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Xuan
L'actualité des Goodyear sur l’Expansion. Comme on le voit la visite de Hollande n'a rien réglé. Comment pourrait-il en être autrement du reste.
Ici comme ailleurs, «On nous a fait comprendre que si on s’attaquait à Hollande, on ferait le jeu des extrêmes» [visite à Florange le 25 septembre]...

_____________________


Les Goodyear soudent la porte du dépôt de leur usine à Amiens-Nord


L'Expansion.com avec AFP - publié le 18/11/2013 à 08:16

Les salariés de Goodyear a Amiens-Nord bloquent ce matin l'accès au dépôt de l'usine. Ils se rendront à une réunion de présentation du plan de sauvegarde de l'emploi, boycotté par la CGT.


Des salariés de l'usine Amiens de Goodyear se réunissent le 14 octobre 2011 pendant la visite du candidat à la primaire socialiste, François Hollande - AFP / FRANCOIS NASCIMBENI .


Ils ont soudé une porte de l'usine Goodyear. Les salariés d'Amiens (Picardie) bloquent depuis 6h l'accès au dépôt de leur usine, dans le nord de la ville. Lundi 18 novembre, ils protestent contre la fermeture de l'établissement, à l'occasion d'une nouvelle journée d'actions à l'appel de la CGT.

"On était environ 200 dès 6h. On a fait une petite soudure à la porte de notre dépôt, comme ça aucun camion ne peut rentrer ni sortir. Et on a fait brûler des pneus et des palettes pour se réchauffer" , a rapporté Franck Jurek, délégué CGT.

Boycott du PSE

Les salariés devaient ensuite se rendre aux environs à Boves, à quelques kilomètres de là, devant le cabinet où doivent se tenir ce lundi les premières réunions du "point information conseil". Y sera présenté le dispositif d'accompagnement du plan de sauvegarde de l'emploi, que la CGT - ultra-majoritaire à Amiens-Nord - a appelé à "boycotter".

"On boycotte tout ce qui peut sortir de la direction. On demande au personnel de ne pas assister aux réunions d'information pour ne pas faire valider le plan social" , a expliqué Franck Jurek.

La CGT et CFDT ont décidé d'entamer de nouvelles procédures judiciaires afin de faire annuler le plan social, qui prévoit la fermeture de l'usine, employant 1.173 personnes. La direction de Goodyear avait annoncé le 7 novembre que la procédure de consultation des représentants du personnel de l'usine d'Amiens-Nord était close, ce que contestent les syndicats. Le bras de fer entre le personnel et la direction de l'entreprise remonte à 2007.

Maurice Taylor, le sulfureux patron de Titan International, a discuté en octobre de la reprise de l'usine avec Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif. Ces discussions n'étaient jamais arrivées jusqu'à la direction d'Amiens-Nord.
Xuan
Jeudi 6 juin 2013 - oùvalacgt

A Goodyear après le CCE et le Tribunal de Nanterre


Dans un article précédent (« Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ? ») nous faisions le point des procédures et mobilisations sur l’usine.
Petit état des lieux pour continuer.

Mardi 28 mai, nouveau CCE.

La CGT n’envisage aucune action, ne prévoit pas de déplacement à Rueil et va même jusqu’à s’opposer à la proposition de piquet proposé par SUD le jour dit. La veille, tous les délégués CGT tournaient dans l’usine, jusqu’à 21h, y compris Mickaël Wamen qui n’a donc pas participé à la préparatoire, pour dissuader les ouvriers de participer à cette action. C’est quand même fort…
Le piquet a eu lieu malgré tout le lendemain, avec une très faible participation, mais qui marque quand même les esprits dans l’usine. Lors de chaque prise de parole au haut-parleur, on voit les ouvriers sortir écouter les interventions, c’est un signe. Sur ce piquet, nous remettons une pétition de soutien signée lors d’une réunion publique organisée à Toulouse le 10 avril dernier. D’ailleurs, il n’est pas trop tard pour la signer et la faire signer largement !!! (ICI)

Par ailleurs, ce CCE qui ne devait servir à rien, n’apporter aucun élément nouveau selon la CGT, entérine qu’il n’y a aucune solution via un repreneur, information sur laquelle le gouvernement saute d’ailleurs immédiatement pour justifier son abandon des Goodyear (« Après Mittal et PSA, le gouvernement abandonne les Goodyear »). C’est un petit coup de tonnerre, et quoi qu’en disent les dirigeants de la CGT c’est un pas de plus préoccupant vers la fermeture…

Pour justifier son inaction on se rappelle (article précédent) que la CGT locale était prête à inventer tous les arguments, même les plus bidons. « Il n’y a plus de sous pour les cars », « les ouvriers ne veulent plus faire grève » etc…

Mais comme par hasard juste après l’initiative de SUD, la CGT appelle à un rassemblement le vendredi 31 mai pour « des informations de la plus haute importance », dans l’optique de l’audience du TGI de Nanterre du 3 juin et d’un déplacement pour l’occasion. Donc ce qui était impossible la veille (la grève et les cars) devient miraculeusement possible le lendemain… Plus grave, c’est l’avocat (Rilov) et pas le syndicaliste (Wamen) qui se déplace devant les médias pour faire de la retape pour la réunion (voir ci-contre)… Où est passé le syndicalisme de mobilisation ? Le syndicalisme de terrain ? Le syndicalisme de lutte des classes ?

400 ouvriers se déplacent pour cette réunion (ce qui montre au minimum une vraie inquiétude !), filtrée et triée sur le volet. Deux votes complètement formels sont organisés :
- Le premier : « Voulez-vous conserver votre emploi ? » . Mort de rire. Evidemment, avec des votes comme ça, on ne risque pas la contradiction, et la CGT locale peut utiliser le résultat pour valider n’importe quoi…
- Le deuxième vote est à l’inverse hyper technique et parfaitement incompréhensible pour l’immense majorité des présents : « Etes-vous d’accord pour joindre à la procédure en assignation forcée les fabricants de matériel agricole qui utilisent les pneus Goodyear ? » . Même pas une question, même pas un débat… la majorité vote… Allez comprendre, mais le but explicite est de retarder la procédure et de gagner du temps.
Tout cela est une pantalonnade, une comédie tragique où les ouvriers sont manipulés et baladés d’une impasse à l’autre, au gré des hésitations et de la navigation à vue de l’équipe juridico-syndicale.

[voir l'interview FR3 Picardie sur le site]

Lundi 3 juin, audience au TGI de Nanterre.
La CGT bloque l’entrée de l’usine avec des feux de pneus (tradition oblige), l’usine est déserte, mais le piquet est squelettique au regard de la force supposée de la CGT. Un seul car est rempli pour partir à Nanterre, le deuxième car est renvoyé au dépôt faute de participants. Voilà la démobilisation où mène la voie juridique. Dans le compte rendu de cette journée (ICI), la CGT ne parlera même pas du blocage et du piquet…
A tribunal, grosse présence policière et journalistique (nettement plus que le 17 mai), une cinquantaine de camarades de Goodyear.
Comme annoncé (« voté » !!!) le vendredi d’avant, l’avocat tente de demander un nouveau report. Il est renvoyé dans les cordes par une présidente fatiguée de ces tergiversations alors que Rilov avait justement demandé un référé d’heure à heure (procédure d’urgence, pour trouble manifeste et illicite – qui nécessite précisément une décision d’urgence) et qu’il en est à une deuxième demande de renvoi… Par ailleurs, son argumentation juridique inconsistante est balayée d’un revers d’article du Code de Procédure Civile.
Nota en passant pour montrer l’incohérence de la CGT dans le système juridique : depuis plusieurs jours, ils clamaient que l’audience du 3 juin au TGI était la journée « la plus importante depuis 2011 », (voir par exemple ICI) bien plus importante que le CCE du 28 mai, alors qu’ils s’apprêtaient à demander un renvoi au point de le faire voter formellement par l’assemblée… Qui prend-on pour des crétins dans l’affaire ?

