| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 21-11-2012 à 20:44:45
| Afin de comparaison, le texte des statuts du 17e congrès est visible ici. Bien évidemment les spéculations des médias bourgeois sur la « démaoïsation » n’ont pas seulement fait les choux gras de Libération. On retrouve les mêmes « interrogations » chez les sinologues patentés du Figaro : Une démaoïsation? Article repris sur le blog « un français à Beijing » (qui a pompé qui ?...) Et sur Europe 1 « vers la fin de la pensée de Mao» Ces interprétations ont fait long feu au regard des nouveaux statuts qui réaffirment : « Le maintien des quatre principes fondamentaux voie socialiste, dictature de démocratie populaire, direction du Parti communiste, marxisme-léninisme et pensée de Mao Zedong est le garant de la pérennité de notre Etat. Durant tout le processus de modernisation socialiste, il faut maintenir ces principes fondamentaux et lutter contre la libéralisation bourgeoise » J’ai relevé quelques modifications importantes. La notion du parti qui « conduit le peuple » disparaît remplacée par celle du peuple souverain dont le parti tire sa légitimité. La réforme, l’ouverture et le développement scientifique sont entérinés et le socialisme à la chinoise est réaffirmé fortement. L'édification du parti et sa purification sont soulignées, ainsi que le contrôle sur les cadres dirigeants. Les adhérents doivent être des éléments avancés d'où qu'ils viennent. La qualité morale des cadres devient une priorité dans leur sélection. Voici ces modifications : Une partie importante des statuts disparaît : "Le Parti communiste chinois conduit le peuple chinois à développer l'économie de marché socialiste. Il a ainsi pour devoir de consolider et développer inébranlablement l'économie publique et de ne pas hésiter à encourager, soutenir et conduire le développement des économies non publiques. Il lui importe de faire jouer au marché son rôle fondamental dans la répartition des ressources et de construire un système de contrôle macroéconomique perfectionné. Il lui faut procéder à une planification générale destinée à coordonner le développement des villes et des campagnes, celui des diverses régions et le progrès économique et social, à harmoniser les rapports entre l'homme et la nature et à concilier le développement intérieur avec l'ouverture sur l'extérieur. Il veille à la restructuration économique et au changement du mode de développement économique. Il s'attache à construire de nouvelles campagnes socialistes, à poursuivre une voie à la chinoise qui mènera à un nouveau type d'industrialisation, à faire de notre pays un Etat novateur et, enfin, à mettre en place une société économe de ressources et respectueuse de l'environnement. Le Parti communiste chinois dirige le peuple dans le développement de la démocratie politique socialiste. Il veille à intégrer de façon organique la direction du Parti, la gouvernance de l'Etat en fonction de la loi et le maintien du statut des citoyens en tant que maîtres du pays. Il insiste pour poursuivre la voie du développement politique socialiste à la chinoise, accroître la démocratie socialiste, raffermir la législation socialiste, édifier un Etat de droit socialiste, consolider la dictature de démocratie populaire et construire une civilisation politique socialiste. Il maintient et améliore le système de l’assemblée populaire, celui de coopération multipartite et de consultation politique placé sous sa direction, ainsi que les régimes d'autonomie régionale de minorités ethniques et d’autonomie à la base. Il assure au peuple le droit d'administrer les affaires de l'Etat et de la société, ainsi que de gérer les affaires économiques et culturelles. Il respecte et protège les droits de l'homme. Il encourage la libre expression des opinions et travaille à la mise en place et au perfectionnement d'un système et d'une procédure démocratiques en matière d'élection, de prises de décision, d'administration et de contrôle. Il renforce la législation de l'Etat et l'exécution des lois, de manière à réaliser la légalisation des diverses fonctions de l'Etat. Le Parti communiste chinois dirige le peuple dans le développement de la culture socialiste avancée. Il veille à édifier une civilisation spirituelle socialiste, à gouverner le pays en vertu de la loi et selon les valeurs morales et à améliorer la formation de toute la nation aussi bien sur le plan des idées et de la morale que dans les domaines des sciences et de la culture, afin de fournir une ferme garantie idéologique, une puissante force morale et un solide appui intellectuel à l' entreprise de réforme et d'ouverture et à la modernisation socialiste. Il doit agir en suivant la pensée directrice marxiste, forger un idéal commun pour le socialisme à la chinoise, faire rayonner l'esprit national centré sur le patriotisme, valoriser l' esprit de l'époque axé sur la réforme et l'innovation et préconiser la conception socialiste de l'honneur et du déshonneur. Il doit inculquer à toute la nation le sens de la dignité, la confiance en soi et l'esprit d'autoperfectionnement, de façon à la prémunir contre l'action corrosive des idées féodales et capitalistes corrompues et à faire disparaître les phénomènes sociaux odieux. Grâce à ces efforts, notre peuple aura un idéal élevé et une haute moralité, et sera cultivé et discipliné. Il veille à doter ses membres du noble idéal communiste. Il s'attache à développer l'enseignement, la science et la culture, à assurer le rayonnement des belles traditions de notre culture nationale et à faire prospérer la culture socialiste. Le Parti communiste chinois dirige le peuple dans la construction d'une société harmonieuse socialiste. Il doit, en réponse à l'exigence générale de la mise en place d'une société harmonieuse où règneront la démocratie et la légalité, l'équité et la justice, l'honnêteté et la solidarité, le dynamisme et l'ordre et la symbiose entre l'homme et la nature, et en fonction du principe de "partage en commun des fruits réalisés grâce à des efforts conjugués", s'attacher à résoudre les problèmes qui préoccupent particulièrement la population et qui touchent à ses intérêts vitaux de la manière la plus directe tout en mettant l' accent sur l'amélioration de son bien-être, et à aménager un contexte où tout le monde donnera sa mesure, aura sa place digne dans la société et vivra dans l'harmonie. Il distingue avec rigueur les contradictions au sein du peuple de celles qui existent entre l'ennemi et nous, et leur apporte une solution correcte selon leur nature différente. En vue d'assurer une stabilité sociale à long terme, il travaille au renforcement global de la sécurité publique, et combat résolument, selon la loi, les activités et les éléments criminels qui portent atteinte à la sécurité et aux intérêts de l'Etat, à la stabilité de la société et au développement économique. Le Parti communiste chinois maintient sa direction sur l'Armée populaire de Libération (APL) et les autres forces armées populaires, s'attache au renforcement de l'APL de manière à garantir effectivement qu'elle accomplit les tâches historiques qui lui incombent à la nouvelle étape en ce nouveau siècle, et veille à lui faire jouer pleinement son rôle dans la consolidation de la défense nationale, la défense de la patrie et la participation à la modernisation socialiste. Le Parti communiste chinois maintient et développe les rapports interethniques socialistes basés sur l'égalité, la solidarité, l'entraide et l'harmonie, s'attache à la formation et à la promotion des cadres issus des ethnies minoritaires, aide celles-ci et les régions concernées à développer l'économie, la culture et les autres uvres sociales et ce, afin de réaliser la prospérité et le développement communs de toutes nos ethnies unies dans une même lutte. En assurant une application intégrale de ses principes fondamentaux sur les religions, il veille à unir la population croyante et lui faire apporter sa contribution au développement économique et social du pays. Le Parti communiste chinois, uni aux ouvriers, paysans et intellectuels de toutes les communautés ethniques du pays, aux partis et groupements démocratiques, aux personnalités sans-parti et aux forces patriotiques des différentes ethnies, œuvre au développement et au renforcement du front uni patriotique le plus vaste, formé de l'ensemble des travailleurs socialistes, des bâtisseurs de l'œuvre socialiste, des patriotes qui soutiennent le socialisme comme de ceux qui sont pour la réunification de la patrie. Il veille à renforcer continuellement l'union du peuple tout entier, y compris nos compatriotes vivant dans la région administrative spéciale de Hong Kong et dans la région administrative spéciale de Macao, à Taiwan et à l'étranger. Tout cela a pour but de promouvoir la stabilité et la prospérité durables à Hong Kong et à Macao et de réaliser la grande entreprise de réunification de la patrie selon le principe dit "un pays, deux systèmes". Fidèle à une politique extérieure