Sujet : syriza est un parti social-démocrate | | Posté le 26-03-2014 à 18:35:35
| http://inter.kke.gr/fr/articles/SYRIZA-la-force-de-reserve-de-gauche-du-capitalisme/ |
| | Posté le 18-04-2014 à 16:28:10
| le KKE va à contre courant de syriza http://www.lien-pads.fr/article-au-parlement-europeen-les-representants-du-parti-communiste-de-grece-exigent-la-liberation-des-mili-122520062.html |
| | Posté le 24-01-2015 à 16:17:11
| L'accord BCE-Syriza pour sauver l'Euro : allégement de la dette grecque contre poursuite des « réformes structurelles » Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/ source La BCE a choisi son camp en Grèce, elle accordera sa chance à Syriza, sous conditions. Le « quantitative easing » promu par Mario Draghi est un coup de poker attendu mais risqué, un vaste plan de rachat de dettes, d'injection de liquidités, une relance toujours conditionnée au maintien de l'austérité. Pour sauver l'Euro, « à tout prix », dixit Draghi et Tsipras. C'était dans les cartons depuis des mois, avec des taux directeurs au plus bas. La dernière mesure pour tenter une relance de la zone euro, sauver l'euro, c'est le « Quantitative easing », de fait un vaste plan de rachat d'obligations d'Etat à hauteur de 1 000 milliards d'€ sur un an et demi. La BCE espère un déplacement du crédit des obligations d’État vers les entreprises afin de relancer l'économie, tout en redonnant aux pays du Sud un accès au crédit ; une dépréciation de l'euro pour favoriser les exportations ; contre-balancer la tendance à la déflation. Les expériences américaines et japonaises laissent les observateurs prudents, voire sceptiques. La « carotte » de Draghi à Tsipras : pour un accord Troika-Syriza Pour la presse grecque et internationale, cela ne fait guère de doute, Draghi a envoyé un signe à Tsipras, du journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, « Draghi a choisi le candidat de la gauche radicale grecque, Tsipras », au grec Journal des Rédacteurs, « Draghi a désarmé Samaras » . Il ne s'agit pas d'une carte blanche. La Grèce est en effet temporairement exclue du plan, jusqu'en juillet. Officiellement pour raisons techniques, liées à la viabilité des obligations grecques, l'impossibilité d'un achat massif de dettes. En réalité, c'est un moyen de pression puisque l'intégration de la Grèce supposera la signature d'un nouveau mémorandum avec la Troika (BCE, FMI, UE), ainsi qu'une concession à une Allemagne sceptique. Ainsi, le journal grec Kathimerini, soulignant une « décision historique », mais claire de la part de la BCE : « la participation ou non de la Grèce à ce programme dépendra du nouveau gouvernement grec à négocier et appliquer un nouveau mémorandum, programme » . Comme le note le journal économique américain Bloomberg, et l'expert auprès de la Bank of America Merill Lynch, Athanasios Vamvakidis : « Il s'agit d'une carrotte pour Syriza , afin de conclure un accord avec la troika. La BCE achètera des obligations en juillet, si il y a un accord. » SYRIZA se félicite de la réponse de Draghi à l' « austérité extrême » La réaction de SYRIZA a été très positive. Dans un communiqué, elle a salué une « décision importante que le futur gouvernement grec mettra en valeur pour l'intérêt du pays. Les annonces du président de la BCE démentent ceux qui ont semé la peur et la panique » . Elle ajoute : « M.Draghi a donné une réponse aux politiques d'austérité extrêmes en se démarquant des voix néo-libérales extrêmes dont M.Samaras fait malheureusement partie » . Alexis Tsipras, lors de son dernier meeting de campagne à Athènes – en présence du secrétaire du PCF et président du PGE Pierre Laurent – a clamé devant la multitude assemblée : « Le Premier ministre Samaras est désemparé, il s'attendait à ce que la BCE prenne une mesure contre la Grèce . Il n'y a plus de peur, la Grèce et l'Europe changent. Demain, nous écrirons l'histoire, nous tournons la page, nous changeons d'ère » . Les mesures de Draghi … sont celles que Tsipras préconisait il y a 6 mois ! Le flirt entre Tsipras et Draghi, la BCE n'est pas nouveau. En septembre 2014, il louait au Forum Ambrosetti devant l'élite capitaliste européenne les propositions de Draghi et Monti ,en parallèle d'un « Programme de Salonique » présenté au peuple grec, quelques mesures sociales correspondant à des filets de sécurité humanitaires. Il regrettait sur les bords du lac de Côme que la proposition de Monti en 2012 de re-capitalisation des banques n'ait pas été réalisée à l'échelle européenne par la BCE. Il avançait comme première (1) mesure un « quantitative easing » , une « politique courageuse de la BCE » disait-il, dans la lignée des « propositions positives de Draghi » . Les deux autres mesures étaient : relance au niveau européen suivant son idée d'un Plan Marshall, New Deal par l'injection de liquidités (2), allégement de la dette suivant le schéma de la Conférence de Londres de 1953 pour la RFA (3). Les mesures de la BCE vont exactement dans ce sens. Les tractations entre Syriza, Berlin et la BCE : Asmussen, l'homme clé Déjà, en septembre 2013, Alexis Tsipras avait déjà rencontré Jorg Asmussen – un homme clé du lien entre SYRIZA et l'UE –, alors au Comité exécutif de la BCE, homme de confiance de Merkel comme de Draghi . Les désaccords semblaient l'emporter, sur la poursuite de l'austérité. Asmussen est depuis passé au gouvernement allemand, devenu Ministre du Travail de Merkel. Tsipras l'a de nouveau rencontré, mais à Athènes cette fois, en avril 2014. La rencontre semble avoir été plus fructueuse, sans que sa teneur ne soit dévoilée. En décembre 2014, selonla Stampa, la BCE et l'Allemagne préparait déjà le gouvernement Tsipras. Le porte-parole de SYRIZA, Nikos Pappas, confirmait le deal : « il n'y aura plus de coupes mais nous ferons les réformes de l'administration publique pour attirer les investisseurs étrangers » . Toujours la Stampaau 30 décembre 2014 confirmait alors que « Draghi était la clé » , avec l'hypothèse d'un Quantitative easing, pour cette « entente avec Syriza » . Tsipras ne s'y trompait pas. Dès le 3 janvier, il avertissait, propos repris par Reuters, que « la Grèce ne pouvait pas être exclue d'un éventuel Quantitative easing de la BCE » . Plus récemment, dans une tribune publiée par le Financial Times, le 20 janvier, Tsipras dévoilait son manifeste. Pour Draghi. Des promesses : « respect de l'équilibre budgétaire, des objectifs chiffrés », « respect de l'économie sociale de marché », « restructurer la dette pour la payer » et surtout la fin : « nous ferons les réformes dont la Grèce a vraiment besoin » . Il y a joute sur le « quantitative easing tant attendu » ,qu'il l'espère à une « grande échelle, telle qu'elle pourra guérir la zone euro, et sauver l'Euro 'à tout prix' » . Tout est dit : allègement de la dette, recul des formes extrêmes d'austérité mais mémorandum négocié pour des « réformes structurelles » , paiement de l'intégralité de la dette restante, défense 'à tout prix' (ce sont les mots de Draghi) de la monnaie unique. Tsipras encourage désormais ses électeurs à voter en masse pour SYRIZA pour « changer le rapport de force » afin de peser au niveau grec face aux exigences de la Troika, peser au niveau grec avec des partenaires (« le bloc des pays du Sud », l' « axe Paris-Rome » ) face à Berlin. Pour le KKE, « Syriza trompe les gens sur les mesures de Draghi » En ce sens, la ligne défendue par nos camarades du KKE (Parti communiste de Grèce) a le mérite de ne laisser aucune illusion sur ce changement d'équipe gouvernemental, qui n'a à proposer qu'un « alter-capitalisme », « alter-européiste » qui ressemble plus à une « alter-austérité » . Leur communiqué après l'annonce des mesures de Draghi souligne « que le rachat des obligations d'Etat sera nécessairement accompagné d'un mémorandum, qui sera impopulaire. Cela révèle bien ce que propose SYRIZA qui essaie de tromper les gens sur ce Quantitative easing, présenté comme un changement positif dans l'UE ». « Il est maintenant clair que la politique de Quantitative easing ne profitera dans l'UE qu'aux monopoles, et que les peuples en paieront le prix. Le peuple devra condamner l'UE et les partis qui la servent lors des prochaines élections, en renforçant le KKE. » . Le prochain gouvernement sera dominé par SYRIZA, avec entre 30 et 35 % des voix, sans doute la majorité absolue. Telle est la volonté d'un peuple grec, radicalisé et rempli d'espérance et de colère. Telle est aussi, entre acceptation et pari, celle de Bruxelles et de Francfort. De quoi inciter à la vigilance, et souhaiter le score maximal pour le KKE.
_________________ Note Xuan : on remarquera que la diminution de la dette afin de reconduire la tonte du mouton grec avait déjà été mise en place en 2008. Cette fois l'injonction de rembourser les créanciers est garantie par un gouvernement "de gauche".
Edité le 24-01-2015 à 16:20:43 par Xuan |
| | Posté le 24-01-2015 à 16:23:21
| Voir sur ce sujet : l'article de Bibeau : Doit-on se réjouir, ou doit-on pleurer, du drame épique qui se complique dans la République hellénique ? Voici comment la gauche bourgeoise présente l’enjeu des élections « Dimanche 25 janvier, auront lieu les élections législatives grecques. Tous les partis sont présents, y compris ceux qui ont œuvré en faveur des politiques de destruction de l’État et de ses institutions. La commission européenne montre qu’elle suit de très près l’événement. Elle a même eu à intervenir pour mettre en garde la population : en cas de victoire de SYRIZA [Parti d’extrême gauche, paraît-il (sic)! NDLR] , elle(…) menace de ne pas verser la 3e tranche d’aide, environ 110 milliards d'euros » (1). Il faut toujours compter sur la gauche bourgeoise pour se gausser de ceux qui tentent de détruire l’État capitaliste, cet ultime rempart contre la colère ouvrière et, de tout temps, un marchepied pour les organisations fascistes, nationales-socialistes et corporatistes de tous vices. En réalité, ceux qui ont davantage collaboré à l’avancement de la lutte des ouvriers grecs pour la défense de leur condition de vie et de travail et pour leur émancipation de classe, ce sont ceux qui volontairement ou involontairement ont œuvré à la destruction de l’État capitaliste grec et de ses institutions moribondes. Mais que la bourgeoisie se rassure, SYRIZA , le pseudo parti d’extrême gauche (sic), est l’a pour rétablir la situation, crédibiliser les institutions étatiques décriées par les ouvriers, et pour démontrer que sous la gouvernance gauchiste les conditions économiques désastreuses peuvent encore empirées. LA SUITE DE L’ARTICLE »» http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/lextreme-gauche-menace-les-ouvriers-grecs/
_________ L'article de "communistes" : Tous derrière Syriza… pour que rien ne change ni en Grèce ni en Europe!
Edité le 24-01-2015 à 16:27:02 par Xuan |
| | Posté le 29-01-2015 à 00:27:14
| Michel Peyret nous communique un texte d'Alexis Tsipras, présenté par Camille Malebranche. L'un comme l'autre défendent son programme. Ce qui nous intéresse ici c'est le contenu du programme de Tsipras (on relira ici la position du KKE sur Syriza et sur l'euro en 201). On constate que sa position n'est pas le reflet des intérêts de classe du prolétariat, mais de ceux de capitalistes grecs opposés à la domination de l'Europe du Nord, en particulier à l'Allemagne. Il est à prévoir dans ces conditions que l'application de ce programme se traduira par un marchandage pour donner un peu d'air aux capitalistes grecs, et aux puissances dominantes d'Europe la possibilité de poursuivre la perception de la rente et la "tonte des coupons". Une première réduction de la dette grecque avait déjà été réalisée précipitamment à la suite de puissantes manifestations contre les plans d'austérité. Voir manifestation violente en Grèce. A présent il en va tout autrement et il sera intéressant de voir à l'oeuvre le modèle grec de notre Front de Gauche.
