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 L'Europe, maillon faible de l'impérialisme

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marquetalia
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   Posté le 16-07-2014 à 18:52:30   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

messages supprimés : aucun rapport avec le fil.
Si tu veux faire des blagues très vaseuses il existe un espace détente, tu peux y faire un tour.


Edité le 19-07-2014 à 00:11:21 par Xuan


marquetalia
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   Posté le 23-07-2014 à 20:43:47   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

si mes souvenirs sont bons,le RCU prophétisait-un peu dans mon genre-la sécession des minorités allemandes de l Est-des balivernes,puisqu il ne reste plus grand chose des communautés germanophones d europe centrale et orientale-en 2011,il n y avait plus que 36.884 Saxons de Transylvanie-en Roumanie-et quelques milliers d Allemands dans les Pays Baltes.seule la Pologne sort du lot,avec ses 1 million de Silésiens. donc,le RCU était peut etre inspiré par un certain social-chauvinisme germanophobe,puisqu il accusait -à tort-dans le numéro d été de 1994 joscha fischer,le ministre allemand de la défense de l époque de vanter la "bravoure"-tapferkeit-de l aviation allemagne qui bombarderait Belgrade comme en 1941-ce qui s avera en partie vrai moins de cinq ans plus tard.


Edité le 14-11-2014 à 18:26:17 par marquetalia




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Xuan
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   Posté le 06-08-2014 à 23:16:24   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Je reviens au sujet en illustrant les contradictions franco-allemandes avec cet article. On voit clairement qu'il n'y a aucun partenariat entre les bourgeoisies française et allemande. Chacune voit midi à sa porte et elles ne sont d'accord que lorsque leurs intérêts sont identiques. Sinon c'est chacun pour soi.
N'étant pas en position de leader, l'Etat français peut toujours pleurer sur la solidarité. Il en résulte que l'Union européenne n'a d'Union que de nom :



source

Croissance: l'Allemagne se moque des recommandations françaises


L'Allemagne ne voit "aucune raison" de modifier sa politique économique, a déclaré mercredi 6 août une porte-parole du gouvernement.

Y. D .avec AFP
Le 06/08/2014
à 12:55

Les appels français en faveur de plus de croissance n'ont pas reçu l'écho espéré en Allemagne . (johannes eisele-AFP)

C'est avec une relative indifférence que Berlin a accueilli l'appel de François Hollande pour un soutien plus ferme de l'Allemagne à la croissance. Selon une porte-parole du gouvernement allemand, ce mercredi 6 août, il n'y a en effet "aucune raison" de modifier la politique économique menée outre-Rhin.

"Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique" du gouvernement allemand, a déclaré Christiane Wirtz, interrogée lors d'une conférence de presse régulière sur les propos tenus par François Hollande au quotidien français Le Monde. "L'Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro" , a-t-elle affirmé.

Hollande veut plus d'investissements de la part de l'Allemagne

Le président français avait déclaré attendre de l'Allemagne "un soutien plus ferme à la croissance" dans une interview publiée lundi. "Ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage. C'est le meilleur service que l'Allemagne peut rendre à la France et à l'Europe" , avait-t-il argumenté.

Sur fond de crise en zone euro, l'Allemagne s'est souvent vu reprocher de ne pas en faire assez pour stimuler la croissance chez elle, et par ricochet chez ses partenaires, alors qu'elle les soumettait à de rudes exigences de discipline financière.

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Michel J. Cuny
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   Posté le 14-09-2014 à 18:39:30   Voir le profil de Michel J. Cuny (Offline)   Répondre à ce message   http://souverainement.canalblog.com   Envoyer un message privé à Michel J. Cuny   

Pour marquer les spécificités de la position française dans les visées impérialistes européennes, j'apporte ici quelques éléments d'information


A y regarder de plus près, il ressort que la destruction de la Libye est à mettre en lien avec le contenu du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de juin 2008… qui nous saute aussitôt au visage tant son contenu et les circonstances de son élaboration apparaissent comme très inquiétants.
Il est dû au travail d’une Commission désignée par le décret n° 2007-1144 du 30 juillet 2007 pris sous la signature du président de la république en fonction, Nicolas Sarkozy , et contresigné par son premier ministre, François Fillon .
Le tout début de ce décret nous apprend que cette Commission est constituée de deux catégories de personnes : celles qui sont présentes sur titre (18) et celles qui le sont pour leur compétence personnelle (18).
Sur ce total de trente-six membres, il y a quatre parlementaires (Assemblée nationale : 2 ; Sénat : 2), c’est-à-dire quatre personnes issues du suffrage universel, qui ne vaut donc que pour un peu plus de 10 %, dans une affaire – la guerre – qui n’est tout de même pas peu de chose…
Mais c’est encore trop sans doute.
En effet, le 7 avril 2008 madame Patricia Adam , députée socialiste, et monsieur Didier Boulaud , sénateur socialiste se fâchent tout rouge et donnent leur démission au motif que : « En sept mois de travaux, nous avons constaté que cette commission ne servait que de chambre d’enregistrement des décisions du président de la République . »

Il y a pire…
C'est ce que je m'efforce de développer dans :
http://www.micheljcunysitegeneral.sitew.fr


Edité le 26-09-2014 à 20:07:20 par Michel J. Cuny




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Michel J. Cuny
Michel J. Cuny
Jeune Communiste
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   Posté le 26-09-2014 à 20:41:14   Voir le profil de Michel J. Cuny (Offline)   Répondre à ce message   http://souverainement.canalblog.com   Envoyer un message privé à Michel J. Cuny   

Hormis nos quatre parlementaires, qui y avait-il donc dans la Commission chargée, par Sarkozy , de rédiger le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de 2008 ?

Trente deux personnes divisées en deux catégories :
Dix-huit sont choisies pour leur compétence, par... le président de la république . Les quatorze autres le sont sur titre, un titre de hauts fonctionnaires civils ou militaires qui, pour leur quasi-totalité, dérive d'une nomination décidée par... le président de la république encore.

De ces hauts fonctionnaires, en voici quelques-uns : un conseiller d'Etat, le secrétaire général de la défense nationale , le directeur général de la police nationale , le directeur général de la gendarmerie nationale , le directeur général des affaires politiques et de sécurité , le directeur général du trésor et de la politique économique, le directeur de la stratégie à la direction générale de la recherche et de l'innovation, le chef d'état-major des armées , le délégué général pour l' armement , le secrétaire général pour l'administration, le directeur général de la sécurité extérieure , le directeur chargé des affaires stratégiques , etc...

Nous voici donc sous l' Empire ... Qui pourrait croire que cela ait changé depuis deux siècles ?...

Mais que sont donc les charges de l' Empire ?

J'y reviendrai.

N.B. Mon travail sur ces questions et sur quelques autres se poursuit en particulier à cette adresse déjà donnée précédemment (mais activée, cette fois-ci) :
http://www.micheljcunysitegeneral.sitew.fr


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Michel J. Cuny
Xuan
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   Posté le 17-10-2014 à 23:32:02   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'Europe assise entre les USA et les BRICS


Il est notoire que l'Europe est une création des USA. L'OTAN assure sa suzeraineté encore aujourd'hui.
Toutefois les intérêts des capitalistes européens sont mis à mal par ceux des USA et l'union affichée est vouée à se désagréger un jour ou l'autre.
La crise US de 2008 a plongé les économies européennes dans une crise économique et financière sans précédent et la superpuissance US cherche toujours à faire supporter ses difficultés à ses amis européens.

La Chine poursuit sa politique d'encerclement de l'hégémonisme US en développant les liens non seulement au sein du Tiers Monde et des BRICS, mais également en direction de l'Europe. La route de la soie en est un exemple.
Le sommet de l'ASEM marque aussi la ligne de conduite chinoise visant à isoler la superpuissance US du reste du monde y compris de ses alliés européens du second monde .


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Le sommet de l'ASEM souligne l'interdépendance entre l'Asie et l'Europe

( Source: Xinhua )

17.10.2014

Le 10e sommet Asie-Europe (ASEM) s'est ouvert jeudi à Milan (Italie) sur le thème "Un partenariat responsable pour la croissance et la sécurité."

Fondé en 1996, l'ASEM est une plate-forme intergouvernementale de dialogues et de coopération de haut niveau et à grande échelle entre les deux continents.

Le sommet de Milan, qui se tient les 16 et 17 octobre, est axé sur le renforcement de la coopération financière et économique entre l'Asie et l'Europe, car le commerce et les investissements sont essentiels pour la croissance et l'emploi.

En outre, le sommet discutera des questions d'intérêt mondial telles que le changement climatique, les catastrophes naturelles, la santé, les épidémies, la criminalité internationale et le terrorisme, des questions qui touchent tous les pays et nécessitent des efforts nationaux et une vaste coopération internationale.

Le sommet décidera également de la prochaine orientation de l'ASEM en vue du 20e anniversaire de l'ASEM en 2016.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a déclaré lors de la cérémonie d'ouverture que l'Asie et l'Europe avaient besoin l'une de l'autre à la fois économiquement et politiquement, que leur sécurité était également liée, et qu'on pourrait même "les considérer comme un seul continent eurasien uni" .
"Au XXIe siècle, aucun pays ne peut rester dans l'isolement. Nous devons relier efficacement nos régions sur le plan physique, numérique, institutionnel et humain pour rendre notre partenariat véritablement bénéfique" , a-t-il déclaré.
Les pays de l'ASEM représentent plus de 60% de la population mondiale, la moitié du produit intérieur brut mondial et 60% du commerce mondial, selon M. Van Rompuy.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a déclaré lors de la cérémonie d'ouverture que la richesse, la compétitivité et la créativité dépendaient toutes de l'ouverture à l'autre, et que l'Europe et l'Asie devaient être prêtes à s'adapter, à se connecter et à s'ouvrir aux opportunités mondiales.

"L'intégration régionale et la coopération peuvent être les principaux moteurs de stabilité et de prospérité partagées. Et c'est aussi pourquoi nous, Européens et Asiatiques, devons mieux connecter nos deux continents afin de mieux refléter cette interdépendance croissante" , a-t-il noté.

Il a également souligné que "toute économie ouverte dépend non seulement de l'ouverture du marché, mais aussi d'une gouvernance mondiale adéquate" , et c'est pourquoi l'Europe et l'Asie devraient jouer selon les règles d'un ordre mondial multilatéral, dans un cadre international juste et fondé sur des règles.

MM. Van Rompuy et Barroso se sont félicités de l'adhésion du Kazakhstan et de la Croatie à l'ASEM, portant le nombre de membres du forum à 53. Les deux responsables européens ont également indiqué que l'ASEM continuerait à s'agrandir et à attirer de nouveaux membres.


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Li Keqiang plaide pour un renforcement des relations sino-européennes à Milan


( Source: le Quotidien du Peuple en ligne )
17.10.2014

Le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé jeudi les dirigeants asiatiques et européens à redoubler d'efforts pour améliorer la coopération et la connectivité économique, afin de donner des bases plus solides aux échanges entre les deux continents.

« La porte de la Chine est toujours ouverte, et elle ne s'ouvrira que plus largement encore au monde » , a-t-il déclaré à plus de 40 chefs de gouvernement asiatiques et européens au cours de la réunion Asie-Europe qui a lieu en Italie, à Milan.
Le Premier ministre chinois a dit que la Chine s'est engagée dans la promotion d'une économie mondiale ouverte et d'un marché mondial intégré, et qu'elle s'oppose à toute forme de protectionnisme, ajoutant qu'il y a un énorme potentiel de coopération entre l'Asie et l'Europe.
« La Chine est prête à se joindre à la construction d'infrastructures avec d'autres pays asiatiques et européens pour améliorer le réseau reliant les deux continents » , a-t-il ajouté.

L'ASEM (Dialogue Asie-Europe), fondé en 1996, est une plateforme intergouvernementale de haut niveau et à grande échelle pour le dialogue et la coopération entre les deux continents.
Le sommet de deux jours qui a lieu à Milan accueillera officiellement le Kazakhstan et la Croatie en tant que nouveaux membres, ce qui fera de l'ASEM un forum de 53 membres avec une influence accrue.

Les dirigeants ont discuté de la façon de promouvoir l'interconnectivité entre les deux continents, notamment par l'entremise de liaisons aériennes, maritimes et terrestres mais aussi de la connectivité en matière de circulation des biens, des services, des investissements et des personnes.

Les experts ont souligné que la Chine espère que l'Asie et l'Europe encourageront l'interconnectivité, renforceront la confiance mutuelle et parviendront à conclure des accords sur le changement climatique, le terrorisme, les épidémies et autres problèmes d'importance mondiale.

« Le sommet de l'ASEM offre une bonne occasion de promouvoir les concepts de ceinture économique de la Route de la Soie et de Route de la Soie Maritime du 21e siècle pour la coopération entre l'Asie et l'Europe » , a déclaré Cui Hongjian, directeur du Département d'études européennes à l'Institut chinois des études internationales.
Giovanni Andornino, professeur-assistant de relations internationales avec l'Asie de l'Est à l'Université de Turin, estime pour sa part que des rassemblements comme l'ASEM sont utiles, car ils sont le lieu de séances plénières multilatérales entre hauts dirigeants, et en ce sens la réunion de Milan est « très précieuse » .

« Beaucoup de dialogues au niveau technique peuvent se faire dans ce cadre, et l'Europe doit saisir cette occasion pour montrer pourquoi il est important que les pays asiatiques aient des relations avec l'Europe » , at-il dit.

Selon M. Andornino, les deux continents ont un grand potentiel de renforcement des connexions entre eux. Mais l'un des principaux défis de la réunion est la friction entre les membres, plusieurs pays ayant en effet des relations bilatérales complexes.
M. Andornino a également souligné qu'à moins que l'Europe ne soit déterminée à donner un avenir à l'ASEM et à poursuivre des politiques ambitieuses, cette plateforme n'aura aucune signification.
« Mais il y a la possibilité de créer de la valeur, ce qui est important pour tous les acteurs concernés, et c'est toujours une bonne stratégie » , a-t-il ajouté.

Avant d'assister au sommet, Li Keqiang a rencontré mercredi le Président du Conseil Européen Herman van Rompuy et celui de la Commission Européenne, José Manuel Barroso.
Les deux parties se sont engagées à accélérer leurs négociations de traités d'investissement, afin d'améliorer les liens économiques bilatéraux et de trouver une solution aux frictions commerciales.
Pour sa part, Andornino a souligné attendre l'année prochaine avec impatience, car elle marquera le 30e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et l'UE


Edité le 17-10-2014 à 23:38:23 par Xuan




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marquetalia
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   Posté le 14-11-2014 à 18:32:34   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

mon grand père,qui était mineur de fond,m avait dit que les puits de charbon,fermés en Moselle depuis des lustres,seraient un jour rachetés par des Américains ou des Chinois,et réouvriraient ainsi.il est fort possible que ce soit le cas,la Chine Populaire,qui pénètre économiquement l Europe depuis le port de Pirée en Grèce,exercera bientot son influence à l est de la France-ce sera la cas avec par exemple Terra Lorraine-.

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Finimore
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   Posté le 15-11-2014 à 06:23:46   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

marquetalia a écrit :

vous dites que le RCU définissait Staline comme le fondateur du dogmatisme;qu en est il du Prcf, de l Urcf?n oubliez pas non plus que Vp-Partisan crache aussi sur le Petit Père des Peuples que les nazi-fascistes veulent tuer une seconde fois via leurs alliés trotskystes...


En quelques lignes tu parts dans tous les sens, tu questionnes, tu affirmes, tu caricatures....

Si tu veux savoir ce que le PRCF ou l'URCF pensent de Staline tu vois ça avec eux !
VP sur la base de certaines critiques de Mao, fait une analyse de la "période stalinienne" comme étant responsable de la dégénérescence révisionniste. Je ne partage pas l'analyse de VP sur ce point.
Pour ce qui est des trotskystes, inscris toi au forum des marxistes révolutionnaires ou à celui de LO et discute en avec eux. Crois moi, c'est un excellent exercice....

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
Xuan
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   Posté le 07-06-2015 à 22:51:33   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La Hongrie va participer à la nouvelle "Route la soie" chinoise

Publié le 07-06-2015 à 07h02

PEKIN, 7 juin (Reuters) - La Hongrie est devenu le premier pays européen à signer un accord de coopération avec la Chine dans le cadre d'un projet commercial de grande ampleur développé par Pékin, une nouvelle "route de la soie" terrestre et maritime vers les marchés du Moyen-Orient et de l'Europe, a annoncé samedi le ministère des Affaires étrangères chinois.

Fin mars, le président chinois Xi Jinping a dit avoir bon espoir de voir les échanges commerciaux avec les pays impliqués dans le projet dépasser les 2.500 milliards de dollars par d'ici dix ans.

La Hongrie espère travailler en étroite coopération avec laChine, notamment pour le développement d'une ligne de chemin de fer entre la Hongrie et la Serbie, a dit le président serbe Janos Ader, cité par le ministère des Affaires étrangères chinois. (Ben Blanchard et Paul Carsten, Benoît Van Overstraeten pour le service français)

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Xuan
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   Posté le 30-06-2015 à 22:44:09   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Les rapports inégaux européens, la colère du peuple grec, le nouvel équilibre mondial



Le 2 novembre 2011 Sarkozy et Merkel convoquaient Papandréou à Cannes, lui intimant l’ordre de renoncer à son référendum, ce qu’il fit dès le lendemain, avant de démissionner une semaine plus tard. Cet épisode éclaire significativement les événements actuels et les contradictions qui les animent :

> La lutte des classes en Grèce
> L’oppression des nations européennes sous le joug impérialiste,
> L’ingérence dans les affaires intérieures et le déni de démocratie,
> L’inanité de l’habillage institutionnel de l’Europe et la réalité de la domination franco-allemande,
> La rivalité pour le leadership européen entre ces deux derniers

Sur le plan international :
La crise des dettes souveraines se traduisait par de nouvelles recapitalisations des banques.
La guerre d’agression occidentale Harmattan / Ellamy touchait alors à sa fin, avec la destruction de la Libye et l’exécution de Kadhafi.


Aujourd’hui le scenario semble identique, les ingérences dans les affaires grecques encore plus odieuses. Les créanciers allemands réclament 56,5 milliards d'euros et ceux français 42,4 milliards, mais sur le plan international le rapport des forces a été profondément bouleversé.
Le diktat financier peut aussi plonger la Grèce dans le chaos, provoquer des émeutes que la classe dirigeante grecque ne peut pas envisager.

Que les peuples d’Europe s'opposent collectivement aux rapports inégaux et aux monopoles impérialistes.
Nous devons nous opposer aux ingérences et à la rapacité de la finance impérialiste de notre pays.

Ci-dessous plusieurs articles collectés par Gilbert Remond


Edité le 30-06-2015 à 23:15:38 par Xuan




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   Posté le 30-06-2015 à 22:45:07   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

"Ce qui se passe en Grèce est à surveiller de près. C'est la raison pour laquelle il faut la soutenir dans ce moment délicat. La Grèce est pour l'instant en Europe, sa paix est en principe assuré, mais ne nous y fions pas une histoire récente nous prouve que lorsqu'un pays européen met en œuvre une politique qui déplait au capital, celui-ci ne met pas longtemps avant de lui trouver des motifs pour venir le déstabiliser. Heureusement les préjugés qui avaient été installés contre Milosévic dans la conscience de la majorité des français n'existent pas contre Tsypras. Ils n'existent pas pour l'instant. Mais rien n'est acquis dans ce domaine. Une fois passé la période ou l'euro groupe espère pouvoir encore influencer la Grèce et son gouvernement aux fins de les ramener dans l'orthodoxie libérale, le climat risque de changer très vite, surtout si ces derniers s'obstinent dans leur résistance. La Grèce et son peuple auront alors pleinement besoin de tout notre soutient.


