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 Contre le multipolarisme

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supernova
"rêver, mais sérieusement"
Jeune Communiste
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   Posté le 25-02-2025 à 11:48:22   Voir le profil de supernova (Offline)   Répondre à ce message   https://revuesupernova.blogspot.com/   Envoyer un message privé à supernova   

Contre le multipolarisme
pour une analyse des contradictions impérialistes


Le contexte d’une « belle » idée

Quelles positions doivent. défendre les communistes dans le cours actuel des choses, celui de guerres menées par les groupes impérialistes pour ne pas perdre leur hégémonie ? En 2023, la revue Supernova, dans son numéro 4, a publié une série d’articles sur la catégorie léniniste d’impérialisme et sur son actualité, en particulier sur la tendance à la militarisation et à la guerre, résultant du déclin de l’hégémonie américaine et européenne et, en contrepoint, des forces étatiques, Russie et Chine essentiellement, qui s’efforcent de rivaliser de façon aussi autonome que possible, dans le cadre du capitalisme mondial. La guerre en Ukraine, l’encerclement militaire de la Chine, la « dédollarisation » et la montée des BRICS+ n’ont pas fait naître mais ont répandu et imposé la thèse du « multipolarisme ». C’est une thèse fausse dans ce qu’elle décrit (la possibilité d’un développement pacifique de plusieurs « pôles » capitalistes sans conflit majeur) et profondément réactionnaire dans ce qu’elle promeut (l’abandon pur et simple des programmes de révolution socialistes dans les pays impérialistes et de révolutions démocratiques dans les semi-colonies au profit d’un soutien aux fractions bourgeoises « rebelles » à l’hégémonie américaine) (1). Cette thèse est surtout défendue par l’actuel Parti Communiste Chinois, par la Fédération de Russie et par une kyrielle d’organisations qui sont des survivances de l’ancien mouvement communiste international. Elles représentent les intérêts des couches bourgeoises dominantes de chacun de ces pays et non pas ceux du prolétariat mondial ni ceux des peuples opprimés malgré ses oripeaux tapageurs. Le multipolarisme n’est pas un anti-impérialisme car ni la Chine de Xi Jinping, ni la Russie de Poutine ne sont des « bases rouges » de la révolution mondiale.
La scène mondiale est aujourd’hui le lieu d’une préparation à une conflagration mondiale gigantesque et de plus en plus inéluctable, pensée et assumée comme telle par les sommets et rapports successifs de l’OTAN, et dont les derniers conflits, par proxys interposés en Syrie et en Ukraine, ne sont que les prémisses. L’effondrement rapide du monde « unipolaire », celui qui promettait une ère libérale de paix et de prospérité après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, est un fait avéré. On ne saurait sous-estimer que, pour la première fois depuis le XVII ème siècle, un pays non-occidental se présente comme un « challenger » qui postule à la co-gouvernance des affaires du monde. En quelques décennies, la Chine est passée d’un pays rural, semi-féodal, semi-colonial à une puissance « cybercapitaliste ». Or, ce changement profond se déroule avec le retour de guerres inter-étatiques consistantes (et plus seulement d’opérations de police anti-terroristes, de conflits de basse intensité ou asymétriques) L’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001 a créé l’inverse de la mythique « paix par le commerce » chère à Montesquieu. Au contraire, chaque épisode récent de la crise de surproduction de capital (crise de 2008, pandémie, Ukraine et Palestine) indique que le partage et le repartage du monde, c’est-à-dire de la plus-value mondiale, ne peut plus se faire par des moyens pacifiques et contractuels. La sueur qu’exige le capital ne suffit plus, c’est désormais l’impôt du sang qui est aussi à l’ordre du jour. La tentative de sortir de la domination occidentale ne s’accompagne pas d’une tentative de sortir du capitalisme, et c’est là que cette tentative est essentiellement vouée à l’échec. Mais il ne s’agit plus pour la Chine et secondairement pour les autres membres des BRICS de demander « une meilleure place au soleil » en modifiant les termes de l’échange, mais de rivaliser pour l’hégémonie mondiale. Le défi représenté pour les anciennes puissances impérialistes est donc immense. Elles y répondent par l’objectif du contrôle militaire de la planète (guerres dites préventives, extension et redéfinition de l’OTAN, sanctions, « révolutions de couleur » Après la destruction, démembrement et mise sous tutelle des pays de l’ancien nationalisme arabe (Irak, Syrie, Lybie), ce qui permet non seulement de détruire tout projet d’indépendance du Moyen-Orient mais aussi de réaliser le rêve sioniste d’expulsion des Arabes de Palestine, le monde présente un face à face plus direct entre vielles puissances impérialistes encore dominantes et nouveaux groupes impérialistes générés par l’exportation de capitaux.
Mais il serait simpliste de penser que l’alternative actuelle est d’accepter la domination américaine ou de soutenir ses potentiels rivaux, ou les « Etats voyous » à l’échelle mondiale, car la seule alternative à l’impérialisme réside dans l’instauration d’un monde socialiste et non dans les règlements de comptes entre puissances à l’intérieur du système capitaliste et de son développement inégal. Cette vérité est littéralement « oubliée » par les partisans du multipolarisme, malgré qu’elle soit non seulement l’ABC de la théorie de l’impérialisme par Lénine mais aussi ce qu’elle soit confirmée par un siècle d’expériences de révolutions socialistes et anticoloniales.

