Sujet :

Les ML en France et le PTB

Finimore
   Posté le 30-06-2006 à 16:37:27   

Les ML en France, et les rapports avec le PTB
Unité et division dans le mouvement ML en France

Plusieurs posts abordent ce sujet et il me semble important à la fois de donner mon point de vue et rappeler quelques points d'histoire en m'appuyant aussi sur l'expérience vécue.

Un peu d'histoire:

-Années 60 les premières organisations ML apparaissent. Elles sont en opposition à la ligne révisionniste du P"C"F de soutien à la scission du Mouvement Communiste International organisé par le révisionnisme moderne -Krouchtchévien- en 1963.

-Années 70 développement et apparition de nombreuses organisations se réclamant du ML.

-Années 80 les forces ML sont affaiblies pour diverses raisons -répression de la part de la bourgeoisie et des révisionnistes, division, sectarisme- et notamment par le rôle que joue la social-démocratie et le réformisme avant 81 et après. Le mouvement ML des années 60/70 sera pratiquement décimé dans les années Mitterrand. Il ne subsistera comme organisations que l'OCML V-P et le PCOF.

-Années 90 le reflux du mouvement politique de la classe ouvrière commence à se fissurer et des luttes d'ampleur importantes apparaissent, montrant un certain regain et un intérêt politique pour "les révolutionnaires".
Cette situation nouvelle montre aussi l'absence des ML organisés comme forces dirigeantes dans les luttes, la division....
Cette situation va aussi relancer l'intérêt de l'analyse ML de la société, sa vision de l'histoire, sur l'économie etc... ainsi un attrait certain pour les "expériences " hors de France s'est développée. C'est pourquoi des militants en France passant du nécessaire soutien à la révolution péruvienne (PCP) ou Turque.... vont renforcer un comportement politique "délaissant" la situation française au profit d'organisations ou de luttes déjà engagées dans un processus révolutionnaire.

La fin des "grosses organisations" ML -notamment PCRML, PCML, UCFML - , va entraîner dans les années 90, une situation chez de nombreux communistes (anciens ou nouveaux venus), ou un petit pays frontalier avec la France -la Belgique- ou existe un Parti se réclamant du ML -le PTB- éditant un hebdomadaire -Solidaire- qui organise à Bruxelles des rencontres internationales etc... va devenir un centre d'intérêt, un point de fixation.
Devant l'ampleur et l'écart entre la situation en France et en Belgique, un comportement substitutif va se développer et finalement penser que le PTB allait construire à notre place le Parti et non pas être seulement un point d'appui pour construire ici en France un véritable Parti.

Dans le même temps fin 1991, la Coordination Communiste est crée 1991, -avec l'appui politique du Cercle Henri Barbusse lui même crée en 1988-. Le CHSI -Comité Honnecker de Solidarité Internationaliste, sera crée en 1992- Le CHSI est une émanation de la CC.
En 1992, après avoir prit connaissance de l'existence du PTB et de son journal -grâce à un militant de VP-, je participe au 1er mai du PTB à Bruxelles et je rencontre -stands- les seules structures politiques de France participant à cette fête, c'est-à-dire le CHB, la CC et le CHSI.
Je fut très surpris de leurs discours ambigu concernant le P"C"F.
Je suis retourné les autres années à la fête du PTB jusqu'en 1997.
J'ai été accueilli et hébergé par des responsables du PTB, et j'ai pu largement discuter de nombreuses questions concernant la vision des camarades belges sur la situation française.

De ces discutions, il ressort que le PTB est non seulement préoccupé de l'absence en France d'un véritable Parti ML, mais qu'il est prêt à aider, voir susciter la création en France d'un noyau ou d'une structure plus conforme à sa vision politique.
De nombreux points restent cependant assez obscures pour les camarades Belges, concernant l'histoire du ML en France et sur la nature du P"C"F et de ses "oppositionnels". Le PTB est également très sensible à la question de l'unité des communistes, mais le PCOF et VP pour des raisons différentes n'y sont pas très bien vus.
Le PTB aussi en aparté regrette que les seules organisations (françaises) présentent à la Fête ou au SCI développent un rejet de Mao.
C'est la participation de jeunes lecteurs (français) de Solidaire aux conférences et rencontres (Natoye, Univ. Marxiste) qui va donner l'occasion au PTB d'aider à l'organisation de conférences en France sous le nom d'Université Marxiste à Paris.
Dans ce cadre là plusieurs conférences furent organisées:
-1994: Conférence sur le Rwanda -participation de jeunes du PTB et d'un conférencier-
-1994: LES MEDIAS: INFORMATION OU MANIPULATION ? avec la participation de Michel Collon du PTB.
-1995: QUELLE STRATEGIE SYNDICALE AUJOURD'HUI ? LUTTE OU CONCERTATION ? avec la participation de Jo Cottenier du PTB.
-1995: IL Y A 60 ANS LE FASCISME/CONFERENCE-DEBAT EXPOSITION de l'ADCO et du Groupe du 1er Mai.
-1996: LE PCF ETAIT-IL PORTEUR D'UN PROJET REVOLUTIONNAIRE DANS LES ANNEES 20 avec la participation de Patrick KESSEL du CEMOPI.
-1996: LE PARTI COMMUNISTE FRANCAIS -1921-1923 avec la participation de Patrick KESSEL du CEMOPI.
-1996: LE PROCESSUS CONTRE-REVOLUTIONNAIRE EN URSS FIN DES ANNES 50 avec la participation de Ludo Martens

Parallèlement cette période 1996-2000est celle de la fondation des EP, de ses premières protestations contre l'amalgame fasciste fait entre Hitler et Staline, du lancement d'un "Appel aux communistes", de la publication de brochures et du bulletin EP-Infos, de la réunion unitaire avec des organisations ML, de la création d'un collectif communiste ML regroupant au départ 5 organisations, de la lutte contre le projet Aubry sur les 35 heures, le soutien aux luttes des sans-papiers, de la tentative d'organiser une riposte plus collective des ML contre le livre de Courtois...
Les EP vont également soutenir la création du Collectif Militant Communiste avec lequel il signera un tract pour le 1er mai 2003. Le CMC changera d'alliance plus tard en essayant de regrouper les organisations non-maoïstes.

La CC va éclater en deux groupes en 1999, le PTB en février va publier une interview de JLS responsable nationale de la CC. La CC verra également sortir de ses rangs un groupe en l'an 2000 "Communistes en lutte".
Un débat aura lieu entre un membre du PTB et des EP au sujet de la CC. En mars 2002, Solidaire va faire une grosse erreur d'appréciation en appuyant le lancement du groupe "Communistes" de Rolande Perlican est le qualifiant de ML.
Un camarade des EP va faire passer dans Solidaire une mise au point personnelle concernant le groupe "Communistes", le qualificatif de ML donné par le PTB et sur l'histoire des ML en France.
Je ne reviens pas sur l'appui du PTB a des groupe comme le Kartel 21 ou au RCU qui n'existent plus depuis quelques années, ni sur le soutien appuyer au PRCF. Ce qui ressort de pas mal de discutions avec les belges c'est une certaine impatience à vouloir créer le Parti ou a fusionner, unifier les groupes se revendiquant du ML.
Voilà en gros ce que je peux dire sur les rapports du PTB avec les organisations en France et les quelques éléments que je tenais à faire part aux camarades.

Finimore
Finimore
   Posté le 27-03-2021 à 07:14:28   

Je remonte ce sujet publié en 2006. L'évolution du PTB signalé sur le FML par Alain Bednar Où va le Parti du Travail de Belgique ? (sujet publié en 2019)
https://humaniterouge.alloforum.com/sujet-t7221-1.html
donne quelques éléments.

Pour les communistes en France (et aussi ailleurs) la présence et l'existence du PTB dans les années 90 a été importante. Surtout en regard de la situation groupusculaire (crépusculaire) du mouvement communiste ML depuis la disparition des partis et orgas historiques comme le PCML, le PCRml, l'UCFML.

Le PTB a représenté dans ce contexte un espoir. Depuis plusieurs années le PTB à suivi une évolution qui l'a amené à rejeter officiellement les références marxistes-léninistes.
Mon propos ici n'est pas de m'immiscer ou de donner des leçons, mais d'essayer de comprendre l'évolution ouvertement réformiste de ce parti.

Voici quelques liens à titres informatifs et pour la discussion et l'analyse trouvés sur le net :

Parti du travail de Belgique
Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_du_travail_de_Belgique

Mouvement maoïste en Belgique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_mao%C3%AFste_en_Belgique

Mémoires sur le PTB.
A propos de deux mémoires universitaires.
Georges Ubbiali -Printemps 2011
https://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=88

Corsé, le petit livre rouge du PTB
https://www.levif.be/actualite/belgique/corse-le-petit-livre-rouge-du-ptb/article-normal-128131.html?cookie_check=1616741115

Union des Communistes (Marxistes-Léninistes) de Belgique (UCMLB)
TLPT et UCMLB
Historique de l’UCMLB –1968 - 1976
http://centremlm.be/-Union-des-Communistes-Marxistes-Leninistes-de-Belgique-UCMLB-

PCMLB
http://www.centremlm.be/-Parti-Communiste-Marxiste-Leniniste-de-Belgique-PCMLB-

AMADA - TPO et la question du maoïsme en Belgique
12 septembre 2016
http://centremlm.be/AMADA-TPO-et-la-question-du-maoisme-en-Belgique

Le PTB…
12 décembre 2018
https://alphas.be/ptb/

La métamorphose du PTB Ligue Communiste des Travailleurs 2014 / 2019 -
Section belge de la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale (LIT-QI)
https://www.lct-cwb.be/images/pdfs/LCT/PTB_metamorphose.pdf


Edité le 27-03-2021 à 07:14:53 par Finimore


Finimore
   Posté le 27-03-2021 à 07:29:50   

Dans le sujet sur l'histoire du PTB, j'ai indiqué la publication sur EP-Vidéos de plusieurs vidéos sur l'Histoire du PTB.
Pour être plus complet, voici la liste des 3 vidéos concernant plus précisément ce sujet :

Un quart de siècle après Mai 68
la révolte des étudiants flamants, origines et histoire du PTB
Conférence par Ludo Martens et Kris Merckx le 01/06/1993
https://www.youtube.com/watch?v=Vwfk84tF_6s

L'histoire du Parti du Travail de Belgique - Un parti communiste, un parti révolutionnaire (Version complète) -1er février 1996-
https://www.youtube.com/watch?v=VIliaeGmY4Q

Histoire, unification, crises et scissions aux origines du PTB
Conférence avec Nadine Rosa-Rosso et Michel Collon le 21-03-2000
L'unification des organisations communistes de Belgique :
De Tout le Pouvoir aux Travailleurs à l'UCMLB et fusion avec AMADA-TPO et PTB.
https://www.youtube.com/watch?v=_GHaBfi_iQU


Edité le 27-03-2021 à 07:41:15 par Finimore


Finimore
   Posté le 27-03-2021 à 17:40:43   

Le site du Centre MLM devient Vive le Maoïsme !

La page concernant les textes d'AMADA-TPO
https://vivelemaoisme.org/category/documents-politiques/la-bataille-anti-revisionniste-en-belgique/alle-macht-aan-de-arbeiders-tout-le-pouvoir-aux-ouvriers-amada-tpo/

l'UCMLB
https://vivelemaoisme.org/category/documents-politiques/la-bataille-anti-revisionniste-en-belgique/union-des-communistes-marxistes-leninistes-de-belgique-ucmlb/

le PCMLB
https://vivelemaoisme.org/category/documents-politiques/la-bataille-anti-revisionniste-en-belgique/parti-communiste-marxiste-leniniste-de-belgique-pcmlb/
Finimore
   Posté le 30-03-2021 à 06:50:28   

Voici un texte émanant de Luk Vervaet (mari de Nadine Rosa-Rosso) que je publie avec son accord.

