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 le capitalisme est en crise, vive le socialisme !

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Xuan
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   Posté le 12-03-2013 à 20:54:18   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur solidarité international - pcf :
XV ème Congrès du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) : « Le capitalisme est en crise, l'avenir est le socialisme ! »



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/


Ce 24 et 25 février avait lieu le XVème Congrès du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF), pour le vingtième anniversaire de sa reconstruction, avec un programme combatif contre l'oligarchie russe et son régime autoritaire, à partir du renforcement du parti.

320 délégués, 95 délégations internationales, 700 invités : le KPRF a vu en grand pour le 20 ème anniversaire de sa reconstruction. Un congrès à la hauteur d'une force en plein développement.

Depuis quelques années, les effectifs se sont rajeunis et repartent à la hausse, avec plus de 30 000 adhésions enregistrés depuis le dernier congrès. Le Parti compte désormais 158 000 militants.

Le KPRF est plus que jamais la première force d’opposition au régime des oligarques.

La seule alternative pour des électeurs qui ont placé son secrétaire Ziouganov en deuxième place des présidentielles en mars 2012 (17,1%) et le KPRF à un niveau historique (20%, + 90% par rapport à 2007) aux législatives de décembre 2011.

Un congrès placé sous le signe de la lutte en Russie contre le pouvoir du capital, mais aussi d'un internationalisme de combat, avec les soutiens à Cuba socialiste, ou au droit du peuple syrien de disposer de son sort sans ingérence étrangère.

Un moment internationaliste marqué par une conférence sur le thème « L'image du socialisme pour lequel nous nous battons » , à laquelle ont participé les 95 délégations internationales, et qui a donné lieu à de riches débats que nous tâcherons de restituer ultérieurement.

Riches également les rapports et résolutions du KPRF qui permettent non seulement de saisir l'ampleur de la tragédie que fut la transition au capitalisme en Russie, la collaboration de la classe dirigeante russe et enfin les perspectives de sortie de cette crise tracées par les communistes.

Dénonciation sans concession de l'oligarchie russe et mise en garde contre la dérive bonapartiste du régime


Le congrès a marqué une étape dans la dénonciation du régime russe Poutine-Medvedev qualifié d' « alliance entre oligarques et bureaucrates » . Les propos sont durs face à une « bourgeoisie au pouvoir corrompue, spéculative, mafieuse » .

Le KPRF analyse la tête du régime comme une « oligarchie soudée » face à une contestation populaire de plus en plus forte et met en garde contre un « renforcement de la 'verticale du pouvoir' s'orientant vers un régime politique bonapartiste » .

La réponse du pouvoir face aux manifestations de masse de décembre 2011 contre les fraudes révèle, ajoute le rapport de clôture : « cet abandon des apparences de la démocratie bourgeoise pour s'orienter vers un pouvoir personnel autoritaire » .

Casse de la base industrielle et agricole héritée de l'URSS et économie de rente improductive


La casse de l'économie héritée du modèle soviétique ne se réduit pas à l'horrible décennie 1990 – il suffit de rappeler que la Russie actuelle n'a pas encore atteint le niveau de production de celle de 1991 – elle continue, et les chiffres divulgués par le KPRF donnent le vertige.

Sur la seule période 2005-2011, le pays a perdu 1,2 million d'emplois dans l'industrie (5 millions depuis 2000), 800 000 dans l'agriculture et 280 000 dans l'éducation.

Autrefois puissance industrielle et agricole majeure, capable de garantir le bien-être de sa population à l'époque soviétique, la Russie est désormais cantonnée dans un rôle d'économie de rente d'exportation, digne d'un pays sous-développé.

Les recettes issues de la vente des hydrocarbures comptent pour 40% du budget fédéral, même si seulement un tiers des recettes de l'exploitation des matières premières finit dans les caisses de l’État.

Le KPRF rappelle en effet que le groupe Gazprom a livré en 2012 150 milliards de roubles (4,5 milliards d'euros) de dividendes à ses actionnaires privés, soit le quart de ses bénéfices. Un chiffre comparable à celui des budgets de certains services publics.

Casse du secteur public et privatisations en cours


Le KPRF ne se contente pas de regarder la casse passée, il avertit également du programme de casse à venir : la casse de ce qu'il reste du secteur public pour la période 2013-2016.

Après une pause au début des années 2000, puis une liste d' « entreprises stratégiques » à ne pas privatiser, le régime use du prétexte de la crise pour liquider le patrimoine national.

Le gouvernement Poutine reprend la formule du PDG de la Sberbank, German Gref, prononcée à Davos : « Tout ce qui peut être privatisé est à privatiser » .

La liste est celle des plus grands monopoles du pays : VTB et Sberbank (banques), RusHydro (électricité/n°2 mondial), Rosneft (pétrole/n°2 mondial), United Grain et Rosspirtprom (agro-alimentaire) ou encore Sovcomflot (transport maritime).

Le bradage du patrimoine public du pays, pour des rentrées financières à court-terme (150 milliards d'ici 2017), s'inscrit également dans l'adhésion l'an dernier de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dénoncée avec véhémence par les communistes russes.

Un bilan humain désastreux


Le bilan humain de cette politique de casse sociale est désastreux, même si elle n'atteint pas le tragique des années 1990 où au moins 2 millions de personnes sont mortes directement – et sans doute bien plus indirectement – en raison du programme de privatisations.

Selon les normes européennes, 90% des russes se trouvent sous le seuil de pauvreté. Un chiffre ramené, selon les estimations officielles, tout de même à 25 millions de russes sous le seuil de pauvreté (17% de la population).

Le salaire moyen en Russie est officiellement de 600 euros (27 000 roubles). Un salaire moyen bien moindre pour un ouvrier soudeur, 300 €, ou pour un enseignant, 400 €.

La colère gronde face aux bas salaires de plus en plus impayés. Au début de l'année 2013, les arriérés de salaires s’élevaient dans le pays à 35 millions d'euros (1,5 milliard de roubles).