________________ Camille Loty Malebranche présente Alexis Tsipras « Les programmes de « sauvetage » des pays d’Europe du Sud ont échoué, dit Alexis Tsipras, creusant des puits sans fond qu’on invite les contribuables à tenter de remplir. Parvenir à une solution globale, collective et définitive du problème de la dette n’a jamais été aussi urgent. Et l’on comprendrait mal qu’un tel objectif soit escamoté de façon à assurer la réélection de la chancelière allemande. Dans ces conditions, l’idée avancée par Syriza d’une conférence européenne sur la dette, sur le modèle de celle de Londres sur la dette allemande en 1953, représente, selon nous, la seule solution réaliste et bénéfique pour tous : une réponse globale à la crise du crédit et au constat de l’échec des politiques menées en Europe. » Voyons de plus près les propositions d'Alexis Tsipras (février 2013) présentées par Camille Loty Malebranche. Michel Peyret
________________ Un texte d'Alexis Tsipras 27 Janvier 2015 Pendant que les capitalistes bouffis et morveux ressassent leur grogne et crachent leur réprobation de l'intention de Tsipras, fraîchement élu premier ministre, qui préconise de sortir le peuple grec des âffres de l'austérité, en empruntant d'autres voies pour résoudre le problème de la dette grecque, le principal intéressé a déjà dévoilé et proposé avec une lucide élaboration, sa vision sereine et sobre d'une économie respectant la dignité de son peuple, vision économique pertinente, puisant à la fois dans l'histoire et les éléments du présent. Je vous invite donc à lire ci-dessous cet article de Tsipras publié par le monde diplomatique d'il y a 2 ans. Une belle preuve que loin des baragouins abêtissants des folliculaires et financiers, malgré l'abondante bave fielleuse des diables capitalistes punisseurs économiques et de leurs journaleux zélés prônant toujours plus de sacrifices et de privations contre les peuples, oui, loin de la rapine du Fmi et de la sauvage intransigeance financière des riches, en dépit de la rigide morgue politique de Merkel avec sa sinistre mainmise sur la zone euro, il y a toujours - si l'on veut vraiment respecter les peuples en faisant primer l'humain - des voies et moyens pour une économie sainement envisagée et des solutions acceptables pleinement applicables. CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
________________ « Notre solution pour l'Europe », par Alexis Tsipras, février 2013 Le 3 janvier, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI) concédait qu’une « erreur » avait conduit l’institution à sous-estimer l’impact négatif des mesures d’austérité qu’elle prône par ailleurs. Ce faisant, il apportait une caution inattendue à l’analyse que présente ici M. Alexis Tsipras, porte-parole de Syriza, la principale force de la gauche grecque. Février 1953 . La République fédérale d’Allemagne (RFA) croule sous les dettes et menace d’entraîner l’ensemble des pays européens dans la tourmente. Préoccupés par leur propre salut, ses créanciers — dont la Grèce — prennent acte d’un phénomène qui n’a surpris que les libéraux : la politique de « dévaluation interne », c’est-à-dire la réduction des salaires, n’assure pas le remboursement des sommes dues, au contraire. Réunis à Londres au cours d’un sommet exceptionnel, vingt et un pays décident de réévaluer leurs exigences à l’aune des capacités réelles de leur partenaire à faire face à ses obligations. Ils amputent de 60 % la dette nominale cumulée de la RFA et lui accordent un moratoire de cinq ans (1953-1958), ainsi qu’un délai de trente ans pour rembourser. Ils instaurent également une « clause de développement » autorisant le pays à ne pas consacrer au service de la dette plus d’un vingtième de ses revenus d’exportation. L’Europe vient de prendre le contre-pied du traité de Versailles (1919), jetant les fondations du développement de l’Allemagne de l’Ouest après la guerre. C’est précisément ce que la Coalition de la gauche radicale grecque (Syriza) propose aujourd’hui : procéder à rebours des petits traités de Versailles qu’imposent la chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des finances Wolfgang Schäuble aux pays européens endettés, et nous inspirer de l’un des plus grands moments de clairvoyance qu’ait connus l’Europe d’après-guerre. Les programmes de « sauvetage » des pays d’Europe du Sud ont échoué, creusant des puits sans fond qu’on invite les contribuables à tenter de remplir. Parvenir à une solution globale, collective et définitive du problème de la dette n’a jamais été aussi urgent. Et l’on comprendrait mal qu’un tel objectif soit escamoté de façon à assurer la réélection de la chancelière allemande. Dans ces conditions, l’idée avancée par Syriza d’une conférence européenne sur la dette, sur le modèle de celle de Londres sur la dette allemande en 1953, représente, selon nous, la seule solution réaliste et bénéfique pour tous : une réponse globale à la crise du crédit et au constat de l’échec des politiques menées en Europe. Voici donc ce que nous demandons pour la Grèce : > une réduction significative de la valeur nominative de sa dette publique cumulée ; > un moratoire sur le service de la dette, afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie ; > l’instauration d’une « clause de développement », afin que le remboursement de la dette ne tue pas dans l’œuf le redressement économique ; > la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays. Ces mesures devront s’adosser à des réformes visant à une plus juste répartition des richesses. En finir avec la crise implique en effet de rompre avec le passé qui a permis de l’engendrer : œuvrer à la justice sociale, à l’égalité des droits, à la transparence politique et fiscale, bref à la démocratie. Un tel projet ne pourra être mis en œuvre que par un parti indépendant de l’oligarchie financière, cette poignée de chefs d’entreprise qui ont pris l’Etat en otage, d’armateurs solidaires entre eux et — jusqu’en 2013 — exemptés d’impôt, de patrons de presse et de banquiers touche-à-tout (et en faillite) qui portent la responsabilité de la crise et s’efforcent de maintenir le statu quo. Le rapport annuel 2012 de l’organisation non gouvernementale (ONG) Transparency International désigne la Grèce comme le pays le plus corrompu d’Europe. Cette proposition constitue à nos yeux la seule solution, à moins de se satisfaire du gonflement exponentiel de la dette publique en Europe, où elle dépasse déjà, en moyenne, 90 % du produit intérieur brut (PIB). C’est ce qui nous rend optimistes : notre projet ne pourra pas être rejeté, car la crise ronge déjà le noyau dur de la zone euro. La procrastination n’a d’autre conséquence que d’accroître le coût économique et social de la situation actuelle, non seulement pour la Grèce, mais également pour l’Allemagne et pour le reste des pays ayant adopté la monnaie unique. Pendant douze ans, la zone euro — inspirée des dogmes libéraux — a fonctionné comme une simple union monétaire, sans équivalent politique et social. Les déficits commerciaux des pays du Sud constituaient l’image renversée des excédents enregistrés au Nord. La monnaie unique a par ailleurs servi l’Allemagne, en « refroidissant » son économie après la coûteuse réunification de 1990.
Briser, enfin, la collusion entre milieux politiques et économiques Mais la crise de la dette a bouleversé cet équilibre. Berlin a réagi en exportant sa recette de l’austérité, ce qui a aggravé la polarisation sociale au sein des Etats du Sud et les tensions économiques au cœur de la zone euro. Apparaît désormais un axe Nord-créditeurs / Sud-débiteurs, nouvelle division du travail orchestrée par les pays les plus riches. Le Sud se spécialisera dans les produits et les services à forte demande de main-d’œuvre avec des salaires planchers ; le Nord, dans une course à la qualité et à l’innovation, avec, pour certains, des salaires plus élevés. La proposition de M. Hans-Peter Keitel, président de la Fédération allemande de l’industrie (BDI), dans un entretien accordé au site Internet du Spiegel, visant à transformer la Grèce en « zone économique spéciale » (1) révèle le véritable objectif du mémorandum (2). Les mesures prévues par ce texte, dont la portée s’étend au moins jusqu’en 2020, se soldent par un échec retentissant, que reconnaît désormais le Fonds monétaire international (FMI). Mais, pour ses concepteurs, l’accord a l’avantage d’imposer une tutelle économique à la Grèce, qu’il ramène au rang de colonie financière de la zone euro. Son annulation constitue donc le préalable à toute sortie de crise : c’est le médicament qui est mortel et non la dose, comme le suggèrent certains. Il faudra par ailleurs s’interroger sur les autres causes de la crise financière en Grèce. Celles qui conduisent au gaspillage de l’argent public n’ont pas changé : le coût de construction de routes au kilomètre le plus élevé d’Europe, par exemple ; ou encore la privatisation des autoroutes en guise de « prépaiement » de nouveaux axes… dont la construction a été interrompue. L’extension des inégalités ne saurait être réduite à un effet secondaire de la crise financière. Le système fiscal grec reflète la relation clientéliste qui unit les élites du pays. Telle une passoire, il est criblé d’exemptions et de passe-droits taillés sur mesure pour le cartel oligarchique. Le pacte informel qui, depuis la dictature, soude le patronat et l’hydre à deux têtes du bipartisme — Nouvelle Démocratie et Mouvement socialiste panhellénique (Pasok) — en scelle le maintien. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’Etat renonce aujourd’hui à obtenir les ressources dont il a besoin par l’impôt, lui préférant la réduction continuelle des salaires et des retraites. Mais l’establishment — qui a survécu de justesse aux élections du 17 juin (3), en semant la peur quant à une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro — vit sous l’assistance respiratoire d’un second poumon artificiel : la corruption. La difficile tâche consistant à briser la collusion entre milieux politiques et économiques — une question qui ne concerne pas que la Grèce — constituera l’une des priorités d’un gouvernement populaire conduit par Syriza. Nous réclamons donc un moratoire sur le service de la dette pour changer la Grèce. Faute de quoi, toute nouvelle tentative d’assainissement financier fera de nous autant de Sisyphes condamnés à l’échec. A ceci près que, cette fois, le drame ne concerne plus seulement l’antique cité de Corinthe, mais l’Europe dans son ensemble. Alexis Tsipras Dirigeant de la Coalition de la gauche radicale grecque (Syriza) |
| | Posté le 31-01-2015 à 22:42:45
| relis le sujet marquetalia |
| | Posté le 01-02-2015 à 01:21:15
| effectivement,je suis passé du coq à l ane,et le pire c est que c est moi qui ai lancé le sujet! |
| | Posté le 27-02-2015 à 05:51:11