Dans son discoure à la télévision adressé au peuple grec, Alexis Tsipras disait: "Nous sommes aujourd’hui porteurs d’une responsabilité historique à l’égard des luttes menées et des sacrifices consentis par le peuple grec pour la protection de la démocratie et de notre souveraineté nationale ; c’est notre responsabilité envers l’avenir de notre pays" . Par ces mot il veux redonner à celui de démocratie son sens rehausser le ton de ses valeurs. De fait il engage les Grecs à retrouver leur destin historique, mais Il révèle surtout par contre coup à l'opinion internationale une chose que nous dénonçons depuis longtemps. Il révèle la dimension réelle de ce que sont la communauté européenne et son euro groupe, a savoir qu'elles sont des assemblées tyranniques au service du grand capital dont il ne faut attendre aucune compréhension. La CEE n'est pas réformable! Les peuples qui depuis quelques années s'abstiennent en masse lors des consultations qu'elle engage, en comprennent inconsciemment quelques chose . Il leur faut cependant faire plus, il leur faut prendre conscience que leur destin est ailleurs, qu'il leur faut entreprendre autre chose: la sortie du capitalisme c'est-a dire une révolution socialiste.

Avant d'arriver à cette étape il est nécessaire de faire un véritable état des lieux de la situation et par exemple prendre conscience de ce qu'écrit une des personnalité que je publie dans ce recueil d'article, a savoir qu " il y a continuité de projet si ce n'est d'action entre la décision de ne pas respecter un vote celui des électeurs français mais aussi néerlandais et le coup de force inouïe de l'exclusion de la Grèce de l'euro groupe" .

Cette décision qui se révèle être un véritable coup de force de sa part est d'une extrême gravité. Jacques Sapir ne se trompe pas lorsqu'il écrit que "c'est la question de l'union européenne et de la tyrannie de la commission et du conseil qui est posé" . Les institutions européennes qui avec leur constitution voulaient graver dans le marbre qu'elles étaient les garantes de la démocratie tombent le masque. Elles se découvrent et nous montrent brutalement qu'il n'y a pas d’échappatoire à l'austérité qu'elles exigent à tout propos. Cette épisode hallucinant montre qu' au contraire elles agissent pour s'opposer aux acquis démocratiques des peuples En effet la décision prise la semaine dernière par l'euro groupe place de fait les enjeux non pas au niveau de la dette comme elles le claironnent intempestivement mais de la démocratie et de la souveraineté. Mieux cette décision fait symptôme. Elle révèle le caractère profondément anti démocratique de ces institutions. En déniant au peuple le droit d'être consulté elles montrent leurs vrai visage et expriment contre toute leurs déclarations de principe la terreur que leur inspire la démocratie.

Ce qui se passe en Grèce n'est pas seulement ce qui se passe dans le pays d'à côté, dans un pays qui aurait trop longtemps vécu au dessus de ses moyens et qui doit revenir à plus de modestie dans ses dépenses publiques ainsi que ne cessent de nous expliquer nos dirigeants. Les décisions qui la concerne impliquent à terme tous les pays de la communauté européenne . Elles engagent à leur corps défendant le processus de la fin de cette dernière."

Gilbert Rémond



Edité le 30-06-2015 à 23:12:12 par Xuan




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   Posté le 30-06-2015 à 22:51:24   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Tyrannie européenne ? par Jacques Sapir - Ça n'empêche pas Nicolas


RussEurop

Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différent qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable. Ce geste à provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.

La déclaration d’Alexis Tsipras

Le texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d’état grecque (ERT), est de ce point de vue extrêmement clair :

« Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. (…) Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité » [1].

Ce texte court, empli de gravité et de détermination, entrera vraisemblablement dans l’Histoire. Ce texte est prononcé par un homme jeune, qui a été confronté à la mauvaise fois, aux manipulations, à ce qu’il faut bien appeler toutes les bassesses de la politique, depuis 5 mois. Il dit aussi sa colère, froide et déterminée. Et c’est peut-être là l’échec principal de l’Eurogroupe et des institutions européennes : avoir transformé un partisan de l’Europe en un adversaire résolu des institutions européennes. Tsipras n’était pas il y a cinq mois de cela un opposant à l’idée européenne. Mais, la multiplication des humiliations, des tentatives de coup de force, l’ont obligé à réviser nombre de ses positions, qui pour certaines d’entre-elles relevaient de l’illusion. Tsipras et Varoufakis sont aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Eurogroupe et l’UE non pas de leur fait, mais de celui des « institutions européennes ». Ceci est d’une immense importance pour la suite.

Les leçons de la déclaration de Tsipras

On peut découvrir dans cette courte déclaration trois points importants.
Le premier est que le désaccord entre le gouvernement grec et ses partenaires a été d’emblée politique. La BCE et la Commission Européenne n’ont eu de cesse que de rechercher une capitulation du gouvernement grec, ce que Tsipras appelle «l’humiliation de tout un peuple » . Ce qu’a cherché l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est à cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est en fait bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. Il faut ici se souvenir de la déclaration de Jean-Claude Juncker pour qui il ne peut y avoir de choix démocratique allant contre les traités.

Le deuxième point important de cette déclaration est que, pour la première fois un dirigeant légalement élu et en fonction déclare que les institutions européennes font des propositions qui, dans leur fond comme dans leur forme «violent absolument les acquis européens » . C’est une accusation très grave. Elle revient à dire que les institutions européennes qui sont censées être des garants de la démocratie agissent au contraire de celle-ci. Elle revient aussi à dire que ces mêmes institutions, dont la légitimité n’existe que par délégation de la légitimité des États membres ont des comportements qui violent la légitimité et la souveraineté de l’un des dits États membres. Cela revient donc à dire que les institutions de l’Union européennes se sont constituées en Tyrannus ab exercitio soit en un pouvoir qui, quoi qu’issu de procédures légitimes, se conduit néanmoins en Tyran. Cela revient à contester radicalement toute légitimité aux instances de l’Union européenne.

Le troisième point se déduit des deux premiers. Il est contenu dans la partie du texte qui dit : «Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec » . Il place désormais les enjeux non plus au niveau de la dette mais à celui des principes, de la démocratie comme de la souveraineté nationale. Et c’est en cela que l’on peut parler d’un véritable « moment gaullien » chez Alexis Tsipras. Si l’on veut pousser l’analogie historique jusqu’à son terme, alors que Paul Raynaud en 1940 ne soumet pas au Conseil des Ministres la question de faut-il continuer la guerre, Alexis Tsipras a osé poser la question de l’austérité et du référendum, et a reçu un soutien unanime, y compris des membres de l’ANEL, le petit parti souverainiste allié à SYRIZA. Il s’est ainsi réellement hissé à la stature d’un dirigeant historique de son pays.

La réaction de l’Eurogroupe, qui avait qualifié de nouvelle « triste » (sad) ce référendum[2], confirme bien les options antidémocratiques qui ont cours aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Mais, cette réaction a elle-même était dépassée par une décision d’une importance réellement dramatique.

Le coup de force de l’Eurogroupe et la Tyrannie européenne

La réaction de l’Eurogroupe, qui se réunissait ce samedi à Bruxelles, a en effet consisté en un acte qui conjugue l’illégalité la plus criante avec la volonté d’imposer ses vues à un État souverain. En décidant de tenir une réunion en l’absence d’un représentant de l’Etat grec l’Eurogroupe vient de décider d’exclure de fait la Grèce de l’Euro. Ceci constitue à l’évidence un abus de pouvoir. Et il faut ici rappeler plusieurs points qui ne sont pas sans conséquences tant juridiquement que politiquement.

1. Aucune procédure permettant d’exclure un pays de l’Union Économique et Monétaire (non réel de la « zone Euro » n’existe actuellement. S’il peut y avoir une séparation, elle ne peut avoir lieu que d’un commun accord et à l’amiable.

2. L’Eurogroupe n’a pas d’existence légale. Ce n’est qu’un « club » qui opère sous couvert de la Commission Européenne et du Conseil européen. Cela signifie que si l’Eurogroupe a commis un acte illégal – et il semble bien qu’il en soit ainsi – la responsabilité en incombe à ces deux institutions. Le gouvernement grec serait donc fondé d’attaquer la Commission et le Conseil à la fois devant la Cour Européenne de Justice mais aussi devant la Cour Internationale siégeant à La Haye. En effet, l’Union européenne est à la base une organisation internationale. On le constate par exemple dans le statut, et les exemptions fiscales, des fonctionnaires européens. Or, la règle dans toute organisation internationale est celle de l’unanimité. Le traité de Lisbonne a bien prévu des mécanismes de majorité qualifiée, mais ces mécanismes ne s’appliquent pas à l’Euro ni aux questions des relations fondamentales entre les États.

3. Le coup de force, car il faut l’appeler par son nom, que vient de faire l’Eurogroupe ne concerne pas seulement la Grèce. D’autres pays membres de l’Union européenne, et l’on pense au Royaume-Uni ou à l’Autriche, pourraient eux-aussi attaquer devant la justice tant européenne qu’internationale la décision de fait prise par l’Eurogroupe. En effet, l’Union européenne repose sur des règles de droit qui s’appliquent à tous. Toute décision de violer ces règles contre un pays particulier constitue une menace pour l’ensemble des membres de l’Union européenne.

4. Il faut donc ici être clair. La décision prise par l’Eurogroupe pourrait bien signifier, à terme, la mort de l’Union européenne. Soit les dirigeants européens, mesurant l’abus de pouvoir qui vient d’être commis, se décident à l’annuler soit, s’ils persévèrent dans cette direction ils doivent s’attendre à une insurrection des peuples mais aussi des gouvernants de certains Etats contre l’Union européenne. On voit ainsi mal comment des Etats qui ont juste recouvré leur souveraineté, comme la Hongrie, la République Tchèque ou la Slovaquie, vont accepter de telles pratiques.
Il est alors symptomatique que la crise induite par un pays ne représentant pas plus de 2% du PIB de l’UE ait pris cette tournure. En fait, cela révèle au grand jour la nature fondamentalement antidémocratique des institutions de l’UE et le fait que cette dernière soit en train de se constituer en Tyrannie.

Le spectre de la démocratie dans les couloirs de Bruxelles

On ne peut, et on ne doit, préjuger du résultat de ce référendum. Il est même possible que, devenu sans objet, il ne se tienne pas. Mais on doit souligner qu’il représente le retour de la démocratie dans un espace européen dont elle était absente. De ce point de vue, l’initiative prise par Alexis Tsipras représentait la dernière chance d’introduire de la démocratie dans le système européen.

Il est aussi probable que les partis d’opposition, que ce soit Nouvelle Démocratie ainsi que le Parti de centre-gauche La Rivière (To Potami) protestent et cherchent à empêcher par divers recours légaux ce référendum d’avoir lieu. On ne peut plus exclure le fait que ces partis, avec l’aide des nervis fascistes d’Aube Dorée, ne tentent de déstabiliser le gouvernement grec. Ces réactions sont exemplaires des comportements antidémocratiques qui s’épanouissent aujourd’hui en Europe. Ils apportent de l’eau au moulin d’Alexis Tsipras. On sent comment les acteurs européistes de ce drame sont aujourd’hui terrorisés par le spectre de la démocratie.

En France même, on ressent très distinctement le malaise que provoque l’initiative d’Alexis Tsipras. Que ce soit au Parti Socialistes ou chez les « Républicains », on ne peut ouvertement s’opposer à une telle décision sans contredire immédiatement et brutalement tous les discours qui ont été tenu sur la démocratie. Mais, en réalité, le référendum grec fait planer le spectre d’un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française, dans sa large majorité, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, de l’UMP au PS, avait été désavouée par la victoire du « Non », mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l’un des épisodes les plus honteux et les plus infamants de la vie politique française. Les acteurs de cette tragique mascarade sont toujours parmi nous. Il y a une continuité de projet, si ce n’est une continuité d’action, entre la décision de ne pas respecter un vote, celui des électeurs français mais aussi néerlandais, et le coup de force inouï de l’exclusion de la Grèce de l’Eurogroupe.

Tsipras ne doit ainsi pas s’attendre à un quelconque soutien de la part de François Hollande, renvoyé sans ménagement à sa propre médiocrité et à ses basses compromissions, ni de celle d’Angela Merkel dont la politique est la véritable cause de cette crise. Mais il peut s’attendre au soutien de tous ceux qui, en Europe, se battent pour la démocratie et la souveraineté.

NOTES :
[1] Traduction de Vassiliki Papadaki, sur le site de SYRIZA-France, http://syriza-fr.org/2015/06/27/allocution-du-premier-ministre-a-tsipras-au-peuple-grec-la-choix-au-peuple-souverain-referendum/
[2] Déclaration du Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, samedi 27 juin, http://www.france24.com/en/20150627-eurogroup-says-sad-greece-referendum-closes-door-talks?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2015-06-27&dlvrit=667

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   Posté le 30-06-2015 à 22:58:50   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

GRÈCE - le parti communiste (KKE) dit : NON à la poursuite de la faillite pour le peuple ! - Commun COMMUNE [El Diablo]


Michel El Diablo

Le KKE (Parti Communiste Grec) a organisé des manifestations de masse le 26 Juin 2015 dans les grandes villes de la Grèce contre les nouvelles mesures antipopulaires et les accords avec les prêteurs, qui sont en cours de préparation par le gouvernement SYRIZA-ANEL.

D. Koutsoumpas, Secrétaire Général du Comité Central du KKE, a déclaré, entre autres choses, au cours de son discours sur la place centrale d'Athènes :

« Le peuple grec doit dire un grand NON à l'accord, NON à leur propre faillite continue, NON aux partis de l'UE à sens unique et de la puissance capitaliste. Il doit tracer une voie afin qu'il puisse vraiment prendre les rênes du pouvoir.
Les gens doivent se battre aux côtés du KKE, ils doivent empêcher les mesures antipopulaires, dans les rues, sur les lieux de travail.

SYRIZA est parvenu au gouvernement en détournant les revendications des travailleurs et du peuple. Il tente maintenant de tromper le peuple une fois de plus, en tordant et interprétant les votes des gens en fonction de ses intérêts.

Cinq mois après les élections, le gouvernement se prépare à envoyer au peuple la facture avec les mesures du nouvel accord qui sont vraiment un nœud coulant autour du cou des familles issus des couches populaires qui ont saigné et continueront à saigner pour la dette, pour l'UE, pour la rentabilité des monopoles, si elles ne commencent pas une contre-attaque sur la voie de la rupture et de conflit avec l'UE et les monopoles.

Le peuple grec doit rejeter la fois les propositions des prêteurs - “trois institutions” ainsi que les propositions du gouvernement Tsipras (de 47 + 8 pages), Les unes et les autres sont barbares, une guillotine pour le peuple.
Le gouvernement SYRIZA-ANEL avec ses partenaires européens et le FMI, avec l'intervention des Etats-Unis, n'ont pas renoncé à leurs efforts pour sauver la Grèce capitaliste à l'intérieur du cadre de l'UE capitaliste. »


Dans les premières heures de la matinée du 27 Juin 2015, le Premier ministre Alexis Tsipras a annoncé un référendum, dont la question sera de savoir si les gens acceptent la proposition des prêteurs ou non.

Dans une intervention au cours du programme de la station de télévision Mega, peu de temps après l'adresse du Premier ministre, Yiannis Gkiokas, membre du CC du KKE et responsable de son service de presse, a souligné que :

« La position du KKE est claire. Le NON du peuple grec doit être dirigé vers les deux propositions: la proposition des prêteurs et également la proposition de 47 pages du gouvernement qui a été augmentée pendant toute cette période.
Les deux propositions contiennent des mesures sauvages au détriment du peuple.

Le référendum a les caractéristiques d'un chantage contre le peuple et vise à le rendre complice des plans antipopulaires, en faisant appel à eux pour choisir entre deux maux.

Le gouvernement doit cesser de raconter des contes à propos de soi-disant respecter la volonté du peuple.

Les gens ont lutté dans les années précédentes et saignés contre les memoranda et lois d'applications. Et au cours de ces cinq mois, le gouvernement n'a pas aboli une loi, a maintenu intact le cadre précédent et est aussi en train de proposer de nouvelles mesures pour les prêteurs.

Le gouvernement dit que la proposition des prêteurs est en dehors du mandat du peuple. Est-ce que sa propre proposition est à l'intérieur des limites du mandat de la population ?

Le gouvernement a menti au peuple grec. Il lui a promis qu'il pourrait être libéré des memoranda et de l'austérité à l'intérieur de l'UE et du mode de production capitaliste et maintenant il essaie de gérer l'effondrement de ce conte pré-électoral.

Le peuple doit dire non aux deux de toutes les manières et par tous les moyens disponibles. Il doit rejeter le plan des créanciers et aussi le plan du gouvernement. Il doit se lever et se battre pour la seule solution réaliste pour leurs propres intérêts, qui est la rupture avec l'UE et avec le mode de production actuel. »


Traduit en français depuis la version anglaise du communiqué du KKE par Carnet prolétaire.marianne.net

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   Posté le 30-06-2015 à 23:11:14   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Grèce : la victoire à la Pyrrhus de Wolfgang Schäuble


En choisissant de ne pas laisser les Grecs voter, l'Eurogroupe a choisi la voie tracée par le ministre allemand des Finances. Une voie qui n'exclut pas le Grexit. Mais l'euro en sortira-t-il renforcé ?

Dans son discours prononcé dans la nuit de vendredi à samedi, le premier ministre grec avait affirmé que les « institutions » (Eurogroupe, FMI et BCE) cherchaient à « humilier tout un peuple. » Il semble que l'Eurogroupe l'ait pris au mot et ait voulu rendre plus éclatante encore ce samedi 27 juin cette humiliation. Après avoir ignoré la demande de prolongation du programme de 2012 pour permettre aux électeurs grecs de se prononcer sur leurs propres propositions, les ministres des Finances de la zone euro ont demandé à Yanis Varoufakis, leur collègue grec, de signer ces mêmes propositions. Sur son refus, ils lui ont signifié la fin du programme à la date prévue, le 30 juin.

Exclusion de la Grèce

A ce moment s'est produit un fait inouï jusqu'ici en zone euro : l'Eurogroupe a de facto exclu la Grèce. Le président de cette instance, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a pris la responsabilité de publier un communiqué de l'Eurogroupe approuvé par seulement 18 des 19 ministres des Finances. Mieux encore, il a demandé à Yanis Varoufakis de quitter la séance qui a repris sans donc le représentant de la Grèce afin « d'examiner les conséquences de la situation . » Un véritable coup de force dont la légalité reste incertaine. Jeroen Dijsselbloem a prétendu que l'Eurogroupe étant un « organe informel », il n'avait pas besoin d'unanimité en son sein.

Victoire de Wolfgang Schäuble

Au-delà des arguties légalistes, cette décision revient à tenter d'organiser l'exclusion de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, en mettant en scène son exclusion de l'Eurogroupe. La ligne de Wolfgang Schäuble qui, vendredi encore, a répété que la « crédibilité de la zone euro » était plus importante que son « intégrité », l'a emporté. Sans surprise, il est vrai, tant cette ligne est dominante au sein des ministres des Finances. Nul n'aura au sein des 17 autres pays, tenté de s'opposer à cette création de facto d'une procédure d'exclusion d'un pays de la zone euro, procédure absolument absente des traités. La France, par la voix de Michel Sapin, prétend vouloir garder la Grèce dans la zone euro, mais de tels propos ne sont pas cohérents avec l'humiliation subie à nouveau par l'Hellade ce soir.

La BCE fera-t-elle la « sale besogne » de l'Eurogroupe ?

C'est la BCE qui va devoir désormais se charger de la basse besogne commandée par l'Eurogroupe. Constatant l'impossibilité d'un accord, la BCE ne pourra que cesser d'une façon ou d'une autre, de fournir des liquidités d'urgence aux banques grecques. Elle qui a tenté depuis des mois d'agir de façon détournée sur les négociations en évitant toute rupture, va donc réaliser concrètement le Grexit. Ce samedi soir, elle a publié un court communiqué annonçant une réunion dimanche. Mais désormais sa position est intenable : continuer à fournir le programme ELA aux banques grecques serait contraire aux traités, le cesser mettrait fin à la promesse de sauver l'euro « quoi qu'il en coûte » (whatever it takes) de Mario Draghi, prononcé en juillet 2012 et qui avait apaisé la crise de la dette. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore des exclusions dans une zone monétaire qui n'est unifiée par aucune unité politique réelle.