Le SP des Pays Bas, un nouvel espoir pour la gauche radicale en Europe ?

22 novembre 2006: le Socialistische Partij van Nederland (SP NL) - Parti Socialiste des Pays Bas, remporte une victoire spectaculaire aux élections de la deuxième chambre (le parlement néerlandais).
C'est la énième victoire électorale : aux élections communales de 2006, le SP a doublé le nombre de ses élus en passant de 170 à 340. Maintenant, le SP NL gagne 17 sièges, le plus grand gain de tous les partis. Le parti de Jan Marijnissen obtient en tout 25 sièges, devance les libéraux et devient le troisième parti des Pays Bas.
Selon les sondages électoraux, le gain du SP NL provient pour 25% des électeurs du PvdA, pour 20% des électeurs de Groen Links, 15% des électeurs de l'ancienne liste Pim Fortuyn, 13% des électeurs libéraux de gauche de D66 et 8% des électeurs CDA.
Avec 27% des voix, le SP NL devient le plus grand parti parmi les gens aux bas revenus.

Bouleversement antilibéral aux Pays Bas ?

La percée du SP NL semble d'autant plus significative qu'elle a lieu dans un pays qui est totalement dans les mains des conservateurs de droite, des libéraux et de l'extrême droite depuis une dizaine d'années. Il y a à peine quatre ans, la liste Pim Fortuyn obtenait 26 sièges d'un seul coup, à sa première participation électorale, pratiquement la même chose que le SP NL aujourd'hui. La Liste Fortuyn participa immédiatement au gouvernement.

Les Pays Bas sont sur le vieux continent la tête de pont du modèle américain sur les trois terrains où le capitalisme exerce aujourd'hui ses ravages : le démantèlement des acquis du monde du travail, les atteintes aux droits démocratiques (la politique sécuritaire et le racisme) et la guerre impérialiste.

Les Pays Bas sont un des quelques pays de l'Union européenne à avoir pris part à la "Coalition from the Willing " pour la guerre contre l'Irak, une coation de trente pays réunis autour des Etats Unis.
Les Pays Bas sont aussi présents en Afghanistan avec quelques milliers de soldats.

Avec le Royaume Uni, c'est aux Pays Bas que la privatisation radicale et la libéralisation ont été poussées le plus loin, sur le modèle américain : poste, chemines de fer, transports régionaux, système des pensions, assurance-maladie, enseignement, secteur des taxis, la politique du chômage. Arbeidsbemiddeling
Les Pays Bas courent en tête du peloton en matière de flexibilité, des temps partiel et de travail intérimaire (42% de tous les jobs sont à temps partiel, 15% intérimaires). Pour un patron, i y est particulièrement facile de licencier ; les règlements légaux en matière de durée de travail maximale, d'heures supplémentaires, de travail du dimanche et de nuit sont démantelés.

Sur le plan démocratique, les Pays Bas, qui avaient jadis la réputation d'être le pays le plus tolérant sur le continent européen (Amsterdam !, tolérance en matière de droge !, etc.), sont devenus en à peine deux décennies un des pays les plus intolérants, surtout après le 11 septembre 2001 et les meurtres sur Pim Fortuyn et Théo Van Gogh.

Quelques exemples pour illustrer cette évolution. En 1970, les tribunaux de l'ensemble du pays ont prononcé seulement 35 ( !) condamnations de trois ans ou plus. D§SP NL les années 90, c'est une toute autre histoire. En dix ans, de 1995 à 2004, les nombre de détenus a triplé, en passant de 46 à 123 par 100.000 habitants. En 2003, le gouvernement a décidé d'augmenter de 30% les capacités des 102 prisons. Il y a maintenant place pour 22.500 prisonniers. En 2004, le premier " bateau-prison " a été mis en service à Rotterdam pour y enfermer 280 prisonniers.

Le ministre de l'Immigration Rita Verdonck a mis en place les mesures suivantes: chaque service de police régional peut signer un contrat par lequel il se posel'objectif d'arrêter un nombre x d'immigrés clandestins, et si le service atteint ses objectifs, ses agents reçoivent un supplément de salaire. En d'autres mots, la tête des immigrés clandestins est aujourd'hui littéralement mise à prix aux Pays Bas. Ces mesures rappellent les années de guerre où chaque policier hollandais recevait 7,5 florins par Juif arrêté !

Juste avant les élections de novembre 2006, cette même ministre Verdonck proposa d'interdire le port de la burka en public. Cette mesure, qui concernait à peine cent femmes pour le pays, était une ultime tentative de la ministre conservatrice libérale d'arracher les voix de l'extrême droite.

C'est dans ce contexte global que la victoire du SP NL a été interprétée par les medias comme un vote de protestation massif et radical à gauche contre cette politique libérale poussée. Dans les médias européens et américains, on parle de " la percée de l'extrême gauche ", et même de " la percée des communistes " ( The Brussels Journal, 23 november , "Wednesday's general elections in the Netherlands were won by the far-left, the Communist Socialistische Partij (SP)").


Mais qu'en est-il vraiment ?

Nous pensons que les résultats du SP NL en disent plus sur la situation générale esquissée auparavant et sur ceux qui ont perdu les élections aux Pays Bas que sur le SP NL lui-même.
Selon nous, le SP NL ne prend pas un espace à côté et à gauche de la social-démocratie, mais bien la place de la social-démocratie elle-même, tout comme elle est occupée chez nous par le Spa-Spirit ou le PS, ou en France, en Espagne ou en Italie par les partis socialistes.
Le SP NL occupe l'espace que le vieux parti socialiste des Pays Bas , le PvdA, a déserté vu sa politique déstrastreuse.

De 1989 à 2002, le PvdA hollandais a siégé de manière ininterrompue au gouvernement (d'abord avec les chrétiens-démocrates, puis avec les libéraux). Le PvdA a été sanctionné pour cette politique lors des élections de mai 2002, et ce de façon historique : sa fraction parlementaire est passée de 45 à 23 sièges. C'est Pim Fortuyn qui s'était emparé des votes à l'époque. Le professeur et membre du PvdA Bart Tromp l'avait vu venir. A propos de la désastreuse politique du gouvernement socialiste-libéral, il écrivait dans " Parole " du 17 février 2001 : " Avec la coalition violette, le PvdA a pris part à la privatisation, à la logique du marché et à la déréglementation. Mais quels en ont été les résultats ? La promesse était que la recette libérale mènerait à plus de travail et plus de bien-être. Il n'en a rien été. Le nombre d'allocataires sociaux n'a pas baissé après vingt années d'assainissements. Autant de ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté qu'en 1981 (640.000). La privatisation, la dérégulation, et les lois du marché dans le service public, n'ont nullement mené à plus d'efficacité, à l'amélioration de la qualité ou à la baisse des prix ; que ce soit dans la sécurité sociale, le secteur des taxis ou celui des chemins de fer néerlandais ".

Dans l'opposition depuis 2002, le PvdA ne fait pas beaucoup mieux. Le type d'opposition " radicale " menée par le PvdA apparaît dans le point de vue de son porte-parole du dossier affaires économiques, à propos de vingt années de démantèlement du secteur public et des acquis du monde du travail : "Depuis les années quatre-vingt, un énorme projet de dérégulation, de libéralisation et de privatisation a été mis en route. Les expériences dans ce domaine sont diverses et en partie négatives. Le PvdA veut en tirer des leçons et réfléchir à nouveau sur l'équilibre entre le public et le marché… Cela signifie que certains services publics n'entrent pas en considération pour la privatisation. On peut penser au secteur des prisons ou de l'eau potable. Le PvdA est d'avis qu'on ne peut pas prendre de risques avec la sécurité des prisons ou avec la qualité de l'eau potable. L'Etat doit rester un acteur dominant dans ces secteurs. Cela ne signifie cependant pas qu'il ne faut jamais poursuivre la politique de privatisation." (12 janvier 2006).

En Belgique, les partis social-démocrates et même les partis libéraux ont prix position contre les plans américains de guerre contre l'Irak. La participation à la guerre américaine ont contribué à la chute de gouvernements qui avaient décidé la participation à la guerre, dans des pays comme l'Espagne ou l'Italie. Aux Pays Bas, le PvdA social-démocrate était partisan d'un " désarmement pacifique de l'Irak ", il s'est opposé aux manifestations contre la guerre et son président Wouter Bos a déclaré le 26 mars 2003, une semaine après le début de la seconde guerre du Golfe : " Arrêter la guerre en ce moment n'est pas une option. Si la guerre s'arrête maintenant, Saddam fêtera une grande victoire sur l'Occident et il s'attaquera aux Chiites et aux Kurdes, comme en 1991. Arrêter la guerre maintenant n'est pas dans l'intérêt du peuple irakien. Comme je l'ai déjà dit jeudi lors du déclenchement de la guerre, le PvdA se situe en cet instant du côté de la coalition. CDA et PvdA sont dont d'accord à ce sujet".

Enthousiasme dans la gauche radicale en Belgique !

Ce ne sont pas que les grands médias qui ont lancé le message sur la "percée de l'extrême gauche ".
La victoire spectaculaire du SP NL a tourné la tête à pas mal d'organisations et de personnes dans la gauche radicale. Le SP NL, le parti qui fut jadis conspué par la gauche hollandais et fut même interdit de participation à la fête du 1er mai par tous les autres partis de gauche, à cause de ses points de vue racistes, le parti à propos du quel le Parti du Travail de Belgique écrivait encore en 2004 " Le choix devant lequel nous nous trouvons est le suivant : maintenir le PTB en tant que parti révolutionnaire de la classe ouvrière ou le transformer en parti petit-bourgeois réformiste du type SP NL ", ce même parti a reçu de la direction nationale du PTB le télégramme de félicitations suivant, envoyé avant même que les résultats officiels ne soient connus :
"[Persmededeling] PVDA+ feliciteert de Nederlandse SP met haar verkiezingsuitslag. De PVDA+ feliciteert de SP Nederland met haar verkiezingsuitslag (24 zetels volgens de eerste exit-polls). Na de massale afwijzing van de liberale Europese Grondwet vorig jaar, is dit het tweede krachtig signaal dat de mensen op zoek zijn naar een consequent links alternatief voor de traditionele partijen. De SP wordt de derde partij van Nederland (van 9 naar 24 zetels volgens de eerste exit-polls). "Een opvallende doorbraak van uiterst links", titelde CNN meteen op haar nieuwsrubriek. "Het spel werd door elkaar geschud door de radicaal linkse SP", schrijft ook Le Monde. Na de massale afwijzing van de liberale Europese Grondwet vorig jaar, is dit het tweede krachtig signaal dat de mensen op zoek zijn naar een consequent links alternatief op de traditionele partijen".

Le jour après les élections aux Pays Bas, la première chaîne de la télévision flamande a consacré une émission spéciale au PTB à Zelzate, (commune de 13.000 habitants en Flandre orientale, où le PTB a obtenu six sièges lors des élections communales de 2006), dans son programme Terzake : le SP NL de Belgique pourrait être le PTB ou le mouvement de Jef Sleeckx.