indépendante et pacifique, à une voie de développement pacifique, de même qu'à une stratégie d’ouverture propice à des bénéfices réciproques et à un résultat de gagnant-gagnant, le Parti communiste chinois veille à avoir une vue d'ensemble sur le contexte chinois et la situation internationale et à multiplier les relations avec l'étranger afin de créer un environnement international favorable à la réforme, à l'ouverture et à la modernisation du pays. Dans les affaires internationales, il préserve l'indépendance et la souveraineté nationales, s'oppose à l'hégémonisme et à la politique du plus fort, et lutte pour sauvegarder la paix mondiale et assurer le progrès de l'humanité, ainsi que pour promouvoir l'édification d' un monde harmonieux où règnent une paix durable et une prospérité commune. Il s'attache à développer les relations de la Chine avec les autres pays du monde sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique : respect mutuel de la souveraineté et de l' intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures, égalité et bénéfice mutuel. Il s'attache à promouvoir constamment les relations de bon voisinage entre la Chine et ses voisins, ainsi que ses liens de solidarité et de coopération avec les pays en voie de développement. Il s'attache également à développer ses relations avec les partis communistes et d'autres partis politiques du monde conformément aux principes d'indépendance, d'égalité, de respect mutuel et de non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures." D'autres parties ont été modifiées , ajoutées ou (supprimées) : Depuis le XVIe Congrès du Parti communiste chinois, à la lumière de la théorie de Deng Xiaoping et de la pensée importante de la "Triple Représentation" et conformément aux nouvelles exigences du développement, (le Comité central du Parti a formulé, en cristallisant la sagesse de tout le Parti, le concept de ) les communistes chinois, avec le camarade Hu Jintao comme principal représentant, ont apporté, grâce à l'approfondissement de leurs connaissances, des réponses aux questions d'importance majeure telles que "Pour quel type de développement faut-il opter dans la nouvelle situation?" et "De quelle manière faut-il se développer?", formant ainsi le concept de développement scientifique dont l'essence même consiste à réaliser un développement intégral, coordonné et durable (ayant) plaçant l'homme au centre de toutes les préoccupations. C'est là une théorie scientifique qui s'adapte parfaitement à la marche du temps et qui vient en droite ligne du marxisme-léninisme, de la pensée de Mao Zedong, de la théorie de Deng Xiaoping et de la pensée importante (de Triple Représentativité. De même, il constitue un principe directeur majeur pour le développement économique et social de notre pays et une importante pensée stratégique) de la "Triple Représentation". En tant qu'expression concentrée de la conception du monde et de la méthodologie marxistes en matière de développement, le concept de développement scientifique représente les derniers acquis de la sinisation du marxisme, la cristallisation de la sagesse collective du Parti et une pensée directrice ... Tous les succès que nous avons remportés, tous les progrès que nous avons enregistrés depuis le lancement de la politique de réforme et d'ouverture sont dus, en somme, au fait que nous avons ouvert la voie originale d'un socialisme à la chinoise, mis en place un système théorique typiquement chinois du socialisme et instauré un régime social aux couleurs chinoises. Tous les camarades du Parti doivent faire preuve d'un attachement sans faille à ces acquis que notre Parti a su réaliser au prix d'énormes efforts, pour les perpétuer et les développer sans discontinuer. Ils sont appelés, en brandissant bien haut l'étendard du socialisme à la chinoise, à travailler dur pour remplir les trois tâches historiques qui consistent à faire progresser la modernisation du pays, à réaliser la réunification de la patrie, à contribuer à la sauvegarde de la paix mondiale et au développement commun. Pour (conduire) permettre à notre peuple multiethnique d'atteindre l'objectif grandiose qu'est la modernisation socialiste, le Parti communiste chinois s'attache, en suivant strictement sa ligne fondamentale, à améliorer sa capacité d'exercer le pouvoir, à préserver sa pureté et son caractère (progressiste et) avancé , à promouvoir globalement la nouvelle et vaste entreprise qu'est dans un esprit de réforme et d'innovation, à renforcer de manière intégrale son édification sur les plans idéologique, organisationnel et institutionnel, à améliorer son style de travail et son aptitude à combattre la corruption, et à élever le niveau scientifique de sa propre édification. Il reste fidèle à son objectif fondamental d'œuvrer dans l'intérêt public et d'exercer le pouvoir au bénéfice du peuple, et maintient les principes lui recommandant de contrôler strictement le comportement de ses membres et de faire régner une discipline rigoureuse dans ses rangs, de manière à faire rayonner ses hautes traditions et son remarquable style de travail. Il veille à améliorer sa capacité tant dans la consolidation de son rôle dirigeant que dans l'exercice du pouvoir, à se rendre imperméable à la corruption et à la dégénérescence, et à se montrer plus fort face aux situations périlleuses. En outre, il veille à renforcer sans cesse sa base de classes, à élargir son assise parmi la population, à accroître sa créativité, sa force de cohésion et sa combativité, et à se transformer en un parti marxiste au pouvoir attaché à l'étude, au service public et à l'innovation. ... exercer le pouvoir (pour) le au nom du peuple ... Il doit impérativement renforcer son contrôle sur les organismes dirigeants du Parti et les cadres dirigeants (qui sont membres du Parti), et, notamment les principaux cadres dirigeants ... Peut demander à entrer au Parti communiste chinois (tout ouvrier, paysan, militaire, intellectuel ou) tout élément avancé issu des milieux ouvriers, paysans, militaires, intellectuels et d'autres couches sociales de Chine, ... Le Parti choisit ses cadres en tenant compte à la fois de (leurs qualités morales) leur qualité morale et de leur compétence professionnelle - la priorité étant accordée à la première. Opposé à tout favoritisme, il nomme les cadres selon leur mérite parmi des éléments venus de tous les horizons , en veillant à sélectionner des éléments révolutionnaires, jeunes, cultivés et (possédant une spécialité ) spécialisés dans un domaine précis.
Edité le 22-11-2012 à 18:59:15 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 22-11-2012 à 18:06:51
| Le site "faire vivre et renforcer le PCF" publie le rapport d’activité du PCC, avec un commentaire à usage interne dans son courrier : « La lecture de ce rapport est étonnante. Un texte très politique, qui n'hésite pas à parler de capitalisme et de socialisme, de luttes et de contradictions, de succès et de difficultés... On aimerait que le secrétaire national du PCF prépare un rapport d'activité aussi concret et critique pour le 36ème congrès.» XVIIIe Congrès du Parti Communiste Chinois Rapport d’activité du parti communiste chinois _______________________________________________________ lundi 19 novembre 2012 par lepcf.fr Camarades, Au nom du XVIIe Comité central, j’ai l’honneur de présenter maintenant le rapport d’activité au XVIIIe Congrès du Parti communiste chinois (PCC). Le XVIIIe Congrès du PCC est un congrès particulièrement important étant donné qu’il a lieu au moment où notre pays est entré dans une phase décisive pour mener à terme la construction in extenso de la société de moyenne aisance. Le thème de ce congrès se définit comme suit : en brandissant bien haut l’étendard du socialisme à la chinoise et en nous guidant sur la théorie de Deng Xiaoping, la pensée importante de la « Triple Représentation » et le concept de développement scientifique, libérons notre pensée, persévérons dans la réforme et l’ouverture, rassemblons toutes les forces du pays, vainquons toutes les difficultés, poursuivons résolument la voie du socialisme à la chinoise et luttons pour la réussite de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance. À cet instant, nous partageons les mêmes sentiments : après plus de 90 ans de lutte ardue, notre Parti, en unissant et en guidant notre peuple multiethnique, a fait de l’ancienne Chine pauvre et arriérée une Chine nouvelle toujours plus prospère et plus puissante. Nous voyons déjà apparaître les brillantes perspectives du grand renouveau national. Nous sommes plus que jamais fiers des exploits historiques accomplis par notre Parti et notre peuple, plus que jamais fermes dans les idéaux et convictions qu’ils ont forgés et plus que jamais conscients de la mission historique qui incombe à notre Parti. Étant donné qu’à l’heure actuelle, la situation mondiale comme la situation en Chine et au sein de notre Parti continuent à connaître des changements profonds, nous sommes confrontés à des opportunités de développement