L’audience passe ensuite au fond, et les parties plaident sur le contexte économique, les relations entre Titan et Goodyear, le marché du tourisme et de l’agricole etc… Débat d’experts en gestion capitalistes, chiffres, courriers, marchés, accords secrets, entourloupes… Ne soyons pas trop bégueules, si c’est pour gagner du temps, pourquoi pas ? Mais encore faut-il que ça bouge à côté !!!
Mais c’est morne plaine… même si on sent bien que l’inquiétude monte. Là c’est juste un débat expert contre expert…
Fin des plaidoiries à 14h30, décision en délibéré pour le 20 juin, immédiatement commentée sur le piquet : « Bon, et ben demain on reprend le boulot et on attend le 20 »…
No comment…

Fin de la séquence CCE + TGI.
Le temps passe. Les procédures s’enchaînent. La direction prend son temps, joue nettement plus habile que les fois précédentes. Elle vient ainsi d’accepter une expertise des CHSCT, après que la CGT ait été contrainte d’accepter la consultation sur le projet de fermeture du site. Un peu de retard ? Bon, rien de grave au regard du résultat final, et de toutes les façons, rien ne bouge, et cela la direction le voit aussi.
Donc inutile de se précipiter au risque de faire rater la mécanique, la direction se contente d’engranger les points, expertise CHSCT, diverses réunions de CCE, tribunaux, pour asséner le coup de grâce quand la situation sera mûre. Lors de la réunion secrète de vendredi 31, une seule question dans l’assemblée : « mais qu’est-ce qui se passera si on perd au tribunal ? » . Oui, bonne question et pirouette de Rilov qui annonce de nouvelles procédures etc.
Bref, à suivre ce cours, les camarades de Goodyear recevront leurs lettres de licenciement sans avoir vraiment compris ce qui leur arrive, ni entamé le début de commencement d’une lutte sérieuse… Toujours lors de cette réunion du 31 mai, Mickaël Wamen a eu des mots très durs contre la grève des camarades de PSA, 4 mois de blocage de la production quand même… (en gros la CGT a négocié la fermeture avec la direction…), on aimerait bien qu’il les dise en public , qu’un journaliste ose lui poser la question, cash… [ceci est une adresse spéciale à nos lecteurs journalistes, nous savons qu’ils sont là…]. Le Blog Où va la CGT était d’ailleurs très implicitement visé pour avoir qualifié cette grève d'historique (ICI), merci pour lui et en plus, nous confirmons !

Une nouvelle fois la question est posée de prendre ses affaires en mains. La polémique n’est pas juridique ou pas, c’est de savoir si c’est l’essentiel ou si c’est secondaire par rapport à la lutte des classes. Aujourd’hui, et chaque jour plus, la CGT Goodyear s’enferre dans la voie juridique et entraîne les ouvriers à leur perte.
Alors, aujourd’hui plus que jamais nous le répétons, l’heure n’est pas à « Juridique ou pas », l’heure est à « Comité de grève ou pas » !


Edité le 06-06-2013 à 22:30:49 par Xuan


Xuan
LUNDI 3 JUIN 2013

Soutien à la lutte des Goodyear !


Aujourd'hui, les ouvriers de Goodyear étaient en grève et bloquaient l'usine d'Amiens Nord au jour de l'examen de la validité du PSE sur la forme par le tribunal de grande instance de Nanterre.

La lutte pour la sauvegarde de l'emploi sur le site dure depuis 7 ans et après des menaces sur quelques centaines d'emplois, la direction est passée à la vitesse supérieure en voulant liquider la boîte et supprimer les 1173 emplois du site. En comptant les sous-traitants, ce sont 4000 emplois concernés.

Ce sont aussi les boîtes du coin qui pourraient prendre exemple sur la liquidation d'une usine dont les ouvriers se battent et faire effet domino, notamment à Dunlop juste à côté. A Dunlop, les 4x8 (2 jours le matin, 2 jours l'après-midi, 2 jours de nuit, 2 jours de repos) ont été signés par un délégué traître contre la volonté des ouvriers. Le contrat finit d'ailleurs en décembre et beaucoup disent qu'ils pourraient fermer le site par la suite.

La bataille pour le boulot est loin d'être finie à Goodyear Amiens Nord, comme dans de nombreuses autres boîtes !

Source la Cause du Peuple
Xuan
Source oùvalacgt
Vendredi 31 mai 2013

Après Mittal et PSA, le gouvernement abandonne les Goodyear


Le CCE du 28 mai à peine terminé, la direction annonce qu'il n'y a aucune proposition de repreneur, et immédiatement dans la foulée, le gouvernement en prend acte et abandonne les camarades de Goodyear à Pôle Emploi. Un communiqué commun Montebourg/Sapin (voir ci-contre) ne demande plus à la direction que des "mesures d'accompagnement exemplaires", validant ainsi la fermeture de l'usine.
On est bien loin des promesses électorales ("Hollande face aux Goodyear sur les licenciements"), ou des visites de Montebourg sur le parking...

[ lien pour lire le communiqué de Montebourg ]

Le Courrier Picard s'est d'ailleurs fendu d'un article particulièrement acerbe "le gouvernement se dégonfle" en analysant le communiqué point par point.

"Nous sommes loin de la campagne des primaires socialistes. En 2011, sur le parking de l'usine Goodyear, Arnaud Montebourg vendait sa « démondialisation » , dénonçant les entreprises qui licencient alors qu'elles font du profit.

Sa seconde visite en 2012, avec sa casquette de soutien au candidat du Parti socialiste François Hollande, annonçait, en cas de victoire de la gauche, des lois contre les licenciements, à grands renforts d'empathie avec les salariés en lutte...

Hier, un simple communiqué a définitivement « grillé » les beaux discours déjà bien abîmés de celui qui est pourtant aujourd'hui ministre du Redressement productif.

De façon cinglante, et presque du tac au tac, le gouvernement répondait ainsi à l'appel au secours des représentants des salariés, qui réclamaient un contrôle des manœuvres du groupe Goodyear.

Bref, que les services fiscaux fouillent et aident la CGT à prouver que Goodyear Dunlop Tires France use de tous les moyens pour en finir avec son usine d'Amiens-nord.

Apparemment, le gouvernement a déjà tourné la page. Pis, dans son communiqué, il « salue le travail de l'AFII » (agence française des investissements internationaux), expliquant que huit entreprises se sont déclarées intéressées, cinq ont signé un accord de confidentialité, deux offres non engageantes ont été présentées. « Après examen attentif du dossier par les candidats potentiels, en lien étroit avec l'AFII, le cabinet du ministre du Redressement productif et les équipes de Goodyear, aucun des candidats n'a été en situation de présenter une offre engageante ». Point barre pour Amiens.

Suivent trois petits paragraphes qui sonnent comme les derniers coups de pelle d'un enterrement. D'abord celui faisant constat que les potentiels repreneurs ont reculé face au faible niveau d'investissement réalisé sur le site, donc de l'état de l'outil de production, et la perte de marchés induite.

Ensuite, « la direction va poursuivre la procédure d'information et de consultation sur son projet » . Comprendre : de fermeture. « Nous avons demandé à l'entreprise de proposer des mesures exemplaires d'accompagnement visant à permettre aux salariés qui seraient licenciés de retrouver au plus vite un emploi » .

Enfin, le dernier sonne comme une rengaine souvent entendue : « l'État s'engage à être présent aux côtés des territoires et des salariés en appui aux projets de réindustrialisation qu'ils initieront pour la sauvegarde du plus grand nombre d'emplois » .

On est loin, très loin des promesses entendues sur le parking il y a un an."


Alors, le gouvernement, il est où ?

