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 Les théocrates tibétains sèment le vent

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Xuan
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   Posté le 24-03-2008 à 14:35:33   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

J'ai déjà dit un mot sur la différence entre la Chine et l'URSS. Les situations ne sont pas comparables.
L'exemple de la loi sur les monopoles montre simplement que les rapports de domination ne sont pas actuellement inversés.
La plus value réalisée par les trust US sur les produits sous traités est cent fois plus élevée que ce qui reste au pays producteur.
C'est une erreur de confondre pays dominé et pays dominant.
Encore une fois, il faut s'appuyer sur une étude chiffrée et comparative avant d'avancer des conclusions.
Je tâcherai de préciser davantage cette question, afin d'appuyer le débat sur des faits. J'ouvrirai un sujet dès que j'aurai suffisamment avancé, CMC.

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
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   Posté le 24-03-2008 à 14:40:13   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

cinq Tibétains soupçonnés d'incendies meurtriers arrêtés


PEKIN, 24 mars 2008 (AFP) - "La police chinoise a annoncé lundi avoir arrêté cinq Tibétains soupçonnés de deux incendies criminels qui ont fait dix morts le 14 mars, lors des émeutes de Lhassa.
Une des victimes était un bébé de huit mois, a précisé Shan Huimin, porte-parole du ministère de la Sécurité publique, lors d’une conférence de presse. "Cela montre que les émeutes au Tibet n’étaient en aucun cas un mouvement pacifique, mais un acte criminel profondément violent", a ajouté Mme Shan, réaffirmant que la police chinoise n’avait pas eu recours à des armes létales ou capables de blesser pour gérer la crise. Lundi, le gouvernement tibétain en exil a publié un nouveau bilan de la répression des manifestations au Tibet et dans les régions avoisinantes, affirmant pouvoir avancer un chiffre "vérifiable d’environ 130 morts". Selon Pékin, les émeutes ont fait 19 morts — 18 civils "innocents" et un policier. La semaine dernière, la Chine avait annoncé l’arrestation de 24 personnes soupçonnées d’avoir été impliquées dans les émeutes du 14 mars. Shan Huimin n’a pas précisé si ces cinq Tibétains faisaient partie du groupe des 24."


le communiqué de Radio Chine International :
" Cinq suspects arrêtés pour incendie lors des émeutes à Lhasa
2008-03-24 19:41:27 cri
Cinq suspects ont été arrêtés pour deux affaires d'incendie volontaire lors des récentes émeutes à Lhasa, coûtant la vie à dix personnes, a dit lundi à Beijing un officiel du ministère chinois de la Sécurité publique.
Le porte-parole du ministère Shan Huimin a rendu publiques les deux affaires lors d'une conférence de presse.
Trois suspects ont été arrêtés pour avoir mis le feu à un magasin local nommé Yishion à 14h30 le 14 mars et tué ainsi cinq vendeuses.
Dans une autre affaire, deux personnes ont été arrêtées pour avoir incendié un magasin de véhicules à moteur vers 22h00 le 15 mars, tuant cinq personnes dont un bébé de huit mois.
Les émeutes ont éclaté à Lhasa le 14 mars alors que les émeutiers ont incendié et pillé des installations publiques, des bâtiments et des magasins. Les violences ont blessé 242 agents de police, selon Shan.
Shan a dit que les faits avaient prouvé que les émeutes survenues le 14 mars n'avaient rien d'une "manifestation pacifique ", mais relevaient tout à fait d'un grave accident criminel violent.
"


Edité le 24-03-2008 à 19:45:03 par Xuan




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   Posté le 24-03-2008 à 15:43:26   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Pour rebondir sur le sujet de la nature de la Chine, du Tibet etc...
je conseil la lecture du très intéressant livre de Domenico Losurdo « Fuir l’histoire ? – la révolution russe et la révolution chinoise
Ouvrage coédité par les éditions Delga et Le temps des cerises –septembre 2007-
Lire notamment: le chapitre XI. « La gauche, la Chine et l’impérialisme » page 191
Point 3. Les Etats-Unis le dalaï-lama et les bouchers indonésiens -p.198-
Point 4. La CIA et Hollywood se convertissent au bouddhisme ! –p 204-
Point 5. Le Tibet et la lutte progrès et réaction –p 207-
Point 6. Un regard sur les « dissidents » –p 214-
Point 7. La gauche, l’autodétermination et la démocratie –p 217-

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
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   Posté le 25-03-2008 à 14:42:00   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Des infos en français sont dispo sur http://www.bjinformation.com/

La télévision allemande RTL reconnaît son erreur dans sa couverture des émeutes au Tibet
http://www.bjinformation.com/Lhassa/txt/2008-03/25/content_107262.htm

Conférence de presse du 18 mars 2008
http://www.bjinformation.com/fabuhui/txt/2008-03/25/content_107224.htm

Medias étrangers : informations incorrectes
http://www.bjinformation.com/Lhassa/txt/2008-03/24/content_106835.htm

Les émeutes de Lhassa (vidéo le film des événements)
http://www.bjinformation.com/video/txt/2008-03/21/content_106191.htm

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   Posté le 26-03-2008 à 05:08:17   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lu sur http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2005-08-24%2011:39:05&log=invites

Le mythe du Tibet
Michaël Parenti


Un des meilleurs analystes de l'impérialisme US révèle les dessous du "mythe du Tibet", du Dalaï Lama et de certains aspects du bouddhisme... Comment vivait-on lorsque les moines dirigeaient le Tibet ? Quelle a vraiment été la politique de la Chine dans cette région ? Et celle de la CIA ?

L’histoire du Christianisme, celle du Judaïsme, celle de l'Hindouisme et celle de l'Islam sont fortement marquées par la violence. A travers les âges, les religieux ont toujours invoqué un mandat divin pour massacrer des infidèles, des hérétiques, et même d'autres dévots au sein de leurs propres rangs. Certaines personnes soutiennent que le Bouddhisme est différent, qu'il se distingue nettement de la violence chronique des autres religions. Certes, pour certains praticiens à l’Ouest, le Bouddhisme est plus une discipline spirituelle et psychologique qu'une théologie au sens habituel. Il offre des techniques méditatives censées promouvoir la lumière et l'harmonie en soi. Mais à l’instar de n’importe quel autre système de croyance, le Bouddhisme ne doit pas être appréhendé uniquement par ses enseignements, mais aussi en fonction du comportement effectif de ses partisans.


Le bouddhisme est-il une exception ?


Un regard sur l'histoire révèle que les organisations bouddhistes ne se sont pas abstenues d'actes violents si caractéristiques aux groupes religieux. Au Tibet, du début du dix-septième siècle jusqu’au sein du dix-huitième siècle, des sectes bouddhistes rivales se sont livrées à des affrontements armés et à des exécutions sommaires.1 Au vingtième siècle, en Thaïlande, en Birmanie, en Corée, au Japon, et ailleurs, des Bouddhistes se sont battus aussi bien entre eux qu’avec des non-bouddhistes. Au Sri Lanka, des batailles rangées au nom du Bouddhisme font partie de l'histoire cingalaise.2



Il y a juste quelques années en Corée du Sud, des milliers de moines de l'ordre bouddhiste Chogye se sont battus entre eux à grand renfort de coup de poings, de pierres, de bombes incendiaires et de gourdins, dans des batailles rangées qui ont duré plusieurs semaines. Ils rivalisaient pour le contrôle de l'ordre, le plus grand en Corée du Sud, avec un budget annuel de 9,2 millions de dollars, auquel il faut ajouter des millions de dollars en biens immobiliers ainsi que le privilège d’appointer 1.700 moines à des devoirs divers. Les bagarres ont en partie détruit les principaux sanctuaires bouddhistes et ont fait des dizaines de blessés parmi les moines, dont certains sérieusement. Le public coréen manifesta son dédain envers les deux camps, estimant que quelque soit la clique de moines qui prendrait le contrôle, "elle utiliserait les dons des fidèles pour acquérir des maisons luxueuses et des voitures onéreuses".3



Mais qu’en était-il du Dalaï-lama et du Tibet qu'il a présidé avant l'intervention chinoise en 1959 ? Il est largement répandu par beaucoup de dévots bouddhistes que l’ancien Tibet était un royaume consacré à la spiritualité, exempt de styles de vie égoïstes, de matérialisme vide et de vices corrupteurs qui infestent la société industrialisée moderne. Les mass media occidentaux, les livres de voyage, les romans et les films Hollywoodiens ont dépeint la théocratie tibétaine comme un véritable Shangri-La (paradis terrestre).



Le Dalaï-lama, lui-même, a affirmé que "l'influence pénétrante du Bouddhisme" au Tibet, "au milieu des espaces grand ouverts d'un environnement non corrompu a eu pour effet de produire une société consacrée à la paix et à l'harmonie. Nous jouissions de la liberté et du contentement."4 Une lecture de l'histoire du Tibet suggère une image différente. Au treizième siècle, l'Empereur Kublai Khan a créé le premier Grand Lama, qui devait présider tous les autres lamas à l'instar d'un pape qui préside ses évêques. Plusieurs siècles plus tard, l'Empereur de Chine a envoyé une armée au Tibet pour soutenir le Grand Lama, un homme ambitieux de 25 ans, qui s'est alors donné le titre de Dalaï (Océan) lama, dirigeant de tout le Tibet. C'est tout à fait une ironie de l’histoire : le premier Dalaï-lama a été installé par une armée chinoise.



Pour élever son autorité, le premier Dalaï-lama saisit les monastères qui n'appartenaient pas à sa secte et aurait détruit les écritures bouddhistes qui étaient en désaccord avec sa revendication à la divinité. Le Dalaï-lama qui lui a succédé a poursuivi une vie sybaritique, jouissant de la compagnie de beaucoup de maîtresses, faisant la fête avec des amis, et agissant entre autres façons considérées inconvenantes pour une divinité incarnée. Pour cela, il fut éliminé par ses prêtres. Durant 170 ans, malgré leur statut reconnu de dieu, cinq Dalaï-lama ont été assassinés par leurs grands prêtres ou par d'autres courtisans.5


Shangri-La (pour Seigneurs et Lamas)


Les religions ont eu un rapport étroit non seulement avec la violence mais aussi avec l'exploitation économique. En effet, c'est souvent l'exploitation économique qui nécessite la violence. Tel était le cas avec la théocratie tibétaine. Jusque 1959, quand le Dalaï-lama a fini de présider le Tibet, la plupart de la terre arable était toujours organisée en domaines seigneuriaux travaillés par des serfs. Même un auteur sympathisant du vieil ordre admet que "bon nombre de domaines ont appartenu aux monastères et la plupart d'entre eux ont amassé d’immenses richesses.... De plus, certains moines et lamas individuellement ont pu accumuler une grande richesse par la participation active dans le commerce et le prêt d'argent."6 Le monastère de Drepung était un des plus grands propriétaires terriens dans le monde, avec ses 185 manoirs, 25.000 serfs, 300 grands pâturages et 16.000 bergers. La richesse des monastères est allée aux lamas ayant le grade le plus élevé, beaucoup d'entre eux étant les rejetons de familles aristocratiques.



Les leaders séculiers firent aussi bien. Un exemple notable était le commandant en chef de l'armée tibétaine, qui possédait 4.000 kilomètres carrés de terre et 3.500 serfs. Il était aussi un membre du Cabinet intime du Dalaï-lama.7 Le vieux Tibet a été faussement représenté par certains de ses admirateurs Occidentaux comme "une nation qui n'a exigé aucune police parce que ses gens ont volontairement observé les lois du karma."8 En fait, il avait une armée professionnelle, bien que petite, qui a servi comme une gendarmerie en faveur des propriétaires pour maintenir l'ordre et traquer des serfs fugitifs.



De jeunes garçons tibétains ont été régulièrement enlevés à leurs familles et emmenés dans les monastères pour être formés comme moines. Une fois là, ils étaient internés à vie. Tashì-Tsering, un moine, rapporte qu’il était courant que des enfants de paysans soient sexuellement maltraités dans les monastères. Lui-même était une victime de viol répété à partir de l’âge de neuf ans.9 Les domaines monastiques enrôlèrent de force des enfants de paysans aux fins de servitude perpétuelle comme domestiques, danseurs et soldats.



Dans le vieux Tibet, il y avait un petit nombre de fermiers qui subsistaient comme une sorte de paysannerie libre, et, peut-être, en plus, 10.000 personnes qui composaient la classe moyenne constituée des familles de marchands, de commerçants et de petits négociants. Des milliers d'autres étaient des mendiants. Une petite minorité était des esclaves, la plupart du temps des domestiques qui ne possédaient rien. Leur descendance naissait dans l'esclavage.10 La plus grande partie de la population rurale - environ 700.000 sur une population totale évaluée à 1.250.000 - était des serfs. Les serfs et d'autres paysans vivaient généralement un peu mieux que les esclaves. Ils n’avaient pas de scolarité ni de soins médicaux. Ils passaient la plupart de leur temps à peiner pour les lamas de haut rang, ou pour une aristocratie foncière séculière. Leurs maîtres leur disaient quelle culture produire et quels animaux élever. Ils ne pouvaient pas se marier sans le consentement de leur seigneur ou lama. Et ils pouvaient facilement être séparé de leur famille s’il plaisait au propriétaire de les envoyer travailler dans un endroit éloigné.11



Une femme de 22 ans, elle-même une serve fugitive rapporte : "De jolies filles de serfs étaient habituellement emmenées par le propriétaire comme domestiques de maison et utilisées comme il le souhaitait". Elles "étaient juste des esclaves sans droits".12 Les serfs devaient avoir une permission pour tous leurs déplacements. Les propriétaires terriens avaient l'autorité légale pour capturer ceux qui essayaient de fuir. Un serf fugitif de 24 ans a accueilli l'intervention chinoise comme "une libération". Il affirmait que pendant le temps où il était un serf, il était soumis à un travail dur incessant, à la faim et au froid, incapable de lire ou d'écrire et ne sachant rien du tout. Après sa troisième tentative de fuite ratée, il fût impitoyablement battu par les hommes du propriétaire terrien jusqu’à ce que le sang lui coule du nez et de la bouche ; puis, ils ont versé de l'alcool et de la soude caustique sur les blessures pour augmenter la douleur.13



Les serfs étaient dans l’obligation de travailler à vie la terre du seigneur - ou la terre du monastère - sans être payés, de réparer les maisons du seigneur, de transporter sa récolte et de rassembler son bois de chauffage. Ils étaient aussi supposés fournir les animaux de transport et le transport sur demande.14 Ils étaient taxés sur le mariage, taxé sur la naissance de chaque enfant et sur chaque mort dans la famille. Ils étaient taxés sur la plantation d’un nouvel arbre dans leur terrain et sur la possession d’animaux. Il y avait des impôts pour les festivals religieux, pour le chant, la danse, le tambourinage et la sonnerie de cloche. Les gens étaient taxés quand ils étaient envoyés en prison et quand ils en sortaient. Ceux qui ne pouvaient pas trouver de travail étaient taxés pour être sans emploi et s'ils allaient dans un autre village à la recherche de travail, ils devaient payer un impôt de passage. Quand les gens ne pouvaient pas payer, les monastères leur prêtaient de l'argent à un taux d'intérêt de 20 à 50 pour cent. Certaines dettes étaient passées du père au fils et au petit-fils. Les débiteurs qui ne pouvaient pas honorer leurs obligations risquaient d’être réduits en esclavage, parfois pour le reste de leur vie.15



Les enseignements religieux de la théocratie soutenaient cet ordre de classe. Le pauvre et l’affligé apprenaient qu'ils devaient supporter leurs ennuis à cause de leurs mauvaises manières dans des vies précédentes. Donc, ils devaient accepter la misère de leur existence présente comme une rédemption karmique et en prévision de ce que leur sort s'améliorerait une fois réincarné. Le riche et le puissant, bien sûr, considéraient leur bonne fortune comme une récompense, et une preuve tangible de leur vertu dans les vies passées et présentes.


Torture et Mutilation


Au Tibet du Dalaï-lama, la torture et la mutilation - incluant l’énucléation, l’arrachage de la langue, le sectionnement du tendon du jarret et l’amputation - étaient des punitions favorites infligées aux serfs fugitifs et aux voleurs. En voyageant à travers le Tibet dans les années 1960, Stuart et Roma Gelder ont interviewé un ancien serf, Tsereh Wang Tuei, qui avait volé deux moutons appartenant à un monastère. Pour cela, il a eu les yeux énucléés et la main mutilée afin de ne plus pouvoir l’utiliser. Il explique qu'il n'est plus un Bouddhiste : "quand un saint lama leur a dit de m'aveugler, j'ai pensé qu'il n’y avait rien de bon dans la religion".16 . Bien qu’il était contraire aux enseignements bouddhistes de prendre la vie humaine, quelques contrevenants étaient sévèrement fouettés et ensuite "abandonnés à Dieu" dans la nuit glaciale pour y mourir. "Les parallèles entre le Tibet et l'Europe médiévale sont saisissantes", conclut Tom Grunfeld dans son livre sur le Tibet.17



En 1959, Anna Louise Strong a visité une exposition d'équipement de torture qui avait été utilisé par les suzerains tibétains. Il y avait des menottes de toutes les tailles, y compris de petites pour des enfants, et des instruments pour couper le nez et les oreilles, pour énucléer les yeux et pour briser les mains. Il y avait des instruments pour couper les rotules et les talons, ou paralyser les jambes. Il y avait des fers chauds, des fouets et des instruments spéciaux pour éviscérer.18



L'exposition a présenté des photographies et les témoignages des victimes qui avaient été aveuglées ou estropiées ou subi des amputations pour raison de vol. Il y avait le berger dont le maître lui devait un remboursement en yuan et du blé, mais a refusé de payer. Alors, il a pris une des vaches du maître ; pour cela, il eut les mains coupées. Un autre berger qui s'est opposé à ce que sa femme lui soit prise par son seigneur a eu les mains broyées. Il y avait les images d’activistes communistes dont le nez et la lèvre supérieure ont été coupées et celles d’une femme qui a été violée, et puis, dont le nez a été coupé en tranches.19



D’anciens visiteurs du Tibet commentent le despotisme théocratique. En 1895, un anglais, le docteur A. L. Waddell, a écrit que la population était sous la "tyrannie intolérable de moines" et les superstitions diaboliques qu’ils avaient fabriquées pour terroriser les gens. En 1904, Perceval Landon a décrit l'autorité du Dalaï-lama comme "une machine d'oppression". À peu près au même moment, un autre voyageur anglais, le Capitaine W.F.T. O'Connor, a observé que "les grands propriétaires terriens et les prêtres .. exercent chacun dans leur domaine respectif un pouvoir despotique sans aucun appel", tandis que les gens sont "opprimés par une fabrique de prêtres et de monachisme des plus monstrueuses". Les dirigeants tibétains ont "inventé des légendes dégradantes et ont stimulé un esprit de superstition" parmi le peuple. En 1937, un autre visiteur, Spencer Chapman, a écrit, "le moine lamaïste ne passe pas son temps à administrer les gens ou à les éduquer…. Le mendiant sur le bord de la route n'est rien pour le moine. La connaissance est la prérogative jalousement gardée des monastères et est utilisée pour augmenter leur influence et leur richesse."20


Occupation et révolte


Les communistes chinois ont occupé le Tibet en 1951, revendiquant la souveraineté sur ce pays. Le traité de 1951 prévoyait l'autonomie apparente sous l'autorité du Dalaï-lama, mais confiait à la Chine le contrôle militaire et le droit exclusif de conduire les relations avec l'étranger. Les Chinois disposaient aussi d’un rôle direct dans l'administration interne "pour promouvoir des réformes sociales". D'abord, ils réformèrent lentement, comptant surtout sur la persuasion comme tentative pour effectuer le changement. Parmi les premières réformes qu’ils ont appliquées, il y avait la réduction des taux d'intérêt usuraires et la construction de quelques hôpitaux et de routes. "Contrairement à la croyance populaire à l'Ouest", écrit un observateur, les Chinois "prirent soin de montrer du respect pour la culture et la religion tibétaines". Aucune propriété aristocratique ou monastique n'a été confisquée, et les seigneurs féodaux continuèrent à régner sur les paysans qui leur étaient héréditairement attachés."21



Les seigneurs et les lamas tibétains avaient vu les Chinois aller et venir au cours des siècles et avaient joui de bonnes relations avec le Generalissimo Chiang Kaishek et son pouvoir réactionnaire sur la Chine avec le Kuomintang.22 L'approbation du gouvernement Kuomintang était nécessaire pour valider le choix du Dalaï-lama et du Panchen Lama. Quand le jeune Dalaï-lama a été installé à Lhassa, c’était avec une escorte armée des troupes chinoises et un ministre chinois conformément à la tradition vieille de plusieurs siècles. Ce qui contrariait les seigneurs et lamas tibétains, c’était que ces derniers chinois étaient des communistes. C'était seulement une question de temps, ils en étaient sûrs, avant que les Communistes ne commencent à imposer leurs solutions collectivistes égalitaires au Tibet.



En 1956-57, des bandes armées tibétaines tendirent une embuscade à des convois de l'Armée Populaire de Libération chinoise. Le soulèvement reçut un appui important de la Central Intelligence Agency américaine (C.I.A.), comprenant un entraînement militaire, des camps d'appui au Népal et de nombreux ponts aériens.23 Pendant ce temps, aux Etats-Unis, la Société américaine pour une Asie libre, un front de la C.I.A., avait énergiquement fait la publicité de la cause de la résistance tibétaine avec le frère aîné du Dalaï-lama, Thubtan Norbu, qui jouât un rôle actif dans ce groupe. Le second frère aîné du Dalaï-lama, Gyalo Thondup, mis sur pied une opération de renseignements avec la C.I.A. en 1951. Il remit ça plus tard dans une unité de guérilla entraînée par la C.I.A. dont les recrues furent parachutées à nouveau au Tibet.24



Beaucoup de commandos et d’agents tibétains que la C.I.A. avait déposé dans le pays étaient les chefs de clans aristocratiques ou les fils des chefs. Pour nonante pour cent d'entre eux, on n'en entendit jamais plus parler, selon un rapport de la C.I.A. elle-même, signifiant en cela qu’ils avaient probablement étaient capturés ou tués.25 "Beaucoup de lamas et de membres séculiers de l'élite et le gros de l'armée tibétaine ont rejoint le soulèvement, mais, en général, la population ne l'a pas fait, ce qui entraîna son échec", écrit Hugh Deane.26 Dans leur livre sur le Tibet, Ginsburg et Mathos arrivent à une conclusion semblable : "Autant qu'il peut être vérifié, la plupart du peuple de Lhassa et de la campagne attenante ne rejoignis pas le combat contre les Chinois, aussi bien quand il commença qu’au cours de son déroulement."27 Finalement, la résistance s’effondra.


Les communistes entrent


Quels que furent les maux et les nouvelles oppressions introduits par les chinois au Tibet après 1959, ils ont supprimé l'esclavage et le système de servage de travail impayé et mirent un terme aux flagellations, aux mutilations et aux amputations comme méthodes de sanctions criminelles. Ils ont éliminé les nombreux impôts écrasants, commencé des projets de grands travaux et ont énormément réduit le chômage et la mendicité. Ils ont instauré l'éducation laïque, brisant ainsi le monopole de l'éducation des monastères. Ils ont mis en place la distribution d'eau courante et d'électricité dans Lhassa.28



Heinrich Harrer (il fut ultérieurement révélé que Harrer avait été un sergent dans les SS d'Hitler) a écrit un best-seller racontant ses expériences au Tibet et qui a été montré dans un film populaire de Hollywood. Il rapporta que les Tibétains qui ont résisté aux Chinois "étaient principalement les nobles, les semi-nobles et les lamas ; ils ont été punis en étant contraint de devoir exécuter les tâches les plus humbles, comme travailler sur des routes et des ponts. Ils furent encore plus humiliés par le fait de devoir nettoyer la ville avant l’arrivée des touristes". Ils ont aussi dû vivre dans un camp à l'origine réservé aux mendiants et aux vagabonds.29



En 1961, les Chinois ont exproprié les propriétés foncières tenues par les seigneurs et les lamas et ont réorganisé les paysans en centaines de communes. Ils distribuèrent des centaines de milliers d'acres à des fermiers locataires et à des paysans sans terre. Les troupeaux qui appartenaient auparavant à la noblesse ont été rendu à des collectifs de bergers pauvres. Des améliorations ont été faites dans la reproduction du bétail et des nouvelles variétés de légumes et des nouvelles souches de blé et d'orge ont été introduites ; avec des améliorations en matière d'irrigation, tout cela aurait mené à une augmentation de la production agraire.30



Beaucoup de paysans sont restés aussi religieux qu’avant, donnant l'aumône au clergé. Mais les nombreux moines qui avaient été enrôlés de force dans les ordres religieux quand ils étaient enfants étaient maintenant libres de renoncer à la vie monastique, ce que des milliers ont fait, particulièrement les plus jeunes. Le clergé restant a vécu sur des bourses modestes dispensées par le gouvernement et sur le revenu supplémentaire gagné en officiant des services de prière, des mariages et des obsèques.31



Tant le Dalaï-lama que son conseiller et frère le plus jeune, Tendzin Choegyal, ont prétendu que "plus de 1,2 millions de Tibétains sont morts en conséquence de l'occupation chinoise."32 Mais le recensement officiel de 1953 - six ans avant les sévères mesures chinoises - a enregistré la population entière résidant au Tibet au nombre de 1.274.000.33 D'autres comptes de recensement évaluent la population tibétaine ethnique dans le pays à environ deux millions. Si les Chinois avaient tué 1,2 millions de Tibétains au début des années 1960, alors des villes entières et d’importantes parties de la campagne, en fait presque tout le Tibet, auraient été dépeuplé, transformé en un champ de batailles parsemé de camps de la mort et de charniers - dont nous n'avons vu aucune preuve. Les minces forces armées chinoises présentes au Tibet n'étaient pas assez importantes pour regrouper, pourchasser et exterminer autant de personnes même si elles y avaient consacré tout leur temps en ne faisant rien d'autre.



Les autorités chinoises reconnaissent "des erreurs", particulièrement pendant la Révolution Culturelle en 1966-76 quand la persécution religieuse a atteint une haute vague tant en Chine qu'au Tibet. Après le soulèvement à la fin des années 1950, des milliers de Tibétains ont été incarcérés. Pendant le Grand bond en avant, la collectivisation obligatoire et l'agriculture de grain ont été imposées à la paysannerie, parfois avec un effet désastreux. À la fin des années 1970, la Chine a commencé à relâcher le contrôle sur le Tibet "et a essayé de réparer certains des dégâts provoqué pendant les deux décennies précédentes."34



En 1980, le gouvernement chinois a amorcé des réformes censément conçues pour accorder au Tibet un degré plus grand d'autonomie et d'auto-administration. Les Tibétains seraient dès lors autorisé à cultiver des parcelles privées, à vendre leurs surplus de moisson, à décider eux-mêmes quel produit cultiver et à garder des yaks et des moutons. La communication avec le monde extérieur était de nouveau permise et les contrôles aux frontières furent facilités pour permettre aux Tibétains de visiter des parents exilés en Inde et au Népal.35



Dans les années 1990, les Hans, le plus grand groupe ethnique comprenant plus de 95 pour cent de la population énorme de la Chine, ont commencé à se déplacer en nombre substantiel au Tibet et dans diverses provinces occidentales. Dans les rues de Lhassa et de Shigatse, les signes de la prééminence han sont aisément visibles. Les Chinois dirigent les usines et beaucoup des magasins et des stands de vente. De grands immeubles de bureaux et de grands centres commerciaux ont été construits avec des fonds qui auraient été mieux dépensés pour des usines de traitement d'eau et des logements. Les cadres chinois au Tibet ont souvent considéré leurs voisins tibétains comme arriérés et paresseux, ayant besoin d'un développement économique et d'une "éducation patriotique". Pendant les années 1990, des employés du gouvernement tibétain soupçonnés d'entretenir des sympathies nationalistes ont été licenciés et des campagnes ont été lancées pour discréditer le Dalaï-lama. Des Tibétains ont, selon certaines sources, été arrêtés, emprisonnés et soumis au travail obligatoire pour avoir mené des activités séparatistes et s'être engagé dans "la subversion" politique. Certaines des personnes appréhendées ont été retenues en détention administrative sans eau et alimentation adéquates, sans couvertures, sujettes à des menaces, des coups et d'autres mauvais traitements.36



Les règlements de planning familial chinois permettent une limite de trois enfants par familles tibétaines. (Pendant des années, les familles hans étaient soumises à la limite de l’enfant unique) Si un couple dépasse la limite, les enfants en excès peuvent être interdits d'accès à la garderie subventionnée, aux services médicaux, au logement et à l'éducation. Ces pénalités ont été appliquées de manière irrégulière et varièrent selon le district. Par ailleurs, l'histoire, la culture et la religion tibétaines sont négligées dans les écoles. Les matériels pédagogiques, quoique traduits en tibétain, se concentrent sur l'histoire et la culture chinoises.37


Élites, émigrés et la C.I.A.


