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Xuan
On trouvera certainement d'autres commentaires, je retiens cette vidéo où Juan Branco, sommé par deux journalistes à la botte du pouvoir de dénoncer la violence anti institutionnelle des gilets jaunes, se défend brillamment.
On notera son expression "action carnavalesque" , au sens de "renversement des pouvoirs" , à propos de l'opération fenwick contre ministère, comme son soutien à la collecte en faveur du boxeur Dettinger.

Sur ce terrain particulièrement accidenté de la lutte de classe, où un mot mal placé peut vous conduire rapidement derrière les barreaux, il faut reconnaître à Branco un grand courage au service de la cause du peuple, là où bien d'autres avaient déclaré forfait et désavoué toute forme d'action étrangère au cadre institutionnel et républicain de la bourgeoisie.

Concernant le dernier texte celui de Louise Chelmi & comparses , il présente l'intérêt de remettre à sa place une critique dogmatique et sectaire, où tous ceux qui ne sont pas dans les clous sont rangés dans le même camp que l'ennemi de classe, en l'occurrence Branco est accusé d'être animé par des "ressorts fascisants ou complotistes" , avec "un vocabulaire d’extrême droite, une rhétorique du sous-entendu et des concepts bien foireux" , selon les "anti-autoritaires lyonnais".

Il arrive que dans certaines situations des positions erronées soient lourdes de conséquences, aboutissent au massacre de la révolution, ou bien à euthanasier toute velléité de révolte en l'enfermant dans le réformisme.
Le révisionnisme et le gauchisme ont abouti tous deux à des échecs parfois sanglants.

Aussi la critique est-elle nécessaire.
Elle devrait d'abord distinguer les contradictions au sein du peuple et celles entre le peuple et ses ennemis.
Ensuite s'agissant des contradictions eu sein du peuple, la critique a pour but l'unité et non la destruction.

_______________


Nous devrions aussi adopter une attitude dialectique et non métaphysique dans la critique. Les idées évoluent au fil du temps, à l'exception des réactionnaires invétérés, les positions se transforment selon les aléas de la lutte des classes, dans un sens positif ou négatif, et ne sont pas gravées dans le marbre.

Par exemple j'avais éreinté Chouard dans Chouard – Soral : de l’anarcho-réformisme au national-socialisme, pour sa sympathie naïve envers Soral.
Chouard n'a pas abandonné ses illusions sur la possibilité de transformer la société sans briser l'Etat bourgeois et le RIC en témoigne, je l'ai signalé sur le fil la révolte des gilets jaunes est juste, en parlant de "ses sympathies nauséabondes" .
Les éditorialistes bourgeois n'ont pas manqué de relever sa proximité avec Soral pour discréditer le RIC.
Cependant entre temps sa position a évolué concernant Soral et il s'est relativement éloigné de lui.

On trouve sur le site confusionnisme.info un article dénonçant le mythe : « Etienne Chouard est revenu sur sa sympathie pour Alain Soral » , pour avoir supprimé les liens vers le site E&R, puis annoncé qu’il les remettait « comme portail utile » sans l’approuver, puis qu’il les retirait définitivement.

Chouard écrivait ainsi :
« Dans une vidéo en direct de juin 2014 [vidéo supprimée] Soral dit les mots suivants…et qui me choquent tous profondément ….
Je ne peux évidemment pas valider une parole pareille, froidement raciste, sexiste, autoritaire. Je n’avais jamais vu Soral parler comme ça. C’est u peu un désaveu, parce que je l’ai entendu maintes fois jurer qu’il n’était pas antisémite.
Alors, je cède, je reconnais que me suis trompé, en publiant un lien sans mise en garde : il y a un risque d’escalade des racismes. CE mélange de lutte légitime et courageuse contre de redoutables projets de domination (résistance qui m’intéresse toujours et dont je ne me désolidarise pas) , avec un sexisme, une homophobie, et maintenant un antisémitisme assumés (qui me hérissent vraiment), ce mélange est toxique. Stop....
»
Etienne Chouard le 28/11/2014

[NB : un mois jour pour jour après l'article « Chouard – Soral : de l’anarcho-réformisme au national-socialisme »]

Naturellement Chouard ne mesure pas intégralement la nocivité des propos de Soral en continuant à le considérer comme un "résistant", alors que Soral défend bel et bien les intérêts du capital à travers l'Union sacrée. En outre nous avions démontré que Soral est un nostalgique de l'hitlérisme.
Mais le rejet du racisme et de l'antisémitisme par Chouard ne doit pas être nié comme le fait le site confusionnisme.info, qui mélange de son côté anti sémitisme et anti sionisme.