Et bien, Montebourg est à Flins avec le PDG Carlos Ghosn, pour se féliciter du nouvel accord compétitivité emploi signé par les syndicats collabos à Renault.
Et bien, Hollande est à Bosch Rodez pour se féliciter du nouvel accord d'entreprise qui a tout de l'accord compétitivité emploi même s'il n'en porte pas le nom (voir ci-contre).

[le lien pour l'article des Echos]
Le gouvernement a impulsé l'ANI pour plus de flexibilité, précarité et régression sociale, il a trouvé les syndicats "responsables" pour signer, et c'est ainsi qu'il voit l'avenir des ouvriers et travailleurs : toujours plus de flexibilité, toujours plus de précarité, toujours moins de droits - blocage des salaires, reprise de RTT, mobilité forcée etc.

Mais les ouvriers qui se battent pour l'emploi, comme à PSA Aulnay, les ouvriers qui résistent - ceux-là peuvent crever. Et quand le capitalisme impose ses règles et son talon de fer, c'est le gouvernement qui s'en fait le promoteur.

Les camarades de Goodyear sont abandonnés par le gouvernement, ça c'est clair et net. Hollande Montebourg ne vaut pas mieux que Sarkozy/Bertrand.
Il faut maintenant qu'ils prennent leurs affaires en mains, et il faut qu'ils prennent désormais la voie tracée par PSA ("PSA : une grève historique"), sans faire confiance aux experts qu'ils soient juridiques (juges et avocats), syndicaux ou politiques. Ils sont aujour'hui anesthésiés par le discours de la "voie juridique", dans l'attente d'on ne sait quel sursaut, on ne sait quel sauveur suprême...

"Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes, décrétons le salut commun !"
voilà les glorieuses paroles de l'Internationale, notre chant de combat !

Voilà le chemin à suivre à Goodyear comme ailleurs !


Edité le 31-05-2013 à 13:00:18 par Xuan


Xuan
En effet la SCOP qui est présentée est une sous-traitante et ne bénéficie pas d'un effet de niche.
Sur les caractéristiques de la sous-traitance, voir le sujet la sous-traitance et la création de la plus-value.
L'ouvrier de la sous-traitance est exploité à la fois par son patron, le banquier et le donneur d'ordre.
Xuan
Mardi 28 mai 2013 oùvalacgt

Le projet de SCOP de la CGT Goodyear


Le 26 février, au terme d’une journée d’action sur la ville d’Amiens en demi-teinte (« Travailleurs de Goodyear, prêts pour le combat ! »), la CGT de Goodyear accompagnée de l’avocat Fiodor Rilov faisaient un scoop devant les caméras : la CGT proposait de reprendre l’usine Goodyear Amiens Nord en SCOP !!!

Scoop médiatique, mais surtout scoop pour les ouvriers ! Personne n’était au courant, seuls quelques-un(e)s savaient au sein même du syndicat, et absolument personne en dehors.
Dès le départ, c’est donc un projet d’experts qui ne repose sur aucune demande, aucune aspiration des travailleurs de l’usine. Déjà, on peut dire que c’est mal barré. C’est donc très différent d’autres projets (en particulier Fralib) où le projet de SCOP arrive en fin de conflit, après des mois de bagarre, quelque part en solution ultime pour conserver l’emploi et le collectif social de lutte.
Le projet de la CGT Goodyear n’est même pas un projet syndicalo-social, c’est un projet simplement économique, un pur contre-projet capitaliste (« Emploi et licenciements : les contre-plans industriels »).

Que sont les SCOP ?

Des entreprises coopératives, où les actionnaires sont les salariés eux-mêmes qui gèrent leur entreprise en autogestion. Comme le dit Rilov lors de l’assemblée du 27 avril : « Tout est maîtrisé par les salariés qui détiennent l’entreprise et qui ont chacun une voix à l’assemblée générale » .
Au premier abord, un bouleversement par rapport au capitalisme d’aujourd’hui : plus de profit pour les actionnaires, plus de patron voyou, respect mutuel et participation démocratique de tous, choix discutés en assemblée, plus de petits chefs méprisants… franchement quoi demander de mieux ? A Fralib, les camarades en viennent même à contester le mode de domination impérialiste sur les pays du Tiers-monde et à imaginer des liens directs avec les producteurs de thé, sans intermédiaires…
La preuve par A + B que le capitalisme peut se réformer et prendre un visage quand même plus « humain », n’est-ce pas…

Nous l’avons dit, nous le disons et nous le répéterons : ces projets sont des illusions et nullement des solutions. Pour une raison très simple : ces projets sont imaginés pour un monde sans concurrence, sans guerre économique, où donc la rentabilité du capital (le taux de profit) n’est pas au cœur de la production, et où chacun pourrait vivre en bonne entente dans un monde sans contradiction… où chacun pourrait prendre les décisions qu’il souhaite, au mieux, sans s’occuper des autres.
Or chacun sait que ce n’est pas le cas. Chacun voit la guerre économique, la concurrence et donc les restructurations déchirer toute la planète économique, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Une entreprise (privée ou publique, par actions ou SCOP) ne peut survivre dans ce tourbillon qu’en faisant mieux que ses concurrents : mieux au niveau des prix de vente, au niveau de la qualité, des innovations technologiques, de la conquête des marchés etc. Paradoxe : Mickaël Wamen le reconnaît dans la présentation qu’il faut dans les deux réunions des 23 mars et 27 avril, mais est incapable d’en tirer les conséquences… Donc, et par voie de conséquence, au niveau des salaires, des conditions de travail, de la division, de la parcellisation et de la spécialisation des tâches.
Une SCOP qui n’emploie pas d’intérimaires, vous connaissez ? Nous pas. Une SCOP où les fonctions tournent, où les ouvriers et les cadres permutent leur place tous les mois ? Sorti du domaine artisanal, nous pas. Une SCOP qui vend ses produits au prix qu’elle souhaite ? Nous pas.
Une SCOP n’est qu’une entreprise capitaliste de type particulier, qui peut effectivement survivre un temps au sein du capitalisme dans ce qu’on appelle des « niches » de production, mais très rarement dans de grandes entreprises. Entreprise où les travailleurs « s’auto-exploitent », et en arrivent à prendre des décisions pour eux-mêmes qu’ils n’auraient jamais acceptées de la part d’un patron… Lors de la présentation du 27 avril, Rilov développe longuement sur le partage des bénéfices (évidemment juteux dans l’exemple choisi, il faut bien appâter le client !) dans une SCOP mais ne dit pas un mot de ce qui se passe en cas de pertes…
Illusion de travailler « pour soi-même » et pas pour les actionnaires… Illusion qui se fracasse à la première tempête concurrentielle, ou à la première exigence des donneurs d’ordre (les SCOP sont le plus souvent de sous-traitants).
Nous ne développerons pas plus ici (nous aurons l’occasion d’y revenir), les lecteurs intéressés peuvent consulter un dossier (qui date déjà de 1985, comme quoi ce n’est pas une question nouvelle) sur le sujet ICI.

Mais nous allons revenir sur le projet de la CGT Goodyear.

Présenté en mode « clandestin » le 23 mars aux salariés de l’entreprise, un peu développé le 27 avril dans une deuxième réunion cette fois ouverte à la presse, c’est un projet purement capitaliste (en ligne à la fin de cet article la totalité de la présentation audio de la SCOP lors de la réunion du 27 avril). Pas un mot sur les conditions de salaire et de travail, pas un mot sur le mode de management, sur les différences salariales, sur les cadences, sur la gestion de l’entreprise… Et l’on sait que dans toutes les SCOP la démocratie formelle de l’assemblée générale annuelle cache les décisions réelles prises au jour le jour par les cadres et dirigeants, comme tous bons managers capitalistes confrontés au marché et à la concurrence.