sans précédent de même qu’à des risques et défis inouïs. Tous les camarades du Parti sont tenus de garder présentes à l’esprit la confiance et les attentes que le peuple place en eux, et de travailler avec davantage de persévérance et de dévouement pour promouvoir un développement scientifique et l’harmonie sociale, améliorer les conditions de vie et le bien-être de la population et accomplir les tâches à la fois nobles et ardues que notre époque leur a assignées. I. Notre activité durant les cinq dernières années et le bilan fondamental de la décennie écoulée Durant les cinq années passées depuis le XVIIe Congrès du Parti, nous avons avancé vaillamment sur la voie du socialisme à la chinoise et remporté de nouvelles victoires dans le développement général d’une société de moyenne aisance en surmontant les difficultés et épreuves de toutes sortes. Le XVIIe Congrès du Parti a arrêté un ensemble de dispositions visant à promouvoir la réforme, l’ouverture et la modernisation socialiste et à réaliser l’objectif ambitieux de l’édification in extenso d’une société de moyenne aisance. En vue de matérialiser les principes définis par ce congrès, le Comité central a convoqué sept plénums pour adopter des décisions et des mesures d’application au sujet d’une série de problèmes d’importance majeure dont l’approfondissement de la réforme du système de gestion administrative, la promotion de la réforme et du développement dans les régions rurales, le renforcement et l’amélioration de l’édification du Parti dans le nouveau contexte, l’élaboration du XIIe Plan quinquennal, et la promotion de la réforme et du développement du secteur culturel. Les cinq années écoulées ont été donc marquées par le succès de l’application du XIe Plan quinquennal, la mise en œuvre sans à-coups du XIIe Plan quinquennal et d’autres nouvelles et importantes réalisations dans les différents domaines. L’économie a connu un développement régulier et relativement rapide. La puissance globale de notre pays s’est considérablement renforcée. Le PIB s’est chiffré à 47.300 milliards de yuans en 2011. Les recettes budgétaires se sont accrues de façon notable. La capacité globale de la production agricole a continué à augmenter et la production céréalière a connu un accroissement pendant des années consécutives. De nouvelles avancées ont été réalisées dans la restructuration industrielle, tandis que la construction d’infrastructures a été renforcée dans tous les domaines. Le niveau d’urbanisation a été sensiblement amélioré et le développement est devenu plus équilibré entre les villes et les campagnes comme entre les différentes régions. L’édification d’un État innovant a enregistré des résultats remarquables, des percées importantes ont été réalisées dans les domaines tels que la mise en orbite de vaisseaux spatiaux habités, l’exploration lunaire, la plongée de submersibles habités, la technologie du superordinateur et les trains à grande vitesse. De réels efforts ont été déployés en vue du développement d’une civilisation écologique, et des progrès ont été enregistrés dans les économies de ressources comme dans la protection de l’environnement. La réforme et l’ouverture sur l’extérieur ont enregistré de grands progrès. La réforme intégrale dans les régions rurales, ainsi que celle du régime de propriété forestière collective et des entreprises publiques n’ont cessé de progresser en s’approfondissant. Le secteur non public a poursuivi son développement sain. Le système de marché moderne et celui de macrocontrôle économique se sont continuellement perfectionnés, tandis que les réformes menées dans les domaines de la fiscalité, de la finance, des prix, des sciences et technologies, de l’éducation, de la protection sociale, du secteur médical, pharmaceutique et sanitaire, et des établissements d’intérêt public ont progressé de façon régulière. L’économie ouverte a atteint un niveau plus élevé et le volume global d’import-export s’est classé déjà au deuxième rang mondial. Le niveau de vie de la population s’est considérablement amélioré. De plus grands efforts ont été consacrés à l’amélioration du niveau de vie de notre population. Il en résulte une augmentation constante des offres d’emploi dans les villes comme dans les régions rurales, une croissance relativement rapide des revenus personnels, une augmentation régulière des biens des ménages, une amélioration nette de la qualité de vie en ce qui concerne la nourriture, l’habillement, les conditions de logement, la variété des produits de consommation et les moyens de transport, un relèvement important des minima sociaux pour les citadins et les ruraux ainsi que des normes d’aide aux déshérités ruraux, et un accroissement continu des pensions de base des retraités des entreprises. L’édification de la démocratie et de la légalité a enregistré de nouvelles avancées. La réforme du système politique s’est poursuivie. Les députés et les représentants des assemblées populaires sont maintenant élus suivant un même quota de population dans les agglomérations urbaines et les régions rurales. La démocratie à la base s’est développée sans cesse. Le système légal socialiste à la chinoise a pris forme et de notables succès ont été obtenus dans l’édification d’un État de droit socialiste. Le front uni patriotique s’est consolidé et développé. La réforme de l’appareil administratif a été menée en profondeur, tandis que celle de l’appareil judiciaire et de son mécanisme de fonctionnement a fait de nouveaux progrès. L’édification culturelle a accédé à un nouveau palier. L’instauration du système des valeurs essentielles socialistes s’est approfondie. La réforme de l’appareil culturel s’est poursuivie sur tous les plans ; le développement des services culturels publics a enregistré d’importantes avancées ; l’industrie culturelle a pris un essor rapide ; et les créations et productions culturelles ont connu une situation plus prospère, permettant ainsi d’enrichir et de diversifier la vie spirituelle et culturelle de la population. De nouveaux succès ont été obtenus dans la pratique d’exercices physiques parmi toute la population comme dans le domaine des sports de compétition. De nouveaux progrès ont été réalisés dans le secteur social. Le niveau et l’homogénéisation des services publics fondamentaux se sont nettement améliorés. L’éducation a connu un vif essor ; l’enseignement obligatoire gratuit a été généralisé dans l’ensemble des villes et des campagnes. Nous avons obtenu des résultats remarquables dans la construction du système de protection sociale : le système d’assurance vieillesse de base des citadins et des ruraux a été établi dans l’ensemble du pays et un nouveau système d’assistance sociale a pris forme pour l’essentiel. L’assurance maladie couvrant toute la population a été pratiquement réalisée, en même temps que le système sanitaire et médical de base pour les citadins et les ruraux. La construction de logements sociaux s’est accélérée. L’harmonie et la stabilité règnent dans notre société grâce au renforcement et à l’innovation de la gestion sociale. Un nouveau contexte a été créé dans l’édification de la défense nationale et des forces armées. La réforme militaire à la chinoise a enregistré des réalisations majeures. Les efforts en vue d’accentuer le caractère révolutionnaire, la modernisation et la conformité aux normes internationales de nos forces armées ont été poursuivis de façon coordonnée et renforcés sur tous les plans. La préparation des combats a été menée en profondeur. Tout cela a permis à notre armée d’élever sensiblement son aptitude à remplir sa mission historique pour la nouvelle étape du XXIe siècle et d’accomplir remarquablement une série d’opérations urgentes, difficiles et dangereuses. Le travail concernant Hong Kong, Macao et Taiwan a été mieux accompli . Hong Kong et Macao qui ont maintenu prospérité et stabilité ont vu leurs échanges et coopérations avec la partie continentale du pays atteindre un niveau plus élevé. Les relations inter-détroit ont connu un tournant majeur avec l’établissement des liaisons directes à double sens dans les domaines des postes, du commerce et des transports, et la signature et l’application de l’Accord-cadre de coopération économique. Ainsi se sont dessinées une configuration des échanges tous azimuts et une nouvelle situation du développement pacifique des relations entre les deux rives. Les activités diplomatiques ont enregistré de nouveaux succès. Tout a été fait pour défendre les intérêts nationaux ainsi que les droits et intérêts légitimes de nos citoyens et personnes morales à l’étranger. Nous nous sommes efforcés de promouvoir la paix et le développement dans le monde en intensifiant nos échanges et notre coopération avec les différents pays et en encourageant la réforme de la gouvernance mondiale. Nous avons maintenant davantage voix au chapitre dans les affaires internationales ainsi qu’une représentation plus importante. Tout cela a concouru à créer un environnement international favorable à la