Pour les lamas et les seigneurs riches, l'intervention communiste était une calamité. La plupart d'entre eux se sont enfuis à l'étranger, ainsi fît le Dalaï-lama lui-même, qui a été aidé dans sa fuite par la C.I.A. Certains ont découvert avec horreur qu'ils devraient travailler pour vivre. Pourtant, pendant les années 1960, la communauté tibétaine en exil a secrètement empoché 1,7 millions de $ par an provenant de la C.I.A. selon des documents rendus publics par le Département d'Etat en 1998. Une fois que ce fait a été rendu public, l'organisation du Dalaï-lama lui-même a publié une déclaration admettant qu'il avait reçu des millions de dollars de la C.I.A. pendant les années 1960 pour envoyer des escadrons armés d'exilés au Tibet pour saper la révolution maoïste. Le revenu annuel du Dalaï-lama dispensé par le C.I.A. était de 186.000 $. Les services secrets indiens l'ont aussi financé ainsi que d'autres exilés tibétains. Il a refusé de dire si lui ou ses frères travaillaient pour la C.I.A. L'agence s’est aussi abstenue de faire des commentaires.38



En 1995, le News & Observer de Raleigh en Caroline du Nord, a publié en couverture une photographie couleur montrant le Dalaï-lama recevant l’accolade du sénateur Républicain réactionnaire Jesse Helms, sous le titre "le Bouddhiste fascine le Héros des droits religieux".39 En avril 1999, avec Margareth Thatcher, le Pape Jean Paul II et George Bush premier, le Dalaï-lama a lancé un appel au gouvernement britannique afin qu'il libère Augusto Pinochet, l'ancien dictateur fasciste du Chili et un client de longue date de la C.I.A. et qui avait été appréhendé alors qu'il était en visite en Angleterre. Il a vivement recommandé que Pinochet ne soit pas forcé d'aller en Espagne où il était requis par un juge espagnol pour passer en justice pour des crimes contre l'humanité.



Aujourd'hui, surtout via la National Endowment for Democracy (NED) et d'autres canaux qui sonnent plus respectablement que la C.I.A., le Congrès US continue d'allouer 2 millions de $ par an aux Tibétains en Inde, plus quelques millions complémentaires pour "des activités démocratiques" dans la communauté d'exil tibétaine. Le Dalaï-lama obtient aussi de l'argent du financier George Soros, qui dirige Radio Free Europe/Radio Liberty, la radio créée par la C.I.A., ainsi que d'autres instituts.40


La question de la culture


On nous a dit que quand le Dalaï-lama gouvernait le Tibet, le peuple vivait dans une symbiose satisfaisante et tranquille avec leurs seigneurs monastiques et séculiers, selon un ordre social fondé sur une culture profondément spirituelle et non violente inspirée par des enseignements religieux humains et pacifiques. La culture religieuse tibétaine était le ciment social et le baume réconfortant qui maintenaient les lamas riches et les paysans pauvres liés spirituellement et … pour soutenir ces prosélytes qui considèrent le vieux Tibet comme un modèle de pureté culturelle, un paradis terrestre.



On peut se rappeler les images idéalisées de l'Europe féodale présentées par des catholiques conservateurs contemporains comme G. K. Chesterton et Hilaire Belloc. Pour eux, la chrétienté médiévale était un monde de paysans satisfaits vivant dans un lien spirituel profond avec leur Église, sous la protection de leurs seigneurs.41 A nouveau, nous sommes invités à accepter une culture particulière selon ses propres canons, qui signifie l'accepter tel qu'elle est présentée par sa classe privilégiée, par ceux du sommet qui en ont profité le plus. L'image du Shangri-La du Tibet n'a pas plus de ressemblance avec la réalité historique que ne l'a l'image idéalisée de l'Europe médiévale.



Quand il est vu dans toute son effroyable réalité, le vieux Tibet confirme que la culture n’est absolument pas neutre. La culture peut faire office de couverture de légitimation à une foule de graves injustices, bénéficiant à une portion de la population d’une société au grave détriment d’autres segments de cette population. Dans le Tibet théocratique, les intérêts dominants manipulaient la culture traditionnelle pour consolider leur richesse et leur pouvoir. La théocratie assimilait les pensées et les actions rebelles à des influences sataniques. Elle propageait la supposition générale de la supériorité du seigneur et de l’infériorité du paysan. Le riche était représenté comme méritant sa belle vie et le pauvre comme méritant sa misérable existence, le tout codifié en enseignements à propos de la succession karmique des vertus et des vices issus de vies passées et présenté comme l’expression de la volonté de Dieu.



Il pourrait être dit que nous, citoyens du monde laïc moderne, ne pouvons pas saisir les équations du bonheur et de la douleur, le contentement et la coutume qui caractérisent des sociétés plus traditionnellement spirituelles. Cela peut être vrai et cela peut expliquer pourquoi certains d'entre nous idéalisent de telles sociétés. Mais tout de même, un œil énucléé est un œil énucléé, une flagellation est une flagellation, et l'exploitation oppressante des serfs et des esclaves est toujours une injustice de classe brutale quels que soient ses emballages culturels. Il y a une différence entre un lien spirituel et un esclavage humain, même quand tous les deux existent côte à côte.



Bon nombre de Tibétains ordinaires souhaitent le retour du Dalaï-lama dans leur pays mais il apparaît que relativement peu souhaite un retour à l’ordre ancien qu’il représente. Une histoire publiée en 1999 dans le "Washington Post" note qu’il continue à être révéré au Tibet, mais …



... peu de Tibétains accueilleraient un retour des clans aristocratiques corrompus qui se sont enfuis avec lui en 1959, et cela comprend la plus grande partie de ses conseillers. Beaucoup de fermiers tibétains, par exemple, n'ont aucun intérêt à recéder la terre qu'ils ont gagnée pendant la réforme agraire que la Chine a imposée aux clans. Les anciens esclaves du Tibet disent qu'ils, eux aussi, ne veulent pas que leurs anciens maîtres reviennent au pouvoir.

"J'ai déjà vécu cette vie une fois auparavant", a dit Wangchuk, un ancien esclave de 67 ans qui portait ses meilleurs vêtements pour son pèlerinage annuel vers Shigatse, un des sites les plus saints du Bouddhisme tibétain. Il a dit qu'il vénérait le Dalaï-lama, mais a ajouté, "je ne peux pas être libre sous le communisme chinois, mais je suis dans de meilleures conditions que quand j'étais un esclave."42



Kim Lewis qui a étudié les méthodes de guérison avec un moine bouddhiste à Berkeley en Californie a eu l’occasion de parler longuement avec plus d’une dizaine de femmes tibétaines qui vivaient dans le bâtiment du moine. Quand elle demanda comment elles se sentaient à l’idée de retourner dans leur pays d’origine, le sentiment était unanimement négatif. Au début, Lewis pensait que leur répugnance avait un rapport avec l’occupation chinoise mais elles l’informèrent vite qu’il en était tout autrement. Elles dirent qu’elles étaient extrêmement reconnaissante "de ne pas avoir du se marier à 4 ou 5 hommes, de ne pas devoir être enceinte presque tout le temps", ou de devoir supporter des maladies sexuellement transmissibles contractées par un mari errant. Les plus jeunes femmes "étaient enchantées de recevoir une éducation et ne voulaient absolument rien à voir avec une quelconque religion, et se demandaient pourquoi les Américains étaient si naïfs". Elles racontèrent les histoires des épreuves de leur grand-mère avec des moines qui les utilisaient comme "épouses de sagesse", leur disant "qu’elles gagneraient énormément de mérites en fournissant les ‘moyens de l’éblouissement’ – après tout, Buddha avait besoin d’être avec une femme pour atteindre l’illumination".



Les femmes interviewées par Lewis parlèrent avec amertume au sujet de la confiscation de leurs jeunes garçons par les monastères au Tibet. Quand un enfant criait après sa mère, il lui était dit "Pourquoi la réclames-tu, elle t’a abandonné – elle est juste une femme." Parmi les autres problèmes, il y avait notamment "l’homosexualité endémique dans la secte Gelugpa. Tout n’était pas parfait au Shangri-la", opine Lewis."43



Les moines qui ont obtenu l’asile politique en Californie ont fait une demande pour obtenir la sécurité sociale. Lewis, elle-même une partisane pendant un temps, les a aidé pour les documents administratifs. Elle observe qu’ils continuent à recevoir des chèques de la sécurité sociale d’un montant de 550 à 700 dollars par mois avec Medicare et MediCal. En plus, les moines résident sans payer de loyer dans d’agréables appartements équipés. "Ils ne paient aucune charge, ils ont l’accès gratuit à internet avec des ordinateurs mis à leur disposition, ainsi que des fax, des téléphones fixes et portables et la télévision câblée." En plus, ils reçoivent un traitement mensuel de leur ordre. Et le centre dharma prend une collection spéciale de ses membres (tous américains), distinct de leurs devoirs de membres. Certains membres effectuent avec passion les tâches ménagères pour les moines, notamment les courses chez l’épicier, l’entretien de leurs appartements et leurs toilettes. Ces même saints hommes "ne voient aucun problème à critiquer l’obsession des Américains pour les choses matérielles".44



Soutenir le renversement de la vieille théocratie féodale par la Chine ne signifie pas applaudir à tout ce que fait l'autorité chinoise au Tibet. Ce point est rarement compris par les adhérents du Shangri-La aujourd'hui à l'Ouest.



L'inverse est aussi vrai. Dénoncer l'occupation chinoise ne signifie pas que nous devons idéaliser l'ancien régime féodal. Une complainte commune parmi les prosélytes bouddhistes à l'Ouest est que la culture religieuse du Tibet est sapée par l’occupation. Cela semble vraiment être le cas. Nombre de monastères sont fermés et la théocratie est passée dans l’histoire. Ce que je mets en doute ici est la nature soi-disant admirable et essentiellement spirituelle de cette culture d'avant l'invasion. En bref, nous pouvons préconiser la liberté religieuse et l'indépendance pour le Tibet sans devoir embrasser la mythologie d'un Paradis Perdu.



Finalement, il devrait être noté que la critique posée ici ne doit pas être considérée comme une attaque personnelle contre le Dalaï-lama. Quel que soit ses associations passées avec la C.I.A. et certains réactionnaires, il parle souvent de paix, d'amour et de non-violence. Et il ne peut lui-même être réellement blâmé pour les abus de l’ancien régime, n’ayant que 15 ans quand il s’enfuit en exil. En 1994, dans une interview avec Melvyn Goldstein, il dit en privé qu'il était depuis sa jeunesse en faveur de la construction d'écoles, "de machines" et de routes dans son pays. Il prétend qu'il pensait que la corvée (travail forcé non payé d’un serf au profit du seigneur) et certains impôts imposés aux paysans étaient "extrêmement mauvais". Et il n'aimait pas la façon dont les gens étaient surchargés avec des vieilles dettes parfois transmises de génération en génération.45 En outre, il propose maintenant la démocratie pour le Tibet, caractérisée par une constitution écrite, une assemblée représentative et d'autres attributs démocratiques essentiels.46



En 1996, le Dalaï-lama a fait un communiqué qui a du avoir un effet dérangeant dans la communauté en exil. Il dit en partie ceci :



De toutes les théories économiques modernes, le système économique marxiste est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme n’est fondé que sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est basé sur la distribution de la richesse sur une base égale et sur l'utilisation équitable des moyens de production. Il est aussi concerné par le destin des travailleurs - qui sont la majorité - aussi bien que par le destin d'entre ceux qui sont défavorisés et dans le besoin, et le marxisme se soucie des victimes de minorités exploitées. Pour ces raisons, le système m'interpelle et il semble juste ... Je me considère moi-même comme demi-marxiste et demi-bouddhiste.47



Et plus récemment, en 2001, en visitant la Californie, il a fait remarquer que "le Tibet, matériellement, est très, très en arrière. Spirituellement, il est tout assez riche. Mais la spiritualité ne peut pas remplir nos estomacs."48 Voici un message qui devrait être pris en compte par les prosélytes bouddhistes bien alimentés en Occident qui dissertent avec nostalgie sur le vieux Tibet.



Ce que j'ai essayé de défier, ce sont le mythe du Tibet, l'image du Paradis perdu d'un ordre social qui, en fait, n’était rien de plus qu'une théocratie rétrograde de servage et de pauvreté, où une minorité privilégiée vivait richement et puissamment au prix du sang, de la sueur et des larmes de la majorité. On est loin du Shangri-la.




Notes :

1. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon : China, Tibet, and the Dalai Lama (Berkeley : University of California Press, 1995), 6-16.

2. Mark Juergensmeyer, Terror in the Mind of God, (Berkeley : University of California Press, 2000), 113.

3. Kyong-Hwa Seok, "Korean Monk Gangs Battle for Temple Turf", San Francisco Examiner, December 3, 1998.

4. Dalai Lama quoted in Donald Lopez Jr., Prisoners of Shangri-La : Tibetan Buddhism and the West (Chicago and London : Chicago University Press, 1998), 205.

5. Stuart Gelder and Roma Gelder, The Timely Rain : Travels in New Tibet (New York : Monthly Review Press, 1964), 119, 123.

6. Pradyumna P. Karan, The Changing Face of Tibet : The Impact of Chinese Communist Ideology on the Landscape (Lexington, Kentucky : University Press of Kentucky, 1976), 64.

7. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 62 and 174.

8. As skeptically noted by Lopez, Prisoners of Shangri-La, 9.

9. Melvyn Goldstein, William Siebenschuh, and Tashì-Tsering, The Struggle for Modern Tibet : The Autobiography of Tashì-Tsering (Armonk, N.Y. : M.E. Sharpe, 1997).

10. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 110.

11. Anna Louise Strong, Tibetan Interviews (Peking : New World Press, 1929), 15, 19-21, 24.

12. Quoted in Strong, Tibetan Interviews, 25.

13. Strong, Tibetan Interviews, 31.

14. Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951 (Berkeley : University of California Press, 1989), 5.

15. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 175-176; and Strong, Tibetan Interviews, 25-26.

16. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 113.

17. A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet rev. ed. (Armonk, N.Y. and London : 1996), 9 and 7-33 for a general discussion of feudal Tibet; see also Felix Greene, A Curtain of Ignorance (Garden City, N.Y. : Doubleday, 1961), 241-249; Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951, 3-5; and Lopez, Prisoners of Shangri-La, passim.

18. Strong, Tibetan Interviews, 91-92.

19. Strong, Tibetan Interviews, 92-96.

20. Waddell, Landon, and O'Connor are quoted in Gelder and Gelder, The Timely Rain, 123-125.

21. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 52.

22. Heinrich Harrer, Return to Tibet (New York : Schocken, 1985), 29.

23. See Kenneth Conboy and James Morrison, The CIA's Secret War in Tibet (Lawrence, Kansas : University of Kansas Press, 2002); and William Leary, "Secret Mission to Tibet", Air & Space, December 1997/January 1998.

24. On the CIA's links to the Dalai Lama and his family and entourage, see Loren Coleman, Tom Slick and the Search for the Yeti (London : Faber and Faber, 1989).

25. Leary, "Secret Mission to Tibet".

26. Hugh Deane, "The Cold War in Tibet", CovertAction Quarterly (Winter 1987).

27. George Ginsburg and Michael Mathos, Communist China and Tibet (1964), quoted in Deane, "The Cold War in Tibet". Deane notes that author Bina Roy reached a similar conclusion.

28. See Greene, A Curtain of Ignorance, 248 and passim; and Grunfeld, The Making of Modern Tibet, passim.

29. Harrer, Return to Tibet, 54.

30. Karan, The Changing Face of Tibet, 36-38, 41, 57-58; London Times, 4 July 1966.

31. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 29 and 47-48.

32. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet", Imprimis (publication of Hillsdale College, Michigan), April 1999.

33. Karan, The Changing Face of Tibet, 52-53.

34. Elaine Kurtenbach, Associate Press report, San Francisco Chronicle, 12 February 1998.

35. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 47-48.

36. Report by the International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril (Berkeley Calif. : 2001), passim.

37. International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril, 66-68, 98.

38. Jim Mann, "CIA Gave Aid to Tibetan Exiles in '60s, Files Show", Los Angeles Times, 15 September 1998; and New York Times, 1 October, 1998; and Morrison, The CIA's Secret War in Tibet.

39. News & Observer, 6 September 1995, cited in Lopez, Prisoners of Shangri-La, 3.

40. Heather Cottin, "George Soros, Imperial Wizard", CovertAction Quarterly no. 74 (Fall 2002).

41. The Gelders draw this comparison, The Timely Rain, 64.

42. John Pomfret, "Tibet Caught in China's Web", Washington Post, 23 July 1999.

43. Kim Lewis, correspondence to me, 15 July 2004.

44. Kim Lewis, additional correspondence to me, 16 July 2004.

45. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 51.

46. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet."

47. The Dalai Lama in Marianne Dresser (ed.), Beyond Dogma : Dialogues and Discourses (Berkeley, Calif. : North Atlantic Books, 1996).

48. Quoted in San Francisco Chronicle, 17 May 2001.

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
Xuan
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à propos du "génocide culturel"

un artcle de Xinhua sur ce sujet :

Mise à jour 24.03.2008 15h17
Un tibétologiste chinois fulmine contre le terme de 'génocide culturel'
Un expert chinois sur les études tibétaines a fulminé contre les récentes déclaration du Dalaï Lama de 'génocide culturel' au Tibet ce samedi 22 mars 2008, répondant à ce dernier que le réel motif derrière ses déclarations étaient la division de la Chine et l'accession à l'indépendance du Tibet.
Les commentaires de Jin interviennent après les émeutes qui ont eu lieu dans la capitale régionale Lhassa qui a mené à la mort de 18 civiles et un policier selon les statistiques officielles chinoises.
Le gouvernement chinois accuse "la clique du Dalaï Lama" d'avoir organisé, prémédité et échafaudé les émeutes qui comprenaient des actes de violences, des pillages et des incendies volontaires, tandis que le Dalaï Lama accuse la Chine de commettre un "Génocide culturel" au Tibet.
Le rédacteur en chef du magazine bimensuel 'China's Tibet' (Le Tibet de la Chine) a dit que "La 'Clique du Dalaï Lama' sait bien comment attirer l'attention du monde en parlant du 'génocide culturel' au Tibet, car il connaît de plus en plus de gens intéressés par la culture tibétaine, mystérieuse et particulière".
Jin Zhiguo a avancé que "leurs arguments sont sans preuves", lors d'une interview exclusive avec Xinhua. Ce vieil homme de 51 ans a travaillé pour les autorités gouvernementales culturelles du Tibet de 1977 à 2003.
Pas besoin de maintenir l'esclavage des noirs aux Etats-Unis pour profiter de la musique 'blues'
Ce rédacteur en chef a dit qu"Avec le progrès social continu et l'avancement des forces productives, il est naturel que certain phénomènes culturels attachés aux moyens de production relativement arriérés disparaissent", faisant référence à la disparition progressive du transport de sel des zones des lacs vers les zones de pâturage par des bêtes de somme, yaks et moutons.
"Mais les activités culturelles étroitement liées avec le transport du sel, telles que les rituels de chants et danses ont été préservées, a-t-il dit, faisant remarquer qu'un écrivain tibétain et des journalistes télés ont enregistré cette tradition plusieurs fois centenaires dans un livre et documentaire télé.
"Nous n'avons pas besoin de maintenir l'esclavage des noirs aux Etats-Unis juste pour profiter de la musique blues", a-t-il dit. "La disparition des transports de sel par Yaks ne mènera pas à la disparition des élément culturels qui lui ont donné naissance." a-t-il affirmé.


[Source: le Quotidien du Peuple en ligne]

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
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Bob’Ménard l’ex-trotskyste décoré par Sarkozy

Le petit dictateur et président à vie de RSF Bob’ Ménard s’agite pour saboter les JO.
Ex trotskyste de la LCR, devenu mercenaire de l’impérialisme, il se vantait de n’avoir jamais été décoré. C’est désormais chose faite depuis le 24 mars, à l’occasion de la Promotion de Pâques de l'Ordre national de la Légion d'Honneur : Bob’ Ménard a été décoré par Nicolas Sarkozy.
Au prétexte de récompenser son action en faveur de l'Arche de Zoé, c'est aussi façon de cautionner officieusement la revendication de l’indépendance du Tibet et d’intriguer pour dépecer la Chine, tandis qu’officiellement la France reconnaît avec la communauté internationale que le Tibet appartient à la Chine.

Pas touche à la liberté…des magnats de la presse

Bob’ Ménard dans son livre Ces journalistes que l'on veut faire taire explique ce qui l’opposa à ses prédécesseurs, dont Jean-Claude Guillebaud. Ce dernier, soutenu par une grande partie des militants de l'association, estimait que l'association devait dénoncer, en France même, les dérives déontologiques, financières et économiques qui caractérisent l'évolution du monde médiatique (les concentrations et la restriction du pluralisme, par exemple).
Pas question, répondait Ménard. « Parce que, ce faisant, nous risquons de mécontenter certains journalistes, de nous mettre à dos les grands patrons de presse et de braquer le pouvoir économique. Or, pour nous médiatiser, nous avons besoin de la complicité des journalistes, du soutien de patrons de presse et de l'argent du pouvoir économique. » […] « nous avons décidé de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse en Bosnie ou au Gabon et les ambiguités des médias algériens ou tunisiens...mais de ne pas nous occuper des dérives françaises. »

Voilà qui a le mérite de la clarté, Bob’Ménard aurait d’ailleurs du mal à se dresser contre la mainmise de Havas, Hachette et Pinault qui sponsorisent son officine.
Aussi ses indignations sont-elles très sélectives, critiquant par exemple la participation de Ignacio Ramonet au salon du livre de la havane 2002, mais pas la fausse interview de Castro par PPDA.

Et ses déclarations péremptoires ne laissent aucun doute sur ses principes : il affirme par exemple qu'il descendrait "dans la rue pour défendre la presse FN" .
A la question « François d'Orcival a été l'un des principaux dirigeants de la mouvance nationaliste-européenne de l'extrême droite française. Il est aujourd'hui depuis le 15 décembre 2004, président de la Fédération Nationale de la Presse Française (FNPF), organisation patronale de la presse. Ce genre de nomination ne choque-t-il pas RSF' Ce n'est pas un sujet de combat pour vous' » . Il répondait : « Absolument pas. J'ai énormément d'estime pour François d'Orcival. Ses sensibilités politiques d'hier ou d'aujourd'hui ne m'intéressent pas. »
Lors de l’émission de radio Contre-expertise présentée par Xavier de la Porte sur France Culture le 16 août 2007 de 12h45 à 13h30, évoquant l’enlèvement du journaliste états-unien Daniel Pearl, il a refusé de condamner la torture infligée par les policiers pakistanais à la famille d’un suspect (c’est-à-dire à des innocents) : « … je ne dis pas, je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire … » . Puis, il a franchi le Rubicon sanglant en personnalisant : « Si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n’y aurait aucune limite pour la torture » .

Bob’ Ménard, mercenaire sans frontières de l’impérialisme

Salim Lamrani a dénoncé le silence de Reporters Sans Frontières sur le journaliste soudanais, M. Sami al Hajj torturé à Guantanamo :
« Le silence observé par l’organisation de « défense de la liberté de la presse », Reporters sans frontières (RSF), au sujet du journaliste soudanais, M. Sami al Hajj, suscite de nombreuses interrogations quant à l’impartialité de l’association dirigée par M. Robert Ménard. Toujours prompte à stigmatiser, souvent de manière arbitraire, certains pays dans la ligne de mire de Washington tels que Cuba, le Venezuela et la Chine, RSF a totalement ignoré le calvaire enduré par M. al Hajj, travaillant pour la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera. »
Ce n’est qu’après de sévères critiques et à l’occasion d’un rapport de l’ONU demandant la fermeture du camp de Guantanamo, le 13 février 2006 soit cinq ans après le début de sa détention à Guantanamo, que l’association RSF s’inquiétait enfin du sort de Sami al Hajj.

RSF s’est indignée du projet de loi vénézuélien visant à soumettre les médias au droit général, mais elle ne s’est pas préoccupée du rôle du magnat de l’audiovisuel Gustavo Cisneros et de ses chaînes de télévision dans la tentative de coup d’État militaire pour renverser le président constitutionnel Hugo Chavez

Robert Ménard a fréquenté l’extrême droite de Miami, où son associée, Nancy Pérez Crespo, a développé un véritable réseau d'agences d'information cubaine dont la prétendue indépendance est garantie par les subventions millionnaires de l'United States Agency for International Development (USAID) et de la National Endowment for Democracy (NED), organismes obéissant aux orientations de la Central Intelligence Agency (CIA).
Le groupe de Nancy Crespo est ouvertement lié à un réseau d'individus qui, tous, ont participé activement aux campagnes en faveur du terroriste international Luís Posada Carriles et pour la libération d'Orlando Bosch, le terroriste le plus dangereux du continent, selon le FBI lui-même. Ce même réseau a aussi combattu férocement le retour du petit Elian à Cuba... et a livré la Maison Blanche à George W. Bush, en trafiquant les élections en Floride du Sud.
Le 12 septembre 2006, dans une lettre ouverte « en réponse à ses détracteurs » qui dénoncent son manque d’impartialité, le financement qu’elle reçoit des Etats-Unis, et son agenda politique extrêmement semblable à celui de la Maison-Blanche. RSF écrit « Cuba est une dictature » , et accuse Fidel Castro « d’infliger à son peuple l’autocratie et la répression » . Pourtant, RSF se présente comme une association apolitique uniquement intéressée par la « défense de la liberté de la presse » .
Bob’ Ménard a fini par reconnaître, dans un Forum Internet du Nouvel Observateur, en avril 2005,
http://forums.nouvelobs.com/archives/forum_284.html
que RSF recevait bien de l’argent de fonds gouvernementaux américains via la fondation National Endowment for Democracy NED ( près de 40.000 dollars en janvier 2005). "Cela ne nous pose aucun problème" , disait-il.
RSF est également financé par le lobby anticastriste - Center for a Free Cuba - pour mener campagne contre Cuba. Le responsable de l’époque de cette organisation, Otto Reich, le champion de la contre-révolution dans toute l’Amérique latine . Le même Otto Reich, devenu secrétaire d’État adjoint pour l’hémisphère occidental, fut l’organisateur du coup d’État manqué contre le président élu Hugo Chavez ; puis, devenu émissaire spécial du président Bush, il supervisa l’opération d’enlèvement du président Jean-Bertrand Aristide.
RSF exprima son soutien au renversement du président Haitien Jean-Bertrand Aristide, le 29 février 2004, par des forces franco-étatsuniennes et dans le même temps recevait 11 % de son budget du gouvernement français (397.604 euros pour 2003). Selon un journaliste basé à Haiti, Kevin Pina, l’organisation n’a parlé que des attaques contre les radios d’opposition, tout en ignorant les attaques contre d’autres journalistes et animateurs, afin de créer l’impression d’une violence d’état provoquée par les partisans d’Aristide. RSF a chaleureusement applaudi des deux mains le coup de force en titrant bruyamment : « La liberté de presse retrouvée : un espoir à entretenir »
Les liens avec l’Open Society Institute de Georges Soros et avec Saatchi & Saatchi, propriété du 3 ème géant publicitaire mondial, Publicis, qui s'occupe gratuitement de ses campagnes de communication sont aussi pointés du doigt. Par le biais de sa filiale états-unienne Starcom Media West, Publicis est l'agence publicitaire chargée de la nouvelle image de l'Armée des Etats-Unis en Europe et dans le monde.
Parmi les contributeurs de RSF, figurent aussi, avec Sanofi Aventis, Benetton, CFAO, le Groupe Zeta, Center for a Free Cuba, National Endowment for Democracy, des groupes comme la Fondation Internationale pour la Liberté et la Fondation pour l'Analyse et les Etudes Sociales, présidée par José Maria Aznar, ainsi que des organisations comme la Fondation Nationale Cubaine Américaine, Hewlett Packard, la Fondation de France, la Fondation Hachette, la Fondation Soros, la Fondation Real Network, les Editions Atlas, la Société Espagnole de Radiodiffusion (SER), l'Open Society Institute ou encore Serge Dassault, François Pinault et Jean-Luc Lagardère, notoires fabricants d'armes.
http://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=2795&var_recherche=rsf
Cette affiche en dit long sur les sympathies de RSF :

Dans son classement annuel des pays sur la liberté de la presse, RSF ne considère plus les territoires occupés sous contrôle d’Israël, mais de celui de l’Autorité palestinienne et fait donc ainsi la distinction entre les deux territoires. Ce qui a pour conséquence d'attribuer une excellente place à Israël, en dépit des exactions menées contre les journalistes dans les territoires occupés. Quant aux USA ils sont notés « à l’intérieur » et « à l’extérieur », afin de ne pas plomber les résultats « intérieurs » avec ceux en Irak.
Récemment à l'automne 2007, Bob’ Ménard se démenait pour libérer trois journalistes et des membres de l'association l'Arche de Zoé, emprisonnés au Tchad pour avoir voulu faire venir illégalement des enfants en France.

