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 Goodyear : la lutte est toujours remise en cause

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Xuan
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   Posté le 03-10-2012 à 22:49:38   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sources : ouvalacgt
Jacques Tourtaux

Que se passe-t-il à Goodyear ?


Jeudi dernier 27 septembre, la direction de Goodyear annonce le retrait du Plan de Départs Volontaires, dont la négociation avec la CGT était en phase de finalisation (Voir les articles du Monde des 27 et 28 septembre, ainsi que ceux de l'Usine Nouvelle également des 27 et 28 septembre).

Enorme coup de tonnerre ! En effet, lorsqu'au début du mois de Juin la CGT publiait un communiqué de triomphe annonçant le retrait de l'hypothèse PSE et la négociation de ce plan, avec le maintien de l'activité tourisme, tout le petit monde médiatique, des blogs syndicaux à la presse officielle (Le Monde, Les Echos...) a repris pour agent comptant le discours de la direction syndicale, sans vraiment s'interroger au fond.
Jusqu'à la Confédération qui elle se couvre de ridicule en publiant dans "Ensemble" du mois de Septembre, quelques jours avant l'annonce, un article de victoire (ci-contre).

Enorme coup de tonnerre donc, à tel point que la CGT de l'usine a suspendu la mise en ligne de son site dès le Jeudi 20 septembre (et toujours pas réapparu aujourd'hui) peut-être pour éviter que l'on revienne sur les archives ?

Le blog "Où va la CGT ?" a été LE SEUL à s'interroger à l'époque ("Goodyear : prudence et attention aux effets d'annonce").
Nous nous citons :
" - Le PSE est officiellement retiré et c'est évidemment une bonne nouvelle, mais il avait été suspendu et enserré dans un tel carcan de conditions juridiques que Goodyear ne perd pas grand chose à l'annuler. L'arrogance de la direction l'avait menée à l'impasse, c'est l'occasion pour elle d'en sortir en souplesse.
- Un plan de départ volontaires est, quoi qu'on en dise, un plan de restructurations. Quelles sont les conditions de cette restructuration, alors que chacun sait que l'usine est archi-pourrie, vétuste (bien plus que l'ex-usine Continental) et tourne au ralenti ? Rien n'est annoncé, quels investissements et remise à niveau par exemple.
- La CGT affirme que l'activité tourisme se poursuit, mais ne précise pas dans quelles conditions (nouvelle restructuration avec Dunlop ?). L'activité agraire, de son côté est plus que rentable et les négociations n'ont jamais été interrompues pour la revente au groupe Titan.

Quand on lit en parallèle la presse patronale, on s'aperçoit qu'elle est nettement plus nuancée. (...) : "De son côté, la direction, jointe par Usinenouvelle.com, indique que la "stratégie de désengagement du groupe reste la même" concernant ce site.". Comme indiqué dans l'article, on attend donc les modalités sociales, mais aussi économiques de ce désengagement (ou réengagement si on écoute la CGT).

La crise mondiale se poursuit et s'aggrave même dans l'automobile , avec multiplication de vagues de restructurations (par exemple PSA et GM). Le secteur des pneumatiques ne peut évidemment pas rester à l'écart, comme on l'a vu avec les Contis et comme on voit également les difficultés dans l'usine Dunlop, de l'autre côté de la route. Quid de Goodyear là-dedans ?

Si l'on veut pouvoir crier victoire, il faut donner les conditions économiques concrètes et précises des maintiens des deux activités et des emplois correspondants. Faute de quoi on brasse beaucoup de vent, on agite le petit monde médiatique, mais on démobilise les travailleurs.

La CGT Goodyear mène le combat contre la restructuration avec détermination depuis des années, elle doit donner aujourd'hui tous les éléments aux travailleurs de l'usine pour apprécier le contenu de cette victoire."



Nous renvoyons nos lecteurs à l'article original, qui reproduit également les doutes de l'Usine Nouvelle.
Il faut dire que la direction de Goodyear s'est prêtée à ce petit jeu d'intoxication. (voir la note de service de juin ci-contre). Elle restait complètemet discrète sur ses intentions véritables, hormis cette déclaration sybilline au journal patronal, et durant l'été elle multipliait les notes de service positives.
Pour arriver au clash de fin septembre, autour d'une contestation juridique que nous livrons telle quelle (c'est nous qui rédigeons) :
- la direction considère que la signature du PDV doit s'accompagner d'un "accord de méthode", ce que refuse la CGT qui considère que l'on revient alors vers un PSE masqué, et la garantie de deux ans donnée par le repreneur de l'activité agraire est insuffisante et exigée à cinq ans -
On trouvera ci-contre les deux tracts de la CGT Goodyear des 27 (ICI) et 28 ( LA) septembre que nous nous sommes procurés après la fermeture du site Internet.

Nous ne rentrerons pas dans cette discussion juridique, elle n'a aucun sens, sinon de donner l'impression d'une sorte de poker menteur entre la direction et la CGT.
Le fond de l'affaire est de savoir 1) s'il s'agit bel et bien d'une restructuration 2) si derrière on est bien en route vers la fermeture de l'activité tourisme dans le cadre de la crise de l'automobile. Il faut savoir que depuis juin, la situation économique s'est encore dégradée dans l'autre usine, Dunlop, de l'autre côté de la rue...

Ce que nous reprochons à la CGT Goodyear, ou plutôt à son équipe dirigeante, c'est d'avoir depuis deux ans totalement orienté l'activité syndicale sur le terrain judiciaire ("Mickaël Wamen, syndicaliste chez Goodyear : la lutte passe par le juridique"), de procès en procès, poussé par une association étroite entre le délégué syndical Mickaël Wamen et l'avocat Fiodor Rilov, qui maîtrise d'ailleurs fort bien le droit du travail et le droit des entreprises.
Il est vrai que des procès ont été gagnés, que le PSE a été quasi bloqué.
Mais peut-on se contenter de dire que la direction est incompétente, ou menteuse ? A lire les réactions, on a l'impression que tout est affaire de comportement, de juridique, d'attitude des uns et des autres.

Or, accord de méthode ou pas, engagements sur cinq ans ou sur deux ans, il s'agit de la restructuration de Goodyear dans la crise mondiale du capitalisme et en particulier de l'automobile (n'en déplaise à tout le monde).
Et ça, on aimerait que la CGT Goodyear en parle un peu plus, parce que ça permettrait de mieux expliquer ce qui se passe et de mobiliser sur une base claire et anti-capitaliste.
Aujourd'hui, l'équipe de la CGT Goodyear cherche à mobiliser sur une base juridique , en s'imaginant quelque part que le droit, les procès, la justice, sont neutres et plus ou moins équitables, et qu'on va pouvoir gagner la lutte comme ça contre le capital et la guerre économique mondialisée. Avec l'aide de Hollande peut-être ?

Alors, nous le disons franchement, imaginer qu'on va pouvoir gagner une victoire ouvrière en rase campagne face au capital devant les tribunaux, c'est juste un rêve !!! Peut-être que la direction de Goodyear est "mauvaise", mais au final elle se débrouillera pour avoir le droit avec elle.
Nos camarades de Sodimedical viennent de le vivre durement : malgré de multiples jugements gagnés et confirmés, elles sont licenciées. Et pour ceux qui en douteraient, un arrêt récent de la Cour de Cassation ("Licenciements économiques : les enjeux d'un arrêt de la Cour de Cassation" remet les pendules à l'heure.



Aujourd'hui, les secteurs syndicaux radicaux (dont la CGT Goodyear d'ailleurs, voir leur tract d'appel au Salon de l'Auto ci-contre) revendiquent "une loi pour interdire les licenciements" , et cela va même très probablement être un mot d'ordre du rassemblement au Salon de l'Automobile ("L'enjeu syndical du Salon de l'Automobile 2012").
Vous imaginez Hollande-Montebourg faire cela ? Vous imaginez les capitalistes laisser faire sans rien dire ? Vous imaginez une loi "anti-capitaliste" dans une société capitaliste ?

Les camarades de Goodyear ont depuis cinq ans freiné les restructurations, c'est à leur honneur. En 2009 en particulier avec les Contis, ils ont été à la pointe de la mobilisation ouvrière contre une vague précédente de restructurations dans l'automobile.
Trois ans plus tard, ils se sont embourbés dans le juridique et dans les illusions qui l'accompagnent.

Les camarades seront probablement encore nombreux au Salon, à côté des PSA et des Renault. Maintenant, il faut reprendre le fil de la lutte des classes, sur le terrain, dans un contexte de crise accentuée qui s'est durci.
Quelles que soient les manoeuvres, les objectifs de la direction n'ont pas changé : fermer le tourisme, revendre l'agraire à Titan, et se débarrasser d'une manière ou d'une autre (y compris avec un Plan de Départs Volontaires) des effectifs excédentaires.
Nous, notre objectif de prolétaires, c'est "Zéro licenciement !", et si le juridique peut éventuellement aider, ce n'est que le rapport de forces, la lutte des classes, qui peut permettre d'avancer.

Les semaines à venir vont être décisives à Goodyear, quand la direction dévoilera ses nouvelles perspectives, et d'autres rebondissements ne sont pas exclus (y compris un retour à la négociation sur d'autres bases).
Mais dès à présent, la leçon est claire : les lois, le droit, la justice ne garantissent rien du tout et trouvent toujours leurs limites dans la société dont ils sont la couverture légale : une société d'exploitation et de profits, une société capitaliste.

______________



Commentaire de J. Tourtaux :

CAMARADES, BIEN VU ET FELICITATIONS POUR VOTRE CLAIRVOYANCE.

Je n'ai de cesse de dénoncer sur mon blog les dangers de la saisine des tribunaux dont les résultats aléatoires sont souvent au désavantage des salariés.

Le combat de classe se mène à la base et sur le terrain, sur le lieu de travail mais pas dans les tribunaux qui ne sont que des palliatifs et rendent hélas très souvent des jugements favorables au patronat, la justice de la classe capitaliste.

Ci-dessous ce que je trouve lorsque je clique sur le site CGT goodyear.

Votre site est actuellement en Parking chez Oxyd.fr

Hébergement Web - Serveurs Dédiés - Housing - Infogérance - Noms de domaines

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   Posté le 04-10-2012 à 07:18:26   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Au sujet de la question sur la loi et notamment sur l'interdiction des licenciements. Je signale une vidéo intéressante sur le site de la bas.org
Cette vidéo a été tournée cette année 2012 à la fête de l'Huma (et diffusée à la radio par Mermet). Et sur cette vidéo nous avons une illustration du comment le P"C"F et le FG abordent le sujet des lois dans le cadre du combat de classe. C'est derrière un discours pseudo-radical les conceptions du réformisme...

l'émission autour de Mermet : les ouvrières des 3 suisses (les licenci'elles), Fiodor Rilov -avocat- et Mélenchon
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2540

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   Posté le 03-12-2012 à 15:40:28   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Source oùvalacgt

Statu quo délétère chez Goodyear


Dans un article précédent ("Que se passe-t-il à Goodyear ?"), nous revenions sur le coup de tonnerre de l’abandon du plan de départs volontaires (PDV) sur le point d’être signé entre la CGT et la direction.
Depuis, peu de choses ont changé, c’est le statu quo (c’est d’ailleurs le titre d’un tract du syndicat) mais dans une ambiance pourrie, tendue et désabusée. Revenons sur ces deux derniers mois.

Les manœuvres de la direction



L’abandon surprise et au dernier moment du PDV a amorcé une nouvelle étape, extrêmement incertaine et tendue, où chacun sait que la direction prépare quelque chose, mais sans aucune information.

A peine le plan enterré, la direction annonçait début octobre une nouvelle réduction du « ticket », c'est-à-dire des quotas de production, bien entendu liée à la crise mondiale de l’automobile, aux évolutions du capitalisme mondialisé, quoi. D’ailleurs, dans les autres usines du groupe, des baisses similaires ont lieu, souvent associées à du chômage partiel. Il faut savoir que l’usine tournait déjà au ralenti, et que la plupart des ouvriers ne travaillaient que la moitié du temps, le reste à glander, discuter, jouer aux cartes… Une situation difficile à vivre pour chacun, dans l’incertitude, et c’est aggravé avec la nouvelle baisse de production (même si on ne va pas se plaindre d’être payé à ne rien faire !)

Comme si cela ne suffisait pas, cette baisse de production est appliquée de manière différenciée, renforçant les divisions. Certains n’ont plus rien à faire de la journée (et même quasiment interdits de travailler !), d’autres voient leur charge de travail maintenue… (voir l'article du syndicat ICI). En parallèle, la direction serre les boulons partout : on parle de fermer la cantine, de "sécuriser" les vestiaires hors des heures d’usage, les convocations pour entretien se multiplient sous tous les prétextes. Que cherche la direction ? A pourrir encore plus l’ambiance déjà pas tip top ? Face à ces manœuvres, la CGT avait envisagé une procédure judiciaire en harcèlement, en collectivisant les plaintes individuelles. Pour le coup, le juridique aurait pu servir. Mais la proposition n’a pas dépassé le stade de l’effet d’annonce.