| lu sur http://cesteneurodictaturecapitaliste.skynetblogs.be/archive/2015/02/26/grece-le-kke-reste-a-la-tete-du-combat-contre-l-euro-dictatu-8392445.html GRECE: le KKE reste à la tête du combat contre l’ EURO-DICTATURE des banques et des multinationales capitalistes ! From: EditionsDémocrite Sent: Wednesday, February 25, 2015 10:34 PM Subject: Déclaration du KKE 24.2.2015 Grèce Déclaration du Bureau politique du CC du Parti communiste de Grèce · Aucune tolérance pour le nouvel accord gouvernemental avec l’UE prorogeant le Mémorandum. · Abrogation immédiate des décrets d’application des Memoranda · Récupération des pertes · Rupture avec l’Union européenne, le capital et leur pouvoir · Tous au rassemblement à la place de la Constitution [Syntagma] Vendredi, 27 février à 19 heures où interviendra le SG du CC Dimitris Koutsoumbas Le nouvel accord, signé par la coalition SYRIZA-ANEL avec l'UE, la BCE et le FMI, dans son essence et sa forme est la prorogation du Mémorandum et des engagements qu’il prévoyait ; c’est la poursuite des politiques antipopulaires des gouvernements précédents de la Nouvelle Démocratie (ND) et du PASOK. Cet accord et la liste des «réformes» englobent toutes les mesures négatives contre les travailleurs prises par le capital et son gouvernement avec l'UE dans des conditions de crise économique, des mesures qui contribuent à la reprise de la profitabilité capitaliste. Tout ce pour quoi le peuple grec a au cours des années précédentes saigné et combattu: la stricte surveillance, l'évaluation par la Troïka - que l’on appelle maintenant « les trois institutions » - le maintien et l'extension des orientations anti-ouvrières et antipopulaires. Cet accord confirme que les négociations, même soi-disant « dures », menées dans les murs de l'UE visent le redressement capitaliste, et ont un résultat fermement antipopulaire. La dite « fière » négociation n’est que de la publicité mensongère. Toute révision du programme précédent, comme par exemple la diminution des excédents primaires, ne se fera non pour soulager le peuple, augmenter les salaires, les retraites, les avantages sociaux, mais pour économiser les ressources gouvernementales de manière à soutenir le capital et les investissements pour sa profitabilité, ainsi que celle les prêteurs. Les salariés, les chômeurs, les artisans, les agriculteurs pauvres, les retraités, continueront à payer la « note » de tout redressement par la continuation de l'austérité, que le gouvernement nomme « vie frugale ». Même les miettes, en direction particulièrement de l'extrême pauvreté, promises par le gouvernement dans son programme « flottent en l’air » et dépendront de l'accord avec les « Partenaires », et à condition que ne soit pas compromise la discipline budgétaire, la reprise de l'économie et la profitabilité des grandes entreprises. C’est pour cela que la ND, le PASOK et les autres partis, centres du système, tels que la SEV [Association des entreprises et industries - NdT], qui les années précédentes avaient soutenu la politique impopulaire, accueillent positivement l'accord du gouvernement. Le gouvernement SYRIZA-ANEL présente le nouvel accord comme le résultat de la volonté populaire et du soutien du peuple à sa politique. Il cherche à tromper et à charger le peuple des compromis et des accords antipopulaires avec l'UE. Il essaie de manipuler le mouvement ouvrier-populaire, de transformer le peuple en claque gouvernementale, le convaincre qu'il doit poursuivre ses sacrifices et se suffire de miettes. Aucun soutien ni tolérance pour le gouvernement qui poursuit le même chemin des engagements envers l’UE et la profitabilité des monopoles. C’est pour cela qu’elle nomme « nationale » la question des besoins du capital, pour servir cette orientation, qui n’est pas de l'intérêt du peuple. Par ailleurs le peuple a de l'expérience et doit s’en servir et reconnaitre qu’à chaque fois les «objectifs nationaux» du gouvernement et du capital aboutissent à de grands sacrifices pour les droits ouvriers-populaires. Tous ceux qui avaient un l’espoir d’amélioration, ne devraient pas être déçus, mais doivent réagir. De plus ils ne doivent pas abandonner l’objectif qu’est l’abolition effective des Memoranda, de leurs décrets d'application, des restructurations antipopulaires et le recouvrement des pertes. La volonté du peuple de se débarrasser de la politique antipopulaire des Memoranda, des mesures et des leurs surveillants, peut acquérir un réel contenu quand le peuple exigera par la lutte ce qu’il a perdu, là et maintenant: • La prise de mesures immédiates pour secourir les familles populaires et la protection des chômeurs. • Le rétablissement du 13ème et 14ème mois de salaire, l'application obligatoire des conventions collectives et de l'élimination des mesures anti-ouvrières qui frappent le droit du travail • Le rétablissement réel, maintenant et par une loi, du salaire minimum à 751 euros pour tous, sans exception, ni astérisques, comme base pour les augmentations de salaire. • Rétablissement de la 13ème et 14ème mois de retraite et l'abolition des mesures antipopulaires, qui ont réduit les retraites et repoussé l'âge de départ à la retraite, tout en exigeant le retour des sommes qui ont été «volées» des réserves des fonds de pension et le règlement des obligations de la ploutocratie et de l'État. • Décharger les familles populaires des impôts et l'abrogation de ENFIA [Impôt unifié sur la propriété foncière - NdT], de l'impôt de solidarité, la suppression de la TVA sur la consommation populaire, TVA et de ?F? [impôt spécial à la consommation] sur le mazout de chauffage et le gaz naturel, augmentation de franchise d'impôt à 40,000€ pour chaque la famille, tout en augmentant la taxation du capital. • Aucune vente par adjudication de la première ou de la seconde résidence des familles populaires. Suppression des intérêts sur les dettes, et la réduction drastique des dettes des ménages populaires. • Augmentation des dépenses pour l'éducation, la santé et prestations sociales exclusivement gratuites. La classe ouvrière, le peuple, peuvent réussir, en s’organisant et en s’alliant, dans la lutte pour une autre voie de développement qui servira les besoins populaires modernes en se détachant de l'UE, en annulant unilatéralement la dette, en socialisant les monopoles et par l’accession du peuple au pouvoir. Voilà le cheminement fier et une attitude vraiment digne pour le peuple grec. Le KKE appelle le peuple d'Athènes et du Pirée, de la région d’Attique à un rassemblement vendredi 27 février à 19 heures place de la Constitution [Syntagma], avec comme intervenant le Secrétaire général du CC du KKE Dimitris Koutsoumbas. Le Bureau politique du CC du KKE 24 février 2015 ——————————————— [http://www.kke.gr/anakoinoseis_grafeioy_typoy/anakoi nosh_toy_politikoy_grafeioy_ths_ke _toy_kke_24/2/2015] [Traduction Alexandre MOUMBARIS Relu Marie-José MOUMBARIS] |
| | Posté le 27-02-2015 à 10:05:49
| les électeurs de Syriza décus par cette formation sociale-démocrate vont ils se tourner vers les marxistes-léninistes du KKE? |
| | Posté le 27-02-2015 à 10:13:50
| http://balkans.courriers.info/article26443.html |
| | Posté le 30-04-2015 à 07:58:05
| Pour ce numéro de Contre-Courant, Alain Badiou et Aude Lancelin ezçoivent Stathis Kouvelakis membre du comité central de Syriza, l'heure des périls. L'occasion d'un retour sur le brs de fer en cours entre l'Europe et la Grèce. http://www.dailymotion.com/video/x2k73qz |
| | Posté le 08-07-2015 à 15:39:07
| Samir Amin publie dans l'article ci-dessous dans Pambazuka : Samir Amin y soutient Syriza, reprend la thèse de l'Allemagne principale responsable des malheurs de la Grèce et préconise l'union des progressistes jusqu'à ... François Fillon, mais à l'exception du FN. Par certains côtés son article rappelle celui de T. Meyssan Derrière la dette grecque, en rappelant le passé sulfureux de l'Europe. Mais il répand des illusions réformistes et dissimule les contradictions de classe. L'oppression de la Grèce par l'impérialisme dominant franco-allemand est inséparable de l'oppression et de l'exploitation exercées par les capitalistes grecs, et ne peut être considérée uniquement comme une lutte de libération nationale. Samir Amin milite pour "désobéir" à la constitution européenne, et préconise une solution capitaliste en remplaçant l'euro par un serpent de devises. Si "la lutte continue" pour lui, ce n'est plus sous l'inspiration du marxisme dont il se réclamait. Seul le socialisme peut résoudre les contradictions européennes.
_____________ "Face à la crise européenne : Gloire au courage lucide du peuple grec" : Samir Amin 2015-07-07, Numéro 374 http://pambazuka.org/fr/category/features/95132 cc MC Le peuple grec a donné l’exemple à l’Europe et au monde. Les peuples européens doivent prendre la mesure de leurs responsabilités. Avec Podemos, le peuple espagnol a donné un autre signal du réveil. Aux Français, aux Allemands, aux Britanniques et aux autres peuples du continent européen de comprendre que le combat du peuple grec est le leur. Avec courage et lucidité le peuple grec a rejeté l’ignoble diktat de la finance internationale et européenne. Il a remporté une première victoire en affirmant que la démocratie n’existe que si elle sait se placer au service du progrès social. Il a démasqué la farce démocratique qui accepte de se soumettre à la dégradation des conditions sociales exigée par la dictature de la finance. LE PROGRES SOCIAL EST ILLEGAL EN EUROPE La construction européenne a été conçue systématiquement pour réduire à néant « le danger démocratique ». Dès la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats Unis, Jean Monet et Robert Schuman (deux vychistes) en ont initié la mise en place destinée à restaurer la légitimité des forces politiques qui s’étaient compromises dans la collaboration avec l’Europe des Nazis. La construction des communautés européennes, puis l’adoption forcée d’une Constitution, pourtant rejetée, entre autre par le référendum français (un déni de démocratie sans pareil), ont permis la mise en route d’une dictature du capital financier. Trompés par le matraquage systématique du clergé médiatique au service de l’oligarchie financière, les peuples européens se sont nourris d’illusions qui restent encore suffisamment puissantes pour annihiler leur capacité de répondre au défi. Il faut « sauver l’Europe et l’euro de la débâcle », croient-ils encore largement (désormais un peu moins en Grèce et en Espagne). L’Europe telle qu’elle est – et elle ne peut être autre emprisonnée dans le carcan de ses institutions – a déclaré illégale toute tentative de remise en cause de l’ordre odieux en place. Le peuple grec, par son choix, s’est mis hors la loi. L’EURO N’EST PAS VIABLE Le sous-système de l’euro viole les règles élémentaires d’une gestion possible et saine de la monnaie. Il impose des règles communes de prétendue « compétitivité » à des économies trop inégales pour en supporter les conséquences. L’euro a permis d’annihiler les progrès antérieurs accomplis dans le cadre de l’émergence de systèmes productifs constitués largement de petites et moyennes entreprises, pour ouvrir un marché exclusif aux razzias des monopoles financiers. L’Espagne en fournit l’exemple tragique. D’autres, la Finlande et même la France en sont à leur tour les victimes. L’Euro n’est plus que l’instrument d’une réédition de l’Europe allemande. La crise n’est pas celle de la dette grecque, mais bel et bien celle de l’Europe et de l’euro. HONTE AUX GOUVERNEMENTS EUROPEENS Honte à tous ceux qui ont accepté que la « troika » représente les peuples européens. Honte aux gouvernements qui ont placé à la présidence de « leur Europe » un fonctionnaire luxembourgeois au service d’un paradis fiscal, placé à la direction de leur « banque centrale » un individu qui afait carrière chez Goldman and Sachs, la banque associée à toutes les crapuleries financières du siècle, placé à la tête du Fmi une bonne élève incapable de comprendre autre chose que ce qu’on lui a enseigné. Il ne s’agit pas d’hommes et de femmes politiques, de quelque bord qu’ils soient, mais seulement d’individus méprisables. L’EUROPE SE PRESENTE A LA GRECE DANS LA FIGURE DES NOSTALGIQUES DU FASCISME La Grèce héroïque s’était libérée par elle-même des fascistes italiens et des nazis allemands. L’«Europe» est alors intervenue en Grèce, dans les uniformes d’officiers britanniques (suivis d’étatsuniens) pour massacrer les enfants de la Résistance et restaurer le pouvoir des collaborateurs fascistes. La reconquête de la démocratie par la victoire électorale du Pasok en 1981 a permis des réalisations sociales incontestables ; mais elle a aussi ouvert la voie aux illusions «européistes» ; le peuple grec se retrouve une fois de plus devant l’Europe réelle dominée par les oligarchies financières. Il retrouve alors le souvenir de son passé et de la dette que l’Allemagne héritière de celle des Nazis lui doit toujours. Honte à madame Merkel dont le gouvernement ignore que le peuple grec a droit à des réparations. L’ETAT GREC DOIT ETRE REFORME DANS UN ESPRIT DEMOCRATIQUE Oui, l’Etat grec souffre de malformations sérieuses, qui se traduisent entre autre par la fraude fiscale. Mais qui peut engager les réformes nécessaires ? Certainement pas « les amis de l’Europe ». Ceux là même qui ont triché sur la dette grecque lors de son adhésion à l’Euro, avec la complicité active de Goldman and Sachs, dont le serviteur n’est autre que le président de la Banque centrale de Francfort. Les armateurs grecs ? Des tricheurs qui ont toujours bénéficié des soins attentifs des Banques internationales et du Fmi. Syriza est le seul gouvernement grec capable de réformer l’Etat dans un esprit démocratique et de faire payer les riches. Horreur pour l’Europe qui ne tolère pas ce choix : seuls les pauvres doivent payer ! LA LUTTE CONTINUE L’Europe des milliardaires