A présent il s’est personnellement impliqué dans la campagne de boycott et de sabotage des JO de Pékin, en faisant du tapage sur la « répression » de l’émeute sanglante organisée par la théocratie tibétaine.

Cependant, la plupart des pays se sont opposés à toute idée de boycott et soutiennent la Chine. Le président du comité international olympique (CIO) Jacques Rogge avouait lundi qu'il ne voyait pas se dessiner "d'élan" international pour un boycott.
Le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) Henri Sérandour s'est déclaré mardi opposé à toute forme de boycott des jeux Olympiques de Pékin, même celui de la cérémonie d'ouverture.
En bref, c'est l'échec.
Le bouffon Sarkozy continue de jouer les matamores, mais les gesticulations de Bob’ Ménard lundi à Olympie sont apparues comme une ridicule pantalonnade.
Il faut certainement davantage pour impressionner la Chine Populaire.
Quel sera le prochain coup d’éclat de Bob’ Ménard : un streaking place Tien An Men ???


Edité le 26-03-2008 à 21:25:14 par Xuan




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   Posté le 27-03-2008 à 04:28:22   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lire aussi l'ouvrage "La face cachée de Reporters sans frontières" de Maxime Vivas
(De la CIA aux faucons du Pentagone)
Editions Aden

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
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   Posté le 27-03-2008 à 13:26:47   Voir le profil de firewarrior (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à firewarrior   

A tous, merci pour les éclaircissement apporté sur ce fil. Très instructif et intéressant à lire. Vraiment !

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   Posté le 27-03-2008 à 13:39:42   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Bernard Kouchner et Rama Yade épinglés :

La Chine critique des officiels français sur le Tibet

La Chine a sérieusement critiqué mercredi 26 mars les commentaires de deux responsables politiques français sur les émeutes tibétaines et le Dalaï Lama, cette première répondant que les émeutes étaient un incident secessioniste et violent planifié par le politicien exilé Dalaï Lama.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a déclaré ce mardi 25 mars qu'il ne pouvait tolérer la répression sur la Région Autonome du Tibet, tandis que la secrétaire d'Etat au Droit de de L'Homme auprès du Ministère des Affaires étrangères Rama Yade a indiqué qu'elle rencontrerait certainement le Dalaï Lama si ce dernier se rendait en France.
Le porte-parole des Affaire étrangères Qin Gang a répondu "Les émeutes de Lhassa sont un incident violent et secessioniste planifié par le groupe du Dalaï Lama", lors d'une conférence de presse en réponse aux commentaires des officiels français.
Il a ajouté que le gouvernement chinois avait pris des dispositions juridiques pour réablir l'ordre à Lhassa et dans les autres zones habitées par des Tibétains.
"Tout pays disposant d'un point de vue objectif et juste devrait comprendre et soutenir les mesures visant à maintenir la stabilité sociale et garantir la sécurité et les biens des personnes", a-t-il dit.
Il a fait remarquer qu'il y avait plus d'une centaine de pays qui avait exprimé leur soutien et compréhension à la Chine des émeutes tibétaines, cela montre que la communauté internationale est derrière nous et pas derrière le groupe du Dalaï Lama et les éléments violents," a-t-il affirmé.
Qin Gang a ajouté que les émeutes à Lhassa montraient que le Dalaï Lama n'est pas vraiment une personne religieuse, mais un réfugié politique engagé dans des activités de scessession de la Chine, détruisant l'unité nationale sous le couvert de la religion et du camouflage de la paix.
"Le gouvernement chinois est fermement opposé à la visite du Dalaï Lama dans d'autres pays pour engager dans des activités scessionistes, et est opposé à ce que n'importe quel officiel de n'importe quel pays ait des contacts avec le Dalaï Lama," a -t-il conclu.


[Source: le Quotidien du Peuple en ligne le 27.03.2008 10h43]

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   Posté le 28-03-2008 à 13:58:58   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

la Chine dénonce les ingérences étrangères dans ses affaires :


La Chine s'oppose à ce que d'autres pays s'ingèrent dans les affaires du Tibet


Le porte-parole du Ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré le 27 courant lors de la conférence de presse de routine que le Tibet était depuis toujours une partie intégrante de la Chine, que les affaires du Tibet ressortissent de la politique intérieure chinoise et que le gouvernement chinois s'oppose fermement et résolument à ce que n'importe quel pays intervient dans les affaires du Tibet et s'ingère dans les affaires intérieures de la Chine.

Un journaliste a posé une question : « Un reportage affirme que le CIA (Central Intelligence Agency) des Etats-Unis ou bien d'autres réseaux internationaux plus puissants sont derrières les actes de violences commis au Tibet et les soutiennent. Le gouvernement chinois croit-il à cela ? S'il le croit, quelle attitude adopte-t-il ? »

Qin Gang a indiqué que la partie chinoise demande aux pays concernés de respecter la souveraineté de la Chine et l'intégrité de son territoire, d'observer les principes universellement reconnus qui régissent les relations internationales et de ne pas accorder, sous n'importe quelle forme et sous n'importe quelle prétexte, appui et soutien aux actes séparatistes du Dalai Lama et de sa clique.

« Le Tibet était depuis toujours une partie intégrante du territoire chinois. Quant à l'apparition de la soi-disant « indépendance du Tibet », on peut si l'on veut consulter les archives historiques concernées. Plus d'un siècle auparavant, le terme « indépendance du Tibet » n'a pas encore fait son apparition. Alors qui est le premier créateur de ce terme ? Vous pouvez si vous le voulez consulter également les archives historiques et procédez même à une enquête, cela vous permettra de faire des reportages plus véridiques et plus objectifs sur le Tibet et sur les problèmes concernant le Dalai Lama. », a-t-il dit.

Il a insisté sur la résolution et sur la capacité du gouvernement chinois de préserver la souveraineté de la Chine et de protéger l'intégrité du territoire chinois. En ce qui concerne le reportage qui dit que « le Ministre français des Affaires étrangères envisage de soulever le problème du Tibet lors de la conférence des ministres des affaires étrangères de l'Union européenne », Qin Gang a souligné que le problème du Tibet ressort totalement des affaires intérieures de la Chine et qu'il n'est permis à aucun pays de s'y ingérer. Il espère que l'Union européenne pourrait distinguer le vrai du faux et condamner les criminels qui ont commis les actes de violence, car ce sont eux qui ont violé la loi et saboter l'ordre public et ce sont eux qui ont porté préjudice à la stabilité sociale et qui ont compromis la vie des masses populaires. Il a appelé les pays de l'Union européenne à ne pas adopter une attitude à double critère sur ce problème et à ne pas lancer aucun signal erroné à la clique du Dalai Lama. Il a conclu en disant que la politique adoptée par le gouvernement central à l'égard du Dalai Lama est constante, claire, nette et précise.


[Source: le Quotidien du Peuple en ligne]

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   Posté le 28-03-2008 à 15:11:51   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lu sur http://www.marx.be/FR/em_index.htm

La question du Tibet |Archive Etudes Marxistes n°9 -1991-|

Christian Déom
http://www.marx.be/FR/cgi/emall.php?action=get_doc&id=8&doc=360

Le 10 décembre 1989, le Dalaï-Lama se rendait à Oslo pour y recevoir le Prix Nobel de la Paix.

Cet événement fut l'occasion d'une série impressionnante d'interventions médiatiques sur ce que l'on a coutume d'appeler aujourd'hui «la question du Tibet».

Beaucoup de choses ont été dites. D'autres pas. Ce que l'opinion publique en a retenu se résume en quelques sentences souvent énoncées sans le moindre souci de les étayer : «résistance pacifique d'un peuple et d'un homme à l'occupation chinoise», «politique systématique de destruction de la culture tibétaine», «le Nobel de la Paix sanctionne Beijing»...

Chacun jugera. Néanmoins, il me parait utile d'avancer ici d'autres faits, d'énoncer d'autres hypothèses et surtout de rechercher des informations vérifiables qui ont tant fait défaut dans le débat, pour autant qu'il y ait eu débat !

Les éléments d'information présentés ici le sont souvent à l'état brut. Vous voudrez bien en excuser l'auteur. Mais ils couvrent des thèmes qui me paraissent essentiels. Quelle était la nature de la société tibétaine sous le régime du Dalaï-Lama ? Le Tibet fut-il historiquement intégré à la Chine ? Quel fut le rôle de puissances étrangères dans la «question tibétaine» et dans les événements de 1950 et 1959 ?

Avant d'aborder ces questions importantes, resituons d'abord le Tibet dans son cadre géographique et humain.

Le Tibet géographique

Le Tibet est l'une des cinq Régions Autonomes de la République populaire de Chine. Il jouit de ce statut depuis 1965.

Situé à une altitude moyenne de 4.000 mètres, le «Toit du Monde» s'étend sur près de 1,2 million de km2, soit environ 39 fois la superficie de la Belgique. Géographiquement parlant, on distingue trois régions naturelles au Tibet : une zone essentiellement pastorale au Nord constituée par le plateau tibétain; au Sud, la grande vallée du fleuve Yaglung Zangpo, région agricole qui abrite les principales villes du Tibet sur les deux rives du fleuve – Lhasa, Shingatsé,... – ; enfin, l'est tibétain, couvert de forêts. Parlant de la question démographique, il convient de distinguer la population tibétaine – c'est-à-dire l'ethnie tibétaine – et la population du Tibet – c'est-à-dire les habitants de la Région autonome –. Selon le recensement de 1982, la population tibétaine s'élevait à 3,87 millions de personnes. La majorité de cette population vit à l'extérieur du Tibet : 54 pourcent dans la Région Autonome du Qinghai et dans les provinces du Gansu, Sichuan et Yunnan. 46 pourcent seulement, soit 1,786 million de tibétains habitent le Tibet proprement dit. En 1985, la Région Autonome du Tibet comptait 1,99 million d'habitants dont 71.000 de nationalité han.

Un régime féodal et théocratique

Quand nous parlons de féodalisme, nous songeons le plus souvent à une époque bien lointaine, celle du Moyen Age occidental. Au Tibet par contre, le "moyen âge", c'était encore hier ! Jusqu'en 1959 en effet, le Dalaï-Lama régna sur un régime typique de ce que la science historique qualifie de féodalisme.

La base matérielle du régime du Dalaï-Lama reposait sur la propriété foncière. On distinguait trois grandes catégories de propriétaires, fonciers : le gouvernement central de Lhasa, représenté par le Dalaï-Lama, le clergé tibétain et la noblesse séculière (voir tableau 1).

TABLEAU 1
Propriétaires fonciers Terres possédées
(en % de la superficie totale)
Gouvernement central 38
Clergé (monastères) 37
Noblesse séculaire 25

La noblesse séculière comptait grosso modo 150 à 300 familles. Parmi elles, trente familles environ représentaient l'aristocratie supérieure qui fournissait pratiquement tous les officiels laïques du gouvernement central : les de-bon, familles descendant directement des anciens rois du Tibet, les yabshi, descendant des précédents Dalaï-Lama et les mi-dra, familles anoblies pour des mérites particuliers.

Une structure sociale typique du féodalisme s'était constituée sur la base de cette propriété foncière (voir tableau 2).

Classes sociales

TABLEAU 2
% de la population totale
Noblesse 5
Clergé 15
Nomades 20
Serfs 60

Dans cette pyramide sociale, le clergé comptait pour 15 % de la population totale. Une couche sociale un peu particulière était constituée de peuplades nomades, essentiellement des éleveurs de yaks, organisées en tribus dirigées par des chefs héréditaires. Ces populations nomades – les Khampas – échappèrent pratiquement toujours au contrôle du gouvernement de Lhasa.

La majorité de la population se trouvait à l'état de servitude. On distinguait quatre catégories de serfs. Tout d'abord, les "tre-ba" ou "serfs payeurs de taxes". Responsables de certaines étendues de terres transmises de façon héréditaire, les tre-ba étaient astreints à toute une série d'obligations de service. A tout moment, ils devaient pouvoir offrir les moyens de transport nécessaires aux nobles et aux représentants du gouvernement qui devaient traverser la terre dont ils étaient responsables. Ces charges extrêmement lourdes pour les tre-ba exigeaient la mise à disposition d'animaux de trait, de guides, de logement d'étape et de nourriture pour les voyageurs. Dans un pays où n'existait pratiquement aucune infrastructure routière, ce rôle assuré par les tre-ba était d'une importance capitale pour les classes dominantes.

Contrairement au groupe précédent, les du-jong ne possédaient pas de terre et travaillaient généralement comme main-d'œuvre pour les tre-ba. Ces deux premières catégories regroupaient les serfs qui étaient propriété des monastères ou de l'aristocratie. Un troisième groupe rassemblait les serfs dont le propriétaire n'était autre que le gouvernement central de Lhasa.

Attachés au domaine du propriétaire foncier, les serfs cultivaient environ 70 % des terres sans aucune compensation, le propriétaire ne fournissant que les semences. Les trois quarts du travail du paysan tibétain étaient donc gratuits. A côté de ce droit de fermage, les serfs étaient encore astreints aux corvées – le ulag – ainsi qu'au payement d'un nombre invraisemblable de taxes diverses. Le serf ne jouissait d'aucune liberté individuelle. A sa naissance, l'enfant était automatiquement inscrit au registre des propriétés du noble ou du monastère dont sa famille dépendait. Pour subsister dans des conditions aussi pénibles, la plupart des serfs empruntaient auprès de la noblesse ou des monastères qui pratiquaient des taux usuriers allant de 16 à 20 %. Une dette contractée remontait parfois à deux ou trois générations. La vente d'un serf pour épurer la dette familiale n'était pas chose rare.

La quatrième catégorie de serfs – les langsheng – constituait la couche sociale la plus basse. Les langsheng (environ 6% de la population totale) étaient des domestiques, attachés toute leur vie à une famille pour laquelle ils travaillaient sans compensation. Leur statut héréditaire ne se différenciait guère de celui de l'esclavage.

J'en arrive au caractère le plus spécifique du féodalisme tibétain tel qu'il subsista jusqu'en 1959, la fusion intime du pouvoir religieux et du pouvoir temporel, symbolisée en dernière instance par la personne du Dalaï-Lama.

Précisons d'emblée que le bouddhisme n'est pas la religion originale du Tibet. Avant la diffusion du bouddhisme, existait au Tibet une religion populaire – le Bon – inspirée du chamanisme, où la magie tenait une place importante. Le bouddhisme ne s'implanta au Tibet qu'à partir de 7e siècle sous le règne du deuxième roi tibétain, Songtsen Gampo (620-649). Et, ironie de l'histoire, ce fut principalement sous l'influence de la princesse han Wen-cheng que le bouddhisme se répandit au Tibet. Rappelons que le roi Songtsen Gampo avait épousé cette fille de l'Empereur Taizong de la dynastie Tang en 641.

Que représente le Dalaï-Lama dans la conception lamaïste ? Les bouddhistes tibétains croient en la réincarnation qui permet aux êtres de progresser vers l'état de "non-désir". Parmi ceux qui arrivent aux portes du Nirvana, certains s'abstiennent d'y entrer et, par compassion pour leurs semblables, se réincarnent une nouvelle fois afin de les aider à se sauver également. Ce sont les Bodhisattva. Au Tibet, un Bodhisattva particulier, Chenrezig, est devenu le saint-patron du pays. Les Dalaï-Lama sont considérés comme les réincarnations successives de Chenrezig. Signalons au passage que "Dalaï" n'est pas un vocable tibétain mais bien mongol et signifie "océan de sagesse".

Au Tibet, la foi en la réincarnation de Chenrezig en la personne des Dalaï-Lamas poursuivait un objectif politique précis. Cette forme de succession au poste de leader religieux et temporel s'institutionnalisa à partir du 15e siècle lorsque la secte Gelugpa dominait la vie religieuse du Tibet. Elle permettait au clergé tibétain de choisir la plus haute autorité du pays tout en écartant la noblesse séculière du contrôle du pouvoir puisque seule l'élite du clergé, les lamas supérieurs, était habilitée à identifier les réincarnations religieuses.

La réincarnation étant choisie parmi des enfants en bas âge (trois à cinq ans), une longue période de gouvernement effectif était de fait assurée par des régents qui furent souvent les détenteurs réels du pouvoir. De 1751 à 1950, les régents gouvernèrent le Tibet pour 77 % du temps. Certains Dalaï-Lamas sont par ailleurs morts très jeunes, probablement empoisonnés : le 9e Dalaï-Lama est décédé à l'âge de 9 ans, le 10e à l'âge de 21 ans et le IIe à l'âge de 18ans.C'est le 12e Dalaï-Lama qui connut la fin la plus tragique, le plafond de sa chambre à coucher l'écrasa grâce, semble-t-il, aux soins attentifs de son régent (1).

Quoiqu'il en soit, même si plusieurs Dalaï-Lamas ne jouèrent qu'un rôle purement symbolique, le système s'avéra particulièrement efficace pour établir et maintenir un régime théocratique particulièrement solide. En fin de compte, rien ne pouvait se décider ni se réaliser sans l'approbation du haut clergé lamaïste et, en particulier à partir du 15e siècle, sans l'accord de la secte Gelugpa.

Mais la seule croyance en la réincarnation des Dalaï-Lamas ne peut expliquer complètement cette confortable position du clergé tibétain. La véritable épine dorsale du pouvoir religieux au Tibet était constituée par les monastères et leurs multitudes de moines. On estime généralement que les marnas représentaient de 20 à 33 % de la population mâle du Tibet. En 1959, le pays comptait 2.716 monastères et temples et 114.107 moines (2). En 1959 toujours, les trois principaux monastères de Lhasa regroupaient à eux seuls 16.500 lamas.

Les plus grands des monastères constituaient de véritables entités économiques quasiment indépendantes. Les monastères qui, rappelons-le, étaient propriétaires de 37 % des terres, possédaient également des serfs, près de 20.000 en 1954 (3).

Ils s'étaient constitués en institutions de prêt et en marchés d'échange. Parfois une garnison armée était en charge de la protection de ce patrimoine.

Une autre facteur qui peut expliquer la pérennité de ce régime est d'ordre idéologique: le Karma, une autre caractéristique du lamaïsme. Le Karma traduit l'idée que tout ce qui survient à une personne est non seulement inévitable, mais qui plus est, la conséquence de ces actes dans cette vie ou dans une vie antérieure. D'un point de vue séculier, cette doctrine est sans doute l'une des formes de contrôle social des plus ingénieuses et pernicieuses qui soient. Pour le Tibétain ordinaire, elle excluait toute possibilité de changer quoi que ce soit à son destin. Son état de servitude ne résultait pas d'un régime de propriété féodal mais bien d'actes répréhensibles commis dans une vie antérieure. A l'inverse, le propriétaire de serfs avait hérité de ce statut privilégié en récompense de mérites particuliers. A tout le moins, on ne peut guère parler d'une idéologie propice au développement des libertés individuelles !

Pour terminer ce point, il convient aussi de rappeler que plusieurs témoignages de résidents étrangers au Tibet ont confirmé la pratique de punitions corporelles et de sacrifices rituels d'un autre âge dans cette société féodale du vingtième siècle.

Etat du développement socio-économique

Le régime dont nous venons de rappeler les traits essentiels ne produisit aucun développement socio-économique digne de ce nom.

D'un point de vue sanitaire, le Tibet n'était pas réellement une région de bonne santé. On a estimé le taux de mortalité infantile de 40 à 75 % ! Le 14e Dalaï-Lama lui-même nous informe que sa mère mit au monde 16 enfants dont 9 moururent en bas âge (4). Les maladies vénériennes affectaient 90 % de la population et la variole n'épargna pas le 13e Dalaï-Lama en 1900 (5). La médecine moderne n'était pratiquée qu'au consulat indien. Quant à la médecine traditionnelle tibétaine, à côté d'aspects incontestablement valables, elle agglomérait également des pratiques telles que les saignées, l'exorcisme ainsi que la croyance au pouvoir mystique attribué à tout ce qui avait été en contact avec une personne sainte. A ce sujet, une circulaire du PCC qui faisait état de la visite du Dalaï-Lama à Beijing en 1954 rapportait avec étonnement que les excréments de tenzin Gyatso étaient recueillis dans un plateau doré et expédiés au Tibet pour y confectionner des médicaments (6). Il faut croire que le Dalaï-Lama n'accordait qu'une confiance toute relative dans les "médicaments" qu'il produisait lui-même naturellement puisqu'il recourait de préférence aux soins des médecins indiens. Pour ce qui concerne l'infrastructure économique avant 1959, il n'y avait en tout et pour tout que deux industries au Tibet : une petite centrale électrique de 10 Kw construite par les britanniques pour éclairer les 600 chambres du Palais Potala et un atelier de frappe de la monnaie locale. Pour l'ensemble du territoire, on comptait 10 km de routes ! Il faut dire que le parc automobile tibétain se réduisait aux deux voitures du Dalaï-Lama, reçues en cadeau des britanniques, et qui avaient été transportées en pièces détachées, à dos d'hommes, depuis le Sikkim.

La "Question du Tibet"

Quand cette question du Tibet est abordée, il n'est pas rare d'entendre des arguments tels que ceux-ci : "Il est vrai que Tibétains et Mongols eurent très tôt d"excellentes relations ainsi que Tibétains et Mandchous, mais ni les Mongols ni les Mandchous ne sont des Chinois !" ; ou encore : "1400 d"années d'oppression du Tibet par l'Empire chinois ne peuvent justifier l'occupation actuelle du Tibet par la République populaire de Chine."

Aussi, avant de tenter de répondre à la question de l'appartenance du Tibet à la Chine, il me paraît utile d'avancer ici trois éléments de réflexion préliminaires.

Depuis des siècles la Chine est un état multiculturel. Elle regroupe actuellement 56 nationalités différentes qui ont chacune leur langue, coutumes et traditions originales. Par ailleurs, la Chine a connu une très longue histoire d'unification, près de 2000 ans. Bien évidemment, cette évolution fut marquée de phases successives d'unification et de dislocation. Mais il n'en reste pas moins vrai que peu de pays au monde peuvent prétendre à un aussi long processus d'unification. Enfin, il convient de rappeler que durant près de 400 ans, l'histoire de la Chine s'est déroulée sous l'autorité d'ethnies minoritaires : les Mongols sous la dynastie des Yuan et les Mandchous sous la dynastie des Qing.

La Chine actuelle, et c'est là le résultat de 2000 ans d'histoire, est constituée de diverses nationalistes. Ce caractère multi-ethnique d'un pays a souvent été mis à profit par des puissances étrangères pour s'attaquer à l'intégrité territoriale de pays dominés. Rappelons-nous que le Japon entama son invasion de la Chine en 1931 en créant l'état fantoche du Mandchoukuo, le prétendu "Pays des Mandchous".

L'intégration du Tibet à la Chine

Ecrire l'histoire du Tibet se heurte à deux difficultés particulières. La première provient de l'absence d'une langue écrite au Tibet avant le 7e sciècle. C'est par ailleurs un fait étonnant pour une société coincée entre deux des plus anciennes civilisations au monde, l'Inde et la Chine. La seconde difficulté surgit au début du 20e siècle lorsque le Tibet devint l'enjeu de la rivalité entre l'empire colonial britannique et la Russie tsariste. Il s'en suivit une interprétation de l'histoire du Tibet qui contribuera largement à brouiller les cartes.

De quoi est-on certain en ce qui concerne le Tibet historique ?

Tout d'abord, nous ne disposons d'aucune évidence historique solide quanta l'existence d'une entité politique au Tibet avant le 6e siècle. C'est à cette époque qu'un chef de tribus nommé Namri Songtsen (750-620) étendit sa domination aux tribus voisines et tenta une unification qui fut parachevée par son fils Songtsen Gampo (620-649). La dynastie Tubo était née. Songtsen Gampo résolut habilement le délicat problème des relations politiques avec son puissant voisin, l'empire chinois, en épousant la fille de l'Empereur Taizong, la princesse Wencheng. Cette première relation formelle entre les deux sociétés ne traduisait pas encore une quelconque intégration du Tibet à l'Empire chinois. Mais elle fut le point de départ d'une suite continue d'échanges politiques et culturels entre les deux Etats. Laprincesse Wencheng était accompagnée d'artisans hans et de lettrés qui contribuèrent à l'interpénétration des deux cultures. Les fresques et peintures que l'on peut admirer actuellement au Palais Potala en témoignent. Rappelons également que la diffusion du bouddhisme au Tibet fut fortement influencée par cette présence chinoise. Sur le plan politique, sous la dynastie Tang, on enregistra 158 missions tibétaines à la cour impériale et la signature de huit traités de relations préférentielles entre les deux Etats.

Après 840, la première phase de la diffusion du bouddhisme s'achève au Tibet et l'on assiste à un retour en force des adeptes du Bon. Les bouddhistes tibétains sont persécutés. Le Tibet sombre alors dans une longue période de dissensions internes. Presque parallèlement, la dynastie Tang s'éteint elle aussi. Il faut attendre le 13e siècle pour assister à une évolution profonde des relations entre les deux nations. A cette époque, les armées musulmanes se répandent en Inde. Le Tibet, totalement désuni, n'est pas en mesure d'affronter ces conquérants du sud. A la fois pour éviter la conquête par les troupes mongoles et pour disposer d'un allié puissant contre les armées musulmanes, les autorités tibétaines envoyèrent en 1206 une mission de soumission à Genghis Khan. Aucun acte officiel ne résulta de cette démarche avant le milieu du 13e siècle. En 1271, Koubilaï Khan, petit-fils de Genghis Khan, réunifie l'Empire chinois et fonde la dynastie des Yuan. Son règne marque l'intégration effective du Tibet à la Chine. En 1260, Koubilaï Khan nomme Phagspa, chef de la secte sakya, au titre de "guoshi", c'est-à-dire ministre chargé des affaires religieuses ; dix ans plus tard, il lui confère le titre de ministre sous l'autorité de l'empereur pour administrer les affaires politiques du Tibet. Ces deux mesures politiques marquent également le début de la fusion du pouvoir religieux et temporel au Tibet.

Pour l'essentiel, la dynastie Ming conservera le système d'administration du Tibet mis en place par ses prédécesseurs.

A cette époque, le titre de Dalaï-Lama n'existe pas encore au Tibet. En 1357 naît un personnage qui jouera un rôle déterminant pour l'avenir du Tibet. Il se nomme Zonggaba. Bouddhiste fervent, il entreprend de réformer le lamaïsme en fondant à cette fin une nouvelle secte, les Gelugpa. Très vite ce courant réformateur s'imposera en fondera deux des plus grands monastères de la région de Lhasa, le Drepung et le Sera. C'est à ce moment également que Zonggaba établit le principe de succession au titre de leader religieux du Tibet par la voie des réincarnations de Chenrezig. Ce système ne fut effectif qu'après la mort de Gedun Truppa, le disciple de Zonggaba. En 1578, Anda Khan, roi mongol sous l'autorité de l'empereur chinlis invita Sonam Gyatso, la plus haute autorité de la secte Gelugpa à l'époque, à prêcher le bouddhisme en Mongolie. Suite à sa conversion, Anda Khan attribua à Sonam Gyatso le titre de troisième Dalaï-Lama, les titres de premier et deuxième Dalaï-Lama étant conférés à titre posthume à Gedun Truppa et Gedun Gyatso.

Le quatrième Dalaï-Lama, Yonten Gyatso, symbolise le mieux l'étroite relation qui existait alors entre Mongols et Tibétains, puisqu'il était lui-même mongol de la famille de Anda Khan.