L’arrêt brutal du PDV provoquait évidemment la frustration, voire la colère des anciens qui se voyaient déjà partis avec le pactole, comme CGT et direction l’avaient annoncé fin juin. Septembre, fini, plus rien : les boules quoi… Dans cette ambiance particulière, le mécontentement des anciens s’est exprimé par une pétition qui a regroupé une centaine de signatures (ce n’est quand même pas rien…) demandant à tous de partir et donc de signer le PDV, sous entendu sans conditions. Précisons que cette pétition n’est pas directement à l’initiative de la direction (et pas non plus de SUD d’ailleurs), mais qu’on peut sans difficulté imaginer qu’elle a été encouragée par elle pour ses objectifs propres. Comment comprendre qu’elle ait jugé bon de faire un courrier de réponse nominatif à chaque signataire pour enfoncer le clou (voir le courrier ci-contre) ?

Que cherche donc vraiment la direction ? Deux mois après l’abandon du PDV, toujours rien. Avec la réduction de la production, des ouvriers sont payés à ne rien faire. Mais il n’y a même pas de chômage partiel… Tiens donc ? Comment ne pas faire le lien avec le fait que l’APLD interdit tout plan social pendant un certain temps ? Il y aurait donc peut-être un nouveau futur PSE à venir, dans la mesure où contrairement à ce que claironne la CGT rien n’est verrouillé au plan juridique, d’ailleurs ça se saurait si un procès pouvait en empêcher une restructuration ! Au contraire, la jurisprudence récente de la Cour de Cassation (lire «Licenciements économiques : les enjeux d’un arrêt de la Cour de Cassation» ) permet désormais aux entreprises de faire un PSE sans avoir à se justifier au plan économique. La seule obligation dans ce cadre pour l’employeur est à ce moment celle de propositions sérieuses (?!) de reclassement et de contreparties, on peut alors tout imaginer… Part exemple un futur plan social « groupe », lié à l’autre usine voisine de Dunlop quand les échéances de l’APLD seront passées sur cette usine ?

Contrairement à ce qu’a toujours dit la CGT, la direction de Goodyear a peut être fait des erreurs, mais elle a manœuvré habilement, en manipulant tout le monde, la CGT, SUD, les anciens… La direction locale n’y connaît peut-être rien, mais à Nanterre ou aux Etats-Unis, il y a évidemment un projet sur le feu, et il est plus que temps de préparer la riposte, en refusant déjà ces manœuvres délétères de division et opposition…

L’impasse de la CGT et l'AG du 22 octobre

Après l’abandon surprise du PDV, la CGT a convoqué une assemblée générale le lundi 22 octobre, à l’extérieur de l’usine, à laquelle ont participé entre 180 et 200 personnes. Une participation certes pas massive, mais quand même significative.

La première chose notable des interventions, c’est le refus de rentrer dans les projets de la direction, la fermeture du tourisme et les licenciements. La CGT refuse de signer le PDV assorti d’un PSE, refuse de ne regarder que par le petit bout de la lorgnette et de valider les départs des anciens sans garantie pour ceux qui restent, et c’est à son honneur. Lors de l’assemblée, Mickaël Wamen insistera à plusieurs reprises sur le fait que la CGT a été élue avec 87% des voix pour la défense de l’emploi, et pas pour sa liquidation. Et qu’on ne peut pas accepter de liquider la majorité pour le seul profit d’une minorité (les anciens), aussi légitimes soient leurs aspirations à partir. En ce sens, on ne peut qu’approuver la position de la CGT qui est de refuser de mettre le PDV au vote, ce serait une liquidation pure et simple de la défense de l’emploi… D’autres syndicalistes pourraient s’inspirer de cette position par exemple à PSA.
Le problème, c’est que la CGT elle-même a contribué à créer le climat pourri d’aujourd’hui, en annonçant au mois de juin sur le mode de la victoire que c’était, fait, gagné et qu’il n’y aurait aucun licenciement.

La deuxième chose c’est qu’implicitement la CGT admet que c’est l’échec de la ligne juridique, et qu’il faut revenir à la lutte au social. Cela reviendra plusieurs fois dans l’AG.
Retour à la lutte ? Mais l’ambiance a bien dégringolé, on n’est plus en 2009/2010, on a semé des illusions et démobilisé. Rappel : la CGT annonçait en juin dernier qu’on était à quelques millimètres d’un accord en juin dernier (« Goodyear : prudence et attention aux effets d’annonce»). Aujourd’hui c’est bien plus difficile, les manœuvres de la direction ont bien marché. On rêve sur la force passée, mais elle est perdue, il est frappant de voir que lorsque la CGT parle du mondial de l’automobile, c’est toujours de 2010 et de la mobilisation déterminée, rarement de l’échec de 2012.
Ce qui est frappant, c’est l’incompréhension des militants de la CGT du monde dans lequel on vit. On parle bien du capitalisme, mais comme d’une sorte de scène où se joue une partie de lutte, de rapports de force où c’est le meilleur, le plus fort, le plus habile, le plus malin qui gagne, comme dans une partie d’échecs. Le monde extérieur est absent. La crise du capitalisme n’existe pas, ce qui se passe dans l’automobile en ce moment, le Monopoly mondial et les restructurations massives dans le secteur ? Inconnu au bataillon…

La CGT locale est dans une impasse. Lors de l’AG du 22 octobre, elle annonce des réunions à la cantine, mais elles n’ont pas lieu, car « la CGT n’a pas de nouvelles à annoncer »… Mais n’y aurait-il pas opportunité de faire ces réunions pour relancer la mobilisation, pour déterminer, ensemble, comment reprendre la lutte sociale et organiser le combat contre cette direction cynique et déterminée ? Mais en fait, prisonnière de la voie juridique dans laquelle elle s’est engouffrée, elle est désormais dans l’incapacité de construire une plateforme de lutte solide pour l’emploi, et navigue à vue. Dansson dernier tract, elle en arrive à revendiquer un « vrai » PDV (on aimerait bien savoir ce que c’est…) et ne demande plus des garanties d’emploi que pour le Farm. Le Tourisme, il est passé où ? Que vont devenir les ouvriers du tourisme qui ne partiront pas ?
La CGT tente de rassurer par des communiqués de triomphe, clame qu’elle a la situation bien en mains, qu’elle maîtrise tout, mais la vérité c’est qu’elle est coincée, entre une incompréhension totale de la situation, le contexte des restructurations capitalistes dans la guerre économique mondialisée et les manœuvres de la direction qui l’ont piégée à son propre jeu. Et cela alors que la direction prépare un nouveau coup de boutoir !

Il faut commencer par regarder les choses bien en face. Quelque part accepter de faire une autocritique, reconnaître qu’on s’est fait rouler dans la farine, et que la voie juridique ne peut qu’être un appoint, jamais le cœur de la lutte.
Malheureusement, la CGT n’en prend pas le chemin, tente de s’adapter, mais sans admettre ses erreurs. Comment interpréter autrement la fermeture de l’ancien site Internet, et le redépart à zéro avec un nouveau site sans aucune archive ??? (Voici d’ailleurs l’adresse de ce nouveau site : http://blog.cgt-goodyear-nord.com). La CGT imagine-t-elle qu'elle peut simplement effacer ses erreurs passées ? Ce n’est pas comme cela qu’on avancera, cela trompe peut-être les lecteurs extérieurs, cela ne trompe pas les ouvriers de Goodyear.

Aujourd’hui, c’est le statu quo et l’impasse.
La CGT parle d’hypothétiques reprises de discussions, mais la question principale qui se pose aujourd’hui aux ouvriers les plus lucides, c’est : « Quels sont les projets (sombres) de la direction dans le futur proche, et comment se préparer à y répondre ? »


Commentaires à l'article :

Je ne comprends pas cet acharnement contre les camarades de la CGT à GOODYEAR qui mènent depuis des années une lutte exemplaire avec l'aide de leur avocat. Dans une lutte d'aussi longue haleine rien n'est jamais parfait. Mais il faut arrêter de démolir ce qui fonctionne.GOODYEAR n'est pas fermé à ce jour, CONTINENTAL oui. Peut être qu'avec du juridique au départ ce ne serait pas le cas !
Pourquoi ne pas parler des déserts syndicaux ou des entreprises où les syndicats capitulent en rase campagne ?
Arrêtez de finir de nous démoraliser!


Commentaire n°3 posté par LEVY Claude

Cher camarade, il ne s'agit pas d'un acharnement.
Il y a une réalité qui a changé, et il ne sert à rien d'idéaliser un passé révolu.
Pour ce qui est de la lutte exemplaire aujourd'hui, il faudrait expliquer l'impasse actuelle, et ce climat délétère qui est bel et bien la réalité.
Nous avons toujours souligné (y compris dans cet article) le fait, positif, que justement la CGT refuse de capituler en rase campagne (comme tu le dis justement). Mais la question concrète, qui se pose concrètement, aujourd'hui, dans l'usine, c'est on fait quelle analyse de la situation, on fait quoi ?

Je te conseille d'aller consulter le nouveau site de la CGT Goodyear (au fait, que penses-tu de la "disparition" de l'ancien, toujours en parking chez Oxyd), pour constater l'impasse.

Enfin, concernant le juridique, nous ne sommes pas du tout opposés à son utilisation. La question c'est quand ça devient le coeur de l'activité syndicale, et rappelons que cela a été revendiqué par Mickael Wamen lui-même dans un interview fameux aux Inrockuptibles.

Et pour terminer, il n'y a plus que nous pour parler de Goodyear parmi le milieu militant syndical combatif. Pourquoi à ton avis ?

PS : Et bon courage à toi dans ton juste combat pour l'unité du collectif de classe, en particulier le nettoyage, contre toutes les pratiques mafieuses (Ports et Docks). Tu as tout notre soutien, voir l'article que nous publions ce jour.


Réponse de Eugène

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   Posté le 25-01-2013 à 20:01:42   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

sur le blog ouvalacgt

Vendredi 25 janvier 2013

Goodyear : les nuages s'accumulent


Tous les articles du blog sur la lutte à Goodyear ICI

[img] http://img.over-blog.com/290x170/0/17/69/60/2013/PanneauCasseGoodyear.jpg[/img] Un CCE est annoncé pour le 31 janvier, avec comme ordre du jour « communication du DG de GDTF concernant la stratégie du groupe et l’établissement Amiens nord » . Dans le contexte actuel, c’est chaud et les dernières informations du jour révélées par Le Monde annonçant la fermeture complète (sauvegardées ICI) ne sont pas faites pour rassurer.
Autrement dit, les choses se précisent et le Courrier Picard peut titrer « Goodyear proche de l’épilogue ? ».

Voilà cinq ans que le projet de fermeture est sur le feu, voilà cinq ans qu’il est repoussé face à la lutte déterminée des travailleurs de l’usine, face aussi à une guérilla juridique du syndicat CGT qui a permis de gagner un peu de temps. Mais pour quoi faire, ce temps gagné ?

Car depuis 2010, l’action syndicale s’est transformée en action juridique, et la mobilisation des travailleurs est retombée. Certes, les procédures judiciaires se sont multipliées, mais le Salon de l’Auto 2012 n’a été que l’ombre de celui de deux ans auparavant, cela mériterait un minimum de réflexion.
Fiodor Rilov est évidemment un très bon avocat du travail, mais il est absolument anormal, oui, anormal que l’action syndicale se transforme en annexe de son cabinet d’avocats, de le voir à toutes les réunions et assemblées, qu’il n’y ait plus aujourd’hui, aucune initiative qui ne soit pas reliée aux diverses procédures en cours, jusqu’à l’appel à manifester pour déposer une loi pour l’interdiction des licenciements, on aura l’occasion d’en reparler. Comme disait l’autre à propos des élections, « si les élections pouvaient changer la société, il y a longtemps qu’elles seraient interdites », et bien à propos d’une loi supposée radicale, c’est exactement pareil… Le capitalisme ne se change pas de l’intérieur, preuve a été faite des dizaines et des dizaines de fois. D’ailleurs ces assemblées sont de plus en plus des monologues à deux, où les travailleurs ne sont là que pour se conformer sans aucun débat aux directives de l’équipe CGT et de son avocat.

Aujourd’hui, l’heure est sérieuse, et ce n’est pas une quelconque procédure juridique qui changera l’affaire, tout le monde en est bien conscient. Mais tout le monde est endormi par le « syndicat ultra-majoritaire » (87% aux dernières élections) dans l’attente de ce qu’il va décider. Mais l’heure n’est plus aux procédures, n’est plus à l’attente, l’heure est à prendre ses affaires en mains, l’heure est à constituer un Comité de Lutte sur l’usine , avec des représentants de tous les secteurs, de toutes les équipes, pour organiser le combat, les blocages, la popularisation – suivons l’exemple des camarades de PSA ( « PSA Aulnay : les ouvriers à l’initiative ») !