Les retraités, sacrifiés parmi les sacrifiés de la transition, subissent encore des pensions ne leur permettant pas de survivre, avec 200 € de pension en moyenne (9 000 roubles), dans la nouvelle Russie.

Les jeunes ne sont pas mieux loties dans un pays où 30% des jeunes de moins de 25 ans sont sans-emploi, et où le Revenu minimum est fixé à 20 € (900 roubles) !

Le système d'éducation et de santé, autrefois performant, gratuit et universel, achève son délitement.

Le taux de mortalité infantile ne cesse de grimper, celui des jeunes entre 14 et 35 ans est sept fois plus élevé que celui de la moyenne européenne. Des maladies telle que des formes aiguës de la tuberculose refont leur apparition en Russie.

La qualité de l'éducation se dégrade et a justifié la loi sur la réforme de l'éducation de 2012 prévoyant l'autonomie des établissements secondaires et l'entrée généralisée du privé dans l'enseignement supérieur.

« L'alternative, c'est le socialisme »: les nationalisations comme voie, le Parti communiste comme outil


Face à cette politique de casse sociale, le KPRF lance un appel à la lutte contre ces réformes libérales et un programme axé autour d'une plate-forme de revendications mettant en avant les nationalisations des secteurs stratégiques.

Parmi les mesures-phares du « programme anti-crise » :

la nationalisation des secteurs stratégiques déjà privatisés ;
• la défense des secteurs menacés de privatisation ;
• le gel des tarifs dans l'électricité, les transports, les produits agricoles ;
• enfin une éducation et une santé 100% gratuite, publique et universelle ;


Un vaste programme de nationalisation que le KPRF intègre à ce qui reste la perspective du parti : le socialisme, pas uniquement tourné vers la restauration de l'URSS mais bien vers un « socialisme du XXI ème siècle » donnant un avenir au meilleur de l'héritage du système soviétique.

Dans cette lutte pour le « socialisme », axé autour d'un vaste programme de nationalisations, le KPRF a souligné l'importance du renforcement du Parti. L'accent ayant été mis pendant le Congrès sur le renforcement des cellules de base et sur la formation des cadres du Parti.

En Russie, comme ailleurs dans le monde, nous ne pouvons que nous féliciter que des Partis communistes se reconstruisent et se renforcent pour lutter contre les politiques au service du capital, et pour une alternative socialiste au système capitaliste.

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Xuan
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Sur Qiushi Organe du CC du PCC :

Le déclin de la foi dans le marché occidental


Note de Xuan : cet article a fait aussi l'objet d'un compte rendu dans Business Insiders sous le titre :
Une publication du Parti Communiste Chinois dit que le capitalisme tire à sa fin et que le monde est atteint par la « fièvre marxiste »
Il est paru aussi dans le très anticommuniste Chinascope. L'article doit aussi être considéré à usage interne et comme un élément de la lutte entre deux voies en Chine.


[ Note de l'éditeur : Qiushi en ligne republie un article du Manuscrit du drapeau rouge sur la foi dans le marché occidental. L'article affirmait que la récente crise financière mondiale a prouvé que le capitalisme touche à sa fin, que les oligarques de Wall Street et le gouvernement américain ont mis en route un désastre sans précédent qui touche tout le monde sur la planète, et que le monde cherche une solution dans le marxisme. L'auteur, Yu Zurao, est chercheur invité au Centre de recherche mondial du socialisme, à l'Académie chinoise des sciences sociales. Ce qui suit est une traduction de l'article.][1]

Depuis les années 1970, le néo-libéralisme a remplacé le keynésianisme comme théorie économique dominante de l'idéologie occidentale et de ses politiques économiques. Il est progressivement devenu un outil dans les mains du gouvernement américain pour faire progresser son hégémonie sur le reste du monde, mener à bien la subversion dans les pays socialistes, et mettre en œuvre le néo-colonialisme dans les pays en développement.

Dans l'histoire économique moderne, aucune école économique n’a eu autant d’impact que le néolibéralisme sur l'environnement politique et économique international. Toutefois, la crise économique mondiale qui a commencé en Septembre 2008 a balayé la puissance et le prestige néolibéraux. Cette crise financière et économique mondiale annonçait la faillite du néo-libéralisme. En regardant cette récession qui a provoqué une telle catastrophe majeure, les chercheurs, les politiciens, et même le grand public dans le monde entier se penchent sur la situation pour essayer de trouver de nouvelles solutions.

I. La crise globale du capitalisme: Les oligarques de Wall Street et le gouvernement américain ont amorcé une catastrophe sans précédent qui touche tout le monde sur la planète

En Août 2008, Lehman Brothers a fait faillite. Cela symbolisait le début de la récession la plus grave depuis les années 1930. La crise a commencé avec le tarissement du crédit de financement dans les banques, mais s'est rapidement étendue à l'économie réelle.
Au plus fort de la récession, 140.000 entreprises et 140 banques aux États-Unis se sont déclarées en faillite, la production industrielle américaine a diminué de 46,2 pour cent, et la production industrielle du monde occidental a diminué de 37,2 pour cent. La récession a causé de graves dommages à l'économie des pays occidentaux: leur bulle économique a éclaté, le marché boursier s'est effondré, et la valeur de leurs actifs ont diminué de façon spectaculaire. Selon le rapport du 9 mars 2009 de la Banque asiatique de développement, les actifs financiers mondiaux ont perdu en valeur plus de 50 000 milliards de dollars en 2008, l'équivalent du PIB total pour le monde entier pour une année entière. Au cours des cinq dernières années, la valeur nette du ménage américain moyen a baissé de 36 pour cent, passant de 102 900 $US à 66.800 $US. Environ 11 millions de ménages sont devenus insolvables (l'hypothèque était plus élevé que la valeur marchande de la maison). Selon les statistiques de la Réserve fédérale, la récession a fait disparaître la richesse américaine accumulée au cours des 20 dernières années. Le nombre de chômeurs a augmenté de façon spectaculaire. Le rapport de l'Organisation internationale du Travail a révélé que près de 50 millions d'emplois ont disparu depuis le début de la récession en 2008. À la fin de 2011, 196 millions de personnes dans le monde ont perdu leur emploi. Le nombre aurait atteint 202 millions d'ici la fin de 2012, le taux de chômage mondial devrait atteindre 6,1%. Le taux d'emploi dans les pays développés ne devrait pas retrouver son niveau d'avant la récession de 2008 jusqu'à la fin de 2016. Durant une période, le taux de chômage aux États-Unis a grimpé à près de 10 pour cent et s'installa plus tard aux alentours de 8 pour cent. Le nombre de chômeurs dans l'Union européenne (UE) a atteint 24,7 millions au premier trimestre de 2012, soit 193 000 de plus par rapport au trimestre précédent et de 2,1 millions par rapport à l'année précédente. La politique d'austérité que l'UE a adopté a provoqué une nouvelle détérioration de la situation de l'emploi en Europe: un grand nombre de chômeurs a rejoint les rangs de ceux en dessous du seuil de pauvreté.