La responsabilité d'Angela Merkel

La responsabilité de cette situation revient principalement à Angela Merkel. En refusant de prendre la responsabilité d'un accord politique avec la Grèce parce qu'elle ne voulait pas accepter de restructurer la dette grecque, elle a laissé les discussions dans l'impasse de l'Eurogroupe. Refusant de déjuger son ministre des Finances, elle a laissé la voie libre à son propre plan : la concentration de la zone euro autour des « bons élèves. » Encore une fois l'électeur allemand a eu un poids décisif dans l'avenir de la zone euro. Rappelons que dans le choc entre Athènes et Berlin, le gouvernement grec était allé jusqu'au point où il avait accepté, par sa proposition du lundi 22 juin, de renoncer à l'essentiel des promesses de janvier. Il avait alors, pour complaire à l'électeur allemand, oublié en grande partie le désir des électeurs de son propre pays. Mais l'humiliation du refus de cette proposition par un FMI prenant acte de la position de l'Allemagne de ne pas réviser la dette, a conduit Alexis Tsipras à vouloir renouveler son mandat populaire.

Pourquoi l'Eurogroupe a-t-il alors refusé le référendum grec ? En théorie, un « oui » aux propositions des créanciers était possible, surtout si l'opposition en faisait une condition du maintien dans la zone euro. C'eût alors été une bonne nouvelle pour l'Eurogroupe : Alexis Tsipras aurait été discrédité par son échec et les « réformes » auraient été mises en place. Mais Jeroen Dijsselbloem a prétendu qu'il refusait de mettre en place ces « réformes » avec un gouvernement ayant appelé à voter « non. » Etrange justification, car en cas de « oui », le gouvernement Tsipras était dans une position intenable et la Grèce aurait dû trouver une autre formule politique plus « pro-européenne. » Les Européens, auteurs de coups de force en Grèce et en Italie en 2011, savent parfaitement gérer ces situations.

Pourquoi l'Eurogroupe n'a pas voulu d'un référendum

La réalité est différente. D'abord, l'Eurogroupe n'a pas voulu prendre le risque d'un refus par le peuple grec de ses propositions. Il a refusé que ces dernières, qui sont les seules « rationnelles » à ses yeux, soient soumises aux « passions » d'un peuple que l'on ne respecte guère à Bruxelles. Puisque ces propositions sont bonnes par natures pour l'Eurogroupe, elles n'ont pas à être soumises au peuple, elles doivent simplement être acceptées. D'où la « surprise désagréable » de Jeroen Dijsselbloem ce samedi. Ensuite, l'Eurogroupe veut se débarrasser une bonne fois pour toutes du gouvernement Tsipras qui est un corps étranger en son sein. En le mettant en position d'être exclu de la zone euro alors même que la majorité des Grecs veulent rester dans l'euro, ils tentent de le pousser à la démission. Et pour l'obtenir, ils sont prêts à sacrifier la Grèce et à l'exclure de la zone euro.

Quelle réponse d'Athènes ?

Que va-t-il se passer à présent ? Le projet de référendum semble très compromis. La question ne peut plus être celle de propositions des créanciers qui n'existeront plus le 1er juillet. Par ailleurs, le leader de l'opposition conservatrice, Antonis Samaras, qui avait rencontré mercredi les responsables européens, a sans doute décidé de déposer une motion de confiance contre le gouvernement, repoussant la possibilité pour le parlement de convoquer un référendum le 5 juillet. Officiellement, la Grèce maintient pourtant le référendum. Mais Alexis Tsipras doit désormais trouver une parade. Et ses options sont peu nombreuses. Il peut encore, et jusqu'au 30 juin, capituler et accepter, sans en appeler au peuple, les conditions des créanciers. Il n'y résistera certainement pas politiquement. Il peut prendre l'Eurogroupe au mot et préparer la sortie de l'euro, mettant Angela Merkel devant une responsabilité historique. C'est un risque à prendre, mais, clairement, on ne peut désormais plus exclure que Berlin laisse partir Athènes. Dès lors, la situation politique d'Alexis Tsipras sera délicate. Le choix est donc cornélien. Il semble, pour le moment, avoir choisi la seconde option par une passivité qui place les Européens face au risque de Grexit.

Une zone euro plus forte ?

Reste une question : ce soir, la zone euro a changé de nature. Elle est clairement devenu une « zone euro à deux vitesses » comme le craignait Alexis Tsipras. Un pays faible ne peut, en son sein, disposer d'aucune autonomie politique. Le contribuable et électeur de ce pays aura toujours tort face à son homologue allemand. Le refus du principe du référendum qui a provoqué des cris d'orfraies à Bruxelles ajoute encore à son caractère peu démocratique. Un caractère qui est une aubaine pour les mouvements eurosceptiques de tous bords qui vont pouvoir tirer à boulets rouges désormais sur la tyrannie de ces institutions. La logique de Wolfgang Schäuble affaiblit la zone euro en l'exposant à ces critiques.

Si le Grexit a lieu, les opposants à l'euro y verront un précédent qu'ils utiliseront. Si la situation se dégrade en Grèce, ils dénonceront l'inhumanité de la zone euro, si elle s'améliore, ils y verront la preuve qu'il faut sortir de l'euro. Surtout, désormais, nul ne pourra leur opposer un argument légal pour contester cette sortie, alors même que la BCE et l'Eurogroupe auront participé à l'exclusion de la Grèce. La zone euro n'est plus ce soir la « monnaie » de l'UE, comme l'indiquent les traités. Elle n'est plus le fruit d'une volonté politique. Elle est une zone de changes fixes dont on peut sortir à volonté.

Ceci convient parfaitement à Wolfgang Schäuble qui a pour but de faire de l'euro une monnaie forte. Mais la force d'une monnaie ne tient pas qu'à sa valeur et cette force nouvelle de la zone euro comme la conçoit Wolfgang Schäuble sera vite mise à l'épreuve. La zone euro va devoir désormais tester ses « pare-feu » pour contenir toute contagion. Seront-ils suffisants ? Oui si la contagion est limitée au Portugal. Non, si l'Italie, l'Espagne ou la France sont attaqués. Faudra-t-il alors expulser à la fin aussi ces pays ? Ce soir, l'euro est plus faible qu'hier politiquement et structurellement. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne le sait puisque ce samedi soir il s'est empressé de rappeler que la "Grèce est encore membre de la zone euro." Oui, mais la rupture est évidente.
communcommune.com

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   Posté le 30-06-2015 à 23:55:45   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Pour information ce texte paru sur le blog les crises :

Un coup d’État financier contre Athènes, par Vicky Skoumbi (+ Entraide)


par Vicky Skoumbi (+ Entraide)
Article du 29/06 de cette invitée grecque des économistes atterrés

Un plan de déstabilisation financière et politique de la Grèce est en cours depuis quelques semaines. À vrai dire, c’est bien avant l’élection de Syriza que le processus a été mis en route, mais son accélération intensive ces derniers jours jette une lumière vive sur celui-ci. Il ne s’agirait de rien moins qu’une tentative de renverser le gouvernement Syriza, pour que celui-ci soit enfin remplacé par une coalition à la convenance des créanciers. Le chantage odieux exercé sur le gouvernement grec, par le biais d’une incitation ouverte à un bank run, ne laisse aucun doute sur la volonté des créanciers d’en finir une fois pour toutes avec un gouvernement qui ose contester leurs diktats et refuse de faire boire au peuple grec jusqu’à la lie la potion létale que Bruxelles, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont savamment concoctée pour lui. Doit-on rappeler ici que les programmes de « sauvetage », qui n’ont sauvé personne à l’exception notoire de banques européennes, grecques comprises, n’ont pas manqué de produire une telle chute du PIB, une telle baisse du niveau de vie que même une guerre menée par des moyens militaires n’aurait su les produire. La nouveauté aujourd’hui consiste au fait que le trio infernal de la Troïka a décidé de mettre délibérément en danger le système bancaire grec afin de faire tomber un gouvernement qui, malgré des pressions terrifiantes, a osé lui tenir tête pendant cinq mois. Après tout, il n’est pas interdit de mettre en danger quelques petites banques périphériques si c’est pour rafler la mise sur le plan politique et économique. Ces affirmations qui pourraient, aux yeux de certains, paraître exagérées, voire gratuites, s’appuient sur des faits.

Déstabilisation économique

Le lendemain de l’Eurogroupe du 18 juin, Donald Tusk a su trouver la bonne formule pour résumer la situation : la Grèce aura à choisir entre, ou bien le projet que proposent les créanciers, ou bien la faillite, a-t-il déclaré. Mais ces messieurs, qui sont censés veiller sur la sauvegarde des intérêts des peuples européens, ne se sont pas contentés de placer un gouvernement élu devant ce choix forcé. La faillite, ils ne se bornent pas à l’évoquer, ils l’organisent sournoisement et méthodiquement par des rumeurs, de vraies fausses annonces aux médias, des fuites savamment orchestrées, qui toutes laissent planer depuis plusieurs jours la menace d’un scénario à la chypriote. Par un jeu calculé de déclarations alarmantes, ils préviennent de l’imminence d’un « capital control » en Grèce et poussent délibérément les épargnants grecs à faire des retraits massifs, qui n’ont pas manqué de conduire les banques au bord du gouffre. Dresser ici un inventaire exhaustif des faits et gestes incitant à la panique bancaire n’est pas possible ; je vous renvoie à l’excellent compte rendu qu’en fait Romaric Godin dans La Tribune, ainsi qu’à l’analyse de Martine Orange dans Mediapart.

Je mentionne juste deux exemples : le refus de la Commission de démentir l’article du Süddeutsche Zeitung qui évoquait la possibilité d’un contrôle des capitaux et la vraie fausse rumeur lancée par les soins de Benoît Cœuré, selon laquelle les banques grecques ne devaient pas ouvrir lundi dernier. Une fois cette prévision catastrophique démentie par les faits, le spectre de la fermeture bancaire s’est savamment déplacé vers… mardi ! Que faudrait-il de plus pour que les épargnants se ruent vers les agences les plus proches ? La très honorable institution qui se doit d’assurer la stabilité du système financier européen n’accorde chaque jour qu’une somme « insuffisamment suffisante », pour maintenir les banques grecques tout juste à flot, mais toujours au bord du gouffre. Bref, les responsables européens, avec l’aide de leurs amis du FMI, recourent ici au bon vieux schéma de la prophétie apocalyptique, qui, en semant la panique, finit par s’accomplir, du fait de sa seule énonciation publique. Le but de l’opération étant d’obliger le gouvernement Tsipras à décider ses prochains mouvements, sous la menace imminente d’un « accident » bancaire. Ce qui pourrait expliquer les concessions supplémentaires que le gouvernement grec a faites en acceptant une hausse de la TVA et une augmentation des cotisations des retraités au système de santé. Pour compléter le tableau, juste avant la réunion du 24 juin, un dignitaire européen a jugé bon de rappeler à notre mémoire le scénario à la chypriote, dont la répétition pourrait intervenir à tout moment.

Mais cela n’a pas suffi, la preuve, la nouvelle proposition des trois institutions, qui en fait ne diffère que très peu de la précédente, exige de nouvelles baisses des retraites et des salaires, dans le but évident mais non avoué d’enfoncer encore plus la Grèce dans une misère économique et sociale la plus totale. Prenons juste un exemple parmi les mesures préconisées : le taux d’imposition des agriculteurs passe de 13 % à 26 %, voire à 33 %, et la réduction des taxes sur le pétrole destiné aux travaux agricoles est diminuée de moitié. Pareilles mesures, si elles venaient à s’appliquer à une agriculture à l’agonie, pousseraient la grande majorité des cultivateurs à renoncer à leur métier et à brader leurs champs pour moins que rien. Sous prétexte de multiplier les recettes de l’État, ce qui n’est tout simplement pas envisageable car on ne peut rien tirer de gens ruinés, la terre arable grecque changerait de mains. J’ajoute que, selon Wolfgang Münchau, l’avant-dernière proposition de ceux qui prétendent parler au nom de l’Europe, et qui diffère très peu de celle actuellement sur la table, produirait certainement un effet récessif de 12,6 % sur quatre ans, et que la dette risquerait d’atteindre 200 % du PIB en 2019. Avoir mis sous tutelle un pays dont la dette s’élevait à 120 % en 2009 pour le sauver de la faillite, et le conduire grâce aux conditionnalités de l’ « aide » accordée, à 200 %, c’est un brillant exercice de destruction massive, qui pourrait servir d’exemple à tous ceux et celles en Europe qui trouvent que l’austérité est un remède qui tue. À ce propos, on aimerait bien savoir sur quelle logique Pierre Moscovici s’appuie pour affirmer qu’un paquet de 11 milliards d’économies étalées sur 18 mois, imposé à un pays en dépression, ne constitue point un plan d’austérité.

Des acolytes bien commodes

Il est à noter que les déclarations catastrophistes les plus redoutables venaient de l’intérieur même du pays. Le bal fut ouvert par Dóra Bakoyánni, qui, dès le 24 mai déjà, avait affirmé l’imminence d’un capital control qui pourrait intervenir dans le long week-end de la Pentecôte. Adonis Georgiadis, transfuge de l’extrême droite au sein du gouvernement précédent et vendeur de pamphlets antisémites, n’a pas manqué d’apporter sa propre touche à l’édifice. Cependant, celui qui a vraiment donné le coup de grâce fut le directeur de la Banque de Grèce, Ioánnis Stournáras. Celui-ci, en outrepassant abusivement les limites de sa fonction en tant que garant de la stabilité financière grecque, a jugé bon de publier, la veille de l’Eurogroupe du 18 juin, un rapport qui prévoyait des catastrophes cataclysmiques, si jamais un accord avec les créanciers n’était pas signé tout de suite.

Terrorisme financier

Mais la BCE n’en est pas à son premier coup. En matière de chantage aux liquidités et d’ultimatums, Jean-Claude Trichet s’était avéré un maître à la tête de la BCE. Les Irlandais en ont goûté la saveur, lorsqu’en novembre 2010 et sous la menace du tarissement de liquidités, ils furent forcés de signer un mémorandum qu’ils s’obstinaient jusqu’alors à rejeter. On peut également évoquer l’éviction de Geórgios Papandréou de son poste de Premier ministre, une fois qu’il avait eu la très mauvaise idée de proposer en novembre 2011 un référendum. Quant au « bail in » chypriote, on aurait tort d’oublier le chantage ouvert qu’a exercé encore une fois la BCE, en menaçant de couper les liquidités aux banques chypriotes. Cet exercice de haut vol de terrorisme financier a prouvé encore une fois en Chypre son efficacité : il a obligé le parlement chypriote à revenir sur sa décision initiale et à accepter le 22 mars 2013 le même bail in qu’il avait rejeté trois jours avant.

Cependant, l’exemple le plus instructif reste celui qui concerne la fuite de capitaux « téléguidée », pendant la période entre les élections de mai et celles de juin 2012 en Grèce. Une étude du Peterson Institute, datée de mai 2012, sous le titre parlant « Comment un bank run peut faire partie de la solution » décrit en détail de quelle manière une panique bancaire en période électorale pourrait s’avérer fort opportune pour pousser les électeurs à se détourner de Syriza.
Son auteur, Jacob Funk Kirkegaard, ne mâche pas ses mots : « Un bank run accéléré en Grèce pourrait offrir quelques opportunités. Nous ne devons donc nous attendre à aucun répit sur le front des menaces de la part des dirigeants de l’Eurozone. En effet, ces dirigeants peuvent encourager secrètement la panique bancaire, une stratégie qui révèlerait aux yeux de tous le caractère fallacieux et trompeur du programme électoral de Syriza.
Si les déposants des banques grecques ne peuvent pas faire confiance aux promesses d’Alexis Tsipras concernant leur argent propre, pourquoi voteraient-ils pour lui ? »
Et l’excellent homme pousse son raisonnement jusqu’à dire : « tout un chacun qui veut maintenir la Grèce dans l’Eurozone se doit de retirer de l’argent des banques » . On ne peut pas être plus clair, je crois.
Il ne faut surtout pas imaginer que ce scénario-là était resté lettre morte à l’époque. Entre mai et juin 2012, résonnaient sans cesse à nos oreilles les paroles des dignitaires européens du plus haut rang, qui n’avaient de cesse de nous prévenir des catastrophes apocalyptiques qui se produiraient si jamais Syriza gagnait les élections (voir ici un article relatif à cet épisode et l’appel que, à l’époque, Etienne Balibar, Michel Vakaloulis et moi-même avions lancé).
Tout au long de cette période électorale, on a pu constater une fuite considérable de capitaux vers l’étranger, dont une grande partie fut rapatriée juste après la formation du gouvernement Samaras. Une véritable campagne d’intimidation avait été lancée en interne et en externe, afin de terroriser les électeurs par la perspective de la perte de leur épargne et d’une fermeture imminente des grandes entreprises, si, par malheur, Syriza l’emportait. Une grande banque systémique grecque, Eurobank, pour ne pas la nommer, avait même donné la consigne à ses employés de bien prévenir la clientèle de la fermeture certaine de la banque, si Syriza l’emportait, après quoi leurs économies seraient parties en fumée.

Mais nul besoin de remonter si loin pour trouver des précédents. Début février 2015, la BCE avait annoncé la suppression de lignes de financement des banques grecques, qu’elle acceptait depuis 2010. « Les responsables de la banque centrale ont annoncé que l’institut monétaire mettait un terme à partir du 28 février – dans les faits, la mesure devrait prendre effet dès le 11 février pour des raisons techniques – à la clause qui lui permettait d’accepter les titres grecs, classés aujourd’hui en « junk bonds », que les banques grecques placent en dépôt de garantie pour obtenir un refinancement bancaire. Pour les banques grecques, privées de tout accès aux financements interbancaires, ce dispositif est essentiel pour assurer leur financement » , écrivait Martine Orange.
Après avoir accepté pendant plusieurs années d’acheter des titres qui étaient classés très bas dans l’échelle d’évaluation, subitement la BCE a commencé à se poser des questions sur la qualité de ces titres, en se souvenant tout d’un coup que son règlement lui interdit d’acheter des titres qui ne sont pas dotés du fameux AAA. Il va de soi que le moment ne fut pas choisi au hasard : Syriza venait de remporter les élections du 25 janvier et les négociations avec les créanciers venaient juste de commencer.

Toutefois, la sortie systématique de la BCE de ses prérogatives ne s’arrête pas là. L’honorable institution refuse de rendre à la Grèce les gains qu’elle a faits sur les obligations grecques achetées dans le cadre du programme SMP (Securities Market Program, un programme d’achat des obligations les plus attaquées sur les marchés, afin de faire baisser les taux d’intérêt).
Ces gains, pour la seule année 2014, s’élèvent à 1,9 milliard. Bref, la BCE, au même titre que n’importe quel spéculateur, profite allègrement de taux d’intérêt très élevés de cette catégorie de titres, et, en ce moment critique où l’économie grecque est à l’asphyxie, elle refuse de payer à la Grèce son dû, si celle-ci ne cède pas aux exigences extravagantes de ses créanciers. Car, à partir du 1er janvier 2013, les intérêts perçus sur ces titres doivent obligatoirement être rétrocédés aux banques centrales nationales, qui elles-mêmes les mettront à la disposition du pays émetteur du titre. Mais l’« exception » grecque autorise quelques écarts par rapport aux accords que les institutions ont signés avec la Grèce. Non pas que cela ne se fasse pas également au détriment d’autres pays comme le Portugal. Quoi qu’il en soit, dans le cas de la Grèce, ce type de pratiques constitue plutôt la règle que l’exception.

Un scénario assez semblable au bank run de mai 2012 est en cours aujourd’hui, sauf que, maintenant, l’implication des institutions européennes se fait ouvertement et non plus à mots couverts. Comme l’a révélé Martine Orange dans son article « Grèce : les créanciers instaurent la stratégie de la terreur » , une étude de la très honorable Goldman Sachs avait déjà tout prévu depuis le mois de décembre : « Cette volonté de semer l’inquiétude ressemble tant au scénario de Goldman Sachs, établi dès décembre, où s’enchaînaient panique bancaire, fermeture des banques, contrôle des capitaux, capitulation politique, mise sous tutelle économique et nouvelles élections, que cela en devient troublant. »
Pour sa part,Romaric Godin remarquait : « Tout au long de la semaine, les créanciers et la BCE ont tout fait pour déstabiliser les déposants grecs. Et placer le gouvernement grec devant un choix impossible. » Faudrait-il rappeler ici que M. Mario Draghi fut pendant de longues années le représentant attitré de Goldman Sachs en Europe ?