Retour sur quelques épisodes récents

Pétard mouillé en janvier.
Scandale à la reprise du travail après les fêtes : la CGT dénonce la mise en place de fermetures sur les ouvrants de l’usine, avec en prime de supposées informations confidentielles des RG annonçant une mauvaise nouvelle pour le 15 janvier (voir l’article sur le blog de la CGT, ICI). Dénonciation, démentis, il apparaît que les fermetures sont posées sur une partie désaffectée depuis longtemps, pétard mouillé… Le 15 janvier passe sans que la fin du monde arrive. Et la direction a obtenu ensuite l’accord du CHSCT d’installer des portes conformes mais plus solides que ce qu’elle avait bricolé…
Ballon d’essai de la direction à la rentrée pour tester la CGT ? Pas impossible. Mais réaction totalement mytho de la CGT qui en arrive à claironner qu’elle a réussi à faire ainsi annuler les « mauvaises nouvelles prévues ». Quinze jours après, annonce du CCE et d'une probable fermeture, tout le monde, absolument tout le monde s’attend au pire, et ce ne sont pas les discours ronflants de l’équipe CGT qui changent quoi que ce soit.

Dans la foulée, la CGT organise des assemblées.
On s’attend, sinon à des nouvelles fraîches, mais à des perspectives. Il y en a deux, mais toujours sur le terrain juridique, toujours en forme de démarche individuelle – avec comme effet de renvoyer chacun(e) face au flic, au patron, au juge, au tribunal. Ce n’est pas ainsi qu’on construit un collectif, il y a deux siècles de mouvement ouvrier pour en témoigner.



> Première procédure : plaintes individuelles en harcèlement à la police – à laquelle la direction vient de répliquer par une autre plainte en dénonciation calomnieuse (voir la note de service jointe) en gros pour « demander du travail », suite à la baisse du ticket en septembre, qui tape effectivement le moral en contraignant les ouvriers à de longues périodes à ne rien faire. La pression morale est réelle, et insupportable pour certains, c'est incontestable. Il faut donc agir (un blog de Mediapart fait une bonne description de l’ambiance, photos à l’appui). Mais de là à aller « demander du travail », pour un syndicat, c’est un peu fort de vinaigre.
Nous nous permettons de rappeler que les positions du mouvement ouvrier depuis l’origine sont que le travailleur vient au boulot pour un salaire, et pas pour un travail. C’est une différence absolument fondamentale introduite par le marxisme depuis 150 ans (« Travail salarié et capital » - 1847). Alors, si la direction ne donne pas de travail, si les ouvriers n’ont rien à faire qu’à glander, la position syndicale ce n’est pas de « réclamer du travail », la hausse du ticket ou des cadences, ce qui est juste un comble. C’est de proposer des moyens d’occuper les camarades pendant la journée, des formations, des discussions par petits groupes, des ateliers « perruque », par exemple pour faire connaître la lutte dehors et organiser la solidarité, bref d’utiliser le temps au service des ouvriers et pas au service du patron. On est bien loin du juridique, mais on est sur le tas, dans l’organisation et la préparation des ouvriers au combat.
Ca c’est sur le fond. Ensuite, sur la méthode : il y avait d’autres procédures possibles face au harcèlement, par exemple au CHSCT, liée à la mobilisation ouvrière.
> Deuxième procédure : la CGT engage une nouvelle procédure aux Prud’hommes pour contester le pouvoir de décision de GDTF (Goodyear Dunlop Tires France) local et impliquer GDTO au Luxembourg (Goodyear Dunlop Tires Operations, la holding européenne). En gros, pour dire que la société holding est co-employeur au même titre que la société française. Et donc pour requalifier le contrat de travail avec l’employeur « réel » et donc tenter de modifier les conditions juridiques du contrat de travail (et donc d’une éventuelle restructuration à venir). Nouvelle procédure juridique, nouvelle procédure individuelle donc, on est dans le traditionnel.
Mais on est sidéré par le contenu politique de cette proposition, qui revient à nier complètement ce qu’est un monopole mondialisé dans le monde d’aujourd’hui, à nier la réalité de l’impérialisme . Il faudrait alors être cohérent et se tourner vers les Etats-Unis, à Akron dans l’Ohio ! La holding européenne n’étant évidemment qu’un des multiples pions de la multinationale à l’échelle de la planète…
A quoi rêvent les élus CGT ? Au retour au XIXème siècle, quand les patrons étaient dans le bureau d’à côté ? Le monde a changé, c’est la guerre économique mondialisée à l’échelle de la planète, pour les ouvriers, l’avenir n’est pas de pleurer sur un passé révolu, mais de construire du neuf, un autre monde solidaire, collectif, internationaliste, humain, au service des prolétaires et du peuple. Avec cette procédure proprement surréaliste (si jamais elle se faisait), on va engager les travailleurs de Goodyear dans une impasse, comme s’il pouvait y avoir une solution juridique et institutionnelle à la lutte pour l’emploi, comme si on devait revenir vers le passé. Même pas en rêve…

L’annonce du CCE (qui a fuité alors que la CGT, au courant, n’avait pas jugé utile de faire l’information) a laissé le « syndicat majoritaire » - comme on dit dans l’usine – de marbre. Et de dénoncer « la précipitation de certains médias ou journaux qui ne connaissent rien au dossier et s’empressent de faire des unes avec des propos rapportés !!!!! » tout en reconnaissant qu’il y a bien un CCE avec l’ordre du jour rapporté (voir ICI). Et de rouler comme toujours les mécaniques « nous sommes prêts », en soulignant qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, que depuis 6 ans la CGT a empêché les licenciements (c’est vrai) et qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, qu’il ne s’agit que de « bruits de couloirs et de ragots à la con ». Les prétendues infos des RG, « l’annonce du 15 janvier » ce n’étaient évidemment pas des rumeurs à la con… Mais n’est-ce pas, il y a les élections professionnelles en mars…

Vraiment, mais alors vraiment, nous espérons de tout cœur que la CGT Goodyear va avoir raison et que nous nous plantons grave, quand nous disons depuis juin dernier ( «Goodyear : prudence et attention aux effets d’annonce ») qu’elle se trompe et que la crise mondiale de l’automobile, et plus généralement du capitalisme (au fait, la CGT sait-elle de quoi il s’agit, ça n’existe pas dans ses explications ?) a changé la donne. Les dernières informations d'aujourd'hui vont, hélas, dans notre sens.

Nous sommes de ceux qui ont été parmi les premiers à soutenir les camarades de Goodyear et la CGT de l’entreprise, dès 2008 (« Restructurations à Goodyear Amiens : deux voies dans la lutte »). Mais nous ne sommes pas aveuglés. Depuis 2010, l’orientation prise par ce syndicat a peu à peu dérapé vers ce que nous appelons la « voie juridique ». Nous ne sommes pas d’accord, nous le disons.


Nous sommes totalement aux côtés des camarades de Goodyear , dans cette nouvelle phase de leur combat pour l’emploi. Maintenant, comme le disait le dirigeant de la CGT lui-même lors d’une AG fin octobre, il faut revenir sur le terrain de la lutte, du social. Il faut revenir vers la défense de l’intérêt ouvrier, et rien d’autre. Il faut perdre toutes ses illusions sur le gouvernement, ses lois présentes et futures – probablement dans la droite ligne de l’accord flexibilité/Medef.
A l’instar des camarades de PSA, il faut organiser le combat, la guérilla ouvrière, contre la direction Goodyear. Et les premiers alliés, ce sont peut-être les camarades de Dunlop, de l’autre côté de la rue, la population d’Amiens et des environs, et tous les prolétaires en lutte.

Comme nous l'avons déjà écrit il y a quelques années :
"Hardi, camarades de Goodyear, que la force soit avec vous !"



Edité le 25-01-2013 à 20:02:57 par Xuan




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source ouvalacgt

Mardi 5 février 2013

Goodyear : le torrent de boue des vautours et des larbins


Sur le parking jeudi dernier, le jour du CCE qui annonçait le projet de fermeture de l’usine (ci-contre le communiqué officiel de la direction), ils étaient tous là comme des vautours, une forêt de micros et caméras.
Des journalistes ? Non, une bande de porte-plumes à l’unisson de la direction, qui n’avaient rien à faire des ouvriers, qui n’écoutaient même pas les réponses à leurs questions orientées, qui avaient déjà leur avis à mettre en musique : « C’est la faute à la CGT, trop radicale, si la direction veut fermer l’usine ».
Même les « journalistes » les mieux informé(e)s (et ils ne sont déjà pas nombreux !) étaient dans le rang. Et on a eu le droit pendant le week-end à un torrent de boue (de merde !) contre la CGT, dans tous les journaux, sur toutes les radios, toutes les télés. Ignoble.


« Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies
Ont répandu sur nos charniers
Des flots d’ignominie,
Les Maxime Ducamp, les Duval,
Ont vomi leur eau-forte !
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’la Commune n’est pas morte ! »


(« Elle n’est pas morte », chanson de Eugène Pottier de 1886 en hommage aux combattants de la Commune)

Ce qu’ils veulent tous, ce sont des syndicalistes « responsables », des ouvriers soumis, qui acceptent les règles du jeu, les sacrifices, au nom du réalisme de la guerre économique. Qui acceptent d’abandonner une partie des leurs à Pôle Emploi pour imaginer que les autres vont survivre – combien de temps ? Ils ne supportent pas les prolétaires radicaux qui refusent ce cinéma. Il faut les faire plier, les faire rentrer dans le rang. C’est ce qui se passe, avec Goodyear comme symbole pour nous tous. Ils vont même utiliser des responsables confédéraux qui « sous couvert d’anonymat » ne ménagent pas les critiques à la CGT Goodyear, les poignardant dans le dos au moment le plus critique.
Mais c’est quoi le syndicalisme « responsable » ? Et d’abord responsable face à qui ? Face aux ouvriers et à leur vie, comme le décrit très bien Kash Leone (« Rap pour PSA : ça peut plus durer »). Pas responsable face à nos exploiteurs ou au gouvernement, ceux qui nous sucent le profit avant de nous jeter, une fois essorés et broyés dans la guerre économique mondialisée.
Au fond, dans cette affaire, ce n’est pas tellement la CGT Goodyear qui est visée au premier chef, c’est toute la classe ouvrière , pour qu’elle se soumette sans broncher à la dictature capitaliste.

Sur ce blog, nous critiquons vivement l’évolution vers la voie juridique de la CGT Goodyear (tous les articles du blog,ICI), et nous continuerons à le faire (on peut encore en voir la marque dans le dernier tract du syndicat,ICI).

Mais une chose est sûre et certaine : la CGT Goodyear a défendu depuis l’origine une position ouvrière sur la défense de l’emploi. Elle a refusé les 4x8, et la destruction de la vie sociale que ce rythme entraîne. Elle a refusé et bloqué les plans sociaux depuis 2008. Elle a refusé de rentrer dans la logique de négociation des licenciements et des PSE (à la différence de SUD). Elle a refusé d’échanger le départ des anciens (le fameux PDV) contre l’acceptation d’un PSE et des licenciements.

A tous les journalistes merdeux, les pseudo-syndicalistes à la sauce CFDT (Berger, le nouveau secrétaire entame le même refrain), pouvez-vous répondre à cette question : si la CGT et les ouvriers de Goodyear avaient été plus « conciliants » ces années passées, combien y aurait-il aujourd’hui d’ouvriers dans l’usine ? Où seraient les autres ? Et quelle serait l’issue ? Vous avez (bien sûr) la mémoire courte de l’histoire des Contis qui avaient accepté les sacrifices et se retrouvent aujourd’hui au chômage, l’usine fermée… Les camarades de Goodyear, eux, connaîssent bien les Contis, ce sont les potes de l’usine d’à côté…

Depuis cinq ans, il n’y a pas eu de licenciements économiques dans l’usine, la CGT le rappelle (mais l’effectif est à 1173 sur les listes électorales en ce moment affichées, ce qui veut dire que plusieurs centaines d’emplois ont malgré tout disparu – retraite, licenciements disciplinaires ou inaptitude, démissions sous pression etc.).
Aujourd’hui, même s’il y a un fort ressentiment dans l’usine contre la petite équipe de la CGT et la manière dont elle travaille seule avec l’avocat Fiodor Rilov sur « la voie juridique », l’unité va se resserrer face aux attaques et au fiel des vautours. Après avoir cherché à négocier les PSE, SUD annonce maintenant sa volonté de combattre la fermeture – mieux vaut tard que jamais !

L’heure est au combat, à la solidarité, à la popularisation.
Aujourd’hui, une délégation CGT Goodyear sera aux côtés des PSA à Aulnay, face à la répression anti-grévistes. A PSA, comme à Goodyear, les bourgeois veulent faire plier les radicaux, et si c’est impossible, les casser.


Mardi prochain 12 février, nouveau CCE à Rueil Malmaison (8 rue Lionel Terray), ils seront des centaines à venir de l’usine d’Amiens, soutenus le plus largement possible (voir par exemple ci-contre l'appel de l'UD de la Somme et la déclaration de la FNIC).Et nous en serons, nous appelons tous les camarades à mobiliser dès 8h30 pour y participer sur place. On peut sans risque espérer qu’une délégation de PSA (au moins !) sera présente.
L’heure est aussi à constituer un Comité de Lutte sur Goodyear, comme à PSA, pour permettre la mobilisation de toutes et tous, et ce n’est pas l’existence d’un syndicat ultra-majoritaire qui change quoi que ce soit aux fait que ce sont les prolétaires et les prolétaires eux-mêmes qui doivent prendre leur vie en mains, sans la remettre dans les mains d'une poignée de délégués élus une fois pour toute…

Les semaines à venir vont être rudes.
D’abord, il faut réussir le 12 février, et c’est bien parti. Ensuite il va falloir organiser et élargir le combat, parce que ce n’est pas par la voie juridique qu’on gagnera, mais par la lutte des classes et la mobilisation, l'organisation, la détermination et la radicalité des ouvriers en colère.