La restructuration des chaines de valeur du capitalisme mondial

Le mutipolarisme est l’expression d’un des « camps » de la restructuration capitaliste à l’échelle mondiale. Le déclin de l’impérialisme américain n’est pas infirmé mais confirmé par la seconde présidence de Trump et ses fameux décrets et discours décomplexés sur la nécessité pour les Etats-Unis de s’emparer du maximum de ressources et de certains territoires stratégiques (Groenland, Panama). Derrière le folklore viriliste criard, il y a un gigantesque aveu de faiblesse : le niveau de productivité aux USA est devenu le même en Europe et aux Etats-Unis malgré les gigantesques monopoles de la tech. D’autre part, le PIB de la Chine a dépassé celui des USA, en parité de pouvoir d’achat, il devrait être le double de celui des USA en 2035. Le MAGA (Make America Great Again) devient une sorte de chant lugubre et désespéré. Les Etats-Unis n’ont plus les moyens d’être hégémonique dans l’exportation de capitaux vers le « Sud ». La voie militaire devient ainsi une planche de salut, et non plus un ensemble de « dommages collatéraux » de gestion d’un empire.
En 2019, les droits de douane américains moyens sur les produits chinois sont passés de 3,1 % à 19,3 %, tandis que les droits de douane chinois sur les produits américains sont passés de 8 % à 21,1 %. Depuis, la guerre commerciale s’est transformée en un conflit économique généralisé les deux pays cherchant à découpler leurs chaînes d’approvisionnement. L’orthodoxie du « marché libre », déjà largement mythique, a volé en éclat. Les Etats impérialistes principaux misent sur du protectionnisme ciblé et sur des financements massifs industriels et technologiques. Aux États-Unis, le CHIPS and Science Act de 2022 prévoit 52,7 milliards de dollars pour la recherche, le développement, la fabrication et le développement de la main-d’œuvre dans le domaine des semi-conducteurs, dans le but de stimuler une industrie stratégique et de réduire la dépendance à l’égard des fournisseurs étrangers. Les plans d’autonomie stratégique des Etats-Unis et de l’Europe répondent avec un retard certain au défi chinois, et, plus précisément, au plan « Made in China 2025 » qui vise à moderniser complètement l’industrie chinoise pour la rendre plus efficace et plus intégrée afin qu’elle puisse occuper les parties les plus élevées des chaînes de production mondiales. La pratique du « friendshoring » (la pratique consistant à s’approvisionner en matériaux, en composants et en produits manufacturés auprès de pays considérés comme des alliés ou des amis). La pandémie du Covid et la guerre en Ukraine ont intensifié cette tendance. Les négociations commerciales sont de plus en plus bilatérales et l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) perd de plus en plus on rôle de régulateur des conflits commerciaux. Dans le même temps, les dépenses militaires augmentent. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm indiquait qu’en 2023, les dépenses militaires avaient augmenté dans les cinq régions géographiques pour la première fois depuis 2009.
Le Consensus de Washington -l’ensemble des prescriptions de politiques économiques axées sur le marché qui ont dominé la réflexion sur le développement dans les années 1980 et 1990-appartient désormais en grande partie à l’histoire. Ce paradigme, qui mettait l’accent sur la privatisation, la déréglementation et la libéralisation du commerce, a été promu par les institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale). Cette politique économique a laissé la plupart des pays semi-colonisés exsangues alors que la stratégie d’industrialisation de la Chine ou même du Vietnam refusait d’appliquer toutes les normes du Consensus. Tous ces changements signifient avant tout que le principe et les fondements d’une « gouvernance mondiale » étaient auparavant globalement acceptés par les États, notamment ceux au centre du jeu. Les impérialismes historiques dominants n’acceptent plus leurs propres règles et s’apprêtent à les piétiner. C’est ce contexte économique qui explique le « retour » aux discours identitaires et souverainistes comme solution aux multiples crises. Le libéralisme est vomi par ceux qui l’ont fait naître.
Face au déclin occidental, des leaders capitalistes du « Sud » sont apparus et ils tentent de se présenter comme alternatives moins nocives afin de diriger les plans de développement du vaste monde des semi-colonies (2). On distingue toutefois facilement d’une part la Russie et la Chine, et d’autre part l’Inde, l’Indonésie et le Brésil qui ne sont pas dans une ligne de rupture avec les groupes impérialistes américains et européens. Quoi qu’il en soit, la coalition d’intérêts des BRICS se présente parfois comme non seulement une revendication de refonte du système des relations internationales mais aussi comme un projet alternatif à l’ordre occidental. C’est à ce niveau qu’intervient le discours du multipolarisme.

