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 séparatisme et lutte des classes

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Xuan
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   Posté le 24-10-2020 à 13:59:25   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Il faut certainement trancher avec les hypocrites prétentions "anti islamistes" de la bourgeoisie, et avancer notre conception de la laïcité.
Défendons une laïcité populaire, tolérante et scientifique. Seule une telle orientation peut abolir l’obscurantisme et le terrorisme.
Ci-dessous un article intéressant dans ce sens, sur un blog nullement communiste mais plutôt catho :


Après l’atrocité de Conflans, quelques suggestions

http://plunkett.hautetfort.com/archive/2020/10/17/apres-l-atrocite-de-conflans-quelques-suggestions-6270564.html

L’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, et sa cause, les dessins de Charlie Hebdo republiés, confirment ce qui apparaissait déjà lors de la tentative de meurtres du 25 septembre :


> Lutter réellement (radicalement) contre l’islamisme exigerait une double tâche politico-culturelle :
1. mettre au jour les vraies raisons françaises de relever le défi islamiste ;
2. amener les musulmans de France à modifier, dans l’islam, tout ce qui semble autoriser l’islamisme actuel.

> Ce point 2 exige que l’autorité “républicaine” n’ait pas l’air de combattre la religion musulmane en elle-même. Il exige aussi d’être mené en connaissance de cause : comment intervenir auprès de musulmans si l’on ne comprend pas leur religion ? ni d’ailleurs aucune religion…

> Or les dessins de Charlie Hebdo sont ignares au sujet de toutes les religions (conchiées stupidement par ce journal depuis des années). Ils prennent la forme d’outrages. Rappelons que le dessin montré aux élèves par le malheureux prof d’histoire-géo de Conflans et qui a déclenché d’abord la fureur de parents d’élèves (puis l’intrusion homicide du “jeune réfugié tchétchène” Abdoullah Abouyezidvitch), représentait Mahomet nu et accroupi, une étoile peinte sur la fesse, avec cette légende : “Une étoile est née” 1. Cette insulte inepte fait partie de ce que M. Macron présente comme “la liberté de ne pas croire”.

> Au lieu du combat politico-culturel qu’il faudrait mener contre l’islamisme, l’Etat a en effet choisi l’inepte : sacraliser Charlie Hebdo, et faire entrer ses dessins anti-Mahomet (mais très cons) dans les programmes des lycées et collèges – avec les conséquences que l’on sait. C’est une erreur contre-productive ; on n’a pas fini d’en subir les conséquences.

> Dire ces vérités sur le rôle de Charlie Hebdo et le vide mental des pouvoirs publics, ce n’est en aucun cas “se coucher devant les islamistes” comme le clament nos excités. Au contraire, c’est vouloir donner au combat contre l’islamisme un contenu adéquat : autre chose que ce que l’on appelle maintenant “valeurs de la République” et qui réside surtout dans les “avancées sociétales” venues des USA, qui scandalisent jusqu’à l’os les musulmans pieux. Du coup, ceux-ci se sentent coincés entre le marteau (une phobie antireligieuse présentée comme “française”) et l’enclume (l’islamisme importé d’ailleurs).

> Le président de la République devrait savoir que son “ils-ne-passeront-pas” d’hier soir est historiquement le cri d’une défaite : celle de la République espagnole, vaincue parce qu’elle ne se donna pas les moyens d’empêcher les franquistes de “passer”… Ne pas prendre les moyens aujourd’hui, c’est se tromper de terrain dans la lutte contre l’islamisme ; c’est prendre Charlie Hebdo comme phare intellectuel et moral ; c’est choquer et re-choquer les musulmans en donnant le label RF à de mauvaises caricatures ; c’est donc favoriser la stratégie d’islamistes dont le seul but est de prendre en main les musulmans français.

> Plutôt que d’aider stupidement l’ennemi en refusant de comprendre quel type de guerre il nous fait, mieux vaudrait le combattre intelligemment, donc efficacement. Si l’on veut “faire nation” contre lui, comme dit M. Macron, on ne le fera pas avec des idéaux fumeux et de la haine contre toutes les religions. Assez de grands mots et de petits dessins !

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1. Allusion absurde au film de Wellman A star is born (1937) : on est cinéphile, à Charlie.



Edité le 24-10-2020 à 14:00:06 par Xuan




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pzorba75
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   Posté le 24-10-2020 à 15:16:13   Voir le profil de pzorba75 (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à pzorba75   

Pas d'accord avec la laïcité tolérante! La tolérance c'est le fait du prince, de celui qui se sent supérieur et tient en laisse ceux qu'il considère comme inférieurs, socialement, économiquement (un peu la même chose) et intellectuellement. La tolérance est la propriété des prétentieux, elle n'a pas sa place dans une société où les êtres humains disposent des mêmes droits.

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marquetalia
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   Posté le 24-10-2020 à 18:02:34   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Il est facile pour des membres des Éditions Prolétariennes de dénoncer l appui américain aux moudjahidines afghans contre les Soviétiques, puisque les maos ont eux-mêmes soutenus les barbus hirsutes au nom de la "lutte contre le social impérialisme"-sic-

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Xuan
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   Posté le 24-10-2020 à 23:50:36   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Dans un état laïc la laïcité domine et dans un religieux les religions dominent aussi.
Il n'y a pas d'égalité. Par contre la laïcité peut tolérer les religions du moment où elles restent dans la sphère privée et se plient aux lois de l'Etat laïc.
Par contre cette domination n'est pas le mépris des religions.

Au nom de la liberté d'expression Macron défend des caricatures qui sont méprisantes pour les musulmans et c'est là que le bât blesse.
Les pays musulmans n'ont pas tardé à réagir puisqu'ils boycottent.
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/enseignant-decapite-dans-les-yvelines/appels-au-boycott-de-produits-francais-dans-des-pays-musulmans-apres-les-propos-de-macron-sur-les-caricatures_4154581.html

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Xuan
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   Posté le 25-10-2020 à 06:00:01   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Voir la position du PCF et le commentaire de Danielle Bleitrach Combattre le terrorisme islamiste. Faire triompher la République démocratique et sociale Déclaration du PCF
Cette position se démarque de l'islamophobie mais ne sort pas du cadre de la république bourgeoise.

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Xuan
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   Posté le 25-10-2020 à 06:37:15   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

marquetalia a écrit :

Il est facile pour des membres des Éditions Prolétariennes de dénoncer l appui américain aux moudjahidines afghans contre les Soviétiques, puisque les maos ont eux-mêmes soutenus les barbus hirsutes au nom de la "lutte contre le social impérialisme"-sic-


Le social-impérialisme a bel et bien existé et nous l'avons dénoncé à juste titre, pour autant nous n'avons pas défendu des "barbus hirsutes" comme tu l'écris.
Je trouve que cette expression a quelque chose un poil raciste d'ailleurs.
En Afghanistan c'est d'abord l'URSS qui s'est ingérée dans la succession des coups d'état, puis les USA en 1979. Et l'URSS est intervenue militairement ensuite, comme elle l'avait fait précédemment en Tchécoslovaquie.

Les révolutions ne s'exportent pas. L'orientation suivie par l'URSS durant la guerre froide a consisté d'une part à se militariser au détriment de l'économie et des intérêts des masses, et d'autre part à intervenir à l'étranger en appuyant des partis sympathisants. Cette méthode de grande puissance n'est pas marxiste, elle est contraire aux 5 principes de la coexistence pacifique et elle est vouée à l'échec.
Souvent les communistes ont jugé qu'il fallait calquer le comportement des états socialistes sur celui des pays impérialistes. C'est une erreur.

La Chine n'a pratiqué ni ingérence ni intervention militaire, voir Chine et Afghanistan

Si on compare l'intervention de la Chine en Corée en 1950, elle s'est faite non seulement à la demande du gouvernement coréen, seul représentant de l'ensemble de la Corée, mais après que les USA aient bombardé la frontière et des villages chinois.

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Finimore
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Finimore
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   Posté le 25-10-2020 à 07:04:21   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

marquetalia a écrit :

Il est facile pour des membres des Éditions Prolétariennes de dénoncer l appui américain aux moudjahidines afghans contre les Soviétiques, puisque les maos ont eux-mêmes soutenus les barbus hirsutes au nom de la "lutte contre le social impérialisme"-sic-


Ce qui est facile, c'est de dire le temps qu'il a fait hier, mais plus difficile de dire celui qu'il fera demain.
Visiblement tu as des problèmes avec les nuances, les contradictions, tu es dans le commentaire hors contexte et c'est très facile. Je pense que Xuan t'a donné quelques éléments importants de réponse :
"Le social-impérialisme a bel et bien existé et nous l'avons dénoncé à juste titre, pour autant nous n'avons pas défendu des "barbus hirsutes" comme tu l'écris."
"Les révolutions ne s'exportent pas. L'orientation suivie par l'URSS durant la guerre froide a consisté d'une part à se militariser au détriment de l'économie et des intérêts des masses, et d'autre part à intervenir à l'étranger en appuyant des partis sympathisants. Cette méthode de grande puissance n'est pas marxiste, elle est contraire aux 5 principes de la coexistence pacifique et elle est vouée à l'échec.
Souvent les communistes ont jugé qu'il fallait calquer le comportement des états socialistes sur celui des pays impérialistes. C'est une erreur."