La récession a exacerbé la polarisation entre riches et pauvres. La société auparavant riche a montré des signes d’appauvrissement. Avec l'éclatement de la bulle économique, les actifs des propriétaires-occupants ont diminué de façon spectaculaire et la classe moyenne affronte un moment plus difficile. Certains médias ont dit que la classe moyenne est en train de disparaître. Ceux qui des revenus faibles à moyens ont été les plus durement touchés. Selon le rapport de l’El Universal Online du Mexique le 24 Janvier 2012, les données de recensement les plus récentes aux États-Unis ont montré que la récession a laissé 46 millions d'Américains en dessous du seuil de pauvreté, atteignant un nouveau sommet depuis les 52 dernières années. Le rapport de l’ US Congressional Budget Office du 25 Octobre 2011 a affirmé que, de 1979 à 2007, le revenu après impôt pour 1 % des familles les plus riches a augmenté de 275 %, mais seulement de 18 % pour 20 % des familles les plus riches. En 2010, le taux de pauvreté américain a grimpé à 15,1 %. En 2009, le nombre de personnes qui ont vécu des coupons alimentaires aux Etats-Unis atteint 32,2 millions.

La récession ne frappe pas seulement la classe ouvrière dans les pays développés, les populations des pays en voie de développement ont été encore plus atteintes. Après la récession, les Etats-Unis et les pays européens ont utilisé des moyens économiques et administratifs pour transférer la crise sur les pays en développement, ce qui aggrave la catastrophe.

La crise a duré cinq ans. Chaque gouvernement a essayé de sauver sa propre économie, mais ils n’ont pas encore complètement récupéré, et les taux de chômage restent élevés, les dépenses des gouvernements sont supérieures à leurs revenus (ce qui approfondit la dette souveraine), les tentatives de sauvetage sont comme boire du poison pour étancher la soif et les conflits sociaux sont exacerbés. Ainsi, l'Occident est plein d ' «incertitude».

II. En Occident, il ya eu une tendance pour les masses à réfléchir sur la récession, à critiquer le néo-libéralisme et le "Consensus" de Washington, à défier l’hégémonie US, et à dénoncer le capitalisme monopoliste financier.

A. Le 17 Septembre 2011, le mouvement "Occupy Wall Street" a commencé aux États-Unis. Il a démontré un changement dans l'insatisfaction des classes inférieures occidentales pour le capitalisme et les politiques gouvernementales, qui se vantaient de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme. Cette insatisfaction est passée d’une simple discussion à un mouvement politique organisé. Ce mouvement a affirmé: «Nous sommes les 99 pour cent et nous ne tolérerons plus la cupidité et la corruption du 1 pour cent." [2] Il a été caractérisé par sa position politique extrême, ciblant directement les oligarques financiers de Wall Street, le gouvernement américain et les politiques économiques néolibérales que le gouvernement a adoptées. Bien que le mouvement "Occupy Wall Street" n'ait pas une organisation efficace ni un programme politique, il ne s'arrête pas là. Aucun des conflits inhérents au capitalisme qui a conduit à ce mouvement politique n’ont été résolus. La crise n'est pas encore terminée.

B. Dans l'Ouest, de nombreux chercheurs, des fonctionnaires et des politiciens de l'école néo-libérale, après avoir fait face à la récession et la réalité, et après avoir réfléchi profondément, ont été amenés à critiquer le néo-libéralisme. Un professeur de grande renommée de l'Economie, Iwao Nakatani, regarda la théorie économique qu'il avait apprise et enseignée et a dit qu'il était vraiment naïf pour avoir cru en la valeur de la mondialisation capitaliste et à la domination du marché qu’il avait promues autrefois. Il croyait que si les Japonais pouvaient avoir une économie libre comme les Etats-Unis où le mécanisme de marché pourrait fonctionner pleinement, ils seraient aussi riches et heureux que les Américains. Quand il a travaillé sur les politiques gouvernementales, il a plaidé pour que le Japon adopte le système économique, les politiques et la structure américains. La récession a détruit cette illusion. Il arriva enfin à la compréhension que le capitalisme à l'américaine est en train de mourir. Il a commencé à s'opposer à l'adoption de la structure à l'américaine qui abandonne ceux qui sont faibles. L'ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, a été en charge du système financier à travers quatre administrations. Il a agressivement poussé le néolibéralisme des politiques monétaires et fut l'un des responsables de la récession. Il a admis lors d'une audition devant le Congrès le 23 Octobre 2008, qu'il n'avait pas surveillé les institutions financières d'assez près quand il était en charge de la Réserve fédérale, ce qui a abouti à une libéralisation financière excessive. Il pensait que c'était une «erreur» . Il pensait aussi que le modèle actuel de gestion des risques se dirigeait dans une mauvaise direction et que sa foi dans la politique de relâchement du contrôle avait été «ébranlée» . George Soros prédateur financier international et critique du radicalisme de marché, reprend exactement ce point. Il a dit que ce qui s'est passé est le résultat de la théorie radicale des marchés, de leur ouverture et de leur liberté d’ajustement. Il a estimé que la crise n'a pas été causée par des facteurs externes ou par une catastrophe naturelle, mais par le système [capitaliste] lui-même.