La nature du projet est simple : il s’agit de créer une entreprise partenaire de Goodyear, sous le régime de la SCOP donc, totalement intégrée dans la chaîne économique du monopole.
Selon la CGT et Rilov, le projet de SCOP nécessite le transfert de la part de Goodyear de toutes les licences techniques, des contrats d’achat préférentiels de matière première, la coopération en matière de recherche et développement, la cession des portefeuilles client et la licence commerciale du réseau de distribution, et en plus nécessite d’imposer à Goodyear de financer le démarrage de la nouvelle entreprise.
Comme ils le disent, « il faut que Goodyear joue le jeu » … c’est le moins qu’on puisse dire à voir le projet ! Autant dire qu’il y a loin du rêve à la réalité.
A préciser que le projet de SCOP prévoit également le rapatriement d’une grosse partie de la production des usines de Pologne et de Turquie, tant pis pour les ouvriers polonais et turcs, qu’ils crèvent…

Bien. Il est déjà assez sidérant de voir des syndicalistes revendiquer un tel projet, c’est une ignorance absolument crasse du fonctionnement capitaliste (voir l’autre article « Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ? »). Mais quoi d’étonnant quand on voit un avocat et des syndicalistes capables de faire une présentation de deux heures et demi sans une fois utiliser le mot capitalisme ???
Mais il est encore plus sidérant de voir ces syndicalistes et avocats associés se gargariser d’avoir juste simplement « paraphrasé » la proposition de Titan et de l’avoir copiée mot pour mot, pour la proposer comme projet de SCOP !!!
Vous ne nous croyez pas, et bien écoutez, c’est enregistré lors de la deuxième réunion de présentation le 27 avril, la qualité n’est pas parfaite, mais on comprend l’essentiel :
Lire la bande son sur le site oùvalacgt


Voilà, Titan, le requin américain sans foi ni loi, qui fait son profit de l’exploitation éhontée aux quatre coins du monde présenté en modèle industriel digne d’être repris tel quel, paraphrasé mot pour mot et c’est pas nous qui le disons, c’est Rilov !!! Honte à de tels syndicalistes !!! Jamais un syndicaliste de classe, un travailleur un minimum – très minimum – conscient de ce que sont les effets du capitalisme ne peut avaler cette couleuvre (c’est un boa !!!). C’est pathétique de voir ainsi des syndicalistes qui se veulent radicaux affirmer ainsi des gages de garantie de bonne intégration au capitalisme…

Un deuxième argument supposé « béton » revient tout au long de l’argumentation. Goodyear prétend perdre beaucoup d’argent dans le Farm, la CGT dit le contraire. Alors, qu’il nous cède l’affaire dans la SCOP, on lui fait gagner beaucoup d’argent en lui évitant en plus les licenciements, après c’est plus son problème !
Ah, oui, ça paraît tellement limpide et simple une gestion facile du capitalisme, n’est-ce pas ? Ils sont vraiment cons ces patrons… et c’est répété en litanie tout au long des interventions !

Mais le fond de l’histoire c’est que les projets de Goodyear ne se mènent pas au niveau d’Amiens Nord, mais au niveau d’un monopole mondial où l’activité pneus tourisme représente plus de 90% de l’activité, et où les projets de restructuration de Goodyear sont à l'échelle de la planète. La CGT répète comme une ritournelle que « personne ne peut croire qu’un constructeur comme Goodyear va abandonner 14% du marché aux concurrents, c’est impossible, 95% de bluff » , mais si, mais si camarades, c’est tous les jours que ça se passe dans la guerre économique mondialisée ! Ce sont les aléas du taux de profit, des marchés, des recentrages et des restructurations permanentes !
Goodyear, pour des raisons inconnues mais qui sont les siennes a décidé de fermer Amiens Nord. Peut-être l’usine est-elle rentable, va savoir. Mais dans ce cas, la perspective, purement capitaliste pour un autre industriel, c’est de récupérer le marché en toute indépendance – et il est parfaitement illusoire d’imaginer obtenir en partenariat la collection de licences et accords préférentiels d’un monopole qui justement veut se dégager d’une activité, même rentable… Alors, peut-être y a-t-il des accords souterrains de reprise des marchés par Titan, c’est tout à fait possible – c’est la défense de l’emploi, contre la délocalisation, contre la fermeture qui doit être au cœur de la lutte et de la mobilisation ouvrière , pas un supposé projet capitaliste concurrentiel à celui de l’entreprise américaine… fût-elle sous le nom de scop !

Le prétendu projet de SCOP de la CGT Goodyear est juste illusoire, et cela ressemble plus à un plan de com’ pour faire oublier qu’on n’organise pas la lutte…
Oui, plan de com’ comme ceux de tous les politiciens bourgeois que nous vomissons : annonce devant les télévisions sans que les ouvriers soient au courant le 26 février, première réunion confidentielle et le 23 mars, affichée « secret » pour faire mousser les médias, alors qu’il n’y avait rien du tout de secret, tous les chiffres donnés étaient déjà publics (qu’on ne nous raconte pas d’histoire, nous avons tous les enregistrements !), grosse opération médiatique pour remettre le dossier à la direction le 23 avril (d’ailleurs validée par la direction elle-même, elle y a intérêt pour montrer qu’elle est de bonne volonté dans les procédures juridiques, voir le courrier ci-contre), nouvelle réunion le 27 avril – et depuis plus rien.
On va en reparler au tribunal le 3 juin, bien sûr. Mais quoi ? La direction va répéter qu’elle n’est plus intéressée par ces pneus, en fabrication directe comme en sous-traitance, et puis voilà… Après, bien sûr que les concurrents (dont Titan, Michelin, Continental, BKP et autres) vont se partager le marché, c’est la loi du genre… Mais rien que de très ordinaire dans la jungle de la guerre économique capitaliste…

Alors la SCOP ? Même les ouvriers de Goodyear n’y croient pas une seule seconde et elle ne verra jamais le jour, nous l’affirmons. C’est un plan com’ pour faire mousser l’avocat et quelques délégués devant les médias, pour montrer comment ils sont bien raisonnables et bien respectueux du marché capitaliste, comment ils seraient d’excellents gestionnaires bien meilleurs que les patrons, comment ils contrôlent la révolte ouvrière (et ils ont un peu flippé le 7 mars, même s’ils n’ont pas repris le contrôle), finalement comment ils sont de parfaits lieutenants ouvriers du capital, comme les qualifiait Lénine il y a longtemps (« Mais d’où sort toute cette bureaucratie ? »).

La présentation audio de la SCOP lors de la réunion du 27 avril (53 minutes) : sur le blog oùvalacgt


Edité le 28-05-2013 à 22:23:30 par Xuan


Xuan
Lundi 27 mai 2013 source : ouvalacgt

Impasse juridique ou sursaut de la lutte des classes à Goodyear ?


Depuis le CCE du 22 mars dernier, c’est un peu la léthargie à Goodyear.
Au-delà des discours tonitruants et des « plans com’ » de la CGT, c’est le repli chacun pour soi, et le calme plat dans l’usine.
Faisons le point de ces deux mois, en repartant un peu en arrière…

Brève chronologie de ces dernières semaines


12 février : 1er CCE après l'annonce de la fermeture, déplacement massif à Rueil, 500 à 600 personnes.
26 février : journée d’action sur Amiens pour la défense de l’emploi, succès mitigé avec juste 200 personnes, l’annulation de la manifestation prévue et l’annonce surprise et spectaculaire devant les télévisions du projet de SCOP (« Travailleurs de Goodyear, prêts pour le combat ! »).
7 mars : CCE, déplacement massif à Rueil, et affrontements plutôt violents avec les CRS (« Goodyear : les sens de la violence ouvrière ») qui feront bien parler d’eux par la suite. Des poursuites judiciaires sont d’ailleurs toujours en cours contre 5 camarades de la CGT et un de SUD.
22 mars : Nouveau CCE et déplacement à Rueil, moins brutal, il faut dire que la police a transformé le siège Goodyear/Dunlop en véritable forteresse… (« Pétition : tous ensemble contre la fermeture de Goodyear »).