Ceci dit je ne prétend pas que les communistes marxistes-léninistes n'ont pas fait d'erreurs et d'ailleurs sur ce sujet tu trouveras des éléments de réponses dans le livre de Daniel Poncet "Deuxième Gauche : réformisme et lutte de classe" (dispo et lisible sur le site des EP, ou la question de l'Afghanistan et celui de la Pologne (sur Solidarnosc) est traitée (il y est même rappelé la position de soutien à l'armée rouge en Afghanistan de la LTF ligue trotskyste de France et sa critique de Solidarnosc).

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 09:14:43   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

C est sûrement des maos qui ont tagué "collabo"sur le siège du Parti communiste français.c est fort possible qu ils fassent le lien erroné être l appel du PCF à l unité de la nation après l assassinat du professeur d histoire de région parisienne avec le vote par le parti en faveur de la "pacification" a Guy Mollet en 1956, également consécutif au meurtre d un instituteur,communiste celui ci,une partie des maos considerant que les banlieues sont gérées de "manière coloniale".


Edité le 25-10-2020 à 10:43:33 par marquetalia




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marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 09:17:00   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

C est la démocratie populaire afghane qui a sollicité l aide de l Union soviétique face à l agression djihadiste et américaine.

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Xuan
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   Posté le 25-10-2020 à 10:35:43   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

"C'est sûrement des maos..." évite les suppositions et les scenarios improbables. En outre "maos" n'a pas de sens du point de vue ml.

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Ne parle pas de "démocratie populaire" en Afghanistan. Il y a eu plusieurs coups d'états et des oppositions successives entre les partis communistes ou autoproclamés tels, adoubés ou non par l'URSS, avec des retournements pro ou anti URSS...
En septembre 79, deux factions "communistes" se sont opposées et le vainqueur Hafizullah Amin l'emporte en faisant exécuter Nour Mohammad Taraki, puis il s'écarte de Moscou.
Peu après l'intervention russe, il est lui-même exécuté par les Spetsnaz et remplacé par Babrak Karmal, rival dans son propre parti.
Par conséquent on peut se demander ce que représentaient les "très nombreuses demandes d'intervention du gouvernement communiste afghan" .

Evidemment ceci ne blanchit nullement l'action subversive en parallèle des USA, mais l'action de l'URSS en Afghanistan ne s'apparente en aucun cas à l'internationalisme prolétarien, qui ne consiste pas à placer à l'étranger un dirigeant ami, mis à l'abri à Moscou jusqu'à l'intervention militaire.

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marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 10:42:24   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Pourquoi alors dénoncez vous l appui u.s aux barbus si "l Afghanistan n était pas une démocratie populaire" ?


Edité le 25-10-2020 à 10:42:43 par marquetalia




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marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 12:26:26   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Concernant la Chine Populaire,je vous rappelle qu elle a soutenu les criminels Khmers rouges contre le Vietnam.cependant,la situation est maintenant différente,le fléau de la sinophobie est distillé pour conditionner à la guerre u.s contre la République populaire de Chine,de Besançenot et Benoît Hamon au Rassemblement National en passant par EELV.


Edité le 25-10-2020 à 14:40:44 par marquetalia




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marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 14:44:06   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Quand je pense que Fabien Roussel est prêt à s allier avec le Npa, Génération S et EELV,je me dis qu il ne reste plus grand chose du communisme en France ...veut il être dans un gouvernement qui enverra l armée française combattre la République populaire de Chine aux côtés des États Unis d Amérique,du Japon,de l Inde,du Canada et de l Australie ?


Edité le 25-10-2020 à 14:44:50 par marquetalia




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pzorba75
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   Posté le 25-10-2020 à 15:55:16   Voir le profil de pzorba75 (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à pzorba75   

marquetalia a écrit :

Quand je pense que Fabien Roussel est prêt à s allier avec le Npa, Génération S et EELV,je me dis qu il ne reste plus grand chose du communisme en France ...veut il être dans un gouvernement qui enverra l armée française combattre la République populaire de Chine aux côtés des États Unis d Amérique,du Japon,de l Inde,du Canada et de l Australie ?

Tu es dans le délire, prends un peu de repos.

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marquetalia
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   Posté le 25-10-2020 à 16:10:21   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Pourtant,je ne fume que du tabac Élixir,et je ne bois que du café.

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Xuan
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   Posté le 25-10-2020 à 19:57:56   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le financement par les USA des islamistes en Afghanistan doit être dénoncé comme une ingérence manifeste, au même titre que l'intervention russe, au cas où tu n'aurais pas encore compris les 5 principes de la coexistence pacifique.

L'origine du conflit entre Vietnam et Kampuchea provient de la volonté de l'URSS et de certains dirigeants vietnamiens d'instaurer une fédération indochinoise sous leur tutelle.
Je te rappelle aussi, alors que la Chine cherchait à établir une médiation aux accrochages entre Vietnam et Kampuchea, qu'à l'instigation de l'URSS le Vietnam a envahi le Kampuchea le 25 décembre 1978, renversé le gouvernement et instauré son propre pouvoir pendant dix ans.

Je te conseille pour remplacer le café :
Tilleul et camomille, aux effets calmants avérés
Passiflore et la valériane, plus efficaces.
Millepertuis et aubépine, contre la panique.
Après il y a des produits de synthèse, moins bio.

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marquetalia
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   Posté le 26-10-2020 à 11:00:52   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

La désignation de boucs émissaires vient aussi de LFI, dont le leader appelle à l expulsion des Tchétchènes vivant en France.il faut rappeler que Jean Luc Mélenchon est issu du parti socialiste,qui a succédé au SFIO,ceux qui ont mené la répression en Algérie,les Mitterrand et consort,qui faisaient tomber les têtes des fellaghas,ratissaient les villages,et emmenaient les Algériens dans les camps.

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marquetalia
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   Posté le 26-10-2020 à 11:02:42   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Les Russes et les Tchétchènes sont désormais en paix,le président Tchétchéne administre la petite République au sein de la Fédération de Russie.

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Finimore
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Finimore
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   Posté le 27-10-2020 à 06:23:35   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

marquetalia a écrit :

La désignation de boucs émissaires vient aussi de LFI, dont le leader appelle à l expulsion des Tchétchènes vivant en France.


Eric Coquerel, sur Médiapart revient sur les propos de Mélenchon.
A la question : "Pour le coup, beaucoup de gens ont été choqués par le fait que Jean-Luc Mélenchon s’en prenne à « la communauté » (sic) tchétchène…" il répond : "Jean-Luc ne revient quasiment jamais sur ses propos, mais là, il l’a dit, écrit et répété : il regrette l’usage du terme de « communauté ». Tout le monde est d’accord pour reconnaître que c’était une formule malheureuse, lui le premier."

Sur le blog de Mélenchon,
https://melenchon.fr/2020/10/22/la-semaine-noire/
on lira ceci :
"TCHÉTCHÈNE – Je regrette d’avoir utilisé le mot « communauté » à propos des Tchétchènes. Dans le contexte de malveillance et de harcèlement auquel je suis soumis, cette expression a pu être utilisée pour faire croire que j’attribuerais à tous les Tchétchènes l’horreur du comportement individuel de quelques-uns. Le ministre de l’Intérieur s’y est abaissé. Ce n’est pas le cas évidemment. Le mot « communauté » est certes employé cent fois par jour en médias pour attribuer des sentiments ou des opinions à des groupes professionnels sans que cela ne soulève de protestations. Mais dans le contexte, il n’était pas approprié. Au demeurant, sur le sujet, il n’a rien à voir avec ma façon de voir."

marquetalia a écrit :

il faut rappeler que Jean Luc Mélenchon est issu du parti socialiste,qui a succédé au SFIO,ceux qui ont mené la répression en Algérie,les Mitterrand et consort,qui faisaient tomber les têtes des fellaghas,ratissaient les villages,et emmenaient les Algériens dans les camps.


Dèjà Mélenchon vient de l'AJS-OCI (trotskisme lambertiste) et de la franc-maçonnerie.
Quand à la dénonciation des crimes du colonialisme français, les communistes marxistes-léninistes ne t'ont pas attendu pour le faire et s'impliquer dans les réseaux de soutien.

Je précise que je ne suis pas LFI ni proche de Mélenchon, mais l'attaquer sur la base de la campagne médiatique récente (contre Obono, contre LFI et Mélenchon, contre Diallo etc...) c'est s'allier de fait avec la bourgeoisie française et l'extrême-droite.

Une dernière chose marquetalia, le terme et la notion d'islamo-gauchisme, c'est bien une dégueulasserie et un terme d'extrême-droite.

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Xuan
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   Posté le 27-10-2020 à 07:20:29   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Il faut dire un mot du qualificatif de "gauchisme", ça désigne une position "à gauche" en apparence de la ligne marxiste-léniniste.

Pour commencer ce sont les dirigeants révisionnistes qui ont qualifié de "gauchistes" tous ceux qui critiquaient leur ligne opportuniste, englobant à la fois les marxistes-léninistes, maos, trotskistes, anarchistes, etc. donc il s'agissait d'une utilisation frauduleuse pour présenter le révisionnisme et les positions de Marchais notamment comme une ligne marxiste.
Il n'en était rien évidemment, Marchais est à l'origine des abandons de principes, sans parler de feue l'Union de la Gauche et de l'immigration.
Aujourd'hui encore la lutte contre la liquidation du PCF est faussée par les références à Marchais, ce qui nécessite la poursuite du combat contre le révisionnisme moderne, et pas seulement contre les tendances social-démocrates et trotskistes dans le PCF.