réforme et au développement de notre pays. L’édification du Parti s’est renforcée sur tous les plans. Les initiatives ayant pour but de renforcer la capacité du Parti à exercer le pouvoir et de conserver son caractère avancé ont été poursuivies. L’édification sur les plans idéologique et théorique a donné des résultats tangibles ; les activités visant à étudier et à mettre en pratique le concept de développement scientifique ont obtenu des succès importants ; des avancées importantes ont été enregistrées dans l’innovation de l’édification du Parti. La démocratie dans les rangs de notre Parti s’est élargie. L’édification en matière de formation des cadres a enregistré d’appréciables progrès, alors que la formation de talents a donné des résultats très positifs. L’action pour la création d’organisations de base avancées et l’émergence de membres modèles du Parti, et celle destinée à faire du PCC un parti en apprentissage continu ont été menées en profondeur ; les organisations de base du Parti n’ont cessé de se renforcer. En outre, la lutte pour l’intégrité dans les rangs du Parti et la lutte anticorruption ont donné des résultats encourageants. En toute lucidité, nous devons cependant nous rendre compte qu’il existe encore beaucoup d’insuffisances dans notre travail et que bien des difficultés et problèmes subsistent dans notre marche en avant. Il s’agit notamment des phénomènes suivants : nous sommes confrontés aux problèmes saillants de déséquilibre, de manque d’harmonie et de non-durabilité dans notre développement ; la capacité d’innovation scientifique laisse à désirer ; la structure industrielle reste incohérente ; les fondements de l’agriculture demeurent faibles ; les contraintes que nous imposent les ressources naturelles et l’environnement écologique se font de plus en plus fortes ; les obstacles institutionnels qui entravent le développement scientifique du pays restent nombreux ; et les tâches qui visent à approfondir la réforme et l’ouverture, et à accélérer le changement du mode de développement économique s’avèrent lourdes et difficiles. Les disparités de développement persistent entre villes et campagnes comme entre les diverses régions, et les écarts de revenus se creusent encore. Les contradictions sociales se sont sensiblement multipliées ; restent nombreux les problèmes liés aux intérêts vitaux de la population dans les domaines les plus divers tels que l’éducation, l’emploi, la protection sociale, les soins médicaux, le logement, l’environnement écologique, la sécurité des aliments et des médicaments, la sécurité dans la production, le maintien de l’ordre public, la justice et l’application de la loi ; une partie de la population vit dans des conditions précaires. On constate dans certains secteurs un manque de morale et de crédibilité ; certains cadres dirigeants sont inaptes à appliquer le concept de développement scientifique ; certaines organisations de base du Parti sont taxées de faiblesse et de laisser-aller ; certains cadres membres du Parti, quoique peu nombreux, vacillent quant à la poursuite de leurs idéaux et convictions et oublient presque notre objectif fondamental de servir le peuple ; le formalisme et la bureaucratie se manifestent de manière préoccupante, et le goût du luxe et le gaspillage sévissent de manière alarmante. Certains secteurs demeurent plus vulnérables à la corruption et aux autres tendances négatives, et la lutte anticorruption demeure une tâche ardue. Ces difficultés et problèmes appellent toute notre vigilance et il nous faut faire preuve d’une grande détermination pour les résoudre. Le travail que nous avons accompli durant les cinq ans écoulés est une composante importante de l’œuvre que nous avons entamée depuis le XVIe Congrès il y a dix ans pour le développement général d’une société de moyenne aisance. Au cours de ces dix dernières années, nous avons su saisir l’importante période stratégique favorable à notre développement pour tirer avantage des opportunités offertes, et surmonté une série de graves défis, faisant ainsi accéder la cause du socialisme à la chinoise à une nouvelle phase de développement. À partir du début du nouveau siècle qui marque un nouveau stade, en dépit des aléas de la situation internationale et d’une concurrence acharnée jamais connue pour le renforcement de la puissance globale, nous avons approfondi la réforme et l’ouverture sur l’extérieur, redoublé d’efforts pour accélérer notre développement ; et, profitant de l’occasion de l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du Commerce, nous avons œuvré à transformer les pressions en force motrice et les défis en opportunités pour promouvoir avec détermination le développement général d’une société de moyenne aisance. Dans notre marche en avant, nous avons triomphé de l’épidémie du SRAS qui a brusquement éclaté, fait le bilan de nos expériences du développement, bien compris les particularités du développement de notre pays à l’étape actuelle, formulé à temps et mis en application d’importantes pensées stratégiques dont le concept de développement scientifique, ouvrant ainsi de larges horizons au développement économique et social en Chine. Depuis 2008, dans un contexte très difficile en raison de la crise financière mondiale, nous avons adopté avec détermination, en nous basant sur une évaluation scientifique de la situation, une série de mesures importantes, ce qui a permis à notre pays de réaliser en premier la reprise de son économie et d’accumuler des expériences précieuses dans ses efforts pour résister au choc des risques économiques extérieurs et maintenir un développement stable et relativement rapide de son économie. Par ailleurs, nous avons organisé avec succès les jeux Olympiques et les jeux Paralympiques de Beijing ainsi que l’Exposition universelle de Shanghai, remporté des victoires éclatantes tant dans la lutte contre des calamités naturelles gravissimes comme le séisme à Wenchuan que dans la reconstruction des régions touchées par ces calamités, et apporté des solutions judicieuses aux incidents inattendus d’une gravité extrême. Dans une situation complexe en Chine comme sur le plan international, notre Parti et notre peuple ont résisté aux rudes épreuves, consolidé et développé une heureuse conjoncture pour la réforme, l’ouverture sur l’extérieur et la modernisation socialiste, élevé le statut de notre pays sur la scène internationale et fait ressortir la grande supériorité et la puissante vitalité du socialisme à la chinoise, renforçant par là la fierté et la force de cohésion de la nation chinoise. Les nouvelles réalisations historiques que nous avons obtenues ces dix dernières années ont permis de consolider les assises de la réussite de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance. C’est ainsi que notre pays est passé de la sixième à la deuxième place du monde en termes d’agrégats économiques, que ses forces productives sociales, sa puissance économique et son niveau scientifique et technique ont franchi un nouveau palier, que les conditions de vie de sa population, le niveau des revenus de ses habitants et la couverture de la protection sociale ont atteint un degré supérieur, et que la puissance globale du pays, sa compétitivité et son influence à l’échelle internationale ont marqué un nouveau grand progrès. Il s’en est suivi que la physionomie de la Chine a connu de nouveaux changements historiques. Il est connu de tous que pour notre pays, il s’agit d’une période de développement soutenu de l’économie, d’amélioration continue de la démocratie, d’épanouissement progressif de la culture et de consolidation de la stabilité sociale ; c’est aussi une période où la Chine s’est attelée à la garantie et à l’amélioration du bien-être de sa population et où celle-ci a pu bénéficier de plus d’avantages réels. Toutes ces victoires, nous les devons tant à la théorie qu’à la ligne, au programme et à l’expérience fondamentaux du Parti, qui nous ont indiqué la bonne direction ; nous les devons aussi aux bases solides jetées depuis la fondation de la Chine nouvelle, en particulier depuis la mise en œuvre de la politique de réforme et d’ouverture ; nous les devons encore à la lutte solidaire menée par tout le Parti et notre peuple multiethnique. À cette occasion, au nom du Comité central du PCC, je voudrais exprimer du fond du cœur mes sincères remerciements à toutes les communautés ethniques qui forment la nation chinoise, à tous les partis et groupements démocratiques, à toutes les organisations populaires et aux patriotes de tous horizons, à nos compatriotes des Régions administratives spéciales de Hong Kong et de Macao, à nos compatriotes de Taiwan, ainsi qu’à ceux résidant à l’étranger, de même qu’à nos amis partout dans le monde qui marquent leur intérêt et apportent leur soutien à la modernisation en Chine. Le point le plus important qui se dégage du bilan de ces dix ans de lutte est le suivant : nous nous sommes toujours guidés sur le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et