La doctrine Karaganov

Pour comprendre ce qui est en jeu dans la doctrine du multipolarisme, il peut être utile d’étudier directement ceux qui sont les plus intéressés à en faire la promotion. Le texte le plus significatif est un rapport, rédigé en 2023 sous la direction de Sergueï Karaganov, l’un des architectes intellectuels de la politique étrangère russe, directeur du Conseil de Politique Etrangère et de Défense de la Fédération de Russie. C’est le document principal et officiel de la politique étrangère russe. Il s’intitule La politique de la Russie à l’égard de la « Majorité mondiale . Le terme de « majorité mondiale » a été préféré à celui de « Sud global » pour des raisons évidentes (la Russie peut-elle faire partie du Sud ?). Le rapport a pour but de définir les contradictions essentielles qui structurent le monde du point de vue des groupes impérialistes russes et de définir une stratégie pour rallier à son point de vue le maximum de pays défavorisés par l’ordre mondial actuel.
L’axe principal du rapport consiste à reprendre et actualiser une conception née dans la Russie à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 : faire de la Russie une puissance tournée vers l’Asie et refusant la domination occidentale. Impossible à mettre en œuvre sous l’ère Eltsine, durant laquelle le démantèlement de l’industrie soviétique s’effectuait par des privatisations entièrement ouvertes aux capitaux occidentaux, cette conception est devenue à nouveau en vogue, en particulier depuis 2014 et les évènements de Maïdan en Ukraine.
Le rapport décrit un monde dans lequel déclin géopolitique, économique et moral de l’Occident, met en opposition le « milliard doré » -soit la population occidentale- et la « majorité globale » -les six milliards restants- Le but stratégique est la constitution d’un monde multipolaire dans lequel la Russie joue le rôle de pôle civilisationnel entraînant les autres dans la résistance au néo-impérialisme occidental. Le rapport note de façon judicieuse que le monde n’est pas majoritairement aligné sur l’Occident dans les conflits en cours. Le monde n’a pas unanimement condamné l’invasion de l’Ukraine dans le sens où es sanctions imposées par les pays de l’OTAN, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle Zélande ne sont pas appliqués par plus d’une centaine de pays. Mais surtout il affirme que la contradiction essentielle du monde est celle entre l’hégémonie de l’Occident et la souveraineté des autres Etats. « Le principal conflit du monde moderne est la contradiction entre, d’une part, la volonté de l’Occident, avec à sa tête les États-Unis, de préserver son hégémonie de cinq siècles qui lui a permis de redistribuer les richesses du monde en sa faveur et d’imposer sa culture et ses ordres politiques au monde et, d’autre part, le désir des pays non occidentaux d’accéder à une souveraineté pleine et entière, non contrainte par les dogmes, les institutions et les ordres de l’Occident. Seule une véritable souveraineté garantit la liberté de développement et permet une participation équitable à l’économie mondiale. » La guerre en Ukraine est pensée comme un théâtre de la reconfiguration des rapports de force à l’échelle mondiale, et qu’une victoire de la Russie serait avantageuse pour tous les Etats marginalisés qui visent à être souverains. Il s’agit donc de présenter ce conflit comme anti-impérialiste alors que pour de nombreuses couches dirigeantes non-européennes, il s’agit d’un conflit interne à des puissances du « Nord ». Une puissance impérialiste non dominante et économiquement fragile, tente de se présenter comme un pays opprimé, au moment même où elle tente d’étendre à tout prix ses propres sphères d’influence par des exportations de capitaux et de troupes.