Edité le 30-05-2019 à 00:14:43 par Xuan


Xuan
Branco se fait aligner assez brutalement le 27 mai sur rebellyon.info :
Le best-seller de Juan Branco, un opuscule problématique
, dans la rubrique "extrême-droite - politicaillerie".
Cet article reprenant Crépuscule ou l’erreur de la confusion publié le 6 mai.


Gilbert Remond m'envoie un contre-article intitulé "Rebellyon se faire ruer dans les brancards par les Stephanois-ses" :


Tous les libertaires ne semblent pas gouter l'anti branciste primaire de leur camarade de rebellyon. Fabien de la librairie terre des livres me fait passer cette réaction de l'un d'entre eux , intellectuel influent de la mouvance anarchiste lyonnaise et familier de la librairie de la Griffe, particulièrement agacé pour ne pas dire choqué par certain de ses coreligionnaires en anti autoritarisme. Cette charge magistrale en est un signe salutaire qui nous laisse un peu moins seul dans la protestation que nous avions exprimé. Finalement les importuns ne sont pas ceux qui sont désigner et je me trouve bien aise de constater que d'autre que moi aient utilisé le terme de chien de garde pour qualifier cette bien bienpensance libertaire devenue tout bonnement censure.

Amicalement Gilbert

______________________



Un article de réponse à l'attaque de Rebellyon sur Branco, par un collectif de Sainté.
C'est assez marrant à lire !
Qui ne sera par contre probablement pas publié sur Rebellyon :

Cher-e-s camarades,

Nous cherchions vainement une mention sur votre site de l’acte XXVI des gilets jaunes du 11 mai, puisqu’il est parvenu jusqu’à nos oreilles que cette manifestation serait régionale, voire nationale à Lyon… quand tout à coup, nous sommes tombés sur votre article sur Juan Branco.

Nous tenons à vous féliciter pour cet excellent article à charge d’une incroyable honnêteté intellectuelle et d’une très grande teneur théorique.

Bravo d’abord pour le parallèle fait entre les idées de Juan Branco et celles de l’extrême-droite : c’est très clairvoyant et d’une grande lucidité. Le qualifier de « mégalomane réactionnaire » est tout à fait opportun. Ce qui manquait à notre combat, c’est un acharnement de ce type sur celles et ceux qui osent appeler à la révolution, surtout lorsqu’ils gagnent une telle audience. Oui, c’est de cela que les Français des classes opprimées ont le plus besoin à l’heure actuelle !

Zut ! Nous nous apercevons que Juan Branco, malgré l’anti-marxisme délirant qui semble être le sien si l’on en croit votre article, emploie bien dans certaines interviews le terme de classes sociales !! Serait-il moins étranger à la sociologie bourdieusienne et à la philosophie marxiste que ce que vous avancez ? Cela semble avoir échappé à votre analyse ! Regarder son interview sur Thinkerview avant de s’attaquer au bonhomme n’aurait peut-être pas été inutile ! Mettons cela sur le compte de l’inattention.

Une autre chose nous turlupine.
Retour ligne automatique Il semblerait que le concept d’oligarchie désigne « une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une CLASSE dominante ». Il ne serait donc pas en soi anti-marxiste de l’utiliser ! Il semblerait que dans la société actuelle ce concept puisse s’appliquer, sans que cela ne remette en question celui de classes antagonistes ! Parler d’oligarques ne reviendrait donc pas à « affirmer qu’un petit patron de droite partagerait les intérêts d’une personne au RSA »...
Retour ligne automatique Mais ce n’est qu’un détail.
Retour ligne automatique Nous apprécions le sens de l’humour si acéré dont vous faites preuve en
qualifiant ceux qui osent parler d’oligarchie, d’antisémites :
voilà un qualificatif on ne peut plus adapté. Ce détournement de vocabulaire est digne de nos plus brillants éditorialistes : bravo. Mais pas si novateur que ça hélas : jadis sur France Culture, Pierre-André Taguieff avait accusé les travaux de Pierre Bourdieu d’être proches de l’antisémitisme au motif que le sociologue y démontrait que les acteurs sociaux agissaient en stratèges. Quel glissement magnifique. Waow.
Retour ligne automatique
Nous n’entendons pas si couramment Juan Branco utiliser le mot «peuple» dans ses analyses moins en tout cas que Chantal Mouffe, théoricienne rattachée à la France Insoumise. Mais peut-être sommes-nous nous aussi frappés de troubles de l’attention.