Dans un second temps c'est la droite et la sphère fasciste et souverainiste qui se sont emparées de l'expression "gauchiste" pour désigner tout ce qui se trouve à gauche du centre droit, particulièrement depuis la fin du PS et son discrédit.
Ces milieux utilisent aussi les dérives chauvines de la direction révisionnistes, par exemple des déclarations de Marchais sur l'immigration, postées jusqu'à une date récente sur you tube par un site fasciste et raciste, pour tirer parti des déclarations de Macron.

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marquetalia
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   Posté le 27-10-2020 à 07:37:21   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

C est légitime de dénoncer les crimes coloniaux en Algérie....le problème est qu Erdogan est populaire même dans les rues d Alger.

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Xuan
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   Posté le 27-10-2020 à 11:12:20   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Rappelons que la lutte contre les croyances religieuses s'inscrit pour ce qui concerne la religion musulmane dans le cadre du colonialisme et de l'impérialisme.
Ceci signifie qu'elle ne peut être dissociée de la lutte contre l'impérialisme français, et certainement pas en collaboration avec lui.
En ce qui concerne l'utilisation par l'Etat et l'école de la république bourgeoise de caricatures vulgaires et méprisantes, il est hors de question de s'y associer.
Notre position laïque vise l'éducation et non la discrimination raciste.


De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion


Lénine, Œuvres, tome 15
Prolétari, 13 (26) mai 1909. Œuvres, tome 15, p. 432-444.


P. 435-437.Le marxisme est un matérialisme.
À ce titre il est aussi implacablement hostile à la religion que le matérialisme des encyclopédistes du 18e siècle ou le matérialisme de Feuerbach. Voilà qui est indéniable. Mais le matérialisme dialectique de Marx et d’Engels va plus loin que les encyclopédistes et Feuerbach en ce qu’il applique la philosophie matérialiste au domaine de l’histoire, au domaine des sciences sociales.
Nous devons combattre la religion ; c’est l’a b c de tout le matérialisme et, partant, du marxisme.

Mais le marxisme n’est pas un matérialisme qui s’en tient à l’a b c. Le marxisme va plus loin. Il dit : il faut savoir lutter contre la religion ; or, pour cela, il faut expliquer d’une façon matérialiste la source de la foi et de la religion des masses.
On ne doit pas confiner la lutte contre la religion dans une prédication idéologique abstraite ; on ne doit pas l’y réduire ; il faut lier cette lutte à la pratique concrète du mouvement de classe visant à faire disparaître les racines sociales de la religion.

Pourquoi la religion se maintient-elle dans les couches arriérées du prolétariat des villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans la masse des paysans ?

Par suite de l’ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive l’athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche principale. Les marxistes disent : c’est faux. Ce point de vue traduit l’idée superficielle, étroitement bourgeoise d’une action de la culture par elle-même. Un tel point de vue n’explique pas assez complètement, n’explique pas dans un sens matérialiste, mais dans un sens idéaliste, les racines de la religion.

Dans les pays capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales. La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages tourments aux humbles travailleurs, que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c’est là qu’il faut rechercher aujourd’hui les racines les plus profondes de la religion.

"La peur a créé les dieux".

La peur devant la force aveugle du capital, aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires, qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron, menace de lui apporter et lui apporte la ruine "subite", " inattendue", "accidentelle", qui cause sa perte, qui en fait un mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de faim, voilà les racines de la religion moderne que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par-dessus tout, s’il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire.

Aucun livre de vulgarisation n’expurgera la religion des masses abruties par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n’auront pas appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et consciente contre ces racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes.

Est-ce à dire que le livre de vulgarisation contre la religion soit nuisible ou inutile ?
Non. La conclusion qui s’impose est tout autre. C’est que la propagande athée de la social­-démocratie doit être subordonnée à sa tâche fondamentale, à savoir : au développement de la lutte de classe des masses exploitées contre les exploiteurs.


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Xuan
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Sur Defend Democracy :

L’Éducation nationale a-t-elle perdu la tête ? Ou bien est-ce la France tout entière ?

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Finimore
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Je ne suis pas Abdoullakh Abouyezidovitch, … mais je ne suis pas non plus Samuel Paty !

http://www.marxisme.fr/download/en_bref/Je_ne_suis_pas_Abdoullakh_Abouyezidovitch_mais_je_ne_suis_pas_non_plus_Samuel_Paty.pdf

lu sur le site de Vincent Gouysse : http://www.marxisme.fr/


Je ne suis pas Abdoullakh Abouyezidovitch, … mais je ne suis pas non plus Samuel Paty !

Le vendredi 16 octobre 2020, après la fin des classes, le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty était assassiné pour avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet par un jeune homme âgé de 20 ans habitant à Evreux, réputé « sans souci » et ne présentant à priori « pas de signe avant-coureur de radicalisation ». Nous vivons à l’évidence une époque d’extrême indigence et d’extrême détresse : indigence de la culture et de la pensée si caractéristiques de la « société de consommation » occidentale et détresse morale induite par la précarité matérielle croissante de couches toujours plus vastes des classes populaires ! Personne ne devrait d’abord avoir à craindre pour sa vie pour avoir seulement exprimé des idées, c’est un fait, et de ce point de vue, l’assassinat de Samuel Paty est injustifiable et impardonnable.
La peine de mort ne devrait être prononcée et exécutée que publiquement par un corps social dans le cadre de crimes particulièrement graves représentant une atteinte à l’intégrité physique de la société et de ses membres (homicide volontaire, viol, trafic de drogue, corruption). Ce ne devrait jamais être à un individu de se faire justice lui-même, même en ce qui concerne les pires crapules œuvrant en ce bas monde, à l’instar du Président Macron qui, bien que théoriquement censé défendre les intérêts fondamentaux du peuple de France, est en fait complètement soumis aux intérêts du grand Capital auquel il est étroitement lié et auquel il sacrifie le présent et l’avenir des masses populaires sans le moindre état d’âme, comme en témoigne la gestion déjà proprement scandaleuse de la seconde vague de la pandémie de COVID-19…