Le rapport veut présenter ce combat souverainiste mondial comme un combat de valeurs : « En termes de valeurs, la Russie se concentre sur la promotion du renforcement des institutions étatiques et la libération des États de la dépendance néocoloniale ; le respect de l’identité socioculturelle de tous les pays et peuples ; la protection des valeurs humaines, consacrées par toutes les religions, cultures et civilisations du monde, contre les valeurs anti-humaines promues par l’Occident et les idées de « transhumanisme » ; le maintien fondamental de la diversité et du pluralisme idéologique et éthique. » Quand un anti-colonialisme ne repose plus que sur une guerre de « valeurs » culturelles c’est que son programme socio-économique ne consiste pas à rompre avec l’ordre des choses capitaliste, ni même à rivaliser (3). C’est en fait un anticolonialisme de pacotille, qui ne touche en rien aux racines de la domination par le capital. Pensons aux pays rentiers du Golfe parfaitement intégrés à cet ordre économique portent aussi l’étendard de « valeurs » anti-occidentales. Mais, ironiquement, la lutte conservatrice contre les idées « décadentes » du progressisme est devenu un mantra …jusque dans la bouche de la direction américaine ! (Serait-elle alors anti-occidentale ?).
Ne proposant pas la perspective d’un autre monde débarrassé de l’exploitation et de la barbarie capitaliste, le rapport présente le but de la politique étrangère russe comme celui d’une civilisation qui vise « l’équilibre ». « La politique étrangère russe, selon le Concept actuel de la politique étrangère de la Fédération de Russie (ci-après dénommé « le Concept »), procède de l’autodétermination culturelle et civilisationnelle de la Russie en tant que « pays-civilisation unique, vaste puissance eurasiatique et euro-pacifique », accomplissant une « mission historique unique qui consiste à maintenir l’équilibre global des puissances » au sens large de ce concept ». La Russie est donc un Etat à vocation mondiale chargé d’une mission civilisatrice. Il s’agit des éléments essentiels du discours du chauvinisme grand -russe, tant combattu parles Bolchéviks.
Que penser de la position promue officiellement par la Russie ? Il correspond à un fantasme. L’affirmation de l’indépendance par les BRICS ne relève pas d’un conflit de civilisation contre le « milliard doré ». Il existe dans les centres d’affaires de New-York, du Golfe ou de Singapour autant de nationalités non-occidentales que l’on en trouve dans le prolétariat mondial. Cela ne signifie pas que les divisions entre centres impérialistes et pays dominés ne subsistent pas mais que cette division structurante suit aussi la ligne de la division de la société en classes. La Russie actuelle est un pays capitaliste, démographiquement en déclin, à l’économie fragile (exportateurs de ressources énergétiques et importateur de produits finis et semi-finis) et de plus en plus dépendante de la Chine, qui bénéficie de son statut de successeur de l’Union soviétique, et qui ne peut présenter aucun projet d’alternative réel à ce qu’est l’ordre du monde actuel.