de la finance n’entend pas renoncer à son objectif : massacrer le peuple grec pour donner la leçon et éviter la contagion démocratique. N’oublions pas que si les classes dirigeantes de l’Europe occidentale et centrale n’ont pas (encore) besoin du fascisme chez elles, celles-ci n’hésitent pas à l’appeler à son secours ailleurs, comme on le voit en Ukraine. Les peuples européens doivent prendre la mesure de leurs responsabilités. Avec Podemos, le peuple espagnol a donné un autre signal du réveil. Aux Français, aux Allemands, aux Britanniques et aux autres peuples du continent européen de comprendre que le combat du peuple grec est le leur. L’alternative est désormais claire et visible, pour la Grèce et pour tous ceux, en Europe et dans le monde, qui nourrissent les mêmes aspirations démocratiques et sociales. Il faut désobéir à la prétendue « constitution » européenne ; il faut démanteler l’euro et lui substituer la gestion négociée d’un serpent de devises nationales ; renvoyer Draghi à ses patrons new yorkais en attendant de fermer la fausse Banque centrale de Francfort ; il faut écarter le Fmi du chemin en donnant consistance à des arrangements financiers hors de sa portée, comme le Groupe de Shanghai et l’Alba en ont amorcé l’initiative. Avec qui mener ces combats ? La palette des forces politiques qui commencent à comprendre que l’austérité (pour les travailleurs, pas les oligarques) et la stagnation régressive qui l’accompagne forcément n’ont plus d’avenir, s’élargit de jour en jour, pour inclure désormais des hommes politiques de tous bords, comme François Fillon en France. La Grande Bretagne ne fait plus confiance à cette Europe enfermée dans la médiocrité, même si l’Angleterre demeure néo libérale, plus atlantiste et moins européenne que jamais. Certes le ralliement d’apparence de certaines formations d’extrême droite demeure, pour moi, suspect. Les fascistes sont des démagogues menteurs par excellence. Dans cette situation il appartient aux forces de la gauche potentiellement radicale de reprendre l’initiative, avec Syriza et Podemos qui en ont amorcé le mouvement. A défaut l’Europe n’évitera pas l’implosion et s’engouffrera dans le chaos. Le 6 juillet 2015
Edité le 08-07-2015 à 15:41:39 par Xuan |
| | Posté le 11-07-2015 à 17:14:05
| Après la démission de Varoufakis, juste après le référendum contre le plan d'austérité, il apparaissait que Syriza s'apprêtait à négocier l'accord imposé par l'UE. Il faut noter que cet accord a été doublement imposé, par un pilonnage médiatique d'une part mais surtout par l'assèchement du crédit des banques. La décision de la BCE de geler dimanche 28 juin le plafond de l'accès des banques grecques à la liquidité d'urgence (le programme ELA) a rendu inévitable l'instauration de restrictions bancaires importantes. Depuis le lundi 29 juin, les banques helléniques sont fermées et les rues de Grèce se sont couvertes de longues queues devant les distributeurs de monnaie. Syriza qui s'est placé d'emblée dans le cadre européen n'a pas d'autre issue que de passer sous les fourches caudines. On lira sur le blog Histoire et Société l'article très détaillé "Un insider raconte comment l’Europe a étranglé la Grèce" qui raconte comment le terrorisme financier européen a été appliqué à la Grèce depuis le début de l'année tout particulièrement. On lit par exemple : "La BCE a dit « plus de billets de trésorerie » ... Alors, l’État ne pouvait plus emprunter auprès des banques. Aussi, à partir de mars, nous avons commencé à économiser tout ce que nous avons pu dans les dépenses de l’État. Nous avons regroupé toutes les réserves d’argent des différentes branches, des agences, des autorités locales pour payer le FMI. Nous avions un problème avec les finances publiques, avec l’excédent primaire, nous ne pouvions pas payer le FMI, alors nous avons dû gratter partout. Cela a conduit à une réduction interne de la liquidité en cash. Les banques, les entreprises exportatrices, les entreprises manufacturières ne pouvaient plus emprunter. Les gens ne pouvaient plus payer leurs dettes. Ils ne pouvaient plus obtenir la moindre extension de crédits. Le système de crédit a commencé à ne plus fonctionner, à se désintégrer. Bien sûr, les banques avaient des réserves de sécurité. Mais quand ils sont arrivés au point de décider que les banques ne pouvaient même pas accéder aux fonds d’urgence de liquidité[emergency liquidity assistance, ELA], les banques ont dû fermer, parce qu’elles ne pouvaient pas épuiser leurs réserves. Les entreprises qui ne versent pas les salaires sur des comptes bancaires ne peuvent pas payer leurs salariés en cash. Et il y en a beaucoup. Elles disent : « Nous n’avons aucun chiffre d’affaires, alors je vous verse 500 euros au lieu de 800. Nous verrons ce qui arrive après la réouverture des banques. » Nous sommes dans une situation qui, d’escalade en escalade, se transforme en réaction en chaîne, une sorte de lente panique bancaire et d’effondrement. C’est une sorte d’infarctus, si vous voyez la liquidité comme le sang de l’économie. Le week-end dernier, quand la BCE a tout arrêté, nous avons eu une crise cardiaque. " [...] "Les gens qui ont sur leur compte 20 000, 30 000, 40 000 euros, peuvent seulement tirer 60 euros par jour. Si vous avez plusieurs comptes, vous pouvez tirer plus. Mais que se passe-t-il pour les gens qui n’ont pas d’épargne, qui vivent de leur seul salaire ? À la fin de chaque mois, ils sont fauchés jusqu’à ce que le chèque arrive. Et soudain, ils ne peuvent obtenir que 60 euros. C’est la fin du mois. C’est le moment où les gens sont payés. Ils font la queue devant les distributeurs et ils ont peur. Parce que les 60 euros sont devenus 50. Car les banques sont à court de billets de 20 euros. Alors depuis hier [2 juillet – ndlr], elles donnent seulement 50 euros. Seules les petites banques comme les banques postales, parce qu’elles ont moins de clients, peuvent encore accorder 60 euros par retrait. Mais les quatre grandes banques (National, Pireaus, Alpha et Eurobank) sont à court de billets de 20 euros. Alors, elles donnent des billets de 50 euros. De 60 euros, c’est tombé à 50." La naïveté de Syriza sur la démocratie des institutions européennes est stupéfiante, d'autant que c'est la seconde fois en 4 ans que la France et l'Allemagne écrasent la Grèce sous un talon de fer. Sur le blog de Danielle Bleitrach, Sapir s'interroge sur la "trahison de Tsipras ?" . Sapir hésite un peu à voir une capitulation sur toute la ligne en relevant de timides amendements sur le plan de l'eurogroupe. Sapir Il en remet une couche sur l'euro, cause de tous les maux selon lui. Or l’euro en lui-même n’est que la matérialisation et l’instrument financier de l'oppression franco-allemande. Et il ne s'interroge pas sur les rapports sociaux de production en Grèce, qui sont pourtant la cause interne du désastre actuel et le moteur de la transformation du pays. Sapir écrit : "Les propositions soumises par Alexis Tsipras et son gouvernement dans la nuit de jeudi à vendredi ont provoqué la stupeur. Elle reprennent largement, mais non totalement, les propositions formulées par l’Eurogroupe le 26 juin. Elles sont largement perçues dans l’opinion internationale comme une « capitulation » du gouvernement Tsipras. La réaction très positive des marchés financiers ce vendredi matin est, à cet égard, un signe important. On sait par ailleurs qu’elles ont été en partie rédigées avec l’aide de hauts fonctionnaires français, même si cela est démenti par Bercy. Ces propositions résultent d’un intense travail de pressions tant sur la Grèce que sur l’Allemagne exercées par les Etats-Unis. La France a, ici, délibérément choisi le camp des Etats-Unis contre celui de l’Allemagne. Le gouvernement français n’a pas eu nécessairement tort de choisir d’affronter l’Allemagne sur ce dossier. Mais, il s’est engagé dans cette voie pour des raisons essentiellement idéologique. En fait, ce que veut par dessus tout M. François Hollande c’est « sauver l’Euro » . Il risque de voir très rapidement tout le prix qu’il a payé pour cela, et pour un résultat qui ne durera probablement que quelques mois. Car, ces propositions, si elles devaient être acceptées, ne règlent rien." Il serait intéressant que Sapir donne davantage de détails sur les pressions américaines , si elles visaient le grexit ou la poursuite des négociations, et en quoi la France a-t-elle délibérément choisi le camp des Etats-Unis contre celui de l’Allemagne . Faute de quoi on le croira, ou pas.
Edité le 11-07-2015 à 17:14:44 par Xuan |
| | Posté le 02-08-2015 à 18:08:14
| Dans l'Huma du jeudi 30 juillet 2015 : une interview de Tsipras (qui vaut son pesant d'or...) http://www.humanite.fr/tsipras-sexplique-sur-les-ondes-de-la-radio-rouge-580556 Tsipras s’explique sur les ondes de la radio rouge Rosa Moussaoui Jeudi, 30 Juillet, 2015 L'Humanité Dans une longue interview à Sto Kokkino, la radio de Syriza, le premier ministre grec est revenu hier sur le chantage exercé sur lui par l’UE et sur les dissensions menaçant la cohésion du parti. Tsipras, un fugitif rattrapé par ses geôliers et jeté au mitard Hier, lors d’un entretien sur les ondes de Sto Kokkino, la radio de Syriza, le premier ministre grec a comparé son peuple à «un prisonnier qui, parce qu’il a tenté de s’échapper de la prison de l’austérité, a été placé à l’isolement». Terrible métaphore pour résumer la violence de l’accord extorqué sous la menace, au petit matin du 13?juillet, par ses homologues de l’UE. «Nous sommes fiers d’avoir livré cette bataille. La loi du plus fort s’est imposée en Europe, mais nous avons montré au monde l’impasse de ces politiques», insiste Tsipras, placé de son propre aveu devant une alternative mortifère, capitulation devant les impossibles exigences des créanciers ou chaos bancaire fatal aux petits épargnants. «Notre plus haute priorité était d’éviter une crise humanitaire. Jamais nous n’avons demandé au peuple, lors du référendum, de voter pour la drachme», justifie-t-il. Et maintenant? La feuille de route du gouvernement remanié le 18 juillet tient en trois points appliquer les mesures dictées par la troïka, en «compenser les effets» sur le peuple grec et «?continuer la bataille?» en s’attaquant aux privilèges de l’oligarchie, à la corruption, à la fraude et à l’évasion fiscales. Quitter le pouvoir plutôt que de faire avaler au peuple grec cette nouvelle pilule amère d’austérité? Pas question, répond Tsipras, si la cohésion de la majorité parlementaire est sauvegardée: «Nous, la gauche, serions-nous mieux dans l’opposition ? Qui aurait encore confiance en nous si nous ne pouvons pas faire face en étant au gouvernement» Si les failles apparues dans sa majorité devaient encore ?se creuser, des élections anticipées seraient toutefois inévitables, admet-il. Les rudes débats qui font tanguer son parti À ceux qui voient dans sa capitulation face au coup d’État financier des créanciers la preuve d’une dérive politique, Tsipras rétorque qu’il n’entend pas faire de Syriza un nouveau Pasok. «La social-démocratie est dans une impasse stratégique. Syriza n’a aucun intérêt à rejoindre le camp social-démocrate», assure-t-il. Dans les rudes débats qui font tanguer son parti, le premier ministre grec entend se poser en «garant de l’unité de Syriza», mais il affiche à l’égard des dissidents opposés à la signature du nouveau mémorandum une sèche intransigeance. «Quand il est au gouvernement, un parti ne peut pas fonctionner avec des centres de pouvoir parallèles», a-t-il prévenu à l’attention des tendances de gauche contestant ses choix. La présidente de la Vouli, Zoé Konstantopoulou, opposante déclarée à la signature de l’accord de Bruxelles, n’est pas épargnée: «Nous avons du respect l’un pour l’autre, mais il est surréaliste de me dire “je te dénonce pour te protéger”.» Tsipras, qui n’a pu faire adopter les mesures d’austérité imposées par l’UE qu’avec le secours de l’opposition, estime, sans fermer la porte au débat, que la solidarité avec le gouvernement doit se traduire, une fois les décisions prises, par une stricte discipline de vote des députés de son camp. «Je veux un processus collectif pour décider. Les dissidents de Syriza ne peuvent pas à la fois rejeter les mesures et soutenir le gouvernement», explique-t-il, confirmant la perspective d’un congrès aux débats houleux qui devrait se tenir à l’automne.