« Il faut sauver le soldat Ryan ! » « On a sacrifié le troufion Paty »…
Nous ne sommes d’abord à l’évidence pas Abdoullakh Abouyezidovitch. Descendant d’un émigré d’origine tchétchène déchu de sa nationalité russe accueilli à bras ouvert en tant que réfugié par l’impérialisme français qui a longtemps soutenu les opposants à la Russie de Vladimir Poutine « par principe », quels qu’ils soient, … fussent-ils salafistes ! Abdoullakh Abouyezidovitch est d’abord arrivé en France à l’âge de 6 ans, et à l’évidence, ce n’est pas la Russie qui a donc constitué le microcosme dans lequel s’est construite sa personnalité, mais bel et bien la « terre promise » que constitue la « patrie des droits de l’Homme » !...
Si rien ne peut justifier l’assassinat du professeur de collège, certaines réalités n’en expliquent pas moins comment un jeune homme d’origine immigrée a pu en arriver à ce point : la société française est d’abord, depuis les années 1970, confrontée à un chômage de masse structurel, qui s’est accompagné d’une intégration déclinante des couches populaires d’origine immigrée qui se sont repliées de manière croissante vers le communautarisme ethnique et surtout religieux, car victimes d’une ségrégation économique et spatiale : elles ont fournit la main d’œuvre des métiers les plus pénibles « traditionnellement » boudés par les français « de souche », représentent également le contingent principal des chômeurs victimes de discrimination à l’embauche et ont dans le même temps été parquées dans les ghettos défavorisés malfamés bordant les grandes métropoles françaises… En bref, ces couches ont été les premières victimes de la panne de « l’ascenseur social » français, qui les a laissé bloquées au sous-sol au cours des dernières décennies…
Les salafistes d’aujourd’hui sont les enfants ou les petits frères d’enfants d’émigrés qui, malgré leur bagage de diplômes, ont échoué à s’insérer dans la vie active et se sont habitués à vivre des revenus du RSA et des trafics en tout genre. Les salfistes d’aujourd’hui ont, par leur propre expérience, vu leurs ainés condamnés au chômage de longue durée, être victimes de discrimination à l’embauche et au logement, et constaté que l’ascenseur social était irrémédiablement en panne et les condamnait à vivre en marge des zones périphériques des grandes métropoles des pays impérialistes dominants… Leurs petits frères et leurs enfants ne croient donc plus au mythe de la « démocratie » bourgeoise… Nous avions déjà souligné ces faits en 2006 dans notre texte intitulé Insécurité, discriminations, immigration et racisme. Face à cette réalité, les autorités françaises n’ont évidemment pas combattu cette fracture croissante traversant nombre de métropoles impérialistes occidentales en remédiant au problème matériel (de l’oppression économique et du chômage de masse endémique) qui est à sa base, mais en renforçant, des décennies durant, les tendances au repli communautariste sous couvert de pseudo-intégration et en laissant même pénétrer profondément les revendications confessionnelles au sein de l’école publique, pourtant censée être laïque… Leur responsabilité est donc totale, autant sur le plan matériel qu’idéologique.
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S’il n’avait d’ailleurs pas été assassiné, le professeur Samuel Paty aurait été inquiété par sa propre hiérarchie, traditionnellement couarde et favorable au communautarisme et dont le laxisme des dernières décennies a conduit à la banqueroute contemporaine décrite dans ces termes par le professeur Fatiha Agag-Boudjahlat :
« Plus vous vous adaptez aux exigences des religieux, plus vous les confortez dans leur orthodoxie, et leurs exigences se multiplient. [...] Seule la fermeté paie avec ces gens-là. Nous sommes face à des exigences exorbitantes qui se banalisent ».
Et aujourd’hui que la profonde crise contemporaine ravive les tensions interconfessionnelles, avec à la clef des actes proprement barbares, ces même politiciens viennent se poser en défenseurs de la laïcité bourgeoise à laquelle ils avaient eux-mêmes pourtant renoncé de longue date, à l’instar de pompiers pyromanes qui prétendraient vouloir éteindre l’incendie qu’ils ont eux-mêmes allumé…
Dans nombre de pays impérialistes d’Occident, l’islam est la religion dominante des couches populaires les plus défavorisées et les plus en souffrance. En faire la cible principale et exclusive de la laïcité, quand dans le même temps la petite bourgeoisie nationaliste proclame les « valeurs chrétiennes » de la civilisation occidentale, c’est s’engager sur le dangereux chemin de l’exacerbation des rivalités populaires interconfessionnelles et interethniques, et donc semer les graines d’une future et sanglante Guerre civile circonscrite aux classes sociales pauvres et modestes au sein desquelles elle sèmera la mort et le chaos, alors que dans le même temps, elle épargnera les classes possédantes…
Cette guerre moderne se transpose également à l’échelle internationale entre les pays impérialistes d’occident longtemps dominants et adeptes de la méthode coloniale, et les pays impérialistes émergeants et bourgeois dépendants, comme en témoigne notamment les passes d’armes récentes entre la France et la Turquie ainsi que les appels au boycott des produits français dans plusieurs pays à dominante musulmane…
En 1931, alors que la racisme submergeait le monde bourgeois laminé par la crise économique, Joseph Staline décrivait « le chauvinisme national et racial » en général, et l’antisémitisme en particulier, comme « une survivance des mœurs misanthropiques propres à la période du cannibalisme » qu’il définissait comme « un danger pour les travailleurs, car c'est une fausse route qui les égare hors du droit chemin et les conduit dans la jungle » et dont il concluait qu’il profitait en définitive « aux exploiteurs, comme paratonnerre pour que le capitalisme échappe aux coups des travailleurs ». Deux décennies plus tard, quand les marxistes-léninistes soviétiques se lancèrent dans une vaste campagne idéologique dénonçant les éléments sionistes-bourgeois pro-américains, la presse bourgeoise d’Occident accusa Staline d’antisémitisme…
Il est essentiel, quand on prétend aujourd’hui vouloir critiquer la religion et si l’on ne souhaite pas souffler sur les braises déjà ardentes du communautarisme qui préfigurent de futurs pogroms antimusulmans et exactions inter-ethniques, de ne pas critiquer exclusivement l’islam, mais bel et bien la religion en général.
Cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas critiquer l’islam en tant que religion, mais critiquer l’islam en tant qu’islam, c’est-à-dire cibler l’islam quand dans le même temps on évite soigneusement de critiquer la religion chrétienne ou la religion hébraïque, ne peut apparaître que comme une forme de persécution ciblée qui se conjugue à un racisme latent structurel à l’égard des population d’origine immigrée, laquelle persécution ne peut à l’évidence qu’être mal vécue par les populations les plus vulnérables, idéologiquement et matériellement. A la clef, les dangereuses explosions de haine interethnique, intercommunautaire et interconfessionnelle que nous vivons aujourd’hui…
La tendance actuelle de la laïcité bourgeoise consiste le plus souvent à favoriser l’épanouissement de la religion, et même son expansion depuis la sphère privée jusqu’à l’espace public, à l’école notamment, en complète contradiction de l’héritage des Lumières, dont la critique religieuse, en dépit de ses insuffisances (en particulier son angle d’attaque idéaliste ambitionnant de transformer les consciences en oubliant la transformation de l’écosystème économique), avait conduit à la séparation de l’Eglise et de l’Etat…
Depuis des décennies, le secteur des médias publiques fait une publicité éhontée à la religion en diffusant des émissions confessionnelles, à l’instar des Chemins de la Foi, chaque dimanche matin sur France 2, magazine consacré aux six religions principales pratiquées en France. C’est dire l’ampleur de la régression !
Revenons-en maintenant à l’affaire Paty. Le professeur, quoiqu’il n’en fût à l’évidence pas conscient, était partie prenante d’une guerre idéologique qui le dépassait et dont il allait malheureusement devenir, sans même le savoir, la chair à canon.
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Cette guerre opposait deux combattants : d’un côté un soldat conscient de l’islam salafiste, de l’autre côté un clerc laïque de la religion des « libertés » et de la « démocratie » bourgeoises. Dans son discours d’hommage à la mémoire de Samuel Paty prononcé le 21 octobre dernier, le président Macron déclarait ceci :
« Ce soir, je veux vous parler de votre collègue, de votre professeur, tombé parce qu’il avait fait le choix d’enseigner. Assassiné parce qu’il avait décidé d’apprendre à ses élèves à devenir citoyens. Apprendre les devoirs pour les remplir. Apprendre les libertés pour les exercer. (...) Samuel Paty est devenu vendredi le visage de la République, de notre volonté de briser les terroristes, de réduire les islamistes, de vivre comme une communauté de citoyens libres dans notre pays ».
A ces louanges posthumes qui font appel au registre lexical militaire (« tombé » se dit en effet d’un soldat mort au combat...) nous répliquerons deux choses essentielles.
La première est un extrait du poème L'Internationale d’Eugène Potier qui fût écrit il y a bientôt 150 ans, au moment même où la bourgeoisie française « démocratique » réprimait dans le sang la Commune de Paris avec l’aide de l’Armée prussienne :
« L'État comprime et la loi triche ; L'Impôt saigne le malheureux ; Nul devoir ne s'impose au riche ; Le droit du pauvre est un mot creux. C'est assez languir en tutelle, L'Égalité veut d'autres lois ; "Pas de droits sans devoirs," dit-elle, "Égaux, pas de devoirs sans droits !"
Hideux dans leur apothéose, Les rois de la mine et du rail Ont-ils jamais fait autre chose Que dévaliser le travail : Dans les coffres-forts de la bande Ce qu'il a créé s'est fondu. En décrétant qu'on le lui rende Le peuple ne veut que son dû.
Les rois nous soûlaient de fumées, Paix entre nous, guerre aux tyrans ! Appliquons la grève aux armées, Crosse en l'air et rompons les rangs ! S'ils s'obstinent, ces cannibales, A faire de nous des héros, Ils sauront bientôt que nos balle Sont pour nos propres généraux ». Avis au général autoproclamé de la « Guerre contre le terrorisme islamique » qu’est Mr Macron : si d’aventure les esclaves salariés français « de souche » refusaient demain de vous suivre dans la future guerre interethnique et interconfessionnelle dont votre politique et celle de vos prédécesseurs est responsable, et de trahir le « pacte (colonialiste) républicain », il pourrait vous en coûter fort cher…
Le second point sur lequel nous voulons insister est le décalage grotesque entre le discours et la réalité, entre le sacré lumineux rituellement invoqué comme pour chasser les mauvais esprits, et la sombre réalité profane où ces derniers règnent en maîtres… « Citoyens libres », « République », « libertés », tels sont les mots aujourd’hui martelés par les autorités françaises dans cette « guerre (civilisationnelle) contre l’islamisme ».
Quant à la valeur réelle de ces mots, elle se ramène en définitive à ceci… Dans son remarquable ouvrage L'Idéologie allemande, le jeune Docteur en philosophie qu’était alors Karl Marx faisait la réflexion suivante :
« Plus la forme de commerce normale de la société et, avec elle, les conditions de la classe dominante développent leur résistance contre les forces productives avancées, donc plus le schisme au sein de la classe dominante elle-même et avec la classe dominée grandit, plus la conscience qui correspondait primitivement à cette forme de commerce perd naturellement de sa véracité ; autrement dit, elle cesse d'être la conscience correspondante à ce commerce, et plus les représentations anciennes, traditionnelles, qu'on se fait de ces relations sociales où les intérêts personnels réels, etc., étaient proclamés intérêt général, se dégradent et deviennent des phrases creuses et idéalisantes, illusion consciente, hypocrisie délibérée. Or, plus elles sont démenties par la vie, et moins elles valent pour la conscience elle-même, plus elles sont invoquées énergiquement et plus le langage de cette société normale se fait hypocrite, moral et sacré. Et plus cette société devient hypocrite, plus il est facile à un homme crédule, […] de déceler partout l'image du sacré, de l'idéal. De l'hypocrisie générale de la société, lui, le crédule, peut extraire la foi générale dans le sacré, le règne du sacré, et même considérer ce sacré comme le piédestal de cette société. Il est la dupe de cette hypocrisie, dont il aurait dû déduire la thèse directement opposée ».
Fort heureusement pour la bourgeoisie occidentale, bien que son édifice idéologique et moral soit en voie de désagrégation, de nombreux esclaves salariés crédules n’en continuent pas moins encore aujourd’hui de boire les sanctuarisations mystiques vomies quotidiennement par le haut clergé républicain… Celles-ci sont démenties depuis longtemps par la pratique : l’humoriste engagé Dieudonné sait depuis longtemps ce que vaut la soi-disant « liberté d’expression » de la bourgeoisie occidentale, indéniablement à géométrie variable dès qu’on a le malheur de prendre pour cible le lobby sioniste, fût-ce avec la seule arme de la dérision…
Ci-dessous : Un zombie terrifiant, voilà ce qui reste aujourd’hui du mythe des « libertés » et de la « démocratie » bourgeoises offertes au monde par la France pour commémorer le centenaire de la Déclaration d’Indépendance des USA…
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L’image de l’Occident n’est à l’évidence guère plus reluisante que celle-ci pour les ennemis, toujours plus nombreux et déterminés, de sa domination coloniale bi-séculaire sur les affaires mondiales. Le 27 octobre, un journal iranien dépeignait ainsi, avec une certaine véracité, Mr Macron sous les traits du « diable de Paris » :