C. Au cours des dernières années, un changement important s'est produit dans l'idéologie occidentale. La critique du néo-libéralisme est devenue critique du système capitaliste actuel. Dans les années 1980 et 1990, le monde fait l'éloge du système capitaliste et le système socialiste est diabolisé. Au tournant du nouveau siècle cependant, les États-Unis, l'empire capitaliste numéro un, n'a pas réussi à répondre aux attentes du monde. La crise financière montre aux masses ce que sont réellement les « nouveaux habits de l’empereur » [ou l'illusion du capitalisme]. La crise elle-même a brutalement mis à nu la plupart des illusions sur le capitalisme. Le «modèle américain» que de nombreuses élites adoraient a perdu de son attrait et a été discrédité. Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, estime que le capitalisme du 20ème siècle est obsolète et ne correspond pas au 21ème siècle. Fondateur du Forum économique mondial et président ex écutif Klaus Schwab a soulevé la question des «modèles dépassés et en ruine." Il a dit que le capitalisme, dans sa forme actuelle, n'est plus adapté au monde qui nous entoure.[3]

L'économiste en chef du FMI Kenneth Rogoff a cité de nombreux problèmes dus au capitalisme moderne et a souligné que le capitalisme actuel est, par essence, de nature transitoire. Le modèle anglo-américain qui mène le monde sera remplacé par d'autres modèles. La récession a également exposé la corruption et fausseté inhérentes au système politique occidental. En apparence la « démocratie » occidentale repose sur le scrutin électoral mais en réalité elle repose sur le scrutin de l’argent." L'économiste américain Robert Reich a soutenu le mouvement "Occupy Wall Street" et a appelé à la construction d'un système démocratique propre qui ne laisserait pas l'argent le corrompre. Il estime que lorsque le revenu et la richesse sont concentrés entre les mains de quelques personnes seulement, très peu de gens riches auront suffisamment d'argent pour contrôler cette démocratie et cela la détruira inévitablement.

D.L'énorme catastrophe financière que les oligarques américains, les politiciens et les médias ont causé a complètement mis à nu les illusions sur la société américaine et son système, son modèle et sa direction. Pour autant qu’on les répètes, les mensonges ne deviendront jamais la vérité. Le professeur Meghnad Desai à la London School of Economics and Political Science a fait remarquer que le capitalisme est entré dans sa phase finale et que le capitalisme dynamique se déplace vers l'Est. Toutefois, la récession de l'Occident est aussi une chose difficile pour l'Est. Il a dit que de nombreux pays se sont penchés vers l'adoption de politiques capitalistes quand ils planifiaient leur chemin vers la prospérité future, mais ce chemin est plus dangereux que n'importe quel autre. Il pense que le capitalisme pourrait être le pire système économique pour les pays asiatiques. L'ancien Premier ministre allemand Schmidt est un vieil ami du peuple chinois et le promoteur et le praticien d'une «économie sociale de marché» . Lorsque l'ancien président de la Banque Zoellick et d'autres personnes des États-Unis ont lancé le plan de réforme "top niveau design" dans le but ultime d'effriter l’économie nationale de la Chine et de mettre en œuvre la privatisation totale, Schmidt a fait une déclaration profonde: «Les entreprises publiques sont le moteur du peuple chinois. Ils devraient rejeter la privatisation. "

E. Les universités occidentales ont non seulement contesté directement le néo-libéralisme, mais les étudiants des grandes écoles se sont également rebellés contre les économistes néolibéraux. Le 2 Novembre 2011, les étudiants de l'Université de Harvard ont organisé une grève, qui a bloqué les universités, non seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde. Les étudiants ont refusé de suivre un cours du « professeur émérite » Gregory Mankiw, un maître du néo-libéralisme. L’ouvrage de Mankiw Principles of Economics a été traduit en plus de 20 langues et vendu à plus d'un million d'exemplaires dans le monde. Il a été président du Conseil présidentiel des conseillers économiques lors de l'administration de George W. Bush. Les étudiants grévistes ont exprimé leur insatisfaction à l'égard des préjugés profondément enracinés dans ce cours d'introduction de l'économie. Ils ont fait écho au mouvement «Occupy Wall Street» et quitté l'université pour rejoindre la manifestation "Occupy Boston" . Les manifestants sont également allé à Harvard Yard et déployé une banderole rouge, "Nous espérons que l'université servira les 99 pour cent!" Les étudiants en grève croient qu'une étude véritable et raisonnable de l'économie devrait inclure la critique à la fois des forces et des faiblesses de chaque théorie économique, mais la classe Mankiw n’a pratiquement pas offert d'autre alternative dans l'étude de l'économie.