La Dynastie mandchoue des Qing qui succéda aux Ming confirma le titre au cinquième Dalaï-Lama et perfectionna l'intégration du Tibet à l'Empire chinois en créant un gouvernement local – le Gasha – et en stationnant en permanence deux émissaires impériaux, les Amban. Un accord connu sous le nom d'"Accord en 28 Articles" réglera pour la suite les relations politiques entre le Tibet et la Chine jusqu'en 1911. Trois points essentiels sont à retenir de cet accord. Premièrement, les affaires politiques du Tibet seront désormais traitées en concertation entre le Dalaï-Lama, le Panchen Lama et les Amban. Deuxièmement, les hauts fonctionnaires du Gasha seront proposés par le Dalaï-Lama et les Amban et soumis à l'approbation de l'Empereur. Enfin, toutes les affaires extérieures du Tibet seront du ressort de l'Empereur.

C'est là un des documents essentiels quant à l'intégration effective du Tibet à la Chine.

Certains argumenteront que les liens politiques qui ont existé entre le Tibet et l'Empire chinois étaient très lâches et ne peuvent guère être pris en considération. Je répondrai que ces liens étaient typiques de ceux qui ont existé entre pratiquement tous les Etats féodaux du monde. On ne peut imaginer des relations politiques stables entre Etats qui ne sont en rien comparables à nos Etats modernes. Avec ces mêmes arguments on pourrait également mettre en cause l'identité de plusieurs Etats occidentaux contemporains. Par ailleurs, au Tibet même, les liens qui ont existé entre le gouvernement de Lhasa et certaines régions du Tibet étaient encore plus lâches, notamment pour la région de Kham par exemple.

L'indépendance du Tibet ?

Si les faits historiques rappelés précédemment paraissent relativement incontestables, comment dès lors expliquer la genèse de cette notion d'un "tibet indépendant" régulièrement mise en avant depuis l'exil du Dalaï-Lama ?

On peut croire qu'elle est, pour une part, le produit direct des visées de certaines puissances étrangères sur le Tibet à la fin du 19e siècle. A cette époque, le Tibet est à la croisée de trois grands Empires: l'Empire colonial britannique, l'Empire russe et l'Empire mandchou qui se caractérise alors par un état de grande faiblesse politique.

D'un côté, les Britanniques tentent de s'ouvrir le vaste marché chinois par la côte est, essentiellement le port de Canton. Les conséquences en sont connues: guerres de l'opium et traités inégaux imposés à la Chine. Rappelons également qu'à l'époque, l'Empire colonial anglais occupe l'Inde; en 1816, le Népal devient protectorat britannique; en 1846, le Kashmir et le Ladakh sont annexés ; en 1861, le Sikkim devient protectorat anglais et, en 1865, c'est au tour du Bouthan. Côté ouest, l'objectif des Britanniques est d'ouvrir trois routes commerciales vers la Chine : Burma-Yunnan, Kashmir-Xinjiang et Inde-Tibet-Sichuan.

Par ailleurs, la Russie tsariste convoite également le "Toit du Monde". En 1880, George Nathaniel Curzon, gouverneur général des Indes et architecte de la politique anglaise au Tibet, expose clairement l'enjeu de cette rivalité : "La suzeraineté chinoise sur le Tibet est une fiction, une affectation politique. Si nous ne faisons rien au Tibet, nous verrons la Russie tenter d"y établir un protectorat dans moins de dix ans. Cela pourrait ne pas constituer un danger militaire, en tout cas pour quelques temps, mais ce serait un danger politique pour ses effets sur le Népal, le Sikkim et le Bouthan. Nous pouvons empêcher un protectorat russe au Tibet en nous y prenant avant eux." (7)

Le diagnostic de Lord Curzon était correct quant à l'incapacité dans laquelle se trouvait à l'époque l'Empire chinois d'exercer effectivement son contrôle sur le Tibet. Qui donc comblerait le premier ce vide politique ? La réponse ne se fit guère attendre. En 1904, les troupes britanniques entrent au Tibet et occupent Lhasa. Cette position étant acquise, la Grande-Bretagne signait avec la Russie tsariste, en 1907, la convention de Saint-Pétersbourg. Tandis que la Grande-Bretagne reconnaissait les intérêts particuliers de la Russie en Mongolie, l'Empire russe admettait ceux de la Grande-Bretagne au Tibet. La seconde clause de ce traité nous intéresse plus particulièrement ici. Elle stipulait que "en conformité avec le principe admis de la suzeraineté de la Chine sur le Tibet, la Grande-Bretagne et la Russie s"engagent à ne pas entrer en négociations avec le Tibet sans passer par l'intermédiaire du gouvernement chinois".

Les termes de cette clause sont intéressants à deux égards. D'un part, ils démontrent l'obligation pour la Russie et la Grande-Bretagne de reconnaître l'autorité chinoise sur le Tibet. D'autre part, il est significatif de constater que ce soit le terme "suzeraineté" et non pas "souveraineté" qui est utilisé pour décrire cette autorité. C'est la première fois dans l'histoire du Tibet que le terme "suzeraineté" est employé dans un document officiel. Cette notion de suzeraineté signifie qu'un Etat dépendant, ici le Tibet, jouit d'une certaine autonomie pour ses affaires intérieures mais reste sous le contrôle d'un Etat plus puissant, en l'occurrence la Chine, pour les affaires extérieures et de défense. Ce terme modifie totalement la notion de souveraineté qui décrit, quant à elle, une situation où la Chine exerce un contrôle total sur le Tibet.

Il va sans dire qu'aucun gouvernement chinois n'a jamais reconnu cette convention de Saint-Pétersbourg.

Quatre ans après la signature de ce traité éclatait en Chine la révolution de 1911. Une période d'instabilité s'en suivit qui amena Londres à de nouvelles négociations avec Pékin sur la question du Tibet. Le 17 août 1912, Londres adresse un ultimatum à Yuan Chekai, alors président de la République chinoise. Le document britannique exigeait un retrait des officiels et de l'armée chinois du Tibet, condition sine qua non de la reconnaissance de la nouvelle République chinoise par la Grande-Bretagne. Dans un premier temps, Yuan Chekai rejettera cet ultimatum. Mais il se verra contraint d'entamer des négociations avec Londres lorsque le gouvernement britannique menacera de s'entendre directement avec les seules autorités tibétaines. La conférence tripartite de Simla en Inde, en octobre 1913, aboutira à un traité, non ratifié par la partie chinoise, établissant la ligne Mac-Mahon et transformant de fait le Tibet en protectorat britannique.

Le rôle des Etats-Unis dans l'histoire récente du Tibet

Cette notion de l'indépendance du Tibet sera remise au goût du jour par les Etats-Unis au lendemain de la proclamation de la RPC en octobre 1949. Mais nous n'en sommes pas encore là.

Dans les années quarante, la position américaine officielle sur la question du Tibet est sans ambiguïté. Nous la trouvons exprimée entre autres dans une note diplomatique datée du 15 mai 194 3 et adressée par les Etats-Unis au gouvernement britannique : "Pour sa part, le gouvernement des Etats-Unis n"oublie pas le fait que le Gouvernement chinois a depuis longtemps affirmé sa suzeraineté sur le Tibet et que la Constitution chinoise reprend le Tibet parmi les régions constituant le territoire de la République chinoise. Notre gouvernement n'a, à aucun moment, soulevé une seule question quant à l'une ou l'autre de ces affirmations." (8)

N'oublions pas qu'à l'époque les Etats-Unis soutiennent le régime de Tchang Kai Chek dans la guerre contre le Japon et, par la suite, contre les troupes de Mao Zedong.

Mais la seconde moitié des années quarante est le théâtre de changements politiques majeurs dans l'Est asiatique : en Chine, les troupes communistes gagnent du terrain; en Inde, au Vietnam, aux Philippines et en Birmanie, des mouvements d'indépendance nationale se développent. Progressivement, la politique extérieure de Washington va s'adapter à cette situation nouvelle. En janvier 1947, George R. Merrel, chargé d'affaires de l'Ambassade américaine à New-Dehli, envoie un cable à Washington dans lequel il exprime ses vues sur le Tibet : "Le Tibet se trouve dans une position stratégique d"une importance inestimable tant du point de vue idéologique que du point de vue géographique. Face à la possibilité d'une situation anarchique dans l'est asiatique, le Tibet et son peuple hautement conservateur pourraient agir comme un rempart contre la propagation du communisme à travers l'Asie, un îlot de conservatisme au milieu d'un océan d'agitation politique, et de plus, à l'ère de la guerre nucléaire, il pourrait s'avérer être le plus important territoire de toute l'Asie." (9)

Et G. Merrel concluait en argumentant que les avantages retirés d'un geste amical envers Lhasa contrebalanceraient sans peine les difficultés politiques qu'il pourrait susciter vis-à-vis de Tchang Kai Chek. Si les vues de Merrel étaient prémonitoires, il n'en reste pas moins vrai que jusqu'en 1950, l'attitude américaine ne se modifie pas sur la question. En témoigne par exemple l'attitude des Etats-Unis à l'occasion de la visite d'une délégation commerciale tibétaine en 1947. Cette délégation se rendit dans plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, munie de passeports tibétains, donc sans valeur. En décembre 1947, l'Ambassade américaine à New-Dehli reçoit la directive que si la délégation tibétaine se présente pour obtenir des visas américains, ceux-ci devraient lui être délivrés sous la "forme 257", c'est-à-dire une procédure standard appliquée lorsque les requérants présentent des passeports d'un gouvernement que les Etats-Unis ne reconnaissent pas. Et, pour lever toute ambiguïté, l'Ambassade américaine à Nankin informe Tchang Kai Chek que : "Il n"y avait aucune raison de croire que la délivrance des visas indiquait un quelconque changement de la politique américaine sur la question de la souveraineté sur le Tibet." (10)

Mais au fur et à mesure de l'imminence de la victoire communiste en Chine, le nouveau point de vue de Washington se précise. Quelques mois seulement avant la proclamation de la RPC en octobre 1949, Ruth Bacon, attaché au Bureau des Affaires de l'Est Asiatique du Département d'Etat déclarait : "Dans l'éventualité d'une victoire communiste en Chine, les Etats-Unis devrait ne plus considérer le Tibet sous l'autorité de la Chine." Et elle invitait son gouvernement à établir des "covert relations" avec le Tibet "tout en évitant de donner T'impression que les Etats-Unis pourraient avoir des prétentions sur le Tibet". (11)

Cette déclaration, comme d'autres de la même époque, montre à suffisance que le nouveau point de vue américain ne repose en aucune manière sur une quelconque adhésion morale à l'indépendance du Tibet mais s'inscrit dans le cadre de la croisade anti-communiste que Washington s'apprête à lancer tous azimuts.

C'est en 1950 que débutèrent de façon évidente les opérations de soutien des Etats-Unis au Tibet. Durant l'été 1950, des instructions sont données au Ministère de la Coordination Politique (l'administration chargée des opérations secrètes) pour "initier une guerre psychologique et des opérations paramilitaires contre le régime communiste. (...) L"objectif est d'entretenir et de soutenir des éléments anti-communistes tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la Chine en vue d'étendre la résistance au gouvernement de Pékin." (12)

Entre 1950 et 1953, ces opérations consistèrent notamment à former une centaine d'agents chinois reconduits clandestinement en territoire chinois pour y mener des actes de sabotage et un travail de recrutement de ressortissants de minorités nationales tout le long de la frontière sud de la Chine, depuis le Nord-Est de l'Inde jusqu'au Laos. (13)

Mais revenons un peu en arrière. Le premier octobre 1949, la RPC est proclamée. Certaines régions restent encore à libérer: Taiwan, l'île de Hainan et le Tibet. Rétrospectivement, il semble que le nouveau gouvernement n'avait pas envisagé d'envoyer l'armée au Tibet. Pékin suivait une autre stratégie consistant à négocier avec des personnalités tibétaines favorables à la réunification et à s'appuyer sur celles-ci pour gagner d'autres couches de la population à cette cause. Zhu De, commandant en chef de l’APL, était en charge de ces négociations. Mais l'agitation anti-chinoise au Tibet avait déjà gagné du terrain. Elle atteignit son paroxysme avec l'assassinat en août 1950 d'un envoyé tibétain de Beijing, le lama Ge-da, rallié à la voie de l'unification du Tibet à la RPC. C'est peu après ces événements, le 7 octobre 1950 exactement, que l'APL reçut l'ordre d'entrer au Tibet. Quatre jours plus tard, les troupes rentraient à Chamdo où eurent lieu les seuls affrontements qui firent environ 200 morts (14). A Lhasa même, on n'enregistra pas de combats.

Sous la pression d'une partie du haut clergé, le Dalaï-Lama avait fui à Yatung, petite cité proche de la frontière indienne. A ce moment précis, les efforts des Etats-Unis se concentraient sur un seul objectif : son exil. Mais le Dalaï-Lama revint à Lhasa et donna son accord pour l'envoi de deux délégations tibétaines à Beijing. Les négociations se poursuivirent durant un mois et débouchèrent sur la signature de l’"Accord en 17 points" le 23 mai 1951, accord ratifié par le Dalaï-Lama. La concession du régime socialiste était de ne rien changer aux prérogatives de l'ancienne classe dominante du Tibet et de ne pas entreprendre de réformes socio-économiques sans l'accord préalable du Dalaï-Lama. Cette politique est concrétisée dans les articles 4, 7 et 11 de l’"Accord en 17 points" : "4. L"autorité centrale n'apportera pas de modification au système politique en place au Tibet. Elle n'apportera pas non plus de modification aux statuts et prérogatives préétablis du Dalaï-Lama. Les fonctionnaires aux différents échelons continueront à assumer leurs fonctions comme à l'ordinaire. (...) 7. La politique de liberté des croyances religieuses stipulée dans le Programme commun de la Conférence consultative politique du peuple chinois sera appliquée. Les croyances religieuses, les mœurs et les coutumes du peuple tibétain seront respectées, et les monastères lamaïques seront protégés. L'autorité centrale n'effectuera pas de changement quant au revenu des monastères. (...) 11. Touchant les différentes réformes du Tibet, aucune contrainte ne sera exercée par l'autorité centrale. Le gouvernement local du Tibet entreprendra les réformes de sa propre initiative, et lorsque le peuple soumettra des demandes de réforme, la question sera réglée au moyen de consultations avec le personnel dirigeant du Tibet."

Pour en terminer avec ce point des événements de 1950 et de l’" Accord en 17 points", citons encore cette directive du CC du PCC qui montre la prudence extrême avec laquelle le régime socialiste envisageait les réformes au Tibet : "Actuellement, pour T'application intégrale de l'Accord, nous ne disposons pas de bases matérielles, ni d'appui dans les masses, ni de soutien dans les couches sociales supérieures. Son application forcée apporterait plus de préjudices que d'avantages. Puisqu'ils ne veulent pas appliquer l'Accord, eh bien, renonçons pour le moment ; (...) Qu'ils poursuivent leurs agissements cruels contre le peuple, tandis que nous nous consacrerons à des tâches bénéfiques telles que la production, le commerce, la construction des routes, le service sanitaire et le front uni, cela afin de gagner les masses, et lorsque les conditions auront été réunies, nous aborderons la question de l'application totale de l'Accord. S'ils estiment inopportune la création des écoles primaires, nous pouvons aussi l'interrompre." (15)

La Rébellion de 1959

Depuis quelques années, un certain nombre de documents officiels américains sont déclarés "déclassés", c'est-à-dire accessibles. Ils apportent la preuve que la rébellion de 1959 était préparée de longue date. D'anciens responsables des services secrets américains ont confirmé ces faits, ainsi qu'un des dirigeants des rebelles Khampas, un dénommé Wangdu (16).

Sur base de ces diverses sources, on peut avancer avec certitude que la CIA fut impliquée dans les événements du Tibet depuis 1956 au plus tard. Gyalo Thondup, frère aîné de l'actuel Dalaï-Lama, organisa la première mission d'entraînement de six Tibétains à Taiwan, pour le compte de la CIA (17). Fin 1958, un premier parachutage d'armes fut effectué dans les territoires des Khampas. Il incluait 100 fusils d'origine britannique, 20 mitrailleuses, 2 mortiers 55 mm, 60 grenades à main et des munitions (19). On sait également que d'autres Tibétains furent entraînés par la suite au Colorado, à Camp Haie, par un vétéran Marine de la Seconde Guerre mondiale, l'instructeur Anthony Poe (18).

L'exil du Dalaï-Lama restait l'objectif de la stratégie américaine et devait servir de point de ralliement aux opposants au régime de Beijing.

Venons-en aux événements proprement dits. En août 1958, des rebelles Khampas commencent à arriver en masse à Lhasa et à y mener diverses activités d'agitation "ant-han". La rébellion sera déclenchée par un incident relativement mineur. Voici la première version qu'en donne le Dalaï-Lama. Le premier mars 1959, le Dalaï-Lama reçoit une lettre transmise par un émissaire chinois, l'invitant à se rendre à une représentation théâtrale dans le camp de l'APL près de Lhasa. Le Dalaï-Lama dit être sommé d'y répondre en fixant une date. Il choisit le 10 mars. Le Dalaï-Lama ajoute que dès le début cette invitation lui parut suspecte parce qu'elle n'avait pas été acheminée par les canaux habituels et... "une rumeur se répandit aussitôt à travers la ville que les Chinois avaient mis au point un plan pour me kidnapper. Durant la soirée et la nuit de 9 mars, la nervosité allait croissant et le matin du lendemain, une grande partie de la population de Lhasa avait spontanément décidé d"empêcher à tout prix ma visite au camp des Chinois" (20).

La version chinoise est sensiblement différente. Selon eux, le Dalaï-Lama aurait lui-même fixé la date du 10 mars sans y être contraint et cela un mois avant les faits. La version chinoise fut ridiculisée durant des dizaines d'années et qualifiée de propagande jusqu'au jour où un ancien membre de l'entourage du Dalaï-Lama en confirma l'exactitude. Interviewé en 1981, le Dalaï-Lama reconnut que sa version originale des faits était incorrecte (21).

Poursuivons le fil des événements. Le matin du 10 mars, une foule estimée de 10.000 à 30.000 personnes s'est rassemblée devant le Norbulingba, le Palais d'été où se trouve alors le Dalaï-Lama. Qu'elle est, à ce moment précis, la position du Dalaï-Lama ? Nous la connaissons avec précision grâce à un échange de lettres, du 11 au 15 mars, entre le Dalaï-Lama et le Général Tan Guansan, Commissaire politique de l'APL au Tibet. Le 11 mars, le Dalaï-Lama écrit : "Des éléments réactionnaires sont en train de mener des actions qui mettent ma vie en danger sous prétexte de garantir ma sécurité." (22) Le 15 mars, nouvelle lettre du Dalaï-Lama au général Tan : "Je suis en train de tracer une ligne de démarcation entre les gens progressistes et ceux qui s"opposent à la révolution au sein des officiels de mon gouvernement. Dans quelques jours, quand j'aurai suffisamment de forces auxquelles je peux faire confiance, je me rendrai au Commandement du camp militaire." (23) Et le lendemain, il charge l'un de ses proches de requérir l'aide chinoise pour se rendre au camp de l'APL.

Deux éléments intéressants sont à relever de cette correspondance.

D'une part, les sentiments exprimés par le Dalaï-Lama démontrent que durant ces journées tumultueuses, sa position est nettement en opposition à la rébellion qui couve. D'autre part, l'entourage du Dalaï-Lama est manifestement divisé sur la tournure des événements.

Le Dalaï-Lama était-il conscient de ce qui se tramait et de l'enjeu de son exil éventuel vers l'Inde ? On peut en douter. Il faut savoir en effet que le Dalaï-Lama était entièrement coupé du monde extérieur et que les seules informations qu'ils pouvait en avoir passaient obligatoirement par ses conseillers.

Quoiqu'il en soit, le 15 mars, sa position est de rester à Lhasa.

C'est alors que survient, le 17 mars, l'incident qui provoquera le déclenchement de la rébellion. A 4h de l'après-midi, deux obus de mortier sont tirés en direction du Palais d'été et s'écrasent misérablement dans un marais tout proche. La rumeur se répand que les Chinois sont en train de bombarder le palais. C'est à ce moment que le Dalaï-Lama décide, dans la précipitation, de s'enfuir déguisé en moine. Il franchira la frontière indienne le 31 mars.

Cette fuite était-elle improvisée ? Le Dalaï-Lama pouvait en avoir l'impression.

Mais plusieurs témoignages semblent prouver le contraire. Richard Bessel, ancien responsable des opérations clandestines de la CIA, reconnaît que le Dalaï-Lama n'aurait pu réussir cette expédition vers l'Inde sans l'aide d'agents préparés à cette éventualité. On sait par le Dalaï-Lama lui-même qu'un Khampas équipé d'un radio-émetteur l'accompagna durant tout le périple.

Reste encore la question du tir des deux obus. Aux dires du Dalaï-Lama, ils auraient été tirés du camp militaire chinois. L'affirmation paraît peu crédible. Si l'on en croit la lettre datée du 15 mars, le Dalaï-Lama était sur le point de se rendre au camp de l'APL et exprimait son soutien aux chinois. Pourquoi ceux-ci auraient-ils tiré sur le palais, provoquant de la sorte un retournement de situation qui ne pouvait que leur être défavorable ? Il paraît plus logique de penser que le tir d'obus provenait des émeutiers Khampas.

Pour en terminer avec ces événements, précisons encore qu'après la fuite du Dalaï-Lama, les combats entre l'APL et les Khampas se poursuivirent encore quelques jours à Lhasa et dans la région de Loka. Selon les sources chinoises, ces affrontements auraient fait quelques centaines de victimes ; le Dalaï-Lama estime quant à lui ce chiffre à quelques milliers.

Le Tibet après 1950

Selon les termes de l'Accord en 17 points, les structures sociales et les prérogatives des élites tibétaines ne pouvaient être remises en cause lors de l'intégration du Tibet à la RPC. De fait, durant les dix premières années, l'effort se concentra sur le développement économique. L'une des toutes premières préoccupations des Chinois fut d'ouvrir le Tibet au reste de la Chine en traçant trois routes qui devaient permettre un trafic régulier. La première reliant Lhasa à la province du Sichuan sur 2.400km traverse 14 cols. La deuxième, inaugurée en 1954, permet d'atteindre le Qinghai après 2.100km. La troisième enfin ouvre le Tibet sur la Région autonome du Xingiang au bout de ses 1.200km. Signalons que le Tibet ne supporta aucun frais pour le tracé de ces trois artères. Sur le plan de la scolarisation, 78 écoles primaires étaient ouvertes en 1957 à 6.000 écoliers. Un millier de jeunes tibétains furent également envoyés dans divers instituts des minorités nationales. Il s'agissait pour la Chine de donner une formation accélérée aux futurs cadres tibétains.

C'est au lendemain de la rébellion de 1959 que les réformes sociales et politiques furent entreprises. L'ancien gouvernement local céda la place au Comité préparatoire pour la Région autonome du Tibet et de nouvelles structures administratives étaient créées aux divers échelons.

La réforme la plus importante fut sans nul doute la redistribution des terres aux anciens serfs et l'abolition parallèle de toutes les anciennes formes de servage.

Entre 1966 et 1976, le Tibet, comme le reste de la Chine, vit déferler la vague des gardes rouges de la Révolution

Culturelle. Monastères, temples et monuments historiques furent démantelés sous l'action des gardes rouges ou de jeunes Tibétains ralliés au mouvement. Tous les aspects de la vie religieuse et des coutumes tibétaines furent frappés d'interdit. Malgré les tentatives de Zhou En-lai pour empêcher ces actions inconsidérées, le pire ne fut pas évité. En 1987, la revue chinoise "Beijing Information" citait quelques chiffres tristement éloquents (24) : avant 1959, le Tibet comptait 2.716 monastères et temples et 114.107 lamas ; en 1966, il ne restait que 553 monastères et temples et 6.913 lamas.

Malgré les efforts importants consacrés actuellement par le gouvernement chinois pour tenter de réparer ces dégâts, il est certain que les blessures infligées au Tibet et à ses habitants durant celte période prendront beaucoup de temps à se cicatriser.

En guise de conclusion

Le Prix Nobel de la Paix est devenu une arme idéologique dans les mains des puissances impérialistes pour imposer leur conception de la «paix» et des «droits de l'homme» aux peuples qui luttent pour leur libération et le socialisme. En 1989, le Nobel de la Paix a été attribué à un ancien propriétaire d'esclaves qui dirigeait l'un des régimes les plus obscurantistes du monde. Auréolé de ce prix et disposant de puissants moyens, le Dalaï-Lama joue aujourd'hui parfaitement son rôle en se présentant comme apôtre de la non-violence et défenseur de la liberté pour le Tibet. Il participe ainsi activement à la nouvelle escalade de la campagne anti-communiste qui vise à ramener la Chine à l'état de néo-colonie. Lors de l'attribution du Nobel, le Président du Comité Nobel ne put s'empêcher d'évoquer le mouvement contre-révolutionnaire de Pékin en termes significatifs : «Les événements en Chine ont rendu sa candidature (celle du Dalaï-Lama, ndlr) plus actuelle qu'auparavant. (...) Si j'étais un étudiant chinois, je soutiendrais totalement ce choix.» (25) Au vu de ces propos, il est certain que la «question du Tibet» restera dans l'avenir un thème favori des puissances impérialistes dans leurs efforts pour déstabiliser le socialisme en Chine.

(Une version abrégée du présent article est paru dans le n° 3 du bimestriel "Chine Sélection", mars 1990, de l'Association Belgique-Chine.)

Références bibliographiques.

(1) Tibet, M. Buckley, R. Strauss, Guide Arthaud, p.49
(2) Beijing Information, n°43,26/10/1987, p.22-23
(3) Commission Internationale des Juristes, La question du Tibet et la primauté du droit, Genève, 1959.
(4) Dalaï-Lama, Autobiography (London), p.19
(5) The Making of Modem Tibet, Tom Grunfeld, Zed Books Ltd, 1987, p.20
(6) Tom Grunfeld, op.cit., p.20
(7) The British Rôle in Sino-Tibetan Relations, Dr. Raghuvira, Tibetan Review, (New Dehli), 1,2,1968, p.16
(8) Tom Grunfeld, op.cit., p.81
(9) Foreign Relations of the United States, 1947, vol H. The Far East : China (Washington, US government Printing Office, 1972),p.588-592
(10) Ibidem, p.760-761
(11) Tom Grunfeld, op.cit., p.89
(12) «The CIA's Secret Opérations», Harry Rositzke, New-York, Reader's Digest Press, 1977, p. 13
(13) Tom Grunfeld, op.cit., p.97
(14) Ibidem, p. 105
(15) Oeuvres Choisies, Mao Zedong, Tome V, p.77-78
(16) Many Rebel Khampas Killed in Népal, Tibetan Review, 9, 8, 1974,p.9-10
(17) Tom Grunfeld, op.cit., pl49
(18) «Super Secret Missions : CIA Spy Teams inside Red China», M. Morrow, San Francisco Chronicle, 4/9/1970, p.24
(19) Chris Mullin, The CIA : Tibetan Conspiracy, FEER, 89, 1975
(20) Dalaï-Lama, Autobiography, London
(21) D. Norbu, The 1959 rébellion, p.88, Dalaï-Lama interview, 26/7/198 l,p.88
(22) Tom Grunfeld, op.cit., p.131
(23) Ibidem
(24) Beijing Information, n°43,26/10/1987, p.22
(25) Le Monde, 7-10-1989


Edité le 28-03-2008 à 15:35:42 par Finimore




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Lu sur http://www.michelcollon.info:80/articles.php?dateaccess=2008-03-28%2014:10:11&log=invites

5 questions à propos du soulèvement au Tibet
Peter Franssen

1. Que s'est-il réellement passé ?
2. Quel était le but des émeutes ?
3. Des médiamensonges : dans quel but ?
4. Le mouvement tibétain est-il spontané et indépendant ?
5. Toute la communauté internationale condamne-t-elle la Chine ?

Vendredi 14 mars dernier, une émeute éclatait à Lhassa, la capitale de la Région autonome du Tibet. Partout dans le monde, ces événements ont donné lieu à des protestations contre l'intervention de la police anti-émeute et l'armée chinoises.
Voici cinq questions à ce propos et, chaque fois, une esquisse de réponse.