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On nous accordera au moins, nous l’espérons, en conformité avec la pensée revendiquée par l’héritage de Samuel Paty, avoir le droit d’exprimer librement nos opinions sans risquer d’être inquiétés…

Du véritable « droit au blasphème »…
Nous ne sommes donc à l’évidence pas Abdoullakh Abouyezidovitch, disions-nous… Mais nous ne sommes pas non plus Samuel Paty, dont le droit à la « libre expression » ne sortait à l’évidence pas du cadre borné consensuel autorisé des dogmes de la religion bourgeoise des droits de l’Homme et du citoyen….
Oui le « droit au blasphème » ne peut être dénié à un individu, quelles que soient ses idées. Les communistes n’ont jamais renoncé au blasphème, n’ont jamais renoncé à profaner le « sacré » quel qu’il soit, que ce soit celui des religions monothéistes dominantes, ou celui de la religion laïque auréolant les « libertés » et la « démocratie » bourgeoises, toujours tronquées et illusoires pour les exploités… Les communistes sont les ennemis les plus conséquents de l’obscurantisme religieux sous toutes ses formes ! Joseph Staline, s’il ne posait pas l’athéisme en condition préalable à l’adhésion au Parti Communiste, n’en concluait pourtant nullement que cela signifiait l’acceptation de la laïcité bourgeoise. Dans un entretien avec une délégation ouvrière américaine, il résumait le combat en ces termes :
« Est-ce à dire que le Parti est neutre vis-à-vis de la religion ? Nullement. Nous faisons et nous ferons de la propagande contre les préjugés religieux. D'après les lois de notre pays, tout citoyen est libre de professer la religion qu'il veut. C'est affaire de conscience individuelle. C'est pourquoi nous avons séparé l'Eglise de l'Etat. Mais en séparant l'Eglise de l'Etat et en proclamant la liberté confessionnelle, nous accordons à chaque citoyen le droit de combattre, par la persuasion, par la propagande et l'agitation, telle ou telle religion, ou la religion en général. Le Parti ne saurait rester neutre en matière de religion ; il mène la propagande contre les préjugés religieux de toute espèce, puisqu'il est pour la science ; or, les préjugés religieux sont contre la science, la religion, quelle qu'elle soit, étant l'opposé de la science. Des cas comme celui des darwiniens, traduits récemment devant les tribunaux américains, sont impossibles chez nous, parce que le Parti fait une politique qui défend, par tous les moyens, la science. Le Parti ne peut pas rester neutre envers les préjugés religieux ; il se livrera à la propagande contre ces préjugés, car c'est là un des moyens les plus efficaces de miner l'influence du clergé réactionnaire soutenant les classes exploiteuses et prêchant l'obéissance à ces classes. Le Parti ne peut pas rester neutre à l'égard des colporteurs de préjugés religieux, à l'égard du clergé réactionnaire empoisonnant la conscience des travailleurs. Avons-nous écrasé le clergé réactionnaire ? Oui, nous l'avons écrasé. Seulement, il n'est pas encore entièrement liquidé. La propagande antireligieuse est le moyen qui poussera jusqu'au bout la liquidation du clergé réactionnaire. Il arrive que des membres du Parti entravent quelquefois le développement intense de la propagande antireligieuse. Et l'on fait très bien d'exclure du Parti de tels membres, car il ne saurait y avoir de place dans nos rangs pour des « communistes » de cette espèce ».
La bourgeoisie elle-même ne s’est jamais non plus privée du droit à « blasphémer » et à « profaner » l’idéologie politique du communisme, le socialisme scientifique, au moyen de campagnes de calomnies aussi multiples qu’interminables… Les communistes ne se sont pour autant jamais lancés dans des campagnes de répression à son égard pour ce seul motif… Le marxisme est d’ordinaire décrit comme une « construction occidentale » par la bourgeoisie nationale des pays dépendants, afin d’en automatiser le rejet par les masses populaires indigènes nourrissant une aversion justifiée pour le colonialisme occidental. De même, il a été considéré comme une idéologie intégriste par la bourgeoisie occidentale qui s’est parfois même attachée à le dépeindre comme un héritage oriental, parfois mi-tsariste, parfois mi-islamique, mais barbare et « antidémocratique » dans tous les cas… Le but était également de susciter une aversion « naturelle » des masses populaires occidentales pour le bolchévisme… Ecoutons-donc ce que disaient du bolchévisme deux éminents intellectuels anglo-saxons, et ce avant que l’URSS ne fît la preuve de la supériorité du mode de production socialiste au cours des plans quinquennaux staliniens :
« Le bolchevisme combine les caractéristiques de la révolution française avec celles de l'essor de l'islam. Marx a enseigné que le communisme était fatalement prédestiné à prendre le pouvoir ; cela engendre un état d'esprit peu différent de celui des premiers successeurs de Muhammad. Parmi les religions, le bolchevisme doit être comparé à l'islam plutôt qu'au christianisme ou au bouddhisme. Le christianisme et le bouddhisme sont avant tout des religions personnelles, avec des doctrines mystiques et un amour de la contemplation. L'islam et le bolchevisme ont une finalité pratique, sociale, matérielle dont le seul but est d'étendre leur domination sur le monde. » (Bertrand Russell, Theory and Practice of Bolshevism, Londres, 1921)
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« Comment pourrais-je faire mien un credo qui, préférant la vase aux poissons, exalte le prolétariat grossier audessus des bourgeois et de l'intelligentsia qui, quelles que soient leurs fautes, incarnent le bien-vivre et portent en eux les germes des progrès futurs de l'humanité ? Même si nous avons besoin d'une religion, est-ce dans le flot boueux d'inepties dont débordent les librairies rouges que nous pouvons la trouver ? Un fils cultivé, intelligent et convenable de l'Europe occidentale y trouvera difficilement son idéal… Comme toute religion nouvelle, le léninisme tire sa force non pas de la multitude, mais d'une petite minorité de convertis enthousiastes, dotés d'un zèle et d'une intolérance qui insufflent à chacun d'eux une force équivalente à celle d'une centaine d'indifférents. Comme toute religion nouvelle, le léninisme semble dépouiller la vie quotidienne de ses couleurs, de sa gaieté, de sa liberté et n'offrir comme pâle substitut que les visages de bois de ses dévots. Comme toute religion nouvelle, il persécute sans pitié ni justice tous ceux qui tentent de lui résister. Comme toute religion nouvelle, il regorge d'ardeur missionnaire et d'ambition œcuménique. [Cela] revient en fin de compte à dire qu'il s'agit là d'une religion et non d'un parti, que Lénine est un Mahomet, pas un Bismarck. Si nous voulons nous faire peur, au fond de nos fauteuils de capitalistes, nous pouvons nous représenter les communistes de Russie sous les traits de premiers chrétiens qui, menés par Attila, disposeraient de la puissance logistique de la Sainte Inquisition et des missions jésuites pour imposer une économie conforme au Nouveau Testament ». (John Maynard Keynes, Un aperçu de la Russie, 1925)
Notons au passage que quelques années plus tard, en proie à une profonde crise économique, les keynésiens américains (ainsi que les fascistes allemands) prétendront s’inspirer du développement de l’économie planifiée soviétique au moyen de politiques de grands travaux et de la militarisation croissante de l’économie fiancées par la dette publique et les guerres de rapine…
La bourgeoisie considère donc d’ordinaire l’idéologie marxiste comme une nouvelle religion (en Occident) ou comme une variante de la « société de consommation occidentale » et de son matérialisme vulgaire (dans les pays dépendants ou impérialistes émergeants). Le marxisme n’est pas une religion. La philosophie matérialiste dialectique qui en constitue la méthode est en effet irréductiblement hostile à toutes formes de préjugés et de croyances. Ceux-ci sont en effet autant d’obstacles à la connaissance de la vérité objective.
La bourgeoisie sème la confusion et assimile mensongèrement l’idéologie marxiste à une religion alors que le marxisme appartient à la sphère des sciences dont il cherche à faire la synthèse et dont il est le prolongement direct dans le domaine social. Le marxisme est à l’opposé des dogmes religieux, il considère le développement des société humaines à la façon d’un organisme vivant complexe, constitué d’organes et de cellules, et dont il faut étudier les lois de développement et les contradictions internes afin d’être en mesure de déterminer les grands axes de son évolution. La philosophie matérialiste-dialectique est à l’opposé des philosophies idéalistes (pour lesquelles l’esprit peut exister en dehors de la matière), de la philosophie agnostique (niant la possibilité de connaître la réalité objective) ou des variétés primitives du matérialisme (qui envisagent les choses sous un angle figé, non-évolutif). Il n’est pas difficile de comprendre de qui l’obscurantisme des philosophies idéalistes et agnostiques servent objectivement les intérêts : des classes exploiteuses qui ont tout intérêt à éviter de voir les différents voiles (sacrés comme profanes), être déchirés à la vue des esclaves salariés courbant quotidiennement l’échine devant la réalité de l’esclavage salarié…
Le fidéisme contemporain, remarquait déjà si justement Lénine il y a plus d’un siècle, ne répudie nullement la science, mais uniquement ses « prétentions excessives », en particulier la possibilité pour nous, simples mortels, d’accéder à la connaissance de la réalité et de la vérité objectives… Et effectivement, on nous opposait encore récemment le discours suivant :
« La science, la connaissance, est par essence relative, non seulement sujette à remise en cause et évolution, mais plus encore, elle est condamnée à évoluer par remise en cause nécessaire. Croire à l’immuabilité de la vérité, d’une vérité scientifique est en soi une hérésie à l’esprit scientifique ». A cela, nous avions répliqué que c’était à la fois vrai et faux, du fait que dans les sciences « il existe des lois immuables et des vérités certaines », comme le fait que « la Terre tourne autour du soleil » qui « a été prouvé de mille moyens ». De même, les lois de la chimie condamnent l’atome d’oxygène à ne disposer que de deux électrons sur sa couche externe, et donc à ne pouvoir former qu’un maximum de deux liaisons covalentes avec d’autres atomes...
« Dans sa formidable défense de la philosophie matérialiste-dialectique intitulée Matérialisme et empiriocriticisme, Lénine avait démontré que notre connaissance de la réalité objective était, comme dans toute science, effectivement bornée et limitée par le cadre historique de son époque, mais qu’il n’en était pas moins incontestable que la vérité objective existait. Pour Lénine, l’enjeu était de se rapprocher toujours plus près de la connaissance de la réalité objective, de façon asymptotique. Lénine raillait impitoyablement ceux qui prenaient prétexte de la portion de relativité de notre connaissance de