Het geflirt met de SP was niet nieuw.
Al tevoren had de PVDA leiding zichzelf bij monde van nationaal woordvoerder Peter Mertens de "Belgische SP NL" genoemd. Op politicsinfo.net van 10 oktober 2006 stond te lezen na de gemeenteraadsverkiezingen :

Le flirt avec le SP NL n'est pas nouveau. La direction du PTB s'était déjà exprimée à ce sujet par la voix de son porte-parole, Peter Mertens, en s'appelant le " SP NL belge ". Sur le site de politicinfo.net du 10 octobre 2006, au lendemain des électiosn communales, on peut lire :
"Dans De Morgen Tom Lanoye se demandait vendredi passé: "Chez le PTB+, la vieille rhétorique du passé a fait place pour la première fois à des propositions très concrètes et réalisables. Aurons-nous enfin ce parti populiste de gauche, digne du SP NL néerlandais? Ce ne serait pas trop tôt.Ce parti d'opposition frais, rénové est devenu hier une réalité dans minimum hit communes et villes. Et à d'autres endroits également, une base solide a été posée pour un progrès futur.", Au nom de la direction nationale du PTB+, Peter Mertens, porte-parole".

Le 11 octobre 2006, dans une interview à De Standaard avec trois responsables du PTB, dont le porte-parole national, il est à nouveau affirmé que nationale "le SP NL néerlandas est le modèle dont nous pouvons apprendre, sans en faire une copie".

Au sein d'UAG et de CAP, l'exemple du SP NL convainc les derniers hésitants sur la nécessité de prendre part aux élections parlementaires de 2007. "On ne peut pas laisser passer les occasions historiques. La commotion provoquée par le drame xhez Volkswagen et l'attention pour la gauche radicale suite aux résultats du SP NL doivent nous inciter à participer aux élections".

Les trotskistes du MAS/SLP sont aussi enthousiastes sur les résultats de cet ancien parti Mao-stalinien : " ………. "
Ce n'est pas seulement l'extrême gauche qui revendique le succès électoral à l'étranger. Ainsi, le Vlaams Belang écrit sur son site : " Marijnissen peut figurer sur une liste du Vlaams Belang ".

Qu'en penser?
Par ce texte, nous voulons examiner quelques questions qui se posent à la gauche radicake à l'occasion de la victoire électorale du SP NL . Ce parti est-il le modèle pour la gauche moderne du 21ème siècle ou au contraire un exemple d'un parti maoïste qui, une fois débarrassé de toutes les étiquettes de " marxisme-léninisme " ou " maoïsme ", n'a plus rien à offrir qu'une politique réformiste de droite, une vision du monde imprégnée de l'idéologie libérale, sécuritaire et impérialiste ?
Angela Davis disait : " Il n'y a pas de passage garanti entre le militantisme radical du passé à des positions progressistes au jour d'aujourd'hui " (Les goulags de la démocratie, page 140)
Le SP NL est-il l'exemple vivant d'une gauche radicale capable d'acquérir une influence de masse réelle à condition de mener une campagne intelligente, ou est-elle un exemple de populisme électoral de gauche, ou de ce que ne doit pas faire la gauche aujourd'hui ?

Certaines personnes de gauche, ainsi qu'elles le prétendent, soutiennent-elles seulement le SP NL d'après des considérations tactiques, alors qu'elles auraient en réalité un tout autre projet stratégique? C'est ce qu'a expliqué la direction du PTB en affirmant avoir un " programme externe " conforme à la tactique et un " programme interne strictement marxiste-léniniste ". Et s'il en est ainsi : y a-t-il dans la pratique autre chose qu'un programme tactique ? Et s'il y a deux programmes, lesquels sont-ils et en lequel des deux faut-il croire ?


En résumé: la discussion sur le SP NL pose la question des tâches de la gauche radicale dans le climat politique et social actuel, dominé par la pensée unique (américaine), la poursuite des guerres impérialistes, le racisme grandissant, les thme de l'immigration clandestine et l'idéologie sécuritaire, la fatalité du démantèlement de l'emploi et des acquis du mouvement ouvrier au vingtième siècle.
Il ne s'agit donc pas de trouver les "cinq points " qu'on peut trouver bons dans le programme du SP NL . On peut tout autant les trouver dans les programmes de la social-démocratie traditionnelle ou des écologistes.
Il ne s'agit pas non plus d'aborder les signaux contradictoires qui émanent de ce parti dans lequel diverses tendances et personnes, trotskistes, ex-maoïstes, chrétiennes de gauche ou féministes ont trouvé leur place.
Les signaux contradictoires, on peut également les retrouver chez les social-démocrates ou au sein des écologistes (il n'y a qu'à voir le soutien qu'on peut trouver parmi certains élus socialistes ou écologistes au cas de Bahar Kimyongür.

"Le résultat de 30 années de travail"

Sur le site du PTB, dans une réaction au communiqué de la direction du PTB, Wouter, un lecteur enthousiaste écrit : "Ils obtiennent pas moins de 26 sièges ! Spectaculaire. Si je me demande pourquoi le PTB+ n'atteint pas encore de tels résultats, je suppose que je trouverai la réponse sur cette page: http://www.sp.nl/partij/historie/. Mais si je suis bien, c'est aussi en partie le chemin que le PTB veut emprunter et je ne peux que m'en réjouir."

La position selon laquelle la percée du SP NL serait une victoire obtenue en un jour et comparable à la percé de Pm Foruyn est réfutée par le SP NL lui-même et par ses admirateurs. Dans son discours qui a suivi la victoire électorale, Marijnissen a déclaré le 22 novembre 2006 : " Cela fait déjà trente ans que les pionniers du SP NL ont fait ce choix : s'engager pour les gens, pour une société meilleure. Aujourd'hui, la grande percée est arrivée ".
La direction du PTB parle également dans son communiqué de ces trente années de travail : " Le résultat du SP NL ne tombe pas du ciel. C'est le résultat de trente longues années de travail à la base, dans les quartiers et sur les lieux de travail " (Solidaire, communiqué de presse du 22 novembre 2006).

Laten we de geschiedenis van de SP van dichterbij bekijken.

Examinons l'histoire du SP NL de plus près.
1. Le CPN.

La naissance du SP NL dans les années 60/70 ne diffère pas tellement de celles de tant d'autres partis maoïstes en Europe (AMADA, UCMLB en Belgique, KPD en Allemagne, ORT ne Espagne, PCMLF en France, etc.). Ceux-ci sont nés en rupture avec les partis communistes traditionnels, qui suivaient la politique de l'Union soviétique.

Les dirigeants du SP NL proviennent du Parti Communiste des Pays Bas (CPN), à l'occasion d'une scission de ce parti en une aile pro-soviétique et une aile pro-chinoise, bien que, exemple rare en Europe, le CPN a essayé de ne pas prendre parti dans le confli entre les communistes chiois et soviétqieus.
Le CPN a été fondé avant la révolution d'octobre 1917. Il s'est dissous en 1991. Dans les années trente, le CPN a réussi à faire élire à la chambre des Pays Bas le président en prison du Parti Cpommuniste d'Indonésie (l'Indonésie était aors une colonie des Pays Bas). C'était un parti qui avait été capable de mobiliser des centaines de milliers d'ouvriers pendant la guerre pour une grève contre le facsisme htlérien et la persécution des juifs. Après la guerre, le CPN avait plus de 50.000 membres, son propre syndicat, comprenant encore quelques dizaones de milliers demembres. Il a obtenu 10% des voix et dix sièges en 1946-1948 ; en 1972 il avait encore sept sièges et jusqu'en 1986 enocre quelques élus au niveau national, tout comme pas mal d'influence dans les entreprises. Le CPN a été le parti en tête de ligne pour saboter l'intervention des Pays Bas en Indonésie.

Des documents internes du BVD (la sûrté d'état intérieure des Pays Bas) ont rendu clair les dernières années que ce service a activement collaboré à la chute du CPN et à la mise sur pied de partis maoïstes. Rien d'exceptopnnel quand on connaît les pratiques de ce genre de services. Plus étonnant par contre est la conclusion cynique du SP NL dans un article consacré à cette question sous le titre : " Qu'est-ce que le SP NL et le BVD ont en commun ? ". La conclusion de l'article est la suivante : " Il n'existe plus aujourd'hui d'organisation révolutionnaire influente, basée sur l'idéologie communiste. Le SP NL par contre est devenu un des plus grands partis - et le plus actif - des Pays Bas. Une situation de win-win pourrait-on dire. Tant pour le SP NL que pour le BVD " ( SP Tribune 17 décembre 2004).
Les fondateurs de ce qui plus tard allait devenir le SP NL ont été exclus du CPN en 1964 et ont fondé le MLCN (Marxistisch-Leninistisch Centrum Nederland). Des conflits en son sein mènent à la mise sur pied du MLPN (Marxistisch-Leninistische partij Nederland) et du KEN ml (Kommunistische Eenheidsbeweging Nederland marxisties leninisties), fondés en 1970
Cette dernière a joué un grand rôle dans les grèves de docks de Rotterdam en 1970 et fut rejointe par de nombreux étudiants.

C'est du KEN ml que le SP NL va scissioner et se constituer à partir de 1972.
En 1975, le SP NL étend ses activités au domaine des soins de santé. La fondation OMC (Ons medisch Centrum, notre centre médical) ouvre cette année à Oss sa première maison médicale. C'est là que Jan Marijnissen sera élu conseiller communal en 1975. En 1986 i devient président du parti et est élu comme parlementaire en 1994. Suivent les pratiques médicales de Nijmegen et de Zoetermeer. Les patients devaient avant tout être rendus conscients du fait que les soins de santé sont en premier lieu " une affaire politique, vu que les plaintes médicales ont un lien avec les rapports sociaux ". De même, en 1975 est fondée l'association VVIB (Mieux vaut prévenir) qui se pose comme objectif l'introduction de tests de santé annuels pour tous.

2. La ligne de masse maoïste : écouter le peuple !
Les raisons de la rupture entre le KEN ml et le SP NL concerbent les interprétations divergentes du concept maoïste de ligne de masse. Il s'agit d'un point essentiel qui va caractériser de nombreux points de la politique populiste de droite que le SP NL adoptera par la suite. Si le KEN ml souligne surtout l'aspect d' "avant-garde léniniste ", le SP NL s'oppose à l' " l'intellectualisme " et opte pour " la façon de penser du peuple ". Le SP NL met l'accent sur l'appel de MaO à " aller travailler dans le peuple ". Ce n'est pas la salle d'étude, mais " la pratique " qui est la meilleure école pour le peuple et le révolutionnaire, car seule la lutte quotidienne pour une existence meilleure peut mener à la juste conscience socialiste.

"Le dirigeant d' "Arbeidersmacht", Jan Marijnissen, a fait sienne cette conception. Le SP NL ne fait que ce que le peuple exige, car il ne s'gait pas de ce que nous pensons, mais de ce que les gens veulent de nous" (De Groene Amsterdammer 1974).

Sous prétexte d'écouter les gens, le SP NL va petit à petit remiser tous les principes révolutionnaires, mener une politique ouvriériste, tomber carrément dans le racisme pour finalement devenir le parti blanc de la classe moyenne des Pays Bas. Cela se reflètera dans la composition de sa liste aux élections de novembre 2006, où l'on n eretrouve par un seul ouvrier, mais bien des sociologues, des psychologues, des directeurs d'école ou de banque, des professeurs, et un seul candidat issu de l'immigration.

3. De la révolution à la lutte parlementaire.

En 1975, le SP NL insistait sur le point que le passage pacifique au socialiste était impossible et que la révolution était nécessaire. Mais très vite le dirigeant du SP NL Bob Ruers déclare : " Il faut partir des gens, et ne plus parler de révolution ".
Mais la " révolution " ne fut pas remplacée par une politique révolutionnaire adaptée à la situation réelle, mais simplement par la " lutte parlementaire " dans laquelle le parti se mit à investir de plus en plus (un million de florins dans la campagne dans la campagne électorale qui lui rapporta un siège à la Chambre en 1986). La démocratie parlementaire est devenue depuis le système le plus démocratique possible sous le capitalisme.