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1. Que s'est-il réellement passé ?
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En Occident, l'opinion publique a eu l'impression que des manifestants pacifiques, sous la direction de moines, avaient défilé dans les rues pour réclamer la liberté et que la police et l'armée chinoises étaient intervenues de façon très répressive.
Entre une semaine et dix jours après les faits, il y a toujours, dans l'opinion publique, nombre de gens qui retiennent cette version des faits. Comme la présidente du parlement américain, Nancy Pelosi, numéro deux des États-Unis dans la hiérarchie politique, qui prétend que le comportement de la Chine est « un défi à la conscience du monde entier ».
( lisez l'article http://www.iht.com/articles/ap/2008/03/21/news/Pelosi-Dalai-Lama.php )
« Si nous ne parlons pas maintenant, nous n'aurons plus jamais le droit de parler », ajoute cette dame.
Le dalaï-lama l'a remerciée en disant que les États-Unis étaient « les champions de la liberté et de la démocratie ». Le dalaï-lama peut dire qu'il a de la chance d'être tibétain et de ne pas habiter, d'aventure, au Vietnam, au Laos, au Cambodge, en Afghanistan ou en Irak, pour ne citer que quelques pays contre lesquels les États-Unis, ces « champions de la liberté et de la démocratie », ont déclenché des guerres. Guerres qui, par ailleurs, ont toutes reçu le soutien de ce pacifiste à l'éternel sourire qu'est le dalaï-lama.

Deux jours après Nancy Pelosi, c'était le tour du président du parlement européen, l'Allemand Hans-Gert Poettering. « Si le gouvernement chinois suit cette ligne dure contre le Tibet, nous devons envisager un boycott des JO », a-t-il dit.
(Lisez l'article. http://www.ft.com/cms/s/0/7f31888c-f8e5-11dc-bcf3-000077b07658.html )
Auparavant, cette suggestion avait déjà été faite par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Son homologue allemand Frank Walter Steinmeier a mis en garde la Chine contre le fait que son approche de la crise compromettait les JO
(lisez l'article http://ap.google.com/article/ALeqM5h79xS2DH2a0P1VYcF_2aHikRFJtAD8VHTPG00 ).
On peut se poser des questions à propos de la bonne foi de Pelosi, Poettering, Kouchner, Steinmeier. Toutes les déclarations, reportages, films et photos des témoins directs des événements montrent précisément le contraire de ce que ces politiciens prétendent. Nous pouvons désormais affirmer avec certitude que, ce vendredi 14 mars à
Lhassa, il n'a nullement été question de manifestations, mais bien d'une émeute. Des groupes de jeunes, parfois sous la conduite de moines et armés de couteaux, de sabres, de machettes, de pierres et de cocktails Molotov, ont bouté le feu à des maisons, des commerces et des voitures. Sauf les touristes, toutes les personnes qui n'étaient pas tibétaines étaient en danger. Non seulement les Chinois Han, mais également les musulmans Hui, ont été battus, tabassés sauvagement, voire battus à mort. La violence a été extrêmement brutale et de nature ethnique et raciste.

Ci-dessous, vous pouvez lire une série de témoignages, surtout de sources occidentales.

« En face de notre hôtel, ils ont bouté le feu à quatre bâtiments ». « Au carrefour en face de mon hôtel, j'ai vu comment des Tibétains en colère criblaient des pierres des Chinois passant en scooter. Quand l'un d'eux tombait de son scooter, il se faisait horriblement tabasser. Ils étaient maltraités » , déclare un touriste hollandais dans De Volkskrant.
(Lisez l'article http://www.volkskrantreizen.nl/blogpost.php?username=reisredactie&webtitle=nederlanders_over_onluste&usergroup=redactie )
« Les vieilles personnes n'ont pas été épargnées non plus ».
Le journal français Le Parisien donne la parole au touriste canadien John Kenwood, qui raconte comment une bande a arraché un vieillard à son vélo, l'a battu à coups de poing et de pied. Un passant occidental a pu tirer le vieillard d'affaire.
(Lisez l'article http://www.leparisien.fr/home/info/international/articles/SCENES-DE-LYNCHAGE-DE-CHINOIS-PAR-DES-TIBETAINS_296267549#header )

Des images d'émeute
Voici un petit film qui montre comment un homme en furie s'en prend à un Chinois roulant en scooter.
À six ou sept reprises, il frappe le Chinois à la tête avec une pierre. D'autres se précipitent pour jeter le Chinois à bas de son scooter et ils continuent de le battre. Le Chinois tombe sur le sol et reçoit encore des coups et des pierres. Un peu plus tard, cet homme a été admis à l'hôpital. Il a perdu un oeil.
Mise en garde : le film est particulièrement choquant.
Le film : http://www.youtube.com/watch?v=Jr3vhPo0pK0

Hôpitaux et écoles n'ont pas été épargnés.
Le bilan est très lourd : 13 morts, 325 blessés, 422 magasins, 120
maisons d'habitation, 6 hôpitaux et 7 écoles ont subi des déprédations à des degrés divers.
(Lisez l'article http://english.peopledaily.com.cn/90001/90776/90882/6376824.html )

Cinq jeunes filles brûlées vives.
Un groupe de manifestants a incendié un magasin à Lhassa. Six vendeuses y travaillaient. Cinq ont péri, brûlées vives. La plus vieille avait 24 ans, la plus jeune 18 ans.
(Lisez l'article http://www.chinadaily.com.cn/china/2008-03/20/content_6553129.htm)

« Des manifestants, non. Des criminels ! ».
Le journal allemand Junge Welt dit dans un de ses titres qu'il ne s'agissait pas de manifestants, mais de criminels.
(Lisez l'article http://www.jungewelt.de/2008/03-20/059.php )

« Partout autour de moi, le feu faisait rage ».
Le journaliste Benjamin Morgan interviewe un certain nombre de touristes étrangers qui sont rentrés de la capitale tibétaine Lhassa. Les touristes avaient du mal à trouver leurs mots pour décrire les brutalités auxquelles ils avaient assisté.
(Lisez l'article http://www.smh.com.au/news/world/crackdown-as-10-burnt-to-death-in-tibet-riots/2008/03/15/1205472170804.html )

« Ils battaient les gens à coups de pierres, de couteaux de boucherie, de machettes ».
Le témoignage de l'Espagnol Juan Carlos Alonso.
(Lisez l'article http://www.straitstimes.com/Latest%2BNews/Asia/STIStory_217614.html )

Des blessés racontent.
Depuis leur lit à l'hôpital, deux musulmans racontent.
(Lisez l'article http://news.xinhuanet.com/english/2008-03/16/content_7802771.htm )

Un petit film de la BBC montre des images des événements.
Lundi (17 mars), la BBC a présenté un petit film des violences dans la capitale tibétaine Lhassa. (Visionnez le film)

Les musulmans aussi étaient agressés.
Depuis Lhassa, le journaliste James Miles témoigne de la façon dont les émeutiers s'en sont pris à tous ceux qui n'étaient pas tibétains.
(Lisez l'article http://www.economist.com/daily/news/displaystory.cfm?story_id=10870258)

« J'ai vu comment ils battaient des gens à mort ».
Un touriste danois témoigne. L'article est en danois, mais vous pouvez en lire une partie ici en anglais.
http://www.guardian.co.uk/world/feedarticle/7386817

Un touriste : « Le quartier musulman a été entièrement détruit ».
Des magasins ont été pillés, incendiés dans le quartier musulman, tout a été détruit.
(Lisez l'article http://www.arabtimesonline.com/client/pagesdetails.asp?nid=13971&ccid=18 )

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2. Quel était le but des émeutes ?
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Provoquer le gouvernement chinois

Le soulèvement était-il spontané ? Etait-ce une explosion de colère populaire qui, hélas, a mal tourné ? C’est ce que veut nous faire croire le dalaï-lama. Pourtant, des organisations extrémistes ont admis qu’elles avaient effectivement voulu et planifié ces événements. Provoquer les autorités chinoises, telle était la tactique prévue. Le 15 mars, c’est-à-dire le lendemain des événements, paraît dans The Seattle Times un article intitulé « Tester la Chine ». Tsewang Rigzin, le président de la très extrémiste Ligue de la jeunesse tibétaine, y déclare que les JO constituent une occasion unique de porter leur cause à l’attention de l’opinion mondiale : « Nous voulons tester la Chine. Nous voulons qu’elle montre son vrai visage. C’est pourquoi nous les provoquons à ce point. »
(Lisez l’article http://seattletimes.nwsource.com/html/nationworld/2004284049_tibetanalysis.html)

Ce qui était prévu s’est également déroulé sur place. Dans ce film,
http://news.cctv.com/china/20080320/107214.shtml
on voit, après environ 90 secondes, un homme armé de deux bâtons, debout sur le toit d’une voiture de police. Il dirige une bande d’incendiaires, de pillards et de lyncheurs. Cet homme est cadre de la Ligue de la jeunesse tibétaine et il est bien connu des services de police. Il est entré dans la clandestinité. Cet homme faisait partie d’un groupe de 40 Tibétains qui, un mois avant les faits, ont subi un entraînement intensif de trois jours dans la ville indienne de Dharamshala, où séjourne le dalaï-lama. L’un des formateurs n’était autre que le rédacteur en chef de The Voice of Tibet, une station de radio financée par la CIA. Les cours traitaient de l’approche des médias, de la situation au Tibet, de l’importance des jeux Olympiques, de l’importance d’une action coordonnée sur le terrain même… Vous pouvez lire l’article à ce propos ici.
http://www.phayul.com/news/article.aspx?id=19302

Deux de ces manuels de cours ont déjà été utilisés plus tôt, entre autres en Europe de l’Est. Des jeunes des organisations d’extrême droite Otpor (Serbie) et Pora (Ukraine), encadrés et formés par la CIA et d’autres services de renseignements, ont suivi ces cours en guise de préparation aux fameuses « révolutions orange ». En 2006, l’Institut Albert Einstein a traduit ces cours. L’un d’eux a été préfacé par le dalaï-lama en personne. On peut lire cette préface ici .
http://www.aeinstein.org/organizationsTibetanFDTD.html

Restaurer la théocratie
La déclaration du président de l’organisation de jeunesse ci-dessus concorde avec les objectifs de l’émeute tels qu’ils ont été fixés par cinq organisations séparatistes tibétaines. Dans ce texte, il est écrit que les cinq organisations visent à déclencher une révolte qui annoncerait la fin de « l’occupation ». Ces cinq organisations sont : le Congrès de la jeunesse tibétaine, l’Association des femmes tibétaines, le Mouvement Gu-Chu-Sum du Tibet, le Parti national démocratique du Tibet et les Étudiants pour un Tibet libre. Dans leur cahier de revendications, on peut lire qu’elles veulent le retour au Tibet du dalaï-lama, à qui « il convient de donner la place qui lui revient de droit comme dirigeant légitime du peuple tibétain ». Ces organisations veulent donc le retour de la théocratie. C’est donc la même chose que si les fondamentalistes catholiques réclamaient la restauration en Europe de l’ordre du haut moyen âge, tout « en donnant au pape sa place légitime » à la tête du pouvoir temporel.

Declaration Tibetan Uprising (Déclaration à propos de l’insurrection tibétaine), 4 janvier 08
Lire l’article... http://tibetanuprising.org/2008/03/11/background/

Choisir la voie de l’escalade dans la violence
Auprès de l’opinion publique, le mouvement tibétain passe pour être très amical et pacifiste, essentiellement spirituel et porté sur l’élévation des âmes. Mais la réalité est tout autre. Six jours après qu’il y a eu des morts à Lhassa et qu’on aurait pu espérer voir apparaître quelques tiraillements de conscience chez les instigateurs des troubles, ils surenchérissent au contraire dans la violence. Le 20 mars, des cadres des cinq organisations séparatistes mentionnées plus haut avaient une rencontre avec le dalaï-lama. Ils lui ont demandé de lancer un appel direct à la violence.

Tibetan Youth Congress meets Dalai Lama Meyul (Le Congrès de la jeunesse tibétaine rencontre le dalaï-lama), 20 mars 2008 Lisez l’article...
http://meyul.com/2008/03/20/tibetan-youth-congress-meets-dalai-lama/

Essayer de faire éclater la Chine
Certaines figures de proue du mouvement tibétain visent l’éclatement de la Chine et ils veulent que, non seulement le Tibet, mais également la Région autonome du Xinjiang et la Mongolie intérieure se séparent de la Chine. Les cinq organisations susmentionnées ont organisé une « marche de la paix » qui est partie le 10 mars de la ville indienne de Dharamsala, durera cinq mois et franchira la frontière sino-indienne au Tibet le 8 août, c’est-à-dire le jour même de l’inauguration des JO. Les Tibétains ne marchent pas seuls. Ils le font, disent-ils, « avec des gens d’autres territoires occupés comme la Mongolie et le Turkestan oriental (Xinjiang) ». Ces « territoires occupés » doivent eux aussi être libérés.

Tibetaanse Vredesmars: 'Return Home March' Passie voor de Rechten van de Mens (Marche tibétaine de la paix : « La marche du retour au pays », une passion pour les droits de l’homme), 8 mars 2008
Lisez l’article...
http://passievoormensenrechten.web-log.nl/passie_voor_mensenrechten/2008/03/127-tibetaanse.html


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3. Des médiamensonges : dans quel but ?
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La plupart des hommes politiques et des médias occidentaux ont condamné la Chine pour ce qui s’est passé à Lhassa. Mais comment réagiraient-ils si des bandes de jeunes se mettaient à piller et à incendier les magasins de l’avenue Louise, à Bruxelles ? Ne réclameraient-ils pas des interventions musclées et des sanctions sévères ? À Lhassa, la police a opéré avec une très grande retenue durant toute la journée du vendredi 14 mars. Pourtant, on peut lire que la Chine a fait montre d’une « violence excessive ». Pour faire avaler cette absurdité à l’opinion publique, divers médias ont joué un rôle peu recommandable. Ils ont voulu nous faire croire que les meurtriers et les incendiaires étaient des combattants de la liberté qu’on avait atrocement massacrés. Manifestement, ils voulaient discréditer la Chine, même s’il fallait pour ce faire user des pires mensonges.
Ce vendredi 14 mars, à Lhassa, les Tibétains étaient « abattus comme des chiens », prétend ABC
(lire ici http://www.abcnews.go.com/International/Story?id=4468783&page=4 ).

L’International Herald Tribune fait savoir à ses lecteurs que 30 Tibétains ont été abattus (lire ici). Le Sydney Morning Herald prétend de son côté que 80 Tibétains ont été abattus
(lire ici http://www.iht.com/articles/ap/2008/03/15/asia/AS-GEN-India-Tibet-Deaths.php ).

Radio Free Asia a placé un petit film sur son site Internet en prétendant que des centaines de personnes « protestaient pacifiquement à Lhassa jusqu’au moment où la police chinoise en a abattu deux ». Cette station de la CIA croit manifestement ses propres mensonges car, dans le film, on voit uniquement des voitures et des bâtiments qui sont la proie des flammes. Et pas un seul policier.
http://meyul.com/

Les médiamensonges éreintés par la critique
Les étudiants chinois à l’étranger ont été très indignés par le traitement des informations dans les médias occidentaux. Ils ont lancé un site Internet
http://www.anti-cnn.com/
et y réfutent les médiamensonges. Vous trouverez un résumé de ces mensonges et de leurs réfutations sur ce petit film de 4 minutes.
http://www.youtube.com/watch?v=uSQnK5FcKas

Reporters sans honte
Outre les milieux entourant le dalaï-lama, c’est surtout l’organisation Reporters sans frontières qui a joué un rôle prépondérant dans la campagne mensongère. RSF se prétend une organisation indépendante défendant partout la liberté de la presse et les droits de l’homme. RSF a pas mal d’influence sur les médias occidentaux, même si, en tant qu’organisation, ce n’est qu’une usine à mensonges. RSF n’a cessé de publier des articles haineux et de tenter d’imputer à la Chine les troubles et les victimes. L’organisation lance un appel en vue de boycotter les JO (lisez ici). Reporters sans frontières est dirigée et cofinancée par le service américain de renseignements, la CIA. Son patron est Robert Ménard, un homme qui entretient d’étroits liens avec la mafia de Miami. RSF dit de Cuba que « c’est la plus grande prison de journalistes au monde ». Une allégation qui a quand même de quoi vous couper le souffle car, ces quarante dernières années, 791 journalistes ont été assassinés en Amérique latine, mais pas un seul à Cuba.
(lisez ici http://www.rsf.org/article.php3?id_article=26254 ).

Robert Ménard et son équipe sont aussi très actifs contre la Chine. Ménard est l’homme qui, la semaine dernière, a perturbé la cérémonie d’ignition de la flamme olympique. Si bien des médias tombent encore dans le panneau des mensonges de Ménard, l’Unesco ne s’y trompe plus : il y a peu, cette organisation a mis un terme à son soutien de RSF et a expliqué, dans une déclaration, que RSF avait fait preuve à plusieurs reprises d’une absence d’éthique en traitant certains pays de façon très peu objective.
Lisez ici un article sur la décision de l’Unesco. http://www.cubanews.ain.cu/2008/0313fracasaintento.htm

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4. Le mouvement tibétain est-il spontané et indépendant ?
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Quelque 5,4 millions de Tibétains vivent en Chine, soit 0,4 % de la population totale du pays. Le petit et courageux David contre le grand et méchant Goliath : voilà l’image que l’on propose à l’opinion publique. Ici aussi, la vérité est tout autre. Le principal soutien du mouvement tibétain, ce sont les États-Unis et plus spécifiquement la CIA et le ministère des Affaires étrangères. Depuis un demi-siècle, le dalaï-lama entretient des rapports très étroits avec ces deux piliers de la politique étrangère américaine. C’est sur l’insistance de la CIA et en échange d’un beau paquet de dollars que le damaï-lama quitte le pays pour l’Inde et ce, malgré un accord avec le gouvernement de Beijing. Depuis des années, la CIA s’emploie à mijoter une révolte armée au Tibet. Laquelle éclate en 1959. À l’époque, la CIA a un camp d’entraînement dans le Colorado et elle y initie des centaines de Tibétains à la guérilla et au terrorisme. Ce programme se poursuit jusqu’en 1961. Mais le conflit de faible intensité (LIC) qu’entretient la CIA au Tibet se poursuit aujourd’hui encore. Seules les méthodes et les tactiques de ce LIC ont été modifiées. On peut en apprendre plus ici :
http://www.atimes.com/atimes/China/JC26Ad02.html

Un financement via la CIA

L’emprise des États-Unis sur le mouvement tibétain est évidente quand on voit que ce sont principalement les Américains qui maintiennent financièrement ce mouvement. En 1998, le journaliste Jim Mann écrit dans le journal australien The Age un article intéressant qui s’appuie sur des documents des autorités américaines. Il y est entre autres révélé que, dans les années 1960, la CIA offrait 1,7 millions de dollars par an au mouvement tibétain à l’étranger. Le dalaï-lama lui-même recevait 180.000 dollars par an de la CIA
(lisez l’article http://listserv.muohio.edu/scripts/wa.exe?A2=ind9809c&L=archives&P=14058 ).
On peut naturellement se demander quelle est la teneur démocratique du dalaï-lama lorsque les assises financières de son mouvement sont assurées par une organisation dont le palmarès s’orne de millions de morts un peu partout sur la planète.

Un financement opéré via le NED

Dans la même période et celle qui suit, la CIA est mise en cause en raison de l’application au Vietnam du programme Phoenix, qui coûte la vie à 26.000 personnes, du coup d’État contre le président Allende au Chili et du soutien aux escadrons de la mort en Amérique latine. Il s’ensuit qu’une partie des activités de la CIA sont transférées à un nouvel organisme à l’appellation cynique de National Endowment for Democracy (NED, Dotation nationale en faveur de la démocratie). Une grande partie du soutien financier au mouvement tibétain émane désormais de cette source.
L’argent arrose entre autres l’International Campaign for Tibet (ICT), une organisation qui tente de gagner l’opinion mondiale aux points de vue du dalaï-lama. Au conseil d’adminsitration de l’ICT siègent entre autres l’agent de la CIA et président tchèque Vaclav Havel et l’ancien président de la Lituanie Vytautas Landsbergis. Les deux hommes sont également membres du Comité international pour la démocratie à Cuba, un club très huppé d’extrême droite. On peut admirer ce groupe ici : http://www.cubanismo.net/teksten_nl/democratie/eu_voor_cuba.htm

Un autre bénéficiaire de l’aide financière américaine est le Tibet Fund (Fonds Tibet). Cette organisation voulait convaincre les Tibétains et le monde entier de la légitimité du dalaï-lama. Il a également formé des journalistes dans la même vision. En 2001, Sharon Bush en était la directrice : elle n’est autre que la belle-sœur de l’actuel président des États-Unis.
Un autre groupe reçoit de l’argent du NED : le Tibet Information Network (Réseau d’information sur le Tibet), dont le siège est situé à Londres. Le groupe a également une vocation propagandiste. Il est dirigé par Richard Oppenheimer, un journaliste qui a travaillé pendant 22 ans pour la BBC.
De même, la Tibetan Literary Society (Société littéraire tibétaine) palpe les deniers du NED pour sa publication du journal Bod-Kyi-Dus-Bab (Tibet Times).
Le Tibet Multimedia Center figure lui aussi sur les feuilles de paie du NED : il diffuse des cassettes audio et vidéo avec les messages du dalaï-lama.
La Tibetan Review Trust Society a reçu de l’argent du NED pour la publication du mensuel Tibetan Review.
Depuis 1996, l’émetteur de radio Voice of Tibet est financé par le NED pour ses émissions en tibétain et en chinois.
Dans le rapport du NED pour 2006
(ici : http://www.ned.org/grants/06programs/grants-asia06.html#chinaTibet
, on peut lire que cinq organisations tibétaines reçoivent de l’argent pour un total de 173.000 dollars. La liste n’est pas complète en raison du « caractère confidentiel » de certaines donations.

Un financement via les Affaires étrangères

Le NED n’est pas le seul bailleur de fonds du mouvement tibétain. De l’argent américain arrose également le dalaï-lama et son entourage via le Bureau of Democracy, Human Rights and Labor (DRL – Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail) du ministère des Affaires étrangères. Ce DRL reçoit de l’État de l’argent qu’il peut utiliser afin de favoriser la « démocratie et les droits de l’homme » partout dans le monde. Un quart de tout cette manne va à des organisations qui s’intéressent à la « démocratie et aux droits de l’homme » en Chine. Il s’agit en grande partie d’organisations tibétaines. L’an dernier, le DRL a pu ainsi distribuer 23 millions de dollars. Un bon tiers de cet argent va au NED, le reste est distribué par le DRL même. Entre autres, au Tibet Fund déjà mentionné. Le rapport annuel le plus récent du Tibet Fund date de 2005
(lisez-le ici en PDF
http://tibetfund.org/annual_reports/2005report/2005_annualreport.pdf).

Il y est écrit qu’en 2005, le fonds avait un budget de 5 millions de dollars, dont une moitié en provenance du gouvernement américain, surtout du Bureau de la population, des réfugiés et de l’immigration du ministère des Affaires étrangères. Ce bureau est une composante du DRL. Cette année-là, le Fonds a offert 500.000 dollars au dalaï-lama en personne.

Un financement en provenance de l’Europe

Le gouvernement américain est le principal financier du mouvement tibétain. La prédilection du dalaï-lama pour la politique étrangère des États-Unis est donc très compréhensible. Mais les gouvernements européens n’hésitent pas non plus de mettre la main à la poche. Une grande partie du financement se fait non pas directement, mais par le biais de fondations dont, entre autres, la Friedrich Naumann Stiftung (fondation) et la Heinrich Böll Stiftung. Afin d’exprimer sa reconnaissance, le dalaï-lama a remis en 2005 le prix Light of Truth (Lumière de la vérité au comte Otto Lambsdorff, président de la Friedrich Naumann Stiftung. Vous pouvez lire ici un rapport à ce sujet :
http://www.savetibet.org/nl/news/news.php?id=12


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5. Toute la communauté internationale condamne-t-elle la Chine ?
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S’il faut en croire les informations occidentales, la Chine est complètement isolée, désormais : le monde entier la condamne. En réalité, depuis le 14 mars, une bonne centaine de pays ont exprimé leur soutien à la Chine. Les mots de « communauté internationale », dans la bouche du président américain Bush, du président français Sarkozy et de la chancelière allemande Merkel, ne couvrent surtout qu’eux-mêmes. L’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique n’entrent pas en ligne de compte, pas plus que les pays de l’ancienne URSS. On se souviendra de ce que la « communauté internationale » de George W. Bush avait également soutenu la guerre de ce dernier contre l’Irak. Mais, à y regarder de plus près, ce n’était absolument pas le cas.

Pour le Vietnam, le Cambodge, le Bangladesh, la Chine a agi correctement

Les gouvernements du Vietnam, du Cambodge et du Bangladesh ont été les premiers à exprimer leur soutien à la Chine. Le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères a déclaré : « Le Vietnam soutient pleinement le gouvernement chinois dans ses mesures en vue de stabiliser la situation au Tibet. »
(lisez l’article http://news.xinhuanet.com/english/2008-03/21/content_7832281.htm )

Hugo Chávez : soutien à la Chine et aux JO

Le président vénézuélien a exprimé sa répulsion pour ce que les incendiaires de Lhassa ont fait. Il est convaincu que les États-Unis sont coresponsables de ces événements.
(lisez l’article http://www.standaard.be/Artikel/Detail.aspx?artikelId=B080326 )

La Russie, la Biélorussie, le Pakistan, les nations arabes…
http://www.chinadaily.com.cn/china/2008-03/21/content_6554245.htm

Il n’y a pas que les voisins directs de la Chine qui ont exprimé leur soutien à Beijing.
(lisez l’article http://news.xinhuanet.com/english/2008-03/22/content_7836298.htm )

Les pays de l’Asie centrale, le Sierra Leone, le Bénin, la Syrie…
La Mongolie, le Népal, le Tadjikistan… La liste est longue. Le ministre syrien des Affaires étrangères a dit des émeutes à Lhassa : « la Syrie condamne ces événements et les milieux qui se trouvent derrière. Nous exprimons notre solidarité avec la Chine et nous rangeons aux côtés de la Chine. »
(lisez l’article http://news.xinhuanet.com/english/2008-03/22/content_7836298.htm )

Cuba condamne les séparatistes tibétains
C’est dans des termes très sévères que le gouvernement cubain a condamné le soulèvement de Lhassa. Cuba a également déclaré que les attentats contre les ambassades chinoises à l’étranger constituaient de graves infractions à la Convention de Vienne sur mes relations diplomatiques.
(lisez l’article http://english.peopledaily.com.cn/90001/90776/90883/6379900.html )

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
Finimore
Grand classique (ou très bavard)
Finimore
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   Posté le 29-03-2008 à 07:16:28   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lu sur http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-03-28%2006:21:41&log=invites

Tibet : Réponses sur l'Histoire, la religion, la classe des moines, les problèmes sociaux, la répression, le rôle des USA...

par Elisabeth Martens

Elisabeth Martens interviewée par Bénito Perez pour « Le Courrier » de Genève, le 27 mars 2008. Voici la version intégrale de cette interview qui répond sans ambages à toutes les questions sur l'histoire, les événements, la répression, le Dalaï Lama, les problèmes sociaux du Tibet...

Pouvez-vous vous présenter brièvement? Comment êtes-vous venu à vous
intéresser au Tibet et à la Chine?

Je suis partie durant trois années en Chine, après des études de biologie en Belgique, pour me spécialiser en médecine traditionnelle chinoise. J’ai bien sûr profité de mon séjour là-bas pour voyager du nord au sud et d’est en ouest. Un de ces voyages m’a amené pour la première fois dans une région tibétaine (c’est-à-dire habitée, ea, par des tibétains) en 1990, à XiaHe au Gansu, au grand monastère du Bouddhisme tibétain de Labulang. J’ai été surprise par la facilité de contact avec les lamas qui se promenaient en rue et allaient faire leurs courses à l’épicerie du coin ; c’est loin de l’image de nos moines cloîtrés derrière leurs murs.

Surprise aussi par la différence entre les bouddhas chinois, tout ronds comme des théières qui mijotent doucement sur le poêle, souriants, joviaux, et les bouddhas tibétains, beaucoup plus imposants. Et encore surprise de trouver dans les temples une quantité phénoménale de représentations de dieux, de monstres, de boddhisattvas, etc. plus féroces et effrayants les uns que les autres. J’ai trouvé que, d’une certaine manière, c’est assez proche de ce que l’on trouve comme galerie d’horreurs dans nos églises : des hommes transpercés, crucifiés, ou jetés dans des marmites d’huile bouillante, etc. Rien de comparable dans l’art chinois : dans la pensée chinoise, et donc dans les arts de la Chine, la souffrance et le moyen de s’en délivrer n’est pas au centre des préoccupations. De quoi devrait-on se délivrer à partir du moment où l’on sait que la souffrance est l’opposé-complémentaire du bien-être ? J’ai trouvé dans les régions tibétaines, où je suis retournée plusieurs fois par la suite (la dernière fois, en été 2007), une culture très différente de la culture chinoise. Cette différence m’a paru intéressante : comment un pays aussi gigantesque que la Chine (plus grand que toute l’Europe) s’en sort-il pour concilier 55 nationalités parlant chacune leur propre langue, surtout avec la disproportion de Han (environ90%) par rapport aux autres nationalités ?