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la réalité objective (c’est-à-dire d’imprécision conférée par la cadre historique borné), pour nier la possibilité de connaître la réalité objective, au moins dans ses traits les plus fondamentaux. Et Marx, dans son étude de la société capitaliste, a détaillé les lois fondamentales et immuables de ce mode de production, comme de celui qui sera appelé à le remplacer un jour : le communisme ».
Si les communistes ne peuvent faire l’économie d’une critique radicale de la religion, c’est parce qu’elle est souvent le préalable nécessaire à la critique du monde réel : de l’Etat, de l’économie et de la société bourgeoise… En tant qu’héritier de ce que l’Humanité avait produit de meilleur, Karl Marx fût l’athée le plus conséquent que le Monde ait porté, synthétisant tous les héritages progressistes qui l’avaient précédé et arrachant impitoyablement à la religion en général son voile mystique pour l’obliger à une confrontation terrestre sans concession, et rejetant la morale bourgeoise pour lui substituer l’éthique humaniste la plus complète… Pour lui, la philosophie ne doit pas craindre d’ « entrer en conflit avec les vérités fondamentales du dogme » et ne pas souscrire au dicton « autre pays, autres mœurs » et ainsi « admettre pour chaque pays des principes différents » : « doit-elle, dans tel pays, croire que trois fois un font un, dans tel autre, que les femmes n'ont pas d'âme, ailleurs qu'on boit de la bière au paradis ? ». La philosophie doit avant tout aider à mettre à jour les traits communs fondamentaux de notre espèce au lieu de ses particularismes locaux :
« N'y a-t-il pas une nature humaine universelle, comme il y a une nature universelle des plantes et des astres ? La philosophie veut savoir ce qui est vrai et non ce qui est autorisé ; elle demande ce qui est vrai pour tous les hommes, non ce qui est vrai pour quelques-uns ».
En ce qui concerne la critique de la religion, Karl Marx critiquait d’abord les insuffisances des racines idéalistes de l’athéisme bourgeois sur le ton de l’ironie acerbe :
« Le « bon sens » religieux explique l'hérésie et l'incroyance comme des œuvres du diable. De la même manière le « bon sens » irréligieux explique la religion comme l'œuvre de ces diables, les prêtres ».
Pour lui, le premier fondement de l’athéisme est le suivant :
« L'athéisme est une négation de Dieu, et par cette négation, il pose l'existence de l'homme ».
Karl Marx se moquait du reflet sacré des textes saints et établissait des parallèles anachroniques :
« Le premier jour de [la] création est consigné dans la Génèse, qui nous fait voir en Dieu le premier industriel du monde. (…) Ainsi que, dans le monde religieux, l'homme est dominé par l'œuvre de son cerveau |Dieu], il l'est, dans le monde capitaliste, par l'œuvre de sa main [la marchandise et son expression monétaire, l’argent] ».
Mais pour lui, le plus important était que la critique de la religion devait être liée à la transformation des mauvaises conditions économiques et sociales qui lui permettent de survivre et de se développer dans les sociétés modernes pourtant censées être gouvernées par les sciences :
« Eclairez les gens sur leur misère matérielle et ses causes, et la fange religieuse disparaîtra d'elle-même. (…) En général, le reflet religieux du monde réel ne pourra disparaître que lorsque les conditions du travail et de la vie pratique présenteront à l'homme des rapports transparents et rationnels avec ses semblables et avec la nature. La vie sociale, dont la production matérielle et les rapports qu'elle impliquent forment la base, ne sera dégagée du nuage mystique qui en voile l'aspect que le jour où s'y manifestera l'œuvre d'hommes librement associés, agissant consciemment et maîtres de leur propre mouvement social. Mais cela exige dans la société un ensemble de conditions d'existence matérielle qui ne peuvent être elles-mêmes le produit que d'un long et douloureux développement ».
L’Albanie socialiste d’Enver Hoxha illustra dans la pratique l’importance de détruire la base matérielle qu’est l’esclavage salarié comme préalable à la destruction des vestiges de l’oppression spirituelle. Moins de 25 années après l’instauration du pouvoir populaire et l’expropriation de la bourgeoisie compradore albanaise, les lieux de culte chrétiens et musulmans désertés furent convertis en musées, bibliothèques et salles de sports, plutôt que de les voir tomber en ruine, l’Etat albanais appliquant une stricte séparation des églises et de l’Etat depuis sa naissance, contrairement à la laïcité molle des Etats bourgeois qui subventionnent d’ordinaire à l’aide de deniers publics les lieux de cultes du clergé sous des formes indirectes (sauvegarde du « patrimoine historique »). Sous l’impulsion d’une jeunesse communiste qui n’avait pas connu l’oppression économique, politique et sociale du capitalisme, amenant au tarissement des racines matérielles de la religion, la RPSA devînt ainsi en 1967 le premier Etat athée au monde.
Il y a maintenant plus d’un siècle, notamment dans sa Critique de la philosophie du droit de Hegel, Karl Marx asséna les coups idéologiques les plus terribles qui aient jamais été portés au clergé et à la bourgeoisie :
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« Il s’agit de faire le tableau d’une sourde oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d’une maussaderie générale mais inerte, d’une étroitesse d’esprit faite d’acceptation et de méconnaissance, le tout bien encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n’est lui-même que la vilenie au gouvernement. Quel spectacle ! Voici une société infiniment divisée en races les plus diverses qui s’affrontent avec leurs petites antipathies, leur mauvaise conscience et leur médiocrité brutale, et qui, en raison même de leur voisinage équivoque et méfiant, sont toutes, sans exception, traitées par leurs seigneurs comme des existences concédées. (…) Voici le fondement de la critique irréligieuse : c'est l'homme qui fait la religion, et non la religion qui fait l'homme. A la vérité, la religion est la conscience de soi de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore conquis, ou bien s'est déjà de nouveau perdu. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait recroquevillé hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, c'est l'Etat, c'est la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience renversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde renversé. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément cérémoniel, son universel motif de consolation et de justification. Elle est la réalisation chimérique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter contre la religion, c'est donc indirectement, lutter contre ce monde là, dont la religion est l'arôme spirituel. La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé a une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole. La critique a saccagé les fleurs imaginaires qui ornent la chaîne, non pour que l'homme porte une chaîne sans rêve ni consolation, mais pour qu'il secoue la chaîne et qu'il cueille la fleur vivante. La critique de la religion détrompe l'homme afin qu'il pense, qu'il agisse, qu'il forge sa réalité en homme détrompé et revenu à la raison, afin qu'il gravite autour de lui-même, c'est à dire autour de son propre soleil. La religion n'est que le soleil illusoire, qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même. C'est donc la tâche de l'histoire, une fois l'au-delà de la vérité disparu, d'établir la vérité de l'ici-bas. Et c'est tout d'abord la tâche de la philosophie, qui est au service de l'histoire, de démasquer l'aliénation de soi dans ses formes profanes, une fois démasquée la forme sacrée de l'aliénation de l'homme. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique ». « Les principes sociaux du christianisme ont eu maintenant dix-huit siècles pour se développer […] Les principes sociaux du christianisme ont justifié l’esclavage antique, magnifié le servage médiéval, et ils s’entendent également, en cas de besoin, à plaider l’oppression du prolétariat, fût-ce en ayant l’air quelque peu contrit. Les principes sociaux du christianisme prêchent la nécessité d’une classe dominante et d’une classe opprimée, et ils n’ont pour celle-ci que le vœu pieux que la première veuille bien se montrer charitable. Les principes sociaux du christianisme placent le ciel dans la compensation consistoriale de toutes les infamies et justifient de la sorte la permanence de ces infamies sur notre terre. Les principes sociaux du christianisme considèrent toutes les vilenies des oppresseurs envers les opprimés soit comme le juste châtiment du pêché originel et des autres pêchés, soit comme des épreuves que le Seigneur, dans son infinie sagesse, inflige aux hommes délivrés du pêché. Les principes sociaux du christianisme prêchent la lâcheté, le mépris de soi, l’abaissement, la servilité, l’humilité, bref toutes les qualités de la canaille, et le prolétariat, qui refuse de se laisser traiter en canaille, a besoin de son courage, du sentiment de sa dignité, de sa fierté et de son esprit d’indépendance beaucoup plus encore que de son pain. Les principes sociaux du christianisme sont fourbes, et le prolétariat est révolutionnaire ». « De même que la religion est le sommaire des luttes théoriques de l'humanité, de même l'Etat politique est le sommaire de ses luttes pratiques. (…) La critique de la religion s'achève par la leçon que l'homme est pour l'homme, l'être suprême, donc par l'impératif catégorique de bouleverser tous les rapports où l'homme est un être dégradé, asservi, abandonné, méprisable ; ces rapports, on ne saurait mieux les rendre que par l'exclamation d'un français à l'annonce d'un projet d'impôt sur les chiens : pauvres chiens ! on veut vous traiter comme des hommes ! »
Il apparaît maintenant que les caricatures de Charlie-hebdo, qui ont régulièrement mis le feu aux poudres au cours des dernières années, incarnent d’ordinaire indéniablement le niveau « zizi-pipi-caca » du dessin satirique : la presse jaune de l’humour sarcastique ! Pour autant rien n’interdit à chacun de faire librement de la merde et même d’en être fier ! S’offusquer de ce travail des plus médiocre et en prendre prétexte pour une nouvelle « guerre sainte » visant des civils innocents témoigne du degré d’abrutissement idéologique et de la décomposition morale extrêmes auquel la « société de consommation » occidentale condamne la jeunesse…
Nous préférons pour notre part infiniment les dessins satiriques soviétiques suivants, décidément d’une toute autre envergure graphique et idéologique, bien que datant désormais d’environ un siècle…
9