C'est naturellement vrai ; de là à faire les louanges de la dite démocratie, il y a un grand pas, que le programme électoral du SP NL de 2006 franchit allègrement : " Deux Néerlandais sur dix estiment notre démocratie parlementaire le meilleur système possible. Sept sur dix sont satisfaits du fonctionnement de la démocratie représentative - et avec ce score, les Pays Bas marchent en tête de l'Europe. La haute appréciation de la population pour notre système démocratique inspire confiance " (programme électoral page 5).

4. "Ecouter les gens", en route vers le populisme de gauche !

Le SP NL veut être le parti de gauche qui traduit ce qui vit parmi la classe ouvrière et la population. Ne pas être plus que le baromètre ou l'expression de ce qui vit dans le peuple, c'est refuser de reconnaître qu'il y a aussi parmi les gens aujourd'hui des conceptions déterminées par le niveau de vie des pays les plus riches au monde, par le manque d'alternative crédible à gauche d'une part et par le matraquage incessant de l'idéologie dominant sur la tête des gens d'autre part. De quels " gens " parle d'ailleurs le SP NL ? Des plus exploités de la société, ou des privilégiés, aussi parmi la population travailleurs ? De ceux qui sont victimes du racisme ou de ceux qui l'appliquent ? De ceux qui sont persécutés, ou de ceux qui persécutent ?

Ce populisme est défendu avec des arguments de gauche: "Nous du SP NL voulons savoir ce qui vit parmi les gens. Nous prenons au sérieux ce que nous entendons. Nous ne voulons pas balayer la colère et la frustration d'un simple " les gens ne savent pas de quoi ils parlent ; cela provient simplement de la politique capitaliste d'assainissement, mais cela ne signifie pas grand-chose ". Une telle attitude serait fausse, dépassée et surtout dangereuse. Car si la gauche n'écoute plus les gens, ils se tournent vers la droite. Et il ne s'agit plus de la droite aimable, répressive avec tolérance d'il y a vingt ans. Pour ma part, je n'ai pas beaucoup envie de me demander d'ici quinze à vingt ans dans un camp de rééducation comment les fascistes ont pu gagner la majorité aux Pays Bas " (responsable de section Kees Postma).

Le populisme donnera ses résultats dans quelques brochures fameuses contre le féminisme (1981) et surtout contre les travailleurs immigrés (1983)

5. Contre le féminisme.
En 1980, le SP NL édite la brochure "Travail féminin et féminisme".

Les ouvrières ne se sentent pas opprimées par leur mari, mais sont exploitées avec leur mari par les patrons/ Le féminisme excite les contradictions entre les hommes et les femmes et détourne leur attention de la lutte des casses, faisant ainsi le jeu du capitalisme.
" Les femmes en soi n'ont pas d'intérêts spécifiques, pas plus que les hommes. Leurs intérêts dépendent de leur place dans la société ". Pour le SP NL compte le slogan " Le féminisme, je n'en ai rien à cirer ". Pour étoffer ce slogan, la brochure reproduit les témoignages de quelques ouvrières qui ne se retrouvent pas dans le féminisme. " Ce dont parlent les féministes, ce ne sont pas mes problèmes. Tout ce bavardage sur l'oppression par les hommes, cela me fait rigoler. Je ne me suis jamais sentie opprimée par mon mari ".

Le SP NL nie les différences de pouvoir entre l'homme et la femme. Par contre il lui attribue un rôle bien particulier.
Pour le SP NL il existe une "donnée biologique naturelle" qui explique que la femme prenne en charge les soins des enfants. " Vu que la femme porte l'enfant neuf mois dans son corps, son lien avec l'enfant est à la naissance plus grand que celui de l'homme. Par la grossesse, son corps s'est préparé à l'arrivée de l'enfant. Le père ne peut pas donner le sein " (Brochure, page…) La brochure parle aussi de " l'odeur de la mère ". " Des enquêtes ont démontré que le nourrisson est lié à l'odeur de sa mère(…) Les enfants y sont encore sensibles même jusqu'à l'âge de trois à quatre ans. L'odeur de la mère est d'une importance fondamentale pour donner à l'enfant confiance en son environnement ". Un " plaidoyer ouvrier " pour la femme au foyer.
Jan Marijnissen est interpellé à ce propos par le journal "Opzij " du 10 octobre 2002. "Le journaliste : Et cette note du SP NL sur la femme ouvrière et le féminisme, dans laquelle les conceptions féministes sont balayées comme 'gedachtenkronkels' de dames élitaires, et dans laquelle on dit d'Anja Meulenbelt : " Nous ne devons donner à aucun enfant une mère comme cela. Si cette sorte de femmes veut un avortement, nous pouvons le lui faire, et plutôt aujourd'hui que demain".
Marijnissen : Cette brochure a été écrite il y a vingt ans. A l'époque, on parlait un langage dur. C'était compréhensible à ce moment-là. Mais cette phrase est naturellement exagérée. Je suis content qu'elle ne soit pas de moi. D'ailleurs Anja Meulenbelt était récemment oratrice lors d'un week end de notre fraction… no hard feelings donc, on oublie tout et on recommence.'

Luk Vervaet
Finimore
   Posté le 01-04-2021 à 09:26:39   

Médecine Pour le Peuple

https://hirsutefanzine.wordpress.com/2016/09/10/medecine-pour-le-peuple/


C’est en pleine effervescence estudiantine, à la fin des années soixante, que germa l’idée des « Maisons médicales » en Belgique et dans d’autres pays d’Europe, pour fleurir au début des années soixante-dix. Cet article tentera de définir ce qu’est une « Maison médicale » en Belgique, puis s’intéressera de plus prêt à « Médecine Pour Le Peuple » (proche du Parti Du Travail De Belgique) avec son historique, ses actions, ses engagements, ses luttes… Pour finir par un entretien avec Patricia Polanco, Responsable d’organisation et de gestion de « Médecine Pour Le Peuple de Molenbeek ».

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MPLP de Marcinelle – « Santé la Fête » – Juillet 2010

Crédit photo : GVHV/MPLP

Qu’est-ce qu’une « Maison médicale » ?
Les « Maisons médicales » sont en général situées dans des quartiers populaires. La « Maison médicale » est composée d’une équipe de médecins pluridisciplinaires qui délivrent les soins de première ligne. Dans la plupart d’entre elles, exercent des médecins généralistes, mais de plus en plus de « Maisons médicales » offrent des soins infirmiers et il n’est pas rare d’y trouver un kinésithérapeute permanent. Des consultations de diététique peuvent aussi y être dispensées. Dans d’autres encore, il est possible de consulter un gynécologue ou un acupuncteur. Par contre, aucune « Maison médicale » n’a de dentiste, mais la plupart collabore avec un dentiste du quartier pratiquant des tarifs réduits. On y propose soins et prévention.

L’inscription en « Maison médicale » n’est possible que pour les personnes résidant à proximité. Ses médecins, ont une approche globale de la santé en considérant : l’aspect physique, psychique et social.

L’action de la « Maison médicale » est fondée sur des principes de justice sociale, basée sur un principe d’équité et de solidarité. On compte, en moyenne, l’ouverture de six nouvelles « Maisons médicales » par an. Plus de 300.000 patients sont inscrits auprès d’une « Maison médicale » en Belgique.

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Ouverture – MPLP de Molenbeek – « Le Renfort »

Crédit photo : GVHV/MPLP

MEDECINE POUR LE PEUPLE – « Historique »
En Mai 1968, La révolution étudiante est internationale. En Belgique, une nouvelle organisation marxiste ayant pour ligne de conduite : « servir le peuple », voit le jour : TOUT LE POUVOIR AUX OUVRIERS – Alle Macht Aan de Arbeiders (TPO – Amada), qui deviendra le PARTI DU TRAVAIL DE BELGIQUE – Partij Van De Arbeid van België (PTB – PVDA). Certains intellectuels décident alors d’aller travailler, comme ouvriers, dans des usines, tandis que d’autres cherchent comment mettre leur profession (comme les médecins) au service des travailleurs.

Trois ans plus tard, en 1971, les docteurs généralistes Kris Merckx et Michel Leyers s’installent dans la commune de Hoboken (Commune ouvrière « rouge »), près d’Anvers. Ils optent pour des soins de santé gratuits, en accord avec leurs convictions socialistes, qui s’opposent radicalement à celle du syndicat de médecins mené par le Dr Wynen. L’Ordre des médecins, qui était à l’époque une prolongation de ce syndicat, poursuit alors en justice les « médecins TPO – Amada » pour « concurrence déloyale » et « conduite indigne ». Les patients et syndicalistes prennent parti pour les docteurs Kris Merckx et Michel Leyers. En 1973, l’Ordre des médecins persiste et suspend Kris Merckx ainsi que Michel Leyers, pour une semaine d’abord, puis pour deux. Kris et Michel n’en tiennent pas compte et continuent à pratiquer. Il s’ensuit plusieurs procès pour « exercice illégal de la médecine», mais MPLP riposte et récolte un franc succès.

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Leuven, Décembre ’68 – Interview de Kris Merckx par Jos De Man

Crédit photo : Extrait du livre – « Un quart de siècle mai 68 » – Ludo Martens et Kris Merckx – OEB

C’est à partir de 1978, que MPLP mène des actions contre l’empoisonnement par le plomb de travailleurs et d’enfants causé par la Métallurgie Hoboken. Ces actions portent leurs fruits car l’entreprise est obligée d’investir pour l’assainissement de l’environnement. Entre-temps, les maisons médicales de Zelzate, Genk, Lommel, Deurne et Herstal sont créés et se font également remarquer par leurs actions en faveur de l’environnement. Deux ans plus tard, en 1980, le syndicat du Dr Wynen (avec le « soutien moral » de l’Ordre des médecins), remet le couvert en menant une nouvelle grève. Les médecins de MPLP, épaulés par des centaines de confrères progressistes, refusent de payer leur cotisation à l’Ordre des médecins. L’Ordre envoie des huissiers, mais les patients occupent les maisons médicales d’Anvers, de Seraing, Zelzate et Herstal afin d’empêcher la saisie des meubles de leurs médecins. En 1985, l’Ordre des médecins fait appel aux forces de l’ordre pour saisir le mobilier du Dr Harrie Dewitte, à Genk. Mais après une vague d’indignation et protestations à travers la Belgique, l’Ordre des médecins change d’avis.

Pour MPLP et le PTB, les travailleurs du monde entier ne font qu’un. La solidarité internationale et l’antiracisme font partie des fondements de leurs convictions. Leur organisation sœur, MEDECINE POUR LE TIERS-MONDE, voit le jour durant cette année 1985. Ses médecins officient aux Philippines, au Salvador, au Nicaragua, au Burkina, en Erythrée et en Palestine.