F. La crise économique mondiale a conduit à la désintégration du néo-libéralisme et à la crise idéologie en Occident. Compte tenu de ces circonstances, l'Occident a prêté plus d'attention aux écrits de Marx et à ses théories considérées auparavant avec indifférence. Maintenant, "la fièvre marxiste» en Occident ne peut plus être ignorée. On peut voir un fort contraste entre la décroissance du néo-libéralisme et la popularité du marxisme. Aujourd'hui, le marxisme est devenu un acteur principal dans la vie politique occidentale. A l'Ouest, après la désintégration de l'Union soviétique, il y a eu une vague d'antimarxisme. Le marxisme a été dénoncé, critiqué et traité avec hostilité. A cette époque, Fukuyama a affirmé que le changement en Union soviétique et en Europe représentait la fin de l'histoire, ce qui signifiait qu’avec le capitalisme, la société humaine a atteint son meilleur stade et que le capitalisme était irremplaçable. Fukuyama a dit: «Ce à quoi nous assistons n'est peut-être pas seulement la fin de la guerre froide ou de l'écoulement d'une période particulière de l'histoire d'après-guerre, mais la fin de l'histoire en tant que telle: c'est le point final de l'évolution idéologique de l'humanité et de l'universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement humain » . [4] Cependant, face à la réalité brutale de la récente crise financière, il a dû admettre que cette crise a révélé l'instabilité du système capitaliste, que le capitalisme américain est tombé de son piédestal, que cette crise marque pour les USA la fin de leur capacité à prendre le leadership économique dans les affaires mondiales, et que les États-Unis ne sont plus la seule autorité pour l'innovation politique sociale. "la fièvre marxiste» a balayé l'Ouest avec l’élargissement de la récession mondiale. Après la Grande Dépression dans les années 1930, les pays ont adopté deux approches différentes: l'Union soviétique a mis l'accent sur l'industrialisation, la modernisation et l'amélioration matérielle et culturelle de la vie des masses, l’élargissement de la demande intérieure et a saisi pleinement l'occasion de la récession occidentale pour encourager les équipements de pointe, les technologies, et les talents. L'approche occidentale a été d'adopter les théories keynésiennes sur les politiques monétaires, l'expansion militaire, et le New Deal pour mettre hors de danger l'économie. Dans les années 1970, en raison de la stagnation économique, le keynésianisme a été remplacé par le néo-libéralisme. Mais cela n'a pas duré longtemps. En entrant dans le 21ème siècle, la crise financière mondiale a détruit la réputation de néo-libéralisme. Cette crise a conduit les masses à considérer Karl Marx comme un «grand homme du siècle» . Une autre caractéristique de «la fièvre marxiste» est qu'elle se répand largement dans de nombreux pays, de l'Europe vers l'Amérique à l'Asie et des empires financiers vers les pays en développement. Elle a également touché les gens de toutes les couches sociales, des universitaires aux hommes politiques, des entrepreneurs aux gestionnaires, des jeunes étudiants aux travailleurs ordinaires et des clercs aux simples gens.

L'émergence de «la fièvre marxiste» n'a pas été organisée, mais a été plutôt un développement purement spontané. S'il n'y avait pas eu de récession mondiale et si elle n’avait pas pourri le néo-libéralisme n'est pas pourri, «la fièvre marxiste» ne se serait pas propagée si rapidement en Occident.

Le renouveau de la pensée marxiste montre la tendance inévitable du développement de l'histoire du monde. Cependant, il faut aussi être clair: l'émergence de «la fièvre marxiste» ne signifie pas que le néo-libéralisme et ses éminents spécialistes vont capituler. La lutte [entre le marxisme et le néo-libéralisme et d'autres théories capitalistes] sera à long terme, avec des hauts et des bas.

Note:
[1] Qiushi en ligne . "Le Déclin de l'intégrisme du marché occidental», Décembre 25, 2012
[2] Occupy Wall Street en ligne .
[3]Xinhua , «Le capitalisme dans sa forme actuelle n'est plus adaptée au monde : Schwab WEF , "Janvier 18, 2012.
[4] «La Fin de l'Histoire?" par Francis Fukuyama.


Edité le 12-03-2013 à 22:09:49 par Xuan




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Un Marx, ça va, après, bonjour les dégats ?
Réaction au dossier Marx de l’Humanité du 14 mars





mardi 19 mars 2013
par pam


article publié sur faire vivre et renforcer le pcf"

L’Humanité du 14 mars titre sur Marx : "Fatale, la crise ?". En regard de cette question, une photo de Marx avec ce célèbre clin d’œil déjà utilisé pour dénoncer avec humour d’autres affirmations du genre "le PCF est mort ?" et autres "Marx est mort"...
Avec une page complète de citations, ce dossier peut être utile, mais il est d’autant plus utile par ce qu’il révèle des déclarations de tant de dirigeants politiques que l’’Humanité consulte. Cette diversité affichée est-elle là pour nous dire que chacun peut en penser ce qu’il veut... ? En tout cas, il y a une dominante. Les philosophes, économistes et sociologues disent en quoi Marx est actuel pour comprendre le capitalisme et agir contre lui. Mais les dirigeants politiques consultés, y compris Pierre Laurent, croient nécessaires de bien faire la différence entre la pensée de Marx et ses perversions au XXième siècle...


L’actualité de Marx pour la critique du capitalisme


Pourtant Isabelle Garo reste concentrée sur l’actualité de la pensée de Marx pour comprendre les crises du capitalismes et appelle à un effort critique sur les acquis des luttes passées et présentes, sur les questions du socialisme et du communisme, appel que nous ne pouvons que partager, en soulignant que cet effort doit justement résister à l’idéalisme que critique Marx, tout comme à la guerre idéologique de criminalisation du socialisme réel.

Lutter contre ces politiques, ce n’est pas simplement réfuter les thèses adverses, c’est leur opposer systématiquement d’autres solutions économiques, sociales, politiques, en n’oubliant pas les acquis des luttes passées et présentes, de par le monde. Et c’est bien entendu revenir de façon critique sur les questions du socialisme et du communisme, sur leur histoire et sur leur pertinence. Ce champ d’intervention est gigantesque. Il exige un effort d’invention, et d’invention collective, qui sache inclure l’analyse théorique mais aussi la déborder et la renouveler.