Prêter à Branco une « rhétorique complotiste » et une pensée comparable à celles de Zemmour, Asselineau et Finkelkriaut, cela ne nous serait pas venu à l’esprit : heureusement que vous êtes-là camarades ! Cela relève même d’un débordement de rationalité !! Hourra.
Retour ligne automatique
Nous qui croyions que remettre en question la version de l’État lorsqu’un événement fâcheux survient à un moment (in)opportun et propice à être instrumentalisé par le pouvoir, de type attentat de Strasbourg au moment le plus intense du mouvement des gilets jaunes, était une démarche saine, normale, logique, notamment lorsqu’on se rattache à une mouvance anti-autoritaire. Heureusement vous nous ouvrez les yeux :
c’est vrai, c’est du complotisme ! Ce serait déplacé de penser que les accusations contre Assange puissent relever d’un complot contre lui.
Vous avez raison : pour être de vrais rebelles, gardons-nous absolument de remettre les versions officielles en cause.
Nous tenions aussi à vous féliciter pour vos références : elles sont magiques.
Retour ligne automatique
Vous prenez un article de l’Express pour argent comptant : voici une référence d’une très grande originalité pour des révolutionnaires, et nous tenons à vous dire BRAVO pour cette innovation. Juan Branco a renoncé à attaquer la rédaction du torchon en justice en dépit d’un niveau de diffamation incroyable – quelle preuve plus grande de son attachement borné aux institutions ?
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Bravo aussi pour votre référence à Lignes de crêtes, site qui qualifie le mouvement des gilets jaunes de fasciste et que vous qualifiez si opportunément de « camarades » ! Cela nous éclaire sur le fait qu’il n’y ait plus grand-chose sur les gilets jaunes sur votre site. Après que l’ultradroite, très minoritaire, a disparu du mouvement depuis décembre au profit des gauchistes, vous n’y êtes plus. Tout s’éclaire camarades !
Retour ligne automatique
De plus, votre renvoi à Slate est on ne peut plus sain, pour des rebelles authentiques.

Vous être aussi d’allègres défenseurs de Gabriel Attal et d’ailleurs nous aimerions nous aussi lui exprimer au plus vite notre solidarité : avez-vous son adresse ?

Enfin, quelle judicieuse référence à l’article de Joseph Confavreux sur Mediapart ! Cette œuvre était si profonde et pertinente ! Elle était d’ailleurs étrangement parue peu après les révélations de
Crépuscule sur la contribution de Niel à la Société des Amis de Mediapart – mais non non non, cette attaque était une pure coïncidence !
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Curieux surtout, très curieux que tout cela passe comme une lettre à la poste auprès de révolutionnaires anti-capitalistes comme vous ! Nous espérons que pour avoir cité l’article de Confavreux, celui de l’Express et celui de Slate, d’un degré de diffamation si élevé, Xavier Niel,
Patrick Drahi et Benjamin de Rotschild sauront vous remercier à la hauteur du service que vous leur rendez.

Il semblerait que Maxime Nicolle ait publiquement regretté d’avoir exprimé par le passé ses likes et autres commentaires ambigus à l’extrême-droite et que le mouvement des gilets jaunes l’ait
quelque peu politisé – mais ce n’est qu’un autre détail. Acharnons-nous sur lui aussi : paf, bien fait pour sa gueule.
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Quant à Etienne Chouard, peu importe qu’il s’attaque à l’emprise des banques et des lobbies sur le pouvoir et la souveraineté populaire. Oui, celui-ci aussi, il n’est pas assez dans le cadre de notre pensée révolutionnaire bien-pensante : éliminons-le.
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Quant à l’article sur L’Incorrect, site d’extrême-droite, vous avez juste omis un détail : d’en lire et d’en analyser le contenu. Branco leur déclare en effet :