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MPLP de Molenbeek (« Le Renfort »

Crédit photo : GVHV/MPLP

Depuis la fin des années 90, MEDECINE POUR LE PEUPLE s’est développé en Wallonie et à Bruxelles, avec les maisons médicales de Marcinelle (1996), de La Louvière (1999), de Schaerbeek (1992) et de Molenbeek (1998). A Hoboken, le Dr Mie Branders lance « Café Santé », une initiative culinaire multiculturelle qui invite chaque dernier vendredi du mois collaborateurs et patients pour un repas à prix réduit, avec informations politiques. A Seraing, les docteurs Jilali Laaouej et Hans Krammisch fondent le « Centre de Défense et d’Action pour la Santé des Travailleurs » (C-Dast), qui lutte contre les conditions de travail malsaines et dangereuses, les accidents de travail et les maladies professionnelles. Pour mieux connaître les conditions de travail des ouvriers intérimaires, le Dr Karel Van Bever, de la maison médicale de Zelzate, ira travailler « incognito » comme docker. Il décrit son expérience dans son livre « Dokter in overall » (« un docteur en bleu de travail »), qui paraîtra en 2007. Dans leur livre « Docteur, je n’en peux plus ! », les médecins Staf Henderickx et Hans Krammisch rapportent leurs témoignages à propos des maladies liées au stress. En, 2002, les onze maisons médicales de MPLP continuent à pratiquer la médecine gratuite en passant au « forfait ». En 2003, Dans son livre « De cholesteroloorlog » (« la guerre du cholestérol »), le Dr Dirk Van Duppen dénonce le prix excessif des médicaments traitant le cholestérol, et entame la lutte contre « Big Pharma » (surnom donné à l’industrie pharmaceutique). Il propose d’adopter le « modèle kiwi », baptisé ainsi d’après le fruit originaire de Nouvelle-Zélande, pays qui a instauré un système d’appel d’offres auprès des entreprises pharmaceutiques, afin de rembourser uniquement le médicament alliant qualité et pris le plus bas. Ce « modèle kiwi » pour faire baisser le prix des médicaments reçoit le soutien du MOUVEMENT OUVRIER CHRETIEN, des centrales syndicales et des mutuelles. En 2008, le Professeur Jan De Maeseneer, président du European Forum for Primary Care, déclare : « En matière de soins de santé de première ligne, Médecine Pour Le Peuple s’est montré visionnaire en donnant le ton par trois points : L’importance des déterminants sociaux en matière de santé et de maladie ; le besoin de soins de santé accessibles et de qualité pour tous ; le fait d’impliquer activement les patients et la population dans ces domaines ». Depuis 2011, bon nombres de médecins sont désormais des femmes au sein de MPLP, comme dans tout le secteur médical en Belgique. Les nouvelles générations continuent de faire évoluer MPLP, avec leurs actions et leurs luttes, pour la généralisation de la médecine gratuite, et l’avènement d’un monde meilleur.

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Crédit photo : GVHV/MPLP

MEDECINE POUR LE PEUPLE
« Les gens d’abord, pas le profit ! »
Pour les médecins de MPLP, la santé correspond à plus que l’absence de maladie. Il apparait que les déterminants sociaux économiques, influencent beaucoup plus la maladie et la mort que la médecine et ses progrès techniques. Comme le constatait l’Organisation Mondiale de la Santé en 2008 : « L’injustice sociale tue à grande échelle ». Les inégalités en matière de santé ne cessent d’augmenter, dans le monde entier, elles sont déterminées par les conditions sociales, le travail et le milieu de vie en société. La santé doit être un droit fondamental acquis pour tout être humain, car l’accès à des soins de santé de qualité améliorera la qualité de vie de chacun d’entre eux. Les soins de santé sont de plus en plus mis en péril à cause du profit, de la privatisation et de la commercialisation. La santé ne doit pas être une marchandise gérée par la loi du marché ! « Les gens d’abord, pas le profit ! » (MPLP). A cause de la privatisation croissante des soins de santé en Belgique, de plus en plus de patients, ont des difficultés à accéder aux soins et aux médicaments. Beaucoup d’entre eux reçoivent des médicaments gratuits offerts par MPLP, mais dans certaines régions, le manque de soins de santé primaires est tel que MPLP ne peut répondre à toutes les demandes. En dix ans, le nombre de personnes pour qui les soins de santé sont trop chers a doublé ! Dans un grand nombre des « maisons médicales » de MPLP, il est impossible de répondre à l’afflux de demandes de médicaments gratuits.



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Manifestation du 24 Mai 2016 à Bruxelles contre l’AR de Maggie De Block

Crédit photo : GVHV/MPLP

Voilà pourquoi au sein de MPLP, la santé est aussi une question de lutte sociale et leur travail est basé sur l’engagement social, l’action et la compétence. MPLP, ne renie pas les convictions de « TOUT LE POUVOIR AUX OUVRIERS » (TPO – AMADA), en mettant son travail et son expertise au sein des travailleurs et de leurs organisations. La ligne de conduite « Servir le peuple » n’est pas un vain mot pour eux ! La défense et le renforcement de la Sécurité Sociale obligatoire, ainsi que la gratuité des soins et l’instauration du modèle « Kiwi » afin de faire baisser le prix des médicaments font partie de leurs priorités, tout en restant attentif à la recherche scientifique.

Depuis sa création, MPLP dispense des soins médicaux gratuits aux patients de toutes origines, quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses. L’accueil de bénévoles au sein de MPLP a dès le début, joué un rôle important. Aujourd’hui encore, de nombreux bénévoles collaborent à l’administration, à l’accueil, au travail social, à l’entretien, à l’organisation des fêtes, aux travaux de rénovation.

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MPLP de Marcinelle (MPLP) – Santé la fête – 2012

Crédit photo : GVHV/MPLP

MEDECINE POUR LE PEUPLE
« Entretien avec Patricia Polanco (MPLP de Molenbeek)»


1 – Quelle est l’origine de la dénomination : « Médecine pour le peuple » ? Peut-on dire que vous pratiquez une médecine militante ?

Médecine pour le Peuple trouve son origine dans les mouvements marxistes de mai 68′. En 1971, les jeunes docteurs Kris Merckx et Michel Leyers installent leur cabinet de généralistes dans la commune de Hoboken, près d’Anvers. Parallèlement, ils s’impliquent avec d’autres militants dans la création d’un parti politique marxiste TPO (Tous le pouvoir aux ouvriers – l’ancêtre du PTB). Vu leur idées progressistes, ils optent, par principe, pour des soins de santé gratuits. Ils demandent aux patients de payer le strict montant remboursé par la mutuelle (caisse maladie). Ils accordent également une très grande importance aux causes sociales de la maladie (les mauvaises conditions de vie, de travail et d’environnement). Leur salaire est celui d’un ouvrier et ils participent à de nombreuses luttes politiques et sociales.

Aujourd’hui Médecine pour le Peuple, ce sont 11 maisons médicales situées dans des quartiers populaires partout en Belgique. A Hoboken, Zelzate, Genk, Lommel, Deurne, Herstal, Seraing, Marcinelle, La Louvière, Schaerbeek et Molenbeek. Médecine pour le Peuple continue de pratiquer la médecine gratuite grâce au système du forfait. Les patients s’inscrivent dans une maison médicale et la mutuelle paye un montant fixe par mois à la maison médicale. De cette façon, nos patients peuvent consulter leur médecin sans rien payer autant de fois qu’ils en ont besoin.

Et bien sûr, nous continuons à mener une médecine militante. Lors des réunions d’équipes, nous laissons la place à l’actualité. Ensuite nous en parlons avec nos patients et nous essayons de les mobiliser autour des sujets qui les touchent directement.

Nous menons des campagnes sociales et politiques, tel que « sans argent chez mon généraliste », une campagne pour la médecine de première ligne au forfait (qui permet au patient de ne pas payer ses consultations étant donné que la mutuelle intervient directement). Pour MPLP, la médecine au forfait doit être un droit car on ne tombe pas malade par choix. Ou encore « Sanctionner les travailleur malades ? NON » : une campagne contre la politique de la chasse aux malades longue durée lancée par notre gouvernement qui veut durcir le contrôle sur les malades de longue durée. La ministre de la santé, Maggie De Block, veut au plus tard dans un délai de deux mois suivant l’incapacité, soumettre tous les travailleurs malades à une procédure de réintégration sur le marché de l’emploi.

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Crédit photo : GVHV/MPLP

2 – Quel est l’objectif de « Médecine pour le peuple », et quels moyens mettez-vous en œuvre pour arriver à vos fins ?

S’appuyant sur quarante années d’expérience, les jeunes générations continuent à développer MPLP en tant qu’outil pour la généralisation de la médecine gratuite. Nous développons aussi l’empowerment1 comme levier dans la lutte pour un monde plus juste.

Nous informons les patients en les invitants à des débats, des groupes de paroles, en parlant avec eux dans la salle d’attente amis aussi en leur demandant leur avis. La salle d’attente dans nos maisons médicales est un vrai lieu d’échange, d’information et de discussions. Nous adaptons nos outils d’information à nos patients, par exemple sur la loi Peeters (réforme similaire à la Loi Travail en France). Un accueillant a créé un outil pour pouvoir expliquer simplement à nos patients ce que la Loi Peeters aurait comme impact pour eux. Nous impliquons nos patients lors des manifestations sociales et syndicales, avec à chaque fois un départ collectif depuis la maison médicale.

Les conseils communaux sont aussi des leviers importants de sensibilisation et de mobilisation. Certains collègues y ont été élus comme conseillers communaux du PTB (Parti du Travail de Belgique). Et leur principe d’action est le suivant : rue – conseil – rue. Ils relèvent les problèmes concrets des gens dans la rue et les placent à l’agenda du conseil communal. Ils invitent les gens à participer au conseil communal et à devenir acteurs dans leur commune. Ce n’est pas habituel ici de voir les citoyens assister aux discussions politiques lors de ces conseils, d’ailleurs il arrive parfois que la salle ne soit pas assez grande pour que tout le monde puisse y entrer. Il arrive qu’on puisse changer le rapport de force et obtenir certaines victoires, comme celle des piscines à Molenbeek. Fin juin 2016, la majorité MR-Ecolo (droite libérale et verts) de la commune de Molenbeek a voulu supprimer les cours de natation pour les enfants de 1ère et 2e primaires (6 et 7 ans). Dirk De Block, conseiller communal PTB Molenbeek l’a dénoncé dans la presse. Il s’est aussi appuyé sur l’expertise de nos médecins pour démonter combien les cours de natation avaient une influence positive sur la santé et le développement de la motricité des enfants. Ensuite, nous avons informé nos patients et nous les avons invités à participer au conseil communal. Grâce à une mobilisation importante, nous avons remporté une belle victoire, la commune est revenue sur sa décision et nos enfants pourront encore nager l’année prochaine. Morale de notre histoire, la mobilisation paye.

3 – Quel statut pour « Médecine pour le peuple » ? Par qui est-elle gérée ?

Chaque maison médicale de Médecine pour le peuple est dirigée par le/la « responsable organisation et gestion » en duo avec le/la « responsable politique ». Ce duo reçoit lui-même l’accompagnement et la formation nécessaire. Tous les collaborateurs de MPLP sont égaux. Médecins, assistants, personnel infirmier, autre dispensateur de soins, collaborateurs accueil, personnel de nettoyage ou les nombreux bénévoles ont leur mot à dire dans le fonctionnement quotidien de la maison médicale.

Tous les quinze jours se tient une réunion d’équipe avec tous les collaborateurs fixes. Tous les quinze jours également se tient une réunion médicale centrée sur la formation continue et la concertation du personnel médical. Des réunions régulières ont également lieu avec l’accueil et nos bénévoles.

Les principales conventions sont consignées dans les agendas et protocoles de la maison médicale.

Dans chaque maison médicale, les décisions sont prises en commun et chacun se sent responsable de leur mise en application. Outre les projets nationaux, chaque maison médicale a ses propres projets, ses initiatives propres et son propre planning.

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4 – Contrairement à ce qui se pratique, dans la plupart des cas en France, vous ne traitez pas le patient en considérant uniquement son état physique. Pouvez-vous nous en expliquer les caractéristiques et le fonctionnement au sein de « Médecine pour le peuple » ?

Nous ne voulons pas uniquement combattre les symptômes, mais aussi aborder les causes sociales de la maladie et de la santé. Notre « stéthoscope social », avec une attention particulière pour le contexte social, économique et sociétal, est notre principal instrument de recherche.