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   Posté le 15-02-2013 à 20:14:35   Voir le profil de Resistance (Offline)   Répondre à ce message   http://www.resistance-politique.fr/   Envoyer un message privé à Resistance   




L’annonce de la fermeture de l’usine Goodyear est tombée le 31 janvier. Ce sont 1.250 postes de travail qui vont ainsi être supprimés. La fermeture annoncée par le gouvernement français de plusieurs usines bat son plein, et Goodyear s’ajoute à la longue liste des plans de restructuration qu’ont connus dernièrement ArcelorMittal, Peugeot, Air France et Sanofi, pour ne parler que des plus grosses boîtes. Des plans qui laisseront des milliers de travailleurs sur le carreau, même si, comme le souligne sur un ton faussement optimiste la direction de Renault, les travailleurs ne perdront pas leur emploi s’ils acceptent
une augmentation du temps de travail et un blocage des salaires.

Mais les Goodyear ne se résignent pas devant cette politique de casse des emplois, et mardi 12 février, des centaines d’entre eux ont manifesté devant le siège de l’entreprise, à Rueil-Malmaison. C’est là que la colère des ouvriers à éclater. L’entrée du groupe, qui a réalisé en 2012 un bénéfice net de 183 millions de dollars, était complètement barrée par un important cordon de sécurité. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des sprays urticants pour tenir les manifestants éloignés du siège de la direction, ce qui n’a pas empêché la manifestation de continuer aux abords des lieux gardés par les CRS.

La semaine dernière, des cortèges composés de travailleurs dans la même situation que les Goodyear avaient battu le pavé parisien, pendant que le gouvernement socialiste ne trouvait de rien de mieux que de pointer du doigt les syndicalistes qui se battent pour garder leur emploi. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a estimé le 30 janvier qu’« il était possible d’éviter le pire » pour le fabricant de pneumatiques. Licencier des milliers de travailleurs pour sauver la finance n’est probablement pas considéré à ses yeux comme une catastrophe, parce que la pire des choses serait qu’elle s’écroule réellement. Montebourg n’est pas homme à se contredire, et il est effectivement en train d’éviter le pis. Mais du point de vue des intérêts qui caractérisent le système financier…

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-goodyear-amiens-les-travailleurs-ne-s-en-laissent-pas-conter-115370831.html

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Xuan
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   Posté le 14-03-2013 à 21:29:56   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Plusieurs articles ont illustré la lutte de classe des Goodyear et notamment leur affrontement avec la police de Valls le 7 mars.

Sur le blog oùvalacgt, plusieurs vidéos et quelques commentaires sur ce combat exemplaire.

La lutte les licenciements tout comme celle pour les salaires, les retraites, etc. doit faire face maintenant à la trahison syndicale ouverte par des accords scélérats signés en série sur les retraites complémentaires, sur les 7500 suppressions de poste à Renault et autres assouplissements exigés des salariés comme l'ANI et la démolition du Code du Travail.

Cette offensive dirigée pas le Medef et les socialistes, qui s'appuie sur la CFDT acquise au PS et sur d'autres syndicats réformistes, fait voler en éclat d'une part l'unité syndicale construite au sommet lors de la réforme des retraites, et d'autre part la possibilité de défendre les acquis sociaux par la voie de la négociation.

Cette situation laisse beaucoup de salariés désemparés. Mais elle porte en elle la nécessité d'un syndicat unique de lutte de classe et d'actions dures comme celle des Goodyear.


Edité le 14-03-2013 à 21:47:25 par Xuan




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   Posté le 25-03-2013 à 22:42:35   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Lundi 25 mars 2013
source

Pétition : Tous ensemble contre la fermeture de l'usine Goodyear Amiens !



Goodyear Amiens, les procédures se déroulent, les échéances se rapprochent. Prochain CCE fin mai, après celui de vendredi dernier, où les 300 ouvriers venus manifester à nouveau devant le siège Goodyear Dunlop à Rueil on trouvé une véritable forteresse - rien à voir avec les dispositifs précédents ("Goodyear, les sens de la violence ouvrière") !
Alors, les ouvriers ont jeté des roses par dessus les grilles, avec un énorme panneau : "Valls : 0% chômeurs, Tous CRS !!" ... ce qui avait un certain sens... c'est le moins qu'on puisse dire.

Pas de grande nouvelle, sinon on a compris que la CGT a repris contact avec la direction pour trouver soit un repreneur, soit négocier le transfert à une SCOP, présentée lors d'une assemblée à la Maison de la Culture samedi dernier. On y reviendra.
Mais une chose est désormais claire : tout le monde, tous les syndicats, CGT inclus, a enregistré que Goodyear Amiens Nord, c'est fini. Au lieu d'engager le combat pour l'emploi pour tous, on est à nouveau "sur un plan de départ volontaires" (PDV) pour le tourisme, plus la reprise du Farm d'une manière ou d'une autre, mais différente de la situation actuelle.

Le combat est dur et âpre, d'autant qu'il est totalement pollué par la proximité des élections professionnelles cette fin de semaine, et ça n'aide pas à y voir clair et à avancer. Les attaques fusent, y compris les dénonciations personnelles les plus déguelasses... Ce n'est pas cela qui fera avancer le combat pour l'emploi.

Une pétition néanmoins a été lancée il y a quelques jours, pour faire connaître largement le projet de la direction et populariser le soutien aux travailleurs menacés.
Cette pétition, nous la reproduisons intégralement ci-dessous, et invitons tous les camarades à la signer, le plus massivement possible, à la faire connaître, à la diffuser dans toute la région amiénoise, dans toutes les entreprises et tous les syndicats, dans toutes les régions de France !

On trouve la pétition en ligne ICI
Et voici le texte :

Pour avis à toute la population, citoyens, consommateurs

Face à la crise du capitalisme qui n'en finit pas, les multinationales à Goodyear comme ailleurs procèdent de la même manière, restructurations, plans de licenciements, délocalisations et fermetures de sites. Leur seul but est d'augmenter le taux de profit des capitaux financiers et peu importe le coût humain dans cette fuite en avant pour le profit !!!

Goodyear Amiens n'échappe pas à la règle, dans la concurrence mondiale les multinationales cherchent à consolider leur monopole par des fusions-acquisitions qui ont pour conséquence immédiate la compression des emplois. Les travailleurs sont la seule variable d'ajustement dans leur stratégie de réduction des coûts !

Depuis la fusion-acquisition avec l'usine Dunlop à Amiens, Goodyear cherche par tous les moyens à se débarrasser de notre site, sa seule usine de pneus historique en France.
Tout ça pour augmenter sa marge compétitive sur le marché du pneu et satisfaire ainsi l'exigence de rentabilité élevée des fonds de pensions.

Nous refusons de payer les pots cassés de cette logique après des années de dur labeur. beaucoup de salariés ont payé de leur santé et parfois de leur vie pour faire la richesse de cette entreprise !!

C'est inacceptable qu'on soit jeté au chômage et à la précarité. Goodyear doit assumer sa responsabilité sociale dans ce désastre humain !!
D'autres possibilités existent,en dehors des conditions inhumaines et dégradantes des 4x8 à Dunlop. Nous devons imposer une autre alternative à la fermeture du site Goodyear, grâce à votre soutien MASSIF et une mobilisation plus large nous parviendrons à changer la donne.

Soutenez-nous en signant cette pétition et rejoignez nous.

Merci de rendre votre adresse mail disponible pour le collectif afin que nous puissions vous informer de l'actualité Goodyear destinée uniquement à aider les salariés.



Edité le 25-03-2013 à 22:46:17 par Xuan




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   Posté le 04-04-2013 à 12:17:26   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur oùvalacgt :


Mercredi 3 avril 2013

Après les élections professionnelles, quel avenir pour Goodyear ?


Les élections professionnelles avaient lieu vendredi et samedi à Goodyear, dans le contexte que l’on connaît.
Tous les articles de ce blog sur la lutte pour l’emploi à Goodyear , ICI

Pas de changement majeur dans la composition des instances sauf un siège perdu par la CGT au premier collège du CE au profit de SUD, qui garde par ailleurs son siège DP. Le 2ème collège reste à la CGT, le 3ème à la CGC.
Une chose très remarquée : si la majorité reste acquise à la CGT, beaucoup de rayures sur les bulletins, au point qu’aucun élu CGT n'a obtenu le total du nombre de bulletins de liste, c’est un phénomène nouveau à l’usine. Nous y reviendrons plus tard, avec les chiffres détaillés, pour en faire l’analyse.

Actuellement, l’enjeu à Goodyear n’est pas à la lutte, à la grève, au combat pour l’emploi – c’est bien différent de PSA– mais à savoir quel est le supposé « meilleur » projet à opposer à la perspective de fermeture. C’est cela qui proposé par les syndicats.
Un article d’un blog de Mediapart en recense trois, proposés par la CGT (voir l'article du syndicat ICI) :


> La « voie juridique », à nouveau la CGT est retournée devant les tribunaux pour faire annuler la procédure, mais ce qu’il faut dire c’est que là, la direction s’est largement bordée de tous les côtés, tant au CCE à Rueil qu’au niveau européen à Luxembourg, où ce n’est de toutes les façons qu’informatif (comme d’ailleurs partout pour tous les Comités de Groupe européens qui n’ont aucun pouvoir). Quoiqu’il en soit, même si l’issue devait être favorable, cela peut être un peu de temps de gagné, rien d’autre, car pour le groupe, la page est tournée. Une audience a lieu le 17 mai à 11h30 au Tribunal de Grande Instance de Nanterre, on verra bien.

> Le projet de SCOP, proposé par la CGT et présenté aux salariés à la Maison de la Culture le samedi 23 mars. Sans rentrer dans tous les détails (la CGT et l’avocat Rilov tiennent tellement au secret que c’en est bizarre, alors que tous les chiffres donnés sont ceux diffusés au CE…), il semble qu’il s’agisse un projet de « sous-traitance intégrée » à la société Goodyear, qui vendrait la matière première et achèterait les pneus agricoles. C’est-à-dire un projet d’entreprise pieds et poings liés à Goodyear par des contrats, en amont comme en aval… Aucune marge de manœuvre. Avec comme idée de faire appel aux fonds européens pour éviter de récupérer les indemnités de licenciements, ce qui paraît hautement douteux… Cela dit, plus le temps passe, plus l’hypothèse « SCOP » apparaît comme un écran de fumée peu crédible.

> La recherche d’un repreneur, projet proposé par la CFDT et la CGC au CCE, repris à la volée par la CGT. La direction fait semblant d’y participer (histoire de ne pas se mettre le gouvernement et le clown Montebourg à dos), mais avoue elle-même que ce n’est pas crédible (voir le document du CCE ci-contre).

> De son côté, syndicat SUD Goodyear propose un quatrième projet, conjoint avec l’usine Dunlop voisine, et la répartition de la production avec le Farm sur Goodyear et le tourisme sur Dunlop, associé avec un Plan de Départs volontaires (voir le tract-projet ICI) également détaillé sur le Courrier Picard.

[voir sur le site la vidéo concernant le montage de la scop]

Dans tous les cas, quel que soit le projet ou la perspective, on est dans l’après-Goodyear, la restructuration est enregistrée. Dans tous les cas, on n’est plus dans le combat pour la défense de l’emploi mais pour imaginer une « solution », plus ou moins réaliste, plus ou moins crédible… C’est pour cela que nous ne nous donnerons pas la peine d’en discuter plus que ça.

Car le fond de l’affaire, face à restructuration capitaliste, c’est quels moyens les ouvriers se donnent-ils pour défendre leur emploi ? Imaginent-ils des solutions juridiques, économiques, des contre-plans ? Imaginent-ils qu’ils vont pouvoir faire « mieux » que les patrons, là où ceux-ci ont échoué ? Ce qui est tout à fait notable, dans tous les cas, dans tous les projets, c’est que la guerre économique mondialisée, la crise et la concurrence entre requins n’existe pas…

Pourtant, il convient de s’arrêter une seconde sur le projet de SUD Goodyear/Dunlop. Pas tellement sur le projet lui-même, ni plus, ni moins réaliste que les autres. Mais pour une question essentielle, l’unité des travailleurs de deux usines pour la défense de l’emploi . Les ouvriers de Goodyear, les ouvriers de Dunlop face à la crise du capitalisme, et la nécessité du combat ensemble contre l’exploiteur commun. Car, comme le dit un tract de SUD Dunlop (voir ci-contre), après la fermeture de Goodyear Amiens Nord, il y a bien des chances que ce soit le tour de Dunlop Amiens Sud…

La direction ne veut bien sûr pas en entendre parler, sous des prétextes juridiques, mais surtout parce qu’elle ne veut pas se trouver avec un double conflit à gérer en même temps. Diviser pour régner, comme on dit. Tout cela est très « compréhensible » du point de vue d’un patron.