23 mars : Première réunion d’information aux travailleurs de l’usine sur le projet de SCOP, 200 personnes avec les familles. Voir l’autre article « Le projet de SCOP de la CGT Goodyear » (à venir).
3 Avril : la direction envoie à tous les salariés un courrier (ci-contre)http://img.over-blog.com/150x206/0/17/69/60/2013/Courrier-direction-presentation-PSE-avril-2013.jpg détaillant les propositions de départ dans le cadre du PSE. Manœuvre et intoxication, bien sûr, mais qui montre que la direction poursuit son chemin sans broncher et se laisser intimider.
23 avril : remise du projet de SCOP à la direction, aussitôt rejeté, mais avec un superbe plan com’.
27 avril : deuxième réunion d’information aux salariés sur le projet SCOP, à peine une centaine de travailleurs se déplacent.
7 mai : 1er réunion du nouveau CCE, mise en place des structures mais la CGT annonce que des informations fournies par la direction ce jour sont incomplètes et fausses.
15 mai : nouvelle réunion du Comité de Groupe Européen
[img]17 mai[/img] : Audience au TGI de Nanterre, suite à un référé heure à heure de la CGT. Comme elle a assigné Titan en jonction à ce procès pour soupçon de délocalisation masquée (ce qui est possible) le 10 mai seulement suite au CCE, le procès est renvoyé au 3 juin. Seulement un petit car, à peine une cinquantaine de personnes assistent à l’audience, une « délégation CGT » sera-t-il ensuite écrit (voir ICI), alors qu’il était annoncé une forte mobilisation et deux cars au départ. Pour la direction, rien ne change, la procédure se poursuit… (voir la note de service du 17 mai ICI).
28 mai : nouveau CCE, la CGT refuse de mobiliser (voir l’article). De son côté, SUD appelle à la grève et à un piquet ce jour-là devant l’usine pour discuter avec les ouvriers et tenter de mobiliser et de rompre avec le défaitisme et l’attentisme. Force est de dire que ce sont les camarades qui sont dans le vrai ! De son côté, la CGT « mobilise » dans l’usine, mais CONTRE la grève…
3 juin : future et nouvelle audience au TGI de Nanterre, la "journée ultime" pour la CGT...


____________________



La CGT a donc annoncé qu’il n’y aurait aucune initiative pour le nouveau CCE du 28 mai, au prétexte « qu’il n’y aura rien de nouveau », que les « ouvriers ne veulent pas faire grève », « que les cars ça coûte très cher », et que de toutes les façons c’est la nouvelle audience au TGI qui est essentielle. D'ailleurs en râclant les fonds de tiroirs elle a quand même finalement trouvé de quoi affréter deux cars pour ce 3 juin (voir l'article)...
Ce serait risible si ce n'était absolument consternant !!!


D’abord, parce qu’il est faux de dire qu’il n’y a rien de nouveau et que l’ordre du jour est le même que pour le 22 mars. Cette réunion de CCE est une des dernières de la procédure officielle » (voir l’ordre du jour ci-contre), et c’est toujours l’occasion de mobiliser, dénoncer, renforcer la détermination des premiers concernés, les ouvriers dont l’emploi est en cause. Bien entendu, une procédure officielle, qu’elle soit institutionnelle ou judiciaire ne doit jamais prendre le pas sur la mobilisation qui reste le fil directeur d’un syndicalisme de classe.

Néanmoins, on est sidéré par l’argumentaire de la CGT, mélange de mensonges et d’aveux (les ouvriers ne veulent pas faire grève…) et de fausses pistes (l’audience du 3 juin qui devient prioritaire sur tout, "ultime"…).
On notera que rien n’empêche ensuite la direction d’envoyer les lettres de licenciement dès le 29 mai, comme l’a d’ailleurs reconnu Mickaël Wamen le 27 avril ou l’avocat des Goodyear Fiodor Rilov devant le TGI le 17 mai… et quoi qu’il en soit d’ouvrir par anticipation le point information conseil, « cellules de reclassement ».
Aveu quand même : la démobilisation progressive des ouvriers, à peine 100 personnes pour la deuxième réunion SCOP, moins d’un car pour le TGI du 17 mai… A force de mettre en avant la « voie juridique », et oui, on démobilise, on laisse à croire que l’arme des travailleurs c’est Rilov, et pas la grève !!! Lors de la réunion du 27 Avril, Mickaël Wamen, bien obligé de constater la faible participation, commentait en disant « tout le monde attend le TGI ». Et bien voilà, et c’est justement la CGT qui a créé cette ambiance, qui a ainsi démobilisé les travailleurs ! On est loin, très très loin de la grève à PSA !

L’échec de la voie juridique proposée par la CGT Goodyear depuis 2010 n’aboutit qu’à décourager les ouvriers, à les inciter à remettre leur sort dans les mains des experts (avocats et délégués) et sème l’illusion qu’on va pouvoir combattre le capitalisme avec ses propres armes légales.
Il y a deux issues possibles (avec de multiples variantes intermédiaires, report, supplément d’information etc.) :

> Le jugement du TGI déboute la CGT et valide le PSE. La direction de Goodyear (carrément mauvaise, il faut le dire) a pris cette fois toutes les précautions et s’est donné les moyens d’y arriver, d’autant qu’elle est renforcée par le rapport d’expertise de SECAFI (disponible ICI, oui, vous avez bien lu, le cabinet d’experts proche de la CGT… « PSA : des expertises, pour quoi faire ? ») donné au CCE du 7 mars. Dans ce cas, la CGT peut faire appel, mais rien n’empêche le rouleau compresseur de la procédure de se poursuivre. Avec en prime un coup de massue sur des ouvriers déjà peu mobilisés et qui ont été formatés mois après mois à tout attendre d’une victoire juridique.

> Le jugement du TGI suspend le PSE, quelles qu’en soient les raisons. C’est aussi une possibilité, et cela s’est déjà passé à plusieurs reprises – c’est d’ailleurs sur la base de ces victoires juridiques que la CGT Goodyear a construit son orientation de la voie juridique comme remplacement de la mobilisation et de la lutte des classes. Dans ce cas, ce sera bien sûr un peu de temps de gagné, mais les ouvriers seront confortés dans leur passivité et leur attentisme. Car bien entendu, ce ne sera que partie remise, la direction remettra le couvert et en l’absence de mobilisation de classe, elle ne lâchera rien.

Le fond de l’affaire, c’est qu’aucune décision juridique n’a JAMAIS réussi à elle seule à empêcher une restructuration capitaliste. JAMAIS . Et même si au final une décision juridique devient contraignante un moment, c’est pas compliqué, les patrons s’assoient dessus (Sodimédical, Fralib…) en attendant de faire changer ou de mieux préciser la loi en leur faveur (« Licenciements économiques : les enjeux d’un arrêt de la Cour de Cassation »).
L’avocat des Goodyear depuis 2010, Fiodor Rilov, est un avocat brillant certes (il sait comme personne jouer sur la procédure et la complexité de la législation sociale concernant les monopoles) mais il imagine désormais pouvoir en quelque sorte « coincer » le capitalisme dans ses contradictions, et le « contraindre » à respecter les droits des ouvriers. On est là dans une démarche finalement pas si éloignée que cela de celle du PS et de Montebourg… Et d’où bien entendu le fameux projet de loi pour interdire les licenciements propulsé par Rilov via le collectif des Licenci’elles, contre d’ailleurs un autre projet défendu par le PC… (« Une loi pour interdire les licenciements boursiers ? »

C’est la « voie juridique » qui prend actuellement de l’ampleur dans les milieux syndicaux. Face à une crise mondiale du capitalisme de plus en plus tendue, à une guerre économique mondialisée de plus en plus féroce, les restructurations se multiplient, vague après vague, année après année. Les bourgeois (patrons, banquiers et ministres…) deviennent de plus en plus exigeants en termes de profits, flexibilité, précarité et de plus en plus acharnés, parce qu’ils savent que c’est leur propre survie qui est en jeu.