« Nous serons par exemple demain probablement l’un et l’autre des ennemis principiels. Et je m’en réjouis : je vais enfin pouvoir me confronter à vous, à vos présupposés que je considère malsains, et par la force de l’idée et du rapport social, engager une bataille qui n’aura plus rien à voir avec les arrangements oligarchiques qui ont jusqu’ici présidé. C’est infiniment plus risqué, et je mesure les dangers d’une confrontation dont vous pourriez sortir victorieux, les immenses pertes que cela susciterait. »

Juan Branco y explique aussi avoir « outé » Gabriel Attal de manière involontaire, justement parce qu’il avait intégré l’homosexualité comme quelque chose de tellement normal dans notre société qu’il ne se doutait pas que la relation ne soit déjà publique. Peu importe : continuez de le
qualifier d’homophobe ! Nous trépignons d’impatience que vous ajoutiez le lien vers les propos sexistes envers ses camarades de lycée, en espérant que cela sera aussi convaincant et drôle !
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Parler à la presse d’extrême-droite est certes peu reluisant, mais en quoi est-ce mieux au que de se revendiquer de Slate ou de l’Express ?
Signalez-nous alors au moyen d’une liste quels sont les bons et les mauvais bourgeois camarades ! Car nous nous perdons.
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Enfin, Juan Branco est tellement carriériste qu’il s’est précipité à l’extérieur du système quand sont arrivés les gilets jaunes ! Là encore, quelle incroyable bonne foi que cette analyse !

Vous oubliez de dire à quelle fins Branco recommandait de « caillasser la CGT » en janvier. C’est parce que le syndicat, en bon gardien du pouvoir et de l’État que vous dites combattre en première ligne, avait oublié de soutenir le mouvement des gilets jaunes au moment où il pouvait faire basculer les choses : en décembre.
Souvenirs émus à Bernard Thibaut, qui en 2003, alors que flambaient les sièges du MEDEF à travers la France, déclara courageusement : « une grève générale ne se décrète pas ! ».

Vous semblez vous effarer du désir de création d’un tribunal révolutionnaire et d’un jury de citoyens tirés au sort, au bénéfice des classes opprimées. Louis XVI, après sa trahison, aurait-il dû être massacré dans un fossé à Varennes ? Ou exilé à Londres sans jugement ?
Nous ne savons s’il faudrait faire des listes ; de là à en être effarés... Voyez-vous, votre effarement semble dû à un manque de lectures et de culture historique sur la révolution française. Nous
pourrions vous recommander de lire Eric Hazan ou, plus classique, Albert Soboul qui semble répondre à vos critères marxistes.

Nous attendons avec impatience votre prochaine charge contre Frédéric Lordon, contre Aude Lancelin, contre Le Comité invisible ou contre Lundi Matin, ces gens qui ne sont pas des vrais révolutionnaires comme vous.
Nous restons à votre disposition pour vous désigner lequel ou laquelle de ces coupables vous devriez attaquer en priorité : car oui, camarades, il n’existe pas moyen plus judicieux de servir la lutte des classes !

Bon courage enfin camarades, parce qu’avec un tel niveau de réflexion, la révolution ne va pas être facile pour vous. Nous pensons en fait que si nous la faisons un jour, ce sera sans vous. Contre vous ?

Ce qui est génial, depuis quelques mois, c’est que tous les masques tombent.
Retour ligne automatique
Nous qui regardions si régulièrement Rebellyon pour nous informer des luttes… Vous ne pouviez nous convaincre plus efficacement d’arrêter.
Après notre décision de boycotter Mediapart, vous nous aidez à faire le ménage : vous nous faites gagner un temps précieux et nous vous en remercions.

Nous voulons nous aussi vous rendre un service, camarades, en vous suggérant :
Retour ligne automatique.
soit de faire quelques lectures avant de vous mettre à écrire, et nous pensons que vous avez du pain sur la planche. Nous craignons qu’à terme, votre anti-fascisme de façade vous fera basculer du côté des alliés du fascisme et de celles et ceux qui ne pensent pas. N’a-t-on pas vu Staline abandonner les Républicains espagnols, un peu trop hérétiques sans doute mais surtout beaucoup trop concurrents de Moscou ?
Retour ligne automatique.
soit de vous orienter vers un type d’activité qui correspond mieux à vos compétences : l’horticulture, la poterie, ou le canevas.
Retour ligne automatique.
en attendant, de changer de nom : nous vous proposons «pseudo-rébellyon », ou « chiens-de-garde-orthodoxes », ou encore «marxistes-fatigue-e-s ». Le passé étant le passé, pour les raisons
sus-citées, nous trouvons Branco bien plus éloigné que vous de la mouvance PS que vous prétendez combattre aujourd’hui.