Déstabilisation politique

Mais Goldman Sachs n’en était pas à son dernier coup. Le site économique grec capital.gr relate que la très honorable maison prévoit un défaut imminent de la Grèce dans l’euro, accompagné d’un capital control. Goldman Sachs précise que la période chaotique qui pourrait suivre comporte tout de même « le risque d’une sortie de l’euro au lieu de conduire au changement politique qui permettrait d’arriver à un accord » (c’est moi qui souligne).
Au cas où nous n’aurions pas compris quel est le changement politique que l’honorable maison appelle de ses vœux, elle en dresse les contours d’une façon on ne peut plus claire. Le capital controlruinerait la confiance des électeurs dans le gouvernement, de sorte que la voie vers « un nouvel équilibre politique interne » serait enfin ouverte.
Par « nouvel équilibre politique », il faut entendre une nouvelle configuration de la carte politique grecque entre les partis, qui permettrait d’arriver finalement à la conclusion d’un accord. Cette recomposition de la scène politique grecque, qui serait atteinte grâce aux turbulences d’une période trouble de transition, implique nécessairement de nouvelles élections ainsi que la formation de coalitions inédites, nous verrons lesquelles par la suite. Le tout rendra possible le maintien de la Grèce dans la zone euro sous un gouvernement suffisamment docile envers les diktats des créanciers.

Si ce qui vient d’être décrit n’est pas un scénario de déstabilisation méthodiquement planifiée d’un gouvernement élu, qu’est-ce que c’est ? En provoquant un bank run, en ouvrant la voie vers lecapital control qui dressera la population contre le gouvernement actuel, certains espèrent avoir raison de Syriza.
Qui plus est, un accord en contrepied du programme électoral de Syriza, que les créanciers veulent imposer manu militari, constituerait l’occasion rêvée pour que la coalition de gauche radicale qu’est Syriza vole en éclats.
Une scission au sein de Syriza permettrait d’isoler le bon grain de l’ivraie et ouvrirait la voie à un autre gouvernement de coalition. Remarquons que la dernière mouture de la proposition des créanciers comporte une coupe de 400 millions dans le budget de la défense. Pareille baisse dans le budget de la défense aurait pu être la bienvenue, si elle ne comportait pas une certaine arrière-pensée.
ANEL, la droite souverainiste qui est l’alliée actuelle de Syriza, est particulièrement attachée au maintien d’un budget militaire considérable. Certes, dans les programmes précédents, il y a eu quelques coupes dans le budget de la défense, mais, que je sache du moins, jamais de cette ampleur.
Alors on ne peut que s’étonner de voir comment ceux qui, au début du programme de « sauvetage », avaient exigé que la Grèce honore les contrats signés pour l’achat d’armements au grand profit de la France et de l’Allemagne, tout d’un coup, par une illumination divine, exigent non seulement des coupes, mais des baisses d’effectifs, c’est-à-dire des licenciements de militaires professionnels. Scission donc de Syriza, éclatement de la coalition avec ANEL, voici quelques éléments ouvrant une voie royale vers un autre gouvernement plus commode.

Stavros Théodorakis, un présentateur télévisuel, qui se trouve actuellement à la tête de Potami, réputé pour ses accointances avec le cercle des créanciers, est appelé à jouer un rôle clef dans ce processus. Précisons qu’il prône ouvertement la nécessité de coupes budgétaires avec baisse des retraites, et s’oppose à toute idée de restructuration de la dette, ainsi qu’à toute augmentation d’impôts des couches supérieures de la société.
Ce dirigeant d’une formation qui n’a pas fait plus de 6 % aux dernières élections est, dans le contexte actuel, l’interlocuteur privilégié de Bruxelles. Il multiplie les rencontres avec M.M. Juncker, Sapin, Moscovici et Schulz, ce dernier ne manquant pas une occasion d’affirmer que c’est bien avec Potami que Syriza aurait dû former un gouvernement de coalition. Stavros Théodorakis participe même à des dîners avec des chefs d’État !
Comble de l’affaire, ce chantre des intérêts des créanciers se présente en Grèce comme un porte-parole officieux de Bruxelles, faisant part aux Grecs du mécontentement de M. Juncker devant l’« intransigeance » supposée du Premier ministre grec.

Si par malheur ces manœuvres ne réussissent pas à le faire plier, on peut compter sur l’usure qui pourrait saper la popularité de Tsipras auprès d’une population qui, jusqu’à maintenant, continue contre vents et marées à lui accorder son soutien. Cette usure sera assurée si Tsipras est amené à appliquer des mesures d’austérité, imposées par les créanciers.
La chose pourrait être facilitée par un coup de main opportun et un bank run organisé ferait bien l’affaire. Les créanciers seraient même disposés à conduire la Grèce au défaut, tout en faisant porter la responsabilité de celui-ci à Syriza. Il s’ensuivrait nécessairement une première période confuse sinon chaotique, particulièrement propice à des manifestations dites « de casseroles », dans la veine de celles organisées au Chili d’Allende, qui contribueraient à faire tomber le gouvernement.
Je dois ajouter ici que chaque fois que les négociations se trouvent à un point crucial, des groupes qui se disent anarchistes créent des incidents violents aux alentours de l’École polytechnique, en brûlant des voitures, cassant des vitrines, etc.
Il se peut qu’il s’agisse effectivement d’anarchistes, mais la coïncidence avec les réunions de l’Eurogroupe aussi bien que l’attitude tolérante de la police à leur égard laissent songeur.

Pour ceux qui pourraient voir l’analyse qui précède comme une énième théorie du complot, je propose de prêter l’oreille à un économiste peu suspect de verser dans le complotisme, à savoirRomaric Godin : « L’Europe doit donc de toute urgence abandonner ses buts politiques et accepter enfin le résultat de l’élection du 25 janvier. Elle doit aussi respecter sa propre parole, celle qui, le 20 février, affirmait que la Grèce devait décider de ses propres réformes dans le cadre du programme. » (souligné par moi).

Des amis qui vous veulent du bien

J’en viens aux faits et gestes politiques qui permettent d’affirmer qu’un plan de renversement du gouvernement Tsipras est lancé par Bruxelles.
Stavros Théodorakis, encore lui, fut invité par la Commission et reçu par M. Juncker le jour même où le Premier ministre était convoqué à Bruxelles. Notons qu’il ne fut pas le seul à se rendre à Bruxelles le mercredi 24 juin, mais s’y sont précipités tous ceux qui vont être appelés à former un gouvernement obéissant, une fois Tsipras évincé.
On y a vu Antónis Samarás, dont les déclarations étaient plus qu’explicites : il propose un gouvernement d’unité nationale sans Alexis Tsipras, en faisant quand même la concession de s’abstenir de toute participation personnelle au schéma proposé.
En même temps, le nom de Konstantínos Karamanlís commence à circuler ; celui-ci pourrait en effet se présenter comme un recours possible, dans la mesure où il n’a occupé aucun poste gouvernemental depuis septembre 2009 ; il est moins usé que ceux qui se sont compromis dans la gestion des memoranda.
Quant à Stavros Théodorakis, toujours lui, du haut de ses 6 % de voix et de sa science économique, il vient de donner une interview au Financial Times, où il précise qu’il est à la disposition de qui veut l’entendre pour un remaniement gouvernemental.
Mais, le 24 juin, a également été reçue à Bruxelles Fofi Gennimata, qui vient de succéder à Evangelos Venizelos à la tête du Pasok, forte des 289 482 voix que celui-ci avait récoltées aux dernières élections.

J’invite le lecteur à réfléchir un instant pour se poser la question suivante : que pouvait faire tout ce beau monde à Bruxelles, au moment où les négociations avec les créanciers se trouvaient à leur point critique, sinon se présenter comme une alternative « sérieuse » au gouvernement actuel, qui ne serait composée que « de personnes responsables et d’adultes » (dixit Mme Lagarde) ?

Coup d’État financier

Deux scénarios se dessinent : ou bien il faut obliger le gouvernement Tsipras à la capitulation totale en lui faisant accepter des mesures exceptionnellement dures, auxquelles il faudrait éventuellement ajouter l’arme majeure du capital control, ce qui le discréditerait aux yeux de l’opinion, ou bien il faudrait provoquer une scission opportune au sein de Syriza pour introniser ensuite un gouvernement de coalition avec la soi-disant bonne partie de Syriza, où M. Théodorakis jouerait un rôle de premier ordre.

Une combinaison des deux scénarios reste bien entendu possible. Le tout dans une perspective de défaut. Pour éviter les malentendus, je précise que j’appelle de mes vœux une cessation de paiement, même si cela se traduit par un défaut, à la condition qu’il soit soigneusement préparé et encadré. Sans cela, il pourrait déclencher un enchaînement d’événements incontrôlables qui mèneraient à la chute du gouvernement.

Ce qui vient d’être décrit ici porte un nom, ce n’est rien d’autre qu’un coup d’État financier où, à la place des tanks, on fait appel aux banks ! Un coup d’État fomenté par les institutions européennes, voilà le visage de l’Europe que les dirigeants européens souhaitent donner à voir à leurs peuples.

Je ne saurais dire si ceux-ci tolèreront ces agissements. Les trois de l’ex-Troïka, malgré leurs dissensions internes, font tout pour dresser les citoyens européens contre les Grecs en leur faisant croire qu’ils ont payé et continueront à payer pour le sauvetage de la Grèce. Ce que l’on oublie de dire, c’est que le programme qui fut présenté en 2010 comme un plan d’ « aide » à la Grèce, n’était en réalité qu’un généreux plan de sauvetage de banques européennes exposées à la dette grecque.

Tous les économistes qui se respectent s’accordent aujourd’hui sur ce point : à l’époque, il aurait fallu faire une restructuration importante de la dette grecque qui l’aurait rendue viable, avant d’entreprendre n’importe quelle mesure pour la suite. Or, une telle restructuration aurait pu faire perdre 30 milliards à peu près aux banques européennes, au premier rang desquelles se trouvaient BNP Paribas, la Société générale et la Deutsche Bank.

Et, pour que celles-ci n’accusent pas une perte qui aurait nécessité leur recapitalisation aux frais du contribuable, un sauvetage qui l’a ruinée a été imposé à la Grèce. Bref, ce qui fut présenté comme un plan d’aide à la Grèce n’a été qu’une recapitalisation indirecte des banques, qui ont eu toutes leurs aises pour se débarrasser à temps des obligations grecques avant la restructuration de 2012 ; ainsi, la patate chaude est passée du secteur privé aux États.
Le fait est confirmé par la toute récente déposition de Panayotis Rouméliotis à la Commission parlementaire « Vérité sur la dette ».
Rouméliotis, qui représentait à l’époque la Grèce au sein du FMI, a révélé que des représentants de grandes banques européennes furent reçus à plusieurs reprises par l’équipe du FMI à Athènes afin d’éviter une restructuration qui les prendrait de court. Force est de constater que l’appel « Sauvons le peuple grec de ses sauveurs » que nous avions lancé en février 2012 n’a malheureusement rien perdu de sa pertinence.

Négociations ?

J’espère que cette stratégie des créanciers qui met en danger, non seulement la Grèce mais l’Europe dans son ensemble, soulèvera un vent de protestations sans précédent partout dans le monde. Car, si les créanciers arrivent à leurs fins, si ce coup d’État financier monté par les institutions européennes et le FMI réussit, il ne restera plus rien de l’idée européenne.
Des cendres calcinées de celle-ci émergera non pas le visage « complaisant » du chef de Potami, mais celui, odieux, de l’Aube Dorée. À qui d’autre pourrait profiter le sentiment d’une impuissance totale et enragée qui résultera inévitablement devant le spectacle des manœuvres qui ne vous laissent aucune prise sur votre propre destin ?

Faire preuve de tant d’aveuglement au moment où partout en Europe des partis d’extrême droite et des formations ultranationalistes ouvertement racistes prennent le pas, c’est dire jusqu’où les dirigeants européens sont disposés à aller pour imposer le dogme néolibéral. Ou bien il ne s’agit point d’aveuglement, mais d’un choix délibéré ?

Certes, il y en a quelques-uns parmi le cénacle de dirigeants qui, face à ce danger, optent pour un scénario plus soft, celui non pas de l’éviction immédiate, mais de la prolongation de six mois du programme sans restructuration de la dette, six mois pendant lesquels Syriza sera sommé d’appliquer les contre-réformes préconisées partout en Europe comme un remède miracle à la crise. Un tel scénario présente l’avantage de compromettre les chances de Podemos et d’autres formations affines. Mais il n’empêchera point la montée en force de l’Aube Dorée, qui serait en droit dans ce cas d’affirmer que les politiciens sont tous « les mêmes ». À qui d’autre pourrait profiter la conviction que les politiques sont « tous vendus », qui ne manquera pas de s’imposer alors à l’opinion ?

Le dernier rebondissement, avec le durcissement maximal des créanciers qui se sont réglés sur les positions libérales à outrance de Mme Lagarde, ne fait que confirmer l’hypothèse d’une stratégie de déstabilisation. Il est à noter que cette nouvelle provocation intervient juste deux jours après que les représentants des trois institutions aient accepté comme une bonne base de discussion les positions grecques, tandis que, deux jours plus tard, le texte présenté par les créanciers tordait le cou à l’esprit initial du texte grec, qui, de son côté, consistait à faire porter le maximum de charges aux entreprises bien portantes et non pas uniquement aux plus faibles, très fragilisées par les coupes successives de revenus.
En somme, les propositions du FMI adoptées par les créanciers dans leur ensemble sont si extrêmes qu’elles ne sauraient qu’être rejetées. Si par bonheur Tsipras, sous la menace de la faillite, signait un accord plus dur que celui proposé à Samaras, quelle aubaine ! Les peuples européens comprendraient une bonne fois pour toutes que celui qui sort du droit chemin paie le prix fort.

Les institutions européennes se sont avérées de véritables maîtres ès manipulation et vraies fausses négociations. Un mécanisme médiatique s’est mis au service de cette stratégie. De faux bonds en retournements de veste, de déclarations qui étaient faites pour s’annuler un jour après, d’engagements pris et cyniquement et ouvertement non tenus, depuis cinq mois, ils n’avaient que fait semblant de négocier, afin de repousser la chose jusqu’au mois de juin, à la fin duquel la Grèce, sans prolongation du programme, ne touchera pas la dernière tranche d’aide.

Pour que ces ajournements incessants passent auprès de l’opinion, les créanciers ont sans cesse dénoncé l’« intransigeance » irresponsable du gouvernement grec. Et ils l’ont fait au moment où ils l’obligeaient, par le tarissement des liquidités, à reculer considérablement par rapport à ses positions initiales.

Tout avait bien commencé par un coup tordu : comme l’a révélé Paul Mason, journaliste au Channel 4, Varoufakis était arrivé à l’Eurogroupe du 16 février avec une des propositions de Moscovici en mains, pour découvrir que ce n’était point sur celle-ci que portait la discussion, mais sur un texte beaucoup plus dur que Dijsselbloem allait sortir pendant la réunion.
En faisant circuler des contre-vérités, en traitant comme nulle et non avenue la proposition de 47 pages déposée par Syriza début juin. Ce texte ne reprenait point les positions propres du gouvernement grec, mais bel et bien celles issues de quatre mois de pourparlers inutiles. Ainsi, les institutions européennes ont réussi à repousser les vraies négociations vers une période critique où le gouvernement grec est obligé d’effectuer plusieurs remboursements.

Mais les dignitaires de Bruxelles ont voulu y voir un document irrecevable, puisque non conforme à leurs diktats. Fin juin, ils croyaient réussir à coller Tsipras dos au mur et escomptaient rafler ainsi la mise. C’est à ce moment que, pour gagner encore du terrain sur l’adversaire, ils ont sorti le bazooka du bank run orchestré, comme arme de destruction massive.
Mais Tsipras, tant bien que mal, continue à résister. Certes, il a fait des concessions, dont plusieurs sont inacceptables, comme les privatisations, mais il continue à ne pas accepter une capitulation totale et sans conditions. Et sur ce point, même si l’on n’est pas d’accord sur sa stratégie, il faudrait lui rendre un hommage appuyé ; tenir bon lorsqu’on est seul dans la fosse aux lions demande un certain courage, voire un courage certain.

Devant tant de mauvaise foi, tant d’arrogance, tant de perfidie liées à une stratégie de déstabilisation d’un gouvernement qui dérange, j’aimerais inviter le Premier ministre grec à suspendre les paiements des créanciers jusqu’à ce que la croissance revienne en Grèce. Il serait utile de rappeler ici que, selon le rapport provisoire de l’audit de la dette grecque, celle-ci a explosé entre 1980 et 2010, non pas à cause de dépenses licencieuses, mais par l’effet conjugué de taux d’intérêt très élevés et de la course aux armements.

Tous égaux devant la loi ?

Mme Merkel ne cesse de demander plus d’efforts aux Grecs. On ne saurait que lui donner raison. C’est vrai qu’une hausse de 45 % de mortalité infantile, de 42 % du taux de suicides, accompagnées d’une baisse de trois ans de l’espérance de vie ne lui donnent pas entière satisfaction.
De même, le taux de retraités qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (44,6 %) est sans doute scandaleusement bas. Encore un effort doit donc être fait par ce ramassis de « privilégiés », qui passent leur temps à bronzer au soleil, pour atteindre un chiffre qui témoignerait de leur volonté de se mettre enfin au travail.

Ce qui voudrait dire, pour les plus vulnérables parmi eux, qu’ils se décident enfin à apporter leur contribution à la réussite des programmes d’« aide », en ayant la politesse de se laisser mourir. Si l’on ajoute à cela que le plus grand hôpital du pays, Evangélismos, n’a de quoi continuer à fonctionner que jusqu’à la fin juillet, il devient on ne peut plus clair que l’effort qui est demandé aux Grecs n’est autre qu’une accélération intensive du travail de la mort.
Force est de constater que l’Europe, telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, s’avère être un mécanisme redoutable de thanatopolitique, tant à l’endroit des migrants à qui elle offre une place dans les fonds marins, qu’à l’endroit des populations vulnérables, considérées comme superflues, qui sont invitées à presser le pas vers la paix éternelle.

Pour ceux qui pourraient trouver que ces affirmations sont gratuites, je voudrais rappeler la réponse du commissaire aux affaires économiques et monétaires de l’époque, à une question d’eurodéputés de Syriza qui, en en septembre dernier, dénonçaient la violation systématique des droits sociaux, économiques et humains de la population grecque pendant les quatre dernières années, en s’appuyant sur un rapport relatif aux droits humains des Nations unies présenté par Cephas Lumina.

L’excellent M. Jyrki Kataïnen n’a pas hésité un instant à dire que « la validité de la Charte des droits fondamentaux de l’UE est suspendue en Grèce mais aussi dans tous les pays sous programme » , dans la mesure où les memoranda n’ont pas à être soumis au droit communautaire.