Si nous voulons améliorer la santé des individus, nous devons agir sur les déterminants sociaux de la santé. Pour cela, nous nous basons sur le schéma de Withehead (NDLR : Voir schéma ci-dessus) qui définit différentes catégories de déterminants.

Les facteurs personnels de mode vie : avec la promotion à la santé, nous essayons de promouvoir un mode de vie sain (alimentation, sport, hygiène). Nous le faisons à travers l’empowerment1, c’est-à-dire que nous voulons fortifier l’individu en augmentant sa confiance en lui et ses compétences.
Influences sociales de voisinage et communautaires : il s’agit d’un travail de proximité qui peut améliorer l’environnement physique, le climat social, y compris la sécurité.
conditions de vie et de travail.
condition socio-économiques, culturelles et environnementales. Par exemple à Bruxelles, la ministre de la propreté avait décidé de supprimer un ramassage de poubelle par semaine pour passer de 2 à 1 par semaine. Nous avons fait une activité de promotion à la santé sur le tri et avons demandé l’avis des patients sur la réforme de la ministre. Ensuite, nous avons lancé une pétition demandant à la ministre de garder les 2 ramassages par semaine. Les élus du PTB au Parlement sont intervenus sur le dossier pour relayer les avis de la population sur cette réforme. Une patiente a même fait le test dans son appartement de 60 m² de laisser ses poubelles toute la semaine. Résultat, des cafards on fait leur apparition. Nos médecins ont écrit des articles. Les Bruxellois se sont vraiment mobiliser pour maintenir les 2 ramassages par semaine. Et encore une fois, la mobilisation a payé. Au bout d’un an de mobilisation : la ministre a fait marche arrière et a décidé de garder les 2 ramassages par semaine.
5 – Sur quel(s) principe(s) les patients règlent-ils leurs consultations, leurs médicaments ? Pouvez-vous nous en expliquer le fonctionnement ?

Médecine pour le Peuple continue à pratiquer la médecine gratuite via le système du forfait. C’est un contrat entre la maison médicale, le patient et sa mutuelle.

Les patients s’inscrivent dans une maison médicale et la mutuelle verse à la maison médicale, un forfait mensuel – un montant fixe par mois pour couvrir les soins. Cela entraîne une solidarité importante entre tous les patients, qu’ils soient malades ou en bonne santé. De cette façon, nos patients peuvent consulter leur médecin autant de fois qu’ils le souhaitent sans devoir reporter leur soin par manque de moyen financiers. Alors qu’en Belgique, 10% de la population reporte ses soins de santé par manque de moyens financiers.

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Fête Solidarité – à Molenbeek – Juin 2012

Crédit photo : GVHV/MPLP

6 – Avez-vous constaté des évolutions au niveau de la population fréquentant les établissements de « Médecine pour le peuple » ? Certains symptômes ou certaines pathologies sont-elles récurrentes ces dernières années ? En avez-vous déterminé les causes ?

La population de MPLP est la population habitant autour des 11 Maisons Médicales de MPLP. Elle est très diverse, tant au niveau culturel que socio-économique.

Sur la base de ses observations, le Dr Leen Vermeulen, a constaté une augmentation des maladies infectieuses (tuberculose et hépatite). Cette augmentation est due à davantage de migration, de confinement dans de mauvaises conditions de vie de nos patients.

Les maladies mentales liées aux conditions de vie (chômage, discrimination, terrorisme) sont aussi de plus en plus présentes. Nous observons aussi plus de cas de diabète lié à l’obésité chez les jeunes adultes. Et chez les ouvriers, plus de tendinite, de douleurs musculaires et articulaires causées par la surcharge de travail.

7 – Comment envisagez-vous l’avenir de « Médecine pour le peuple » ?

Avec les mesures d’austérité imposées par l’Europe et par le gouvernement belge, nous allons avoir du pain sur planche pour sauvegarder notre système de sécurité sociale et par conséquent, notre médecine gratuite basée sur le principe du forfait. Notre force est de pouvoir compter sur nos propres patients pour défendre MPLP et ses principes de fonctionnement.

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Soutien au Dr Sofie Merckx – 24 Août 2011 – MPLP de Marcinelle

Crédit photo : GVHV/MPLP

L’Hirsute remercie Patricia Polanco, de s’être prêté à ce jeu de questions et réponses.

1 – « Empowerment » : http://1libertaire.free.fr/PuissancedeSoi.html



Sources :

Kris Merckx – Médecin du peuple – EPO – 2008.
Thomas Blommaert – Ik was nooit in Zelzate geweest – EPO – 2010.
MEDECINE POUR LE PEUPLE : http://gvhv-mplp.be/index.php/fr/
« Un quart de siècle mai 68 » – Ludo Martens et Kris Merckx – OEB – 1993 : http://www.npdoc.be/Martens-Ludo-Merckx-Kris/Martens-Ludo-Merckx-Kris.htm
FEDERATION DES MAISONS MEDICALES : http://www.maisonmedicale.org/En-quelques-mots.html


John Hirsute
Finimore
   Posté le 01-04-2021 à 09:35:52   

Il était une fois le PTB
Un demi-siècle de marxisme en action

mai 2018

https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/pvdaptb/pages/1907/attachments/original/1549284691/2018_Il_%C3%A9tait_une_fois_le_PTB.pdf
Finimore
   Posté le 01-04-2021 à 09:58:15   

Un jour dans l'info: 12 mars 1976, l'étrange cas du docteur Merckx
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_un-jour-dans-l-info-12-mars-1976-la-creation-du-ptb?id=10260285

Hélène Maquet & Bertrand Henne
Publié le mercredi 03 juillet 2019 à 10h14

Nous sommes en 1976, à Hoboken, la banlieue industrielle d’Anvers. Un médecin soigne les ouvriers. On l’appelle le missionnaire rouge. La justice le soupçonne d’être un déséquilibré et ordonne une expertise psychiatrique. Ce médecin c’est Kris Merckx, un des fondateurs du PTB, le parti du travail de Belgique.
À 31 ans, Kris Merckx a fondé la première maison médicale de médecine pour le peuple. Avec quelques autres étudiants, il fonde l’ancêtre du PTB, AMADA, Alle Macht Aan De Arbeiders : " Tout le pouvoir aux ouvriers ". Un parti maoïste issu de mai 68 et qui tient une ligne révolutionnaire dure. Ces médecins communistes attirent une équipe de la RTBF et Josy Dubié à Hoboken…

Une série réalisée avec l'aide de Sonuma. Récit Bertrand Henne et Hélène Maquet. Recherche d'archives Martine Plenus. Création sonore Jeremy Bocquet




Edité le 01-04-2021 à 09:59:32 par Finimore


Finimore
   Posté le 16-04-2021 à 17:10:14   

De AMADA-TPO en 1973 au PTB en 1979
https://www.youtube.com/watch?v=Y39XhvBvkXU&t=131s
Histoire présentée par les cadres du PTB : Kris Merckx et Michel Mommenrency
Le 28/03/2000 cic Bxl
Enregistrements à l’occasion des Mémoires de Julien Versteegh ULB et Damien Robert UCL sur l’Histoire du PTB PVDA TPO
Xuan
   Posté le 16-04-2021 à 23:14:39   

A propos de l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France, afin de nous aider à avancer , je rappelle qu'elle n'est pas conforme au principe d'indépendance des partis communistes et qu'elle constitue une ingérence inacceptable dans nos affaires, et cela quelles que soient les intentions des communistes belges, aussi louables soient-elles.

Je rappelle un épisode qui s'est déroulé en février 1965, relaté par Jacques Jurquet dans "à contre-courant" chapitres 6 et 7 : l'affaire Grippa.


- Chapitre 6 -


[...] Deux nouvelles inattendues m'incitèrent à une réflexion approfondie. Un camarade belge avait participé à la réunion des étudiants en indiquant qu'il était envoyé par les marxistes-léninistes de Belgique, apparemment beaucoup plus développés organisationnellement et politiquement que nous-mêmes.
Par ailleurs, R. avait été reçu à la Légation albanaise, rue de la Pompe. Tous les diplomates albanais étaient membres du Parti du Travail d'Albanie. Ils lui dirent qu'ils étaient au courant de notre activité à Marseille et nous incitaient à suivre de très prés la préparation du XVIIème Congrès du Parti communiste français. Ils pensaient que la lutte anti-révisionniste en France serait plus difficile que dans d'autres pays comme par exemple la Belgique. Ils proposèrent d'étudier les possibilités d'édition d'un journal, ajoutant aussitôt que La Voix du Peuple publiée en Belgique était prête à passer des articles émanant d'organisations françaises
.[...]

- chapitre 7 -


Les 15 et 16 février 1964, se tinrent deux réunions décisives pour la suite du développement du mouvement marxiste-léniniste en France.

Par l'intermédiaire de R., les camarades de Clichy avaient fait savoir qu'assisteraient à cette rencontre un camarade belge dont on ignorait l'identité et un camarade albanais. Cette perspective avait soulevé une discussion passionnée dans les rangs du cercle de Marseille. En ce qui me concernait, j'appuyai à fond le point de vue du représentant de Perpignan, le camarade François Marty, je ne comprenais pas l'insistance des parisiens à recevoir un Belge, cette exigence assez frénétique m'intriguait. Finalement, j'acceptai le principe de la présence d'un observateur albanais, quoique sans enthousiasme. Par contre il fut décidé de ne pas accepter le Belge. Nous devions comprendre par la suite que cette opposition avait entraîné l'absence de l'Albanais.
Le premier jour se réunirent donc deux représentants de Clichy, (Beaulieu et D.), deux du quartier latin (M. et W.), un de Perpignan (François Marty) et quatre délégués de Marseille (Coste, R., F. et Jurquet).

« Ici j'informe les lecteurs que dans l'ensemble de cet ouvrage je serai obligé de ne mentionner certains patronymes que par leurs initiales. Pour des raisons professionnelles, familiales ou autres, les personnes concernées m'ont demandé d'agir ainsi, ou, dans certains cas, j'en ai pris moi-même la décision. »

A Beaulieu qui d'emblée protesta contre le refus de recevoir le camarade belge et assura que les camarades albanais étaient du même avis, Coste rétorqua que notre organisation n'était pas encore assez étendue, ni suffisamment stable et unifiée pour prévoir des rencontres internationales.
Je soutins Coste en affirmant que notre réunion n'était pas une conférence, mais seulement une prise de contacts. J'ajoutai qu'en ce qui concernait l'absence du représentant albanais, l'avenir nous permettrait certainement de savoir pour quelle raison il n'était pas venu à Marseille. De toutes façons, en mon for intérieur, je n'étais pas disposé à accepter que qui que ce soit nous impose nos décisions de l'extérieur de nos rangs.

La discussion sur ces questions de présence ou d'absence s'éternisa, M. mangea le morceau en déclarant que les Parisiens étaient mieux placés dans la capitale pour entretenir des liaisons avec les camarades étrangers. Dans les propos de Beaulieu étaient apparus les noms de deux dirigeants belges qu'il avait déjà rencontrés, Jacques Grippa et René Raindorf, cadres du vieux Parti communiste belge à des niveaux élevés.
François Marty déclara qu'il était préférable que nous discutions d'abord entre nous et qu'ensuite on verrait mieux ce qu'il conviendrait de faire.
A ce moment-là, Beaulieu proclama que la direction du Comité de Marseille pour l'ensemble des cercles était désormais remise en question.
[...]