La guerre est féroce et les prolétaires encaissent échec après échec, battus les uns après les autres, faute d’avoir réussi à s’organiser sérieusement contre le capital et les exploiteurs dans leur ensemble. Alors, d’échec en échec, ils recherchent d’autres solutions, les vendeurs de mirage sont nombreux, et c’est la voie juridique qui est aujourd’hui à la mode, portée par des avocats brillants et soutenue aussi par des magistrats dégoûtés par la décadence et l’impudence du monde bourgeois. Mais jusqu’où peut-on aller ainsi ?

L’erreur fondamentale et tragique de la "voie juridique" est double :

> D’une part, elle ne comprend strictement rien au capitalisme et à la guerre économique mondialisée. D’ailleurs, à écouter mois après mois les déclarations de la CGT Goodyear, la crise n’existe juste pas, ce n’est qu’un mensonge inventé par la direction… Quant au capitalisme, même le mot n'est pas utilisé ! Alors les fermetures d’usine dans l’automobile (une douzaine annoncées dans le monde), les restructurations de PSA, Renault, Opel etc. tout cela est sûrement bidon ? Pour ces militants (et pas seulement à Goodyear), tout n’est affaire que de bonne ou de mauvaise gestion mais toujours dans le cadre du capitalisme et de ses règles, marché, concurrence, exploitation, cadences, travail posté, à la chaîne, division entre travail manuel et intellectuel etc. Le fameux mirage du capitalisme à visage humain, avec l’ouvrier toujours exploité… Le projet de SCOP, c’est cela jusqu’à la caricature.

> D’autre part, pour ces militants, les lois, la justice sont en quelque sorte neutres, au service d’un supposé « intérêt général ». C’est n’importe quoi, et n’importe quel ouvrier conscient sait ce qu’il en est. Les lois et la justice sont ce qu’on appelle la « superstructure » de la société, qui vient en quelque sorte fixer les « règles du jeu » du système économique et social. La bourgeoisie (patrons, banquiers, ministres…) défend un ordre économique, l’exploitation des prolétaires, la propriété privée, le marché et la concurrence, le taux de profit le plus élevé possible face aux requins concurrents etc. Pour cela, la bourgeoisie a construit un système judiciaire (mais aussi policier, éducatif, médiatique…) pour en fixer le cadre et les règles, système judiciaire en constante évolution au gré des contraintes de la guerre économique mondialisée.

Imaginer pouvoir changer la loi sans mettre à bas l’exploitation capitaliste est une plaisanterie qui ne nous mène qu’à l’impasse et à l’échec.

On peut certes (et il faut le faire), jouer des contradictions, gagner du temps par les procédures et des bons avocats peuvent être utiles dans ce contexte. Mais il n’y a que la lutte des classes, la mobilisation consciente et organisée des prolétaires qui peut obtenir des résultats.

En ce sens, nous ne pouvons que féliciter les camarades de SUD d’organiser un piquet de grève mardi devant l’usine, pour l’occasion du nouveau CCE. Non pas tant que nous croyons plus à leur contre-plan (« Après les élections professionnelles, quel avenir pour Goodyear ? »), pas plus crédible que ceux de la CGT, mais au moins ils ont le mérite de tenter de bousculer, de réveiller les endormis, de mobiliser… de construire un vrai rapport de force, sur la base de la lutte des classes. Il faut participer à ce piquet, venir apporter notre soutien aux camarades de Goodyear, et c’est ce que nous ferons !
Xuan
Sur La Cause du Peuple :

Des nouvelles de Goodyear et PSA


MERCREDI 24 AVRIL 2013

Goodyear et répression d'Etat


Suite à la garde à vue d'hier de 6 ouvriers de Goodyear Amiens Nord, 4 passeront en jugement le 16 septembre prochain. 2 sont repartis sans poursuites. «La répression anti-syndicale du gouvernement continue (...). Pourquoi ces salariés au lieu des 400 qui étaient présents ?» « On pensait avoir vécu le pire sous Sarkozy, c'était sans compter sur l'équipe Hollande. » « Voilà la seule réponse du gouvernement : tandis quelques-uns de nos camarades sont placés en garde à vue, 1 170 autres attendent une solution et craignent pour leur avenir. Hollande a oublié ses promesses électorales et le monde ouvrier, » a déclaré Mickaël Wamen.

Cela tombe le jour où le gouvernement déclare être opposé à la loi d’amnistie sociale, visant à la base à relaxer les syndicalistes des poursuites qu'ils subiraient lors de conflits. Cette position du gouvernement est le fruit de la lutte de classe : les luttes s'aiguisent, la bourgeoisie fait tout pour que le conflit ne s'étende pas, le gouvernement sert les intérêts de la bourgeoisie plutôt que ceux des ouvriers. Xavier Mathieu a d'ailleurs affirmé ce matin que lorsqu'il avait entendu parlé Alain Vidaliès, main droite de Jean-Marc Ayrault : "Je croyais que j'entendais parler quelqu'un du MEDEF !" .

PSA


La nouvelle est également tombée que l'usine d'Aulnay pourrait fermer dès cette année. La direction de PSA met en avant la grève et les mauvais chiffres pour précipiter la fermeture du site d'Aulnay.

D'autre part, les 4 licenciés n'ont toujours pas été réintégrés tandis que d'autres pourraient voir des poursuites leur tomber dessus dans l'avenir.

Ce matin se déroule un rassemblement contre la distribution des dividendes aux actionnaires de PSA devant le siège social de PSA, avenue de la Grande Armée à Paris. Voici le communiqué de la CGT PSA :

AG des actionnaires de PSA : des décisions scandaleuses et révoltantes !


Communiqué de presse de la CGT PSA

Un contexte très particulier

Cette assemblée générale se tient dans un contexte très particulier :
• La direction s’apprête à mettre en œuvre, dans les prochaines semaines, son plan de 11 000 suppressions d’emplois, comprenant notamment la fermeture d’Aulnay et 1 400 licenciements à Rennes. Les salariés d’Aulnay, en grève depuis le 16 janvier, pour obtenir un CDI pour tous et une préretraite pour les anciens, se heurtent à une direction intransigeante qui prétend qu’elle n’a pas les moyens de satisfaire les revendications.
• Lors des discussions salariales, la direction a annoncé qu’il y aurait 0 % d’augmentation générale des salaires en 2013, ce qui se traduira par une perte de rémunération pour les salariés du groupe.
• La direction a annoncé dans les prochaines semaines l’ouverture de discussions sur un « accord de compétitivité » pour baisser le « coût du travail », à la sauce de ce qu’elle a fait à SevelNord (blocage pluriannuel des salaires, suppression de RTT, mobilité forcée…).

Des propositions révoltantes

Tout ceci n’empêche pas M. Varin de mettre à l’ordre du jour de l’assemblée des actionnaires des résolutions absolument scandaleuses :
Résolution n°15 et 16 : L’accord de l’assemblée des actionnaires est sollicité pour autoriser M. Varin à acheter, avec l’argent de l’entreprise, des actions PSA en Bourse (opération dite de « rachat d’actions » ) pour un montant pouvant aller jusqu’à 320,44 millions € et l’autoriser à détruire tout ou partie des actions PSA achetées.
Résolution n°17 : L’accord des actionnaires est sollicité pour l’attribution d’actions gratuites aux mandataires sociaux et « à certains salariés choisis par le Directoire », c’est-à-dire aux dirigeants de l’entreprise ! Pour la modique somme de 0,85 % du capital social soit 30,1 millions €. Un joli bonus qui ne dit pas son nom !