La signification réactionnaire du multipolarisme

Au final, la théorie du multipolarisme remplace la lutte des classes et la lutte pour le socialisme, seules alternatives à l’impérialisme compris comme un stade du capitalisme, par la promotion de la politique de certaines fractions de la bourgeoisie, au motif que leurs intérêts ne coïncident pas avec ceux des fractions dominantes de l’impérialisme mondial. Elle repose sur l’idée qu’il pourrait exister un développement capitaliste sain, pacifique qui pourrait avantageusement remplacer la domination pluriséculaire des européens et de leur avatar américain. L’opposition à la domination de la Communauté Internationale des Impérialistes européens et américains peut bien sûr exister et existe nécessairement sans qu’elle soit dirigée par le combat pour le socialisme. Mais seul ce combat s’en prend réellement aux racines de l’impérialisme. Les partisans du multipolarisme défendent une trêve et une paix entre les « blocs », nous défendons la perspective de nouvelles révolutions prolétariennes. Le monde multipolaire ne signifie pas le monde sans impérialisme.
Il est certain que le développement même des contradictions entre les groupes impérialistes portent à la fois de grands dangers pour la vie et la survie des masses les plus opprimées (« quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre » dit le proverbe africain) mais qu’il ouvre aussi des périodes d’instabilité et de division chez l’ennemi de classe qui sont des opportunités au sein de situation révolutionnaire en gestation. Nous avançons dans une période de confusion et de désillusion dans laquelle n’existe pas de centre révolutionnaire clairement identifié malgré les luttes héroïques de révolutionnaires dans le monde, en particulier en Asie (Inde, Philippine, Turquie, Palestine). Les partisans du multipolarisme ont dès lors de grandes facilités à se présenter comme la « seule voie possible » en l’absence de processus révolutionnaires identifiés par un programme et des percées historiques significatives. Pourtant, la guerre entre puissances capitalistes prépare les conditions d’un renversement des classes dominantes. La guerre entre impérialistes n’engendre pas spontanément la révolution sans qu’un grand courant révolutionnaire ne se soit structuré, ait rallié les masses à sa cause et puisse partir à « l’assaut du ciel ». La lutte contre la guerre et l’économie de guerre doit contribuer avant toute chose à la constitution de ses forces subjectives de la révolution et non à la promotion de ceux qui enterrent cette perspective.

Supernova, revue communiste,
n.8 2025
https://revuesupernova.blogspot.com/

note

1) Une première évaluation du recul que constitue la thèse du « multipolarisme » pour la pensée communiste a été faite dans notre n°4, dans l’article « « L’impérialisme » de Lénine » ainsi que dans la traduction d’un article de People’s March n°18 de juin 2023 « Un an de guerre impérialiste ». Le Parti communiste grec-KKE a aussi produit une critique conséquente du multipolarisme et des ses conséquences politiques qui privent les communistes de toute autonomie dans sa contribution à la 22e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers qui s'est tenue à La Havane du 27 au 29 octobre 2022
2) Article de Supernova n°4 « Un an de guerre, de People’s march » : la Russie et la Chine s'efforcent de capitaliser sur le sentiment anticolonial et la domination hégémonique anti-occidentale (qui se développe dans la partie Sud du monde) afin d'établir leur hégémonie sur le Sud. Les sanctions économiques imposées à la Russie par les pays du G-7 ont fait grimper les prix des denrées alimentaires et du pétrole, entraînant une catastrophe alimentaire et énergétique dans le Sud. Il ne fait aucun doute que les superpuissances occidentales peuvent soutenir la guerre parce qu'elles ont les moyens financiers et les capitaux entre leurs mains. Mais le Sud n'a pas les mêmes privilèges. Par ailleurs, le refus du Sud de soutenir l'Occident dans sa guerre par procuration avec la Russie s'explique également par des raisons économiques. La part des États-Unis dans la production mondiale est passée de 21 % en 1991 à 15 %en 2021. En revanche, la part totale de la Chine dans la production est passée de 4 % à 19 % au cours de la même période. L'Europe traverse une crise sans précédent de désindustrialisation, d'inflation élevée et de crise financière. Cela donne une image de la vulnérabilité de l'économie occidentale qui n'était pas aussi claire avant l'avènement de la guerre. À l'heure actuelle, de nombreux pays en développement effectuent leurs transactions dans leurs monnaies régionales plutôt que de dépendre du dollar en tant que "monnaie universelle". Ces dernières années, la Chine est devenue l'un des plus grands producteurs de véhicules électriques. Cela a entraîné une augmentation de la demande de cobalt, de lithium, de cuivre et d'autres métaux de terres rares. La plupart de ces ressources sont abondantes en Amérique latine. »
3) La Chine qui vient de créer DeepSeek (un équivalent de ChatGPT) ne s’oppose pas à la Silicon Valley par une guerre culturelle mais par un dépassement sur le terrain même de la technologie et de l’IA. La Russie, à l’inverse, incapable de produire une industrie technologique de pointe, s’occupe de capitaliser sur les peurs des élucubrations futuristes de la Silicon Valley alors que dans les années 1960 la concurrence technologique et spatiale était en faveur de l’URSS. L’effet Sputnik est passé du côté de la Chine.