Mais le problème, c’est que la CGT de Goodyear ne veut pas non plus en entendre parler : « NOUS, nous ne nous trompons pas de site, nous savons que notre combat doit être mené sur Amiens nord et non Dunlop Amiens sud, ce ne sont pas les gars de Dunlop qui nous ont élu il y a deux ans... » (tract du 25 mars).
Lors du rassemblement du 22 mars à Rueil, il y a eu des accrochages assez vifs entre ouvriers affiliés à la CGT Goodyear et les camarades présents de SUD Dunlop, les premiers disant aux seconds qu’ils n’avaient rien à foutre d’eux, que les problèmes étaient distincts etc. et qu’en gros ils ne voyaient pas pourquoi ils étaient là !!! Citation : « On est des Goodyear, on n’a rien à foutre des Dunlop, ce sont tous des bâtards » . Et de resservir le souvenir de la supposée acceptation des 4x8 en 2008. Alors que les camarades de Dunlop sont présents à tous les rassemblements à Rueil depuis le début, bien entendu en soutien aux camarades de Goodyear menacés comme eux…

Vieille histoire, en fait. Lors de la mise en place des 4x8, la CGT Goodyear a refusé l’accord et l’a dénoncé, comme SUD d’ailleurs on l’oublie trop souvent. A Dunlop, SUD a refusé de signer, a dénoncé l’accord et l’a même contesté devant les tribunaux, mais la CGT Dunlop de l’époque, majoritaire, a signé l’accord (voir l’article de mars 2008, « Restructurations à Goodyear Amiens, deux voies dans la lutte »).
Comme nous le disions alors, immédiatement le délégué CGT en question est exclu de la CGT. MAIS…

Il crée le syndicat UNSA avec son équipe (la CGT va disparaître), et le délégué syndical central CGT comme la FNIC CGT ne dénoncent pas l’accord (ce qu’ils auraient pu faire) ; ils se lavent les mains de la suite. La CGT Goodyear expliquera que ce n’est pas son combat, que si les Dunlop ne veulent pas des 4x8 ils n’ont qu’à refuser de signer leur avenant individuel (et donc se retrouver au chômage…). Les ouvriers de Dunlop sont explicitement abandonnés à leur sort, et on en reste à critiquer l’UNSA et la CFTC - qui a également signé l’accord, mais en oubliant soigneusement que l’UNSA vient de la CGT . La CGT Goodyear aura toujours des mots très durs contre les Dunlop, tous mis dans le même panier, en laissant de côté la responsabilité de la CGT dans l‘affaire, même s’il s’agissait de pourris, et en refusant même de reconnaître l’existence de SUD Dunlop (majoritaire pourtant en DP, ce n'est pas rien !).

Or SUD Dunlop a depuis l’origine refusé les 4*8, pour les mêmes raisons que la CGT et SUD Goodyear, et poursuit la lutte sur ces bases, dans les conditions difficiles qu’on peut imaginer.
Alors, quand les camarades de Dunlop viennent soutenir leurs collègues aux rassemblements de Rueil, c’est la marque d’une forte solidarité ouvrière dans le combat commun. Les camarades mettent un mouchoir sur tout ce qu’ils ont entendu et subi, et ils sont là. C’est l’important.

Voilà pour le passé. Sur le fond, pour le présent, l’affaire c’est que la CGT Goodyear ne veut pas entendre parler d’un combat commun, car son optique n’est pas la recherche de l’unité ouvrière contre l’exploitation, mais la recherche d’un contre-plan capitaliste à la fermeture annoncée de Goodyear.
Alors que le contexte est favorable à l’unité, alors qu’on voit bien que l’attaque va avoir lieu sur tous les fronts, alors que tout le monde sait bien que « l’union fait la force », la CGT Goodyear refuse l’unité, s’enterre dans la contre-gestion capitaliste et d’ailleurs n’engage pas le combat de classe, la lutte véritable, mobilisée, à l’image des camarades de PSA. Du point de vue du syndicalisme de classe, c’est grave , c’est la marque de l’acceptation du capitalisme et de ses divisions, de ses règles du jeu - même si on prétend s’opposer férocement (en paroles au moins) aux plans de la direction, en fait pour proposer une autre gestion supposée possible…

Nous le répétons, nous ne rentrons pas dans la discussion des divers contre-plans, des uns et des autres ("Emplois et licenciements : les contre-plans industriels"). Nous n’y croyons pas, ni aux uns, ni aux autres, le capitalisme ne se réforme pas.

« Prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes », ce sont nos paroles et notre guide. Ce qui compte, c’est l’unité de combat contre l’exploitation, la plus large possible – et là, il est sûr et certain que l’unité des travailleurs de Goodyear et de Dunlop doit être évidente !

C’est en tous les cas une des bases du syndicalisme de classe.

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Sur La Cause du Peuple :

Des nouvelles de Goodyear et PSA


MERCREDI 24 AVRIL 2013

Goodyear et répression d'Etat


Suite à la garde à vue d'hier de 6 ouvriers de Goodyear Amiens Nord, 4 passeront en jugement le 16 septembre prochain. 2 sont repartis sans poursuites. «La répression anti-syndicale du gouvernement continue (...). Pourquoi ces salariés au lieu des 400 qui étaient présents ?» « On pensait avoir vécu le pire sous Sarkozy, c'était sans compter sur l'équipe Hollande. » « Voilà la seule réponse du gouvernement : tandis quelques-uns de nos camarades sont placés en garde à vue, 1 170 autres attendent une solution et craignent pour leur avenir. Hollande a oublié ses promesses électorales et le monde ouvrier, » a déclaré Mickaël Wamen.

Cela tombe le jour où le gouvernement déclare être opposé à la loi d’amnistie sociale, visant à la base à relaxer les syndicalistes des poursuites qu'ils subiraient lors de conflits. Cette position du gouvernement est le fruit de la lutte de classe : les luttes s'aiguisent, la bourgeoisie fait tout pour que le conflit ne s'étende pas, le gouvernement sert les intérêts de la bourgeoisie plutôt que ceux des ouvriers. Xavier Mathieu a d'ailleurs affirmé ce matin que lorsqu'il avait entendu parlé Alain Vidaliès, main droite de Jean-Marc Ayrault : "Je croyais que j'entendais parler quelqu'un du MEDEF !" .

PSA


La nouvelle est également tombée que l'usine d'Aulnay pourrait fermer dès cette année. La direction de PSA met en avant la grève et les mauvais chiffres pour précipiter la fermeture du site d'Aulnay.

D'autre part, les 4 licenciés n'ont toujours pas été réintégrés tandis que d'autres pourraient voir des poursuites leur tomber dessus dans l'avenir.

Ce matin se déroule un rassemblement contre la distribution des dividendes aux actionnaires de PSA devant le siège social de PSA, avenue de la Grande Armée à Paris. Voici le communiqué de la CGT PSA :

AG des actionnaires de PSA : des décisions scandaleuses et révoltantes !


Communiqué de presse de la CGT PSA

Un contexte très particulier

Cette assemblée générale se tient dans un contexte très particulier :
• La direction s’apprête à mettre en œuvre, dans les prochaines semaines, son plan de 11 000 suppressions d’emplois, comprenant notamment la fermeture d’Aulnay et 1 400 licenciements à Rennes. Les salariés d’Aulnay, en grève depuis le 16 janvier, pour obtenir un CDI pour tous et une préretraite pour les anciens, se heurtent à une direction intransigeante qui prétend qu’elle n’a pas les moyens de satisfaire les revendications.
• Lors des discussions salariales, la direction a annoncé qu’il y aurait 0 % d’augmentation générale des salaires en 2013, ce qui se traduira par une perte de rémunération pour les salariés du groupe.
• La direction a annoncé dans les prochaines semaines l’ouverture de discussions sur un « accord de compétitivité » pour baisser le « coût du travail », à la sauce de ce qu’elle a fait à SevelNord (blocage pluriannuel des salaires, suppression de RTT, mobilité forcée…).

Des propositions révoltantes

Tout ceci n’empêche pas M. Varin de mettre à l’ordre du jour de l’assemblée des actionnaires des résolutions absolument scandaleuses :
Résolution n°15 et 16 : L’accord de l’assemblée des actionnaires est sollicité pour autoriser M. Varin à acheter, avec l’argent de l’entreprise, des actions PSA en Bourse (opération dite de « rachat d’actions » ) pour un montant pouvant aller jusqu’à 320,44 millions € et l’autoriser à détruire tout ou partie des actions PSA achetées.
Résolution n°17 : L’accord des actionnaires est sollicité pour l’attribution d’actions gratuites aux mandataires sociaux et « à certains salariés choisis par le Directoire », c’est-à-dire aux dirigeants de l’entreprise ! Pour la modique somme de 0,85 % du capital social soit 30,1 millions €. Un joli bonus qui ne dit pas son nom !

La CGT constate qu’on est bien loin de la description catastrophiste que M. Varin veut donner de la situation financière de l’entreprise et qu’en tout état de cause, la priorité reste encore d’enrichir les plus riches.

La CGT exige le retrait immédiat de ces résolutions scandaleuses et demande que les 350 millions € que M. Varin est prêt à gaspiller en rachat-annulation d’actions et en distribution d’actions gratuites soient utilisés pour financer, à Aulnay comme à Rennes, une préretraite à partir de 55 ans, afin d’éviter le licenciement de seniors qui n’ont que très peu de chances de retrouver un travail.

M. Montebourg et M. Louis Gallois resteront-ils silencieux ?
Cette politique de rachat-annulation d’actions, qui avait coûté à l’entreprise plus 3 milliards ces 14 dernières années, avait été critiquée en juillet 2012 par M. Montebourg suite au rapport Sartorius.
La CGT interpelle le Ministre ainsi que le représentant du gouvernement au sein du Directoire PSA, M. Louis Gallois, devant cette gabegie.
Ce gaspillage continuera t-il dans un silence complice ?

Rassemblement de protestation organisé par la CGT de PSA
Mercredi 24 avril à partir de 9h, 75 avenue de la Grande Armée
Seront présents les salariés en grève d’Aulnay depuis 15 semaines ainsi que des délégations des usines du groupe.


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Edité le 26-04-2013 à 18:04:01 par Xuan




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Lundi 27 mai 2013 source : ouvalacgt

Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ?


Depuis le CCE du 22 mars dernier, c’est un peu la léthargie à Goodyear.
Au-delà des discours tonitruants et des « plans com’ » de la CGT, c’est le repli chacun pour soi, et le calme plat dans l’usine.
Faisons le point de ces deux mois, en repartant un peu en arrière…

Brève chronologie de ces dernières semaines


12 février : 1er CCE après l'annonce de la fermeture, déplacement massif à Rueil, 500 à 600 personnes.
26 février : journée d’action sur Amiens pour la défense de l’emploi, succès mitigé avec juste 200 personnes, l’annulation de la manifestation prévue et l’annonce surprise et spectaculaire devant les télévisions du projet de SCOP (« Travailleurs de Goodyear, prêts pour le combat ! »).
7 mars : CCE, déplacement massif à Rueil, et affrontements plutôt violents avec les CRS (« Goodyear : les sens de la violence ouvrière ») qui feront bien parler d’eux par la suite. Des poursuites judiciaires sont d’ailleurs toujours en cours contre 5 camarades de la CGT et un de SUD.
22 mars : Nouveau CCE et déplacement à Rueil, moins brutal, il faut dire que la police a transformé le siège Goodyear/Dunlop en véritable forteresse… (« Pétition : tous ensemble contre la fermeture de Goodyear »).

23 mars : Première réunion d’information aux travailleurs de l’usine sur le projet de SCOP, 200 personnes avec les familles. Voir l’autre article « Le projet de SCOP de la CGT Goodyear » (à venir).
3 Avril : la direction envoie à tous les salariés un courrier (ci-contre)http://img.over-blog.com/150x206/0/17/69/60/2013/Courrier-direction-presentation-PSE-avril-2013.jpg détaillant les propositions de départ dans le cadre du PSE. Manœuvre et intoxication, bien sûr, mais qui montre que la direction poursuit son chemin sans broncher et se laisser intimider.
23 avril : remise du projet de SCOP à la direction, aussitôt rejeté, mais avec un superbe plan com’.
27 avril : deuxième réunion d’information aux salariés sur le projet SCOP, à peine une centaine de travailleurs se déplacent.
7 mai : 1er réunion du nouveau CCE, mise en place des structures mais la CGT annonce que des informations fournies par la direction ce jour sont incomplètes et fausses.
15 mai : nouvelle réunion du Comité de Groupe Européen
[img]17 mai[/img] : Audience au TGI de Nanterre, suite à un référé heure à heure de la CGT. Comme elle a assigné Titan en jonction à ce procès pour soupçon de délocalisation masquée (ce qui est possible) le 10 mai seulement suite au CCE, le procès est renvoyé au 3 juin. Seulement un petit car, à peine une cinquantaine de personnes assistent à l’audience, une « délégation CGT » sera-t-il ensuite écrit (voir ICI), alors qu’il était annoncé une forte mobilisation et deux cars au départ. Pour la direction, rien ne change, la procédure se poursuit… (voir la note de service du 17 mai ICI).
28 mai : nouveau CCE, la CGT refuse de mobiliser (voir l’article). De son côté, SUD appelle à la grève et à un piquet ce jour-là devant l’usine pour discuter avec les ouvriers et tenter de mobiliser et de rompre avec le défaitisme et l’attentisme. Force est de dire que ce sont les camarades qui sont dans le vrai ! De son côté, la CGT « mobilise » dans l’usine, mais CONTRE la grève…
3 juin : future et nouvelle audience au TGI de Nanterre, la "journée ultime" pour la CGT...