Une bévue d’un ultra ? Voyons ce qu’en décembre dernier, son successeur, le très socialiste M. Moscovici, avait répondu à une question d’eurodéputés de Syriza sur le non-respect du droit de travail en Grèce. Selon lui, les memoranda ne sont que des accords intergouvernementaux et en tant que tels se soustraient au droit communautaire.
Bref, ce qui est affirmé sans ambages ici est le fait que le principe fondateur de la démocratie depuis Solon, à savoir l’isonomie, n’est plus valable, ni pour les Grecs, ni pour les autre pays sous la tutelle de la Troïka.
En somme, ce dont il s’agit, c’est de l’instauration de véritables zones de non-droit au sein de l’Europe, qui fonctionneront comme hauts lieux d’une exploitation extensive, d’autant plus que, du droit du travail, il ne reste presque rien.
Un presque rien que les créanciers trouvent encore excessif et s’efforcent de rendre équivalent à zéro. Cette création des zones économiques spécialisées, régies par la seule loi du plus fort, ne sert pas uniquement la maximisation de profits sur place, mais l’intimidation de ceux qui ailleurs en Europe se mettront à résister à l’offensive néolibérale.
Si jamais vous vous mettez en tête que c’est à vous de changer quoi que ce soit, voilà quel sort vous attend. Il est largement temps de se poser la question : quel est le régime où les droits fondamentaux d’un texte fondateur de l’UE sont valables – même si ce n’est qu’en théorie – pour les uns, et non pas pour les autres, en fonction de leur pays de résidence et de leur appartenance ethnique ? Je laisse au lecteur le soin d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

De nos responsabilités

De tout ce qui précède, on peut conclure que l’Europe de M.M. Juncker, Schulz, Moscovici et Dijsselbloem n’est qu’une structure de pouvoir techno-financier dont la seule raison d’être est le sauvetage à tout prix des banques, quitte à en sacrifier quelques-unes de la périphérie pourvu que le résultat politique soit là.

Car cette technostructure européenne, dotée d’un mécanisme qui peut semer la terreur sur les marchés, et pourvue d’un dispositif thanatopolitique, a pour but de « neutraliser la démocratie », lorsque celle-ci comporte un risque de rupture. Et tout moyen est bon, même la faillite du système bancaire grec, si c’est pour arriver à ses fins, c’est-à-dire faire tomber un gouvernement élu, non point révolutionnaire, mais qui se bat tant bien que mal pour défendre les droits du peuple dont il est le représentant.

Devant cette attaque sans précédent de la notion d’isonomie, devant cette mise à mort de la démocratie dans le pays même qui l’a vue naître, pourrions-nous rester muets ? Plusieurs d’entre vous ont déjà entrepris des initiatives, des textes, des actions de solidarité avec les Grecs, ce dont je les remercie de tout cœur. Mais, aujourd’hui, un seuil a été franchi. Il ne s’agit plus ni du sort des Grecs ni de celui de l’Europe. Ce qui est en danger est cette infime marge de démocratie que nos dirigeants daignent bien nous laisser encore. Un coup d’État est en train d’avoir lieu sous nos yeux, et il n’est pas possible de se taire. Faisons entendre nos voix partout dans le monde. Il y va de notre responsabilité.

Athènes, le 25 juin 2015

Annexe

Du paquet Juncker pour la Grèce, du respect de règles européennes, et d’autres histoires à dormir débout

Les dirigeants européens rivalisent à qui mieux mieux en double langage et contre-vérités ; le prétendu « ami » des Grecs au sein des institutions européennes qui faisait jusqu’à récemment étalage d’amabilités à l’endroit de Tsipras, M. Juncker pour ne pas le nommer, veut nous faire croire qu’il offre à la Grèce un généreux paquet de 35 milliards, étalé sur cinq ans et destiné aux investissements.

Certains se sont empressés de le nommer « paquet Juncker ». Mais des journalistes qui honorent leur profession sont allés voir de plus près quel est ce paquet que le président de la Commission offrirait en cadeau à la Grèce.

Or, il ne s’agit de rien d’autre que des fonds structurels faisant partie d’un « repackaging » de fonds non utilisés. La Grèce, en tant que membre à part entière de l’UE, y a droit au même titre que les autres pays membres, indépendamment de toute conditionnalité et certainement pas en fonction de l’issue des négociations.

Cependant, M. Juncker ne se contente pas de présenter comme un « plan pour la Grèce » ces fonds, que l’UE doit à la Grèce par la redistribution proportionnelle parmi les pays membres de fonds qui sont restés dans les tiroirs, mais, en pleine contradiction avec ses prérogatives, il met une conditionnalité politique à son versement.
Bref un chantage on ne peut plus cynique, où la Commission se croit en droit de retenir une somme due à un pays en état de nécessité et fait dépendre son versement de l’issue de discussions. « Il est assez étonnant de penser que la Grèce, membre jusqu’à nouvel ordre à part entière de l’Union européenne, serait « moins bien servie » dans le cadre de la répartition des fonds européens si elle ne parvenait pas à s’entendre avec les créanciers. La Commission a donc commencé à mettre en place cette « zone euro à deux vitesses » qu’Alexis Tsipras évoquait ? » , écrit Romaric Godin.

Mais il y a plus. Selon des informations provenant des étudiants italiens, la Commission aurait suspendu pour des raisons de procédure le programme Erasmus pour la Grèce !

Si cette exclusion, contraire non seulement aux règlements mais à la notion même de l’isonomie, s’avère fondée, elle serait la preuve supplémentaire que ceux qui s’échinent à exiger de la Grèce le respect des règlements sont disposés à les violer sans hésitation, lorsqu’il s’agit d’exercer un chantage politico-économique à un gouvernement réfractaire. En d’autres termes, la Commission traite d’ores et déjà la Grèce comme un non-membre de l’UE, en suspendant les aides auxquelles elle a droit, jusqu’à ce qu’à ce que la Grèce cède sur tous les fronts.

Comme quoi il n’y pas à s’étonner que M. Juncker ait été Premier ministre du Luxembourg pendant la glorieuse période qui a transformé celui-ci en un paradis fiscal. Il serait intéressant de savoir à combien de manque à gagner pour les autres pays européens s’est traduite cette politique. Combien de manque à gagner pour la Grèce, qui aujourd’hui manque des fonds suffisants pour couvrir les besoins les plus élémentaires d’un système de santé en ruines ? Selon Eva Joly, il se peut que le montant s’élève à plusieurs milliards.

M. Juncker ne manque pas de dénoncer à qui veut l’entendre le mépris des règles européennes dont ferait preuve Tsipras. Le président de la Commission, si attaché au respect des règles, saurait-il nous dire quelle règle européenne permet à l’Allemagne de dépasser pendant cinq années consécutives le 6 % réglementaire d’excédents commerciaux, sans être le moindre du monde inquiétée par aucune instance européenne ?
Si j’y fais mention, c’est parce que, comme le dit Ambrose Evans-Pritchard dans le Daily Telegraph, un excédent de l’ordre de 7,9 % comme celui qu’affiche actuellement l’Allemagne, a comme effet moins de croissance et plus de chômage pour les autres pays européens. Bref, l’Allemagne n’exporte pas que ses produits, mais a trouvé moyen d’exporter du chômage à ses partenaires européens, sans qu’aucun d’entre eux ne trouve à y redire.

Enfin, last but not least, jusqu’à quand les économistes de la BCE continueront-ils à cacher sous le tapis l’état pas franchement rassurant de la Deutsche Bank ?
La situation délicate de ce géant aux pieds d’argile, embourbé dans une série de scandales et soupçonné de blanchiment d’argent, représente un danger considérable non seulement pour l’Europe mais pour l’économie mondiale. La Deutsche Bank vient d’écoper d’une amende de 2 milliards pour falsification du Libor, et est actuellement « aux prises avec quelque 6 000 litiges » juridiques !
À la mi-mars, ses filiales américaines ont été les seules, avec celles de Stantander, à ne pas passer les Stress Tests de la Fed.

Mais le plus inquiétant est que le géant allemand, poursuivi outre-Atlantique pour évasion fiscale, détiendrait dans son portefeuille une bombe de plusieurs gigatonnes. Rien de moins que quelques trillions de produits à très haut risque, voire toxiques. Sur leur montant exact, les chiffres les plus fous circulent. Il y en a qui parlent de 3 à 4 trillions, d’autres de quelques dizaines.

Peut-être que le très pointilleux M. Draghi daignerait nous informer de ce qu’il en est au juste. Car lorsque cette bulle-là éclatera, le krach qui suivra, fera paraître celui de 1929 comme une partie de plaisir.
C’est bien commode de présenter la Grèce, dont la dette ne représente même pas 2 % du PIB de la zone euro, comme le danger qui menacerait l’économie européenne, mais en tant que citoyens européens, nous avons tout de même le droit d’en savoir un peu plus long sur les pratiques plus que douteuses et surtout sur l’état de santé de la DB.

Certes, le niveau de la TVA sur les pâtes à Athènes est un sujet d’importance cruciale, qui suscite à juste titre un intérêt mondial. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser qu’il pourrait s’agir là d’une manœuvre de diversion bien commode, destinée à détourner l’attention de ce qui pose vraiment problème.

Texte proposé par Vicky Skoumbi, invitée des atterrés, rédactrice en chef de la revue grecque de philosophie “aletheia” , 29/06/2015

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A noter l'article de BHL dans le Point : "Bernard-Henri Lévy - Tchao, Tsipras"

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   Posté le 01-07-2015 à 00:23:04   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le FMI out


La Grèce ne rembourse pas le FMI de 1,6 milliards. Ceci ne clôt pas le sujet mais indique à quel point la crise grecque est un révélateur des contradictions à l'échelle mondiale.

C'est un lien entre l'Europe et les USA qui vient d'être brisé.
Le site européiste et opposé à l'hégémonisme US, GEAB signalait cette éventualité et désignait le FMI comme "une épine dans le pied européen" dans un récent article Otan, FMI, tensions, divisions, Grexit… Horizon 2020 : le retour des guerres européennes ?
Naturellement ce site ne prend pas en compte les rapports de domination impérialistes en Europe même.


Edité le 01-07-2015 à 15:44:20 par Xuan




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petite histoire du défaut de paiement en Europe sur Capital, ci-dessous.
L'article ne dit pas qu'un accord signé en 1953 avait permis à la RFA d'annuler plus de 60% de sa dette contractée avant et après-guerre. La Grèce était alors un des 21 créanciers de la RFA (sur Le Figaro) et en 1990 (sur Nouvel Obs).
En PDF l'accord sur les dettes extérieures allemandes du 21 février 1953


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Espagne, France, Allemagne... les champions européens du défaut de paiement


Les faillites d’Etat sont bien plus courantes qu’on ne le pense. En quelques siècles, presque tous les pays européens ont fait défaut sur leur dette, y compris la France. La Grèce détient tout de même le record du temps passé en faillite.

Les Etats ne peuvent faire faillite ? Si l’on remonte l’histoire, les défauts de paiement sont en fait loin d’être rares. Presque toutes les nations du monde ont déjà fait faillite, et à de multiples reprises, en raison des nombreuses guerres et crises économiques. Dans leur ouvrage « Cette fois, c'est différent : Huit siècles de folie financière » paru en 2010, les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff estimaient déjà que les défauts en série étaient « la norme » et le paiement des échéances prévues une « exception ».

Le défaut de paiement n’est donc pas nouveau pour les Etats, en particulier européens. C’est même l’Espagne qui détient le record mondial du nombre de défauts : le pays n’a pas remboursé sa dette à 14 reprises entre le 16ème et le 19ème siècle. Sur la même période, la France a fait faillite près de 10 fois, et le dernier incident remonte à 1812, selon les chiffres amassés par les deux économistes américains. A l'époque, pour effacer l’ardoise, les rois français avaient simplement « pris l’habitude de mettre à mort les créanciers », relatent Reinhart et Rogoff.

Avec 7 défauts au compteur (en incluant le dernier au FMI), la Grèce est un autre très mauvais élève. Surtout, le pays est celui qui a passé le plus de temps en situation de défaut (ou de rééchelonnement de dette), durant la moitié de son existence depuis son indépendance en 1830. Autre pays du sud de l’Europe en difficulté, le Portugal a également connu 7 défauts, le premier datant de 1560. Ironie de l’histoire, l’Allemagne est loin d'être en reste, avec 8 faillites, dont 4 entre 1807 et 1814 et la dernière en 1939.

Sans oublier que, quand elles étaient remboursées, les dettes étaient acquittées avec une monnaie fortement dévaluée. En effet, les souverains n’hésitaient pas à rogner les pièces d'or et plus tard à utiliser la fameuse planche à billets pour imprimer autant d’argent que nécessaire, faisant grimper l’inflation à des niveaux délirants pour la population.

Si de nouvelles faillites ont été évitées ces dernières années, notamment « grâce à l'intervention du Fonds monétaire international et la Banque mondiale», d’après Reinhart et Rogoff - lui même ancien directeur des études du FMI - les défauts n’ont pas disparu. Sur les 35 dernières années, on a ainsi constaté 70 défauts, soit 2 défauts par an en moyenne , notamment de la part de pays africains et d’Amérique du Sud. La petite île de Porto Rico vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle ne pourra pas payer la prochaine échéance de sa dette






Edité le 01-07-2015 à 15:33:40 par Xuan




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L'intégralité des propositions grecques à la commission européenne.


Edité le 02-07-2015 à 23:28:41 par Xuan




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Sur Mondialisation :

Syriza, le pillage et l’effondrement :
Quand la « gauche dure » épouse les politiques de la droite dure


Par Prof. James Petras
Mondialisation.ca, 24 juin 2015


La Grèce a fait les manchettes de la presse financière internationale durant les cinq derniers mois, alors qu’un parti de gauche nouvellement élu, « Syriza », s’oppose ostensiblement aux soi-disant « mesures d’austérité » en confrontant la troïka (le Fonds monétaire international, la Commission européenne et la Banque centrale européenne).

Dès le début, les dirigeants de Syriza, mené par Alexis Tsipras, ont adopté plusieurs positions stratégiques aux conséquences fatales relativement à la mise en œuvre de leurs promesses électorales d’élever le niveau de vie, de mettre fin à la vassalité envers la « troïka » et de se doter d’une politique étrangère indépendante.

Nous allons procéder en décrivant les échecs systémiques initiaux de Syriza et les concessions ultérieures érodant davantage le niveau de vie grec, tout en accentuant le rôle de la Grèce comme collaborateur actif de l’impérialisme étasunien et israélien.

Gagner les élections et céder le pouvoir

La gauche européenne et nord-américaine a célébré la victoire électorale de Syriza comme une rupture avec les programmes d’austérité néolibérale et le lancement d’une alternative radicale, laquelle mettrait en place des initiatives populaires en faveur de changements sociaux fondamentaux. Ces initiatives comprendraient des mesures pour créer des emplois, restaurer les pensions, annuler les privatisations et réorganiser les priorités du gouvernement en favorisant le paiement des salariés avant le remboursement des banques étrangères. La « preuve » de l’existence du programme de réforme radicale se trouvait dans le « Manifeste de Thessalonique », lequel, promettait Syriza, serait le programme guidant ses nouveaux élus.

Toutefois, avant d’avoir été élu et immédiatement après, les dirigeants de Syriza ont pris trois décisions fondamentales empêchant toute modification profonde. En effet, ces décisions ont établi un parcours réactionnaire.

En premier lieu, Syriza a accepté la dette extérieure de plus de 350 milliards de dollars comme légitime, bien qu’elle ait été approuvée par les kleptocrates du gouvernement précédent, des banques corrompues et des intérêts commerciaux, immobiliers et financiers. Pratiquement aucune partie de cette dette n’a été utilisée pour financer des activités productives ou des services cruciaux qui renforceraient l’économie et la future capacité de la Grèce à rembourser les prêts.

Des centaines de milliards d’euros ont été planqués dans des comptes bancaires et des biens immobiliers à l’étranger ou investis dans des actions et des obligations à l’étranger. Après avoir d’abord affirmé la « légitimité » de la dette illicite, Syriza a ensuite déclaré sa « volonté » de payer cette dette. La « troïka » a immédiatement compris que le nouveau gouvernement Syriza serait un otage volontaire se soumettant à plus de coercition, de chantage et de paiements de la dette.

Deuxièmement, en lien avec ce qui précède, Syriza a déclaré sa détermination à demeurer au sein de l’Union européenne et de la zone euro, renonçant ainsi à sa souveraineté et à sa capacité d’élaborer une politique indépendante. Le parti a exprimé sa volonté de se soumettre aux exigences de la troïka. Une fois sous l’emprise de celle-ci, la seule politique de Syriza consisterait à « négocier », « renégocier » et faire de nouvelles concessions aux banques étrangères de l’UE dans un processus totalement unilatéral. La soumission rapide de Syriza à la troïka était la deuxième trahison stratégique de son programme électoral, mais pas la dernière.

Une fois que Syriza eut démontré à la troïka sa volonté de trahir son programme populaire, cette dernière s’est montrée plus exigeante et plus intransigeante. Bruxelles a considéré la rhétorique gauchiste de Syriza et ses gestes théâtraux radicaux comme de la poudre aux yeux de l’électorat grec. Les banquiers européens savaient que lorsqu’il serait temps de négocier de nouveaux accords de prêt, les dirigeants de Syriza capituleraient. Pendant ce temps, la gauche euro-étasunienne a complètement avalé la rhétorique radicale de Syriza sans regarder ses pratiques.

Troisièmement, dès son entrée en fonction, Syriza a négocié une coalition avec les Grecs indépendants, un parti d’extrême-droite, pro-OTAN, xénophobe et anti-immigration, garantissant que la Grèce continuerait à soutenir les politiques militaires de l’OTAN au Moyen-Orient, la campagne brutale de l’Ukraine et Israël contre la Palestine.

Quatrièmement, la majeure partie du Cabinet nommée par le premier ministre Tsipras n’avait aucune expérience dans la lutte des classes. Pire encore, la plupart étaient des universitaires et d’anciens conseillers du PASOK, sans aucune capacité ou volonté de rompre avec les diktats de la troïka. Leur « pratique » académique était constituée en grande partie de « combats » théoriques mal adaptés à de réelles confrontations avec des puissances impériales agressives.

De l’égratignure à la gangrène

En capitulant devant l’UE dès le début, en acceptant, entre autres, de payer la dette illégitime, en s’alliant à l’extrême droite et en se soumettant aux diktats de la troïka, la table était mise pour que SYRIZA trahisse toutes ses promesses et alourdisse le fardeau économique de ses partisans. Les pires trahisons comprennent : (1) ne pas avoir rétabli le paiement des pensions (2) ne pas avoir réinstauré le salaire minimum; (3) ne pas avoir annulé les privatisations; (4) ne pas avoir mis fin aux programmes d’austérité; et (5) ne pas avoir augmenté les fonds pour l’éducation, la santé, le logement et le développement local.

La troïka et ses publicistes de la presse financière exigent que Syriza fasse davantage de compression dans le régime de retraite grec, appauvrissant ainsi plus de 1,5 million de travailleurs retraités. Contrairement aux « exemples » bidons des médias sur les pensions généreuses dont jouissent moins de 5 % des retraités, les Grecs ont subi les plus importantes réductions de fonds de retraite en Europe au cours du dernier siècle. La troïka a réduit les pensions grecques huit fois au cours des quatre dernières années seulement. La grande majorité des pensions ont été réduites de près de 50 % depuis 2010. La pension moyenne est de 700 euros par mois, mais 45% des retraités grecs reçoivent moins de 665 euros par mois, un revenu se situant sous le seuil de pauvreté. Toutefois, la troïka exige des réductions encore plus importantes.

Celles-ci comprennent la fin des subventions budgétaires pour les retraités vivant dans l’extrême pauvreté, une augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans, l’abolition des dispositions des plans de retraite liées aux travaux dangereux et favorisant les mères au travail. Les mesures régressives antérieures, imposées par la Troïka et mises en œuvre par le régime de coalition d’extrême droite précédent, ont sérieusement épuisé la caisse de retraite grecque. En 2012, le programme de « restructuration de la dette » de la troïka a mené à la perte de 25 milliards d’euros en réserves détenues par le gouvernement grec dans des obligations gouvernementales.

Les politiques d’austérité de la troïka ont veillé à ce que les réserves de la caisse de retraite ne soient pas renouvelées. Les contributions ont chuté lorsque le chômage a grimpé à près de 30 % (Financial Times, 05-06-15, p4). Malgré l’assaut frontal de la troïka sur le régime de retraite grec, l’« équipe économique » de Syriza a exprimé sa volonté d’augmenter l’âge de la retraite, de réduire les pensions de 5 % et de négocier pour trahir à nouveau les retraités qui font face à la misère. Syriza a non seulement manqué à sa promesse de campagne consistant à annuler les politiques régressives précédentes, mais s’est aussi engagé dans ses propres traîtrises « pragmatiques » avec la troïka.