Une question reste en suspend : QUI vous a payé pour écrire un tel poème ?

Louise Chelmi & comparses


Edité le 30-05-2019 à 00:17:02 par Xuan


Xuan
J'avais déjà mis en ligne un article critique à propos de Juan Branco sur le fil "la révolte des gilets jaunes est juste" :

« Caillasser » la CGT ? Réponse à Juan Branco
article de Guillaume Goutte du 04/04/2019 publié sur mediapart
en regrettant la mise en page défectueuse mais incorrrigible de l'article, pzorba75 avait relevé l'intérêt de la réflexion de Branco.
En effet, en portant la voix des gilets jaunes, Branco a parfois transmis des aspects fondamentaux, révolutionnaires de ce mouvement.

_____________________


Le 7 mai Gilbert Remond du réseau "faire vivre et renforcer le PCF" m'a fait parvenir un autre article sur Juan Branco :

https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/des-grandes-ecoles-aux-gilets-jaunes-en-passant-par-wikileaks-qui-est-juan-branco-l-auteur-de-crepuscule-en-guerre-contre-macron_3421861.html

Des grandes écoles aux "gilets jaunes" en passant par WikiLeaks : qui est Juan Branco, l'auteur de "Crépuscule" en guerre contre Macron ?


S'appuyant sur le succès de son livre, l'avocat de WikiLeaks et de Julian Assange est parti en croisade contre le président de la République, l'oligarchie et les médias, sans craindre de se faire des ennemis en route.

Clément Parrot 07/05/2019

"Le fonctionnement de l'espace médiatique et ses asservissements produisent un système en vase clos, avec une oligarchie à sa tête" , martèle Juan Branco en tapant régulièrement du poing sur son ouvrage Crépuscule. L'avocat de Julian Assange reproche aux médias de ne pas donner plus d'écho à son livre, pourtant en tête des ventes d'essais en France. Cette tête pensante des "gilets jaunes" a déclaré la guerre à l'oligarchie et à la Macronie. Devant une orange pressée, au fond d'un café du 4e arrondissement de Paris, la mine fatiguée et les cheveux ébouriffés, ce jeune homme en colère qui rêve de changer le "système" revient sur son parcours.

Un CV de six pages
A 29 ans, Juan Branco donne parfois l'impression d'avoir déjà tout vécu, à l'image de son CV disponible en ligne, où les diplômes prestigieux disputent la place aux multiples publications. "Quand on rédige un CV universitaire, on est obligé de recenser tout ce qu'on a fait, explique-t-il. Cela donne des CV de six pages. Ce n'est pas par prétention, j'ai aussi un CV pro d'une page."
Quand L'Express l'accuse d'avoir embelli la réalité en mentionnant avoir été "chargé de séminaire" à l'ENS (Ecole normale supérieure), alors qu'il s'agit d'un exercice scolaire pour normalien en devenir, il voit rouge : "Cela ne change strictement rien dans les faits, que ce soit organisé par un élève ou non, c'est vraiment une tentative pour me faire passer pour un affabulateur." L'ancien de Sciences Po Paris n'est pas peu fier du chemin qu'il a parcouru, notamment quand il évoque sa thèse de droit, qu'il dit avoir écrite en huit mois. "Il y a un truc vraiment particulier dans mon rapport au temps, ça va très vite" , explique l'avocat.
Cela a toujours été très facile pour moi au niveau des études, même si je n'ai jamais été premier de la classe.
Pour comprendre cet empressement, il faut revenir aux racines familiales. Après sa naissance à Estepona en Espagne, il émigre avec ses parents et grandit entre le 5e et le 6e arrondissement de Paris. Fils de Paulo Branco, producteur portugais de cinéma d'art et d'essai, et de la psychanalyste espagnole Dolores López, le petit Juan ressent très vite une certaine pression à la maison : "Il y avait une exigence énorme de mes parents vis-à-vis de moi, à tous les niveaux. Tous ces grands réalisateurs avec lesquels mon père a travaillé, ce sont des gens qui ont un rapport à l'intellectualité extrêmement exigeant."
C'est le plus bel héritage qu'ils m'ont donné. Moi, ce sont les films de Bergman et de Ford que je regardais gamin
.