Si Karl Marx a donné sa forme la plus évoluée à l’athéisme, il ne faut pas pour autant ignorer l’héritage de nombreux autres esprits éclairés qui ont jalonné le développement matériel et idéologique de notre espèce à travers les siècles. Dans son remarquable ouvrage Les chaînes de l’esclavage, Jean-Paul Marat écrivait ceci :
« Toutes les religions prêtent la main au despotisme ; je n'en connais aucune toutefois qui le favorise autant que la chrétienne ».
10

Au 19ème siècle, l’anarchiste russe Mikhaïl Alexandrovitch Bakounine remarquait que « l'existence de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaine, elle est la négation de l'humaine liberté et aboutit nécessairement à un esclavage non seulement théorique mais pratique ». De même le poète bulgare Khristo Botev constatait que « la religion et le clergé ont été et peut être resteront, pour longtemps encore, parmi les plus importants ennemis du progrès et de la liberté ». Et quoi de mieux pour clore notre profanation de la religion en général, que ces vers d’Aboul-Ala al-Maari, poète syrien du XIe siècle :
« La raison, pour le genre humain Est un spectre qui passe son chemin. Foi, incroyance, rumeurs colportées, Coran, Torah, Évangile Prescrivant leurs lois ... À toute génération ses mensonges Que l’on s’empresse de croire et consigner. Une génération se distinguera-t-elle, un jour, En suivant la vérité ?
Deux sortes de gens sur la terre : Ceux qui ont la raison sans religion, Et ceux qui ont la religion et manquent de raison. Tous les hommes se hâtent vers la décomposition, Toutes les religions se valent dans l'égarement ». ------------------------------------------------------------------------- Voilà pour la religion ! En ce qui nous concerne, la messe est dite… Et voilà maintenant notre profanation du monde matériel « moderne » :

« Capitalistes du monde entier, unissez-vous ! » (1920) Le cri de ralliement de la réaction bourgeoise internationale à l’heure de la Guerre d’intervention des pays impérialistes coalisés contre la jeune URSS…
La faillite de la SDN – Le sommet des impérialistes… (1930s) Un air de déjà vu ? Certainement, car c’est la marche normale des affaires et de la diplomatie internationales sous le capitalisme…
Nous demandons donc pour notre part : à quand un professeur d’histoire-géographie assez courageux pour montrer ces dessins satiriques à ses élèves de collège dans le cadre de leur cours d’éducation civique ???!!! Qu’en est-il donc de cette sacro-sainte « liberté d’expression » réelle… et non fantasmée ???
Vincent Gouysse, le 31/10/2020 pour www.marxisme.fr

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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
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   Posté le 02-11-2020 à 08:58:58   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

J'ajouterai simplement que la caricature est l'arme des opprimés contre les puissants. Lorsqu'elle est brandie par le représentant de la grande bourgeoisie, il faut s'interroger sur sa signification.
Charlie caricature "tout le monde"...surtout le peuple. Charlie est l'expression du cynisme réactionnaire.

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Caricatures et dévoilement






Le « dévoilement » des femmes, une longue histoire française
http://contre-attaques.org/magazine/article/le-devoilement

Zhor Firar / mercredi 16 mars 2016 /
Militante associative, engagée sur les questions d’islamophobie et des femmes en islam.


Il y a 12 ans, le 15 mars 2004 était votée la loi sur les signes ostentatoires à l’école, qui bannit le foulard des établissements scolaires secondaires et, par la même occasion, les jeunes filles qui le portent. Un dévoilement à la française promulgué par la loi faisant écho aux rituels coloniaux imposés aux "femmes indigènes". Zhor Firar, militante associative et femme engagée, analyse ce « dévoilement à la française » du temps des colonies.
Dès l’origine, le colonialisme assoit une domination au nom de la « race » supérieure qui entend civiliser les « races » inférieures. Comme le soulignait Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme, « que l’on s’y prenne comme on le voudra, on arrive toujours à la même conclusion : Il n’y a pas de colonialisme sans racisme ». Dans son ouvrage L’Orientalisme, Edward Said s’est attaché à démonter les mécanismes idéologiques de cette domination. L’auteur y cible d’emblée la manipulation des mécanismes de la représentation : « Le filet de racisme, de stéréotypes culturels, d’impérialisme politique et d’idéologie déshumanisante qui entoure l’Arabe ou le musulman est réellement très solide, [1] (…) ». Tout au long de son analyse, il décrypte l’invention de l’Orient par l’Europe, un Orient essentialisé et réduit à des stéréotypes : « Les idées qui restaient en circulation à propos de l’islam étaient nécessairement une version dévaluée des forces importantes et dangereuses qu’il symbolisait pour l’Europe. Comme pour les Sarrasins de Walter Scott, la représentation que l’Europe se faisait du musulman, de l’Ottoman ou de l’Arabe, était toujours une façon de maîtriser le redoutable Orient, (…) [2] ».
Le colonialisme va construire sa richesse en spoliant la richesse des autres : c’est une agression physique, psychologique et culturelle. Le projet colonial relève d’une mise sous tutelle, d’une violation de territoire mais aussi d’une violation des consciences. La France se considère comme tutrice des populations colonisées, et se sent investie du devoir d’émanciper ces peuples, considérés comme des éternels mineurs. Les 8 millions d’Algériens autochtones ne sont pas considérés comme citoyens mais ont un statut à part : la République démocratique ne l’est que pour les Français de métropole.
L’administration coloniale va faire appel à diverses sciences, entre autres l’anthropologie, l’ethnologie et la sociologie. Il est demandé à la sociologie d’investir la société. Ainsi « la tâche fut clairement définie d’établir des notices de tribus (dès 1913), et l’Administration Lyautey en généralisa la prescription à tous les officiers et administrateurs. Le modèle en fut normalisé, et le dépouillement centralisé. La « notice » était une « obligation professionnelle ». [3] La plupart du temps, ces études ne visaient pas à faire progresser théoriquement la sociologie mais plutôt à raffermir le système colonial et son administration. C’est ainsi que le livre de Montagne sur les Berbères du Sud Marocain fut, comme le dit Charles-André Julien, "la Bible" des administrateurs français ». [4].
Féminisme « colonial »
Pour maîtriser cet Orient, un des moyens utilisés fut le contrôle des corps des femmes indigènes. En témoignent des écrits de l’époque comme l’ouvrage de E.F Gaultier, professeur à l’université d’Alger (1931), intitulé Mœurs et coutumes des musulmans. Il écrivait : « Nous sommes pleins de pitié pour les femmes musulmanes cloîtrées et tyrannisées, leur émancipation nous paraît un devoir d’humanité, une loi du progrès. [5] »
Ainsi sera construit et alimenté tout un imaginaire colonial pour stigmatiser et enfermer les femmes indigènes. Guy de Maupassant a accompli plusieurs voyages au Maghreb entre 1881 et 1890. Dans l’un de ses contes, Marocca, il met ainsi en scène un jeune officier français en terre algérienne qui décrit à un compagnon, resté en France, ses ébats amoureux : « Ses ardeurs acharnées et ses hurlantes étreintes, avec des grincements de dents, des convulsions et des morsures, […] Son esprit, d’ailleurs, était simple comme deux et deux font quatre, et un rire sonore lui tenait lieu de pensée.[…] Quelquefois elle revenait le soir, son mari étant de service je ne sais où. Nous nous étendions alors sur la terre, à peine enveloppés en de fins et flottants tissus d’Orient. [6] »
C’est l’Orient « torride » qui cristallise tous les fantasmes, la femme indigène est primitive, exotique et bestiale. Meyda Yegenoglu (1998), universitaire turque, s’appuyant sur l’oeuvre d’Edward W. Said, s’est penchée sur le caractère sexué de l’Orientalisme. Elle a démontré que les représentations des différences sexuelles et culturelles sont mêlées. Le sociologue Abdesamad Dyalmi relève que le colonialisme va pratiquer un féminisme colonial qui légitime la supériorité du modèle occidental contre un islam barbare et violent. [7]
Dans leur ouvrage Les Féministes blanches et l’empire, Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem relèvent que des associations de femmes françaises participent à ce projet comme « de véritables instruments de propagande coloniale, appuyées sur le terrain par les Équipes médico-sociales itinérantes, par les Adjointes sociales sanitaires rurales auxiliaires et par les Attachées féminines des Affaires algériennes [8] ». Ce que confirme Abdesamad Dyalmi : « L’instrumentalisation de l’émancipation des femmes pour servir l’idéologie raciste, ainsi qu’elle a été conduite dans les années 1950, n’aurait pas été aussi facile à mener si déjà, dans les années 1920 et 1930, le mouvement des suffragettes n’avait pas si clairement appuyé sa revendication première sur la plus grande aptitude des femmes dans la mission civilisatrice aux colonies. [9] ». Avec la collaboration des épouses des généraux Salan et Massu, « l’œuvre civilisatrice » se concrétise en enseignant la bonne éducation aux femmes indigènes. Dans l’ouvrage dirigé par Marie-Elise Palmier-Chatelain et Pauline Lavagne d’Ortigue, L’Orient des femmes, les auteures relèvent aussi ce paradoxe : « Même si la fuite en Orient permit à quelques fortes femmes de s’affranchir des institutions occidentales, il faut aussi considérer une interprétation bien plus sombre, selon laquelle ces femmes bienveillantes furent aussi, volontairement ou pas, jouer comme agents (plus traîtres, plus subtiles ?) ou comme véhicules d’imposition d’un pouvoir étranger. [10]. »
Il s’agit pour le pouvoir colonial de dominer et d’afficher cette domination dans toutes les sphères de la société, les femmes indigènes deviennent ainsi le symbole de la domination : « Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la culture algérienne. »
Le cas de l’Algérie
Une association créée par les épouses des généraux Salan et Massu va organiser un dévoilement public en mai 1958 des femmes à Alger : dévoiler pour mieux régner et surtout pour contrôler ces consciences, cette arme colonisatrice s’est vue déployée lors de la guerre d’Algérie pour imposer le modèle civilisateur. « Les cérémonies de dévoilement les plus élaborées, et qui ont eu le plus fort impact auprès des médias, se sont déroulées à l’occasion de manifestations massives organisées par l’armée, dans les villes principales, à partir du 18 mai. Les meneurs du « putsch d’Alger » (Soustelle, Salan, Massu, Allard), et d’autres généraux et dignitaires, se sont notamment, transportés par hélicoptère, lancés dans une véritable tournée à travers Orléansville, Mostaganem, Blida, Boufarik, Oran, Philippeville, Bône, Sétif, Constantine, Tizi-Ouzou et Biskra, entre le 18 et le 28 mai. À chaque occasion, on pouvait assister à une quasi identique, et théâtrale, mise en scène : des groupes de femmes voilées marchaient en parade jusqu’aux lieux traditionnellement dédiés aux cérémonies officielles (places centrales, hôtels de villes, monuments aux morts). À l’arrivée, une délégation de jeunes femmes, habillées à l’européenne ou portant le haïk (voile traditionnel algérien), partageaient l’estrade ou le balcon avec les généraux et les dignitaires présents, bouquets à la main, et délivraient de longs discours en faveur de l’émancipation des femmes avant de lancer leurs voiles à la foule. [11] »



