de la paix dans la région » .

    Alors voici, mortels de l’UE : un « blitz d’agressions russes au cours des prochains mois d’hiver » est pratiquement inévitable. Regardez-le sur vos écrans pendant que vous gelez en toute bonne conscience.

    Traduction et note de présentation Corinne Autey-Roussel

  • Note de la traduction : est-ce que, si la certification est finalement refusée unilatéralement par l’Allemagne, le contribuable français sera mis à contribution pour payer la part de l’amende pharaonique qui reviendra à la compagnie française Engie ? Sinon, qui paiera la note ?

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       Posté le 13-01-2022 à 11:45:24   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Le boycott de Huawei est imposé par les USA


    Le 13 janvier, heure de Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a organisé une conférence de presse régulière. Un journaliste a posé une question. Selon des informations, le 10, l'ancien secrétaire britannique aux affaires Vince Cable a déclaré que la décision du gouvernement britannique d'interdire les équipements et services 5G de la société chinoise de technologie Huawei "n'a rien à voir avec la sécurité nationale" , mais était sous pression des États-Unis, car « les États-Unis nous ont dit que nous devions le faire ». Au cours de son mandat de ministre, les services de renseignement et de sécurité ont assuré à plusieurs reprises que l'utilisation des services de Huawei ne présentait aucun risque. Comment le porte-parole réagit-il à cela?

    Wang Wenbin a déclaré que cela confirmait une fois de plus les raisons des soi-disant risques liés à la sécurité nationale et à la technologie 5G, mais qu'il ne s'agissait que d'une couverture utilisée par les États-Unis pour supprimer les entreprises chinoises de haute technologie.
    Wang Wenbin a souligné que le « réseau propre » lancé par les États-Unis est synonyme de « diplomatie coercitive », de Toshiba, ALSTOM à Huawei, puis à Samsung et TSMC, victimes de la « diplomatie de la coercition » américaine partout dans le monde.
    Wang Wenbin a souligné que le comportement d'intimidation des États-Unis sera inévitablement de plus en plus combattu et combattu par la communauté internationale.

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       Posté le 31-01-2022 à 20:26:52   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    L’UE sur le point de commettre deux erreurs à l’égard de Moscou, estime le chef de la CDU allemande

    20:09 29.01.2022

    https://fr.sputniknews.com/20220129/lue-sur-le-point-de-commettre-deux-erreurs-a-legard-de-moscou-estime-le-chef-de-la-cdu-allemande-1054892059.html

    Le dirigeant du parti allemand CDU Friedrich Merz a nommé deux erreurs que les pays européens commettent dans leurs relations avec Moscou, dont l’une risque de porter préjudice à l’Europe elle-même.

    > L'Union européenne ne fera qu'aggraver la situation si elle tente de déconnecter la Russie du système de paiement interbancaire SWIFT, a déclaré Friedrich Merz, dirigeant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) d’Allemagne.
    "Nous nous ferons ainsi beaucoup de mal" , a indiqué M.Merz à Die Welt.

    Déconnecter Moscou du SWIFT risque de provoquer l’effondrement de l’ensemble du système et d’encourager la transition vers un pareil système chinois, estime l’homme politique. Il s’est déjà prononcé contre la déconnexion de la Russie du SWIFT à la mi-janvier.

    > L’Europe commet aussi une autre erreur en essayant de signer un accord d'association avec l'Ukraine. Ce document violerait les accords commerciaux entre Moscou et Kiev, rappelle M.Merz.
    "Nous, dans l'UE, devons respecter le fait que les pays qui concluent des accords d'association ou de libre-échange avec l'Union européenne peuvent en même temps avoir des obligations envers d'autres zones économiques" , a expliqué le dirigeant de la CDU.

    Déconnexion du SWIFT, une sanction à ne pas adopter

    SWIFT est un système interbancaire international permettant de transférer des informations et effectuer des paiements. Il réunit plus de 11.000 organisations de presque tous les pays du monde. Les déclarations sur l’éventuelle déconnexion de la Russie de ce système global à titre de sanction sont devenues très fréquentes ces derniers temps, dans le contexte des tensions croissantes autour de l’Ukraine. Réagissant à cette menace, la Russie a mis en place son propre système de transmission de messages financiers.
    Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a précédemment déclaré qu'aucun dirigeant occidental n'avait jamais demandé la fermeture d’accès au SWIFT pour la Russie. La semaine dernière, le journal allemand Handelsblatt, citant des sources gouvernementales, a également confirmé que les États-Unis et l'UE, qui préparent de nouvelles sanctions contre Moscou, avaient exclu une telle option.