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Mengistu
Militant de valeur
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   Posté le 01-03-2025 à 22:19:59   Voir le profil de Mengistu (Offline)   Répondre à ce message   http://www.sartanroujo.art.blog   Envoyer un message privé à Mengistu   

Xuan tu ne réagis pas à ce brulot contre l'anti-impérialisme ?

car oui le multi-polarisme n'est que l'impérialisme mis en pratique loin des fantasmes gauchistes estudiantins mais dans les rapports de force concrets des structures réellement en possession du pouvoir de l'appareil d'Etat ou en capacité de l'obtenir par une lutte prolongée et intensive.

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Voici ma revue en ligne : sartanroujo.art.blog
pzorba75
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   Posté le 02-03-2025 à 04:38:22   Voir le profil de pzorba75 (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à pzorba75   

Xuan semble très occupé sur un autre forum et laisse "son" forum divaguer, ce qui prive ses habitués d'informations et d'analyses de la crise générale de l'impérialisme occidental (Japon, Corée et Australie inclus) dans le monde poly polaire qui approche à grands pas.
HR est devenu une poubelle débordant des vomissures d'une ou deux personnes et de quelques abrutis non identifiés qui devraient être bannis.

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Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18630 messages postés
   Posté le 04-03-2025 à 22:20:59   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

En effet, la guerre en Ukraine m'a imposé une intervention spécifique, et je n'ai pas le temps matériel de m'investir à plusieurs endroits simultanément, de sorte que ce forum sert de poubelle, y compris à des réclames.

J'ai publié à part un article sur le monde multipolaire préconisé par la Chine Populaire.
https://humaniterouge.alloforum.com/pour-monde-multipolaire-egalitaire-ordonne-t9010-1.html
Evidemment ça n'a rien à voir avec ce genre de spéculations, où la lutte pour le socialisme pourrait se développer indépendamment de toute opposition à l'impérialisme en général et à l'hégémonisme en particulier.
Le plus comique dans tout ça est que ce fatras prétend déduire l'imminence des révolutions socialistes d'une analyse de l'impérialisme contemporain complètement à côté de ses pompes et aveugle aux transformations historiques.

Que l'hégémonie US soit sur le déclin est une évidence, qui n'exclut pas la guerre sous la forme militaire, laquelle existe déjà sous d'autres formes.

Que les pays qui s'opposent à l'hégémonisme ne soient pas nécessairement des pays socialistes est aussi une évidence compte tenu du petit nombre de pays socialistes dans le monde.
L'hégémonisme s'oppose par définition à l'ensemble des peuples et des nations, y compris à des pays impérialistes, qui ne sont même plus en mesure de le remplacer un jour. Ceci induit des réactions désordonnées à la domination US, y compris le chauvinisme bourgeois, le communautarisme et la nostalgie néo nazie.
S'emparer de ces réactions diverses et variées pour stigmatiser la formation du monde multipolaire est une escroquerie, comme ce que font tous les médias bourgeois qui assimilent Poutine et Trump, et même Xi Jinping, sous le thème tous des méchants dictateurs contre nous, les bonnes vieilles démocraties bourgeoises .
Et c'est cracher en face du vent parce que le monde multipolaire n'est pas une "belle idée", il se construit matériellement de toutes façons, et il se construit contre l'impérialisme et contre l'hégémonisme.

C'est une situation nouvelle, que Lénine aurait analysée comme telle, et non en reproduisant ses conclusions tirées de l'ère de la domination coloniale.
Déjà après la victoire de l'URSS, les révolutions nationales démocratiques avaient changé de nature, devenant des révolutions de démocratie nouvelle.
Dans cette situation, l'opposition à l'impérialisme devenait une partie de la révolution prolétarienne mondiale, et cela quelles que soient les classes qui participent à cette opposition, et quelle que soit leur volonté.