« « Détail d’une affiche de propagande française, « N’êtes-vous donc pas jolie ? Dévoilez-vous » distribuée par le 5e bureau d’action psychologique, durant la guerre d’indépendance algérienne. »
»
Un fait, peut-être moins connu, est que ce dévoilement perçu comme une violence identitaire, s’accompagnera d’un mouvement unanime de "revoilement". Les femmes algériennes vont porter le haik, (drapé qui couvre tout le corps) en signe de résistance face à l’oppresseur, comme le décrit Frantz Fanon, psychiatre antillais et militant anticolonialiste.
La photographie aussi a participé au projet colonial comme outil de propagande. On peut voir ici une affiche de propagande réalisée par le cinquième bureau d’action psychologique 
de l’armée française, incitant les femmes musulmanes à se dévoiler. En 1960, l’armée française demande au photographe Marc Garanger de photographier les habitants de villages afin de les faire enregistrer pour mieux les contrôler. Les femmes vont être amenées devant son objectif et dévoilées de force. « Dans chaque village, Marc Garanger faisait assoir les femmes sur un tabouret contre le mur blanc de leur maison. Pas de paroles. Pas de protestation. Saisies dans leur intimité, les femmes se pliaient aux ordres sans broncher. Au début, elles faisaient tomber sur leurs épaules le morceau de tulle qui voilait leur visage mais gardaient le cheich enroulé autour de la tête, puis elles ont été forcées à tout enlever. » Marc Garanger rapporte les propos du capitaine qui, en découvrant les photographies, a ameuté les officiers de l’état-major en poussant des cris : « Venez voir, venez voir comme elles sont laides ! Venez voir ces macaques, on dirait des singes ! [12] » . Aimé Césaire évoque dans son Discours sur le colonialisme cette arme déployée par le colon : la rhétorique de la bestialité : « L’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; [...] le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. [13] »



« Portraits de femmes algériennes dévoilées sous la contrainte prises par le photographe Marc Garanger en 1960.
Avec ces photographies, Marc Garanger apporte un témoignage saisissant concernant ces dévoilements forcés. Comme le relate Frantz Fanon, « Chaque nouvelle femme algérienne dévoilée annonce à l’occupant une société algérienne aux systèmes de défense en voie de dislocation, ouverte et défoncée. [14] » La domination se justifie par ses exactions coloniales, et entend maîtriser cet Orient sauvage par tous les moyens. Malek Halloula dans son livre, Le Harem colonial [15] apporte lui aussi des témoignages frappants par le biais de centaines de cartes postales datant, pour les premières, des années 1900. On y voit les femmes indigènes progressivement dénudées et mises à disposition du colon.
http://contre-attaques.org/IMG/png/capture_d_e_cran_2016-03-15_a_15.13.01.png?1458052081
Malek Halloula dénonce l’imagerie coloniale et cette érotisation du corps de l’indigène destiné aux militaires et aux touristes. La femme indigène s’est retrouvée progressivement « folklorisée », « érotisée », « docilisée » et déshumanisée par le biais de tout un « patrimoine » iconographique.
Par ces dévoilements, le colonialisme a pratiqué une politique d’humiliation afin de montrer sa suprématie face à l’Orient désigné comme barbare. La violence subie par les femmes indigènes est un marqueur révélateur de la structure même du système colonial et de ses mécanismes idéologiques et politiques. L’oppression coloniale était tolérée, sous couvert de projet civilisationnel et moderniste, armée d’une agressivité militaire, culturelle et raciste dont les corps des colonisés portent encore les blessures.
[1] SAID Edward, L’Orientalisme, L’Orient crée par l’Occident, Paris, Seuil, 2005, p. 41
[2] SAID Edward, L’Orientalisme, l’Orient crée par l’Occident, Paris, Seuil, 2005, p. 76
[3] ANDRE ADAM : Bibliographie critique de sociologie, d’ethnologie et de géographie humaine du Maroc. CNRS, Alger, 1972, p. 44.
[4] CH. A. JULIEN op.cit. p. 167. CHARLES-ANDRE JULIEN : Le Maroc face aux impérialismes 1415-1956. Editions Jeune Afrique. Paris. 1978. 549 p. (spécialement pp. 165-170)
[5] GAUTHIER E-F, Mœurs et coutumes des musulmans, Payot, Paris, 1931, p.42
[6] MAUPASSANT Guy de, « Marauca » (signé Maufrigneuve), Gil Blas, 2 mars 1882, repris sous le titre « Marroca » in Mademoiselle Fifi, Paris, Charpentier, 1885.
[7] Abdesamad Dyalmi, Féminisme, islamisme et soufisme, 1997.
[8] Les Féministes blanches et l’empire, Félix Boggio Ewanjé-Epée, Stella Magliani-Belkacem, La Fabrique, oct. 2012, p30.
[9] Les féministes blanches et l’empire, Félix Boggio Ewanjé-Epée, Stella Magliani-Belkacem, éd. La Fabrique, oct. 2012, p30.
[10] Marie-Elise Palmier-Chatelain Pauline Lavagne d’Ortigue, L’Orient des femmes, p.16
[11] Jennifer Boittin « Feminist mediations of the exotic : french Algeria, Morocco and Tunisia, 1921-1939 », Gender & History, vol. 22, no 1, avril 2010, p. 131- 150. Cité in http://www.lafabrique.fr/spip/IMG/pdf_feminismeBAT4_glisse_e_s_.pdf
[12] Marc Garanger, photographie extraite de la série, Femmes algériennes 1960, Extrait de la postface à Femmes algériennes 1960, paru aux éditions Atlantica en mars 2002.
[13] Césaire Aimé, Discours sur la colonisation, 1955, Paris, Présence Africaine, 2004, p. 21.
[14] FANON, F., 1959 (rééd. 2001), L’an V de la révolution algérienne, Paris, La Découverte.p24.
[15] ALLOULA Malek, Le Harem colonial, images d’un sous-érotisme (essai illustré de photographies), Slatkine éditeur, Genève/Paris, 1981 et Séguier, Paris, 2001.


Edité le 02-11-2020 à 08:59:24 par Xuan




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