Le philosophe Jean Salem souligne un regain d’intérêt pour l’œuvre de Marx après une trentaine d’années de plomb, durant lesquelles la France était devenue, selon l’expression de l’historien Éric Hobsbawm, le pays de "l’antimarxisme hargneux". Il dégage en quelques lignes des idées fortes et dérangeantes dans le consensus ambiant sur le "mouvement" qui éviterait de devoir penser la révolution :

Parmi tous les économistes du XIXe siècle, Marx est le seul qui ait expliqué que la crise, en régime capitaliste, est inéluctable, programmée, inhérente à ce système qui produit sans se soucier des besoins des gens. Dans notre société, tout semble pensé afin d’augmenter la richesse d’une poignée de milliardaires, tandis que s’accroît la masse des milliards d’exploités : Marx et Engels disaient déjà cela, dès leurs écrits de jeunesse. Et dans nos pays développés, cette paupérisation en vient à toucher les couches moyennes elles-mêmes. Pour Marx, il n’y a donc pas d’alternative : il faut détruire l’actuelle organisation sociale, par la révolution. Mais il prévenait aussi contre le danger d’un cavalier seul, de ce qu’il appelait un « solo funèbre », en désignant ainsi la révolte d’une poignée de gens qui se lèveraient seuls, sans rechercher d’alliances. Et puis, pour réussir à mettre à bas le système capitaliste, il nous faut une solide organisation à l’échelon de chaque pays comme au niveau global !

Gilles Raveaud , économiste résume en trois mots l’apport de Marx pour penser "Un capitalisme injuste, instable et incapable" :

Marx est essentiel car il nous souligne trois aspects fondamentaux du capitalisme. Tout d’abord, il est injuste : la propriété privée des moyens de production a pour conséquence que certains travaillent pour d’autres, et ne reçoivent pas la totalité de la valeur qu’ils ont produite. L’exploitation est consubstantielle au capitalisme. Ensuite, il est instable : les crises, loin d’être des accidents, sont inévitables car elles découlent de la quête sans fin du profit, qui pousse les entreprises à baisser les salaires. (...) Enfin, (...)il est inefficace. Dans les entreprises, il démotive les salariés, entraîne des souffrances et des maladies. Au niveau de la société, la quête permanente de nouvelles sources de profit conduit à vendre des produits parfaitement inutiles, en gâchant de précieuses ressources naturelles. Enfin, le capitalisme est incapable de fournir ces services essentiels que sont le logement, l’éducation, la santé… (...) On le voit, Marx est le penseur fondamental de la crise actuelle.

Enfin Henri Pena Ruiz , écrivain et philosophe met l’accent sur "Une nouvelle vigueur pour sa pensée" en montrant comment Marx est indispensable dans ce troisième âge du capitalisme retrouvant sa quête débridée de profit de ses débuts.
C’est l’époque du troisième âge du capitalisme, celui d’une mondialisation assortie d’un credo néolibéral qui conduit à remettre en question les droits sociaux. Le capitalisme y revient à la quête débridée de profit propre à son premier âge, et ce, sans égard pour l’humain. La pertinence de la pensée de Marx prend dès lors une nouvelle vigueur. Et ce, non seulement dans le saisissant diagnostic dès 1848 de la mondialisation capitaliste à venir, mais aussi dans la dialectique qu’il propose entre écologie, socialisme, et république sociale pour refonder le vivre ensemble.

Pour les politiques, un Marx ça va, mais après, bonjour les dégats !


Mais pour le reste, la messe est dite. Pour Maurice Ulrich , Marx est discrédité par ceux qui s’en sont réclamés...

Discréditées par les réductions que lui ont fait subir ses lectures mécanistes au XXe siècle, et les systèmes qui s’en sont réclamés, la pensée et l’œuvre de Marx ont été le plus souvent occultées dans les universités et les cercles intellectuels.

En 20 lignes, Paul Boccara , croit nécessaire de dénoncer deux fois le dogmatisme marxiste... tout en affirmant "Marx vivant aujourd’hui" !

« À l’opposé du dénigrement de son œuvre depuis l’effondrement des régimes qui prétendaient s’en réclamer et de la dite fin de l’histoire » (...)
puis « Le retour à Marx pose, à l’opposé de sa répétition dogmatique, le besoin d’accéder à sa continuation par les développements récents néomarxistes »


Il insiste sur les « potentiels des révolutions informationnelle, monétaire, écologique, démographique, parentale, etc. » comme tout ceux qui avec le PGE considère les contradictions de classe comme secondaires. On peut s’interroger sur les révolutions parentales, veut-il parler de cette exo-procréation qui fait délirer quelques experts et promettrait une humanité se "fabriquant" elle-même sans lien avec la sexualité ? Mais si les luttes de classe ne résument évidemment pas les contradictions, il faut par contre dire le rapport de ces révolutions diverses à la révolution tout court, celle qui renverse les pouvoirs de classes qui restent le moteur de l’histoire, ce qui est la première des leçons de Marx... Le néomarxisme de Boccara consiste-t-il à relativiser les luttes de classes qui seraient comme le dit le PGE "balayées" par de nouvelles contradictions...? Celà expliquerait son insistance sur le crédit, solution miracle pour résoudre la contradiction entre socialisation des processus de production et privatisation des moyens de production...

Pierre Laurent dénonce les idées communistes dogmatisées au XXème siècle et même détournées de leur objet dans les pays de l’Est (il ne dit rien de Cuba... c’est sans doute un sujet trop polémique quelques jours après la mort de Chavez...). Il refuse ainsi toute analyse marxiste du socialisme réel, ce qui est cohérent avec sa lecture totalement idéaliste de l’apport de Marx, réduisant le communisme à une mise en commun que ne nierait ni les croyants de nombreuses religions, ni les apôtres du capitalisme social des fondations humanitaires, reprenant cette phrase devenue slogan réformiste du néo-communisme comme "mouvement réel" qui se ferait donc sans ruptures, sans révolutions, sans affrontements, et qui évite donc de se positionner dans les luttes de classe et se donner les moyens d’affronter une bourgeoisie violente et arrogante.