____________________



La CGT a donc annoncé qu’il n’y aurait aucune initiative pour le nouveau CCE du 28 mai, au prétexte « qu’il n’y aura rien de nouveau », que les « ouvriers ne veulent pas faire grève », « que les cars ça coûte très cher », et que de toutes les façons c’est la nouvelle audience au TGI qui est essentielle. D'ailleurs en râclant les fonds de tiroirs elle a quand même finalement trouvé de quoi affréter deux cars pour ce 3 juin (voir l'article)...
Ce serait risible si ce n'était absolument consternant !!!


D’abord, parce qu’il est faux de dire qu’il n’y a rien de nouveau et que l’ordre du jour est le même que pour le 22 mars. Cette réunion de CCE est une des dernières de la procédure officielle » (voir l’ordre du jour ci-contre), et c’est toujours l’occasion de mobiliser, dénoncer, renforcer la détermination des premiers concernés, les ouvriers dont l’emploi est en cause. Bien entendu, une procédure officielle, qu’elle soit institutionnelle ou judiciaire ne doit jamais prendre le pas sur la mobilisation qui reste le fil directeur d’un syndicalisme de classe.

Néanmoins, on est sidéré par l’argumentaire de la CGT, mélange de mensonges et d’aveux (les ouvriers ne veulent pas faire grève…) et de fausses pistes (l’audience du 3 juin qui devient prioritaire sur tout, "ultime"…).
On notera que rien n’empêche ensuite la direction d’envoyer les lettres de licenciement dès le 29 mai, comme l’a d’ailleurs reconnu Mickaël Wamen le 27 avril ou l’avocat des Goodyear Fiodor Rilov devant le TGI le 17 mai… et quoi qu’il en soit d’ouvrir par anticipation le point information conseil, « cellules de reclassement ».
Aveu quand même : la démobilisation progressive des ouvriers, à peine 100 personnes pour la deuxième réunion SCOP, moins d’un car pour le TGI du 17 mai… A force de mettre en avant la « voie juridique », et oui, on démobilise, on laisse à croire que l’arme des travailleurs c’est Rilov, et pas la grève !!! Lors de la réunion du 27 Avril, Mickaël Wamen, bien obligé de constater la faible participation, commentait en disant « tout le monde attend le TGI ». Et bien voilà, et c’est justement la CGT qui a créé cette ambiance, qui a ainsi démobilisé les travailleurs ! On est loin, très très loin de la grève à PSA !

L’échec de la voie juridique proposée par la CGT Goodyear depuis 2010 n’aboutit qu’à décourager les ouvriers, à les inciter à remettre leur sort dans les mains des experts (avocats et délégués) et sème l’illusion qu’on va pouvoir combattre le capitalisme avec ses propres armes légales.
Il y a deux issues possibles (avec de multiples variantes intermédiaires, report, supplément d’information etc.) :

> Le jugement du TGI déboute la CGT et valide le PSE. La direction de Goodyear (carrément mauvaise, il faut le dire) a pris cette fois toutes les précautions et s’est donné les moyens d’y arriver, d’autant qu’elle est renforcée par le rapport d’expertise de SECAFI (disponible ICI, oui, vous avez bien lu, le cabinet d’experts proche de la CGT… « PSA : des expertises, pour quoi faire ? ») donné au CCE du 7 mars. Dans ce cas, la CGT peut faire appel, mais rien n’empêche le rouleau compresseur de la procédure de se poursuivre. Avec en prime un coup de massue sur des ouvriers déjà peu mobilisés et qui ont été formatés mois après mois à tout attendre d’une victoire juridique.

> Le jugement du TGI suspend le PSE, quelles qu’en soient les raisons. C’est aussi une possibilité, et cela s’est déjà passé à plusieurs reprises – c’est d’ailleurs sur la base de ces victoires juridiques que la CGT Goodyear a construit son orientation de la voie juridique comme remplacement de la mobilisation et de la lutte des classes. Dans ce cas, ce sera bien sûr un peu de temps de gagné, mais les ouvriers seront confortés dans leur passivité et leur attentisme. Car bien entendu, ce ne sera que partie remise, la direction remettra le couvert et en l’absence de mobilisation de classe, elle ne lâchera rien.

Le fond de l’affaire, c’est qu’aucune décision juridique n’a JAMAIS réussi à elle seule à empêcher une restructuration capitaliste. JAMAIS . Et même si au final une décision juridique devient contraignante un moment, c’est pas compliqué, les patrons s’assoient dessus (Sodimédical, Fralib…) en attendant de faire changer ou de mieux préciser la loi en leur faveur (« Licenciements économiques : les enjeux d’un arrêt de la Cour de Cassation »).
L’avocat des Goodyear depuis 2010, Fiodor Rilov, est un avocat brillant certes (il sait comme personne jouer sur la procédure et la complexité de la législation sociale concernant les monopoles) mais il imagine désormais pouvoir en quelque sorte « coincer » le capitalisme dans ses contradictions, et le « contraindre » à respecter les droits des ouvriers. On est là dans une démarche finalement pas si éloignée que cela de celle du PS et de Montebourg… Et d’où bien entendu le fameux projet de loi pour interdire les licenciements propulsé par Rilov via le collectif des Licenci’elles, contre d’ailleurs un autre projet défendu par le PC… (« Une loi pour interdire les licenciements boursiers ? »

C’est la « voie juridique » qui prend actuellement de l’ampleur dans les milieux syndicaux. Face à une crise mondiale du capitalisme de plus en plus tendue, à une guerre économique mondialisée de plus en plus féroce, les restructurations se multiplient, vague après vague, année après année. Les bourgeois (patrons, banquiers et ministres…) deviennent de plus en plus exigeants en termes de profits, flexibilité, précarité et de plus en plus acharnés, parce qu’ils savent que c’est leur propre survie qui est en jeu.

La guerre est féroce et les prolétaires encaissent échec après échec, battus les uns après les autres, faute d’avoir réussi à s’organiser sérieusement contre le capital et les exploiteurs dans leur ensemble. Alors, d’échec en échec, ils recherchent d’autres solutions, les vendeurs de mirage sont nombreux, et c’est la voie juridique qui est aujourd’hui à la mode, portée par des avocats brillants et soutenue aussi par des magistrats dégoûtés par la décadence et l’impudence du monde bourgeois. Mais jusqu’où peut-on aller ainsi ?

L’erreur fondamentale et tragique de la "voie juridique" est double :

> D’une part, elle ne comprend strictement rien au capitalisme et à la guerre économique mondialisée. D’ailleurs, à écouter mois après mois les déclarations de la CGT Goodyear, la crise n’existe juste pas, ce n’est qu’un mensonge inventé par la direction… Quant au capitalisme, même le mot n'est pas utilisé ! Alors les fermetures d’usine dans l’automobile (une douzaine annoncées dans le monde), les restructurations de PSA, Renault, Opel etc. tout cela est sûrement bidon ? Pour ces militants (et pas seulement à Goodyear), tout n’est affaire que de bonne ou de mauvaise gestion mais toujours dans le cadre du capitalisme et de ses règles, marché, concurrence, exploitation, cadences, travail posté, à la chaîne, division entre travail manuel et intellectuel etc. Le fameux mirage du capitalisme à visage humain, avec l’ouvrier toujours exploité… Le projet de SCOP, c’est cela jusqu’à la caricature.

> D’autre part, pour ces militants, les lois, la justice sont en quelque sorte neutres, au service d’un supposé « intérêt général ». C’est n’importe quoi, et n’importe quel ouvrier conscient sait ce qu’il en est. Les lois et la justice sont ce qu’on appelle la « superstructure » de la société, qui vient en quelque sorte fixer les « règles du jeu » du système économique et social. La bourgeoisie (patrons, banquiers, ministres…) défend un ordre économique, l’exploitation des prolétaires, la propriété privée, le marché et la concurrence, le taux de profit le plus élevé possible face aux requins concurrents etc. Pour cela, la bourgeoisie a construit un système judiciaire (mais aussi policier, éducatif, médiatique…) pour en fixer le cadre et les règles, système judiciaire en constante évolution au gré des contraintes de la guerre économique mondialisée.

Imaginer pouvoir changer la loi sans mettre à bas l’exploitation capitaliste est une plaisanterie qui ne nous mène qu’à l’impasse et à l’échec.

On peut certes (et il faut le faire), jouer des contradictions, gagner du temps par les procédures et des bons avocats peuvent être utiles dans ce contexte. Mais il n’y a que la lutte des classes, la mobilisation consciente et organisée des prolétaires qui peut obtenir des résultats.

En ce sens, nous ne pouvons que féliciter les camarades de SUD d’organiser un piquet de grève mardi devant l’usine, pour l’occasion du nouveau CCE. Non pas tant que nous croyons plus à leur contre-plan (« Après les élections professionnelles, quel avenir pour Goodyear ? »), pas plus crédible que ceux de la CGT, mais au moins ils ont le mérite de tenter de bousculer, de réveiller les endormis, de mobiliser… de construire un vrai rapport de force, sur la base de la lutte des classes. Il faut participer à ce piquet, venir apporter notre soutien aux camarades de Goodyear, et c’est ce que nous ferons !

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Mardi 28 mai 2013 oùvalacgt

Le projet de SCOP de la CGT Goodyear


Le 26 février, au terme d’une journée d’action sur la ville d’Amiens en demi-teinte (« Travailleurs de Goodyear, prêts pour le combat ! »), la CGT de Goodyear accompagnée de l’avocat Fiodor Rilov faisaient un scoop devant les caméras : la CGT proposait de reprendre l’usine Goodyear Amiens Nord en SCOP !!!

Scoop médiatique, mais surtout scoop pour les ouvriers ! Personne n’était au courant, seuls quelques-un(e)s savaient au sein même du syndicat, et absolument personne en dehors.
Dès le départ, c’est donc un projet d’experts qui ne repose sur aucune demande, aucune aspiration des travailleurs de l’usine. Déjà, on peut dire que c’est mal barré. C’est donc très différent d’autres projets (en particulier Fralib) où le projet de SCOP arrive en fin de conflit, après des mois de bagarre, quelque part en solution ultime pour conserver l’emploi et le collectif social de lutte.
Le projet de la CGT Goodyear n’est même pas un projet syndicalo-social, c’est un projet simplement économique, un pur contre-projet capitaliste (« Emploi et licenciements : les contre-plans industriels »).

Que sont les SCOP ?

Des entreprises coopératives, où les actionnaires sont les salariés eux-mêmes qui gèrent leur entreprise en autogestion. Comme le dit Rilov lors de l’assemblée du 27 avril : « Tout est maîtrisé par les salariés qui détiennent l’entreprise et qui ont chacun une voix à l’assemblée générale » .
Au premier abord, un bouleversement par rapport au capitalisme d’aujourd’hui : plus de profit pour les actionnaires, plus de patron voyou, respect mutuel et participation démocratique de tous, choix discutés en assemblée, plus de petits chefs méprisants… franchement quoi demander de mieux ? A Fralib, les camarades en viennent même à contester le mode de domination impérialiste sur les pays du Tiers-monde et à imaginer des liens directs avec les producteurs de thé, sans intermédiaires…
La preuve par A + B que le capitalisme peut se réformer et prendre un visage quand même plus « humain », n’est-ce pas…

Nous l’avons dit, nous le disons et nous le répéterons : ces projets sont des illusions et nullement des solutions. Pour une raison très simple : ces projets sont imaginés pour un monde sans concurrence, sans guerre économique, où donc la rentabilité du capital (le taux de profit) n’est pas au cœur de la production, et où chacun pourrait vivre en bonne entente dans un monde sans contradiction… où chacun pourrait prendre les décisions qu’il souhaite, au mieux, sans s’occuper des autres.
Or chacun sait que ce n’est pas le cas. Chacun voit la guerre économique, la concurrence et donc les restructurations déchirer toute la planète économique, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Une entreprise (privée ou publique, par actions ou SCOP) ne peut survivre dans ce tourbillon qu’en faisant mieux que ses concurrents : mieux au niveau des prix de vente, au niveau de la qualité, des innovations technologiques, de la conquête des marchés etc. Paradoxe : Mickaël Wamen le reconnaît dans la présentation qu’il faut dans les deux réunions des 23 mars et 27 avril, mais est incapable d’en tirer les conséquences… Donc, et par voie de conséquence, au niveau des salaires, des conditions de travail, de la division, de la parcellisation et de la spécialisation des tâches.
Une SCOP qui n’emploie pas d’intérimaires, vous connaissez ? Nous pas. Une SCOP où les fonctions tournent, où les ouvriers et les cadres permutent leur place tous les mois ? Sorti du domaine artisanal, nous pas. Une SCOP qui vend ses produits au prix qu’elle souhaite ? Nous pas.
Une SCOP n’est qu’une entreprise capitaliste de type particulier, qui peut effectivement survivre un temps au sein du capitalisme dans ce qu’on appelle des « niches » de production, mais très rarement dans de grandes entreprises. Entreprise où les travailleurs « s’auto-exploitent », et en arrivent à prendre des décisions pour eux-mêmes qu’ils n’auraient jamais acceptées de la part d’un patron… Lors de la présentation du 27 avril, Rilov développe longuement sur le partage des bénéfices (évidemment juteux dans l’exemple choisi, il faut bien appâter le client !) dans une SCOP mais ne dit pas un mot de ce qui se passe en cas de pertes…
Illusion de travailler « pour soi-même » et pas pour les actionnaires… Illusion qui se fracasse à la première tempête concurrentielle, ou à la première exigence des donneurs d’ordre (les SCOP sont le plus souvent de sous-traitants).
Nous ne développerons pas plus ici (nous aurons l’occasion d’y revenir), les lecteurs intéressés peuvent consulter un dossier (qui date déjà de 1985, comme quoi ce n’est pas une question nouvelle) sur le sujet ICI.