Edité le 02-08-2015 à 18:12:31 par Finimore |
| | Posté le 04-08-2015 à 08:44:47
| Voici l'interview de Tsipras publiée dans l'huma du 31 juillet au 2 août 2015 http://www.humanite.fr/alexis-tsipras-lausterite-est-une-impasse-580656 Sur la version papier le titre est Alexis Tsipras : "L'austérité est une impasse" Tsipras essaie de se justifier... en citant Lénine : " C’est un compromis douloureux, sur le terrain économique comme sur le plan politique. Vous savez, le compromis est un élément de la réalité politique et un élément de la tactique révolutionnaire. Lénine est le premier à parler de compromis dans son livre La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme » et il y consacre plusieurs pages pour expliquer que les compromis font partie des tactiques révolutionnaires . Il prend dans un passage l’exemple d’un bandit pointant sur vous son arme en vous demandant soit votre argent, soit votre vie. Qu’est censé faire un révolutionnaire ? Lui donné sa vie ? Non, il doit lui donner l’argent, afin de revendiquer le droit de vivre et de continuer la lutte. " C'est d'ailleurs aussi avec la référence à Lénine, que le dirigeant écolo (EELV) Alain Lipietz (ancien responsable de la GOP en 1971) sur son blog : http://lipietz.net/spip.php?article3068 justifie la trahison de Tsipras : (extraits) : " D’abord, quand la situation est désespérée, il faut savoir le reconnaître et céder, pour survivre et repartir. C’est ce qu’avait fait Lénine en refusant de continuer la guerre contre l’armée allemande, en 1917, alors que Trotsky faisait traîner les négociations dans l’espérance de jours meilleurs. Lénine trancha en acceptant le terrible traité de Brest-Litovsk, afin de sauver la révolution russe et d’attendre en effet des jours meilleurs (qui vinrent). " Voici le texte de l'interview de Tsipras publié sur le site de l'Huma Alexis Tsipras : « Le peuple grec a tenté de s'échapper de la prison de l’austérité. Rattrapé, il a été placé à l'isolement » Entretien réalisé par Kostas Arvanitis (STO kokkino) traduction Théo Koutsaftis Vendredi, 31 Juillet, 2015 L'Humanité Le 29 juillet, le Premier ministre grec s'exprimait longuement à l'antenne de Sto Kokkino. L'entretien, conduit par Kostas Arvanitis, le directeur de cette radio proche de Syriza, offre un éclairage inédit sur cinq mois d'une négociation aux allures de guerre d'usure avec les créanciers d'Athènes et les « partenaires » européens. Avec l'autorisation de nos confrères, nous en publions ici la retranscription intégrale. Parlons de ces six mois de négociations. Quel bilan en tirez-vous ? Alexis Tsipras. Il faudra en tirer les conclusions de façon objective, sans s’avilir ni s’auto-flageller car ce fut un semestre de grandes tensions et de fortes émotions. Nous avons vu remonter en surface des sentiments de joie, de fierté, de dynamisme, de détermination et de tristesse, tous les sentiments. Je crois qu’au bout du compte si nous essayons de regarder objectivement ce parcours, nous ne pouvons qu’être fiers, parce que nous avons mené ce combat. Et parce que les combats perdus d’avance ne sont que ceux que l’on ne livre pas. Nous avons tenté, dans des conditions défavorables, avec un rapport de force difficile en Europe et dans le monde, de faire valoir la raison d’un peuple et la possibilité d’une voie alternative. Au bout du compte, même si ces rapports de forces étaient déséquilibrés, même si les puissants ont imposé leur volonté, ce qui reste c’est l’absolue confirmation, au niveau international, de l’impasse qu’est l’austérité. Cette évolution façonne un tout nouveau paysage en Europe. L’Europe n’est pas la même après le 12 juillet. Quand Jürgen Habermas lui-même affirme que l’Allemagne a détruit une stratégie de cinquante ans, une stratégie de l’imposition par la persuasion et non par la force, je pense que ce sont des mots qu’il nous faut écouter. Vous-même, le gouvernement, Syriza étaient-ils prêts à affronter l’adversaire ? N’y êtes-vous pas allés avec de bonnes intentions, face à des institutions qui ne se sont pas comportées de façon très institutionnelle ? Alexis Tsipras. Il n’y a pas eu de « bonnes intentions », de notre côté ou du leur. Il y a eu une négociation très dure. Pour la première fois. Et la différence avec le passé c’est que sur la table il y avait des stratégies très différentes, contradictoires. Il y avait d’un côté un gouvernement qui avait et continue à avoir la majorité du peuple grec à ses côtés, qui revendique une autre voie, une autre perspective et de l’autre côté les institutions, qui ne sont ni indépendantes ni neutres mais aux ordres d’un plan stratégique précis. Est-ce que Syriza s’est rangé à l’unisson derrière cette ligne de la négociation ou y avait-il d’autres opinions ? Avez-vous pris la négociation sur vous ? Les organes du parti connaissaient-ils les procédures ? Le parti était-il au courant de ce qui se passait ? Alexis Tsipras. Le gouvernement fonctionne collectivement, avec le Conseil des Ministres, le conseil gouvernemental, qui tenait des réunions régulières afin que les ministres soient tenus au courant et qu’ils puissent définir le cours des négociations. Et en même temps nous avions créé, et ils existent toujours, des organes institutionnels comme le Groupe de négociation politique à laquelle de façon exceptionnelle assistaient tant le secrétaire du groupe parlementaire de Syriza que le secrétaire du comité central de Syriza, afin qu’ils soient absolument tenus au courant et qu’ils participent aux prises décisions. Le parti était lié aux organes gouvernementaux. Étroitement lié. Et bien sûr il y avait des réunions régulières du secrétariat politique de Syriza. C’est une autre question qu’il faut se poser. À quel point le parti participait de façon active à pour créer les conditions d’un soutien à l’effort gouvernemental dans la négociation ? C’est une question que l’on doit se poser. Mais c’est vous le président de Syriza. Alexis Tsipras. Effectivement mais je pense que le peuple grec a surpassé le parti et le gouvernement. Cela s’est vu aussi lors du référendum. Alexis Tsipras. Pas seulement. Certains regardaient se dérouler les négociations en grognant au moment même où la majorité du peuple grec voulait renforcer cet effort de la négociation. La négociation est une chose, la lutte quotidienne en est une autre. Les combats sociaux sont indispensables pour créer de nouveaux cadres, dépasser les cadres institutionnels en place, créer les structures et les infrastructures facilitant la confrontation avec l’ordre établi, tout en soutenant les populations qui souffrent des politiques actuelles. Une grande partie de la population voit toujours d’un œil positif la trajectoire du gouvernement mais il y a aussi ceux qui se sont battus, dans la rue, dans les quartiers, qui se sentent contraints par les évolutions récentes. Qu’en est-il aujourd’hui du mandat populaire donné à Syriza ? Les memoranda n’ont pas été déchirés. L’accord est particulièrement dur. Vous-même, le gouvernement, le parti, avez posé la dette comme étant notre problème principal. Le sujet est enfin en discussion. Mais sur le reste, l’addition finale ? Alexis Tsipras. Tout d’abord le mandat que nous avons reçu du peuple grec était de faire tout ce qui était possible afin de créer les conditions, même si cela nous coûte politiquement, pour que le peuple grec cesse d’être saigné. Pour que s’arrête la catastrophe… Alexis Tsipras. C’est le mandat que nous avons reçu, il nous a guidés dans la négociation… Vous aviez dit que les memoranda seraient supprimés avec une seule loi. Alexis Tsipras. Ne vous référez pas à l’un de mes discours de 2012. Avant les élections je n’ai pas dit que les memoranda pouvaient être supprimés avec une seule loi. Et personne ne disait cela. Nous n’avons jamais promis au peuple grec une ballade de santé. C’est pour cela que le peuple grec a conscience et connaissance des difficultés que nous avons rencontrées, auxquelles lui-même fait face, avec beaucoup de sang-froid. Laissons de côté ce cadre d’approche populiste « Vous avez-dit que vous déchireriez les memoranda ». Nous n’avons pas dit que nous déchirerions les memoranda avec une loi. Nous avons dit que nous mènerions le combat pour sortir de ce cadre étouffant dans lequel le pays a été conduit à cause de décisions politiques prises avant 2008 générant les déficits et les dettes, et après 2008, nous liant les mains. Vous aviez bien dit que vous arrêteriez la catastrophe. Alexis Tsipras. Je reviendrai sur la catastrophe. Mais nous n’avons pas promis au peuple grec que tout serait facile et que tout serait réglé en un jour. Nous avions un programme et nous avons demandé au peuple de nous soutenir afin de négocier dans des conditions difficiles pour pouvoir le réaliser. Nous avons négocié durement, dans des conditions d’asphyxie financières jamais vues auparavant. Pendant six mois nous avons négocié et en même temps réalisé une grande partie de notre programme électoral. Pendant six mois, avec l’angoisse constante de savoir si à la fin du mois nous pourrions payer les salaires et les retraites, faire face à nos obligations à l’intérieur du pays, envers ceux qui travaillent. C’était cela notre angoisse constante. Et dans ce cadre nous avons réussi à voter une loi sur la crise humanitaire. 200 millions, c’est ce qu’on a pu dégager. Des milliers de nos concitoyens, en ce moment, bénéficient de cette loi. Nous avons réussi à réparer de grandes injustices, comme celles faite aux femmes de ménage du ministère des finances, aux gardiens d’écoles, aux employés de la radiotélévision publique ERT, qui a rouvert. Nous avons voté de manière unilatérale, contre les institutions et la troïka, une loi instaurant la facilité de paiement en 100 fois, qui a permis à des centaines de contribuables, d’entrepreneurs, de s’acquitter de leurs dettes envers l’Etat, et de se débarrasser ainsi d’un poids. Nous avons voté une loi sur la citoyenneté, nous portons un projet de loi sur les prisons… Sans essayer d’enjoliver pour autant, n’assombrissons pas tout. Si quelqu’un a le sentiment que la lutte des classes est une évolution linéaire et se remporte en une élection et que ce n’est pas un combat constant, qu’on soit au gouvernement ou dans l’opposition, qu’il vienne nous l’expliquer et qu’il nous donne des exemples. Nous sommes devant l’expérience inédite d’un gouvernement de gauche radicale dans les conditions de cette Europe, de l’Europe néo-libérale, un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais nous avons aussi, à gauche, d’autres expériences de gouvernement et nous savons que gagner les élections ne signifie pas, du jour au lendemain, disposer des leviers du pouvoir. C’est un combat constant. Mener le combat au niveau gouvernemental ne suffit pas. Il faut le mener, aussi, sur le terrain social. Pourquoi avez-vous avez pris cette décision de convoquer un référendum ? En quoi cela vous a-t-il aidé ? En quoi cela a-t-il aidé le gouvernement et le pays ? Alexis Tsipras. Je n’avais pas d’autre choix. Pourquoi vous n’aviez pas d’autre choix ? Alexis Tsipras. Il faut garder en tête ce que j’avais avec le gouvernement grec entre les mains le 25 juin, quel accord on me proposait. Je dois admettre que c’était un choix à haut risque. La volonté du gouvernement grec n’était pas seulement contraire aux créditeurs, elle se heurtait au système financier international, au système politique et médiatique grec. Ils étaient tous contre nous. La probabilité que nous perdions le référendum était d’autant plus élevée que nos partenaires européens ont poussé cette logique jusqu’au bout en décidant de fermer les banques. Lorsque nous avons pris la décision du référendum ceci n’était pas en jeu, loin de là. C’était donc un choix à haut risque mais c’était pour nous la seule voie, puisqu’ils nous proposaient un accord avec des mesures très difficiles, un peu comme celles que nous avons dans l’accord actuel, voire légèrement pires, mais dans tous les cas des mesures difficiles et, à mon avis, inefficaces. En même temps ils n’offraient aucune possibilité de survie. Car pour ces mesures ils offraient 10,6 milliards sur cinq mois. La principale position de nos partenaires lors des Sommets et des réunions de l'Eurogroupe était que la Grèce devait compléter ses obligations et ses engagements, avec une cinquième évaluation du programme précédent, ce que [le précédent Premier ministre] Samaras avait laissé à moitié fait. Ces engagements sont en fait les mêmes engagements que nous avons maintenant, c’est la cinquième évaluation que nous complétons dans un programme plus étendu, ce sont exactement les mêmes mesures. Ils voulaient que la Grèce, donc, prenne, une fois ses engagements tenus, ce qui restait du programme précédent en termes de financements. C’est à dire à peu près 10 milliards d’euros – 7 existants et 3,6 du FMI – et 2 milliards d’augmentation des bons du Trésor grec que la BCE, juste après notre élection, a mis comme limite – extrêmement basse – pour ne laisser aucune marge de respiration pour l’économie grecque. Essentiellement ils nous donnaient à peu près 12,6 milliards pour cinq mois d’extension, durant lesquels nous devions être soumis à quatre « revues » successives. Nous aurions dû appliquer le programme en cinq mois, au lieu de trois ans désormais, et l’argent que nous aurions obtenu aurait été issu des restes du programme précédent, sans un euro en plus, parce que telle était l’exigence des Néerlandais, des Finlandais, des Allemands. Le problème politique principal des gouvernements du Nord était qu’ils ne voulaient absolument pas devoir aller devant leurs Parlements pour