...Après plusieurs décennies de mondialisation accélérée, on voit aujourd’hui émerger la question des « biens communs » de l’humanité et revenir celle de la maîtrise sociale des richesses. Au XXe siècle, les idées communistes ont été dogmatisées, jusqu’à être détournées de leur objet dans les pays de l’Est. Mais les idées communistes, au-delà des caricatures et de leurs perversions profondes, restent valables. Un communisme de nouvelle génération doit reprendre le fil de l’histoire multiséculaire des luttes contre toutes les dominations. Il doit refonder l’idéal dans une démarche permanente que Marx définit comme « le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ».

La députée socialiste, Barbara Romagnan , qu’on suppose de gauche puisque son avis sur Marx intéresse l’Humanité, enfin, de cette gauche du parti socialiste qui intéresse plus la direction du PCF que les ouvriers en lutte acharnée contre les restructurations dont personne n’a pensé qu’ils auraient pu avoir un avis sur Marx. Elle souligne "L’intérêt de l’approche marxiste" pour insister sur la régulation insuffisante d’un capitalisme avec un pouvoir politique transféré à l’économie, toutes idées éminemment marxistes...!

En l’absence d’une régulation forte, le capitalisme procède au détournement du travail en tant que facteur d’émancipation, faisant de lui un outil de l’aliénation. Cette domination est sensible chez les populations les plus précaires, dont les plus jeunes et les femmes. Nous devons nous alarmer du transfert du pouvoir politique vers l’économique. Ce mouvement conduit à rejeter de plus en plus systématiquement les exigences issues de la volonté souveraine des citoyens  : l’amélioration du cadre de vie, la diminution du temps de travail, etc.

Après un socialiste, il fallait bien sûr un écologiste pour montrer que l’Huma donne la parole à tout le monde, et c’est Alain Lipietz , écologiste connu pour critiquer les allocations familiales favorisant des enfants européens au poids carbone trop élevé, qui en profite pour dénoncer... la critique de l’économie politique de Marx...

Marx n’est pas responsable de la tragédie des socialismes "marxistes" du XXe siècle. Mais son insistance sur les rapports de pouvoir économiques ("la dictature de la bourgeoisie" ) n’est pas sans rapport avec "l’oubli" de la démocratie, de la liberté, du féminisme, etc. Et la réduction des "rapports de production" à des rapports interpersonnels (ouvriers et patrons) a masqué le rapport productiviste humanité/nature, et la responsabilité vis-à-vis des générations futures. Il ne suffit pas d’accoler "démocratique" ou "écologique" à "socialisme". C’est tout un cadre de pensée qu’il faut reconstruire.

Et pour rassembler toute la gauche, il faut bien sûr les altermondialistes. Geneviève Azam , porte-parole d’Attac insiste sur la nécessité de "Se déprendre du monothéisme". Elle ne parle bien sûr pas de religion, mais cherche à montrer que "l’autre monde possible" n’est pas le résultat d’une révolution renversant le pouvoir de classes :

Avant l’écriture du Capital, c’est la prétention même de l’économie politique en tant que telle qu’il pourfend. Mais il a aussi pensé l’émancipation humaine selon un progrès linéaire à partir du développement illimité des forces productives, de l’infrastructure matérielle des sociétés, sacrifiant ainsi à l’économisme et au productivisme. De la même façon, autant Marx a pu être sensible à la dévastation de la nature avec le capitalisme, autant il a nourri également un humanisme anti-nature. C’est du monothéisme marxiste dont il faut se déprendre, pour laisser place, à côté de lui ou en opposition à lui, à une pensée vivante capable de renouveler l’espoir d’autres mondes souhaitables et désirables.

Enfin Marie-Pierre Toubhans de la Gauche unitaire, le nième courant qui a négocié sa place dans le Front de Gauche pour exister et prendre sa part du grand dépeçage du PCF, après avoir noté que la crise oblige à parler de Marx, répète elle aussi qu’il ne faut pas céder au dogmatisme, ce qu’elle traduit par le fait de s’intéresser au mouvement féministe et écologiste ; on comprend donc que le dogmatisme, ce serait de parler de luttes de classe...

Reste que saluer l’actualité de Marx ne doit pas signifier céder à de nouveaux dogmatismes. Au contraire, cela vaut invitation à prendre en compte les nouvelles dimensions de la transformation sociale dans toute leur complexité : notamment l’apport du mouvement féministe et des luttes contre le patriarcat, ou la dimension écologique indispensable pour toute visée émancipatrice. Donc, si l’on veut chercher à élaborer de nouvelles perspectives pour la transformation sociale, il ne s’agit pas d’attendre une nouvelle « fumée blanche » de ce côté-là... Il faut se servir de l’apport de Marx (et d’autres) pour se tourner vers le monde réel, celui d’aujourd’hui, auquel nous nous affrontons, afin de réactiver le réflexions pour de nouvelles utopies.

A noter qu’ Olivier Besancenot , curieusement, en reste, pour l’Humanité, sur l’actualité de Marx. Pas de critique trotskyste des dérives staliniennes... Il a du penser que ce n’était pas la peine d’en rajouter...

Ce dossier est révélateur des préoccupations des dirigeants communistes et de l’Humanité. Marx est utile et on peut s’en servir pour dénoncer le capitalisme, à condition de ne pas utiliser les outils qu’il nous a légué pour pousser la critique jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à agir pour une révolution s’attaquant au cœur du capitalisme, les rapports de classes. Le fait de ne pas avoir prévu une page pour des militants d’entreprises expliquant comment Marx leur est ou non utile aujourd’hui est révélateur. Il s’agit bien d’une page "Front de Gauche".


Edité le 24-03-2013 à 09:49:07 par Xuan




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   Posté le 24-03-2013 à 00:53:47   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Cet intérêt pour Marx n’est pas fortuit. Fin 2012, Qiushi (organe du CC du PCC) reprenait un article de Drapeau Rouge : « le déclin de l’intégrisme néolibéral en occident », montrant que la crise économique a balayé les thèses économiques bourgeoises et signalant une « fièvre marxiste ».
(article plus haut)

Le débat théorique change alors de terrain. Il ne s’agit plus de défendre ouvertement l’économie politique bourgeoise, mais de se réclamer du marxisme pour l’affadir et lui ôter son caractère de classe, et son utilité pratique révolutionnaire.
Par exemple l’économiste Gilles Raveaud a tellement bien résumé le marxisme qu’il n’en subsiste plus qu’un vulgaire constat critique d’où la classe ouvrière a disparu, et qu’aurait pu signer l’abbé Pierre.
L’entreprise n’est pas nouvelle, elle avait commencé du vivant de Marx.