    Rapprochement entre l’Ukraine et l’UE

    Après le coup d'État de 2014, l'Ukraine mène une politique d'intégration avec l’Union européenne et l’Otan. Kiev a apporté à cette fin des modifications à sa constitution malgré les déclarations de plusieurs personnalités politiques européennes et de l’Otan selon lesquelles Kiev n’y était pas le bienvenu ou que l’entrée ukrainienne à ces organisations n’était pas pour bientôt.
    Johannes Hahn, qui occupait alors le poste de commissaire à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, avait notamment déclaré qu'il n'était pas réaliste de parler de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne dans les années à venir et que Kiev devrait se concentrer sur la mise en œuvre de l’accord d'association avec l'UE en vigueur depuis septembre 2017.

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       Posté le 05-02-2022 à 13:04:29   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Un autre article sur l'Ukraine, qui met en relief la position de l'UE dominée par les USA
    Le Diplo
    https://www.monde-diplomatique.fr/2022/02/TEURTRIE/64373

    Les Européens hors jeu
    Ukraine, pourquoi la crise


    Alors qu’ils s’alarment d’une montée des tensions en Ukraine, les Européens sont les grands absents des négociations ouvertes entre Moscou et Washington. En s’alignant sur les États-Unis, Paris et Berlin ont poussé la Russie à traiter directement avec ces derniers. Et laissé le Vieux Continent redevenir un terrain d’affrontement entre les deux puissances.

    par David Teurtrie

    Les bruits de bottes aux portes de l’Europe affolent les chancelleries occidentales. Pour tenter d’obtenir des garanties relatives à la protection de son intégrité territoriale, la Russie a présenté aux Américains deux projets de traité visant à réformer l’architecture de sécurité en Europe, tout en massant des troupes à la frontière ukrainienne. Moscou exige un gel officiel de l’élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à l’est, le retrait des troupes occidentales des pays d’Europe orientale et le rapatriement des armes nucléaires américaines déployées en Europe. Ne pouvant être satisfaites en l’état, ces demandes en forme d’ultimatum laissent peser la menace d’une intervention militaire russe en Ukraine.

    Deux interprétations s’opposent. Pour les uns, Moscou fait monter les enchères afin d’obtenir des concessions de la part de Washington et des Européens. D’autres au contraire estiment que le Kremlin veut pouvoir prétexter d’une fin de non-recevoir pour justifier un passage à l’acte en Ukraine. Dans tous les cas, la question se pose du moment choisi par Moscou pour engager ce rapport de forces. Pourquoi jouer ce jeu risqué, et pourquoi maintenant ?

    Depuis 2014, les autorités russes ont considérablement accru la capacité de leur économie à surmonter un choc grave, tout particulièrement pour le secteur bancaire et financier. La part du dollar a chuté dans les réserves de la banque centrale. Une carte de paiement nationale, Mir, se trouve aujourd’hui dans le porte-monnaie de 87 % de la population. Et, si les États-Unis mettaient à exécution leur menace de déconnecter la Russie du système occidental Swift, comme ils l’ont fait pour l’Iran en 2012 et 2018, les transferts financiers entre banques et entreprises russes pourraient désormais s’effectuer par une messagerie locale. La Russie se sent donc mieux armée pour faire face à des sanctions sévères en cas de conflit.

    D’autre part, la précédente mobilisation de l’armée russe aux frontières ukrainiennes, au printemps 2021, a débouché sur la relance du dialogue russo-américain sur les questions stratégiques et de cybersécurité. Cette fois encore, le Kremlin a manifestement jugé que la stratégie de la tension constituait le seul moyen de se faire entendre des Occidentaux et que la nouvelle administration américaine serait prête à faire plus de concessions afin de se concentrer sur la confrontation croissante avec Pékin.