donner ne serait-ce qu’un euro d’argent « frais » à la Grèce, car ils s’étaient eux-mêmes enfermés dans un climat populiste selon lequel leurs peuples payaient pour ces paresseux de Grecs. Un climat qu’ils ont eux-mêmes fabriqué. Tout ceci est bien sûr faux, puisqu’ils paient les banques et les prêts des banques, pas les Grecs. La droite grecque reprend ce discours… Alexis Tsipras. Qu’a apporté la position forte tenue contre vents et marées par le peuple grec au référendum ? Elle a réussi à internationaliser le problème, à le faire sortir des frontières, à dévoiler le dur visage des partenaires et créditeurs. Elle a réussi à donner à l’opinion internationale l’image, non pas d’un peuple de fainéants, mais d’un peuple qui résiste et qui demande justice et perspective. Nous avons testé les limites de résistance de la zone euro. Nous avons fait bouger les rapports de forces. La France, l’Italie, les pays du Nord avaient tous des positions très différentes. Le résultat, bien sûr, est très difficile mais d’un autre côté la zone euro est arrivée aux limites de sa résistance et de sa cohésion. Le chemin de la zone euro et de l’Europe au lendemain de cet accord sera différent. Les six mois prochains seront critiques et les rapports de forces qui vont se construire durant cette période seront tout aussi cruciaux. En ce moment le destin et la stratégie de la zone euro sont remis en question. Il y a plusieurs versions. Ceux qui disaient « pas un euro d’argent frais » ont finalement décidé non pas seulement un euro mais 83 milliards. Donc de 13 milliards sur cinq mois on est passé à 83 milliards sur trois ans, en plus du point crucial qu’est l’engagement sur la dépréciation de la dette, à discuter en novembre. C’est un point-clé pour que la Grèce puisse, ou non, entrer dans une trajectoire de sortie de la crise. Il faut cesser avec les contes de Messieurs Samaras et Venizelos, qui prétendaient sortir des mémoranda. La réalité est que ce conte avait un loup, ce loup c’est la dette. Avec une dette à 180-200% du PIB, on ne peut pas retourner sur les marchés. On ne peut pas avoir une économie stable. Le seul chemin que nous pouvons suivre est celui de la dépréciation, de l’annulation, de l’allégement de la dette. La condition pour que le pays puisse retrouver une marge financière, c’est qu’il ne soit plus obligé de dégager des excédents budgétaires monstrueux, destinés au remboursement d’une dette impossible à rembourser. Le non au référendum était un non à la proposition de la troïka, donc un non à l’austérité… Alexis Tsipras. Il y avait deux parties dans la question posée au référendum. Il y avait la partie A, qui concernait les mesures pré-requises, et la partie B, qui concernait le calendrier de financement. Si nous voulons être tout à fait honnêtes et ne pas enjoliver les choses, par rapport à la partie A, l’accord qui a suivi le référendum est similaire à ce que le peuple grec a rejeté. Avec des mesures en partie améliorées, en partie plus difficiles, par exemple ce qui a été rajouté au dernier moment sur le Fonds de remboursement de la dette pour les 30 prochaines années. Sur d’autres mesures c’est un accord amélioré, il n’y a plus de suppression de l’EKAS [prime de solidarité pour les petites retraites, NDLR], la proposition Junker parlait de supprimer l’EKAS, d’augmenter à 23% de la TVA sur l’électricité. En ce qui concerne la partie B par contre, et là nous devons être tout à fait honnêtes, c’est le jour et la nuit. Nous avions cinq mois, 10 milliards, cinq « revues ». Nous avons 83 milliards – c’est à dire une couverture totale des besoins financiers sur le moyen terme (2015-2018), dont 47 milliards pour les paiements externes, 4,5 milliards pour les arriérés du secteur publique et 20 milliards pour la recapitalisation des banques et, enfin, l’engagement crucial sur la question de la dette. Il y a donc un recul sur la partie A, de la part du gouvernement grec, mais sur la partie B il y a une amélioration : le référendum a joué son rôle. Le mercredi soir précédent le référendum, certains avaient créé les conditions d’un coup d'État dans le pays, en proclamant qu’il fallait envahir Maximou [le Matignon grec, NDLR], que le gouvernement emmenait le pays vers une terrible catastrophe économique, en parlant de files d’attente devant les banques. Je dois dire que le peuple grec a su garder son sang-froid, au point que les télévisions avaient du mal à trouver du monde pour se plaindre de la situation, ce sang-froid était incroyable. Ce soir-là je me suis adressé au peuple grec et j’ai dit la vérité. Je n’ai pas dit : « Je fais un référendum pour vous sortir de l’euro ». J’ai dit : « Je fais un référendum pour gagner une dynamique de négociation ». Le « non » au mauvais accord n’était pas un « non » à l’euro, un « oui » à la drachme. Appelons un chat un chat. On peut m’accuser d’avoir eu de mauvaises estimations, de mauvais calculs, des illusions, mais à chaque moment, à chaque avancée, et je pense personne d’autre ne l’avait fait auparavant, j’ai dit les choses clairement, j’ai informé deux fois le Parlement, c’était un processus ouvert, Il n’y avait pas dans cette négociation de cartes cachées, tout était ouvert. À chaque avancée j’informais le peuple grec, je disais les difficultés, mes intentions, ce que je préparais, même au moment crucial du référendum, j’ai dit précisément ce que je comptais faire, j’ai dit la vérité au peuple grec. Avec dans vos mains, aux heures de la négociation, les 61,2% que vous a donné le peuple grec, quel aurait été l’accord qui vous aurait satisfait lors de votre retour de Bruxelles ? Alexis Tsipras. Le référendum a été décidé le jour de l’ultimatum, le 25 juin, vendredi matin, lors d’une réunion que nous avons tenue à Bruxelles, avec, devant nous, la perspective d’une humiliation sans sortie possible. C’était, pour eux, à prendre ou à laisser. « The game is over », répétait le président du Conseil européen, Donald Tusk. Ils ne s’en cachaient pas, ils voulaient des changements politiques en Grèce. Nous n’avions pas d’autre choix, nous avons choisi la voie démocratique, nous avons donné la parole au peuple. Le soir même en rentrant d’Athènes, j’ai réuni le Conseil gouvernemental où nous avons pris la décision. J’ai interrompu la séance pour communiquer avec Angela Merkel et François Hollande. Je leur ai fait part de ma décision, le matin même je leur avais expliqué que ce qu’ils proposaient n’était pas une solution honnête. Ils m’ont demandé ce que j’allais conseiller au peuple grec et je leur ai répondu que je conseillerai le « non », pas dans le sens d’une confrontation, mais comme un choix de renforcement de la position de négociation grecque. Et je leur ai demandé de m’aider à mener à bien ce processus, calmement, de m’aider afin que soit accordé par l’Eurogroupe, qui devait se réunir 48 heures plus tard, une extension d’une semaine du programme afin que le référendum ait lieu dans des conditions de sécurité et non pas dans des conditions d’asphyxie, avec les banques fermées. Ils m’ont tous les deux assuré à ce moment-là, qu’ils feraient tout leur possible dans cette direction. Seule la chancelière m’a prévenu qu’elle s’exprimerait publiquement sur le référendum, en présentant son enjeu comme celui du maintien ou non dans l’euro. Je lui ai répondu que j’étais en absolu désaccord, que la question n’était pas euro ou drachme, mais qu’elle était libre de dire ce voulait. Là, la conversation s’est arrêtée. Cette promesse n’a pas été tenue. Quarante-huit heures plus tard l’Eurogroupe a pris une décision très différente. Cette décision a été prise au moment où le Parlement grec votait le référendum. La décision de l’Eurogroupe a mené en vingt-quatre heures à la décision de la BCE de ne pas augmenter le plafond ELA [mécanisme de liquidités d’urgence dont dépendent les banques grecques, NDLR] ce qui nous a obligés à instaurer un contrôle de capitaux pour éviter l’effondrement du système bancaire. La décision de fermer les banques, était, je le pense, une décision revancharde, contre le choix d’un gouvernement de s’en remettre au peuple. Est-ce que le « non » au référendum reste, pour vous, une carte à jouer ? Alexis Tsipras. Cela ne fait aucun doute. C’est une carte très importante. Le référendum a fait de la Grèce, de son peuple et de son choix démocratique le centre du monde. C’était un référendum contre vents et marées. Tous nos partenaires, nos créanciers et la classe dirigeante internationale affirmaient que la question était euro ou drachme. Mais la question formulée par le gouvernement grec souverain, c’était la question inscrite sur le bulletin de vote. Vous attendiez-vous à ce résultat ? Alexis Tsipras. J’avoue que jusqu’au mercredi [précédent le scrutin, NDLR] j’avais l’impression que ce serait un combat indécis. À partir du jeudi, j’ai commencé à réaliser que le « non » allait l’emporter et le vendredi j’en étais convaincu. Dans cette victoire, la promesse que j’ai faite au peuple grec de ne pas jouer à pile ou face la catastrophe humanitaire a pesé. Je ne jouais pas à pile ou face la survie du pays et des couches populaires. À Bruxelles, par la suite, sont tombés sur la table plusieurs scénarios terrifiants. Je savais durant les dix-sept heures où j’ai mené ce combat, seul, dans des conditions difficiles, que si je faisais ce que me dictait mon cœur – me lever, taper du poing et partir – le jour même, les succursales des banques grecques à l’étranger allaient s’effondrer, nous parlons là d’actifs valant 7 milliards d’euros, plus de 405 établissements, environ 40 000 emplois. En quarante-huit heures, les liquidités qui permettaient le retrait de 60 euros par jour se seraient asséchées et pire, la BCE aurait décidé d’une décote des collatéraux des banques grecques, voire auraient exigé des remboursements qui auraient conduit à l’effondrement de l’ensemble des banques. Il n’était pas donc pas question de décote, seulement. C’était bien la menace d’effondrement. Or un effondrement se serait traduit non pas par une décote des épargnes mais par leur disparition. Malgré tout j’ai mené ce combat en essayant de concilier logique et volonté – et je dois dire que moi-même et nos partenaires européens avons pris quelques coups durant ces dix-sept heures. Je savais que si je partais j’aurais probablement dû revenir, dans des conditions plus défavorables encore. J’étais devant un dilemme. L’opinion publique mondiale clamait « #ThisIsACoup », au point que c’est devenu cette nuit-là sur Twitter le premier hashtag au niveau mondial. D’un côté il y a avait la logique, de l’autre la sensibilité politique. Après réflexion, je reste convaincu que le choix le plus juste était de faire prévaloir la protection des couches populaires. Dans le cas contraire, de dures représailles auraient pu détruire le pays. J’ai fait un choix de responsabilité. Vous ne croyez pas à cet accord et pourtant vous avez appelé les députés à le voter. Qu’avez-vous en tête ? Alexis Tsipras. Je considère, et je l’ai dit au Parlement, que c’est une victoire à la Pyrrhus de nos partenaires européens et de nos créanciers, en même temps qu’une grande victoire morale pour la Grèce et son gouvernement de gauche. C’est un compromis douloureux, sur le terrain économique comme sur le plan politique. Vous savez, le compromis est un élément de la réalité politique et un élément de la tactique révolutionnaire. Lénine est le premier à parler de compromis dans son livre La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme » et il y consacre plusieurs pages pour expliquer que les compromis font partie des tactiques révolutionnaires. Il prend dans un passage l’exemple d’un bandit pointant sur vous son arme en vous demandant soit votre argent, soit votre vie. Qu’est censé faire un révolutionnaire ? Lui donné sa vie ? Non, il doit lui donner l’argent, afin de revendiquer le droit de vivre et de continuer la lutte. Nous nous sommes retrouvés devant un dilemme coercitif. Ce chantage est cynisme : soit le compromis – dur et douloureux – soit la catastrophe économique – gérable pour l’Europe, pas au niveau politique, mais économiquement parlant – qui pour la Grèce et la gauche grecque aurait été insurmontable. Aujourd’hui les partis de l’opposition et les médias du système font un boucan impressionnant, allant jusqu’à demander des procédures pénales contre Yanis Varoufakis, pour savoir si oui ou non il avait un plan de crise. Imaginez ce qui se passerait dans ce pays s’il y avait eu une telle catastrophe économique. Nous sommes tout à fait conscients que nous menons un combat, en mettant en jeu notre tête, à un niveau politique. Mais nous menons ce combat en ayant à nos côtés la grande majorité du peuple grec. C’est ce qui nous donne de la force. Toute cette procédure de négociation pour en arriver là... Cela en valait-il le coût, politiquement parlant ? Au point où nous en sommes, avec les banques fermées, les dommages causés à une économie grecque déjà affaiblie, cela en valait-il la peine ? Alexis Tsipras. Je ne regrette pas un seul de ces moments, je ne regrette rien de tout ce qui s’est passé ces cinq mois. Cela en valait la peine, et concernant l’économie, les choses sont réversibles. La Grèce est à la Une des journaux, en des termes positifs. Le drapeau grec flotte sur des manifestations à travers les capitales d’Europe. Des milliers de personnes en Irlande, en France, en Allemagne, ont manifesté leur solidarité avec le peuple grec. Cela en valait la peine, bien sûr. Mais la conclusion de ces négociations est considérée comme une défaite... Alexis Tsipras. C’est considéré comme une défaite par certains