On retrouvera Beaulieu dans le CMLF, appelant à voter pour Charles De Gaulle contre Mitterrand en 1965. La manœuvre consistant à placer la direction du mouvement ml en France sous l'autorité des dirigeants belges, cautionnée voire initiée en sous-main par le PTA, aurait servi à faire du parti ml un appendice de la bourgeoisie.
L'interventionnisme gauchiste, prétendument destiné à faire avancer plus vite un mouvement arriéré , s'avérait en fait un opportunisme de droite.
Cette attitude rappelle aussi le style du parti père répandu dans le mouvement communiste international, et qui favorisa sa division lors de la trahison de Khrouctchev.


Note : Membre de la direction bruxelloise du Parti communiste de Belgique (PCB) dans les années 1930, Jacques Grippa fut l'un des dirigeants de la Résistance, arrêté par les nazis et torturé au fort de Breendonk.
En 1963, il est exclu du PCB pour avoir soutenu Pékin contre Moscou lors de la rupture sino-soviétique. Maurice Massoz, Maurice Delogne et René Raindorf sont aussi exclus et sont rejoints par de nombreux membres de la fédération bruxelloise du PCB.

En 1979, Grippa se serait présenté au siège du Parti Communiste belge pro-soviétique, et aurait demandé sa réintégration. Il aurait alors fourni une lettre de recommandation émanant de l'ambassade soviétique à Bruxelles. Cet événement a accrédité la thèse de Christophe Bourseiller suivant laquelle Grippa aurait été dès le départ un agent de Moscou, infiltré tout en haut de la pyramide pro-chinoise, pour pouvoir mieux la saboter.


________________________


Une remarque à propos d'une longue controverse. Tu as signalé dans le premier post que certaines organisations rejetaient Mao.

Il faut rappeler dans l'effacement et les divisions du mouvement ml la controverse sino-albanaise.
A la mort de Mao Enver Hoxha a écrit "Mao Tsetung, en tant que penseur et philosophe, en tant que dirigeant démocrate révolutionnaire du peuple chinois, est une personnalité historique, mais l'histoire et l'analyse marxiste-léniniste de la situation en Chine expliqueront que s'il était un philosophe avec une large culture, il n'était pas un marxiste-léniniste. Il a été profondément influencé par la vieille philosophie chinoise de Confucius, etc., et en tant qu'éclectique qu'il était, il n'a introduit le marxisme-léninisme dans son travail que sous la forme de principes et d'idées mutilés.
C'est précisément son éclectisme philosophique qui a fait de Mao ce que l'on peut appeler un modérateur des différents courants qui ont existé continuellement en Chine, qu'il a permis, encouragé et mis en «collision» prétendument dialectique. Cependant, l'activité d'un modérateur pouvait influencer pour le bien ou pour le mal, mais dans tous les cas, une telle chose ne pouvait fonctionner que tant que Mao lui-même était en vie. Maintenant, il est mort. La Chine restera-t-elle rouge, et ce rouge sera-t-il transformé en un véritable rouge ardent, révolutionnaire, marxiste-léniniste?"


L'histoire a tranché qu'après la mort de Mao la Chine la Chine continue d'opposer le socialisme à l'impérialisme, tandis que l'Albanie socialiste n'existe plus. Mais la polémique s'est poursuivie sans tenir compte de ces faits.
Les accusations d'Enver Hoxha ont définitivement brisé l'unité des marxistes-léninistes, renforcé l'esprit de liquidation, détruit la première tentative de reconstruire un parti communiste, et plombé pour des décennies toute tentative dans ce sens.

L'offensive albanaise gauchiste s'est conjuguée à celle anti communiste de la social-démocratie "de gauche" qui a infiltré le PCMLF.

Certains groupes, dont Vincent Gouysse, ont repris les positions d'Enver Hoxha sur le "révisionnisme de Mao Zedong" , ou bien ont reporté sur la critique de révisionnisme sur Deng Xiaoping, par exemple en lui attribuant la paternité de la théorie des trois monde ou en qualifiant la réforme de révisionniste , qu'il opposent de manière antagonique à la pensée maozedong.
La ligne de non ingérence dans les affaires intérieures des autres pays a été qualifiée de complaisance pour l'impérialisme voire de soutien.
Pour une bonne part de ces groupes ml la Chine est devenue capitaliste et impérialiste.
La conséquence immédiate est que dans la lutte anti impérialiste et anti hégémoniste, ils ne prennent pas position, mettent tout le monde dans le même sac, et finalement ils ne s'opposent pas à l'hégémonisme US, dernier pilier de l'impérialisme mondial.
Ces groupes sont figés dans une interprétation du monde où la lutte anti impérialiste n'existe plus et où la seule contradiction oppose la bourgeoisie au prolétariat.

Paradoxalement le groupe Parti Révolutionnaire Communistes de Perlican, qui n'est pas issu de la controverse sino-soviétique mais s'apparente plutôt au troskisme et s'oppose à la Chine socialiste qu'il désigne comme un pays capitaliste, est plus offensif contre l'hégémonisme US en dénonçant le danger de guerre à cause du bellicisme des USA et de l'OTAN en Ukraine
Etonnamment ce groupe dénonce davantage les USA face à la Russie que face à la Chine.


Edité le 16-04-2021 à 23:25:50 par Xuan


Finimore
   Posté le 17-04-2021 à 06:16:01   

Xuan a écrit :

A propos de l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France, afin de nous aider à avancer , je rappelle qu'elle n'est pas conforme au principe d'indépendance des partis communistes et qu'elle constitue une ingérence inacceptable dans nos affaires, et cela quelles que soient les intentions des communistes belges, aussi louables soient-elles.


Il semble que "l'insistance du PTB à soutenir ou propulser tel ou tel groupe en France" soit du passé (en fait dans les années 90 et début 2000). Elles s'explique par l'état des organisations ML en France. Quand le PTB organisait des séminaires communistes internationaux il avait raison.
Ceci dit tu as mille fois raisons concernant le principe d'indépendance des partis ML.

Xuan a écrit :

[g][#800000]Je rappelle un épisode qui s'est déroulé en février 1965, relaté par Jacques Jurquet dans "à contre-courant" chapitres 6 et 7 : l'affaire Grippa.


Cet épisode est intéressant (tu fais bien de le rappeler), mais dans un contexte différent des années 90-2000.
Concernant Grippa il serait intéressant de savoir ses positions concernant la Chine et la GRCP.
Finimore
   Posté le 17-04-2021 à 06:36:33   

Sur wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Grippa
"Jacques Grippa sera le premier et le principal leader maoïste en Belgique et en Europe. Le Parti communiste chinois le chargea d'organiser les marxistes-léninistes européens.
Le 22 décembre 1963, Jacques Grippa, avec d'autres dissidents communistes belges, fonde le Parti communiste de Belgique. Il a 500 adhérents. Il se dote d'un hebdomadaire, la Voix du peuple, et ouvre une librairie à Bruxelles, Le Livre international. Le PCB sera le tout premier parti marxiste-léniniste pro-chinois, ou maoïste, d'Europe. Il ouvre rapidement des locaux dans toute la Belgique. En 1964, Grippa sera reçu avec les honneurs à Pékin par Mao Zedong en personne, puis par Kim Il Sung à Pyong Yang2.

Contrairement à la plupart des mouvements maoïstes, le PCB se présente aux élections. Ses campagnes électorales sont marquées par de nombreuses bagarres, le plus souvent avec des militants du PCB pro-soviétique2.

En 1967, le gouvernement chinois met brutalement fin à son soutien à Jacques Grippa. Le PCB-Pékin (surnom du PC de Grippa) implose et un nouveau Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique (PCMLB) apparaît.

À partir de 1968, Jacques Grippa défend les positions de Liu Shaoqi, l'ancien président du Parti communiste chinois écarté du pouvoir par Mao Zedong. Jacques Grippa poursuivra son combat, mais avant sa mort il se rapprocha, après une tentative avortée en direction du Parti du travail de Belgique (PTB), du Parti communiste de Belgique resté prosoviétique.
En 1979, Grippa se serait présenté au siège du Parti Communiste belge pro-soviétique, et aurait demandé sa réintégration. Il aurait alors fourni une lettre de recommandation émanant de l'ambassade soviétique à Bruxelles. Cet événement a accrédité la thèse suivant laquelle Grippa aurait été dès le départ un agent de Moscou, infiltré tout en haut de la pyramide pro-chinoise, pour pouvoir mieux la saboter2.

En France, le courant « grippiste » a été représenté de 1965 à 1976 par le Centre marxiste-léniniste de France."
Finimore
   Posté le 17-04-2021 à 06:44:59   

Concernant Grippa, voir sur le site :
https://vivelemaoisme.org/?s=Grippa
et : https://vivelemaoisme.org/category/documents-politiques/la-bataille-anti-revisionniste-en-belgique/parti-communiste-de-belgique-grippa/
Xuan
   Posté le 17-04-2021 à 07:14:35   

Je n'avais pas repris la phrase de wikipedia " Le Parti communiste chinois le chargea d'organiser les marxistes-léninistes européens. ", je ne sais pas jusqu'à quel point elle reflète la réalité. La Chine a toujours été opposée à la mentalité de parti père et à l'intervention chez les autres, c'est ce qu'elle avait reproché à Staline.
Et surtout l'expérience de la colonisation avait vacciné les communistes chinois contre ces procédés.

Les chinois ont clairement soutenu les organisations ml en Europe, en les reconnaissant comme partis frères et en invitant leurs dirigeants en Chine.
Mais d'après Jacques Jurquet, si on relit sa description du déroulé des faits, ce n'est pas le PCC qui voulait précipiter la constitution d'un parti communiste mais le PTA.
Le chapitre 14 du texte cité en dit plus long, j'y reviendrai.


Edité le 17-04-2021 à 07:18:04 par Xuan


Xuan
   Posté le 17-04-2021 à 09:09:43   

Voici ce texte :
Le 7 octobre [1964], je présentai un nouveau rapport, cette fois exclusivement consacré à notre séjour en Chine populaire. Nous avions appris entre-temps la scission du Gensukyo japonais à l'initiative des Soviétiques, mais nos jeunes militants, ainsi que Castan, Rovini et quelques autres critiquaient le fait que nous apparaissions davantage comme des supporters des Chinois que comme des militants communistes préoccupés des dures conditions économiques et sociales des travailleurs en France. Un certain clivage, non antagonique, se dessina peu à peu entre ceux qui désiraient militer avant tout en faveur de la Chine contre l'Union soviétique, et ceux qui, tout en critiquant cette dernière, entendaient agir surtout sur les questions sensibles aux populations françaises.

Au cours de la discussion suivant mon exposé sur notre voyage en Chine, pendant lequel nous avions aussi rencontré le vieux Maréchal Tchen Yi, le jeune camarade algérien demanda si les camarades chinois pensaient que la Révolution violente était aussi possible en France comme en Algérie ou à Cuba. Je lui répondis que les communistes chinois avançaient une conception de la « zone des tempêtes » , c'est-à-dire essentiellement des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, où grondait la révolution, mais qu'ils ne pensaient pas que pour l'instant existait une situation révolutionnaire dans les pays capitalistes d'Europe. J'ajoutai que ce ne pouvait être une raison pour nous croiser les bras et que le devoir de tout communiste en France consistait à soutenir par tous les moyens possibles les justes luttes des peuples du Tiers-monde.

Dès cette époque, dernier trimestre de l'année 1963, fonctionnaient à Marseille des cellules marxistes-léninistes dans plusieurs quartiers : Vauban, Centre-ville, Marseilleveyre, Saint-Gabriel, Saint-Louis et La Blancarde. Chacune avait la directive de compter sur ses propres forces au point de vue financier et fonctionnait comme les structures de base du P.C.F, exigeant des cotisations mensuelles de tous ses adhérents. Elles tenaient des réunions hebdomadaires, en alternant les ordres du jour : une semaine une réunion idéologique, la semaine suivante, une réunion de travail pratique, collage d'affiches, tracts, badigeons, etc... Mais ce que nous voulions consistait à instaurer un style de travail différent de celui des cellules du vieux Parti. Nous exigions de chaque adhérent qu'il ait une activité concrète et ne demeure pas passif.
Nous considérions que les adhérents du P.C.F. se comportaient en général comme ceux des partis sociaux-démocrates, Parti socialiste et autres.