- Que se passe-t-il, selon vos informations (quelles sont vos sources?),
actuellement dans les régions de Chine peuplées de Tibétains?
Les violences qui ont eu lieu à Lhassa le 14 mars 2008 ont été perpétrées par des groupes de manifestants tibétains. Les témoignages des étrangers présents sur place vont tous dans le même sens : les agressions visaient les Chinois (les Han) et les Hui, majoritairement des Musulmans. Des personnes ont été incendiées vives, d’autres ont été battues à mort, déchiquetées au couteau ou lapidées. Les armes utilisées étaient des cocktails Molotov, des pierres, des barres d’acier, des poignards et des couteaux de boucher. Il y a eu 22 morts et plus de 300 blessés, quasi tous des Hui et des Han. Il s’agissait d’actes criminels à caractère raciste . Serge Lachapelle, un touriste de Montréal, dit : « Le quartier musulman a été complètement détruit, plus aucun magasin ne tenait debout » .

Dès le 18 mars, le Dalaï Lama déclare dans une conférence de presse que « les événements au Tibet échappent à son contrôle et qu’il est prêt à démissionner si les violences se poursuivent ». Il ajoute que « ces actes de violence sont suicidaires » . Il n’empêche que, à peine quelques jours plus tard (le 21 mars), par une étrange coïncidence du calendrier, Nancy Pelosa, présidente du Congrès américain, arrive à Dharamsala pour une visite officielle au 14ème Dalaï Lama. Elle parle des évènements au Tibet comme d’un « défi pour la conscience mondiale » et exige de la Chine de pouvoir envoyer au Tibet une commission internationale indépendante afin de vérifier l’accusation chinoise comme quoi « l’entourage du Dalaï Lama se trouve derrière les violences », et afin de contrôler « de quelle manière sont traités les prisonniers tibétains en Chine » . C’est une des stratégies utilisées par les Etats-Unis : forcer la Chine à accepter des équipes d’inspection qui portent le cachet des « Droits de l’Homme », ou pouvoir dire que la Chine les a refusées. Pour exécuter un tel plan, nul mieux placé que le Dalaï Lama : dans son allocution du 10 mars, ce dernier exhortait déjà la Chine à « une plus grande transparence » .

Ces termes ne font-ils pas curieusement écho au « glassnost » qui a conduit à l’éclatement de l’URSS ? L’Allemagne, avant-garde de l’Europe, s’aligne sur les exigences de transparence des Etats-Unis : son ministre des Affaires étrangères a déclaré que « le gouvernement fédéral de l’Allemagne demande une plus grande transparence de la part du gouvernement chinois » . Quant aux autorités chinoises, elles parlent d’une révolte préméditée et bien organisée. L’occasion choisie pour donner le feu vert aux émeutiers était la date anniversaire de commémoration de la révolte de 1959 à Lhassa, date que les Tibétains en exil ont décrétée « Fête nationale » : le 10 mars. Ce jour-là, une marche, partant de l’Inde et se dirigeant vers le Tibet, a effectivement démarré. Elle devrait durer six mois: jusqu’aux débuts des JO de Péking. Cette marche a été organisée par le « Mouvement pour le soulèvement du peuple tibétain » (il est difficile de traduire « uprising » autrement que par « soulèvement »). Il s’agit d’une association dans laquelle sont représentées les fractions principales du gouvernement tibétain en exil : le NDP (New Democratic Party), le Congrès de la Jeunesse tibétaine (Tibetan Youth Congres), et le mouvement des femmes.

Le 10 mars était clairement le signal de départ des émeutes : elles ont été encouragées à distance par de multiples manifestations devant des ambassades chinoises (e.a. à Bruxelles). En Chine même, des tracts appelant à manifester pour l’indépendance du Tibet, ont été distribués dans les différentes régions tibétaines . Le même jour, trois cents lamas du monastère de Drepung ont manifesté au centre de Lhassa, de manière non-violente bien que “provocatrice” ; la police les a dispersés, sans heurts. Ce ne fut plus le cas quelques jours plus tard, le 14 mars : plusieurs groupes de Tibétains, tous armés de la même manière et opérant de la même manière, se sont dispersés dans la ville de Lhassa, ouvrant les hostilités et semant la panique. La suite est le drame que l’on sait, avec les répressions chinoises que l’on devine. Faut-il rappeler que le Droit international stipule que « chaque pays a le droit d’utiliser la force contre des mouvements d’indépendance qui vise à la division du dit pays » ? Imaginez le foin que cela ferait en France si le mouvement séparatiste corse se mettait à incendier des passants français en plein Ajjacio!

- On a généralement analysé ces émeutes comme une "réaction à la
colonisation du Tibet par les Chinois"? On parle même de génocide? Qu'en
est-il?

Quand on parle de « colonisation » d’un pays par un autre, il faut, au minimum, qu’il y ait deux pays. Dans ce cas précis, faut-il rappeler que le Tibet n’a jamais été reconnu comme « pays indépendant » ? Au 13ème siècle, le Tibet est annexé à la Chine par les Mongols, et au 18ème les Mandchous ont divisé leur empire chinois en 18 provinces, dont la province tibétaine. Fin du 19ème, l’empire britannique envahit le Tibet et y installe ses comptoirs de commerce.

Cela se passe sous le règne du 13ème DL, qui voit dans l’occupation anglaise du Tibet une opportunité pour revendiquer l’indépendance. Il se base pour cela sur ce qu’il a appelé le « Grand Tibet » : un territoire qui équivaut à cinq fois la France, quasi le tiers de la Chine, et qui correspond plus ou moins (parce qu’il n’y avait pas de cartes à l’époque) à ce qu’était le Tibet à la fin de la dynastie des Tubo, au 9ème siècle. Or la Chine du début du 20ème sortait d’un siècle de ventes aux enchères, avec la succession des « concessions » faites aux pays occidentaux. Céder le tiers de son territoire était signer son arrêt de mort. Donc cette demande d’indépendance a été sans suite. Je veux dire par là : sans aucune suite. C’est dire que ni les NU ni aucun pays n’a jamais reconnu le Tibet comme un pays indépendant. C’est une première réponse à votre question.

Une deuxième, c’est que quand on parle de « colonisation », cela implique en filigrane que le pays envahisseur profite des biens du pays envahi. Or, si on considère les cinquante dernières années du Tibet, on constate un phénomène inverse. La population tibétaine a triplé grâce aux soins de santé et à une rapide amélioration du niveau de vie. Ce qui, à vrai dire, n’était pas très compliqué, vu les conditions désastreuses dans les quelles vivaient plus de 90% de Tibétains sous le régime théocratique des DL. Toutefois, cette amélioration n’a pas été aussi rapide que dans les grandes villes chinoises qui, par leur lustre, font croire au monde entier que la Chine est devenue capitaliste. C’est fou ce que l’on fait croire avec des paillettes, des lumières et des vitrines. Pour répondre à votre deuxième question, celle du génocide, il faut à nouveau faire un petit retour historique. En 49, avec l’avènement de la R.P. de Chine, le gouvernement chinois opte pour une remise à zéro des compteurs : tous les étrangers et influences étrangères sont mis à la porte et les frontières chinoises sont réaffirmées, aussi dans les provinces lointaines dont le Tibet. Dès 1956, une rébellion armée est organisée dans plusieurs monastères tibétains (ea. Litang et Drepung) : avec la RP Chine, c’est les dignitaires tibétains qui sont visés, ceux du clergé en particulier. C’est d’ailleurs cette couche de la population qui commence à fuir vers l’Inde et qui va constituer la communauté tibétaine en exil (de la même manière que l’exode vers TaiWan qui était composée essentiellement des « grosses » familles chinoises).

Cette rébellion armée est dès ces débuts soutenue financièrement et logistiquement par la CIA . Pour quelle raison ? Il suffit pour le comprendre de lire ce que disait un rapport de l’Office des Affaires Etrangères des E-U en avril 49 : « Le Tibet devient stratégiquement et idéologiquement important. Puisque l’indépendance du Tibet peut servir la lutte contre le communisme, il est de notre intérêt de le reconnaître comme indépendant (…) Toutefois, ce n’est pas le Tibet qui nous intéresse, c’est l’attitude que nous devons adopter vis-à-vis de la Chine » . On ne peut être plus explicite ! La rébellion armée, qui démarre du monastère de Litang, s’étend par vagues jusqu’à Lhassa, où a eu lieu la plus importante, celle qui a été écrasée par l’Armée rouge en 59. Suite à cet événement, il était de grande importance pour les E-U d’amener l’opinion publique à croire qu’il s’agissait d’un génocide, c’est pourquoi le chiffre de 1,2 million de morts a été avancé par les autorités du Bouddhisme tibétain en exil.

Plusieurs études démographiques ont démontré par la suite que ce chiffre a été inventé de toute pièce . Patrick French, ex-directeur de « Free Tibet », a été le vérifier sur place, à Dharamsala. Après avoir compulsé longuement les documents « officiels » qui ont servi à avancer ce chiffre, il a été complètement dégoûté par l’ampleur de la falsification venant de la part de ceux qu’il admirait. Il raconte cet épisode dans son livre . Ce qui est important à retenir dans cette falsification, c’est que si on parle de 1,2 million de morts sur une population d’à peine deux millions d’habitants, on peut en effet parler d’un « génocide ». Mais s’il s’agit que quelques milliers de morts de part et d’autre, il ne s’agit plus d’un génocide, mais d’une guerre civile. Ce chiffre de 1,2 million de morts a donc permis de manipuler l’opinion publique en l’amenant vers la méfiance, voire la xénophobie, vis-à-vis des Chinois. C’est le même topo depuis 50 ans. Donc, si on analyse les faits de manière historique, on ne peut parler ni d’invasion, ni de colonisation, ni de génocide. Les émeutes qui ont eu lieu ce mois de mars 2008 doivent être analysées dans un contexte économique en tout premier lieu, sans oublier que le Tibet est un des terrains de combat entre les E-U et la Chine, depuis longtemps.

- La violence des manifestations ne cadre pas avec le pacifisme affiché
par le Dalai-Lama. Pourquoi?

Le DL et son entourage portent les couleurs du pacifisme et se doivent d’entretenir l’image de tolérance et de compassion qui sied au Bouddhisme tibétain, sinon qui les croirait encore en Occident ? Le DL a quand-même pris le temps d’ameuter l’opinion publique autour de la manifestation pacifique des 300 moines de Drepung descendus au centre de Lhassa le 10 mars et a immédiatement incriminé la répression aux forces de l’ordre chinoises (soit dit en passant, tout un chacun qui a voyagé au Tibet a pu remarquer que la police est essentiellement composée de Tibétains et compte très peu de Chinois). Quand les actes de violence ont atteint un niveau de barbarie sans nom, il s’est rapidement distancié des événements. Quel rôle joue-t-il là-dedans ? Pour le savoir, il faut analyser à qui profitent ces émeutes : ni aux Chinois, ni aux six millions de Tibétains de Chine. Elles servent essentiellement à ameuter l’opinion publique autour des violations des Droits de l’homme en Chine, le manque de liberté d’expression, et les diverses répressions que nous incriminons au gouvernement chinois. Donc, elles servent à donner de la Chine une image exécrable, ceci juste avant les JO qui vont rassembler la presse internationale à Pékin.

Je pense qu’en partie, elles reflètent l’énorme peur que nous avons de la puissance économique que représente la Chine actuellement. Il est vrai que si par certains côtés, elle fait encore partie du Tiers Monde, par d’autres côtés, elle risque de nous rattraper très rapidement et même de nous dépasser. Peu de gens ici se rendent compte que la Chine compte un potentiel intellectuel gigantesque et que cette masse d’intellectuels chinois commence à en avoir par-dessus la tête de se voir constamment refoulée et dénigrée par l’Occident. Ils ne vont plus se taire pendant longtemps. Pour résumer, je pense que ces émeutes servent à noircir l’image de la Chine : provoquer des émeutes à caractère racial dans les régions tibétaines, c’est obliger le gouvernement chinois à sortir la grosse mitraille, et donc nous pourrons parler en tout bien tout honneur d’une « répression sauvage » exercée par le gouvernement chinois lors « d’incidents ethniques ».

On connaît la chanson : elle a été utilisée à plusieurs reprises depuis 89 (conflits en Afrique, dans les Balkans, en Irak, et ceux pour démanteler l’URSS). Il faut savoir aussi qu’au sein de la communauté tibétaine en exil, une scission est de plus en plus évidente : d’une part, il y a les modérés, dont le DL, qui ne prêche pas (pas ouvertement en tout cas) pour la violence et ne demande même pas une indépendance, mais parle « d’autonomie poussée », comme on sait. D’autre part, et pour le moment c’est une fraction majoritaire au sein du gouvernement en exil, il y a les radicaux qui exigent une indépendance totale et sont prêts pour cela à prendre les armes. Vous imaginez bien qu’un discours pareil serait impossible à tenir sans l’appui de leurs alliés de 50 ans : les E-U qui, d’ailleurs continuent à financer et à armer la communauté tibétaine en exil. En réalité, les E-U disposent actuellement de deux chevaux de bataille qu’ils utilisent simultanément : le DL et sa suite (européenne, surtout) par qui passe le discours pacifiste qui sert à rassembler les intellectuels occidentaux autour des thèmes de « démocratie », de « droit de l’homme », de « liberté de presse », etc. qu’il faut imposer à la Chine (c’est un comble « une démocratie » qu’il faut imposer !... mais ça marche à 200%), et puis la fraction « dure » du gouvernement tibétain en exil qui compte de plus en plus de membres grâce à un discours musclé de lutte pour une indépendance, coûte que coûte. Apparemment, ce sont ces derniers qui mettent le feu aux poudres et déclenchent les violences.

- Cela n'exprime-t-il pas un réel mécontentement?

Oui, bien sûr. Ce que je vous ai expliqué jusque là ce sont les déclencheurs « externes » des émeutes. Mais il est évident que s’il n’existait pas un « terrain », les déclencheurs ne pourraient rien déclencher. Comme je vous le disais, les raisons internes sont essentiellement économiques, donc aussi sociales. D’abord, il faut se rappeler que l’enseignement au Tibet n’a pu démarrer que dans les années ’60, vu le retard général du Tibet comparé au reste du pays. Ce qui veut dire que les premiers universitaires ou techniciens supérieurs tibétains n’ont commencé à travailler que dans les années 80, soit 10 ans plus tard que les Chinois Han (et 10 ans en Chine, c’est presque 100 ans chez nous !). C’est un retard qui n’est pas encore rattrapé maintenant. Ce retard dans les niveaux de formation, donc aussi dans le type de travail proposé aux uns et aux autres, explique que les postes « importants » sont occupés surtout par des Chinois.

Au-delà de ce premier problème qui est réel, difficile à résoudre, et source de conflit « ethnique », il y a aussi le retard bien connu, partout en Chine, des campagnes par rapport aux grandes métropoles. Si beaucoup de Tibétains ont profité des avancées économiques de la Chine, beaucoup d’autres sont restés dans le marasme. Ce fait ne touche pas que le Tibet, mais l’ensemble de la Chine : les inégalités se font de plus en plus criantes entre les plus aisés (ou même les moyennement aisés) et les plus démunis. Ce qu’il y a sans doute de plus spécifique au Tibet, c’est que peu de Chinois résidant au Tibet sont sans travail - s’ils arrivent au Tibet, c’est qu’ils savent qu’ils y auront un travail, sinon ils iraient ailleurs -, alors qu’il y a beaucoup de jeunes tibétains sans travail. En général, ils viennent de la campagne et ont juste suivi l’école primaire. Ils manquent de qualification, alors que les Chinois qui viennent travailler au Tibet sont des techniciens qualifiés, des universitaires ou des cadres, et bien sûr des commerçants. Même si l’enseignement est facilité aux Tibétains (comme aux autres minorités ethniques de la Chine, d’ailleurs), que le minerval est moins élevé et que les examens d’entrée sont moins sévères que pour les Han, les Tibétains ne voient pas toujours l’intérêt de poursuivre des études supérieures. Amener les Tibétains à se former serait pourtant une manière intéressante de diminuer l’inégalité sociale, alors que la Chine « s’en tient » à injecter des milliards de yuan pour le seul développement économique du Tibet. De plus, dans les villes tibétaines, le marché libre favorise les Chinois Han et les musulmans Hui qui ont plus d’expérience dans le commerce que les Tibétains. Donc, là aussi, les Tibétains se sentent sur le carreau par rapport aux Han et aux Hui.

A noter que la haine raciale vis-à-vis des musulmans est ancrée de longue date dans le Bouddhisme tibétain et véhiculée par lui (ea. par le Kalashakra) : c’est en raison des invasions musulmanes dans le nord de l’Inde au 10ème et 11ème siècles que les maîtres tantriques ont été se réfugier au Tibet. Le Tantrisme indien, devenu au Tibet le bouddhisme tibétain, a gardé vis-à-vis de l’Islam une rancœur de longue durée à cause des persécutions musulmanes.

- La Chine n'a-t-elle pas annexé le Tibet? Peut-on nier l'existence
d'une revendication nationale au Tibet, d'une "nation tibétaine"
distincte de la Chine?

Comme je vous le disais plus haut, le Tibet a été annexé à la Chine par les Mongols, c’est-à-dire à l’époque où les Mongols étendaient leur empire e.a. sur la Chine (13ème). Lorsque la Chine a repris le contrôle sur son empire, avec les Ming, du 14ème au 16ème siècle, elle s’est passablement désintéressée de cette lointaine contrée tibétaine et le Tibet est resté annexé à la Chine « passivement ». Puis, les Mandchous se sont emparés de la Chine et ont fait du Tibet une province chinoise. Episode suivi par celle des Britanniques, puis celle des E-U.

Alors que signifie le terme « nation » ? Si vous voulez parler d’une nation historiquement distincte de la Chine, il faut remonter à la dynastie des Tubo qui régnait sur le Tibet du 7ème au 9ème siècle. C’est comme si maintenant on revendiquait l’empire de Charlemagne ! Si vous voulez parler d’une culture spécifique, cela semble évident que le Tibet n’a pas la même culture que la Chine, ne fut-ce que par sa langue et son écriture, mais aussi par ses traditions, ses religions, ses habitants, etc. Ce qui n’a d’ailleurs pas empêché de multiples croisements, au point que je me demande ce que cela pourrait engendrer comme déchirures et drames familiaux si un jour le Tibet devenait réellement indépendant et mettait tous les Chinois Han à la porte, ainsi que tous les musulmans (ce sont les deux ethnies visées par le gouvernement en exil) : ils auraient un sacré problème pour distinguer qui est qui, et qui appartient à quelle ethnie. En fait, les discours ethniques ne sont là que pour expliquer au grand public des guerres que se font entre elles les grandes puissances : cela s’est vu dans les Balkans, en Irak, en URSS, cela se reproduit au Tibet. Ce qui m’ahurit, c’est que l’opinion publique n’a pas encore « fait tilt ». Et ce qui m’inquiète, c’est que les enjeux dans ce conflit-ci dépassent de loin tous ceux qu’on a vu dans les autres conflits : d’une part la Chine ne se laissera pas faire, d’autre part, c’est l’économie mondiale qui risque de basculer.

- Aujourd'hui, les Tibétains peuvent-ils vivre selon leur culture/religion?

Les Tibétains sont pour la plupart très croyants, cela se voit dans le quotidien : les moulins à prière tournent allègrement, on assiste à des prosternations devant les temples du matin au soir, sur les routes on rencontre des pèlerins en marche vers Lhassa, les drapeaux de prière flottent sur les cols, les monastères sont bondés de moines même des très jeunes enfants (ce qui est interdit par la loi chinoise), les billets de banque s’amoncellent au pied des bouddhas, de loin on entend résonner les trompettes et les mantras.

La pratique religieuse est loin d’être réprimée. Il faudrait être vraiment de mauvaise foi pour prétendre le contraire ! Ou bien, il faut n’avoir jamais été au Tibet. Dans l’enseignement, le bilinguisme est obligatoire et pratiqué dans toutes les écoles que nous avons visitées (primaires, secondaires et supérieures) ; des instituts de tibétologie ont été ouvert à l’intention des jeunes tibétains (ou autres) qui désirent approfondir l’étude de la culture tibétaine : y sont donnés des cours de langue, de médecine, de théologie, de musique et danse, de pratiques artisanales, etc. Donc je pense que c’est vraiment un non-sens de dire que la culture et la religion sont opprimées ou détruites. A nouveau, c’est l’information qui est donnée chez nous : après avoir mis en lumière la tromperie quant au génocide ethnique, on s’est rapidement tourné vers le « génocide culturel ». Il est évident que, moi, en tant que petit individu, si je dis l’inverse, personne ne me croira, mais il suffit d’aller voir sur place pour vous en convaincre.

Alors de quoi parle-t-on lorsqu’on pointe du doigt la « répression chinoise » ? Ce qui est interdit et sévèrement puni est toute tentative de « séparatisme », ou de division de la Chine. Cela peut être des actes qui paraissent anodins chez nous, comme porter le drapeau tibétain en rue (drapeau qui a été inventé en 59, lors de l’exil, et qui a donc une couleur politique), ou distribuer des tracts en rue, ou distribuer la photo du DL (qui est une effigie politique), ou organiser des manifestations, etc. Pour ce genre d’actions, il y a très rapidement (trop rapidement sans doute ?) arrestation, et parfois emprisonnement. La Chine est drastique à ce sujet parce qu’elle sait que le soutien à ce mouvement pour l’indépendance du Tibet est énorme, que ce soutien vient de l’Occident et vise la division de la Chine. Comme je vous le disais, le contentieux ne concerne pas tant les six millions de Tibétains de Chine face à la Chine, mais c’est un contentieux qui oppose la Chine à l’Occident et qui s’exprime par le malaise économique que connaît actuellement le Tibet.

- Quelle est la nature du bouddhisme tibétain et de sa structure/clergé?
Ses rôles sociaux et politiques, passés et présents?

Alors là, vous me demandez de réécrire mon bouquin ! En résumé, le Bouddhisme tibétain est issu du tantrisme, une des trois grandes écoles ou « véhicules » du Bouddhisme. D’après les bouddhologues, c’est le véhicule qui s’est le plus éloigné du dharma (ou enseignement originel du bouddha, 6ème AC). Tout d’abord, parce qu’il s’agit du véhicule le plus récent (6ème PC), donc le Bouddhisme a eu le temps de se métamorphoser plusieurs fois, ce à quoi il a dû se prêter en raison de la difficulté intellectuelle de son enseignement. Et ensuite parce que le Bouddhisme tibétain a la particularité d’exercer simultanément un pouvoir spirituel et un pouvoir temporel, ce qui n’existe pas dans les deux autres véhicules du Bouddhisme.

En fait, le tantrisme a pris son essor au Tibet au 10ème et 11ème par les circonstances historiques que je vous ai racontées (invasions musulmanes). A cette époque, le Tibet était totalement désorganisé au niveau politique et social. Or les communautés tantriques venues du nord de l’Inde étaient, elles, très structurées et hiérarchisées. C’est pourquoi, lorsqu’elles se sont installées dans ce Tibet qui demandait une réorganisation, elles ont repris la région en main de manière « spontanée », en utilisant leurs propres critères. Le tantrisme est devenu le bouddhisme tibétain à partir du moment où il s’est adapté aux mœurs, coutumes et à la religion autochtones (le Bön). On peut dire qu’à cette époque, la religion bouddhiste fut bénéfique au Tibet, puisqu’il a amené le Tibet vers une féodalité structurée. L’ennui, c’est que cette féodalité s’est figée durant un millénaire autour d’un pouvoir religieux extrêmement répressif et conservateur. Le Tibet a été arrêté dans son évolution en raison de ce pouvoir omniprésent et omnipotent. Il ne faut pas oublier que les monastères possédaient plus de 70 % des terres tibétaines, le reste allant aux familles nobles. Jamais n’a existé un pouvoir théocratique aussi puissant et aussi riche dans le monde. C’était incomparable avec ce qui se passait chez nous au Moyen-Âge où les monastères devaient se faire une petite place à l’ombre des châteaux forts. Avec l’avènement de la RP Chine en 49, il fut d’autant plus difficile pour le haut clergé tibétain de renoncer à ce pouvoir.

- Vous dites que le bouddhisme tibétain a permis d'imposer un système
féodal. Mais cela a été le cas de la plupart de religions. Ce temps
n'est-il pas révolu?

Bien sûr, cela a été le cas pour pas mal d’autres religions, comme quoi les religions ont toujours un pied dans la politique, quoi qu’on en dise. Le bouddhisme tibétain a permis à une société tribale, telle qu’elle était avant le 9e siècle, d’évoluer vers une société mieux structurée, féodale. La féodalité n’a plus la cote nulle part, et l’ancienne élite tibétaine, maintenant en exil, n’a pas l’intention de revenir à l’ancien système. Ils se modernisent eux aussi et sont plutôt partisans du modèle « marché libre » avec réinstauration de la propriété privée des terres, donc, surtout en dehors du système chinois, mais copié sur le modèle occidental.

- Comment expliquer le sentiment très pro-Tibétain en Occident,
notamment dans les médias?

L’opinion publique suit les médias et les médias obéissent aux intérêts économiques. Ne vit-on pas dans une dictature économique chez nous ? La censure est aussi réelle ici qu’ailleurs, mais mieux camouflée. En Occident, on n’est pas enfermé en prison pour ses opinions, mais bien dans sa tête, puis dans la maladie qui en résulte. Je me demande parfois ce qui vaut mieux. Donc votre question réelle devient : « comment expliquer le sentiment pro-tibétain véhiculé par notre système économique » ? Ni les E-U, ni l’Europe n’apprécient les avancées fulgurantes de la Chine sur la scène internationale. Tous les coups sont bons pour la contrecarrer : « Il faut foutre le bordel pendant les JO à Pékin ! » crie Cohn-Bendit dans son discours en séance plénière à propos du comportement que l’UE doit adopter face à la Chine . Ceci, pas même une semaine après les événements qui ont enflammé le cœur de Lhassa ! C’est assez monstrueux, mais cela démontre par « a+b » que le « grand monde de la diplomatie et du trust financier » n’a cure du Tibet, ce qui lui importe c’est « foutre le bordel en Chine ».

Comment faire avaler cette pilule au grand public occidental, en ne perdant surtout pas l’approbation des intellectuels ? Pour cela, on fait appel à Sa Sainteté qui par son sourire de neiges éternelles ferait fondre un chat devant une souris. Le Bouddhisme tibétain ne s’est-il pas habillé de ses plus beaux atours pour séduire un Occident « en vide de valeurs spirituelles » ? Entré chez nous en surfant sur la vague du « retour aux sources » des années 70, il ne lui fut pas difficile de se faire passer pour le dharma, présenté à nous comme un « athéisme spirituel », une philosophie de vie, un mode d’être, une thérapie intérieure, etc., bref, tout sauf une religion.

Or, si on y regarde d’un peu plus près, le Bouddhisme du Bouddha est déjà une religion puisqu’il propose une transcendance : un au-delà des souffrances résultant de nos limites physiques et temporelles. Est-ce qu’un au-delà, ou une transcendance, n’implique pas une foi ? Le Bouddhisme tibétain est encore plus une religion, puisqu’il a réintroduit des dogmes, dont le plus fameux : la réincarnation, justement celui contre lequel s’est insurgé le Bouddha en personne ! La réincarnation a été remise à l’honneur par le Bouddhisme tibétain au 14ème siècle, pour pouvoir officialiser la succession de l’héritage spirituel, temporel et, surtout, matériel d’un Rinpoché (ou responsable de monastère) vers le suivant, par le système des tulkous (qui compte avec la croyance en la réincarnation). Etre responsable d’un monastère au Tibet à l’époque féodale, c’était être grand propriétaire foncier : les terres, et les biens sur ces terres, y compris les serfs, appartenaient au monastère. Cela explique pourquoi il y eut tant d’assassinats dans les rangs du haut clergé tibétain et de guerres entre les différentes écoles du Bouddhisme tibétain.