Vient le temps des bancs de l'Ecole alsacienne, école privée prestigieuse de la rive gauche parisienne. "On peut s'y reproduire et socialiser sans crainte d'être contaminé par de mauvaises fréquentations" , décrit Juan Branco dans Crépuscule. Il profite de ce passage pour s'attaquer sans ménagement au secrétaire d'Etat Gabriel Attal, parfait exemple de"népotisme" au sommet de l'Etat, selon l'auteur.

Le Skyblog de la discorde
Selon plusieurs anciens camarades d'école, une profonde inimitié entre Branco et Attal serait née au début du lycée, en raison d'une histoire de Skyblogs créés en 2004 se livrant à des commentaires sur le physique des lycéens. "C'est Gabriel qui a été traumatisé (…). Il m'a menacé de procès, de me faire virer de l'école, mais moi je n'ai jamais été affecté par ça" , assure aujourd'hui Juan Branco, qui reconnaît avoir été coadministrateur du blog. "Il ne m'a rien fait de mal, Gabriel. Je le vois juste comme quelqu'un qui représente des idées qui sont détestables pour moi."
On ne s'est jamais parlé, on n'a jamais été intimes avec Gabriel. Je n'ai pas d'amis dans ces sphères-là .
Cette histoire de Skyblog laisse des traces. Dans cet internet débutant et immature, les commentaires vulgaires fusent sans filtre. "On se sentait un peu mal. On avait peur d'avoir un mauvais commentaire, c'est quand même un peu violent" , témoigne une ancienne élève. "Juan Branco, à l'époque, c'était celui qui aimait pirater les comptes mail. Il était très branché nouvelles technologies" , se souvient un autre camarade resté proche de Gabriel Attal. Au-delà de son côté "geek", le jeune Branco joue parfois, selon les témoignages, de sa position. "C'était le fils du grand producteur qui allait tous les ans au Festival de Cannes et qui nous racontait les dîners avec Catherine Deneuve" , raconte un autre ancien du clan Attal.

Je me souviens d'un garçon gentil, timide, intelligent, mais aussi un peu mégalo et avec un truc de manipulation assez prononcé.Un ancien de l'Ecole alsacienne
"Je trouve ça vraiment injuste , réagit Juan Branco. J'ai eu très vite une paranoïa du côté 'fils de', j'avais l'obsession de me construire par moi-même." L'ancien candidat de La France insoumise se souvient au contraire de son regard critique sur le fonctionnement de l'Ecole alsacienne : "J'avais déjà un grand mépris pour le conformisme de tous ces héritiers, ces bourgeois. J'étais en tension très forte avec cet entre-soi."

Cinéma et villepinisme
Juan Branco entre en 2007 à Sciences Po Paris, où il trouve rapidement ses marques. Il reprend un ciné-club à l'état végétatif et ramène le gratin du cinéma français rue Saint-Guillaume. "Je me souviens d'une projection avec Catherine Deneuve, d'une autre avec Louis Garrel et Christophe Honoré" , raconte un ancien du ciné-club. "Du coup, il remplissait l'amphi de 700 places avec des films assez confidentiels, comme Ma mère [réalisé par Christophe Honoré et produit par Paulo Branco]."
A l'époque, le jeune étudiant se cherche un peu politiquement. Après s'être présenté sur une liste des Verts aux municipales en 2008 à Paris, il crée à la fin de sa deuxième année le "think tank" Jeune République, identifié comme proche de Dominique de Villepin. "Sur les idées, il y a toujours eu une certaine cohérence, par contre je me suis cherché sur la façon de les défendre" , explique-t-il. Lancée après plusieurs rencontres avec l'ancien Premier ministre, la structure prend vite sa liberté. "Villepin pensait créer un proto-parti et s'est retrouvé avec un truc qui n'en fait qu'à sa tête" , assure-t-il. L'étudiant organise des conférences, édite une revue où l'on parle aussi bien du système carcéral que de géopolitique ou d'économie. "Je n'ai jamais perçu ça comme un instrument au service de la conquête du pouvoir de Villepin" , confirme un ancien présent à la création de Jeune République.