la pensée importante de la « Triple Représentation » ; nous avons pris l’initiative de promouvoir l’innovation théorique basée sur la pratique, et avancé une série d’idées, thèses et points de vue nouveaux qui ont pour thème le maintien et le développement du socialisme à la chinoise et qui sont liés et cohérents entre eux ; et tout cela peut se résumer par la naissance et l’application du concept de développement scientifique. Né de la combinaison du marxisme avec les réalités de la Chine contemporaine et les caractéristiques de notre époque, et en tant qu’expression concentrée de la conception du monde et de la méthodologie marxistes en matière de développement, le concept de développement scientifique a donné de nouvelles réponses scientifiques aux questions d’importance majeure telles que « Pour quel type de développement faut-il opter dans la nouvelle situation ? » et « De quelle manière faut-il se développer ? », portant ainsi nos connaissances sur la loi du développement du socialisme à la chinoise à un niveau inédit et ouvrant de nouvelles perspectives au progrès du marxisme de la Chine contemporaine. Le concept de développement scientifique représente les derniers acquis du système théorique du socialisme à la chinoise, la cristallisation de la sagesse collective du PCC et la puissante arme idéologique guidant toutes les activités du Parti et de l’État. De même que le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et la pensée importante de la « Triple Représentation », le concept de développement scientifique fait partie des pensées directrices à suivre fidèlement et durant une très longue période par notre Parti. Du fait que l’application approfondie du concept de développement scientifique en ayant en vue l’avenir revêt une grande signification actuelle et historique pour maintenir et développer le socialisme à la chinoise, il est impératif de suivre ce concept tout au long du processus de la modernisation du pays et de le traduire dans tous les aspects de l’édification du Parti. D’abord, tout le Parti doit prendre, plus consciencieusement, le développement économique et social comme le premier impératif de l’application du concept de développement scientifique. Dans ce sens, il faut, en axant nos activités sur la construction économique, concentrer tous nos efforts sur l’édification et le développement du pays et nous atteler à maîtriser les lois du développement, à innover nos idées dans ce domaine et à résoudre les problèmes surgis au cours du développement. Il faut veiller à une application approfondie de la stratégie de renouveau de la nation grâce aux sciences, à l’éducation et à l’émergence de talents, ainsi que de celle de développement durable ; il est important d’accélérer la mise en place du mode, du système et des mécanismes répondant aux exigences du développement scientifique, de libérer et développer sans cesse les forces productives sociales, et de tout faire pour réaliser un développement scientifique, harmonieux et pacifique, afin de jeter une base solide pour la poursuite et l’essor du socialisme à la chinoise. Ensuite, tout le Parti doit, de façon plus consciente, considérer la primauté de l’homme comme élément essentiel de l’application du concept de développement scientifique. Pour ce faire, il faut considérer la matérialisation, la préservation et l’extension des intérêts fondamentaux de la grande majorité de la population comme point de départ et aboutissement de toutes les activités du Parti et de l’État, faire valoir l’esprit d’initiative de la population et protéger tous ses droits et intérêts, de manière à obtenir de nouveaux progrès dans le partage des fruits du développement par tout le peuple et l’épanouissement général de l’homme. Et puis, tout le Parti doit considérer plus consciencieusement la réalisation d’un développement général, coordonné et durable comme exigence fondamentale de l’application du concept de développement scientifique. Dans ce but, il faut mettre en place des dispositions d’ensemble pour favoriser l’édification sur les plans politique, économique, culturel, social et écologique, coordonner tous les secteurs de la modernisation, harmoniser les rapports de production avec les forces productives, adapter la superstructure à l’infrastructure économique, et élargir sans cesse la voie de développement sain qui associe l’essor de la production, le bien-être de la population et la protection des écosystèmes. Enfin, tout le Parti doit prendre plus consciencieusement la planification d’ensemble tenant compte de chaque secteur particulier comme moyen fondamental de l’application du concept de développement scientifique. Pour ce faire, il faut partir en toute chose de la réalité, comprendre et traiter de façon judicieuse les importants rapports existant dans l’entreprise du socialisme à la chinoise, et travailler à harmoniser les rapports entre la réforme, le développement et la stabilité, ceux entre les affaires intérieures, la diplomatie et la défense nationale, ainsi que les diverses activités dont la consolidation du Parti, la gouvernance de l’État et l’administration de l’armée, à synchroniser le développement des villes et des régions rurales, celui des différentes régions et celui de l’économie et de la société, et aussi à coordonner les rapports entre l’homme et la nature, et ceux entre le développement intérieur et l’ouverture sur l’extérieur. En un mot, il est nécessaire de concilier les intérêts des divers secteurs, tout en mettant pleinement en valeur l’esprit d’initiative de chacun d’entre eux, de façon à créer une situation harmonieuse dans laquelle chacun est dans son élément et travaille selon ses capacités. Se doter d’un esprit nouveau, faire preuve d’objectivité, avancer avec son temps et rechercher la vérité et l’efficacité, telle est l’essence la plus distincte du concept de développement scientifique. Il n’existe pas de limite pour la pratique, tout comme pour la connaissance de la vérité et l’innovation théorique. C’est pourquoi tout le Parti est tenu de se lancer courageusement dans la pratique, la réforme et l’innovation, de se conformer aux exigences du développement de notre époque, de répondre aux aspirations communes du peuple, et d’explorer inlassablement et d’essayer de maîtriser les lois régissant le développement du socialisme à la chinoise. Tout cela a pour objectif de garantir la vitalité à notre Parti, de doter notre pays d’une force motrice éternelle, et d’ouvrir ainsi au cours de la pratique novatrice du Parti et du peuple des perspectives plus larges au socialisme à la chinoise. II.Remporter de nouvelles victoires dans la construction du socialisme à la chinoise En jetant un regard rétrospectif sur l’histoire de la Chine moderne, pareille à un déferlement de vagues impétueuses, et en portant nos regards vers l’avenir plein d’espoirs de la nation chinoise, nous pouvons arriver à cette conclusion inébranlable : si l’on veut parachever la construction in extenso de la société de moyenne aisance, accélérer la modernisation socialiste et réaliser le grand renouveau de la nation chinoise, il faut poursuivre fermement la voie du socialisme à la chinoise. Du choix de la voie dépendent tant la vie du Parti que l’avenir de l’État, le destin de la nation et le bonheur du peuple. Dans un pays très en retard sur les plans économique et culturel comme la Chine, il s’avère extrêmement ardu de trouver la bonne voie du renouveau national. Depuis plus de 90 ans, notre Parti, en s’appuyant étroitement sur le peuple et en combinant les principes fondamentaux du marxisme avec les réalités chinoises et les caractéristiques de l’époque, a poursuivi de façon indépendante une voie qui lui est propre. Après avoir surmonté d’innombrables difficultés et épreuves et consenti de lourds sacrifices, il a remporté la victoire de la révolution, de l’édification et de la réforme en Chine, et inauguré et développé le socialisme à la chinoise, transformant ainsi de façon radicale l’avenir et le destin de la Chine et de son peuple. Le groupe dirigeant central de la première génération rassemblé autour du camarade Mao Zedong a conduit notre Parti et notre peuple multiethnique à la victoire de la révolution de démocratie nouvelle, réussi la transformation socialiste et établi enfin le régime fondamental du socialisme, ce qui représente la transformation sociale la plus profonde et la plus vaste que la Chine ait jamais connue dans son histoire et a jeté sur les plans tant politique qu’institutionnel des bases solides sur lesquelles reposent le développement et le progrès de la Chine contemporaine. Au cours de la construction du socialisme, bien qu’il ait essuyé de graves revers dans ses tâtonnements, notre Parti a obtenu des acquis théoriques tout à fait originaux et des réalisations importantes, qui devaient servir d’expériences précieuses, d’appui théorique et de base matérielle pour l’inauguration du socialisme à la chinoise dans la nouvelle période historique. Le groupe dirigeant central de la deuxième