Bref, le Bouddhisme, grâce à son caractère très plastique s’est adapté aux différents environnements où il a élu domicile, que ce soit au Tibet, ou au 20ème chez nous... où Sa Sainteté le DL se plait à nous servir quelques louches de démocratie, avec une cuillère à soupe de Droits de l’homme, et autant de liberté d’expression, à mélanger consciencieusement à une bonne pincée de tolérance et de compassion bouddhistes, et on obtient une pâte bien lisse prête à enfourner dans les hauts fourneaux médiatiques pour en faire une succulente tarte à la crème ! Que le Bouddhisme s’adapte, c’est un signe de bonne santé ! Ce qui est beaucoup plus malsain, c’est un DL qui fait passer le Bouddhisme tibétain pour une non-religion (une philosophie) de tolérance et de compassion dénuée d’implications politiques. Là, il y a vraiment de quoi s’esclaffer (bien que ce ne soit pas une bonne blague) !

- Ne peut-on aussi l'expliquer par le caractère totalitaire et répressif
de l'Etat chinois?

Evidemment, ce qu’on met en avant chez nous, c’est le contraste entre le « pacifisme » du DL et le « totalitarisme » de la Chine. Mais c’est un peu ridiculement noir-blanc, ne trouvez-vous pas ? C’est juste bon à persuader des enfants en robe de communion. Alors comment se fait-il que tout le monde chez nous (même les intellos de gauche, progressistes, écolos, bios, et tout et tout) a cette idée très contrastée en tête, d’un Tibet tellement sympathique et d’une Chine abominablement répressive ? C’est la même question que : comment se fait-il que tout le monde boit du Coca-cola et porte des Adidas ? La pub, ça fonctionne et c’est dangereux, tout le monde le sait et on ne peut s’empêcher de se faire avoir. Surtout que cette pub là, cela fait 50 ans qu’elle nous assomme !

Qu’on dise chez nous que la Chine est « répressive », d’accord dans une certaine mesure, mais expliquez-moi comment il se fait alors que proportionnellement elle compte cinq fois moins de prisonniers qu’aux E-U ? Qu’on dise chez nous que la Chine est « totalitaire » : d’accord pour dire qu’elle reste communiste, mais est-ce automatiquement synonyme de « totalitaire » ? D’ailleurs, ce qui nous gêne, ce n’est pas tant qu’elle soit communiste, mais c’est qu’elle protège son « territoire économique » : ni les E-U ni l’UE ne peuvent y faire ce qu’ils veulent à leur propre guise, et cela ne plaît pas du tout aux multinationales. Les investissements étrangers en Chine ne dépassent pas 3% : ce n’est pas un beau cadeau pour nos multinationales !

- Y a-t-il une dimension géostratégique? Quel est le rôle du Dalai-Lama?

La dimension géostratégique est au cœur du problème, bien sûr et ce, dès le début du 20e siècle. Il ne faut pas oublier que l’Europe avait beaucoup de « concessions » en Chine au début du 20e siècle et que le Tibet était, pour ainsi dire, sous la tutelle des Anglais. La prise de pouvoir par les communistes a mis fin à cette semi-colonisation. Je crois que chez nous, on n’a pas digéré cela. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, ce sont les E-U qui ont repris le flambeau avec la guerre froide en toile de fond. Le Tibet et le DL sont devenus deux excellents chevaux de bataille pour les E-U dans leur tentative de diviser la Chine.

- Les USA viennent d'ôter la Chine de leur liste des Etats les plus
répressifs? La Chine n'est-elle pas devenue un Etat capitaliste comme les
autres?

Si les USA font cela, n’est-ce pas dans un but stratégique ? Cela leur permet d’organiser plus d’émeutes en régions tibétaines, ce qui devra amener la Chine à déployer les canons de la répression, et les E-U pourront ainsi ressortir leur carton rouge : « Etat répressif ». La Chine pratique actuellement une économie qu’elle appelle « mixte », c’est-à-dire que certains aspects du capitalisme y sont admis, mais que le socialisme gère encore l’armature de l’économie chinoise. En simplifiant, on peut dire que le capitalisme s’y développe sous le contrôle du parti communiste. D’après les économistes internationaux, le secteur public domine encore l’économie chinoise à plus de 60%. C’est peut-être difficile à comprendre pour nous qui réfléchissons plutôt de manière aristotélicienne où « A ne peut jamais être non-A ». Mais pour un Chinois, c’est de l’ordre du yin-yang : l’un n’exclut pas l’autre, A peut être non-A, cela dépend des conditions. C’est ce qu’on appelle une manière de pensée dialectique. Par exemple : les autorités ont constaté qu’ils ont laissé aller la pollution beaucoup trop loin. Du coup, dans leur plan quinquennal, ils corrigent le tir et prévoient un investissement gigantesque dans le secteur de l’environnement et de l’écologie, quitte à faire appel à des investissements étrangers. Mais en utilisant des moyens capitalistes, leur fin ne l’est pas. On ne peut qu’espérer que cela fonctionne !


Elisabeth Martens


Edité le 29-03-2008 à 07:47:34 par Finimore




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Lu sur http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-03-27%2016:23:01&log=lautrehistoire

Le curieux "paradis" du Dalaï Lama et comment il s'est transformé en mythe hollywoodien

par Domenico Losurdo

Célébré et transfiguré par la cinématographie hollywoodienne, le Dalaï Lama continue sans aucun doute à jouir d’une vaste popularité : son dernier voyage en Italie s’est terminé solennellement par une photo de groupe avec les dirigeants des partis de centre-gauche, qui ont ainsi voulu témoigner estime et révérence à l’égard du champion de la lutte de « libération du peuple tibétain».

Mais qui est réellement le Dalaï Lama ? Disons déjà, pour commencer, qu’il n’est pas né dans le Tibet historique, mais dans un territoire incontestablement chinois, très exactement dans la province de Amdo qui, en 1935, année de sa naissance, était administrée par le Kuomintang. En famille, on parlait un dialecte régional chinois, si bien que notre héros apprend le tibétain comme une langue étrangère, et est obligé de l’apprendre à partir de l’âge de trois ans, c’est-à-dire à partir du moment où, reconnu comme l’incarnation du 13ème Dalaï Lama, il est enlevé à sa famille et enfermé dans un couvent, pour être soumis à l’influence exclusive des moines qui lui enseignent à se sentir, à penser, à écrire, à parler et à se comporter comme le Dieu-roi des Tibétains, c’est-à-dire comme Sa Sainteté.

1. Un « paradis » terrifiant

Je tire ces informations d’un livre (Heinrich Harrer, Sept ans au Tibet, diverses éditions en français autour du film de J-J. Annaud, je reprends ici la notation des pages de l’auteur de l’article dans la version italienne du livre, chez Mondadori, NdT) qui a même un caractère semi-officiel (il se conclut sur un « Message » dans lequel le Dalaï Lama exprime sa gratitude à l’auteur) et qui a énormément contribué à la construction du mythe hollywoodien. Il s’agit d’un texte, à sa façon, extraordinaire, qui réussit à transformer même les détails les plus inquiétants en chapitres d’histoire sacrée.

En 1946, Harrer rencontre à Lhassa les parents du Dalaï Lama, qui s’y sont transférés désormais depuis de nombreuses années, abandonnant leur Amdo natal. Cependant, ceux-ci ne sont toujours pas devenus tibétains : ils boivent du thé à la chinoise, continuent à parler un dialecte chinois et, pour se comprendre avec Harrer qui s’exprime en tibétain, ils ont recours à un « interprète ». Certes leur vie a changé radicalement : « C’était un grand pas qu’ils avaient réalisé en passant de leur petite maison de paysans d’une province chinoise reculée au palais qu’ils habitaient à présent et aux vastes domaines qui étaient maintenant leur propriétés ». Ils avaient cédé aux moines un enfant d’âge tendre, qui reconnaît ensuite dans on autobiographie avoir beaucoup souffert de cette séparation. En échange, les parents avaient pu jouir d’une prodigieuse ascension sociale. Sommes-nous en présence d’un comportement discutable ? Que non. Harrer se dépêche immédiatement de souligner la « noblesse innée » de ce couple (p. 133) : Comment pourrait-il en être autrement puisqu’il s’agit du père et de la mère du Dieu-roi ?

Mais quelle société est donc celle sur laquelle le Dalaï Lama est appelé à gouverner ? Un peu à contrecœur, l’auteur du livre finit par le reconnaître : « La suprématie de l’ordre monastique au Tibet est absolue, et ne peut se comparer qu’avec une dictature. Les moines se méfient de tout courant qui pourrait mettre en péril leur domination ». Ce n’est pas seulement ceux qui agissent contre le « pouvoir » qui sont punis mais aussi « quiconque le met en question » (p. 76). Voyons les rapports sociaux. On dira que la marchandise la meilleure marché est celle que constituent les serfs (il s’agit, en dernière analyse d’esclaves).

Harrer décrit gaiement sa rencontre avec un haut- fonctionnaire : bien que n’étant pas un personnage particulièrement important, celui-ci peut cependant avoir à sa disposition « une suite de trente serfs et servantes » (p.56). Ils sont soumis à des labeurs non seulement bestiaux mais même inutiles : « Environ vingt hommes étaient attachés à la ceinture par une corde et traînaient un immense tronc, en chantant en cœur leurs lentes mélopées, et avançant du même pas. En nage, et haletants, ils ne pouvaient pas s’arrêter pour reprendre leur souffle, car le chef de file ne l’autorisait pas. Ce travail terrible fait partie de leur impôt, un tribut de type féodal ». Ç’aurait été facile d’avoir recours à la roue, mais « le gouvernement ne voulait pas la roue » ; et, comme nous le savons, s’opposer ou même seulement discuter le pouvoir de la classe dominante pouvait être assez dangereux. Mais, selon Harrer, il serait insensé de vouloir verser des larmes sur le peuple tibétain de ces années-là : « peut-être était-il plus heureux ainsi » (p.159-160).

Un abîme incommensurable séparait les serfs des patrons. Pour les gens ordinaires, on ne devait adresser ni une parole ni un regard au Dieu-roi. Voici par exemple ce qu’il advient au cours d’une procession :

« Les portes de la cathédrale s’ouvrirent et le Dalaï Lama sortit lentement (…) La foule dévote s’inclina immédiatement. Le cérémonial religieux aurait exigé que l’on se jetât par terre, mais il était impossible de le faire à cause du manque de place. Des milliers de gens se courbèrent donc, comme un champ de blé sous le vent. Personne n’osait lever les yeux. Lent et compassé, le Dalaï Lama commença sa ronde autour du Barkhor (…) Les femmes n’osaient pas respirer ».

La procession finie, l’atmosphère change radicalement :

« Comme réveillée soudain d’un sommeil hypnotique, la foule passa à ce moment-là de l’ordre au chaos (…) Les moines soldats entrèrent immédiatement en action (…) A l’aveuglette, ils faisaient tourner leurs bâtons sur la foule (…) mais malgré la pluie de coups, les gens y revenaient comme s’ils étaient possédés par des démons (…) Ils acceptaient maintenant les coups et les fouets comme une bénédiction. Des récipients de poix bouillante tombaient sur eux, ils hurlaient de douleur, ici le visage brûlé, là les gémissements d’un homme roué de coups ! » (p.157-8).

Il faut noter que ce spectacle est suivi par notre auteur avec admiration et dévotion. Le tout, ce n’est pas un hasard, est compris dans un paragraphe au titre éloquent : « Un dieu lève la main, en bénissant ». Le seul moment où Harrer a une attitude critique se trouve quand il décrit les conditions d’hygiène et de santé dans le Tibet de l’époque. La mortalité infantile fait rage, l’espérance de vie est incroyablement basse, les médicaments sont inconnus, par contre des médications assez particulières ont cours : « souvent les lamas font des onctions à leurs patients avec leur salive sainte ; ou bien tsampa ( ? NdT) et beurre sont mélangés avec l’urine des saints hommes pour obtenir une sorte d’émulsion qui est administrée aux malades ». (p.194).

Ici, même notre auteur dévot et tartuffe a un mouvement de perplexité : même s’il a été « convaincu de la réincarnation du Dieu Enfant » (p. 248), il n’arrive cependant pas à « justifier le fait qu’on boive l’urine du Buddha vivant », c’est-à-dire du Dalaï Lama. Il soulève la question avec celui-ci, mais sans trop de résultats : le Dieu-roi « ne pouvait pas combattre seul de tels us et coutumes, et dans le fond, il ne s’en préoccupait pas trop ». Malgré cela, notre auteur, qui se contente de peu, met de côté ses réserves, et conclut imperturbable : « En Inde, du reste, c’était un spectacle quotidien de voir les gens boire l’urine des vaches sacrées ». (p.294).

A ce point, Harrer peut continuer sans plus d’embarras son œuvre de transfiguration du Tibet prérévolutionnaire. En réalité, celui-ci est lourd de violence, et ne connaît même pas le principe de responsabilité individuelle : les punitions peuvent aussi être transversales, et frapper les parents du responsable d’un délit même assez léger voire imaginaire (p. 79). Qu’en est-il des crimes considérés comme plus graves ? « On me rapporta l’exemple d’un homme qui avait volé une lampe dorée dans un ces temples de Kyirong. Il fut déclaré coupable, et ce que nous aurions nous considéré comme une sentence inhumaine fut exécutée. On lui coupa les mains en public, et son corps mutilé mais encore vivant fut entouré d’une peau de yak mouillée. Quand il arrêta de saigner, il fut jeté dans un précipice » (p. 75).

Pour des délits mineurs aussi, par exemple, « jeu de hasard » on peut être puni de façon impitoyable s’ils sont commis les jours de festivité solennelle : « les moines sont à ce sujet inexorables et inspirent une grande crainte, parce que plus d’une fois il est arrivé que quelqu’un soit mort sous la flagellation de rigueur, la peine habituelle » (p. 153). La violence la plus sauvage caractérise les rapports non seulement entre « demi-dieux » et « êtres inférieurs » mais aussi entre les différentes fractions de la caste dominante : on « crève les yeux avec une épée » aux responsables des fréquentes « révolutions militaires » et « guerres civiles » qui caractérisent l’histoire du Tibet prérévolutionnaire (la dernière a lieu en 1947) (p.224-5). Et pourtant, notre zélé converti au lamaïsme ne se contente pas de déclarer que « les punitions sont plutôt drastiques, mais semblent être à la mesure de la mentalité de la population » (p.75). Non, le Tibet prérévolutionnaire est à ses yeux une oasis enchantée de non-violence : « Quand on est depuis quelques temps dans le pays, personne n’ose plus écraser une mouche sans y réfléchir. Moi-même, en présence d’un tibétain, je n’aurais jamais osé écraser un insecte seulement parce qu’il m’importunait » (p.183). Pour conclure, nous sommes face à un « paradis » (p.77). Outre Harrer, cette opinion est aussi celle du Dalaï Lama qui dans son « Message » final se laisse aller à une poignante nostalgie des années qu’il a vécues comme Dieu-roi : « nous nous souvenons de ces jours heureux que nous passâmes ensemble dans un pays heureux » (happy) soit, selon la traduction italienne, dans « un pays libre ».


2. Invasion du Tibet et tentative de démembrement de la Chine

Ce pays « heureux » et « libre », ce « paradis » est transformé en enfer par l’ « invasion » chinoise. Les mystifications n’ont pas de fin. Peut-on réellement parler d’ « invasion » ? Quel pays avait donc reconnu l’indépendance du Tibet et entretenait avec lui des relations diplomatiques ? En réalité, en 1949, dans un livre qu’il publie sur les relations Usa-Chine, le Département d’Etat américain publiait une carte éloquente en elle-même : en toute clarté, aussi bien le Tibet que Taiwan y figuraient comme parties intégrantes du grand pays asiatique, qui s’employait une fois pour toutes à mettre fin aux amputations territoriales imposées par un siècle d’agression colonialistes et impérialistes. Bien sûr, avec l’évènement des communistes au pouvoir, tout change, y compris les cartes géographiques : toute falsification historique et géographique est licite quand elle permet de relancer la politique commencée à l’époque avec la guerre de l’opium et, donc, d’aller vers le démantèlement de la Chine communiste.

C’est un objectif qui semble sur le point de se réaliser en 1959. Par un changement radical en regard de la politique suivie jusque là, de collaboration avec le nouveau pouvoir installé à Pékin, le Dalaï Lama choisit la voie de l’exil et commence à brandir le drapeau de l’indépendance du Tibet. S’agit-il réellement d’une revendication nationale ? Nous avons vu que le Dalaï Lama lui-même n’est pas d’origine tibétaine et qu’il a été obligé d’apprendre une langue qui n’est pas sa langue paternelle. Mais portons plutôt notre attention sur la caste dominante autochtone.

D’une part, celle-ci, malgré la misère générale et extrême du peuple, peut cultiver ses goûts de raffinement cosmopolite : à ses banquets on déguste « des choses exquises provenant de tous les coins du monde » (p.174-5). Ce sont de raffinés parasites qui les apprécient, et qui, en faisant montre de leur magnificence, ne font assurément pas preuve d’étroitesse provinciale : « les renards bleu viennent de Hambourg, les perles de culture du Japon, les turquoises de Perse via Bombay, les coraux d’Italie et l’ambre de Berlin et du Königsberg » (p.166). Mais tandis qu’on se sent en syntonie avec l’aristocratie parasite de tous les coins du monde, la caste dominante tibétaine considère ses serviteurs comme une race différente et inférieure ; oui, « la noblesse a ses lois sévères : il n’est permis d’épouser que quelqu’un de son rang » (p. 191). Quel sens cela a-t-il alors de parler de lutte d’indépendance nationale ? Comment peut-il y avoir une nation et une communauté nationale si, d’après le chantre même du Tibet prérévolutionnaire, les « demi-dieux » nobles, loin de considérer leurs serviteurs comme leurs concitoyens, les taxent et les traitent d’ « êtres inférieurs » (p. 170 et 168) ?

D’autre part, à quel Tibet pense le Dalaï Lama quand il commence à brandir le drapeau de l’indépendance ? C’est le Grand Tibet, qui aurait du rassembler de vastes zones hors du Tibet proprement dit, en annexant aussi les populations d’origine tibétaine résidant dans des régions comme le Yunnan et le Sichuan, qui faisaient partie depuis des siècles du territoire de la Chine et qui furent parfois le berceau historique de cette civilisation multiséculaire et multinationale. C’est clair, le Grand Tibet représentait et représente un élément essentiel du projet de démantèlement d’un pays qui, depuis sa renaissance en 1949, ne cesse de déranger les rêves de domination mondiale caressés par Washington.

Mais que serait-il arrivé au Tibet proprement dit si les ambitions du Dalaï Lama s’étaient réalisées ? Laissons pour le moment de côté les serfs et les « êtres inférieurs » à qui, bien entendu, les disciples et les dévots de Sa Sainteté ne prêtent pas beaucoup d’attention. Dans tous les cas, le Tibet révolutionnaire est une « théocratie » (p.169) : « un européen est difficilement en mesure de comprendre quelle importance on attribue au plus petit caprice du Dieu-roi ». Oui, « le pouvoir de la hiérarchie était illimité » (p.148), et il s’exerçait sur n’importe quel aspect de l’existence : « la vie des gens est réglée par la volonté divine, dont les interprètes sont les lamas » (p.182). Evidemment, il n’y a pas de distinction entre sphère politique et sphère religieuse : les moines permettaient « aux tibétaines les noces avec un musulman à la seule condition de ne pas abjurer » (p.169) ; il n’était pas permis de se convertir du lamaïsme à l’Islam. Comme la vie matrimoniale, la vie sexuelle aussi connaît sa réglementation circonspecte : « pour les adultères, des peines très drastiques sont en vigueur, on leur coupait le nez » (p. 191). C’est clair : pour démanteler la Chine, Washington n’hésitait pas à enfourcher le cheval fondamentaliste du lamaïsme intégriste et du Dalaï Lama.

A présent, même Sa Sainteté est obligé d’en prendre acte : le projet sécessionniste a largement échoué. Et voilà apparaître des déclarations par lesquelles on se contenterait de l’ « autonomie ». En réalité, le Tibet est depuis pas mal de temps une région autonome. Et il ne s’agit pas que de mots. En 1988 déjà, tout en formulant des critiques, Foreign Office, la revue étasunienne proche du Département d’Etat, dans un article de Melvyn C. Goldstein, avait laissé passer quelques reconnaissances importantes : dans la Région Autonome Tibétaine, 60 à 70 % des fonctionnaires sont d’ethnie tibétaine et la pratique du bilinguisme est courante. Bien sur, on peut toujours faire mieux ; il n’en demeure pas moins que du fait de la diffusion de l’instruction, la langue tibétaine est aujourd’hui parlée et écrite par un nombre de personnes bien plus élevé que dans le Tibet prérévolutionnaire. Il faut ajouter que seule la destruction de l’ordre des castes et des barrières qui séparaient les « demi-dieux » des « êtres inférieurs » a rendu possible l’émergence à grande échelle d’une identité culturelle et nationale tibétaine. La propagande courante est l’envers de la vérité.

Tandis qu’il jouit d’une ample autonomie, le Tibet, grâce aussi aux efforts massifs du gouvernement central, connaît une période d’extraordinaire développement économique et social. Parallèlement au niveau d’instruction, au niveau de vie et à l’espérance moyenne de vie, s’accroît aussi la cohésion entre les différents groupes ethniques, comme confirmé entre autres par l’augmentation des mariages mixtes entre hans (chinois) et tibétains. Mais c’est justement ce qui va devenir le nouveau cheval de bataille de la campagne anti-chinoise. L’article de B. Valli sur La Repubblica du 29 novembre 2003 en est un exemple éclatant. Je me bornerai ici à citer le sommaire : « L’intégration entre ces deux peuples est la dernière arme pour annuler la culture millénaire du pays du toit du monde ». C’est clair, le journaliste s’est laissé aveugler par l’image d’un Tibet à l’enseigne de la pureté ethnique et religieuse, qui est le rêve des groupes fondamentalistes et sécessionnistes.

Pour en comprendre le caractère réactionnaire, il suffit de redonner la parole au chroniqueur qui a inspiré Hollywood. Dans le Tibet prérévolutionnaire, en plus des tibétains, et des chinois, « on peut rencontrer aussi des ladaks, des boutans (orthographe non garantie, NdT), des mongols, des sikkimais, des kazakhs, etc ». Les népalais sont aussi largement présents : « Leurs familles demeurent presque toujours au Népal, où eux-mêmes rentrent de temps en temps. En cela ils se différencient des chinois qui épousent volontiers des femmes tibétaines, et mènent une vie conjugale exemplaire ». (p. 168-9). La plus grande « autonomie » qu’on revendique, on ne sait d’ailleurs pas très bien si pour le Tibet à proprement parler ou pour le Grand Tibet, devrait-elle comporter aussi la possibilité pour le gouvernement régional d’interdire les mariages mixtes et de réaliser une pureté ethnique et culturelle qui n’existait même pas avant 1949 ?


3. La cooptation du Dalaï Lama en Occident et dans la race blanche et la dénonciation du péril jaune

L’article de Repubblica est précieux car il nous permet de cueillir la subtile veine raciste qui traverse la campagne anti-chinoise actuelle. Comme il est notoire, dans sa recherche des origines de la race « aryenne » ou « nordique » ou « blanche », la mythologie raciste et le Troisième Reich ont souvent regardé avec intérêt l’Inde et le Tibet : c’est de là qu’allait partir la marche triomphale de la race supérieure. En 1939, à la suite d’une expédition de SS, l’autrichien Harrer arrive en Inde du Nord (aujourd’hui Pakistan) et, de là, pénètre au Tibet. Lorsqu’il rencontre le Dalaï Lama, il le reconnaît immédiatement, et le célèbre, comme membre de la race supérieure blanche : « Sa carnation était beaucoup plus claire que celle du tibétain moyen, et par certaines nuances plus blanche même que celle de l’aristocratie tibétaine » (p. 280). Par contre, les chinois sont tout à fait étrangers à la race blanche. Voilà pourquoi la première conversation que Sa Sainteté a avec Harrer est un événement extraordinaire : celui-ci se trouve « pour la première fois seul avec un homme blanc » (p. 277). En tant que substantiellement blanc le Dalaï Lama n’était certes pas inférieur aux « européens » et était de toutes façons « ouvert aux idées occidentales » (p. 292 et 294). Les Chinois, ennemis mortels de l’Occident, se comportent bien autrement. C’est ce que confirme à Harrer un « ministre–moine » du Tibet sacré : « dans les écritures anciennes, nous dit-il, on lisait une prophétie : une grande puissance du Nord fera la guerre au Tibet, détruira la religion et imposera son hégémonie au monde » (p.114). Pas de doute : la dénonciation du péril jaune est le fil conducteur du livre qui a inspiré la légende hollywoodienne du Dalaï Lama.

Revenons à la photo de groupe qui a mis un terme à son voyage en Italie. On peut considérer comme physiquement absents mais bien présents du point de vue des idées Richard Gere et les autres divas de Hollywood, inondés de dollars pour la célébration de la légende du Dieu-roi, venu du mystérieux Orient. Il est désagréable de l’admettre mais il faut en prendre acte : tournant le dos depuis quelques temps à l’histoire et à la géographie, une certaine gauche se révèle désormais capable de ne plus s’alimenter que de mythes théosophiques et cinématographiques, sans plus prendre de distances même avec les mythes cinématographiques les plus troubles.

Titre original : La Chine, le Tibet et le Dalaï Lama
Publié dans « L’Ernesto. Rivista Comunista », n° 5, novembre/décembre 2003, p. 54-57.
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Le 22 mars 2008

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Dans un communiqué de presse du Front National le lundi 17 mars 2008 le FN déclare :
" Le peuple tibétain a le droit à la liberté

Les Jeux Olympiques qui symbolisent la paix et la liberté seront organisés dans quelques mois dans l’une des dernières dictatures communistes de la planète qui depuis plusieurs jours rétablit dans le sang l’ordre rouge au Tibet.

Pays occupé depuis 1950 par l’armée chinoise et annexé par la Chine communiste, le Tibet paye au prix fort sa soif de liberté.

Le Front National dénonce cette politique de la violence menée par le régime communiste à l’encontre du peuple tibétain qui a déjà fait plusieurs dizaines de morts et condamne la lâcheté des autorités françaises qui pour des raisons mercantiles, ferment les yeux sur ces violations des droits de l’homme. Le peuple tibétain qui n’est chinois ni par la langue ni par la culture ni par la spiritualité a droit au respect de son identité nationale millénaire et de sa liberté.
"

Finalement la classe politique bourgeoise (et notamment le PS) est bien en phase avec ce communiqué et cette campagne antichinoise.


Edité le 29-03-2008 à 15:59:29 par Finimore




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   Posté le 29-03-2008 à 20:43:40   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Une censure bien de chez nous
La presse et les chaînes de télé se déchaînent :
Les images fournies par la Chine ont été diffusées très partiellement en rappelant qu’il fallait les lire avec d’extrêmes précautions car celles-là ont été « sélectionnées » .
Le bilan des émeutes n’a jamais été cité, les exactions commises censurées
Canal+ a donné le ton en soutenant sans réserve le boycott des JO et en invitant à cette fin Bob Ménard et son T shirt à menottes.
Depuis une semaine, tous les procédés du matraquage télévisuel sont utilisés.
Seuls les chiffres avancés par la clique du Dalaï Lama sont cités sans utiliser le conditionnel, sans se poser de question et sans sourciller.
Même Jean-Pierre Pernaud en oublierait sa France profonde.
Les pantalonnades de RSF deviennent des exploits médiatiques.
Il ne passe pas une info sans que le moindre pet du Dalaï Lama ne soit rapporté.
Il appelle à manifester : Lhassa est saccagée, 19 personnes sont tuées.
Il appelle les Chinois à la retenue
Il appelle à ne pas manifester
Il appelle à la non-violence
Il appelle à ne pas boycotter les JO
Il appelle à manifester au Tibet
Il appelle les puissances occidentales au secours
Le Dalaï Lama appelle beaucoup en ce moment…

...et pour cause, car son opération est mal engagée.