Pire encore, Syriza a intensifié les politiques de ses prédécesseurs réactionnaires. Syriza (1) a promis de geler les privatisations, mais le parti s’engage maintenant à les accroître de 3,2 milliards d’euros et de privatiser d’autres secteurs publics; (2) a accepté de transférer des ressources publiques limitées à l’armée, dont un investissement de 500 millions d’euros pour mettre à jour l’Armée de l’Air grecque; (3) a pillé la caisse nationale de retraite et les trésoreries municipales pour plus d’un milliard d’euros afin de payer la dette à la troïka; (4) a réduit les investissements publics pour la création d’emplois dans des projets d’infrastructure afin de respecter les délais de la troïka; (5) a accepté un excédent budgétaire de 0,6 % au moment où la Grèce a un déficit de 0,7 % cette année, ce qui signifie davantage de réductions plus tard cette année; (6) a promis de réduire la TVA sur les éléments essentiels comme la nourriture, mais accepte aujourd’hui un taux de taxation de 23 %.

La politique étrangère de Syriza imite celle de ses prédécesseurs. Le ministre de la Défense de Syriza, Panos Kammenos, issu de l’extrême droite, était un fervent partisan des sanctions étasuniennes et européennes contre la Russie. Malgré la vague habituelle de fausse « dissidence » face aux politiques de l’OTAN, Syriza a totalement capitulé par la suite, afin de maintenir une bonne réputation au sein de l’OTAN. Le régime de Syriza a permis à tous les kleptocrates et fraudeurs fiscaux bien connus de conserver leur richesse illicite et d’augmenter leurs avoirs à l’étranger grâce au transfert massif de leurs «économies » à l’extérieur du pays. À la fin mai 2015, le Premier ministre et le ministre des Finances, Tsipras Varofakis, ont vidé le trésor public pour effectuer des paiements sur la dette, augmentant ainsi les perspectives que les retraités et les travailleurs du secteur public ne reçoivent pas leurs prestations. Après avoir vidé le Trésor grec, Syriza va maintenant imposer la « solution de la troïka » à la masse grecque appauvrie : ou vous acceptez un nouveau plan d’« austérité », réduisant les pensions, augmentant l’âge de la retraite, éliminant les lois du travail protégeant la sécurité d’emploi et les droits de négociation des travailleurs ou les caisses de l’État seront vides, vous n’aurez pas de pensions, le chômage augmentera et la crise économique s’aggravera. Syriza a délibérément vidé le trésor public, pillé les fonds de pension et les fonds municipaux pour faire du chantage à la population et la pousser à accepter comme un « fait accompli » les politiques régressives de banquiers intransigeants de l’UE, les soi-disant « programmes d’austérité ».

Dès le tout début, Syriza s’est plié aux diktats de la troïka, même lorsqu’il simulait leur « résistance de principe ». Ils ont d’abord menti à l’opinion publique grecque, qualifiant la troïka de « partenaires internationaux ». Ensuite, ils ont menti à nouveau en qualifiant le mémorandum de la troïka pour une plus grande austérité de « document de négociation ». Les tromperies de Syriza étaient destinées à dissimuler le fait qu’il maintenait le « cadre » très impopulaire imposé par le précédent régime discrédité de la droite dure.

Alors qu’il pillait les ressources du pays pour payer les banquiers, Syriza s’est davantage soumis aux puissances étrangères. Son ministre de la Défense a offert de nouvelles bases militaires pour l’OTAN, dont une base aérienne-maritime sur l’île grecque de Karpathos. Le parti a accru l’appui politique et militaire de la Grèce à l’intervention militaire des États-Unis et de l’UE au Moyen-Orient, ainsi que son soutien aux « terroriste modérés », invoquant le prétexte ridicule de « protéger les chrétiens ». Syriza, s’attirant les bonne grâces des sionistes européens et étasuniens, a renforcé ses liens avec Israël, évoquant une « alliance stratégique » avec l’État terroriste pratiquant l’apartheid. Dès les premiers jours de son mandat, Kammenos, le ministre de la Défense de la droite dure, a proposé la création d’un « espace de défense commun » incluant Chypre et Israël, appuyant ainsi le blocus aérien et maritime de Gaza par l’État hébreu.

Conclusion

La décision politique de Syriza d’« intégrer » à tout prix l’UE et la zone euro, signale que la Grèce continuera d’être un État vassal, trahissant son programme et adoptant des politiques profondément réactionnaires, tout en claironnant sa fausse rhétorique gauchiste et en feignant de « résister » à la troïka. Bien que Syriza ait pillé la caisse de retraite nationale et les trésoreries locales, de nombreux gauchistes égarés en Europe et aux États-Unis continuent d’accepter et de rationaliser les décisions du parti qu’ils choisissent de qualifier de « compromis réalistes et pragmatiques ».

Syriza aurait pu confisquer et utiliser 32 milliards de dollars d’actifs immobiliers détenus par les Forces armées grecques afin de mettre en œuvre un plan d’investissement et de développement différent, soit louer ces propriétés à des ports maritimes commerciaux, des aéroports et des installations touristiques.

Syriza a enfoncé la Grèce encore plus profondément dans la hiérarchie dominée par la finance allemande en abandonnant son pouvoir souverain d’imposer un moratoire sur la dette, de quitter la zone euro, gérer les ressources financières, rétablir une monnaie nationale, d’imposer des contrôles de capitaux, de confisquer des milliards d’euros dans les comptes illicites à l’étranger, mobiliser des fonds locaux pour financer la reprise économique et réactiver le secteur public et privé. À plusieurs reprises, le faux « secteur gauche » au sein de Syriza a formulé d’impuissantes « objections », pendant que la mascarade Tsipras -Varofakis procédait à la capitulation ultime.

En fin de compte, Syriza a aggravé la pauvreté et le chômage, augmenté le contrôle étranger sur l’économie, érodé davantage le secteur public, facilité le licenciement des travailleurs et réduit les indemnités de départ, tout en augmentant le rôle de l’armée grecque en resserrant ses liens avec l’OTAN et Israël.

Autre fait tout aussi important, Syriza a totalement vidé la phraséologie gauchiste de toute signification cognitive : pour ses membres, la souveraineté nationale se traduit par la vassalité aux puissances étrangères, et l’anti-austérité consiste à capituler de façon pragmatique devant une nouvelle forme d’austérité. Lorsque l’accord Tsipras-troïka sera finalement signé et que l’opinion publique grecque prendra conscience des ravages que fera l’austérité dans les prochaines décennies, nous espérons que les trahisons susciteront une répulsion massive. Peut-être qu Syriza se divisera et que la « gauche » abandonnera enfin ses postes ministériels tranquilles pour aller rejoindre les millions de mécontents afin de former un autre parti.

James Petras

Article original en anglais: Syriza: Plunder, Pillage and Prostration: How the ‘Hard Left’ Embraces the Policies of the Hard Right, publié le 15 juin 2015.

Traduction: Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

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Sur le même thème mais du point de vue des actionnaires, l'éditorial de Vittori dans les Echos :
Encore une minute monsieur le bourreau



Edité le 02-07-2015 à 23:59:50 par Xuan




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   Posté le 04-07-2015 à 13:32:32   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La marche forcé vers l'euro puis plus tard sa réalisation n'en finissent pas d'aggraver le climat social. Les mécanismes qu'il engendre représentent une véritable torture pour les couches populaires pourtant l'austérité qu'il leur impose n'est pas seule conséquence de sa mise en place, s'ajoute à elle un véritable pourrissement des institutions démocratiques, l'union européenne se saisissant de la fenêtre qui lui était ouverte, pour réduire autant que possible le cercle du discutable. Ainsi devient ennemie celui qui demande à rediscuter ce qui a été décidé indiscutable.

C'est par exemple le cas de Junker le président de la commission qui ne s’embarrassant pas de clauses de style, déclare sur de son fait et de sa fonction qu' « il n'y a pas de choix démocratique contre le traité européen ». Allez circuler il n'y a rien a dire.

Pourtant nous le voyons bien ce référendum fait ressortir le spectre du traité constitutionnel de 2005 car comme l'écrit Lordon dans le texte ci-dessous « c'est tout un lourd passé qui se retrouve relié dans le mot référendum, le sale petit secret de toute une construction institutionnelle qui ne se sent pas d'autre devoir vis a vis de la démocratie que celui du simple oblat verbal de la célébration de mot et en réalité n'a pas d'autre projet la concernant que d'extinction méthodique »

La guerre idéologique est donc déclaré. Derrière la question de la dette se trouve en fait celle de la souveraineté des pays membre de la Communauté européenne, de leur liberté de parole et d'action face aux décision de la troïka. La Grèce n'est pas seule en cause et la leçon vaudra pour les autres. Derrière arrive L'Espagne et le Portugal. Il faut faire entendre a leur peuple que rien ne doit jamais bouger qu'il ne peuvent conduire au pouvoir des aventurier qui s'en prendraient aux sacro-sainte loi de l'économie libre et de sa concurrence non faussée. Derrière tout cela se sont aussi les intérêts des banques allemandes et françaises qui sont touchés, dont nos gouvernants sont les fondés de pouvoir comme la montré récemment la crise des subprimes et les milliards qu'il fallu leur accorder à fond perdu., C'est donc celui de nos propres capitalistes et non pas ceux d'une entité économique vaguement supra national cachée derrière des acronymes opaques.

D'ailleurs le responsable de la sociale démocratie allemande martin Schulz président de surcroît du groupe siégeant au parlement européen n'y va pas par quatre chemins ; il annonce sur de son fait et sans s’embarrasser de savoir s'il s'ingère dans les affaires intérieurs d'un pays souverain « de nouvelles élections seraient impératives si le peuple grec vote pour le programme de réforme et donc en faveur du maintient dans la zone euro et que Tsipras de façon logique démissionne » loin de se rappeler de l'époque ou son pays resté débiteur de l'argent emprunté de force par les nazis se voyait bénéficier d'une annulation de dette, il enfonce le clou en prophétisant une nouvelle chance pour la Grèce qui serait alors débarrassé de Syrisa. Ainsi tout est dit de la passion anti démocratique européenne qui découvre une haine égale a celle qu'engendrait jadis les haines religieuses, tout est dit à ceux qui refuseraient l'allégeance au nouveau dieu.

Comme le dévoile Todd devant un aréopage de plumitifs ébahits puis très vite scandalisés dans son « qui est Charlie? », l'euro est devenu le nouveau veau d'or et ses adorateurs en ont fait la source d'une haine porté par des institutions politiques qui se nomment commission de Bruxelles, BCE euro groupe etc.
Enfin la CES elle aussi se met dans la partie. Elle soutient dans un communiqué officiel paru le 1 juillet son syndicat grec qui demande l'annulation du référendum tout en affirmant que l'orientation européenne de son pays n'était pas négociable et en apportant son soutient à la monnaie unique et à une Europe fédérale
Pour autant tout n'est pas si simple. Syrisa certes est dans le collimateur, mais Syrisa représente en même temps une perspective qui recherche un compromis impossible pour sauvegarder une chimère à laquelle le PGE s'accroche toujours celle d'une Europe sociale qu'une volonté politique pourrait un jour établir. Or il n'est pas de réorientation possible de cette construction politique. Elle n'a pas été prévue pour cela et l'actuel bras de fer qu'elle engage aujourd'hui en est la démonstration. C'est la raison pour laquelle le KKE à choisit un positionnement différent qu'il expose et explicite dans un communiqué que je publie ci dessous.

Pour lui la chose est claire. La coalition au pouvoir veut avec cette initiative faire approuver ce qui résulte de la faillite de ses engagements, c'est a dire un mémorandum ou les concessions faites à la Troïka conduiraient à des sacrifices supplémentaires pour les catégories populaires. Pour le KKE le référendum conduirait dans tous les cas à poursuivre les mesures anti-populaires contre lesquelles les grecs avaient voté puisqu'en refusant le plan de l'euro groupe il donnerait leur accord pour celui dont était porteur la délégation gouvernementale.Pour le KKE il faut refuser cette fausse alternative qui conduit de Charybe en Cylla celui qui s'y prête.Il appelle par contre le peuple à exprimer sa volonté de sortir de l'UE, de demander l'annulation de la dette, d'exiger le pouvoir aux travailleurs et la socialisation des grands monopoles.

Ces positions qui découlent d'une stratégie claire ont le mérite de replacer le débat politique dans un cadre qui est celui de la bataille de classe à laquelle les oligarchies capitalistes convoquent les peuples. Elle procède aussi d'une cohérence qui vise à se donner les moyens d'une autre politique. Celle ci nécessite de s'attaquer a la propriété capitaliste et a s'émanciper des institutions politiques qui lui permettent de se reproduire et d'asservir les peuples. Aussi est-il étonnant pour ne pas dire choquant de lire ici et là les jugements à l'emporte pièce et les formules lapidaires employés par certains qui se disent camarades mais se posent en experts, sûr de leur concepts, sans s’être frotté au contradictions du terrains ni aux réalité du pays.

Cependant je terminerai en leur répondant par la reprise de la conclusion que donne Lordon à son texte que je fais mienne a mon tour :

« En réalité l’événement offre peut être la meilleurs occasion de découvrir et pour certain de redécouvrir tout court, que l'internationalisme réel consiste moins dans le dépassement imaginaire des nations que dans la solidarité internationales des luttes nationales. Et dans leur induction mutuelles. Les grecs sont sur le point de défier l'ordre néolibéral en son institution principale : la monnaie unique européenne. Pour nous qui souffrons des pouvoirs entièrement vendus a cet ordre, être à la hauteur de l'éclaireur grec ne réclame pas moins que de nous retourner contre nos gouvernements »

D'une certaine manière c'est ce a quoi nous engage le texte de rouge midi qui lance un appel pour une nouvelle consultation de notre peuple sur la poursuite du processus de l'intégration européenne et le maintient dans l'euro, en développant cette exigence par des luttes sociales et politiques.

Gilbert Remond


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   Posté le 04-07-2015 à 13:36:15   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Article transmis par G. Remond

Grèce : Le référendum du 5 Juillet et la position du KKE


Comme c’est bien connu, le gouvernement de la « gauche » et, en substance, le parti social-démocrate SYRIZA et de la "de droite" nationaliste du parti ANEL, dans une tentative pour gérer la faillite complète de ses engagements pré-électoraux, a annoncé un référendum pour le 5 Juillet 2015, avec la seule question de savoir si les citoyens sont d’accord ou pas avec le projet d’accord, qui avait été présentée par l’UE, le FMI et la BCE et concerne la poursuite des mesures anti-populaires comme moyen de sortir de la crise capitaliste, la Grèce restant dans la zone euro.


Les officiels du gouvernement de coalition appellent les citoyens à dire « non » et présentent clairement ce « non » au référendum sera interprété par le gouvernement grec comme l’approbation de son propre projet d’accord avec l’UE, le FMI, la BCE, qui, dans ses 47 + 8 pages, contient également des mesures anti-populaires sévères, dans le but d’accroître la rentabilité du capital, la « croissance » capitaliste et le pays restant dans la zone euro. Comme le gouvernement SYRIZA-ANEL l’admet, continuant de prôner l’UE, « notre maison commune européenne », la « réussite européenne ». Leur proposition est à 90% identique à la proposition de l’UE, du FMI, de la BCE et a très peu relation avec ce que SYRIZA avait promis avant les élections.

Les fascistes d’Aube dorée, avec les partis de la coalition gouvernementale (SYRIZA-ANEL), ont pris position en faveur du « non » et ont également soutenu ouvertement le retour à une monnaie nationale.

De l’autre côté, l’opposition de droite ND, le PASOK social-démocrate qui a gouverné jusqu’en Janvier 2015, ensembla avec Potami (un parti du centre, par essence, un parti réactionnaire) ont pris position en faveur du « oui » aux mesures barbares de la Troïka, dont ils affirment qu’il serait interprété comme un consentement à « rester dans l’UE à tout prix ».

En réalité, les deux réponses mènent à un oui à l’Union Européenne et la barbarie capitaliste.

Lors de la session du parlement du 27/6, la majorité gouvernementale de SYRIZA-ANEL a rejeté la proposition du KKE que les questions suivantes soient placés avant le jugement du peuple grec au référendum :

NON AUX PROPOSITIONS D’ACCORD DE L’UE-BCE-FMI et du GOVERNMENT GREC
DÉSENGAGEMENT DE L’U.E. ABOLITION DES PROTOCOLES ET DE TOUTES LES LOIS D’APPLICATION


Avec cette position, le gouvernement a démontré qu’il veut faire chanter les gens pour approuver sa proposition à la troïka, proposition qui est l’autre face de la même pièce de monnaie. Cela revient à dire : il est demandé au peuple grec de consentir à ces plans anti-populaires et de leur imposer ses nouveaux choix anti-populaires, soit via un accord prétendument "amélioré" avec les organisations impérialistes, ou via une sortie de l’euro et un retour à une monnaie nationale, ce que les gens seront appelés à payer de nouveau.

Dans ces conditions, le KKE appelle le peuple à utiliser le référendum comme une occasion de renforcer son opposition à l’UE, afin de renforcer la lutte pour la seule sortie réaliste de la barbarie capitaliste d’aujourd’hui. Le contenu de cette sortie est : RUPTURE-DESENGAGEMENT DE L’UE, ANNULATION UNILATERALE DE LA DETTE, SOCIALISATION DES MONOPOLES, POUVOIR DES TRAVAILLEURS.
Les gens, par leur activité et leur choix lors du référendum, doivent répondre à la déception de la fausse question posée par le gouvernement et rejeter la proposition de l’UE-FMI-BCE tout comme la proposition du gouvernement SYRIZA-ANEL. Les deux contiennent des mesures anti-populaires barbares, qui seront ajoutées aux memorandums, et aux lois d’’application des gouvernements ND-PASOK précédents. Tous deux servent les intérêts du capital et les profits capitalistes.
Le KKE souligne que les gens ne doivent pas choisir entre Charybde et Scylla, mais doivent exprimer, par tous les moyens disponibles et dans tous les sens, leur opposition à l’UE et ses memorandums dans le référendum. Ils doivent "annuler" ce dilemme en choisissant la proposition du KKE comme leur vote dans l’urne.

NON À LA PROPOSITION DE LA UE-FMI-BCE
NON À LA PROPOSITION DU GOUVERNEMENT
DÉSENGAGEMENT DE L’UE, POUVOIR AU PEUPLE


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Article transmis par G. Remond

Et nous ? Quand est-ce qu’on nous consulte sur l’Euro et l’Union Européenne ?



vendredi 3 juillet 2015

Une déclaration de Rouge Vif Ile de France à lire et à diffuser

Depuis son élection, le gouvernement SYRIZA/ANEL d’A.Tsipras n’a eu de cesse d’affirmer vouloir rester dans les contraintes de l’Union Européenne. Il a cherché coûte que coûte à satisfaire les exigences de la Troïka (FMI, BCE, Commission Européenne), prolongeant ainsi les politiques régressives menées par ses prédécesseurs. Cela a perpétué et aggravé une situation dramatique pour le Peuple et les travailleurs grecs. Pour les institutions de l’UE et le FMI, bras armé du capitalisme mondialisé, cela ne suffit toujours pas.

Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, l’avènement de SYRIZA a suscité un espoir bien au-delà des frontières de la Grèce. Celui d’un changement des rapports de force au sein de l’UE, celui de voir un gouvernement se dresser face aux diktats de la finance et servir d’exemple à d’autres pays. Pourtant, depuis 5 mois, A.Tsipras et son équipe ne sont pas revenus sur les précédents mémorandums et ont même donné des gages aux forces de l’OTAN en envisageant de nouvelles bases américaines sur le sol grec. La multiplication des déclarations du gouvernement grec voulant rassurer les maîtres européens sur la non-remise en cause de l’euro n’a fait qu’encourager les exigences de la Troïka.
Lors de la campagne de 2005 à l’occasion du référendum sur le projet de constitution européenne, Rouges Vifs IDF, avec d’autres, avait mis en évidence la nature de classe de l’intégration européenne, sa prétention à vouloir rendre hégémonique la domination du Capital et avait conclu à l’impossibilité de tout changement de société dans ce cadre. Le temps long du débat avait permis à notre peuple de s’approprier progressivement les enjeux et de prononcer un NON franc et massif, en toute connaissance de cause.