génération uni autour du camarade Deng Xiaoping a guidé notre Parti et notre peuple multiethnique pour faire un bilan approfondi de l’expérience tant positive que négative obtenue dans la construction du socialisme, et en s’inspirant de celle du développement du socialisme acquise dans d’autres pays, a adopté une décision historique de déplacer l’axe des activités du Parti et de l’État sur l’édification économique, et d’appliquer la politique de réforme et d’ouverture sur l’extérieur. Il a mis en lumière la nature du socialisme, établi la ligne fondamentale pour la phase primaire du socialisme, indiqué clairement qu’il fallait suivre notre propre voie pour édifier un socialisme à la chinoise, et donné des réponses scientifiques aux questions fondamentales concernant la construction du socialisme à la chinoise. Grâce à tout cela, l’ère de la construction d’un socialisme à la chinoise s’est ouverte devant nous. Sous la direction du groupe dirigeant central de la troisième génération rassemblé autour du camarade Jiang Zemin, notre Parti et notre peuple multiethnique ont continué à suivre fermement la théorie et la ligne fondamentales du Parti, et, face à une situation complexe tant intérieure qu’extérieure et aux dures épreuves suite aux graves revers subis par le socialisme dans le monde entier, ont réussi à défendre le socialisme à la chinoise. Notre Parti a défini, dans les conditions de la nouvelle pratique, son programme fondamental, dégagé l’expérience fondamentale, précisé clairement l’objectif de la réforme qu’est la mise en place du système d’économie de marché socialiste et le cadre général de celui-ci, ainsi que le système économique et le système de distribution fondamentaux durant la phase primaire du socialisme. Sur cette base, il a inauguré une nouvelle ère de réforme et d’ouverture tous azimuts, fait avancer la nouvelle et vaste entreprise d’édification du Parti et permis à la construction du socialisme à la chinoise de se poursuivre au XXIe siècle. Dans la nouvelle étape du nouveau siècle, en saisissant l’importante période riche d’opportunités stratégiques, le Comité central du Parti s’est lancé, au cours du processus de l’édification in extenso d’une société de moyenne aisance, dans l’innovation sur les plans pratique, théorique et institutionnel. Fidèle aux principes de la primauté de l’homme et du développement complet, coordonné et durable, il a insisté sur la nécessité d’édifier une société socialiste harmonieuse et de faire progresser plus rapidement la civilisation écologique, dessinant ainsi les dispositions générales du développement du socialisme à la chinoise. Il s’est appliqué à garantir et à améliorer les conditions de vie de la population, à promouvoir l’équité et la justice sociales, à travailler à la construction d’un monde harmonieux, ainsi qu’à renforcer les capacités d’action du Parti dans l’exercice du pouvoir et à préserver son caractère avancé. C’est ainsi que nous avons réussi à maintenir et à développer, sur un nouveau point de départ historique, le socialisme à la chinoise. Au cours de plus de trois décennies d’exploration sans interruption en vue de la réforme et de l’ouverture sur l’extérieur, en portant haut levé le drapeau du socialisme à la chinoise, nous n’avons pas voulu suivre ni l’ancienne voie du repli sur soi et de l’immobilisme, ni la voie erronée pouvant nous conduire à l’abandon de notre drapeau. La voie du socialisme à la chinoise ainsi que son système théorique et son régime sont les réalisations fondamentales que le Parti et le peuple ont accomplies pendant plus de 90 ans de lutte, de création et d’accumulation d’expériences. Il faut les préserver soigneusement, y rester fidèle et les développer sans cesse. La voie du socialisme à la chinoise consiste à ce que, sous la direction du PCC et conformément aux conditions fondamentales du pays, on centre toutes les activités sur le développement économique, suit fidèlement les quatre principes fondamentaux, et applique la politique de réforme et d’ouverture. Elle insiste également sur la libération et le développement des forces productives sociales, la mise en place d’une économie de marché socialiste, l’édification de la démocratie politique socialiste, la promotion d’une culture socialiste avancée, la construction d’une société socialiste harmonieuse, le développement d’une civilisation écologique socialiste, l’épanouissement général de l’homme, et la réalisation graduelle de l’enrichissement commun de toute la population, afin de faire de la Chine un pays socialiste moderne, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé. La théorie du socialisme à la chinoise est en fait un système théorique scientifique composé de la théorie de Deng Xiaoping, de la pensée importante de la « Triple Représentation » et du concept de développement scientifique. Elle incarne le prolongement et le développement du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong. Le régime du socialisme à la chinoise est composé du système politique fondamental de l’assemblée populaire – complété par les éléments essentiels que sont le système de coopération multipartite et de consultation politique sous la direction du PCC, le système d’autonomie dans les régions peuplées d’ethnies minoritaires et le système d’autogestion des masses populaires à la base –, du système légal socialiste à la chinoise, du système économique de base caractérisé par un développement commun de divers types de propriétés prédominées par le secteur public, et de tous leurs sous-systèmes concrets dans les domaines économique, politique, culturel et social. Dans la grande pratique pour la construction du socialisme à la chinoise, la voie nous conduit à sa réalisation, la théorie régit notre action et le régime offre la garantie fondamentale. Voilà les caractéristiques les plus distinctes de la longue pratique du peuple chinois pour l’édification du socialisme sous la direction du Parti. Dans l’œuvre d’édification du socialisme à la chinoise, le fait fondamental à respecter est que notre pays se trouve toujours au stade primaire du socialisme, les dispositions d’ensemble à suivre sont le développement coordonné des domaines économique, politique, culturel, social et écologique, et la tâche finale à accomplir est la réalisation de la modernisation socialiste et du grand renouveau de la nation chinoise. Le socialisme à la chinoise maintient fermement les principes fondamentaux du socialisme scientifique, tout en empreignant celui-ci des couleurs chinoises très marquées selon les conditions de notre époque. Il a permis, avec une vision tout à fait nouvelle, d’approfondir nos connaissances sur les lois régissant l’exercice du pouvoir par le Parti communiste, l’édification socialiste et l’évolution de la société humaine. En associant la théorie avec la pratique, il a donné de manière systématique une réponse à la question fondamentale, à savoir : quel type de socialisme doit-on construire en Chine, dans ce grand pays oriental ayant une très grande population et une base économique très faible, et comment l’édifier, de manière à lui permettre de se développer rapidement et d’élever au plus vite le niveau de vie de sa population. Les faits prouvent pleinement que le socialisme à la chinoise incarne l’orientation fondamentale de la progression de la Chine contemporaine et que seul le socialisme à la chinoise permet à la Chine de se développer. Étant donné que le développement du socialisme à la chinoise représente une tâche historique ardue et de longue haleine, nous devons être prêts à mener une lutte d’envergure qui se distingue par des caractéristiques historiques tout à fait inédites. Il nous faut maintenir inébranlablement le socialisme à la chinoise, le développer en l’adaptant à la marche du temps, en l’enrichissant sans cesse, tant sur les plans pratique que théorique, des couleurs nationales chinoises et des caractéristiques de notre époque. Pour que le socialisme à la chinoise triomphe dans ce nouveau contexte historique, il nous faut répondre impérativement aux exigences fondamentales suivantes, celles-ci devant devenir la volonté commune de tout le Parti et de tout notre peuple multiethnique. — Il faut maintenir la position primordiale du peuple. Le socialisme à la chinoise est une cause commune de plus d’un milliard de Chinois. Il faut encourager la population à mieux jouer son rôle en tant que maître du pays, suivre fermement le principe fondamental de la gouvernance du pays en vertu de la loi, principe observé par notre Parti dans la direction des affaires de l’État, mobiliser et organiser le peuple le plus largement possible pour qu’il gère selon la loi les affaires du pays et de la société, les activités économiques et les œuvres culturelles, et se lance activement dans la modernisation socialiste. Il faut veiller également à mieux garantir les droits et intérêts de la population et à défendre son statut comme maître du pays. — Il faut libérer et développer les forces productives sociales. Cela