Les tentations du "système"
Pour le reste, Juan Branco s'investit peu rue Saint-Guillaume, d'autant qu'il étudie en même temps le droit et la philosophie à la Sorbonne. "Il avait un peu de mal à tout faire. Chaque année, il passait un peu à l'arrache, il était ric-rac sur ses notes" , se souvient un ancien ami. "Je garde le souvenir d'un mec souvent absent, faisant le minimum. C'était l'une des figures de la promo et en même temps quelqu'un d'assez taiseux, discret ", confirme un autre étudiant.
J'étais vraiment dans mon monde. J'avais ma copine, mes activités associatives et je faisais le minimum syndical, ça ne m'intéressait pas plus que ça .Juan Branco
à franceinfo
Cette attitude ne l'empêche pas de se rapprocher de Richard Descoings, emblématique directeur de l'institution. Il se retrouve chargé de prendre des photos pour alimenter le compte Facebook du responsable de l'école. Cette proximité engendre des jalousies. Des étudiants moquent, dans un journal universitaire, "ceux qui passent pour les 'gigolos du directeur'" , raconte la journaliste Raphaëlle Bacqué dans son livre Richie (Grasset, 2015).
A la mort de Richard Descoings en 2012, sa veuve Nadia Marik amène le jeune homme devant la dépouille de son ancien directeur. Elle lui demande ensuite de prononcer une oraison funèbre au nom de tous les étudiants depuis le chœur de l'église Saint-Sulpice. Juan Branco analyse aujourd'hui cette période comme une succession de tentatives de l'élite pour le corrompre. "Toutes les flatteries étaient instrumentales, avaient l'objectif de m'absorber pour me faire servir le système" , assure Juan Branco dans une interview sur Thinkerview.

"Il a exigé de devenir directeur de cabinet"
Ce "système", Juan Branco ne le refuse pas de suite. En 2012, à 22 ans, il devient collaborateur parlementaire d'Aurélie Filippetti. Du moins, sur le papier. En réalité, il travaille pour la campagne présidentielle de François Hollande au pôle "culture, audiovisuel et médias" dirigé par la députée socialiste de Moselle. Fort de son expérience acquise dans son combat contre la loi Hadopi, il revendique avoir occupé un poste de directeur de cabinet de la future ministre de la Culture. "Il y avait des élus à gérer et tout, j'ai fait un vrai travail de cabinet. Et elle m'appelait comme ça" , assure-t-il en renvoyant à des articles et à un message vocal laissé par la députée où elle lui propose ce poste.
Jointe par franceinfo, Aurélie Filippetti fulmine : "C'est ridicule. Il n'y a pas de directeur de cabinet pour un député. C'est ce que je lui ai expliqué vingt fois." L'ancienne ministre croit se rappeler que le jeune homme lui a été recommandé par Richard Descoings, mais elle ne garde pas un bon souvenir de cette collaboration : "Il est dangereux. Il a du talent, il est intelligent, au début on se laisse prendre. Mais au bout d'un moment, il se retourne contre vous. Il a exigé, quand je suis devenue ministre, de devenir directeur de cabinet, à 22 ans… Je lui ai dit que ce n'était pas possible. Il en a pris ombrage."
Il est à la fois mégalo, mythomane et très, très manipulateur .Aurélie Filippetti à franceinfo

Après cette première expérience politique, tout s'enchaîne très vite. Il travaille pendant un an au Quai d'Orsay comme collaborateur extérieur, "avec le conseiller spécial de Fabius sur les discours et les droits de l'homme." Il termine ses études à l'ENS et part à Yale en 2013, en tant que chercheur invité. Dans le cadre de sa thèse sur la Cour pénale internationale et les questions liées aux violences de masses, il s'intéresse à la situation en Centrafrique et se rend sur place. "J'arrive en plein cœur de la guerre civile, au point qu'au moment où j'atterris je me demande ce que je fous là. L'aéroport était devenu un camp sauvage de 100 000 réfugiés" , raconte-t-il.

De WikiLeaks aux "gilets jaunes"
Juan Branco trouve un engagement à sa mesure auprès de Julian Assange. Après quelques mois en tant que bénévole, il est recruté pour coordonner l'équipe juridique du fondateur de WikiLeaks, en 2015. "J'ai commencé à bosser avec l'ensemble des 80 avocats qui travaillaient avec Julian, des pontes comme Amal Clooney" , raconte-t-il. Le jeune homme commence à s'exposer dans les médias, à l'image de ce long portrait que lui consacre "Le Supplément", sur Canal+, en 2016. Mais au fil du temps, l'expérience se révèle éprouvante, en raison de "la violence politique" qu'il ressent lors de ce combat.