Mais nous allons revenir sur le projet de la CGT Goodyear.

Présenté en mode « clandestin » le 23 mars aux salariés de l’entreprise, un peu développé le 27 avril dans une deuxième réunion cette fois ouverte à la presse, c’est un projet purement capitaliste (en ligne à la fin de cet article la totalité de la présentation audio de la SCOP lors de la réunion du 27 avril). Pas un mot sur les conditions de salaire et de travail, pas un mot sur le mode de management, sur les différences salariales, sur les cadences, sur la gestion de l’entreprise… Et l’on sait que dans toutes les SCOP la démocratie formelle de l’assemblée générale annuelle cache les décisions réelles prises au jour le jour par les cadres et dirigeants, comme tous bons managers capitalistes confrontés au marché et à la concurrence.

La nature du projet est simple : il s’agit de créer une entreprise partenaire de Goodyear, sous le régime de la SCOP donc, totalement intégrée dans la chaîne économique du monopole.
Selon la CGT et Rilov, le projet de SCOP nécessite le transfert de la part de Goodyear de toutes les licences techniques, des contrats d’achat préférentiels de matière première, la coopération en matière de recherche et développement, la cession des portefeuilles client et la licence commerciale du réseau de distribution, et en plus nécessite d’imposer à Goodyear de financer le démarrage de la nouvelle entreprise.
Comme ils le disent, « il faut que Goodyear joue le jeu » … c’est le moins qu’on puisse dire à voir le projet ! Autant dire qu’il y a loin du rêve à la réalité.
A préciser que le projet de SCOP prévoit également le rapatriement d’une grosse partie de la production des usines de Pologne et de Turquie, tant pis pour les ouvriers polonais et turcs, qu’ils crèvent…

Bien. Il est déjà assez sidérant de voir des syndicalistes revendiquer un tel projet, c’est une ignorance absolument crasse du fonctionnement capitaliste (voir l’autre article « Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ? »). Mais quoi d’étonnant quand on voit un avocat et des syndicalistes capables de faire une présentation de deux heures et demi sans une fois utiliser le mot capitalisme ???
Mais il est encore plus sidérant de voir ces syndicalistes et avocats associés se gargariser d’avoir juste simplement « paraphrasé » la proposition de Titan et de l’avoir copiée mot pour mot, pour la proposer comme projet de SCOP !!!
Vous ne nous croyez pas, et bien écoutez, c’est enregistré lors de la deuxième réunion de présentation le 27 avril, la qualité n’est pas parfaite, mais on comprend l’essentiel :
Lire la bande son sur le site oùvalacgt


Voilà, Titan, le requin américain sans foi ni loi, qui fait son profit de l’exploitation éhontée aux quatre coins du monde présenté en modèle industriel digne d’être repris tel quel, paraphrasé mot pour mot et c’est pas nous qui le disons, c’est Rilov !!! Honte à de tels syndicalistes !!! Jamais un syndicaliste de classe, un travailleur un minimum – très minimum – conscient de ce que sont les effets du capitalisme ne peut avaler cette couleuvre (c’est un boa !!!). C’est pathétique de voir ainsi des syndicalistes qui se veulent radicaux affirmer ainsi des gages de garantie de bonne intégration au capitalisme…

Un deuxième argument supposé « béton » revient tout au long de l’argumentation. Goodyear prétend perdre beaucoup d’argent dans le Farm, la CGT dit le contraire. Alors, qu’il nous cède l’affaire dans la SCOP, on lui fait gagner beaucoup d’argent en lui évitant en plus les licenciements, après c’est plus son problème !
Ah, oui, ça paraît tellement limpide et simple une gestion facile du capitalisme, n’est-ce pas ? Ils sont vraiment cons ces patrons… et c’est répété en litanie tout au long des interventions !

Mais le fond de l’histoire c’est que les projets de Goodyear ne se mènent pas au niveau d’Amiens Nord, mais au niveau d’un monopole mondial où l’activité pneus tourisme représente plus de 90% de l’activité, et où les projets de restructuration de Goodyear sont à l'échelle de la planète. La CGT répète comme une ritournelle que « personne ne peut croire qu’un constructeur comme Goodyear va abandonner 14% du marché aux concurrents, c’est impossible, 95% de bluff » , mais si, mais si camarades, c’est tous les jours que ça se passe dans la guerre économique mondialisée ! Ce sont les aléas du taux de profit, des marchés, des recentrages et des restructurations permanentes !
Goodyear, pour des raisons inconnues mais qui sont les siennes a décidé de fermer Amiens Nord. Peut-être l’usine est-elle rentable, va savoir. Mais dans ce cas, la perspective, purement capitaliste pour un autre industriel, c’est de récupérer le marché en toute indépendance – et il est parfaitement illusoire d’imaginer obtenir en partenariat la collection de licences et accords préférentiels d’un monopole qui justement veut se dégager d’une activité, même rentable… Alors, peut-être y a-t-il des accords souterrains de reprise des marchés par Titan, c’est tout à fait possible – c’est la défense de l’emploi, contre la délocalisation, contre la fermeture qui doit être au cœur de la lutte et de la mobilisation ouvrière , pas un supposé projet capitaliste concurrentiel à celui de l’entreprise américaine… fût-elle sous le nom de scop !

Le prétendu projet de SCOP de la CGT Goodyear est juste illusoire, et cela ressemble plus à un plan de com’ pour faire oublier qu’on n’organise pas la lutte…
Oui, plan de com’ comme ceux de tous les politiciens bourgeois que nous vomissons : annonce devant les télévisions sans que les ouvriers soient au courant le 26 février, première réunion confidentielle et le 23 mars, affichée « secret » pour faire mousser les médias, alors qu’il n’y avait rien du tout de secret, tous les chiffres donnés étaient déjà publics (qu’on ne nous raconte pas d’histoire, nous avons tous les enregistrements !), grosse opération médiatique pour remettre le dossier à la direction le 23 avril (d’ailleurs validée par la direction elle-même, elle y a intérêt pour montrer qu’elle est de bonne volonté dans les procédures juridiques, voir le courrier ci-contre), nouvelle réunion le 27 avril – et depuis plus rien.
On va en reparler au tribunal le 3 juin, bien sûr. Mais quoi ? La direction va répéter qu’elle n’est plus intéressée par ces pneus, en fabrication directe comme en sous-traitance, et puis voilà… Après, bien sûr que les concurrents (dont Titan, Michelin, Continental, BKP et autres) vont se partager le marché, c’est la loi du genre… Mais rien que de très ordinaire dans la jungle de la guerre économique capitaliste…

Alors la SCOP ? Même les ouvriers de Goodyear n’y croient pas une seule seconde et elle ne verra jamais le jour, nous l’affirmons. C’est un plan com’ pour faire mousser l’avocat et quelques délégués devant les médias, pour montrer comment ils sont bien raisonnables et bien respectueux du marché capitaliste, comment ils seraient d’excellents gestionnaires bien meilleurs que les patrons, comment ils contrôlent la révolte ouvrière (et ils ont un peu flippé le 7 mars, même s’ils n’ont pas repris le contrôle), finalement comment ils sont de parfaits lieutenants ouvriers du capital, comme les qualifiait Lénine il y a longtemps (« Mais d’où sort toute cette bureaucratie ? »).

La présentation audio de la SCOP lors de la réunion du 27 avril (53 minutes) : sur le blog oùvalacgt


Edité le 28-05-2013 à 22:23:30 par Xuan




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   Posté le 28-05-2013 à 22:26:42   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

En effet la SCOP qui est présentée est une sous-traitante et ne bénéficie pas d'un effet de niche.
Sur les caractéristiques de la sous-traitance, voir le sujet la sous-traitance et la création de la plus-value.
L'ouvrier de la sous-traitance est exploité à la fois par son patron, le banquier et le donneur d'ordre.

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Source oùvalacgt
Vendredi 31 mai 2013

Après Mittal et PSA, le gouvernement abandonne les Goodyear


Le CCE du 28 mai à peine terminé, la direction annonce qu'il n'y a aucune proposition de repreneur, et immédiatement dans la foulée, le gouvernement en prend acte et abandonne les camarades de Goodyear à Pôle Emploi. Un communiqué commun Montebourg/Sapin (voir ci-contre) ne demande plus à la direction que des "mesures d'accompagnement exemplaires", validant ainsi la fermeture de l'usine.
On est bien loin des promesses électorales ("Hollande face aux Goodyear sur les licenciements"), ou des visites de Montebourg sur le parking...

[ lien pour lire le communiqué de Montebourg ]

Le Courrier Picard s'est d'ailleurs fendu d'un article particulièrement acerbe "le gouvernement se dégonfle" en analysant le communiqué point par point.

"Nous sommes loin de la campagne des primaires socialistes. En 2011, sur le parking de l'usine Goodyear, Arnaud Montebourg vendait sa « démondialisation » , dénonçant les entreprises qui licencient alors qu'elles font du profit.

Sa seconde visite en 2012, avec sa casquette de soutien au candidat du Parti socialiste François Hollande, annonçait, en cas de victoire de la gauche, des lois contre les licenciements, à grands renforts d'empathie avec les salariés en lutte...

Hier, un simple communiqué a définitivement « grillé » les beaux discours déjà bien abîmés de celui qui est pourtant aujourd'hui ministre du Redressement productif.

De façon cinglante, et presque du tac au tac, le gouvernement répondait ainsi à l'appel au secours des représentants des salariés, qui réclamaient un contrôle des manœuvres du groupe Goodyear.

Bref, que les services fiscaux fouillent et aident la CGT à prouver que Goodyear Dunlop Tires France use de tous les moyens pour en finir avec son usine d'Amiens-nord.

Apparemment, le gouvernement a déjà tourné la page. Pis, dans son communiqué, il « salue le travail de l'AFII » (agence française des investissements internationaux), expliquant que huit entreprises se sont déclarées intéressées, cinq ont signé un accord de confidentialité, deux offres non engageantes ont été présentées. « Après examen attentif du dossier par les candidats potentiels, en lien étroit avec l'AFII, le cabinet du ministre du Redressement productif et les équipes de Goodyear, aucun des candidats n'a été en situation de présenter une offre engageante ». Point barre pour Amiens.

Suivent trois petits paragraphes qui sonnent comme les derniers coups de pelle d'un enterrement. D'abord celui faisant constat que les potentiels repreneurs ont reculé face au faible niveau d'investissement réalisé sur le site, donc de l'état de l'outil de production, et la perte de marchés induite.

Ensuite, « la direction va poursuivre la procédure d'information et de consultation sur son projet » . Comprendre : de fermeture. « Nous avons demandé à l'entreprise de proposer des mesures exemplaires d'accompagnement visant à permettre aux salariés qui seraient licenciés de retrouver au plus vite un emploi » .

Enfin, le dernier sonne comme une rengaine souvent entendue : « l'État s'engage à être présent aux côtés des territoires et des salariés en appui aux projets de réindustrialisation qu'ils initieront pour la sauvegarde du plus grand nombre d'emplois » .

On est loin, très loin des promesses entendues sur le parking il y a un an."


Alors, le gouvernement, il est où ?

Et bien, Montebourg est à Flins avec le PDG Carlos Ghosn, pour se féliciter du nouvel accord compétitivité emploi signé par les syndicats collabos à Renault.
Et bien, Hollande est à Bosch Rodez pour se féliciter du nouvel accord d'entreprise qui a tout de l'accord compétitivité emploi même s'il n'en porte pas le nom (voir ci-contre).

[le lien pour l'article des Echos]
Le gouvernement a impulsé l'ANI pour plus de flexibilité, précarité et régression sociale, il a trouvé les syndicats "responsables" pour signer, et c'est ainsi qu'il voit l'avenir des ouvriers et travailleurs : toujours plus de flexibilité, toujours plus de précarité, toujours moins de droits - blocage des salaires, reprise de RTT, mobilité forcée etc.