Un combat d'arrière garde

La bourgeoisie française unanime se dresse comme un petit coq, il y a de quoi :
l’économie se porte au plus mal, la cote de popularité de Sarkozy est au plus bas, et pendant ce temps la Françafrique part en brioche, précisément à cause des chinois qui ne respectent pas les règles du jeu (celles des réseaux Foccart et Bourgi s’entend).
Qu’on ne s’y trompe pas, les Droits de l’Homme n’ont rien à voir avec tout cela.
Mais l’impérialisme français joue un jeu dangereux et ne peut pas se permettre ce qu’il se permettait autrefois, un peu comme l’Angleterre obligée de vendre ses bijoux de famille Jaguar et Land Rover à l’indien Tata.
Très embarrassée, l’Union Européenne s’est concertée pour…ne rien faire.
Puisque le Royaume-Uni est obligé d’aller à la cérémonie de clôture pour récupérer la flamme olympique, "Dès lors, il n'y donc rien à annuler" , a dit le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
Le haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana sera dans les tribunes.
Il ne reste plus à Sarkozy qu’à fixer la ligne bleue des Vosges et déclarer avec fermeté : "Je ne ferme la porte à aucune éventualité mais je pense qu'il est plus prudent de réserver mes réponses à l'évolution concrète de la situation" .

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   Posté le 30-03-2008 à 08:21:16   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

lu sur http://bellaciao.org/fr/spip.php?article63946
et provenant de http://stanechy.over-blog.com/article-5425588.html

Le Tibet : Géopolitique de la Paille et de la Poutre...

Par Georges Stanechy, 28 janvier 2007 publié dans Géopolitique et Prospective

A chaque séjour à l’étranger, en dehors de ce que communément on appelle l’Occident, je suis frappé de voir combien nos discours et propagandes n’ont aucune prise. Aucune crédibilité, en dehors de son espace territorial. A part, évidemment, le cercle des castes locales protégées par les armes occidentales.

En Amérique latine, en Asie, en Afrique. Nos leçons sur la démocratie ou le respect des droits de l’homme, qu’affectionnent tant nos politiques et nos médias, ne sont pas prises au sérieux. « Double langage hypocrite » est le qualificatif le plus souvent employé, lorsqu’on veut rester poli avec nous. Vision totalement différente ? C’est, surtout, une évolution géopolitique, une véritable lame de fond en train de se lever face au « double standard » de l’Occident, pour reprendre l’expression couramment employée en anglais.
Une de mes plus fortes expériences, dans ce renversement de perspective, s’est produite lors d’un dîner avec des Chinois, de la République Populaire de Chine. J’avais sympathisé avec eux en travaillant sur des projets d’investissement (1). Cette soirée célébrait la fin de nos travaux.

A la fin du repas, la confiance et la sympathie étant partagées, je me suis hasardé à leur demander ce qu’ils pensaient des remarques sur le Tibet que leur adressaient régulièrement les délégations occidentales en visite chez eux. Pour réponse, j’ai eu droit à un grand éclat de rires de la part de mes interlocuteurs. Leur responsable hiérarchique, d’une culture et expérience internationale impressionnantes, m’expliqua :
· « … Le Tibet ? Nous avons sorti cette province, de la misère où l’avait plongé la théocratie d’un clergé bouddhiste dévoyé. Bouddha, c’est le spirituel pas le temporel : à l’opposé d’une religion d’Etat. Des siècles de misère, d’ignorance et de fatalisme. Nous y construisons des hôpitaux, des établissement d’enseignement, des routes, des stations d’épuration d’eau pour l’eau potable, un réseau électrique, un réseau d’assainissement pour les égouts, un réseau GSM, un réseau ferré qui est un des plus grands exploits techniques dans l’histoire du transport… Nous y apportons le développement et le bien-être.

Tout cela, vous n’en parlez jamais. Bien sûr, on ne rattrape pas des siècles de retard en quelques années. Mais, on va y arriver. Vos tentatives de déstabilisation avec ses faramineux budgets de propagande, qui soulageraient bien des misères de par le monde, ne nous impressionnent pas.
· Mais, les droits de l’homme, les droits à l’autodétermination, la liberté de vote…
· Vous, occidentaux, vous tournez le dos à l’évolution du monde. Nous, nous construisons là où nous allons. Vous, quand vous n’êtes pas dans un rapport de forces à peu près égal, vous ne savez que détruire, asservir et piller. Vous vivez encore sur des idées du XVI° siècle, même si vous employez des techniques modernes…
· Mais, les pressions au sujet du Tibet…
· Regardez, au Moyen-Orient, par exemple : vous vous dites laïcs, et vous êtes en train d’imposer des théocraties en créant des Etats fondés sur l’appartenance religieuse et confessionnelle. Il faut être chrétien, juif, sunnite, shiite, druze, maronite, kurde, pour avoir une existence légale, un Etat. Bien sûr, c’est pour mieux les contrôler en les opposant, pour les piller. Plus vous morcelez et plus vous êtes tranquilles pour contrôler la région et pomper le pétrole ou le gaz.
· Mais, concernant le Tibet…
· Vous ne respectez rien : vous choisissez les dirigeants. Sans tenir compte du choix électoral des peuples. Vous renversez des gouvernements légitimes, protégez des dictatures, des criminels de guerre. Vous réduisez en cendres des pays : vous bombardez, rasez des villes, des villages, emprisonnez des milliers de gens, tuez, torturez… Et, en plus : vous financez, provoquez, encouragez des guerres civiles, comme vous l’avez fait en Chine pendant si longtemps.

Ce sont des centaines de milliers de morts et de blessés et des destructions incalculables, depuis que vous avez pris la succession de l’Empire Ottoman en 1918… Au minimum, 2 millions de morts. Un véritable génocide. Et, ce n’est pas encore fini. Vous voulez détruire l’Iran. Mais, comme la Chine, le Moyen-Orient sera un jour maître de son destin, sans avoir à subir la loi de l’Occident… A ce moment-là, il y aura une redistribution des cartes.
· Mais, les interventions à propos du Tibet…
· J’y viens… Il y a une différence fondamentale, entre les occidentaux et nous : quand on prétend nous donner une leçon, nous écoutons poliment, par courtoisie à l’égard de nos invités ou de nos hôtes. Nous avons le Temps avec nous. Vous, vous n’êtes capables d’écouter que votre arrogance. Et, çà l’Histoire en marche n’en a rien à faire. Vos « idées politiques » ne sont pas crédibles : vous faites le contraire de ce que vous déclarez.

Vous des démocrates ? Il n’y a pas pires prédateurs ! Pour le moment, vous n’avez que la technique et la force pour vous imposer. Personne ne croit le premier mot de vos leçons de démocratie. Un jour, dès le milieu de ce siècle, vous serez dépassés, marginalisés. Et, ce jour-là, vous commencerez à écouter et à regarder. Ce jour-là seulement, nous le savons. Voyez : vous nous avez pillé (2) pendant un siècle, pensant que cela allait durer éternellement. Et, puis…

Mais, nous savons faire la différence entre les dirigeants politiques de l’Occident, sans foi ni loi, et les peuples qui le composent, et qui sont anesthésiés de propagande. C’est pour çà, que nous buvons à la santé du peuple français et à ta santé, Georges !...»

Et, de partir dans un grand éclat de rire. Je me suis toujours demandé comment mes joyeux compagnons de soirée arrivaient à tenir un repas arrosé de cognac, du début jusqu’à la fin. Toujours aussi lucides, précis et donnant à réfléchir…

De sacrés bons vivants, nos amis Chinois. Mais, en plus, eux : ils voient loin…

(1) Investissements chinois en dehors de la Chine, et même de l’Asie.
(2) L’Occident s’est emparé des richesses de la Chine (notamment ses ports, son commerce extérieur et ses douanes) à la suite de la Guerre de l’Opium en 1842, et le traité de Nankin du 29 août, lui arrachant des concessions territoriales et des territoires (Hong Kong), suivi d’autres conflits et traités conduisant à un dépeçage massif. Les premiers pays à s’allier et mener des opérations militaires conjointes contre la Chine ont été : la Grande-Bretagne, la France, et les USA. Par la suite, pour se maintenir dans cet immense pays, divers chefs de guerres étaient soutenus financièrement pour poursuivre leurs guerres civiles. Jusqu’au bouleversement de la seconde guerre mondiale, en Asie, et la victoire de Mao.

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Xuan
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   Posté le 31-03-2008 à 12:49:47   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

commentaire de Xinhua :

Mise à jour 31.03.2008 08h09
Commentaire: Fini de jouer avec les Droits de l'Homme

Les images de moines en robes safran dans le Temple Jokhang de Lhasa revendiquant leurs droits et la liberté et demandant le retour du dalaï lama a certainement retenu l'attention des médias du monde entier.

L'intervention des moines fut très efficace. Mais que connaissent-ils du passé féodal du Tibet qui ne prit fin qu'en 1959?

Après tout, la plupart d'entre eux ne sont que de jeunes gens tout juste âgés d'une vingtaine d'années et ne connaissent leur chef spirituel que par son nom.

Le 14e dalaï lama, comme tous ses prédécesseurs, fut le plus grand propriétaire de serfs. Il possédait chaque parcelle de terre et chaque tête de bétail au Tibet et il était libre d'exploiter - de vendre aussi - ses serfs et esclaves.

Si les jeunes moines-manifestants avaient eu connaissance de cela, ils auraient trouvé mieux à faire que de tenter de remettre en cause les droits de l'homme.

Ils se sont plaints de n'avoir aucun droits religieux, mais le gouvernement central a alloué plus de 700 millions de yuan (97 millions de dollars américains) depuis 1980 afin de conserver 1 400 monastères et reliques religieuses.

Il s'agit d'un montant colossal pour la 4ème économie mondiale.

Actuellement, le Tibet possède plus de 1 700 sites religieux relatifs au Bouddhisme Tibétain qui accueillent 460 000 moines et nonnes, 4 mosquées avec ses 3 000 musulmans et une Eglise Catholique Tibétaine pour 700 croyants.

Les moines, qui se sont dits les témoins oculaires des prétendus "massacre de plus de 100 tibétains et arrestation de plus de 1 000 autres", se sont également plaints d'avoir été emprisonnés dans le temple du 10 au 26 mars, alors que les affrontements ont eu lieu le 14 mars.

Aucun des journalistes étrangers présents sur place n'a relevé la contradiction - s'ils étaient emprissonés ils n'ont pu être les témoins des faits relatés.

Nous sommes déçus de voir que la clique, basée en Inde, a tenté maladroitement de dissimuler la nature violente des émeutes qui ont tués 18 civils et un officier de police à Lhasa. 623 personnes ont été blessées, des magasins, des écoles et autres infrastructures ont été détruites.

Le nombre de victimes concernant Dharamsala, ville située dans les collines du nord de l'Inde, n'est toujours pas connu à ce jour. Le bilan a varié entre 99 et plusieurs centaines de victimes pendant 2 semaines avant que le "gouvernement en exil" ne décide de parler finalement de 135 et 140 morts.

Karma Chopel, le "porte-parole" du "Parlement Tibétain en exil" a encore mis en scène une nouvelle plaisanterie quand il est venu chercher le soutien du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies.

Le résultat? Aucun des 47 états présents au Conseil n'a proposé une résolution sur la question, et aucune requête n'a été présentée pour une session extraordinaire sur le Tibet.

Ils ont apparemment sous-estimés l'indépendance de l'esprit du Conseil et de ses pays membres.


On peut lire également l'article 5 questions à propos du soulèvement au Tibet par Peter Franssen sur le site de Michel Colon :
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-03-28%2014:10:11&log=invites

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   Posté le 01-04-2008 à 14:29:25   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lu sur http://www.alterinfo.net/TIBET-LE-PIEGE-TENDU-PAR-LES-OCCIDENTAUX-A-LA-CHINE_a17919.html?preaction=nl&id=6773903&idnl=33024&

TIBET: LE PIEGE TENDU PAR LES OCCIDENTAUX A LA CHINE


Aucune autre occasion n'aurait été si belle pour les occidentaux, comme les jeux olympiques de Pékin, pour essayer des manœuvres basses de déstabilisation de la Chine par des manipulations en tous genres comme ce qui se passe aujourd'hui.



Déplacer une question de géostratégie sur le terrain des droits de l'homme, on l'a vu avec l'Irak, l'Afghanistan, est une ruse utilisée par les occidentaux pour initier le chaos. Cette fois-ci, la question est de savoir s'il ne risque pas gros en s'attaquant au géant chinois.

Le réveil de la Chine ainsi que celui d'autres pays comme l'Inde est perçu, par les occidentaux, comme un affront, une réelle menace qui constitue une atteinte à la dignité des occidentaux . Situation que l'orgueil occidental ne saurait trop accepter et qu'il faut combattre par tous les moyens. Une preuve de plus qui trahit les bonnes intentions des occidentaux lorsqu'ils abordent la question du "Bien-être" de l'humanité. Tout dans les intentions et les incantations.

La crise qui sévit aujourd'hui au Tibet est parmi les possibles instruments et moyens de rétorsion que les occidentaux useront et sans scrupules d'en abuser, pour essayer de contrer et faire face à la puissante machine chinoise dont l'avancée a pour conséquence d'écarter, de faire vaciller la condescendance de l'occident dans les territoires qui leur servent de source d'approvisionnements et qu'ils considèrent comme conquis à jamais. Ainsi la Chine est, depuis quelques années maintenant, considérée comme le grain de sable qui vient enrayer la mécanique d'oppression occidentale, habituée à broyer et mettre à mal les économies africaines par exemples.

Les informations ci et là relayées dans les médias occidentaux de la situation au Tibet et les condamnations unanimes des puissances occidentales sont de nature en induire en erreur le citoyen lambda qui ne prendrait pas en compte la question d'approvisionnement en matières premières et autres énergies [la géostratégie] , pour ne se contenter de scruter l'argument fallacieux et fantaisiste des droits de l'homme que les occidentaux balancent à tout va. L'occident peut-il se targuer de garantir les droits de l'homme sur son territoire ?

Pourquoi l'occident ne met-il pas le même entrain à donner l'autonomie aux basques qui la réclament du gouvernement espagnol, des bavarois qui veulent la sécession avec le pouvoir central allemand ou des corses qui sont en perpétuel mouvement pour se séparer de la France ?

Espérons simplement que les "états africains" dont les équipes participent aux jeux olympiques ne suivront pas l'hystérie occidentale en boycottant les jeux ou leur ouverture et se priver ainsi d'un contrepoids qui, s'ils sont malins, les sort de l'asphyxie dans lequel l'occident les plonge depuis des lustres.


Jeudi 20 Mars 2008

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   Posté le 02-04-2008 à 22:46:15   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

envoyé au forum du Point :
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/la-chine-multiplie-les-accusations-contre-le-dalai-lama/924/0/234253
Une initiative calamiteuse
"A ploubi :
Le gouvernement chinois n’a aucun intérêt au désordre même actuellement. S’il avait voulu se débarrasser de fauteurs de troubles discrètement, il aurait dû le faire bien avant et non une semaine avant de récupérer la flamme olympique.
A l’inverse le Dalaï Lama a tout intérêt à utiliser la situation particulière des JO à Pékin, ainsi que la date anniversaire de son exil pour se faire entendre.
Cela dit il y a façon et façon de se faire entendre : mettre Lhassa à feu et à sang n’est sans doute pas la meilleure pour demander le retour du Dalaï Lama, ni pour démontrer ses intentions « pacifiques ».

Quant à vouloir infléchir de l’extérieur la politique de la Chine, alors qu’elle ne l’avait même pas accepté de la part de l’URSS, c’est se bercer d’illusions.
Le peuple chinois a été colonisé par les pays occidentaux dans le passé, et tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une ingérence dans ses affaires ne sera admis par lui (et pas seulement son gouvernement) à aucun prix, même pas celui des JO.

Sur le plan international, il ne faut pas oublier que la Chine est le premier pays du Tiers Monde à organiser les JO.
Regardons autour de nous (pour une fois) : nombre de ces pays soutiennent la Chine et ressentent le boycott comme un affront fait aux pays émergents par les puissances occidentales.

Il restera certainement des traces de la campagne pour le boycott, en tous cas du côté chinois un rejet sans doute plus marqué des sirènes libérales et du modèle occidental, dont certains réformistes s’étaient peut être inspiré dans le PCC et les milieux économiques.

S’il en va ainsi, l’émeute de mars 2008 aura été pire encore que la crise des subprimes : proprement calamiteuse pour l’occident et ses valeurs.
"


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   Posté le 02-04-2008 à 23:22:00   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

entrevue houleuse entre Jean-Pierre-Elkabbach et Qu Xing représentant de l'ambassade de Chine le 26 mars sur Europe 1:
http://www.europe1.fr/politique/videos/1324996/Jean-Pierre-Elkabbach-recoit-L-interview-de-Qu-Xing.html


caches d'armes dans des temples
BEIJING, 2 avril (Xinhua) -- Une grande quantité d'armes offensives suspectées d'être utilisées dans les émeutes ont été découvertes dans plusieurs temples tibétains, a annoncé mardi le ministère chinois de la Sécurité publique.
Les autorités de la sécurité publique ont trouvé, à partir d'informations fournies par des lamas et d'autres personnes, 178 armes à feu, 13 013 balles, 359 sabres, 3 504 kg de dynamite, 19 360 détonateurs et deux grenades à main dans des chambres de lamas dans des temples au Tibet, a dit Wu Heping, porte-parole du ministère.
Il a dit que le dalaï lama et ses partisans avaient récemment planifié et organisé des activités à travers le monde pour soutenir l'"indépendance du Tibet" telles que "Soutien au Tibet" et la "Journée d'action mondiale".
"Leur prochain projet est d'organiser des commando suicide pour lancer des attaques violentes, d'après notre enquête", a dit M. Wu, ajoutant : "Ils ont même déclaré ne craindre ni l'effusion de sang ni le sacrifice."
Le dalaï lama a continué de prétendre qu'il s'exprimait dans une voie pacifique, a indiqué M. Wu. Mais, a-t-il poursuivi, les faits ont montré que sa politique de "voie du milieu" et les " manifestations pacifiques" étaient de "purs mensonges".
"Nous avons maintenant des preuves suffisantes pour montrer que les violences du 14 mars à Lhasa faisaient partie du 'Mouvement de révolte du peuple tibétain', un complot de la clique du dalaï lama ", a dit M. Wu.
"Les forces séparatistes de l'"indépendance du Tibet" dirigées par le dalaï lama prennent les Jeux olympiques 2008 comme une ultime occasion de réaliser leur objectif politique de diviser la Chine au moyen de plans inventés pour saboter les Jeux", a conclu M. Wu


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   Posté le 03-04-2008 à 04:46:37   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

TIBET : Enquête sur une photo manipulée
MICHEL COLLON

Regardez bien cette photo « Soldats chinois déguisés en moines », que vous avez sans doute reçue ou recevrez bientôt. Elle circule beaucoup sur le Net, avec le commentaire : « Londres - 20 mars - Le GCHQ, l'agence gouvernementale de communications qui surveille électroniquement la moitié du monde depuis l'espace, a confirmé l'accusation du Dalaï Lama, selon laquelle l'Armée Populaire de Libération chinoise, déguisée en moines, a provoqué les émeutes qui ont tué ou blessé des centaines de Tibétains... »
La photo accusatrice

Cette photo est censée le prouver, et elle a donc indigné beaucoup de gens. Maintenant, regardez attentivement cette photo, et jouons au jeu des sept erreurs...

Les 7 erreurs...
1. Avez-vous déjà vu une « photo - satellite » prise avec un tel angle de vue ?
2. On nous dit que les soldats se déguisent en moines pour jouer les agents provocateurs. Sont-ils assez stupides pour mener une telle opération secrète en pleine rue ?
3. On nous dit que la photo est récente, juste avant les événements. Qu'est-ce qui le prouve ?
4. J'ai interrogé un ami connaissant le Tibet. Il dit que cette photo ne peut avoir été prise ce 14 mars, sous un soleil printanier, car le printemps n'est arrivé que le 21 mars cette année au Tibet.
5. Il me dit aussi que les toits des vélo - taxis de Lhassa ont changé de couleur à partir de 2005.
6. Il dit également que ces uniformes des policiers ne sont plus utilisés depuis longtemps.
7. Il fallait donc mener une petite enquête qui nous a fait découvrir une toute autre version...

Mais alors d'où vient-elle ?
En réalité, la photo date de 2003. Lors du tournage d'un film, les moines ont refusé de jouer les figurants. Ce sont donc des soldats qui en ont été chargés, et ils reçoivent ici leurs uniformes de figurants. Pratique courante là-bas, semble-t-il. En tout cas, rien à voir avec les récentes images TV montrant des moines exercer des violences et détruire des magasins à Lhassa.
Bon, ça semblait tellement gros qu'il fallait quand même vérifier. Eh bien, en fait, vous pouvez trouver confirmation sur... le site pro-indépendantiste qui diffuse la photo 'accusatrice' :
http://buddhism.kalachakranet.org/chinese-orchestrating-riots-tibet.htm

La photo y est sous-titrée : This is not an uncommon 'tactical move' from the Chinese government, as could be seen on the back-cover of the 2003 annual TCHRD Report
This photo was apparently made when monks refused to play as actors in a movie, so soldiers were ordered to put on robes. (Ceci n'est pas un 'mouvement tactique' inhabituel de la part du gouvernement chinois, comme on peut le voir sur la couverture arrière du rapport 2003 du Tibetan Centre for Human Rights and Democracy. Cette photo semble avoir été prise lorsque des moines ont refusé de jouer dans un film, de sorte que des soldats ont reçu instruction de porter ces robes.)
Interrogé sur cette manipulation, le webmaster du site a répondu qu'il a quand même associé la photo au texte accusant les Chinois « afin de montrer le genre de leurres que les Chinois ont utilisé dans les émeutes récentes ». Chacun appréciera cette déontologie journalistique.
Ensuite, toutes sortes de groupements ont purement et simplement supprimé ce commentaire pour faire croire que la photo était récente et qu'il s'agissait d'une conspiration de l'armée chinoise. Depuis, la photo fait le tour du monde...

"Photos - satellites" ? Ce n'est pas la première fois...
1. Ce n'est pas la première fois qu'on prétend nous démontrer la vérité avec des photos - satellites. En 1990, les Etats-Unis ont prétendu disposer de photos - satellites (qu'ils n'ont jamais montrées) « prouvant » que Saddam Hussein allait envahir l'Arabie Saoudite. Ce truc de diabolisation a joué un grand rôle pour manipuler l'opinion. J'ai analysé ce médiamensonge dans mon livre Attention, médias ! (page 21)
2. En 2003, les Etats-Unis ont diffusé des photos - satellites « prouvant » que l'Irak possédait des armes de destruction massive.
3. Plus récemment, ils ont récidivé contre l'Iran (taisant le fait qu'Israël possède deux cents têtes nucléaires illégales).

Une image peut-elle mentir ?
C'est donc le moment de rappeler qu'on peut mentir avec des images. Sans parler des techniques graphiques actuelles, de grands cinéastes comme Chris Marker ont brillamment démontré comment un commentaire peut faire dire n'importe quoi à une image et sembler crédible. En fait, l'image elle-même ne nous dit pas :
1. Quand et où elle a été prise.
2. Ce qu'elle montre vraiment.
3. Ce qu'elle cache (à côté, avant, après...)

Tous, nous nous sommes déjà fait piéger par de telles images dans le passé. Certes, chacun se fera son opinion sur la question du Tibet en essayant de vérifier les deux versions, en étudiant les intérêts en jeu des deux côtés, notamment de George Bush que le Dalaï Lama admire tant. Mais en tout cas nous avons droit à une info non manipulée. Nous suggérons aux personnes qui ont diffusé cette image de diffuser aussi le rectificatif. Merci pour votre attention.

MICHEL COLLON

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   Posté le 03-04-2008 à 14:30:58   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Lu sur Forum Communiste

RSF, Guillebaud et l'omerta des médias.

Ménard partout dans les médias, RSf supplantant à la fois Amnesty international, la ligue Internationale des droits de l'homme et tous les syndicats de journalistes, voilà qui commence à agacer la profession. Elle envoie des signes pour le dire. Mais elle avalise par son silence une monstruosité ménardienne et ne tolère pas que d'autres qu'elle fasse le ménage.

RSF a été fondé en 1985 par Jean-Claude Guillebaud, journaliste au Nouvel-Observateur, Rony Brauman, alors président de Médecins sans frontières et Robert Ménard alors journaliste à Montpellier . Les deux premiers ont rapidement démissionné.

Jean-Claude Guillebaud avait exprimé il y a plusieurs années des réserves analogues à celles qu'il a confiées à Marianne le 2 avril 2008. La répétition est cependant bien venue (pourquoi dans Marianne et pas dans le Nouvel-Obs ?).

Ecoutons Robert Ménard parler de ses désaccords avec Rony Brauman dans son livre « Ces journalistes que l'on veut faire taire », Albin Michel, mars 2001 : « [en 1994] Rony Brauman dénonce le « climat pourri » qui règne dans l'association, notre dépendance à l'égard de la Commission européenne. ». Il déplore également l'autoritarisme de Robert Ménard et la « dictature domestique qu'il fait régner sur RSF. », penchant confirmé par l'intéressé : « Je suis autoritaire. [.] Je ne sais pas discuter et j'aime décider seul. ».

Mais, depuis les départs de ces deux co-fondateurs, il s'est passé un événement plus grave dont il est scandaleux que personne ne parle dans la presse politique. Je traite cet événement dans mon livre sur Reporters sans frontières. De nombreux sites Internet l'ont fait également. La presse qui fait l'opinion s'est tue.

Revenons encore une fois sur cette horreur escamotée et qui aurait fait couler des hectolitres d'encre si elle avait été proférée par Le Pen ou par George W. Bush.

Robert Ménard était l'un des invités de l'émission « Contre expertise » sur France Culture le 16 août 2007. Il s'y est posé la question de la légitimité de la torture. Citant le cas de familles de preneurs d'otages torturées en représailles par les services de police au Pakistan, il fait mine de se demander jusqu'où il faut aller dans ces pratiques : « Moi je sais plus quoi penser ». Il ajoute : « Je ne dis pas, je ne dirai pas qu'ils ont eu tort de le faire » et il livre le fond de sa pensée jusqu'alors implicite : « ...moi, si c'était ma fille que l'on prenait en otage, il n'y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n'y aurait aucune limite pour la torture. ».

Faut-il rappeler au patron de RSF que l'apologie de la torture est interdite en France, que même si les USA ont voté une loi pour en autoriser l'usage, elle est condamnée par l'ONU, la Convention de Genève, Amnesty international et par toutes les ONG ?

Enfin : presque toutes les ONG.

Au journaliste Eric Nolleau qui lui reprocha ses propos sur la torture samedi 29 mars dans l'émission « On n'est pas couché » sur France 2, Ménard répondit : « Vous êtes un menteur » avant d'en donner une version fausse avec un aplomb sidérant.

Robert Ménard vient d'être décoré de la Légion d'honneur.

Les informations ci-dessus proviennent en partie de mon livre « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone », éditions Aden.

Cet ouvrage présente la particularité de circuler dans toutes les salles de rédaction, de figurer dans le fonds de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, d'avoir été sélectionné par 17 médias pour un prix, mais de subir la loi de l'Omerta.

Parenthèse : un exemplaire en a été envoyé au Nouvel-Observateur il y a plus de quatre mois déjà.

Le bi-mestriel Plan B a signalé l'existence du livre. Daniel Mermet ("Là Bas si j'y suis" a annoncé une conférence que j'allais faire. Maurice Lemoine a chroniqué le livre dans Le Monde Diplomatique. A part eux, aucun parmi les dizaines de journalistes qui l'ont lu et qui travaillent pour des médias en vue n'ont écrit une ligne sur lui. Plusieurs ont dialogué en privé avec moi et m'ont dit qu'ils regrettaient de ne pouvoir le faire.

Grâce au bouche à oreille et à quelques sites Internet, grâce aux conférences que je fais sur le sujet un peu partout en France et qui remplissent les salles et les amphis, le premier tirage sera bientôt épuisé. Sauf événement imprévu, il n'y en aura probablement pas de second en langue française. Traduit en espagnol, le livre prend son envol à l'étranger (Amérique latine). Des éditions en d'autres langues sont envisagées.

Il est donc possible que les écrits d'un auteur français sur une ONG française soient surtout ignorés du public français.

Allez savoir pourquoi !

Merci de poser la question autour de vous.

Maxime Vivas

Pour vous abonner à ce groupe, envoyez un email à :
ForumCommuniste-subscribe@yahoogroups.com

Visitez le site de ForumCommuniste
http://perso.wanadoo.fr/forumcommuniste/index.htm


Edité le 03-04-2008 à 14:32:26 par Finimore




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   Posté le 03-04-2008 à 15:56:58   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Dossiers, liens et vidéos sur le site du Quotidien du Peuple (en français)

http://french.peopledaily.com.cn/31966/93578/index.html

vous trouverez également un logo contre le Boycott



http://french.peopledaily.com.cn/vdl/vdl/6382127.html


Edité le 03-04-2008 à 15:57:43 par Finimore




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