Ce délai, A.Tsipras ne l’a pas laissé à son peuple et donne ainsi le sentiment qu’il recherche un plébiscite… pour mieux reprendre les « négociations » dans le cadre contraint, constitutif de l’UE. Si le peuple grec n’a rien à gagner dans ce genre de « petits arrangements entre amis », un NON des grecs pourrait prendre une dimension émancipatrice, affirmant une volonté de reconquérir leur souveraineté, c’est à dire leur souveraineté monétaire, nationale et populaire.
Cela pourrait ouvrir des perspectives nouvelles, un autre possible pour tous les peuples d’Europe hors de ce carcan mortifère, une nouvelle donne pour des coopérations mutuellement avantageuses.

Tel est le sens de notre totale solidarité envers le peuple grec. Nous sommes résolument du côté de tous ceux qui combattent et refusent toutes les politiques d’austérité. Notre confiance leur est acquise pour déjouer tous les pièges.
Le véritable visage des institutions européennes apparaît au grand jour.

La complicité française de cette volonté d’humiliation du peuple grec, des Hollande, Valls, Moscovici ou Sapin, doit nous faire réagir. Ils ont des comptes à rendre aux Français. Cela remet aussi en lumière l’acte de forfaiture qu’a constitué l’adoption du traité de 2005, à peine retouché, par la droite et le PS complice. Nous ne devons pas l’oublier. Nous n’avons plus été consultés depuis sur le mandat donné aux gouvernements français qui alternent au pouvoir.

Alors oui, il est temps pour notre peuple d’être à nouveau consulté sur la poursuite ou non du processus mortifère d’intégration européenne et sur le maintien de la France dans l’euro. Avec nos luttes sociales et politiques, développer cette exigence serait un acte véritable de solidarité internationale avec le peuple grec et pourrait contribuer à la perspective d’un changement de société. Une société où le Travail, seul créateur de richesses, assumerait en tant que tel son rôle révolutionnaire et sa place politique.

Paris, le 2 juillet 2015


Edité le 04-07-2015 à 13:41:11 par Xuan




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Article transmis par G. Remond

les-crises.fr

L ’euro, ou la haine de la démocratie, par Frédéric Lordon


Forcément, ça leur a coupé la chique. Qu’on puisse jouer la carte de la démocratie, c’est la chose qui est maintenant tellement hors de leur entendement qu’elle les laisse toujours sidérés, pantois et démunis. Vraiment, à cet instant, on aurait voulu voir leurs têtes, mâchoires décrochées comme des tiroirs de commodes fraîchement cambriolées : Sapin, Hollande, Moscovici, leurs experts organiques, leurs journalistes de propagande, tous ceux qui n’ayant que la « modernité » à la bouche se sont si constamment efforcés d’en finir avec le peuple, pénible démos, et pénible démocratie quand il lui vient à l’idée de ne pas se contenter de valider ce qui a été décidé pour elle. Mais c’est une némésis et personne n’y pourra rien : il vient toujours un moment où la politique chassée par la porte revient par la fenêtre. Plus elle a été chassée obstinément d’ailleurs, et plus ses retours sont fracassants.

Le référendum, ou le retour du refoulé

Et c’est vraiment le retour du refoulé sous tous les rapports : celui de la mauvaise conscience notamment. C’est qu’on peut difficilement porter la démocratie en bandoulière, en faire des chartes à enluminures ou des hymnes à la joie, un modèle offert au monde (éventuellement à coup de frappes aériennes), et la bafouer à ce point à domicile.

Prononcer le mot « référendum », c’est en effet immanquablement faire resurgir le spectre du Traité constitutionnel de 2005, celui de l’acharnement jusqu’à ce que ça dise oui, ou du contournement si ça persiste à dire non. Celui du putsch également, à l’image du débarquement en 2011 de Georges Papandréou, ordinaire socialiste de droite qui n’avait rien de bien méchant, mais avait fini par s’apercevoir qu’on approchait des seuils où férule macroéconomique et tyrannie politique deviennent dangereusement indistinctes, et éprouvé le besoin d’un mandat légitime en soumettant le mémorandum à son peuple… par référendum.

Appliquant une doctrine en fait formée de longue date puisqu’elle est intrinsèque à l’Union monétaire même, mais dont la formulation pleinement explicite attendra 2015 et l’inénarrable Juncker – « il n’y a pas de choix démocratiques contre les Traités européens » … –, il avait suffi aux institutions européennes de quelques pressions de coulisses pour obtenir le renversement de l’imprudent, et nommer directement le banquier central Papademos premier ministre ! – c’est tellement plus simple –, qui plus est à la tête d’une coalition faisant, pour la première fois depuis les colonels, entrer au gouvernement un parti ouvertement d’extrême-droite (Laos), particularité qui n’avait pas davantage ému le journalisme d’accompagnement à l’époque (il n’a pas manqué depuis de pousser des cris de putois quand Syriza a fait alliance avec la droite souverainiste d’Anel).

C’est tout ce lourd passé, et même ce lourd passif, qui se trouve replié dans le mot « référendum », le sale petit secret de toute une construction institutionnelle qui ne se sent pas d’autre devoir vis-à-vis de la démocratie que celui du simple oblat verbal, de la célébration en mots, et en réalité n’a pas d’autre projet la concernant que d’extinction méthodique.

Comme on trouve encore des gens suffisamment acharnés pour contester que les Traités donnent à l’Europe le caractère d’une entité néolibérale, on en trouve de suffisamment bêtes pour nier qu’ils entraînent la moindre perte de souveraineté – expérience récemment faite au contact, tout à fait fortuit, d’un député socialiste dont, par charité chrétienne on ne dira pas le nom. Comme la chose est inhérente aux traités mêmes dont, rappelons-le, la caractéristique première tient au fait (monstrueux) d’avoir constitutionnalisé des contenus substantiels de politique économique, comme la chose est inhérente aux traités, donc, et qu’ils ne l’ont pas vue, ils ne doivent pas avoir davantage connaissance de la manière dont se déroulent les négociations depuis 2011, et particulièrement celles de ces dernières semaines. Car la Troïka ne se contente pas d’imposer un cadrage macroéconomique délirant, elle entend également en imposer le détail – et décider elle-même, dans le menu, des augmentations d’impôt et des baisses de dépenses, c’est-à-dire prendre en mains directement l’intégralité des commandes.

Que le gouvernement Syriza, à l’encontre de ses propres engagements électoraux, ait accepté de se couler dans la logique du mémorandum et de jouer le jeu de l’ajustement budgétaire n’était pas encore assez : car la Troïka ne demande pas qu’un objectif global, mais aussi la manière. Il n’est pas suffisant que la Grèce s’impose une restriction supplémentaire de 1,7 point de PIB, il faut qu’elle la compose comme il faut .

Par exemple l’augmentation du taux d’imposition sur les sociétés de 26% à 29%, ainsi que la taxe exceptionnelle de 12% sur les profits supérieurs à 500 000 euros ont été refusées par la Troïka au motif qu’elles étaient… de nature à tuer la croissance ! – ou quand l’étrangleur déconseille à ses victimes le port du foulard.

En revanche la Troïka tient beaucoup à ce qu’on en finisse avec la petite allocation de solidarité servie sur les retraites les plus pauvres – le décile inférieur a perdu jusqu’à 86 % de revenu disponible de 2008 à 2012 [1] … c’est donc qu’il reste 14 bons pourcents : du gras ! Elle refuse la proposition grecque de taxer les jeux en ligne, mais demande la fin du subventionnement du diesel pour les agriculteurs – des nantis. Et tout à l’avenant.

Les institutions de la haine politique

On pourrait se perdre à l’infini dans ces détails qui disent tous le délire idéologique additionné d’instincts sociaux meurtriers – au sens presque littéral du terme, car rompre avec le fléau du gouvernement par abstractions macroéconomiques demande de prendre connaissance du tableau des conditions concrètes d’existence de la population grecque à l’époque de l’austérité, entre baisse de l’espérance de vie, explosion du taux de suicide, effondrement de la qualité des soins, etc [2].

On pourrait dire tout ça, donc, mais on n’aurait pas dit l’essentiel, qui tient à une forme de haine politique, comme il y avait jadis des haines religieuses, mais, fait inédit, une haine politique institutionnelle, une haine portée par des institutions. Depuis le premier jour, les institutions européennes n’ont pas eu d’autre projet que de faire mordre la poussière au gouvernement Syriza, d’en faire, par un châtiment exemplaire, une leçon à méditer par tous les autres pays qui pourraient avoir à l’idée eux aussi de ne pas plier, comme s’il fallait annuler l’événement de la première authentique alternance politique en Europe depuis des décennies.

Chaque régime politique, même celui qui a de la démocratie plein la bouche, a ses points d’impensable, ses interdictions formelles et ses exclusions catégoriques. La dite « démocratie parlementaire », qui fait vœu de débattre de tout, s’est en fait constituée comme le régime politique de défense de la propriété privée du capital (et de toutes les prérogatives qui y sont attachées), c’est pourquoi elle accepte qu’on débatte de tout sauf de la propriété privée du capital (et de toutes les prérogatives qui y sont attachées) [3] – et l’histoire a suffisamment montré de quoi la « démocratie » était capable quand le peuple des manants avait l’idée de s’en prendre au règne du capital.

Pour autant, dans ce périmètre-là, il restait un peu de marge à explorer. C’était encore trop pour une construction néolibérale comme l’Union européenne qui a saisi la fenêtre d’une époque pour réduire autant qu’elle le pouvait le cercle du discutable : les formes de la concurrence intérieure, le statut de la banque centrale, la nature et les cibles de la politique monétaire, les orientations de la politique budgétaire, le rapport aux marchés financiers : toutes ces choses ont été irrévocablement tranchées par inscription constitutionnelle dans les traités, à la fin expresse qu’à leur sujet le débat soit clos.

Comment s’étonner qu’une construction aussi congénitalement libérale se soit donné des institutions qui suintent à ce point la haine de tout ce qui est progressiste ? Syriza ne pouvait pas être un partenaire : elle a été d’emblée, et en fait très logiquement, considérée comme un ennemi. L’ennemi ici, c’est celui qui veut vous forcer à rediscuter de ce que vous avez décrété soustrait à toute discussion. Aussi bien le référendum (à supposer qu’il ne devienne pas sans objet d’ici dimanche) que l’imminente sortie de l’euro sont des affirmations du droit de rediscuter – des affirmations du principe démocratique.

Le droit de rediscuter se paye cher en Union européenne. Dans un mouvement misérable qui ajoute à la considération qu’on peut lui porter, l’Eurogroupe, entité informelle à la consistance juridique d’ailleurs incertaine, met tous ses efforts à ce qu’il soit le plus coûteux possible. Mais en réalité c’est toute la construction institutionnelle qui porte la responsabilité de ce qui est en train de se passer : car, à la fin des fins, c’est bien la Banque centrale européenne (BCE) qui donnera le coup de grâce en interrompant le refinancement des banques grecques.

Faut-il qu’elle soit grande la détestation de la souveraineté populaire pour ne pas même accorder l’extension du plan d’aide à l’échéance du référendum… Tout est dit d’une passion anti-démocratique européenne devenue si écumante qu’elle ne parvient même pas à se tenir à son propre ordre légal : c’est que le refinancement des banques, grecques ou autres, est une mission de la BCE, assignée par les traités, et dont l’accomplissement est sans rapport avec les vicissitudes latérales de tel ou tel ordre, fussent-elles celles d’un plan de sauvetage.

Que la terminaison du plan de sauvetage mardi 30 juin s’accompagne, comme il en est lourdement question, de la fermeture du guichet ELA ( Emergency Liquidity Assistance ), où la totalité du système bancaire grec est vitalement suspendu, est une connexion dont la légalité est plus que douteuse eu égard à l’autonomie des missions de refinancement de la BCE. [Il faut vraiment convoquer les aruspices pour avoir le fin mot du communiqué publié dimanche 28 juin par la BCE, car l’annonce du maintien du programme ELA pour les banques grecques n’est accompagnée d’aucune mention d’échéance… de sorte qu’il peut bien se trouver interrompu à tout moment.

Cependant, contre la menace lourdement sous-entendue de fermer l’ELA en conséquence de l’arrêt du plan de sauvetage le 30 juin, il pourrait être politiquement rationnel pour la BCE de ne pas aller jusqu’à se faire l’exécuteur anticipé des basses œuvres, et de maintenir son guichet ouvert jusqu’à l’échéance du référendum : c’est qu’on doit beaucoup compter dans les institutions européennes sur le fait que le contrôle des capitaux mis en place lundi 29 juin est un repoussoir électoral, et que la restriction de l’accès des déposants à leurs encaisses monétaires est le plus sûr moyen d’aiguillonner le vote « oui ».]

En tout cas, on le sait bien, le simple fait d’avoir exclu les banques grecques des procédures ordinaires de refinancement pour les cantonner au guichet d’urgence de l’ELA n’avait d’autre propos que de leur faire sentir leur état de dépendance extrême, et de leur faire connaître le pouvoir discrétionnaire auprès duquel leur survie se renégocie quasi-quotidiennement – c’est-à-dire la possibilité qu’à tout moment le pouce s’abaisse. Comme toujours, c’est aux limites, et dans les situations de crise extrême, que les ordres institutionnels révèlent leur vérité. Ici toute la sophistication juridique de la construction européenne se ramène à un pouce levé ou bien baissé. Et la comédie du droit laisse voir à nu les rapports de force qu’elle cache ordinairement.

Le moment du chaos

Techniquement parlant en tout cas, il est bien certain que la fermeture du refinancement auprès de la BCE, qu’elle survienne mardi 30 ou plus tard, effondrera le système bancaire grec dans la journée, et forcera, de fait, au réarmement de la Banque centrale grecque comme prêteur en dernier ressort, c’est-à-dire émetteur d’une liquidité qui ne sera pas reconnue par le SEBC (Système européen de banques centrales). On l’appellera de la drachme.

Effectuée dans une pareille urgence, la sortie grecque de l’euro ne pourra pas éviter le moment du chaos, et pour des raisons dont Syriza porte une part. Il est à craindre que le refus d’envisager dès le début la sortie de la monnaie unique, et d’en faire une menace crédibilisant d’ailleurs la position grecque dans le rapport de force, laisse aujourd’hui le gouvernement dans un état de totale impréparation. Le sens stratégique possible de l’accord de prolongation passé avec l’Eurogroupe le 21 février dernier aurait dû être de mettre à profit les quatre mois gagnés pour préparer logistiquement et politiquement la sortie.

Celle-ci est vouée à présent à s’opérer dans les plus mauvaises conditions. Il est même impossible que se fassent aussi vite l’ajustement technique du système des paiements et la conversion des espèces monétaires. Si bien qu’il y aura vraisemblablement un moment bizarre de double circulation monétaire pendant lequel des espèces émises par le système bancaire grec auront toutes les apparences de l’euro mais n’en seront pas moins des drachmes… qui en principe ne seront pas reconnues comme euros à l’extérieur alors même qu’elles leur ressembleront comme deux gouttes d’eau !

Rien de tout ça ne sera fait pour décourager le run bancaire, en fait déjà bien entamé puisqu’on évalue à 130 milliards d’euros les retraits opérés depuis janvier. Que les gens retirent des espèces si ça peut les tranquilliser, ça n’est pas le problème, en tout cas pour le système bancaire [4] : dès que la situation se stabilisera, ces fonds effectueront le mouvement inverse, et entre temps c’est la Banque de Grèce qui prendra le relais de la BCE pour maintenir les banques dans la liquidité.

C’est que cet argent prenne le large qui est un problème. Aussi un drastique contrôle des capitaux, avec contingentement des retraits, sera la mesure à prendre dès les toutes premières heures (elle est déjà prise au moment où ce texte est publié). Avec la dévaluation carabinée de la drachme qui suivra sa réintroduction, les Grecs y perdront du pouvoir d’achat international ?
Oui, et ça sera comme ça. Par définition, la conversion est une opération purement nominale qui laisse invariant le pouvoir d’achat interne … à l’inflation importée près. Or vu la dégringolade anticipée de la drachme, celle-ci sera conséquente.

La couronne islandaise qui a initialement perdu près des trois quarts de sa valeur contre euro a laissé derrière elle une inflation de 18 % en 2008. Mais les premières fluctuations sont toujours d’une ampleur extravagante, et vouées à s’ajuster plus raisonnablement à moyen terme : la couronne a été rapidement stabilisée 40 % en dessous de sa valeur de 2008, l’inflation est d’ailleurs redescendue en dessous des 5 % dès la mi-2009, elle est désormais proche de 0. Il en ira vraisemblablement de même avec la drachme.

Dans l’intervalle il faudra peut-être ajouter au contrôle des capitaux un dispositif de protectionnisme ciblé dans les marchés de biens et services. C’est que la balance courante grecque à très court terme va devenir déficitaire. Or l’interruption de tout flux financier entrant interdira de la financer par la partie « compte de capital » de la balance globale, et la position extérieure nette de la Grèce va se détériorer.

Il faudra donc réduire la flambée des importations, alors que l’effet de renchérissement de leur prix devrait d’abord l’emporter sur celui de contraction des volumes.

Evidemment il est vital que les entreprises continuent d’avoir librement accès aux biens étrangers d’équipement ou de consommation intermédiaire. Le dispositif protectionniste devra donc être ciblé sur les (certains) biens de consommation (hors énergie notamment), et ceci jusqu’à ce que les exportations « réagissent » à la dévaluation de la drachme – en général dans un délai de 12 à 18 mois (de ce point de vue, la sortie de l’euro se passe au plus mauvais moment possible de l’année puisqu’il est trop tard pour que le tourisme, qui est le secteur le plus dynamique du commerce international grec, en enregistre l’effet, et qu’il faudra attendre la saison prochaine pour en recueillir les bénéfices).

L’énorme incertitude achèvera de mettre en carafe le peu d’investissement qui restait (le taux d’investissement est tombé à 12 % en 2014 [5]…). Tous ces effets ajoutés à la désorganisation initiale promettent à la croissance grecque de plonger. Il faut avoir le courage de le dire : le début va être une épreuve.

Cette épreuve n’a de sens, économiquement parlant, que parce qu’elle ouvre par ailleurs de nouvelles opportunités et restaure de nombreux degrés de liberté absolument fermés dans le cadre des institutions de l’euro. En premier lieu elle permet d’en finir avec l’austérité, dont les nouvelles mesures ne relâchaient rien : la Grèce se trouvait enjointe de dégager un excédent primaire de 1 point de PIB cette année même, puis de 2 en 2016, puis de 3 en 2017, puis de 3,5 en 2018 ! Elle se trouve également soulagée des 26 milliards d’euros dus d’ici la fin 2015 à ses créanciers de toute sorte qu’elle va envoyer élégamment se faire foutre – 26 milliards d’euros [6], ça n’est pas loin de… 15 points de PIB ! Voilà à quoi la Grèce se saigne depuis tant d’années : à payer une dette que tout le monde sait insoutenable en dépit de tous ses rééchelonnements et, plus encore, dont elle ne porte pas la responsabilité ! Car les 80 points de PIB de dette pris depuis 2008 ne sont pas, comme le répète l’éditorialisme en pilotage automatique, « la dette de la Grèce » : c’est la dette de l’impéritie européenne, la dette de la plus gigantesque erreur de politique économique de l’histoire du capitalisme, la dette de l’acharnement idéologique, dit plus brièvement : la dette de la zone euro – et par conséquent la dette dont il n’est que justice que la zone euro se la carre dans le train.