Vis-à-vis des jeunes militants qui rejoignaient nos rangs nous soulignions qu'un communiste marxiste-léniniste devait avoir à lui seul davantage d'activité que cent révisionnistes.
Pour nous la solution résidait dans la force de l'idéologie, la confiance dans notre ligne politique. Il est effectif que de vieux communistes, vieux par leur ancienneté dans les rangs du PCF, comme des jeunes gens qui n'avaient pratiquement jamais milité réagissaient avec enthousiasme envers nos initiatives.

Pour répondre aux exigences sans cesse réitérées des quelques militants de Clichy et de nos camarades albanais, nous finîmes par accepter de nous rendre en délégation à Bruxelles pour une rencontre avec le Parti communiste de Belgique que dirigeait Jacques Grippa. Selon les affirmations de Claude Beaulieu, ce Parti regroupait d'ores et déjà le quart des effectifs du vieux Parti révisionniste belge. Il publiait un périodique bien présenté Le Drapeau rouge.
Je fus chargé de conduire cette délégation, accompagné de François Marty, de Perpignan, Robert Thiervoz, de Grenoble, Marcel Juliot de Marseille et, sauf erreur de mémoire, de Régis Bergeron, de Paris.

Jacques Grippa ne nous accueillit pas lui-même. L'un de ses représentants nommé Morenhoot eut charge de nous présenter un exposé général sur les activités du P.C.M.L.B. au siège de leur Comité central, un immeuble imposant. Une rencontre nous fut annoncée pour le lendemain avec le leader de cette formation, qui était, nous dit-on, un ancien membre du Bureau politique du vieux Parti devenu révisionniste. En attendant cette échéance, un militant fut chargé de nous faire visiter la capitale de la Belgique.

Nous avions mis comme condition à l'acceptation de cette rencontre sollicitée depuis longtemps par les camarades belges et albanais que la délégation française soit exclusivement composée de militants de notre Fédération, à l'exclusion de Beaulieu et autres membres du cercle de Clichy qui n'avaient pas notre confiance.

Lorsque nous fûmes introduits dans une grande salle où se trouvait déjà Jacques Grippa, nous fûmes aussitôt frappés par l'absence totale de toute cordialité dans son comportement. Il nous accueillit très froidement, puis nous fit asseoir un peu comme des élèves dans une classe d'établissement scolaire.

Presque aussitôt après entra une délégation soi-disant venue de Clichy et Beaulieu prit place auprès de Grippa. À notre première stupéfaction succéda rapidement la conviction que nous étions tombés dans un piège.

François Marty se montra catégorique : les accords passés pour fixer l'ordre du jour de la rencontre franco-belge étaient violés. Par conséquent nous n'avions plus rien à faire en ces lieux. Nous condamnions de pareilles méthodes. Il s'agissait d'une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures des marxistes-léninistes de France.
En conséquence nous quittâmes prestement cet établissement et nous rendîmes aussitôt à la gare centrale de Bruxelles pour rentrer dans notre pays. À 16 heures, notre train démarra tandis que nous échangions nos commentaires indignés.

Tous nos camarades des cercles déjà constitués approuvèrent ensuite notre attitude et condamnèrent celle du Parti belge et de son curieux dirigeant.

En ce qui me concerne, je commençai à supposer qu'existaient des différences tactiques entre les Partis Albanais et Belge d'une part, et le Parti communiste chinois d'autre part. Mais, dans ma pensée, je n'allais pas encore, jusqu'à imaginer qu'il puisse s'agir de divergences fondamentales ou de rivalités pour assumer la direction internationale du mouvement marxiste-léniniste. De toutes façons, je n'en dis absolument rien à qui que ce soit, je conservais cette impression au fond de moi comme un secret. Ou plus exactement, comme une inquiétude
.
Xuan
   Posté le 17-04-2021 à 14:37:42   

Sur l'ingérence et la mentalité de parti père


Cette manière de suggérer voire soutenir à l'étranger tel ou tel groupe et telle ou telle personnalité désignés par lui comme le plus marxiste-léniniste, sans égard pour la situation concrète réelle et sans aucun respect pour l'indépendance des marxistes-léninistes du pays, apparaît à des époques et des circonstances différentes.
Mais sur le fond Grippa a poursuivi un comportement qui n'est pas conforme aux relations entre partis et organisations marxistes-léninistes.

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Sur la critique de la pensée mazedong


On voit dans "critique de la ligne anti-maoïste de Grippa par des membres de son parti présents à Pékin durant la GRPC - 1967"...qu'il a d'abord salué la GRPC, puis l'a dénoncée notamment dans sa critique de l'URSS.

Voici ce que Jacques Grippa a dit à l’Université Libre de Bruxelles, le 19 octobre 1966 :

« C’est un nouveau mérite du camarade Mao Tsé-toung d’avoir développé cette conception marxiste-léniniste en analysant précisément – et notamment sur la base de l’expérience de l’Union Soviétique – les leçons de la Révolution Prolétarienne de la dictature du prolétariat en montrant comment la lutte des classes continue, ne s’éteint pas après la prise du pouvoir ».

Mais en juillet 1967, le même Grippa déclare au cours d’entretiens particuliers ou de réunions de cadres du P.C.B. :

« Ce phénomène de destruction (il parle de la Révolution Culturelle) est le reflet de l’idéologie petite bourgeoise de la paysannerie et cette révolution a les caractéristiques de l’inconséquence de la limitation inévitable du processus révolutionnaire.
A la lumière des événements qui se déroulent à l‘heure actuelle en Chine, il est nécessaire de revoir si l’analyse du Kominterm sur Mao Tsé-toung n’était pas exacte. En tout cas, son œuvre qui manque d’analyse économique et reste abstraire a pu causer de grands torts à la révolution dans certains pays. Des textes, comme « La Démocratie Nouvelle » sont à la base de revers momentanés subis par certains pays.
En ce moment précis on peut se demander encore s’il s’agit du véritable Mao Tsé-toung et non d’un sosie qui agirait au nom d’un homme mort ou malade au point de ne plus pouvoir paraître en public » !!!


dans un mémo en mai 1967 :

« Il semble que depuis un certain nombre de mois le développement de la lutte de la grande Révolution Culturelle Prolétarienne s’écarte sensiblement des buts et moyens définis dans cette révolution, à un point tel qu’il s’agit d’une dénaturation.

N’y a-t-il pas eu dénaturation par l‘interprétation falsificatrice d’indications justes de la déclaration en seize points pour mener une attaque contre le Parti, pratiquer une pseudo-critique mais viser en réalité à la destruction de l’Etat de Dictature du prolétariat et du Parti, en attaquant inconsidérément et calomnieusement des dirigeants du Parti, en divisant la direction révolutionnaire du Parti, en provoquant artificiellement des contradictions et en rendant antagonistes par diverses manœuvres afin d’affaiblir et éventuellement détruire cette direction révolutionnaire …



Si on tient compte des excès réels de la GRPC (à supposer qu'ils soient apparus dès 1967 ce qui n'est pas du tout certain) certaines de ses critiques méritent la réflexion.
Mao Zedong avait lui-même mis fin à la révolution culturelle et ces critiques ont été formulées ensuite par le PCC lui-même dans son autocritique de 1981.

Par contre le texte « La Démocratie Nouvelle », issu de l'expérience de la lutte armée, du front uni anti japonais et fondement théorique de la victoire du PCC, ne peut pas servir à expliquer la défaite d'autres partis communistes, notamment le massacre de 500 000 militants du PKI en Indonésie en 1965, par Soeharto.
Pour en juger il faudrait comparer la manière dont le PKI a établi l'alliance et la lutte avec le Parti National Indonésien et Soekarno.

Le PCC avait lui-même établi une alliance étroite avec le Kuomintang, jusqu'à ce que Tchang Kaï Chek massacre les communistes chinois en 1927 suite à une tentative d'insurrection à Shanghai.
Mao avait alors dirigé la longue marche, constitué des bases rouges et essuyé plusieurs campagnes d'encerclement et d'anéantissement de Tchang Kaï Chek.
Face à l'invasion japonaise le PCC avait de nouveau réalisé l'alliance avec le Kuomintang, mais dans des circonstances très différentes, puisque le PCC avait constitué une armée populaire. Après la prise du pouvoir le "gouvernement de coalition" fut dirigé par le PCC, la bourgeoisie bureaucratique et Tchang Kaï Chek s'était exilés à Taïwan.

Il résulte que "de la démocratie nouvelle" établit le type de révolution dans un pays féodal et colonisé, définit les classes qui peuvent y participer, mais ne rentre pas dans les particularités nationales ni du rapport des forces entre la bourgeoisie nationale révolutionnaire et celle compradore contre-révolutionnaire, ni de la transformation de l'une en l'autre en fonction des conditions nationales et historiques, et encore moins dans la tactique à déployer dans l'unité et la lutte. Ceci ressort de la responsabilité de chaque parti communiste.
Au contraire, il semble que le PKI ait adopté une stratégie d'alliance très proche avec la bourgeoisie nationale, combinée avec des tentatives d'insurrection. C'est précisément ce qui avait conduit au massacre de Shanghai en Chine.

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Sur la "révolution paysanne" et le "confucianisme"


Grippa a aussi repris la thèse d'Enver Hoxha sur la révolution paysanne et le confucianisme de Mao.

Dans une Chine où 90 % de la population était paysanne, ne pas s'appuyer sur elle aurait été une grave erreur, c'est cette même erreur qui conduisit au massacre de Shanghai.
Par contre Mao s'opposa aux théories sur un communisme agraire.
On remarquera que le site trotskiste matierevolution lui fait un reproche comparable :
"La lettre aux militants trotskystes qu’écrit Trotsky explique que, si l’armée de Mao prend le pouvoir, elle interviendra contre le prolétariat. La politique de Mao n’est pas communiste, ne vise pas au pouvoir du prolétariat, n’a nullement renoué avec Marx ni rompu définitivement avec l’impérialisme et le capitalisme, comme le rappelle son idylle actuelle. Le terme le plus juste sur son régime est celui de bonapartisme bourgeois. Le bonapartisme signifie une dictature militaire qui est populaire et dont l’apparence de force provient de l’équilibre entre deux forces réelles. Ici ces forces sont, d’un côté la bourgeoisie impérialiste et de l’autre le prolétariat".

Sur le confucianisme (Plariste nous en avait fait un roman aussi), Mao a effectivement repris les préceptes confucianistes qui pouvaient servir la révolution, comme "servir le peuple" .
Il n'a pas repris le principe d' immuabilité qui allait à l'encontre de la révolution, puisqu'il a appelé à renverser les montagnes du colonialisme, du féodalisme et de la bourgeoisie bureaucratique. Et son ouvrage philosophique "de la contradiction" explique de long en large les transformations dont les contradictions sont la cause.
La pensée maozedong utilise donc le confucianisme pour parler un langage compréhensible par les masses, mais le fond reste le marxisme-léninisme.

Ces critiques sont donc infondées, elles ne tiennent pas compte de la réalité sociale d'un pays ni de son histoire, mais appliquent mécaniquement le schéma des classes des pays industrialisés, et relèvent de la philosophie idéaliste, qu'on pourrait tout aussi bien rapprocher de la tradition religieuse occidentale.