Dans les années 70 les luttes de libération nationale ont abouti dans la plupart des pays à l'indépendance politique, puis leur lutte anti impérialiste s'est menée sur le terrain économique et technologique, afin de rattraper un retard séculaire, voire multi séculaire.
Lors de la chute de l'URSS, l'impérialisme US a dominé le monde entier, y compris les anciens impérialismes, qui ne peuvent plus s'opposer à lui et qui seraient incapables de le remplacer dans l'avenir.
Ce n'est pas le "super impérialisme" de Kautsky que Lénine avait raillé, parce que ce super impérialisme gommait les contradictions inter impérialistes.
Au contraire, la domination de l'hégémonisme US est une contradiction à l'échelle du monde, et une contradiction avec les impérialismes dominés. Je renvoie sur ce sujet à tout ce que j'ai écrit dans le fil "L'Europe maillon faible de l'impérialisme"
https://humaniterouge.alloforum.com/europe-maillon-faible-imperialisme-t3039-1.html
On le voit très clairement aujourd'hui, et les bourgeoisies occidentales se lamentent de voir ce rapport de domination s'étaler ouvertement et sur toutes les télés, comme si c'était un fait nouveau.

Aujourd'hui la lutte contre l'impérialisme et l'hégémonisme vise toujours le développement économique et technologique. Et elle s'oppose quasiment partout à l'hégémonisme.
L'hégémonisme US s'oppose au développement économique et technologique, il oppose ses rapports de production impérialistes et rentiers au développement des forces productives mondiales, et la guerre s'est déplacée sur ce terrain-là.
Cette lutte mondiale accentue les contradictions au sein des pays impérialistes et de l'hégémonie US, ce qui favorise une issue révolutionnaire, à condition que des partis communistes sachent s'y orienter.

Il est surprenant que la Russie qui combat l'OTAN soit stigmatisée, comme elle l'est non seulement par les bourgeoisies occidentales, y compris les gauches, mais aussi par des partis communistes comme le PCF, qui affirme d'autre part s'opposer à l'OTAN.
Surprenant que le KKE qui a manifesté contre l'OTAN se détourne de l'ennemi fondamental des peuples et des nations pour inventer des impérialismes en formation , de la même façon que Macron invente une Russie en voie d'envahir la Bretagne et une Chine belliciste, alors qu'elle appelle partout à l'apaisement.

Ce n'est pas la Russie qui "dirige" le monde multipolaire, ni la Chine. Un monde "multipolaire" - par définition - n'est "dirigé" par aucun état. Et ceci parce qu'aucun état n'est en mesure d'imposer sa direction aux autres, ni la Chine, ni la Russie, ni l'Inde, ni la Turquie...et encore moins les impérialismes déchus.

La danger de guerre mondiale existe, et la Chine Populaire en particulier fait tout pour briser l'hégémonisme US sans détruire les USA, ni provoquer une crise économique mondiale. Pour une simple raison, c'est que la guerre et la crise frappent en priorité les peuples. Les USA devront se plier à l'ordre multipolaire.

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Au passage et parmi la litanie d'âneries de Plaristes :

Que signifie une puissance « cybercapitaliste » ? Est-ce que la Chine devrait se garder de toucher à l'IA, sous prétexte qu'elle est née dans les pays capitalistes ?

Dans Le marxisme et les problèmes de linguistique , publié par La Pravda du 20 juin 1950 Staline écrit : « Il y avait chez nous, à un moment donné, des «marxistes» qui prétendaient que les chemins de fer restés dans notre pays après la Révolution d'octobre étaient des chemins de fer bourgeois; qu'il ne nous seyait pas, à nous marxistes, de nous en servir; qu'il fallait les démonter et en construire de nouveaux, des chemins de fer «prolétariens». Cela leur valut le surnom de «troglodytes» .. .

La Chine Populaire s'est donnée pour tâche de prendre la tête dans les domaines techniques et scientifiques. De la part d'un pays socialiste rien de plus naturel.
Mais dans le cadre de l'hégémonisme US, c'est une nécessité impérieuse.
Les USA ont imposé leurs GAFAM au monde entier. Un pays socialiste doit non seulement se mettre à l'école technologique des puissances dominantes, mais créer ses propres calculateurs, ses propres puces, ses propres bases de données, etc.
Sinon il est à la merci des blocus impérialistes. Et il en va de même pour l'IA.

La notion de "cybercapitalisme" est une resucée de la "science prolétarienne" que Staline avait disqualifiée. Il n'existe pas une "science prolétarienne" opposée à une "science bourgeoise", suivant une espèce de gauchisme fermé à tout progrès sous prétexte qu'il est créé par la bourgeoisie ou le capitalisme.
La science s'oppose à l'obscurantisme.


Edité le 05-03-2025 à 20:12:59 par Xuan




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