Le vrai visage des « amis de l’Europe »

En écrivant en janvier que l’alternative de Syriza était de passer sous la table ou de la renverser[7] et qu’il n’y aurait pas de tiers terme, en particulier que l’idée d’obtenir quoi que ce soit des institutions européennes, ou pire encore d’engager leur transformation de l’intérieur, était un rêve de singe, il faut bien avouer qu’on n’était pas prêt à parier grand-chose sur l’hypothèse du renversement. Hic Rhodus hic salta [8] comme dit l’adage latin. Et c’est là qu’on voit les vrais hommes politiques. Pour toutes les erreurs stratégiques qu’il a commises jusqu’ici, il se pourrait bien que Tsipras en soit un. C’est qu’il faut une sacrée consistance pour faire face à ce mélange de périls et de chances qui s’offre à lui aujourd’hui – qui s’offre à lui ? non, qu’il a fait advenir en se tenant au plus près de l’essence de la politique : la proposition faite au peuple de décider souverainement.

Comme Roosevelt se déclarait fier en 1936 d’être devenu objet de haine de l’oligarchie capitaliste qu’il avait décidé de défier carrément, Tsipras peut s’enorgueillir des tombereaux d’injures que lui réserve une oligarchie d’un autre type, le ramassis des supplétifs d’une époque finissante, et qui connaitront le même destin qu’elle, la honte de l’histoire. La première chose que Jean Quatremer a cru bon de tweeter consiste en photos de queues devant les distributeurs à billets. Et d’annoncer avec une joie mauvaise : « La Grèce sera donc en faillite mardi à minuit. Accrochez-vous ! » .



On voudrait que quelque archiviste de talent, conscient de ce qui se joue d’historique ces jours-ci, s’attache à collecter tout ce qui va se dire et qui méritera de rester, tout ce que pense et dit l’oligarchie quand, à l’épreuve d’un moment critique, elle jette enfin le masque – car cette fois-ci le masque est bel et bien jeté. « La Grèce, c’est fini » titre le JDD du 28 juin, dirigé par Denis Olivennes, l’un des Gracques à qui l’on doit cette tribune à valeur de document quasi-psychiatrique publiée dans Les Echos, où l’on apprenait qu’il était urgent de « ne [pas laisser] Monsieur Tsipras braquer les banques » [9], textuellement, alors que le refus de restructurer la dette grecque jusqu’en 2012 n’a pas eu d’autres finalités que de sauver les banques allemandes, françaises, etc., ces banques où, précisément, prolifère la racaille Gracque, en effet la vraie racaille dans la société française – pas celle de Sarkozy –, ces « anciens hauts fonctionnaires socialistes » comme ils aiment à se présenter eux-mêmes, et qui en disent assez long sur l’état réel du « socialisme » français – pour ceux qui ne s’en seraient pas encore aperçus.

Bloomberg fait déjà des gorges chaudes de ce qu’on puisse envisager « sur les documents hautement techniques » de la Troïka de demander leur avis « aux mamies grecques » [10]. Mais c’est vrai, quelle idée ! La vraie démocratie est bien celle qui se contente de l’avis des économistes et des journalistes spécialisés de Bloomberg. Ou de Libération. Comme toujours les événements historiques, la sortie grecque sera un test de Rorschach en vraie grandeur, un bain photographique surpuissant. On peut le dire dès maintenant puisque la grande vidange est déjà à l’œuvre : l’oligarchie dégondée va montrer son vrai visage, et parler son vrai langage.

Jean-Louis Bourlanges sur France Culture traite Tsipras de « terroriste révolutionnaire » [11] (sic), Quatremer relaie, écumant, les errances de Kathimerini, quotidien de droite qui qualifie le référendum de « coup d’Etat de bolcheviks », formidable moment de vérité où l’on va voir sans fard qui est qui et qui dit quoi. Oui, on voudrait vraiment que tout ceci soit méticuleusement consigné, pour qu’on sache ce qu’il en aura été de la « démocratie » en Europe à l’époque de la monnaie unique. Et pour que cette belle accumulation produise l’effet qu’elle est vouée à produire : celui du ridicule mêlé d’ignominie.

Et nous ?

Par un paradoxe qui doit tout aux coups de fouet de l’adversité, il se pourrait que cette avalanche de haine, car il n’y a désormais plus d’autre mot, soit le meilleur ciment des gauches européennes, et leur plus puissant moteur. Car la guerre idéologique est déclarée. Et il faudra bien cet état de mobilisation et de colère pour supporter ce qu’il va falloir supporter. Il ne faut pas s’y tromper : sauf à ce que tout l’euro parte en morceaux à son tour, hypothèse qui n’est certainement pas à exclure mais qui n’est pas non plus la plus probable, les yeux injectés de sang d’aujourd’hui laisseront bientôt la place à l’écœurant rire triomphateur des Versaillais quand la Grèce passera par le fond du trou. Car elle y passera. Elle y passera au pire moment d’ailleurs, quand Espagnols et Portugais, sur le point de voter, se verront offrir le spectacle du « désastre grec » comme figure de leur propre destin s’ils osaient à leur tour contester l’ordre de la monnaie unique.

Ce sera un moment transitoire mais terrible, où, sauf capacité à embrasser un horizon de moyen terme, les données économiques de la situation n’offriront nul secours, et où l’on ne pourra plus compter que sur la colère et l’indignation pour dominer toutes les promesses de malheur. En attendant que se manifestent les bénéfices économiques, et plus encore politiques, du geste souverain.

Que faire entre temps pour échapper à la rage impuissante lorsqu’on n’est pas grec ? Depuis février, on a vu fleurir des initiatives de solidarité où le réconfortant le dispute au dérisoire : c’est que la version KissKiss BankBank des Brigades internationales a surtout pour effet de dire quelque chose de l’époque… En réalité l’événement offre peut-être la meilleure occasion de redécouvrir, et pour certains de découvrir tout court, que l’internationalisme réel consiste moins dans le dépassement imaginaire des nations que dans la solidarité internationale des luttes nationales.

Et dans leurs inductions mutuelles. Les Grecs sont sur le point de défier l’ordre néolibéral en son institution principale : la monnaie unique européenne. Pour nous qui souffrons des pouvoirs entièrement vendus à cet ordre, être à la hauteur de l’éclaireur grec ne réclame pas moins que de nous retourner contre nos gouvernements.

Notes
[1] Philippe Légé, « Ne laissons pas l’Europe écrire sa tragédie grecque », Note des Economistes Atterrés, 30 avril 2015.
[2] Sanjay Basu et David Stuckler, « Quand l’austérité tue », Le Monde diplomatique , octobre 2014.
[3] Inutile d’arguer des épisodes de « nationalisation » qui ont toujours été très partiels et n’ont jamais remis en cause l’essentiel, à savoir les rapports sociaux de production, inchangés même dans les enclaves de capitalisme d’Etat.
[4] C’est un problème si cet argent retiré de la circulation monétaire cesse d’animer les échanges marchands.
[5] Il était à 26 % en 2008…
[6] Dont un accord avec l’Eurogroupe n’aurait couvert que 15 milliards d’euros, et encore sans compter le déblocage fractionné, par tranches de 7,5 milliards, bien fait pour activer à chaque fois une clause de revoyure.
[7] « L’alternative de Syriza : passer sous la table ou la renverser », 19 janvier 2015.
[8] « C’est ici qu’il faut sauter » .
[9] Les Gracques, « Grèce : ne laissons pas Monsieur Tsipras braquer les banques », Les Echos, 15 juin 2015.
[10] « Tsipras Asking Grandma to Figure Out if Debt Deal is Fair », Bloomberg, 28 juin 2015.
[11] « L’esprit public », France Culture, 28 juin 2015.

Source : Frédéric Lordon, pour son blog La Pompe à phynances, le 29 juin 2015.


Edité le 04-07-2015 à 14:08:27 par Xuan




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Xuan
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Dix ans après le référendum sur le TCE, des médias toujours en campagne ? - Acrimed


Sarah Lenfant

Comme nous avons eu l’occasion de le rappeler le 29 mai dernier, jour du dixième anniversaire de la victoire du « non » au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE), le traitement médiatique de la campagne référendaire fut un modèle du genre : parti-pris éditorial pour le « oui », absence de pluralisme, éditorialistes s’érigeant comme les promoteurs de la vérité et de la raison face à un peuple infantile et infantilisé, le tout appuyé sur des sondages souvent contradictoires mais toujours commentés dans une logique à sens unique.

Le référendum passé, il n’y eut aucune réelle remise en question, au sein du champ médiatique, de ce traitement schématique de la campagne, et ce malgré les critiques. Au contraire, on a pu assister à d’étonnantes séances d’auto-justification, comme sur France Culture, France Inter ou dans Le Figaro, durant lesquelles la mauvaise foi confinait à l’aveuglement.

10 ans après, plusieurs « grands médias » ont consacré des articles, voire des dossiers, au référendum. L’occasion de revenir sur leur propre rôle et de tirer, enfin, un bilan critique ? Pas vraiment. On serait même tenté de dire que c’est le contraire qui s’est produit, comme on va le voir avec les articles parus le 29 mai 2015 dans trois « grands » quotidiens : Libération , Le Monde et Le Figaro , qui ont tous les trois consacré leur « une » (et plusieurs pages intérieures) à ce dixième anniversaire. Absence de bilan critique confirmé par le traitement, ces derniers jours, de la situation grecque, sur laquelle nous aurons rapidement l’occasion de revenir.

Dix ans après, des journalistes victimes d’amnésie

Les articles consacrés au référendum sont unanimes : les dirigeants politiques européens et français se sont efforcés de ne pas voir et écouter le camp du non, pourtant bien implanté dans la population. L’éditorial de Libération écrit par Laurent Joffrin illustre cette idée : « Mais c’est oublier la responsabilité centrale des dirigeants de l’Union. Le non était majoritaire : ils ont fait comme s’il n’existait pas » . Pas un mot toutefois, de la part de l’éditorialiste, sur le traitement médiatique caricatural de la campagne et sur son ignorance, ou son mépris, pour les partisans du « non », ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on se souvient que Laurent Joffrin ne fut pas le dernier, à l’époque, à contribuer à ce traitement biaisé…

L’éditorial du Figaro va dans le même sens et insiste sur l’aveuglement des responsables politiques de l’époque qui n’ont pas vu arriver la victoire du non. Ainsi, le journal s’interroge : « Les gouvernants de l’UE vont-ils se décider à prêter l’oreille aux aspirations des citoyens ? » . Bizarrement, l’auteur ne semble pas trouver judicieux de poser cette même question à ses confrères journalistes, ceux-là même qui s’étaient évertués à ne pas donner la parole au camp du non, ou qui s’étaient bornés à caricaturer leurs arguments. Plus loin, on lit que la victoire du « non » fut « un camouflet pour la droite comme pour la gauche » . Et pour leurs relais médiatiques ?



Même son de cloche du côté du Monde, qui consacre sa « une », ses pages 2 et 3 et une page « Débats » au dixième anniversaire du référendum. Pas un mot sur le traitement médiatique de l’époque, mais soulignons que d’après le quotidien du soir, « pas plus qu’à Paris, ce non français à la Constitution européenne, les fonctionnaires européens ne l’avaient vu venir » . Et Le Monde, qui s’était entre autres illustré par sa campagne pro-oui grâce à des pseudos-sondages en ligne, des faux scoops et des éditoriaux malhonnêtes, avait-il « vu venir » la victoire du « non » ?

Fait notable, Libération revient brièvement sur le « débat » en son sein, et notamment sur le violent éditorial de Serge July paru au lendemain du référendum. Celui-ci avait suscité de vives réactions chez nombre de lecteurs et avait été très contesté, y compris en interne [1]. Serge July voyait en effet dans la victoire du non l’expression d’un « désastre général » et d’une « épidémie de populisme ». Selon l’article du 29 mai 2015, cet éditorial et les réactions qu’il a suscitées ont en réalité révélé des désaccords pré-existants au sein de la rédaction de Libération : « Au journal, tandis que le non grimpe dans les sondages, les discussions de conférence de rédaction - et celles de couloirs aussi - deviennent tendues. Serge July, et avec lui l’essentiel de la rédaction en chef, défend le oui. Dans la rédaction, c’est loin d’être aussi net » .

Mais s’agit-il réellement d’un retour critique sur le traitement de la campagne référendaire par Libération ? Au premier abord, on pourrait en effet penser que le journal cherche à faire un examen rétrospectif des travers qui avaient caractérisé sa couverture médiatique. Toutefois, on s’aperçoit rapidement que l’article, loin d’être une critique étayée, n’est qu’une critique de façade, destinée à mettre en valeur le travail du quotidien. En effet, l’article permet non seulement de dédouaner une partie de la rédaction en rappelant qu’elle était en désaccord avec l’éditorial du 30 mai 2005, mais aussi de faire un éloge du traitement médiatique réalisé par le journal durant la campagne : « Au début, tout allait bien. Pendant le mois qui précède le vote sur le traité constitutionnel européen, Libération publie d’instructifs articles thématisés , lestés d’encadrés avec les arguments du oui et du non. Modèle d’équilibre mis en scène dans nos pages » .

Libération réalise ainsi un joli tour de passe-passe : en faisant mine de revenir sur sa couverture médiatique douteuse de 2005, on en minimise en fait les défauts. En concentrant le tir sur un éditorial de Serge July, on met en valeur le reste des productions.



À Libération, au Monde et au Figaro, si on se désolidarise des responsables politiques (avec qui on avait pourtant mené campagne en 2005), et si on pointe du doigt leur aveuglement, c’est pour mieux éviter toute réelle introspection. Une introspection qui n’aurait pas été inutile quand on voit comment, 10 ans plus tard, les mêmes « erreurs » sont reproduites lorsqu’il s’agit de revenir sur les enjeux européens.

Approximations, amalgames et simplifications sur le camp du « Non »

Pour Le Figaro, l’ensemble des électeurs ayant voté non au référendum en 2005 sont ainsi regroupés uniformément sous le vocable « euroscepticisme ». Le problème est que ce terme est pour le moins nébuleux. Il renvoie à des degrés différents de doute envers la construction européenne. Cette dénomination peut donc favoriser des amalgames quant aux différentes raisons ayant amené à voter non…

Cette simplification établie, on peut relever des « contradictions » qui n’en sont pas, en se basant sur les réponses à un sondage commandé par le journal [2]. Par exemple, on s’étonne que le non au projet de Constitution (si on votait de nouveau aujourd’hui) ait augmenté, à hauteur de 62% des Français, et qu’en même temps, 62% des Français jugent que « l’appartenance de leur pays à l’UE est une bonne chose » . Avec ce commentaire tout en finesse, dans l’éditorial déjà cité : « Cela montre qu’au-delà de leur frustration, les électeurs ont le sens des réalités » . Même celles et ceux qui ont voté non seraient donc des citoyens doués de raison ? C’est trop aimable.

Un rejet de la Constitution européenne n’est en effet pas forcément synonyme de hantise de l’Europe, il peut simplement être l’expression d’une opposition à l’Europe telle qu’elle se construit, et de la volonté de la changer. Mais avec le terme fourre-tout « euroscepticisme » et la vision manichéenne qu’il induit, une telle position n’est pas possible : on parle ainsi de « clivage entre les partisans de l’Europe et ses opposants » , éludant la possibilité que des personnes ayant voté non soient simplement favorables à une Europe différente de celle que l’on connaît aujourd’hui. À se demander si, au Figaro, on a « le sens des réalités ».

La vision du camp du non offerte par Libération n’est guère plus subtile. Certes, on reconnaît que le camp du non « a été très disparate » et qu’il existait un non de gauche et un non de droite. Ce qui n’empêche pas l’auteur de l’article « "Non" de 2005 : les répliques d’un séisme », de nous proposer une division particulièrement schématique, selon son propre aveu : « Pour faire (très) schématique : une France du haut (diplômée, urbaine, issue de la classe moyenne et supérieure) contre une France du bas (populaire, sans diplôme et périurbaine). L’une revendiquant une société ouverte sur le monde, l’autre l’idée de frontières protectrices » [3]. En résumé, le « oui » signifiait l’ouverture, et le « non » la fermeture. Vous avez dit schématique ?
Enfin, pour parfaire le discrédit du camp du non, Libération a fait appel à l’image. Le choix de sa photo de couverture ne semble en effet pas anodin.



À gauche, des partisans du non en gros plan, poings levés ou applaudissant. À droite, des électeurs favorables au oui vus de loin, formant une chaîne humaine et brandissant des drapeaux de l’UE. Ceux de gauche semblent agités, ceux de droite calmes et disciplinés. On ne sait pas si ce choix est intentionnel, mais nul doute qu’il fait son petit effet, a fortiori au vu titre-jeu-de-mots choisi : « On paie encore la fracture ». La victoire du non aurait-elle coûté si cher ?

Mettre en avant l’échec du camp du « Non » pour légitimer la prise de position pour le « Oui » ?

Dans leurs éditions du 29 mai 2015, Libération et Le Monde mettent en avant l’échec des forces partisanes du non à fédérer sur le long terme. Libération consacre en effet un article à une partie du camp du « non », au titre sans appel : « Dix ans de gâchis pour la gauche radicale ». Le journal insiste donc sur l’incapacité d’une partie des forces partisanes du non à s’inscrire dans la durée. Étonnamment, le journal n’a cependant pas consacré d’article dressant le bilan des actions menées par les partis politiques favorables au oui (PS et UMP en tête).

Les deux quotidiens mettent également en exergue les conséquences néfastes qui ont fait suite au rejet du traité. Libération nous apprend ainsi que « la victoire du non a marqué la fin du rôle moteur de la France dans la construction européenne » ou encore que « Les nonistes de gauche voulaient "une autre Europe", plus sociale. Le rejet du traité a eu pour effet de donner un coup d’arrêt à la construction d’une Union plus intégrée, à même d’imposer des règles sociales et une harmonisation fiscale » ; en d’autres termes, si l’Europe n’est pas davantage sociale aujourd’hui, c’est à cause de ceux qui prétendaient voter pour une Europe plus sociale. Curieuse logique…

Le Monde ajoute que la victoire du non a entraîné « une vraie rupture de la confiance avec les Allemands, qui ne comprenaient pas qu’on puisse rejeter le marché unique et la concurrence » . Heureusement, Le Monde est là pour convaincre ses lecteurs, 10 ans plus tard, des bienfaits du marché unique et de la concurrence (comme il le fait à longueur d’année, entre autres et notamment par une surreprésentation de la parole des économistes europhiles), en donnant la parole à Yves Bertoncini, « directeur de l’Institut Notre-Europe » [4] qui prend soin de nous rappeler les vertus des politiques d’austérité menées par Bruxelles. Ainsi, « la crise et la politique de la "troïka" ont donné l’image désastreuse d’une Europe-FMI qui fait du mal. Mais cela a permis des avancées inimaginables et qui correspondent aux idées françaises » . Ah bon ?

Et ce n’est pas tout : « De la politique volontariste de Mario Draghi, qui demande en contrepartie d’approfondir encore la zone euro, au renflouement des Etats en faillite, en passant par le soutien aux investissements (…), ces avancées sont en contradiction avec un certain nombre de dogmes économiques allemands » . Comprendre : les politiques conduites ces dernières années par l’UE sont le signe d’une inflexion de l’Allemagne dogmatique ; or le « non » avait été mal accueilli par les Allemands en raison de leurs dogmes ; donc les politiques de l’UE correspondent aux aspirations des « nonistes », qui n’avaient pas compris que ce qu’ils voulaient, c’était plus d’austérité. CQFD.
***

Ainsi, l’angle choisi pour parler du non, qui insiste sur ses incohérences supposées et sur ses conséquences néfastes, permet aux trois « grands » quotidiens de revenir sur leur couverture du référendum en évitant soigneusement de revenir sur leurs manquements déontologiques à l’époque. Qui plus est, en insistant, comme le fait Le Monde, sur les bienfaits de la construction européenne, on tente de légitimer, certes peu subtilement, le fait que l’on ait fait campagne pour le oui. En résumé : malgré les conséquences catastrophiques de la victoire du « non », la déesse Union européenne a su faire face. Rideau.
Dix ans après le référendum, dans le petit monde des grands médias eurobéats, rien ne semble avoir changé.

Sarah Lenfant (avec Julien Salingue)

Post-Scriptum : Notre ouvrage Médias en Campagne : retours sur le référendum de 2005, est toujours disponible dans notre boutique.


Edité le 04-07-2015 à 14:53:30 par Xuan




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