esprits étroits qui pensent que la révolution aura lieu via l’invasion des Palais d’Hiver et qu’elle durera un instant. Et si l'on regarde les sondages en Espagne pour Podemos ? Alexis Tsipras. Ceux de Podemos ont devant eux la possibilité de revendiquer une alternative. Ils ne l’auraient pas si le 12 juillet nous avions assisté à une énorme catastrophe économique. Podemos a toutes les possibilités de gagner, ils ont trois mois devant eux pour mener le combat et la bataille électorale en Espagne en novembre fait partie du changement qui arrive en Europe. Tout comme les changements et transformations qui auront lieu dans le reste de l’Europe. Mais revenons aux dommages causés à l'économie grecque. Ils sont réversibles, à condition que l’accord soit complété. Nous ne sommes pas tous seuls : le projet de Grexit des cercles conservateurs extrémistes pour un Grexit est toujours sur la table. Il y restera jusqu’à la décision de dépréciation de la dette grecque, une décision qui doit déterminer si le FMI participera ou non au programme. Je dis que la situation est réversible. S'il n'y avait pas eu de changement politique, le pays, de toute façon, serait contraint de dégager des excédents budgétaires primaires équivalents à 3,5% en 2015 et 4,5% à partir de 2016 et par la suite. Aujourd’hui, nous avons l'obligation, d’arriver en 2018 à un excédent de 3,5%. Aujourd’hui nous pouvons n'en dégager aucun, voire être en négatif, arriver à 1% demain, à 2,5% en 2017, en fonction de la situation économique. Qu’est-ce que cela signifie en pratique ? Cela veut dire que le changement politique et la négociation ont sauvé l’économie grecque de mesures qui lui auraient coûté plus de 15 milliards d'euros. Mais l’économie réelle devra fait face à la hausse de la TVA… Nous n'avons plus notre mot à dire sur le niveau de taxation de tel ou tel produit. Ils font irruption tels des gangsters dans la gestion de nos affaires internes... Alexis Tsipras. Il n’y a pas de doute là-dessus. Les Grecs ont porté la gauche au pouvoir pour arrêter cela... Alexis Tsipras. La gauche a fait tout ce qu’elle a pu et elle va continuer à se battre que cela s’arrête. Mais il faut que la gauche – et nous tous avec – se rende compte que nous devons nous battre dans un cadre très précis, en mesurant les alternatives qui s’offrent à nous. À ce stade en particulier les alternatives que nous avions devant nous étaient soit la faillite désordonnée soit le compromis difficile qui nous laisse la possibilité de survivre et de nous battre dans les années à venir pour « casser » cette étroite mise sous surveillance. Nous avons la possibilité de nous libérer de cette surveillance asphyxiante. Le peuple grec est comme le fugitif qui, parce qu'il a tenté de s'échapper de la prison de l’austérité, a été placé à l'isolement. Il mène un combat pour s'enfuir mais à la fin il est arrêté et jeté dans une cellule encore plus étouffante et plus étroite. Comment sortir de cette prison désormais ? Certains préconisent de se jeter dans les douves avec les crocodiles ou sur les grillages électriques. Non, ce n’est pas une façon de s’échapper : c’est une façon de se suicider. Aujourd'hui pour quitter cet isolement il faut susciter une immense vague de solidarité internationale pour aider le peuple grec à se libérer du joug de l’austérité. C’est seulement ainsi que nous nous libérerons. Peut-on encore entrevoir une solution au sein de cette Union Européenne, dans le cadre de cette zone euro ? C’est un peu une alliance de loups... Alexis Tsipras. Nous vivons dans le cadre d’une économie mondialisée. Regardez les pays voisins, en dehors de l'UE, de la zone euro : la Serbie, l’Albanie. Vous avez l’impression que là-bas il n’y a pas d’austérité ? Que les conditions de survie n'y sont pas difficiles ? Que ces pays ne sont pas contraints d'importer les produits de base ? Tout d’un coup, le pays deviendrait autonome et pourrait couvrir les besoins pour la survie de la population ? Nous ne pouvons pas faire ça du jour au lendemain. Nous sommes donc obligés de voir la réalité en face. Et de voir, dans le cadre de cette réalité, si la lutte des classes existe seulement au niveau des négociations ou aussi au sein du pays. Existe-il, pour un gouvernement de gauche, des possibilités d'ouvrir un espace, de créer des respirations de solidarité et de redistribution ? La différence entre une politique progressiste et une politique conservatrice, au sein de l’étroit cadre européen est-elle possible ? Nous devrons répondre collectivement à ces questions. Cet accord a été un choc pour le peuple et pour la gauche. Certains en concluent que dans ce contexte un gouvernement de gauche n’a pas de raison d’être. Je suis prêt à débattre de ce point de vue. Cela équivaut à dire au peuple grec : « Nous nous sommes trompés en disant que nous pouvions mettre fin à ce mémorandum, demandons au système politique déchu qui nous a mené jusqu’ici de gérer cela. Choisissez plutôt ce système qui toutes ces dernières années ne négociait pas mais complotait avec la troïka afin de vous imposer ces mesures. » Le peuple grec nous répondrait qu’il n’en veut pas, qu’il attend de nous que nous assumions nos responsabilités. Si nous devions renoncer parce que les conditions trop difficiles, comment cela se traduirait-il en pratique ? Nous ne nous présenterions pas aux prochaines élections pour ne pas courir le risque d’être élus, comme l’a fait le KKE en 1946. Voyons maintenant les choses différemment. Supposons que nous en arrivions à la conclusion théorique que nous autres les « sages » de la gauche, façonnions mieux les conditions objectives en étant dans l’opposition. Si nous avouons au peuple, les yeux dans les yeux, que nous ne pouvons pas gérer les choses, en étant au gouvernement, comment pourrait-il nous faire confiance pour le faire dans l'opposition ? Dans l’opposition, nous aurions dix fois moins de pouvoir. Si elle suit cette logique, la gauche en arrivera à clore volontairement une opportunité historique de mener le combat pour changer les choses – tant qu’elle le peut – depuis une position de responsabilités. Au fond, ce serait céder à la peur des responsabilités. Ne sommes-nous pas dans une position surréaliste, avec des travailleurs appelés à se battre contre une politique que la gauche est supposée mettre en œuvre ? C’est une folie ! Alexis Tsipras. La grande différence, l’énorme différence, et c’est là où se concentre leurs attaques, à l’intérieur comme à l’extérieur du Parlement, c’est que nous, nous ne revendiquons pas la propriété de ce programme. Quand l’opinion publique européenne et mondiale a vu de quelle façon le gouvernement grec et moi-même avons été contraints à ce compromis, personne ne peut prétendre que la propriété de ce programme nous revient. Ici permettez-moi de répéter la citation de Jürgen Habermas qui a dit, je le cite mot à mot : « J’ai peur que le gouvernement allemand, y compris sa frange social-démocrate, ait dilapidé en l’espace d’une nuit tout le capital politique qu'une Allemagne meilleure avait accumulé depuis un demi-siècle ». Voici quelle défaite politique ont subi nos partenaires européens. Ici s’ouvre devant nous un espace, très important, de transformations en Europe. Doit-on l’abandonner, nous qui en sommes les protagonistes, nous qui avons suscité ces fissures ? Enfin, un gouvernement de gauche obligé de mettre en œuvre ce programme va rechercher en même temps les moyens d’en équilibrer les conséquences négatives, tout en restant dans les combats sociaux, parmi les travailleurs qui se battront. Mais ils vous couperont l’herbe sous le pied ! Pourquoi vous laisseraient-ils compenser les effets de ces mesures ? Alexis Tsipras. Vous pensez que la négociation s’est arrêtée le 12 juillet ? C’est un combat constant. Tant que nous façonnerons les conditions pour des rapports de force plus propices au niveau européen, ce combat penchera en notre faveur. Il ne faut pas abandonner le combat. Il y déjà des rumeurs sur de nouvelles mesures, sur de nouveaux paquets de mesures. Alexis Tsipras. J’ai bien peur que ces rumeurs ne naissent ici, avant de se propager à l’étranger pour ensuite revenir ici. Cela fait partie du jeu. Mais vous les avez bien entendues vous aussi. Des rumeurs de prêt-pont. Alexis Tsipras. Je connais le cadre de l’accord que nous avons signé le 12 juillet au Sommet de la zone euro. Ces obligations fondamentales, indépendamment du fait que nous soyons ou non d’accord avec elles, nous les mettrons en œuvre. Pas une de plus, pas une de moins. Un auditeur nous dit : « J’ai trois enfants, ils sont au chômage, je travaille à temps partiel, je dois m'acquitter d'une taxe immobilière de 751€, je veux les soutenir mais je n’ai rien ! » Alexis Tsipras. C’est la réalité de la société grecque aujourd’hui. Un rapport de l’Institut du travail de la Confédération syndicale des salariés du privé évalue à 4 sur 10 le nombre de personnes en situation de pauvreté. Nous devons affronter cette réalité que nous devons affronter. Si nous abandonnons le combat, ces 4 pauvres sur 10 vont-il cesser d'être pauvres? Le seul choix, c'est de rester, d'organiser un mouvement de solidarité et en même temps de nous battre pour des mesures qui contrebalancent les conséquences néfastes des obligations imposées par les recettes néolibérales de l’austérité. Dans le cadre d’un projet que nous allons devoir établir au plus vite, nous allons nous reconstituer pour contre attaquer. Ce projet sera un projet de gauche, il ne peut venir ni de la droite ni de la social-démocratie. Le projet de la droite et de la social-démocratie c’est de dire que s’il n’y avait pas de mémorandum, il faudrait l’inventer ! Nous, nous affirmons que le mémorandum est une mauvaise recette. Les alliances en face étaient trop fortes et nous avons été obligés de l'accepter. Mais nous livrons un combat pour en retourner les termes, pour nous en désengager petit à petit. J'entends dire que c’est le pire mémorandum de tous ceux que nous avons eus. C’est le plus douloureux parce qu’il arrive dans le cadre d’un compromis douloureux. Je suis d’accord là-dessus. Mais les deux précédents memoranda se sont traduits par 16% d’ajustement budgétaire sur quatre ans. Ils comportaient des licenciements collectifs - des licenciements de fonctionnaires, ici nous n’avons pas de licenciements de fonctionnaires, mais nous avons eu des réembauches de gens injustement traités. En même temps, nous avons la poursuite de l’austérité de manière directe avec l’augmentation de la TVA, dans la restauration par exemple, c'est une mesure qui ne va rien donner à notre avis et c'est un des grands problèmes, mais nous n’avons pas de baisse nominale des retraites et des salaires ! Mais nous avons des baisses indirectes ! Alexis Tsipras. Dites-moi donc où sont ces baisses ? L'augmentation de la TVA se traduira par une perte de pouvoir d'achat. Alexis Tsipras. Je l’ai dit ça, sur la TVA, je ne vais pas me répéter. Mais est-ce la même chose que d’avoir des baisses de salaires ou de retraite de 40% comme avec les deux précédents memoranda ? 40% de baisse nominale sur les retraites, est-ce la même chose que la TVA à 23% sur la restauration ? Cela justifie-t-il que l'on juge ce memorandum pire que les deux précédents ? C'est une autre logique... Alexis Tsipras. Non nous ne sommes pas dans des logiques différentes ! Nous sommes tous déçus, nous sommes tous amers, mais de là à se charger d’un poids supplémentaire, s'auto-fustiger, parce que la gauche s’est habituée à un discours de la faute ces quarante dernières années, et ne pas reconnaître que nous avons réussi quelque chose et que nous allons continuer... Vous n’avez pas décrit l’accord qui vous aurait fait dire : « c’est un bon accord », après le référendum. Alexis Tsipras. Oui. Après le référendum un bon accord aurait été celui qui nous aurait donné la possibilité d’assurer nos obligations budgétaires à moyen terme, celles que nous avons assurées désormais, en plus de l’engagement sur la dette. Mais avec un cadre de compromis honnête. D’accord, acceptons les règles de la zone euro, acceptons d’entrer dans une logique de budgets équilibrés et d’excédents budgétaires - mais modérés, pour qu’ils soient viables, ces excédents. Des excédents de 1 ou 2% pour éviter des mesures qui sont, de l’avis des meilleurs économistes de la planète, contre-productives. Par exemple je considère que l’augmentation de la TVA est une erreur. Parce que le pays a besoin d'une amélioration de l’encaissement des impôts et de la TVA. Cela implique de renforcer les mécanismes de contrôle, dans les îles où il y a actuellement énormément de fraude et d'évitement fiscal ; de convaincre les citoyens de prendre part en demandant des factures, pour améliorer l’encaissement. Si on augmente l’encaissement de 3%, on encaissera d’avantage que ce qui est prévu avec l’augmentation de 10% de la TVA dans la restauration. Je dis des choses logiques, il n'y a là rien d’incroyable. De même je considérerais comme logique de ne pas imposer une pression fiscale supplémentaire sur des secteurs touchés par la crise, comme l'agriculture. Là nous devons trouver des mesures qui compensent cette pression fiscale supplémentaire. Mais qui sont vraiment les agriculteurs ? Ils ne sont pas tous les mêmes. La Grèce compte-elle 800.000 agriculteurs ? On ne peut pas caresser certaines catégories dans le sens du poil… Alexis Tsipras. Certaines catégories sociales sont habituées à ne pas faire face à leurs obligations et à revendiquer sans critères de justice. Nous devons nous attaquer à tout cela. D’autre part, nous devons comprendre que ces changements ne