    Or M. Vladimir Poutine semble vouloir mettre un coup d’arrêt à ce qu’il désigne comme le projet occidental de transformation de l’Ukraine en une « anti-Russie » nationaliste (1). En effet, il comptait sur les accords de Minsk, signés en septembre 2014, pour obtenir un droit de regard sur la politique ukrainienne par l’intermédiaire des républiques du Donbass. C’est tout l’inverse qui s’est produit : non seulement leur application est au point mort, mais le président Volodymyr Zelensky, dont l’élection en avril 2019 avait donné l’espoir au Kremlin de renouer avec Kiev, a amplifié la politique de rupture avec le « monde russe » engagée par son prédécesseur. Pis, la coopération militaro-technique entre l’Ukraine et l’OTAN ne cesse de s’intensifier, tandis que la Turquie, elle-même membre de l’Alliance, a livré des drones de combat qui font craindre au Kremlin que Kiev ne soit tenté par une reconquête militaire du Donbass. Il s’agirait donc, pour Moscou, de reprendre l’initiative quand il en est encore temps. Mais, au-delà des facteurs conjoncturels à l’origine des tensions actuelles, force est de constater que la Russie ne fait que réactualiser des demandes qu’elle ne cesse de formuler depuis la fin de la guerre froide sans que l’Occident les considère comme acceptables, ou même légitimes.

    Le malentendu remonte à l’effondrement du bloc communiste en 1991. En toute logique, la disparition du pacte de Varsovie aurait dû conduire à la dissolution de l’OTAN, créée pour faire face à la « menace soviétique ». Il convenait de proposer de nouveaux formats d’intégration pour cette « autre Europe » qui aspirait à se rapprocher de l’Occident. Le moment paraissait d’autant plus opportun que les élites russes, qui n’avaient sans doute jamais été aussi pro-occidentales, avaient accepté la liquidation de leur empire sans combattre (2). Pourtant, les propositions en ce sens, formulées notamment par la France, furent enterrées sous la pression de Washington. N’ayant pas l’intention de se faire voler leur « victoire » face à Moscou, les États-Unis poussent alors à l’élargissement vers l’est des structures euro-atlantiques héritées de la guerre froide afin de consolider leur domination en Europe. Pour ce faire, ils disposent d’un allié de poids, l’Allemagne, désireuse de reprendre son ascendant sur la Mitteleuropa.

    Violation du droit international
    Dès 1997, l’élargissement de l’OTAN à l’est est acté alors que les responsables occidentaux avaient promis à M. Mikhaïl Gorbatchev qu’il n’en serait rien (3). Aux États-Unis, des personnalités de premier plan font part de leur désaccord. George Kennan, considéré comme l’architecte de la politique d’endiguement de l’URSS, prédit les conséquences aussi logiques que néfastes d’une telle décision : « L’élargissement de l’OTAN serait la plus fatale erreur de la politique américaine depuis la fin de la guerre froide. On peut s’attendre à ce que cette décision attise les tendances nationalistes, antioccidentales et militaristes de l’opinion publique russe ; qu’elle relance une atmosphère de guerre froide dans les relations Est-Ouest et oriente la politique étrangère russe dans une direction qui ne correspondra vraiment pas à nos souhaits (4). »

    En 1999, l’OTAN, qui fête son cinquantenaire en grande pompe, effectue son premier élargissement à l’est (Hongrie, Pologne et République tchèque) et annonce la poursuite du processus jusqu’aux frontières russes. Surtout, l’Alliance atlantique entre simultanément en guerre contre la Yougoslavie, ce qui transforme l’organisation d’un bloc défensif en une alliance offensive, le tout en violation du droit international. La guerre contre Belgrade est menée sans l’aval de l’Organisation des Nations unies (ONU), empêchant Moscou d’utiliser l’un des derniers instruments de puissance qui lui restent — son droit de veto au Conseil de sécurité. Les élites russes, qui ont tant misé sur l’intégration de leur pays à l’Occident, se sentent trahies : la Russie, alors présidée par Boris Eltsine, qui avait œuvré à l’implosion de l’URSS, ne se voit pas traitée comme un partenaire qu’il faut récompenser pour sa contribution à la fin du système communiste, mais comme le grand perdant de la guerre froide, qui doit en payer le prix géopolitique.