constitue la tâche essentielle du socialisme à la chinoise. En plaçant le développement économique au centre de toutes nos activités et en prenant pour thème central le développement scientifique, nous faisons progresser sur toute la ligne l’édification économique, politique, culturelle et sociale et promouvons la civilisation écologique, afin de réaliser un développement scientifique complet, coordonné et durable à finalité humaine. — Il faut poursuivre la réforme et l’ouverture sur l’extérieur. C’est une voie incontournable pour maintenir et développer le socialisme à la chinoise. L’esprit de réforme et d’innovation doit se traduire dans toutes nos activités administratives. Il importe de maintenir l’orientation de la réforme en faveur de l’économie de marché socialiste, de persévérer dans notre politique fondamentale d’ouverture sur l’extérieur, de promouvoir sans cesse les innovations dans les domaines théorique, institutionnel, culturel, scientifique et technique ainsi que dans beaucoup d’autres domaines, et de faire avancer continuellement l’autoperfectionnement et le développement de notre régime socialiste. — Il faut préserver l’équité et la justice sociales. C’est une nécessité inhérente au socialisme à la chinoise. Il nous faut, grâce aux efforts conjugués de toute la population et sur la base du développement économique et social, accélérer l’institution de mécanismes devant jouer un rôle très important pour assurer l’équité et la justice sociales, et constituer progressivement un système de garantie de l’équité sociale fondé principalement sur l’équité en matière de droits, de chances et de règles, afin de créer un environnement social équitable garantissant à toute la population les droits égaux de participation et de développement. — Il faut suivre fermement la voie de l’enrichissement commun. Il s’agit là d’un principe fondamental du socialisme à la chinoise. Nous devons préserver le système économique fondamental et celui de distribution du socialisme, en réajustant la structure de la répartition du revenu national, en renforçant la régulation de la redistribution et en réduisant efficacement les écarts de revenus, pour que les fruits du développement profitent davantage et de façon plus équitable à la population entière et qu’on avance à pas assurés sur la voie de l’enrichissement commun. — Il faut promouvoir l’harmonie sociale. L’harmonie sociale est l’essence même du socialisme à la chinoise. Nous devons accorder une importance exceptionnelle à la garantie et à l’amélioration des conditions de vie de la population. Dans ce sens, il importe de renforcer et d’innover la gestion sociale, de traiter judicieusement les rapports entre réforme, développement et stabilité, d’unir toutes les forces susceptibles d’être ralliées à notre cause, de faire tout notre possible pour accroître les facteurs d’harmonie, et de stimuler la vitalité créatrice de la société, et ce, tant pour permettre à la population de vivre et de travailler en paix que pour sauvegarder l’ordre social et la stabilité durable de l’État. — Il faut assurer un développement pacifique. Il s’agit d’un choix logique du socialisme à la chinoise. Nous devons persévérer dans un développement ouvert, fondé sur la coopération et conforme au principe du gagnant-gagnant. Nous travaillons à la création d’un environnement international pacifique favorable à notre développement, qui doit contribuer à son tour à la sauvegarde et à la promotion de la paix mondiale. Nous voulons favoriser l’élargissement des points de convergence des intérêts de toutes les parties, dans l’intérêt de la construction d’un monde harmonieux où règnent une paix durable et une prospérité commune. — Il faut maintenir la direction du Parti. Le PCC est le noyau dirigeant de la cause du socialisme à la chinoise. Il travaille avec abnégation pour de nobles objectifs et exerce le pouvoir pour le peuple. Il faut renforcer et améliorer la direction du Parti, continuer à faire valoir le rôle central du Parti dans la maîtrise de l’ensemble de la situation et la coordination des actions de toutes les parties, préserver la pureté et le caractère avancé du Parti, améliorer sa créativité, sa cohésion et sa combativité, et élever son aptitude à exercer le pouvoir conformément à la loi et dans un esprit scientifique et démocratique. Nous devons nous rendre parfaitement compte des données suivantes inchangées : notre pays se trouve toujours et se trouvera pendant longtemps encore au stade primaire du socialisme, la contradiction entre les besoins matériels et culturels croissants de la population et le retard de la production sociale reste la principale contradiction de notre société, et la Chine demeure le plus grand pays en développement du monde. Nous devons agir en toutes circonstances en tenant compte du fait le plus marquant que notre pays se trouve toujours au stade primaire du socialisme ; et c’est à partir de cette même réalité que l’on doit entreprendre toute action en faveur du développement ou de la réforme dans tel ou tel domaine. Étant donné que la ligne fondamentale du Parti est vitale tant pour lui-même que pour notre pays, nous devons, dans tout le processus de la construction du socialisme à la chinoise, suivre fermement cette ligne dite « un centre, deux points fondamentaux » (prendre pour centre de nos activités le développement économique et pour points fondamentaux les quatre principes fondamentaux et la politique de réforme et d’ouverture). Nous devons travailler avec un esprit réaliste, sans nous sous-estimer ni nous surestimer, en vue de remporter de nouveaux succès dans la construction du socialisme à la chinoise. Pourvu que nous nous armions de nobles idéaux, raffermissions notre conviction, travaillions avec fermeté, sans relâche et sans nous livrer à des manœuvres stériles, et luttions dur, opiniâtrement et avec persévérance, nous parviendrons à construire en Chine une société de moyenne aisance au moment de la célébration du centenaire de la fondation du PCC, et ferons de la Chine un pays socialiste moderne, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé au moment où la République populaire de Chine fêtera son centenaire. Tout le Parti doit avoir une ferme confiance dans la voie qu’il a choisie, la théorie qu’il a élaborée et le régime qu’il a instauré. III. Nos objectifs de parachever la construction in extenso de la société de moyenne aisance et d’approfondir la réforme et l’ouverture sur l’extérieur En faisant un tour d’horizon de la situation tant intérieure qu’extérieure, nous constatons que notre pays se trouve encore dans une période importante pleine d’opportunités stratégiques propices à son développement. Nous devons savoir bien apprécier tout ce que représente cette période ainsi que l’évolution de ses conditions, saisir toutes les opportunités, relever avec sang-froid les défis, et nous assurer l’initiative, l’avantage et des promesses d’avenir, pour être sûrs d’atteindre en 2020 notre objectif grandiose de parachever la construction in extenso de la société de moyenne aisance. Compte tenu des réalités du développement économique et social de notre pays, il faut déployer tous nos efforts pour répondre aux nouvelles exigences à partir de l’objectif de développement général d’une société de moyenne aisance, objectif défini par les XVIe et XVIIe Congrès du Parti. — Assurer un développement sain et soutenu de l’économie. Le changement du mode de développement économique devra enregistrer des résultats substantiels. Grâce à un développement plus équilibré, plus harmonieux et plus durable, le PIB et le revenu moyen par tête d’habitant dans les villes comme dans les campagnes devront doubler par rapport à ceux de 2010. La contribution des progrès technico-scientifiques à la croissance économique sera plus importante pour permettre à la Chine de rejoindre les rangs des pays innovants. L’industrialisation sera réalisée pour l’essentiel. Le niveau de l’informatisation s’élèvera sensiblement, la qualité de l’urbanisation s’améliorera nettement, la modernisation de l’agriculture et l’édification d’une nouvelle ruralité socialiste obtiendront des résultats notables. Un mécanisme de développement régional harmonieux sera pratiquement établi. Le niveau de l’ouverture sur l’extérieur atteindra un nouveau palier, tandis que notre compétitivité internationale se renforcera sensiblement. — Garantir au peuple une démocratie sans cesse élargie. Le système démocratique se perfectionnera davantage, la démocratie se traduira sous des formes plus variées, alors que le sens de l’initiative, la motivation et la créativité de la population seront mieux mis en valeur. La stratégie fondamentale d’édification d’un État de droit sera appliquée sur toute la ligne, une administration ne fonctionnant que dans le respect de la loi sera pratiquement mise en place, la crédibilité de la justice auprès du public sera améliorée sans cesse et les droits de l’homme seront effectivement respectés et garantis. — Renforcer nettement