peuvent pas intervenir dans un contexte de conflit social, mais seulement dans un contexte de cohésion sociale. Mais là vous m’offrez l’occasion de prendre position sur les nombreux choix qui peuvent se faire, dans une perspective progressiste, même dans le cadre d’un ajustement budgétaire difficile imposé de l’étranger. Prenons les exemples de la fraude fiscale, de la corruption. La gauche sera jugée sur sa capacité à les affronter Peut-on suivre un programme politique de gauche, une politique socialement juste sans contrôle de ceux qui fraudent depuis des années, envoient de l’argent à l’étranger, au vu et au su de tous, tout en restant hors d’atteinte ? Nous serons jugés là-dessus. Qui peut arrêter ceux-là ? Est-ce si difficile, pour l'administration, de repérer les comptes depuis lesquels l'argent est transféré à l’étranger ? Alexis Tsipras. Cela demande du temps et de la méthode. Je dois avouer que ces derniers six mois, notre attention a été accaparée par les confrontations liées à la négociation. Mais il n’y a pas que la négociation ! Si l'on considère que les étrangers sont responsables de tout ce qui ne marche pas dans le pays, on déroule le tapis rouge à la bourgeoisie et à l’oligarchie locale qui ont mené le pays à la catastrophe. Nous devons nous occuper de l’oligarchie intérieure, cela implique de réorienter notre projet, notre plan de bataille, de confrontation et de conflit, contre l’oligarchie qui a conduit le pays à la destruction et qui continue à contrôler des centres de pouvoir. Certains diront : mais là aussi vous allez vous retrouver avec la Troïka comme adversaire ! Oui. Mais alors chacun devra prendre ses responsabilités publiquement. C'est une chose que la Troïka dise : « Je ne veux pas que vous ayez des déficits » - même si on n’est pas d’accord avec sa politique - et c’en est une autre qu'elle dise : « Je ne veux pas que les riches de votre pays soient mis à contribution et je veux que les pauvres paient toute l'addition ». La Troïka prendra publiquement ses responsabilités, elle devra rendre des comptes devant l'opinion internationale parce qu’en ce moment tous nous regardent, l’Europe et le monde entier. Je suis allé au Parlement européen, il y avait une immense dichotomie : la moitié de notre côté et l’autre moitié avec ceux d’en face. Tout le monde regarde vers la Grèce ! Il faut donc que nous prenions des initiatives, dans le sens de grands changements, des réformes au contenu progressiste, qui vont changer le système politique, combattre la corruption, la fraude fiscale, les pratiques de l'oligarchie. Voilà les buts que doit se donner une politique progressiste et radicale pour notre pays. Des combats n’ont pas été menés par le gouvernement de gauche. Par exemple, sur les mines d’or de Skouriès où les citoyens se sont dressés contre la compagnie Ellinikos Chrysos. Le gouvernement de droite a poursuivi et réprimé ces citoyens. La Compagnie Ellinikos Chrysos fonctionne encore. Alexis Tsipras. À Skouriès ce que je sais c’est que l’entreprise se plaint, elle réclame une décision car elle n’a pas encore reçu d’autorisation pour continuer l’extraction et la séparation de l'or sur place. Ce combat continue. Pas seulement contre les grands intérêts. C’est aussi un combat qui se livre sur place contre des intérêts locaux. Il faut trouver un modus vivendi parce que de l’autre côté, ils avancent l'argument de l'emploi. Mais nous sommes d'un côté, pas de l'autre ! Alexis Tsipras. Nous sommes un gouvernement, nous avons des responsabilités, nous ne pouvons pas mettre 5000 salariés au chômage. Il faut trouver une solution. Ce dossier était géré par Panayotis Lafazanis en tant que ministre [de l'Énergie et de la Reconstruction productive, qui a quitté le gouvernement le 18 juillet, NDLR]. Il est aujourd'hui repris par Panos Skourletis. Ce n'est pas encore réglé mais je suis certain que la solution prendra en compte à la fois la cohésion, la justice sociale et le bon droit du combat citoyen. Quels citoyens ? Ceux qui se battent contre cet « investissement » ou ceux qui réclament du travail ? Alexis Tsipras. La justice sociale implique que les gens qui travaillaient ne perdent pas leur emploi. Le droit du combat citoyen, c’est celui des gens qui se battent pour l’environnement et pour leurs vies. Je suis clair là-dessus. Concernant les médias de masse, il y a depuis des années un environnement anarchique. Le gouvernement a pris des engagements, un projet de loi a été déposé. Cela se fait-il dans un esprit de revanche ? Les nouveaux acteurs qui vont surgir dans le paysage audiovisuel seront-ils plus honnêtes ? Le gouvernement favorisera-t-il ses amis, l’entourage des ministres ? Alexis Tsipras. Je ne pense pas qu’il y ait de place pour un sentiment de revanche dans le projet de loi. Il exprime pour la première fois la volonté de mettre de l’ordre et d’imposer des règles dans ce secteur. Lorsque quelqu’un veut utiliser un bien public, il a le devoir de payer au secteur public le loyer équivalent à l’usage de ce bien public - et il a le devoir aussi de respecter certaines règles sur la manière de gérer ce bien public. Il ne s'agit pas seulement d'imprimer un journal et de le vendre à celui qui veut bien l'acheter. Il y a usage du domaine public, donc il faut respecter quelques règles ! Pour la première fois depuis l’entrée des investisseurs privés dans le secteur audiovisuel, il va y avoir une règlementation, le cadre va être réglementé. Tous ceux qui, jusqu'ici, ne respectent pas leurs engagements envers la loi seront obligés de les respecter... Les consultations qui vont suivre le projet de loi nous permettrons d'entendre les positions des uns et des autres. Ces consultations seront-elles ouvertes à tous et sincères ? Alexis Tsipras. Nous entendrons toutes les parties, journalistes, propriétaires de médias et nous sommes prêts à entendre tous les points de vue. Ce qui compte c’est que nous puissions dire au peuple grec - et s’il doit y avoir des améliorations, des modifications, nous sommes prêts à l’entendre, - que ce secteur va enfin être régulé et qu’il le sera dans la légalité. Aucun groupe de presse ne pourra plus dissimuler des pertes financières et en même temps bénéficier de facilités de la part du système bancaire privé en contrepartie d'un soutien à certains acteurs du système politique. Dans ce triangle de l’intrication, de la corruption, ce triangle du pêché, des entreprises de presse en déficit se voyaient accorder des prêts bancaires de manière scandaleuse tandis que des entreprises saines, dans les autres secteurs d’activité, ne pouvaient obtenir de prêts. Ce triangle scandaleux est terminé. L’information des citoyens est un bien public, elle doit être objective, se plier à des règles et le fonctionnement des entreprises de presse et des mass media doit se faire dans la transparence selon les règles applicables à toutes les entreprises du pays. Des auditeurs nous interpellent sur les violences policières, puisque nous avons abordé le sujet des mines d’or de Skouriès. C’est un gouvernement de gauche qui réprime les manifestations. Il y a eu des membres cassés, parfois. Alexis Tsipras. Je n’en doute pas, mais la différence, c’est qu'il n'y a aucune volonté politique de couvrir, de cacher ces faits. Au contraire. Il faut faire toute la lumière sur ces violences et mettre à la disposition de la justice ceux qui provoquent ces incidents, laisser la loi faire son travail. Le rôle du policier n’est pas de tabasser ou de dissoudre la légitimité d’une manifestation publique, comme nous l'avons vécu ces dernières années. Tout de même sur ce point il y a eu des changements importants. Nous nous étions heureux du retrait des grilles autour du Parlement. Elles sont de retour aujourd'hui. Alexis Tsipras. Quand ça ? Je les ai revues. Alexis Tsipras. Vous parlez des incidents qui ont eu lieu. Des cocktails Molotov ont explosé devant les gens il a failli y avoir des blessés graves. Quinze personnes de nationalités étrangères ont été arrêtées pour cette raison. Est-ce que quelqu'un a relevé ce fait ? Entendons-nous bien : où étaient les grandes foules, les grandes passions ? Juste ces quinze étrangers ! Que voulaient-ils ? Attention ! Il ne s'agissait pas de migrants. Je ne sais pas s'il s'agissait de provocateurs liés à des services secrets étrangers. Je l'ignore, ce point reste à éclaircir. Peut-être s'agissait-il de militants solidaires. Cela ne m’intéresse pas. Mais je suis désolé : pourquoi ne relevez-cous pas aussi ces faits-là ? Certaines actions, certains mouvements, je parle objectivement, fonctionnent de façon provocatrice. Que doit faire la police, dans une démocratie, lorsqu'une pluie de cocktails Molotov s'abat aux abords d'une manifestation, menaçant de bruler vifs des manifestants ? Doit-elle laisser faire, jusqu’à ce qu’il y ait mort d’homme ? Pourquoi vous mettez vous en colère ? Alexis Tsipras. Parce que je suis dans un environnement familier et que j’aime me mettre en colère en terrain connu [rires]. Venons-en aux questions relatives au parti. Comment avez-vous fait pour faire des problèmes internes à Syriza des problèmes de la Grèce ? Il n’y a que Syriza pour réussir un tour pareil. Alexis Tsipras. [Rires] Non, il n'est pas question d'en faire un problème du pays. Le pays avance dans le cadre de la Constitution, selon laquelle les décisions sont prises par les représentants du peuple au Parlement grec. Le gouvernement, le Conseil des ministres assume une responsabilité collective et le cadre dans lequel les décisions sont prises est clairement défini. À partir de là, Syriza est le parti gouvernemental, il joue un rôle important sur la scène politique et se doit, en respectant sa propre « Constitution », c'est-à-dire ses statuts, dans un cadre démocratique, de prendre des décisions. Il y a un décalage lié à la « violente maturation » de Syriza, qui est passé très vite d’un parti à 4% à un parti dans lequel une grande majorité du peuple grec place ses espoirs et ses attentes. C'est un parti de 30 000, soutenu par 3 millions de citoyens. Malgré tout, les partis doivent fonctionner dans les cadres fixés par leurs statuts. Nous devons mener la discussion, pour savoir si Syriza doit s’ouvrir, être en phase avec les angoisses, les espoirs de sa base sociale. Nous ne l'avons pas fait plus tôt, c'est une faute de notre part. Ce débat est désormais ouvert et les 30 000 membres de Syriza devront prendre des décisions. Si Syriza s’ouvre il devra changer. Aujourd’hui, Syriza est perçu comme un parti de la gauche radicale. Doit-il le rester, devenir un grand parti progressiste ou un parti social-démocrate ? Alexis Tsipras. Cette pensée ne traverse l’esprit de personne à Syriza. Pourquoi la posez-vous donc ici ? Parce que c'est une crainte qui s'exprime. Alexis Tsipras. Une crainte ou un désir ? J’imagine que beaucoup souhaitent voir Syriza devenir un parti social-démocrate. Alexis Tsipras. La social-démocratie à deux expressions en Grèce [Le Pasok et le Mouvement des démocrates socialistes de Georges Papandréou, NDLR], trois en comptant Dimar [Parti pro-mémorandum issu d'une scission de Syriza, NDLR], peut-être plus si d’autres partis se créent. La social-démocratie se trouve dans une impasse stratégique, pourquoi Syriza voudrait-il s’engager dans cette impasse stratégique ? Personne au sein de Syriza ne souhaite cela. Nous ne devons pas nous cacher les problèmes mais y faire face avec honnêteté. Il y a deux ans, en juillet 2013, Syriza tenait son premier congrès. Notre principal but était de créer un parti uni, un parti du futur. Il faut reconnaître que Syriza n’est pas devenu un parti uni. L’effort pour transformer une coalition en parti unitaire était honnête mais nous ne sommes pas parvenus au résultat recherché. La responsabilité est partagée par tous... Alexis Tsipras. Bien sûr ! Je suis le premier à l'assumer. Syriza compte de nombreuses tendances, malgré la décision de former un parti uni. Alexis Tsipras. C’est une réalité. Où se situent les responsabilités ? C'est une discussion. Mais regardons la réalité, demandons-nous comment résoudre ce problème. Un cadre ou un membre du parti qui n’appartient à aucune des tendances constituées n'a pas les mêmes droits que les autres. Tel que je le comprends, cette personne est exclue du processus de décision. Elle n’est même pas tenue informée. C’est dans ce sens que nous devons voir et juger les choses, calmement, à froid, en camarades. Le Secrétariat politique n’est pas le seul centre de décision, il en existe beaucoup d’autres, ces centres s’entrecroisent. Voilà la réalité que nous devons affronter. Pour certains, cette réalité peut être le modèle de fonctionnement moderne d’un parti déterminé. Je peux accepter cela aussi. Mais alors, mettons-y des conditions et des règles. Mon opinion est que cela peut fonctionner, être positif dans le cadre d’un parti pluraliste dans l’opposition. Mais quand un parti exerce le pouvoir, ce modèle n’est pas limité aux affaires internes, il est transposé au Parlement, cela ne peut pas fonctionner. Un parti ne peut pas, quand il est au gouvernement et qu’il s'appuie sur une majorité de 161 sièges, dans le cadre d’un gouvernement de coalition, fonctionner avec des centres de pouvoir parallèles. Qu’il y est une réunion du groupe parlementaire et des réunions dans des hôtels pour que certains députés décident de leur position, cela ne peut pas fonctionner. Je ne dis pas que c’est bien ou mal. Je dis simplement que ça ne peut pas être efficace. On ne peut pas avoir une majorité gouvernementale à la carte. Un coup avec ceux-l&agra |
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