La CGT constate qu’on est bien loin de la description catastrophiste que M. Varin veut donner de la situation financière de l’entreprise et qu’en tout état de cause, la priorité reste encore d’enrichir les plus riches.

La CGT exige le retrait immédiat de ces résolutions scandaleuses et demande que les 350 millions € que M. Varin est prêt à gaspiller en rachat-annulation d’actions et en distribution d’actions gratuites soient utilisés pour financer, à Aulnay comme à Rennes, une préretraite à partir de 55 ans, afin d’éviter le licenciement de seniors qui n’ont que très peu de chances de retrouver un travail.

M. Montebourg et M. Louis Gallois resteront-ils silencieux ?
Cette politique de rachat-annulation d’actions, qui avait coûté à l’entreprise plus 3 milliards ces 14 dernières années, avait été critiquée en juillet 2012 par M. Montebourg suite au rapport Sartorius.
La CGT interpelle le Ministre ainsi que le représentant du gouvernement au sein du Directoire PSA, M. Louis Gallois, devant cette gabegie.
Ce gaspillage continuera t-il dans un silence complice ?

Rassemblement de protestation organisé par la CGT de PSA
Mercredi 24 avril à partir de 9h, 75 avenue de la Grande Armée
Seront présents les salariés en grève d’Aulnay depuis 15 semaines ainsi que des délégations des usines du groupe.


lacausedupeuple.blogspot.com
[email]lacausedupeuple@gmail.com[/email]


Edité le 26-04-2013 à 18:04:01 par Xuan


Xuan
Sur oùvalacgt :


Mercredi 3 avril 2013

Après les élections professionnelles, quel avenir pour Goodyear ?


Les élections professionnelles avaient lieu vendredi et samedi à Goodyear, dans le contexte que l’on connaît.
Tous les articles de ce blog sur la lutte pour l’emploi à Goodyear , ICI

Pas de changement majeur dans la composition des instances sauf un siège perdu par la CGT au premier collège du CE au profit de SUD, qui garde par ailleurs son siège DP. Le 2ème collège reste à la CGT, le 3ème à la CGC.
Une chose très remarquée : si la majorité reste acquise à la CGT, beaucoup de rayures sur les bulletins, au point qu’aucun élu CGT n'a obtenu le total du nombre de bulletins de liste, c’est un phénomène nouveau à l’usine. Nous y reviendrons plus tard, avec les chiffres détaillés, pour en faire l’analyse.

Actuellement, l’enjeu à Goodyear n’est pas à la lutte, à la grève, au combat pour l’emploi – c’est bien différent de PSA– mais à savoir quel est le supposé « meilleur » projet à opposer à la perspective de fermeture. C’est cela qui proposé par les syndicats.
Un article d’un blog de Mediapart en recense trois, proposés par la CGT (voir l'article du syndicat ICI) :


> La « voie juridique », à nouveau la CGT est retournée devant les tribunaux pour faire annuler la procédure, mais ce qu’il faut dire c’est que là, la direction s’est largement bordée de tous les côtés, tant au CCE à Rueil qu’au niveau européen à Luxembourg, où ce n’est de toutes les façons qu’informatif (comme d’ailleurs partout pour tous les Comités de Groupe européens qui n’ont aucun pouvoir). Quoiqu’il en soit, même si l’issue devait être favorable, cela peut être un peu de temps de gagné, rien d’autre, car pour le groupe, la page est tournée. Une audience a lieu le 17 mai à 11h30 au Tribunal de Grande Instance de Nanterre, on verra bien.

> Le projet de SCOP, proposé par la CGT et présenté aux salariés à la Maison de la Culture le samedi 23 mars. Sans rentrer dans tous les détails (la CGT et l’avocat Rilov tiennent tellement au secret que c’en est bizarre, alors que tous les chiffres donnés sont ceux diffusés au CE…), il semble qu’il s’agisse un projet de « sous-traitance intégrée » à la société Goodyear, qui vendrait la matière première et achèterait les pneus agricoles. C’est-à-dire un projet d’entreprise pieds et poings liés à Goodyear par des contrats, en amont comme en aval… Aucune marge de manœuvre. Avec comme idée de faire appel aux fonds européens pour éviter de récupérer les indemnités de licenciements, ce qui paraît hautement douteux… Cela dit, plus le temps passe, plus l’hypothèse « SCOP » apparaît comme un écran de fumée peu crédible.

> La recherche d’un repreneur, projet proposé par la CFDT et la CGC au CCE, repris à la volée par la CGT. La direction fait semblant d’y participer (histoire de ne pas se mettre le gouvernement et le clown Montebourg à dos), mais avoue elle-même que ce n’est pas crédible (voir le document du CCE ci-contre).

> De son côté, syndicat SUD Goodyear propose un quatrième projet, conjoint avec l’usine Dunlop voisine, et la répartition de la production avec le Farm sur Goodyear et le tourisme sur Dunlop, associé avec un Plan de Départs volontaires (voir le tract-projet ICI) également détaillé sur le Courrier Picard.

[voir sur le site la vidéo concernant le montage de la scop]

Dans tous les cas, quel que soit le projet ou la perspective, on est dans l’après-Goodyear, la restructuration est enregistrée. Dans tous les cas, on n’est plus dans le combat pour la défense de l’emploi mais pour imaginer une « solution », plus ou moins réaliste, plus ou moins crédible… C’est pour cela que nous ne nous donnerons pas la peine d’en discuter plus que ça.

Car le fond de l’affaire, face à restructuration capitaliste, c’est quels moyens les ouvriers se donnent-ils pour défendre leur emploi ? Imaginent-ils des solutions juridiques, économiques, des contre-plans ? Imaginent-ils qu’ils vont pouvoir faire « mieux » que les patrons, là où ceux-ci ont échoué ? Ce qui est tout à fait notable, dans tous les cas, dans tous les projets, c’est que la guerre économique mondialisée, la crise et la concurrence entre requins n’existe pas…

Pourtant, il convient de s’arrêter une seconde sur le projet de SUD Goodyear/Dunlop. Pas tellement sur le projet lui-même, ni plus, ni moins réaliste que les autres. Mais pour une question essentielle, l’unité des travailleurs de deux usines pour la défense de l’emploi . Les ouvriers de Goodyear, les ouvriers de Dunlop face à la crise du capitalisme, et la nécessité du combat ensemble contre l’exploiteur commun. Car, comme le dit un tract de SUD Dunlop (voir ci-contre), après la fermeture de Goodyear Amiens Nord, il y a bien des chances que ce soit le tour de Dunlop Amiens Sud…

La direction ne veut bien sûr pas en entendre parler, sous des prétextes juridiques, mais surtout parce qu’elle ne veut pas se trouver avec un double conflit à gérer en même temps. Diviser pour régner, comme on dit. Tout cela est très « compréhensible » du point de vue d’un patron.