    Paradoxalement, l’arrivée au pouvoir de M. Poutine l’année suivante correspond plutôt à une période de stabilisation des relations entre la Russie et les Occidentaux. Le nouveau président russe multiplie les gestes de bonne volonté en direction de Washington après les attentats du 11 septembre 2001. Il accepte l’installation provisoire de bases américaines en Asie centrale et ordonne, à la même époque, la fermeture des bases héritées de l’URSS à Cuba, ainsi que le retrait des soldats russes présents au Kosovo. En échange, la Russie souhaite faire accepter par les Occidentaux l’idée que l’espace postsoviétique, qu’elle définit comme son étranger proche, relève de sa sphère de responsabilité. Mais, alors que les relations avec l’Europe sont plutôt bonnes, notamment avec la France et l’Allemagne, les éléments d’incompréhension s’accumulent avec les États-Unis. En 2003, l’invasion de l’Irak par les troupes américaines sans l’aval de l’ONU constitue une nouvelle violation du droit international, dénoncée de concert par Paris, Berlin et Moscou. Cette opposition commune des trois principales puissances du continent européen confirme les craintes de Washington des risques qu’un rapprochement russo-européen ferait peser sur l’hégémonie américaine.

    Dans les années qui suivent, les États-Unis annoncent leur intention d’installer des éléments de leur bouclier antimissile en Europe de l’Est, ce qui contrevient à l’acte fondateur Russie-OTAN (signé en 1997) garantissant à Moscou que les Occidentaux n’installeraient pas de nouvelles infrastructures militaires permanentes. Par ailleurs, Washington remet en cause les accords de désarmement nucléaire : les États-Unis se retirent du traité Anti-Ballistic Missile (ABM, 1972) en décembre 2001.

    Crainte légitime ou complexe obsidional, les « révolutions de couleur » dans l’espace postsoviétique sont perçues à Moscou comme des opérations destinées à installer des régimes pro-occidentaux à ses portes. De fait, en avril 2008, Washington exerce une forte pression sur ses alliés européens afin d’entériner la vocation de la Géorgie et de l’Ukraine à intégrer l’OTAN, alors même que la grande majorité des Ukrainiens est alors opposée à une telle adhésion. Dans le même temps, les États-Unis poussent à la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, ce qui constitue une nouvelle violation du droit international, puisqu’il s’agit alors juridiquement d’une province serbe.

    Les Occidentaux ayant ouvert la boîte de Pandore de l’interventionnisme et de la remise en cause de l’intangibilité des frontières sur le continent européen, la Russie leur répond en intervenant militairement en Géorgie en 2008, puis en reconnaissant l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Ce faisant, le Kremlin signale qu’il fera tout pour empêcher un nouvel élargissement de l’OTAN vers l’est. Mais, en remettant en cause l’intégrité territoriale de la Géorgie, la Russie viole à son tour le droit international.

    Le ressentiment russe atteint un point de non-retour avec la crise ukrainienne. Fin 2013, Européens et Américains apportent leur soutien aux manifestations qui aboutissent au renversement du président Viktor Ianoukovitch, dont l’élection en 2010 a pourtant été reconnue comme répondant aux standards démocratiques. Pour Moscou, les Occidentaux ont soutenu un coup d’État afin d’obtenir coûte que coûte le rattachement de l’Ukraine au camp occidental. Dès lors, les ingérences russes en Ukraine — annexion de la Crimée et soutien militaire officieux aux séparatistes du Donbass — sont présentées par le Kremlin comme une réponse légitime au coup de force pro-occidental à Kiev. Les capitales occidentales dénoncent quant à elles une remise en cause sans précédent de l’ordre international de l’après-guerre froide.

    Les accords de Minsk, signés en septembre 2014, donnent l’occasion à la France et à l’Allemagne de reprendre la main afin de trouver une solution négociée aux hostilités dans le Donbass. Il aura fallu le déclenchement d’un conflit armé sur le continent pour que Paris et Berlin sortent de leur passivité. Mais, sept ans plus tard, le processus s’est enlisé. Kiev continue de refuser l’octroi d’une autonomie au Donbass, comme le prévoit le texte. Devant l’absence de réaction de Paris et de Berlin, accusés de s’aligner sur les positions ukrainiennes, le Kremlin cherche à négocier directement avec les Américains, en lesquels il voit les véritables parrains de Kiev. De la même manière, Moscou s’est étonné que les Européens acceptent sans réagir toutes les initiatives américaines, même les plus contestables. Ainsi du retrait de Washington du traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) en février 2019, qui aurait dû susciter leur opposition vu qu’ils sont potentiellement les premières cibles de ce type d’armement. Selon la chercheuse Isabelle Facon, la Russie « estime avec constance, et un agacement perceptible, que les pays européens sont irrémédiablement incapables d’autonomie stratégique à l’égard des États-Unis et qu’ils refusent de prendre leurs responsabilités face à la dégradation de la situation stratégique et internationale (5) ».