Mais les ouvriers qui se battent pour l'emploi, comme à PSA Aulnay, les ouvriers qui résistent - ceux-là peuvent crever. Et quand le capitalisme impose ses règles et son talon de fer, c'est le gouvernement qui s'en fait le promoteur.

Les camarades de Goodyear sont abandonnés par le gouvernement, ça c'est clair et net. Hollande Montebourg ne vaut pas mieux que Sarkozy/Bertrand.
Il faut maintenant qu'ils prennent leurs affaires en mains, et il faut qu'ils prennent désormais la voie tracée par PSA ("PSA : une grève historique"), sans faire confiance aux experts qu'ils soient juridiques (juges et avocats), syndicaux ou politiques. Ils sont aujour'hui anesthésiés par le discours de la "voie juridique", dans l'attente d'on ne sait quel sursaut, on ne sait quel sauveur suprême...

"Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes, décrétons le salut commun !"
voilà les glorieuses paroles de l'Internationale, notre chant de combat !

Voilà le chemin à suivre à Goodyear comme ailleurs !


Edité le 31-05-2013 à 13:00:18 par Xuan




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LUNDI 3 JUIN 2013

Soutien à la lutte des Goodyear !


Aujourd'hui, les ouvriers de Goodyear étaient en grève et bloquaient l'usine d'Amiens Nord au jour de l'examen de la validité du PSE sur la forme par le tribunal de grande instance de Nanterre.

La lutte pour la sauvegarde de l'emploi sur le site dure depuis 7 ans et après des menaces sur quelques centaines d'emplois, la direction est passée à la vitesse supérieure en voulant liquider la boîte et supprimer les 1173 emplois du site. En comptant les sous-traitants, ce sont 4000 emplois concernés.

Ce sont aussi les boîtes du coin qui pourraient prendre exemple sur la liquidation d'une usine dont les ouvriers se battent et faire effet domino, notamment à Dunlop juste à côté. A Dunlop, les 4x8 (2 jours le matin, 2 jours l'après-midi, 2 jours de nuit, 2 jours de repos) ont été signés par un délégué traître contre la volonté des ouvriers. Le contrat finit d'ailleurs en décembre et beaucoup disent qu'ils pourraient fermer le site par la suite.

La bataille pour le boulot est loin d'être finie à Goodyear Amiens Nord, comme dans de nombreuses autres boîtes !

Source la Cause du Peuple

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Jeudi 6 juin 2013 - oùvalacgt

A Goodyear après le CCE et le Tribunal de Nanterre


Dans un article précédent (« Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ? ») nous faisions le point des procédures et mobilisations sur l’usine.
Petit état des lieux pour continuer.

Mardi 28 mai, nouveau CCE.

La CGT n’envisage aucune action, ne prévoit pas de déplacement à Rueil et va même jusqu’à s’opposer à la proposition de piquet proposé par SUD le jour dit. La veille, tous les délégués CGT tournaient dans l’usine, jusqu’à 21h, y compris Mickaël Wamen qui n’a donc pas participé à la préparatoire, pour dissuader les ouvriers de participer à cette action. C’est quand même fort…
Le piquet a eu lieu malgré tout le lendemain, avec une très faible participation, mais qui marque quand même les esprits dans l’usine. Lors de chaque prise de parole au haut-parleur, on voit les ouvriers sortir écouter les interventions, c’est un signe. Sur ce piquet, nous remettons une pétition de soutien signée lors d’une réunion publique organisée à Toulouse le 10 avril dernier. D’ailleurs, il n’est pas trop tard pour la signer et la faire signer largement !!! (ICI)

Par ailleurs, ce CCE qui ne devait servir à rien, n’apporter aucun élément nouveau selon la CGT, entérine qu’il n’y a aucune solution via un repreneur, information sur laquelle le gouvernement saute d’ailleurs immédiatement pour justifier son abandon des Goodyear (« Après Mittal et PSA, le gouvernement abandonne les Goodyear »). C’est un petit coup de tonnerre, et quoi qu’en disent les dirigeants de la CGT c’est un pas de plus préoccupant vers la fermeture…

Pour justifier son inaction on se rappelle (article précédent) que la CGT locale était prête à inventer tous les arguments, même les plus bidons. « Il n’y a plus de sous pour les cars », « les ouvriers ne veulent plus faire grève » etc…

Mais comme par hasard juste après l’initiative de SUD, la CGT appelle à un rassemblement le vendredi 31 mai pour « des informations de la plus haute importance », dans l’optique de l’audience du TGI de Nanterre du 3 juin et d’un déplacement pour l’occasion. Donc ce qui était impossible la veille (la grève et les cars) devient miraculeusement possible le lendemain… Plus grave, c’est l’avocat (Rilov) et pas le syndicaliste (Wamen) qui se déplace devant les médias pour faire de la retape pour la réunion (voir ci-contre)… Où est passé le syndicalisme de mobilisation ? Le syndicalisme de terrain ? Le syndicalisme de lutte des classes ?

400 ouvriers se déplacent pour cette réunion (ce qui montre au minimum une vraie inquiétude !), filtrée et triée sur le volet. Deux votes complètement formels sont organisés :
- Le premier : « Voulez-vous conserver votre emploi ? » . Mort de rire. Evidemment, avec des votes comme ça, on ne risque pas la contradiction, et la CGT locale peut utiliser le résultat pour valider n’importe quoi…
- Le deuxième vote est à l’inverse hyper technique et parfaitement incompréhensible pour l’immense majorité des présents : « Etes-vous d’accord pour joindre à la procédure en assignation forcée les fabricants de matériel agricole qui utilisent les pneus Goodyear ? » . Même pas une question, même pas un débat… la majorité vote… Allez comprendre, mais le but explicite est de retarder la procédure et de gagner du temps.
Tout cela est une pantalonnade, une comédie tragique où les ouvriers sont manipulés et baladés d’une impasse à l’autre, au gré des hésitations et de la navigation à vue de l’équipe juridico-syndicale.

[voir l'interview FR3 Picardie sur le site]

Lundi 3 juin, audience au TGI de Nanterre.
La CGT bloque l’entrée de l’usine avec des feux de pneus (tradition oblige), l’usine est déserte, mais le piquet est squelettique au regard de la force supposée de la CGT. Un seul car est rempli pour partir à Nanterre, le deuxième car est renvoyé au dépôt faute de participants. Voilà la démobilisation où mène la voie juridique. Dans le compte rendu de cette journée (ICI), la CGT ne parlera même pas du blocage et du piquet…
A tribunal, grosse présence policière et journalistique (nettement plus que le 17 mai), une cinquantaine de camarades de Goodyear.
Comme annoncé (« voté » !!!) le vendredi d’avant, l’avocat tente de demander un nouveau report. Il est renvoyé dans les cordes par une présidente fatiguée de ces tergiversations alors que Rilov avait justement demandé un référé d’heure à heure (procédure d’urgence, pour trouble manifeste et illicite – qui nécessite précisément une décision d’urgence) et qu’il en est à une deuxième demande de renvoi… Par ailleurs, son argumentation juridique inconsistante est balayée d’un revers d’article du Code de Procédure Civile.
Nota en passant pour montrer l’incohérence de la CGT dans le système juridique : depuis plusieurs jours, ils clamaient que l’audience du 3 juin au TGI était la journée « la plus importante depuis 2011 », (voir par exemple ICI) bien plus importante que le CCE du 28 mai, alors qu’ils s’apprêtaient à demander un renvoi au point de le faire voter formellement par l’assemblée… Qui prend-on pour des crétins dans l’affaire ?

L’audience passe ensuite au fond, et les parties plaident sur le contexte économique, les relations entre Titan et Goodyear, le marché du tourisme et de l’agricole etc… Débat d’experts en gestion capitalistes, chiffres, courriers, marchés, accords secrets, entourloupes… Ne soyons pas trop bégueules, si c’est pour gagner du temps, pourquoi pas ? Mais encore faut-il que ça bouge à côté !!!
Mais c’est morne plaine… même si on sent bien que l’inquiétude monte. Là c’est juste un débat expert contre expert…
Fin des plaidoiries à 14h30, décision en délibéré pour le 20 juin, immédiatement commentée sur le piquet : « Bon, et ben demain on reprend le boulot et on attend le 20 »…
No comment…

Fin de la séquence CCE + TGI.
Le temps passe. Les procédures s’enchaînent. La direction prend son temps, joue nettement plus habile que les fois précédentes. Elle vient ainsi d’accepter une expertise des CHSCT, après que la CGT ait été contrainte d’accepter la consultation sur le projet de fermeture du site. Un peu de retard ? Bon, rien de grave au regard du résultat final, et de toutes les façons, rien ne bouge, et cela la direction le voit aussi.
Donc inutile de se précipiter au risque de faire rater la mécanique, la direction se contente d’engranger les points, expertise CHSCT, diverses réunions de CCE, tribunaux, pour asséner le coup de grâce quand la situation sera mûre. Lors de la réunion secrète de vendredi 31, une seule question dans l’assemblée : « mais qu’est-ce qui se passera si on perd au tribunal ? » . Oui, bonne question et pirouette de Rilov qui annonce de nouvelles procédures etc.
Bref, à suivre ce cours, les camarades de Goodyear recevront leurs lettres de licenciement sans avoir vraiment compris ce qui leur arrive, ni entamé le début de commencement d’une lutte sérieuse… Toujours lors de cette réunion du 31 mai, Mickaël Wamen a eu des mots très durs contre la grève des camarades de PSA, 4 mois de blocage de la production quand même… (en gros la CGT a négocié la fermeture avec la direction…), on aimerait bien qu’il les dise en public , qu’un journaliste ose lui poser la question, cash… [ceci est une adresse spéciale à nos lecteurs journalistes, nous savons qu’ils sont là…]. Le Blog Où va la CGT était d’ailleurs très implicitement visé pour avoir qualifié cette grève d'historique (ICI), merci pour lui et en plus, nous confirmons !

Une nouvelle fois la question est posée de prendre ses affaires en mains. La polémique n’est pas juridique ou pas, c’est de savoir si c’est l’essentiel ou si c’est secondaire par rapport à la lutte des classes. Aujourd’hui, et chaque jour plus, la CGT Goodyear s’enferre dans la voie juridique et entraîne les ouvriers à leur perte.
Alors, aujourd’hui plus que jamais nous le répétons, l’heure n’est pas à « Juridique ou pas », l’heure est à « Comité de grève ou pas » !


Edité le 06-06-2013 à 22:30:49 par Xuan




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   Posté le 19-11-2013 à 00:15:51   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'actualité des Goodyear sur l’Expansion. Comme on le voit la visite de Hollande n'a rien réglé. Comment pourrait-il en être autrement du reste.
Ici comme ailleurs, «On nous a fait comprendre que si on s’attaquait à Hollande, on ferait le jeu des extrêmes» [visite à Florange le 25 septembre]...

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Les Goodyear soudent la porte du dépôt de leur usine à Amiens-Nord


L'Expansion.com avec AFP - publié le 18/11/2013 à 08:16

Les salariés de Goodyear a Amiens-Nord bloquent ce matin l'accès au dépôt de l'usine. Ils se rendront à une réunion de présentation du plan de sauvegarde de l'emploi, boycotté par la CGT.


Des salariés de l'usine Amiens de Goodyear se réunissent le 14 octobre 2011 pendant la visite du candidat à la primaire socialiste, François Hollande - AFP / FRANCOIS NASCIMBENI .


Ils ont soudé une porte de l'usine Goodyear. Les salariés d'Amiens (Picardie) bloquent depuis 6h l'accès au dépôt de leur usine, dans le nord de la ville. Lundi 18 novembre, ils protestent contre la fermeture de l'établissement, à l'occasion d'une nouvelle journée d'actions à l'appel de la CGT.

"On était environ 200 dès 6h. On a fait une petite soudure à la porte de notre dépôt, comme ça aucun camion ne peut rentrer ni sortir. Et on a fait brûler des pneus et des palettes pour se réchauffer" , a rapporté Franck Jurek, délégué CGT.

Boycott du PSE

Les salariés devaient ensuite se rendre aux environs à Boves, à quelques kilomètres de là, devant le cabinet où doivent se tenir ce lundi les premières réunions du "point information conseil". Y sera présenté le dispositif d'accompagnement du plan de sauvegarde de l'emploi, que la CGT - ultra-majoritaire à Amiens-Nord - a appelé à "boycotter".

"On boycotte tout ce qui peut sortir de la direction. On demande au personnel de ne pas assister aux réunions d'information pour ne pas faire valider le plan social" , a expliqué Franck Jurek.

La CGT et CFDT ont décidé d'entamer de nouvelles procédures judiciaires afin de faire annuler le plan social, qui prévoit la fermeture de l'usine, employant 1.173 personnes. La direction de Goodyear avait annoncé le 7 novembre que la procédure de consultation des représentants du personnel de l'usine d'Amiens-Nord était close, ce que contestent les syndicats. Le bras de fer entre le personnel et la direction de l'entreprise remonte à 2007.

Maurice Taylor, le sulfureux patron de Titan International, a discuté en octobre de la reprise de l'usine avec Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif. Ces discussions n'étaient jamais arrivées jusqu'à la direction d'Amiens-Nord.

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