Le leitmotiv de ces réformistes c’est le « dogmatisme » ancien ou nouveau. D’après eux ce « dogmatisme » aurait causé la chute des premières expériences socialistes.
Bonne question : avec le recul il serait utile de s’interroger sur la chute de l’URSS et de se demander si elle est due à un excès de « dogmatisme » ou plutôt à un excès de restauration capitaliste.

On ne va pas se flageller comme Robert Hue devant Monsieur Courtois. L’histoire du PCb de l’URSS, outrageusement déformée dans le « livre noir du communisme », doit faire l’objet d’une critique communiste (et non anti-communiste) tenant compte des conditions de l’époque et de la réalité de la lutte des classes en URSS et dans le monde.
Il existe sur ce sujet des documents (liste non limitative) :
quelques points sur l’histoire
les mensonges du « livre noir du communisme »
une campagne, un livre
un autre regard sur Staline

Evidemment l’ombre de Staline tient entre ses dents le couteau de ce « dogmatisme ».
Staline précisément tenait en 1928 un discours très instructif sur la restauration possible du capitalisme en URSS, dans son discours « du danger de droite dans le parti communiste (bolchevik) de l’URSS » (p. 102 de la version électronique) :

Un apport essentiel de Marx, outre l’analyse du capitalisme et des contradictions qui déterminent sa transformation révolutionnaire en socialisme puis en communisme, c’est la méthode matérialiste-dialectique qu’il a appliquée à son étude.
L’actualité du marxisme ne consiste pas à mettre le marxisme dans un sac et entasser par-dessus tous les lieux communs de l’anti marxisme, comme si toute forme de critique était bonne à prendre, ou ajouter des « dimensions » au marxisme ; c’est l’utilisation de la méthode matérialiste-dialectique pour comprendre et transformer l’ensemble des contradictions de notre époque.

Par exemple, en 1956 Mao Tsé-toung prononçait un discours sur les « dix grands rapports » caractérisant son pays. L’objectif poursuivi à travers la résolution de ces différentes contradictions était l’édification du socialisme en Chine, (en tenant compte de l’expérience soviétique et de l’œuvre de Staline justement).
De la même façon, pour atteindre l’objectif de la révolution prolétarienne en France, il nous faut étudier les contradictions caractéristiques de la société moderne française, ses rapports avec les autres pays, et les rapports de ces différentes contradictions avec celle, fondamentale de la société capitaliste, entre bourgeoisie et prolétariat.

Comment résoudre cette intrication de contradictions ?
Seule la révolution prolétarienne nous permettra de résoudre la contradiction principale, à la manière d’Alexandre et du nœud gordien. Mais nous devrons aussi résoudre ultérieurement toutes ces contradictions dans le cadre plus favorable du socialisme.

Dans l’immédiat, la vie et les combats de tous les jours sur le terrain de l’emploi, de la sécurité alimentaire, du droit à la santé, de l’égalité des hommes et des femmes, de l’écologie, de la sûreté nucléaire (à commencer par celle des ouvriers sous-traitants), de la paix opposée aux aventures militaires impérialistes, etc. devraient réaliser le front uni de la classe ouvrière et du peuple, viser l’objectif de la révolution prolétarienne et lui être reliés, afin d’être résolus définitivement au plus tôt.

A l’inverse les croisades contre le « dogmatisme » et pour la confusion des genres ne servent qu’à obscurcir l’horizon, retarder l’échéance et prolonger l’agonie de l’ancien régime.


Edité le 28-03-2013 à 18:07:15 par Xuan




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   Posté le 24-06-2013 à 15:20:22   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La Bérézina du modèle capitaliste


J. Tourtaux publie les démêlés politico judicaires de L'IMMENSE CRAPULE, BERNARD TAPIE, EN GARDE A VUE A LA BRIGADE FINANCIERE !!

Tapie a eu toutes les faveurs de Mitterrand puis de Sarkozy, qui ont misé sur son bagout, son profil de "self made man" et sur ses allures "populaires" pour se faire élire.
Il s'avère que le "winner" qui a été érigé en modèle pour toute une génération est un escroc.
Mais ce secret de Polichinelle, aussi éventé que le dopage des champions cyclistes, met à jour le détournement quotidien du labeur populaire au profit du luxe ostentatoire de la classe dominante.

> L’économie capitaliste a été présentée comme stade ultime de l'histoire : c’est la crise mondiale, avec son cortège funèbre de licenciements et de misère.

> Ses héros et ses dirigeants sont des escrocs qui se jettent leurs scandales dans les pattes, étalant ainsi toute la pourriture de la bourgeoisie. Mais ces scandales éclaboussent aussi leur rhétorique « humanitaire » , prétexte à vendre des armes au terrorisme le plus barbare et massacrer des populations.

> Et pour finir les libertés individuelles, qui sont brandies comme un étendard contre le communisme, ne sont qu'un paravent où se dissimule la dictature exercée par le capital.

Tout le monde fait cette "découverte" maintenant : mais comment est-ce possible ? Nos secrets personnels sont violés ! C’est un scoop pour la petite bourgeoisie empaumée par les nouvelles technologies. Les ouvriers savent depuis longtemps que le capitalisme c'est la dictature, rien qu'en lisant le règlement intérieur au-dessus de la pointeuse.

Que reste-t-il de la propagande sur le capitalisme victorieux ?
Pour le mythe de la société capitaliste c’est la Bérézina.



Edité le 24-06-2013 à 15:28:19 par Xuan




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