    Suivisme atlantiste
    Plus étonnant encore : quand Russes et Américains reprennent langue sur les questions stratégiques, avec la prolongation pour cinq ans du traité de réduction des armes nucléaires New Start, suivie du sommet Biden-Poutine de juin 2021, l’Union européenne, loin de pousser dans le sens d’une détente avec Moscou, rejette le principe d’une rencontre avec le président russe. Pour la Pologne, qui a torpillé avec d’autres cette initiative, « cela [aurait valorisé] le président Vladimir Poutine au lieu de punir une politique agressive (6) ». Ce refus du dialogue tranche avec l’attitude des Européens à l’égard de l’autre grand voisin de l’Union européenne qu’est la Turquie : en dépit de son activisme militaire (occupation du nord de Chypre et d’une partie du territoire syrien, envoi de troupes en Irak, en Libye et dans le Caucase), le régime autoritaire de M. Recep Tayyip Erdoğan, par ailleurs allié de Kiev, n’est l’objet d’aucune sanction. Dans le cas de la Russie, au contraire, les Européens n’ont d’autre politique que de menacer régulièrement d’un nouveau train de mesures restrictives, en fonction des agissements du Kremlin. Quant à l’Ukraine, ils en sont réduits à répéter la doxa otanienne de la porte ouverte, alors même que les grandes capitales européennes, Paris et Berlin en tête, ont fait part de leur opposition dans le passé et qu’elles n’ont, au fond, aucune intention d’intégrer l’Ukraine à leur alliance militaire.

    La crise dans les relations russo-occidentales démontre que la sécurité du continent européen ne peut être assurée sans — et a fortiori contre — la Russie. Washington s’emploie au contraire à favoriser cette exclusion puisqu’elle renforce l’hégémonie américaine en Europe. De leur côté, les Européens de l’Ouest, au premier rang desquels la France, ont manqué de vision et de courage politique pour bloquer les initiatives les plus provocatrices de Washington et proposer un cadre institutionnel inclusif permettant d’éviter la réapparition de lignes de fracture sur le continent. Résultat de ce suivisme atlantiste, Français et Européens sont malmenés par les États-Unis. Le retrait non concerté d’Afghanistan comme la mise en place d’une alliance militaire dans le Pacifique sans l’aval de Paris sont les derniers épisodes en date de cette désinvolture. Les Européens observent désormais en spectateurs les tractations russo-américaines sur la sécurité du Vieux Continent, sur fond de menaces de guerre en Ukraine.

    David Teurtrie

    Chercheur associé à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), auteur de Russie. Le retour de la puissance, Armand Colin, Malakoff, 2021.
    (1) Cf. Vladimir Poutine, « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens », site de l’ambassade de la Fédération de Russie de France, 12 juillet 2021.

    (2) Lire Hélène Richard, « Quand la Russie rêvait d’Europe », Le Monde diplomatique, septembre 2018.

    (3) Lire Philippe Descamps, « “L’OTAN ne s’étendra pas d’un pouce vers l’est” », Le Monde diplomatique, septembre 2018.

    (4) George F. Kennan, « A fateful error », The New York Times, 5 février 1997.

    (5) Isabelle Facon, « La Russie et l’Occident : un éloignement grandissant au cœur d’un ordre international polycentrique », Regards de l’Observatoire franco-russe, L’Observatoire, Moscou, 2019.

    (6) Déclaration du premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, conférence de presse à Bruxelles, 25 juin 2021.


    Voir aussi chronologie

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       Posté le 05-02-2022 à 13:29:29   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Déclaration des sénateurs PCF :

    Alors que le Président de la République Emmanuel Macron et le Chancelier allemand Olaf Scholz annonçaient hier une relance des discussions avec la Russie et l’Ukraine dans le format « Normandie », le Président des États-Unis Joe Biden maintenait sa décision de déployer 8500 soldats en état d’alerte, en vue d’une intervention terrestre en Ukraine.