Au cours de cette période, il est également embauché par l'institut Max Planck au Luxembourg. Il gagne alors 8 000 euros de salaires cumulés, mais ne trouve pas le bonheur pour autant. "Je ne savais pas quoi en faire. C'était un peu déstabilisant. J'ai hésité à acheter une Mazda MX-5" , sourit-il. L'expérience ne dure pas et, en 2016, le jeune avocat revient à Paris et connaît une période difficile. "Il y a une vraie rupture, parce que mes parents se séparent. Je me retrouve dans un moment de précarité extrêmement intense, raconte-t-il. Ceci explique cela" , dit-il en désignant son livre. "Toute cette rupture que j'ai connue il y a trois ans a produit cet ouvrage." Il finit par toucher le RSA (revenu de solidarité active), avant de se donner un peu d'air avec les 7 000 euros d'à-valoir touchés pour Crépuscule.
T'es sur le canapé de tes parents avec les huissiers autour, et tu te dis 'merde, t'as 27 ans, tu t'es comporté comme un gamin' ... Juan Branco à franceinfo
Avant de rejoindre les "gilets jaunes", il fait un détour par la case La France insoumise en se présentant aux élections législatives en Seine-Saint-Denis. Il termine en 4e position du 1er tour, avec 13,94% des voix. Depuis, les rapports avec Jean-Luc Mélenchon, dont il a été l'avocat sur un dossier, sont plus distendus. "Je m'entends bien avec Mélenchon comme personne, même si je pense qu'il a été un peu couard à un moment. Mais il ne s'est jamais mal comporté avec moi" , lance-t-il. "Ils ne sont pas fâchés, en revanche politiquement ils ne sont pas forcément d'accord" , précise l'entourage du leader de La France insoumise. Quand Juan Branco appelle à l'abstention pour les européennes, il reçoit ainsi sur son téléphone un message de désapprobation de l'ancien candidat à la présidentielle, lui demandant d'arrêter.
Idéologiquement parlant, ça me semble toujours être l'offre politique la plus intéressante. Mais je suis convaincu que ce n'est pas à l'intérieur du système qu'on trouvera la solution. Juan Branco, à propos de La France insoumise à franceinfo

L'avocat des "gilets jaunes"
L'avocat au barreau de Paris, qui a prêté serment en avril 2017, se rapproche alors des "gilets jaunes", dont il soutient l'action très tôt, comme le prouve son intervention sur le plateau d'Arte, diffusée le 17 novembre, jour du premier samedi de mobilisation. Depuis, il est régulièrement en tête des cortèges, comme lors du 1er-Mai, et était même présent lors de l'épisode du Fenwick, quand un chariot élévateur a été utilisé pour forcer les portes du ministère de Benjamin Griveaux.

Il défend gratuitement plusieurs manifestants et se rapproche de certaines figures du mouvement, comme Maxime Nicolle, alias "Fly Rider". "Il m'a donné des conseils juridiques sur comment éviter les problèmes, comment faire en cas de poursuites" , confie ce dernier, parfois épinglé pour avoir diffusé des rumeurs en ligne. "Oui, mais contrairement à Soral et compagnie, Maxime le fait par naïveté et innocence, répond Juan Branco. Il apprend (...) et il corrige au fur et à mesure. Il n'avait pas les outils au départ."
Juan Branco présente d'ailleurs son livre comme "un outil anti-complotiste". Un argument qui lui vaut d'être la cible, ces derniers jours, d'attaques venues de l'extrême droite, lui reprochant de venir du "système" et d'éviter le sujet de la franc-maçonnerie. "Ils ont commencé à dire que j'étais un sataniste, un infiltré, un franc-maçon..." , souffle-t-il. Désormais, certains manifestants viennent lui demander des comptes dans les cortèges. Pour leur répondre, il s'est senti obligé de publier une vidéo. Mais il en faut plus pour faire taire celui qui appelle à une destitution d'Emmanuel Macron. "Il y a une vraie urgence sociale en France. Et c'est pour ça que j'y vais au 'Fenwick' dans le bouquin, pour qu'on en prenne conscience."


Edité le 29-05-2019 à 23:17:34 par Xuan


 
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