Mais le problème, c’est que la CGT de Goodyear ne veut pas non plus en entendre parler : « NOUS, nous ne nous trompons pas de site, nous savons que notre combat doit être mené sur Amiens nord et non Dunlop Amiens sud, ce ne sont pas les gars de Dunlop qui nous ont élu il y a deux ans... » (tract du 25 mars).
Lors du rassemblement du 22 mars à Rueil, il y a eu des accrochages assez vifs entre ouvriers affiliés à la CGT Goodyear et les camarades présents de SUD Dunlop, les premiers disant aux seconds qu’ils n’avaient rien à foutre d’eux, que les problèmes étaient distincts etc. et qu’en gros ils ne voyaient pas pourquoi ils étaient là !!! Citation : « On est des Goodyear, on n’a rien à foutre des Dunlop, ce sont tous des bâtards » . Et de resservir le souvenir de la supposée acceptation des 4x8 en 2008. Alors que les camarades de Dunlop sont présents à tous les rassemblements à Rueil depuis le début, bien entendu en soutien aux camarades de Goodyear menacés comme eux…

Vieille histoire, en fait. Lors de la mise en place des 4x8, la CGT Goodyear a refusé l’accord et l’a dénoncé, comme SUD d’ailleurs on l’oublie trop souvent. A Dunlop, SUD a refusé de signer, a dénoncé l’accord et l’a même contesté devant les tribunaux, mais la CGT Dunlop de l’époque, majoritaire, a signé l’accord (voir l’article de mars 2008, « Restructurations à Goodyear Amiens, deux voies dans la lutte »).
Comme nous le disions alors, immédiatement le délégué CGT en question est exclu de la CGT. MAIS…

Il crée le syndicat UNSA avec son équipe (la CGT va disparaître), et le délégué syndical central CGT comme la FNIC CGT ne dénoncent pas l’accord (ce qu’ils auraient pu faire) ; ils se lavent les mains de la suite. La CGT Goodyear expliquera que ce n’est pas son combat, que si les Dunlop ne veulent pas des 4x8 ils n’ont qu’à refuser de signer leur avenant individuel (et donc se retrouver au chômage…). Les ouvriers de Dunlop sont explicitement abandonnés à leur sort, et on en reste à critiquer l’UNSA et la CFTC - qui a également signé l’accord, mais en oubliant soigneusement que l’UNSA vient de la CGT . La CGT Goodyear aura toujours des mots très durs contre les Dunlop, tous mis dans le même panier, en laissant de côté la responsabilité de la CGT dans l‘affaire, même s’il s’agissait de pourris, et en refusant même de reconnaître l’existence de SUD Dunlop (majoritaire pourtant en DP, ce n'est pas rien !).

Or SUD Dunlop a depuis l’origine refusé les 4*8, pour les mêmes raisons que la CGT et SUD Goodyear, et poursuit la lutte sur ces bases, dans les conditions difficiles qu’on peut imaginer.
Alors, quand les camarades de Dunlop viennent soutenir leurs collègues aux rassemblements de Rueil, c’est la marque d’une forte solidarité ouvrière dans le combat commun. Les camarades mettent un mouchoir sur tout ce qu’ils ont entendu et subi, et ils sont là. C’est l’important.

Voilà pour le passé. Sur le fond, pour le présent, l’affaire c’est que la CGT Goodyear ne veut pas entendre parler d’un combat commun, car son optique n’est pas la recherche de l’unité ouvrière contre l’exploitation, mais la recherche d’un contre-plan capitaliste à la fermeture annoncée de Goodyear.
Alors que le contexte est favorable à l’unité, alors qu’on voit bien que l’attaque va avoir lieu sur tous les fronts, alors que tout le monde sait bien que « l’union fait la force », la CGT Goodyear refuse l’unité, s’enterre dans la contre-gestion capitaliste et d’ailleurs n’engage pas le combat de classe, la lutte véritable, mobilisée, à l’image des camarades de PSA. Du point de vue du syndicalisme de classe, c’est grave , c’est la marque de l’acceptation du capitalisme et de ses divisions, de ses règles du jeu - même si on prétend s’opposer férocement (en paroles au moins) aux plans de la direction, en fait pour proposer une autre gestion supposée possible…

Nous le répétons, nous ne rentrons pas dans la discussion des divers contre-plans, des uns et des autres ("Emplois et licenciements : les contre-plans industriels"). Nous n’y croyons pas, ni aux uns, ni aux autres, le capitalisme ne se réforme pas.

« Prolétaires, sauvons-nous nous-mêmes », ce sont nos paroles et notre guide. Ce qui compte, c’est l’unité de combat contre l’exploitation, la plus large possible – et là, il est sûr et certain que l’unité des travailleurs de Goodyear et de Dunlop doit être évidente !

C’est en tous les cas une des bases du syndicalisme de classe.
Xuan
Lundi 25 mars 2013
source

Pétition : Tous ensemble contre la fermeture de l'usine Goodyear Amiens !



Goodyear Amiens, les procédures se déroulent, les échéances se rapprochent. Prochain CCE fin mai, après celui de vendredi dernier, où les 300 ouvriers venus manifester à nouveau devant le siège Goodyear Dunlop à Rueil on trouvé une véritable forteresse - rien à voir avec les dispositifs précédents ("Goodyear, les sens de la violence ouvrière") !
Alors, les ouvriers ont jeté des roses par dessus les grilles, avec un énorme panneau : "Valls : 0% chômeurs, Tous CRS !!" ... ce qui avait un certain sens... c'est le moins qu'on puisse dire.

Pas de grande nouvelle, sinon on a compris que la CGT a repris contact avec la direction pour trouver soit un repreneur, soit négocier le transfert à une SCOP, présentée lors d'une assemblée à la Maison de la Culture samedi dernier. On y reviendra.
Mais une chose est désormais claire : tout le monde, tous les syndicats, CGT inclus, a enregistré que Goodyear Amiens Nord, c'est fini. Au lieu d'engager le combat pour l'emploi pour tous, on est à nouveau "sur un plan de départ volontaires" (PDV) pour le tourisme, plus la reprise du Farm d'une manière ou d'une autre, mais différente de la situation actuelle.

Le combat est dur et âpre, d'autant qu'il est totalement pollué par la proximité des élections professionnelles cette fin de semaine, et ça n'aide pas à y voir clair et à avancer. Les attaques fusent, y compris les dénonciations personnelles les plus déguelasses... Ce n'est pas cela qui fera avancer le combat pour l'emploi.

Une pétition néanmoins a été lancée il y a quelques jours, pour faire connaître largement le projet de la direction et populariser le soutien aux travailleurs menacés.
Cette pétition, nous la reproduisons intégralement ci-dessous, et invitons tous les camarades à la signer, le plus massivement possible, à la faire connaître, à la diffuser dans toute la région amiénoise, dans toutes les entreprises et tous les syndicats, dans toutes les régions de France !

On trouve la pétition en ligne ICI
Et voici le texte :

Pour avis à toute la population, citoyens, consommateurs

Face à la crise du capitalisme qui n'en finit pas, les multinationales à Goodyear comme ailleurs procèdent de la même manière, restructurations, plans de licenciements, délocalisations et fermetures de sites. Leur seul but est d'augmenter le taux de profit des capitaux financiers et peu importe le coût humain dans cette fuite en avant pour le profit !!!

Goodyear Amiens n'échappe pas à la règle, dans la concurrence mondiale les multinationales cherchent à consolider leur monopole par des fusions-acquisitions qui ont pour conséquence immédiate la compression des emplois. Les travailleurs sont la seule variable d'ajustement dans leur stratégie de réduction des coûts !

Depuis la fusion-acquisition avec l'usine Dunlop à Amiens, Goodyear cherche par tous les moyens à se débarrasser de notre site, sa seule usine de pneus historique en France.
Tout ça pour augmenter sa marge compétitive sur le marché du pneu et satisfaire ainsi l'exigence de rentabilité élevée des fonds de pensions.

Nous refusons de payer les pots cassés de cette logique après des années de dur labeur. beaucoup de salariés ont payé de leur santé et parfois de leur vie pour faire la richesse de cette entreprise !!

C'est inacceptable qu'on soit jeté au chômage et à la précarité. Goodyear doit assumer sa responsabilité sociale dans ce désastre humain !!
D'autres possibilités existent,en dehors des conditions inhumaines et dégradantes des 4x8 à Dunlop. Nous devons imposer une autre alternative à la fermeture du site Goodyear, grâce à votre soutien MASSIF et une mobilisation plus large nous parviendrons à changer la donne.

Soutenez-nous en signant cette pétition et rejoignez nous.

Merci de rendre votre adresse mail disponible pour le collectif afin que nous puissions vous informer de l'actualité Goodyear destinée uniquement à aider les salariés.



Edité le 25-03-2013 à 22:46:17 par Xuan


 
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