    Le regain de tensions dans les zones de Crimée et du Donbass ne doivent pas être pris à la légère. Les provocations réciproques peuvent conduire au pire, celles de Moscou comme la perspective d’une intervention armée euro-états-unienne risquent de faire exploser la poudrière.

    Car derrière cet affrontement territorial et de souveraineté dans les deux régions russophones d’Ukraine se jouent aussi deux conflits.

    Premièrement, entre la Russie et l’Otan dont l’élargissement est vu comme une provocation et une menace contre Moscou, d’autant plus qu’il est contraire aux engagements pris lors de la disparition de l’URSS.

    Deuxièmement, entre les États-Unis et l’Union européenne autour des enjeux de Défense. Le Président des États-Unis n’a jamais caché son opinion très défavorable à toute velléité d’autonomie européenne, y compris dans le projet d’un illusoire pôle européen au sein de l’OTAN. Sa tentative d’hier de resserrer les rangs européens autour de la stratégie otaniste contre la Russie est un nouveau marqueur : aucune souveraineté européenne ne pourra se construire en restant dans le cadre de l’OTAN.

    Les sénatrices et sénateurs du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste demandent que la désescalade et non la préparation de la guerre soit la ligne de conduite française. Ils appuieront toute reprise du dialogue avec l’Ukraine et la Russie en vue d’une nouvelle vision de sécurité collective et de désarmement en Europe

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       Posté le 16-02-2022 à 13:29:23   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

    Fonds européens et Etat de droit : la justice européenne déboute Varsovie et Budapest

    La justice de l'UE a validé mercredi, dans un arrêt très attendu, un dispositif liant le versement des fonds de l'UE au respect de l'Etat de droit, infligeant un revers à la Pologne et la Hongrie.


    Article rédigé par
    franceinfo avec AFP
    France Télévisions
    Publié le 16/02/2022 11:38

    La justice européenne a validé mercredi 16 février, dans un arrêt très attendu, un dispositif liant le versement des fonds de l'Union européenne au respect de l'Etat de droit, infligeant un revers à la Hongrie et la Pologne, menacées par ce nouveau "régime de conditionnalité".

    La CJUE, dont la décision était pour la première fois retransmise en direct sur son site, a suivi l'avis de l'avocat général et rejeté les recours en annulation introduits par Budapest et Varsovie contre ce règlement.

    "Ce mécanisme a été adopté sur une base juridique adéquate" et "respecte les limites des compétences attribuées à l'Union ainsi que le principe de sécurité juridique", dit notamment la Cour dans un communiqué.

    La Pologne dénonce une "attaque contre [sa] souveraineté"
    La Pologne a aussitôt dénoncé une "attaque contre [sa] souveraineté". "La Pologne doit défendre sa démocratie contre le chantage qui vise à nous priver de notre droit à l'autodétermination", a écrit sur Twitter le vice-ministre de la Justice, Sebastian Kaleta.
    La Hongrie, par la voix de sa ministre de la Justice Judit Varga, a fustigé un "nouveau moyen de pression" sur Budapest, estimant que ce jugement était lié à la loi sur l'homosexualité adoptée cet été, qui avait été accueillie par un concert de critiques au sein de l'Union européenne.

    Berlin s'est à l'inverse félicité d'une décision qui " renforce notre communauté de valeurs ".

    "Un levier puissant et concret"
    L'approbation par la justice de cet instrument inédit va accroître la pression sur la Commission, chargée de l'activer. L'exécutif européen avait accepté, en accord avec les Vingt-Sept, d'attendre l'avis de la Cour avant d'agir, alors que le règlement est en vigueur depuis le 1er janvier 2021.

    Mais, depuis des mois, le Parlement européen s'impatiente. Il a même engagé un recours pour inaction contre la Commission. La décision de la Cour doit être débattue dans l'hémicycle de Strasbourg mercredi après-midi.

    "C'est une victoire majeure, l'Europe se dote enfin d'un levier puissant et concret pour sanctionner les leaders populistes qui veulent mettre au silence tous les contrepouvoirs de notre modèle démocratique" , a déclaré l'eurodéputée Fabienne Keller (Renew Europe).

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