le soft power culturel. Les valeurs essentielles du socialisme pénétreront profondément dans les esprits, la formation culturelle et morale des citoyens et la civilisation sociale enregistreront des succès notables. Les produits culturels seront plus variés, un système des services culturels publics sera établi pour l’essentiel, l’industrie culturelle deviendra un pilier de l’économie nationale, tandis que la culture chinoise franchira de plus grands pas à l’extérieur. Tout cela contribuera à rendre plus solides les assises du développement d’un puissant pays culturel socialiste. — Réaliser une élévation générale du niveau de vie de la population. L’égalité d’accès aux services publics fondamentaux sera réalisée dans l’ensemble. Le niveau d’instruction de toute notre population et celui de formation des talents novateurs seront sensiblement relevés, ce qui fera de la Chine un puissant pays en matière de réserve de grandes compétences et de ressources humaines. La modernisation de l’éducation sera pratiquement réalisée. Le plein emploi sera mieux assuré. Les écarts de revenus seront réduits, le nombre des habitants aux revenus moyens s’élèvera continuellement, et l’importance de la population démunie diminuera fortement. Toute notre population sera couverte par la protection sociale et tout le monde bénéficiera des services médicaux et sanitaires fondamentaux. Le système de garantie en matière de logement sera pratiquement établi et toute notre société connaîtra harmonie et stabilité. — Faire avancer considérablement la construction d’une société économe de ressources et respectueuse de l’environnement. La disposition des régions à fonctions spécifiques sera accomplie dans l’ensemble et le système de recyclage des ressources sera mis en place pour l’essentiel. L’intensité énergétique [consommation d’énergie par unité de PIB] et les émissions de CO2 connaîtront une très forte baisse, et le volume global de l’évacuation des principaux déchets et matières fort polluants devra sensiblement diminuer. Le taux de couverture des forêts augmentera, les écosystèmes deviendront de plus en plus stables et la qualité de l’habitat sera nettement améliorée. Pour que la société de moyenne aisance devienne une réalité, il nous faut, en faisant preuve d’un plus grand courage politique et d’une plus grande sagesse, saisir l’occasion favorable pour approfondir les réformes dans les domaines clés, en finir résolument avec toutes les idées et conceptions ainsi que les tares de système qui font obstacle à notre développement scientifique, et mettre en place un cadre institutionnel complet, scientifique et efficace, pour rendre nos diverses institutions plus performantes et régulières. Il faut accélérer le perfectionnement du système d’économie de marché socialiste, parfaire notre système économique de base fondé sur le régime de propriété publique avec le développement en commun des diverses formes de propriété, améliorer le système de distribution basé sur la répartition selon le travail avec la coexistence de multiples formes de distribution, faire jouer davantage et sur une plus large mesure le rôle fondamental du marché dans la répartition des ressources, perfectionner le système de régulation macroéconomique, et continuer à améliorer le système d’économie ouverte pour assurer un développement économique plus efficace, plus équitable et plus durable. Il faut accélérer la démarche visant à institutionnaliser et à régulariser la démocratie politique socialiste en la pratiquant conformément à la procédure établie en la matière, élargir la participation ordonnée des citoyens aux affaires politiques à tous les niveaux et dans tous les domaines, et mener toutes les activités du pays en vertu de la loi. Il faut améliorer au plus vite le système de gestion de la culture et le mécanisme de production et d’exploitation culturelles, constituer un marché culturel moderne dans ses grandes lignes, parfaire la gestion des avoirs culturels nationaux, afin de créer un environnement favorable à l’innovation et à la création culturelles. Il importera d’accélérer la mise en place d’un système de gestion sociale scientifique et efficace, d’améliorer la protection sociale, d’installer un réseau complet de services publics et de gestion sociale aux échelons de base, en vue de mettre sur pied un système institutionnel garantissant la vitalité, l’ordre et l’harmonie de notre société. Il conviendra également d’instaurer au plus tôt un régime en faveur d’une civilisation écologique et de perfectionner les mécanismes d’exploitation de l’espace territorial et ceux destinés à économiser les ressources et à protéger l’environnement et les écosystèmes pour créer une nouvelle situation de la modernisation où l’homme et la nature vivront et se développeront en symbiose. La tâche qui s’impose pour réaliser comme prévu l’objectif de l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance s’annonce très ardue. Tous les camarades du Parti
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 22-12-2012 à 20:19:10
| Sur ce sujet, un très long article documenté de Claude Delaunay publié par le blog "faire vivre et renforcer le PCF" qui s'interroge également sur l'attitude du P"C"F envers le PCC. Les opinions de Claude Delaunay ne sont pas toujours les miennes mais l'article mérite sa place ici, d'autant plus qu'il soulève un cas d'école à mon sens : un parti révisionniste comme le P"C"F se place du point de vue de la démocratie bourgeoise pour critiquer la Chine et le PCC : on n'est pas loin de l'anticommunisme. Mais cet article soulève beaucoup d'autres questions dont chacun fera son profit. Compte tenu de la longueur je le publie sur trois posts. Un militant de "faire vivre et renforcer le PCF" me signale cet article avec le préambule suivant : Le site faire vivre le pcf vient de publier un texte de jean -Claude Delaunay sur la Chine qui propose une étude comparée entre les congres chinois et français. Hasard du calendrier ils se tiennent dans une période proche et abordent des questions de fond sur les notions de socialisme pour l'un , de démocratie radicale pour l'autre. Cet article développe depuis une fine connaissance des questions économiques mais aussi de l'histoire de la chine une série d'analyse qui prennent a contre pied les idées reçues en particulier celles expéditives de tout une série de personnalités et de groupes de pression politiques qui soit par méconnaissance des réalités concretes soit par parti pris idéologique veulent assimiler la chine a un pays capitaliste soumis a une dictature féroce et corrompue. Cet article vient a propos éclairer la lecture d'un livre de Philippe Videlier que nous avons le projet de presenter a l'improbable , "diner de galas", en ce qu' il prolonge "l'étonnante aventure des brigands justiciers de l'empire du milieu" trente ans apres leurs disparition tout en apportant des éléments de sociologie et d'histoire qui nous permetent de mieux saisir l'étendue des différences qui caractérisent chinois et français. Il y a une mesure a prendre que notre eurocentrisme ne nous accoutume pas a saisir , une sorte de démesure des catégories comparées qui nous fait passer a côté de ce qu'est la Chine, nous explique jean-Claude Delaunay. Le Parti communiste chinois vient de clore son congrès (08-15/11/2012). Les communistes français préparent le leur (07-10/02/2013). Bien que ces deux événements soient indépendants, on peut mettre cette quasi-coïncidence temporelle à profit. Je vais, dans ce cadre, aborder 3 sujets. Premier sujet : Quand on est communiste, comment se comporter à l’égard de la Chine et de son gouvernement ? La réponse apportée par le document préparatoire du 36ème Congrès est la suivante « La Chine n’existe pas ». Au début du projet de base commune, on peut lire quelques lignes sur les « pays émergents ». Ces quelques lignes sont une dénonciation globale et en règle du régime socio-politique prévalant dans les pays concernés. Mais quels sont-ils ? Que la Chine contemporaine soit visée par le biais de cet amalgame paraît vraisemblable sans être certain. A mon avis, ce mutisme et les sous-entendus qu’il recouvre ne sont pas acceptables. Pour autant que je sache, les dirigeants communistes actuels défendent ouvertement et avec obstination les 3 idées suivantes : • 1) La Chine est un pays capitaliste. • 2) Les institutions de la Chine sont contraires à la démocratie. • 3) Le gouvernement de la Chine développe dans le monde une stratégie de grande puissance et ne développe que cela. Je vais aborder ces points, même si je le fais de manière lapidaire. Mais il faut que nous parlions de la Chine de manière plus sérieuse qu’on ne le fait aujourd’hui dans nos rangs, de la faute en partie à la direction. On ne peut pas, d’un côté, ne rien dire de la Chine dans un projet de texte élaboré pour un Congrès du PCF et d’un autre côté dénoncer ce pays comme le suppôt jaune du Grand Satan tout noir. Nous devons savoir sur quel pied danser à propos de cet immense pays [1]. Sa Constitution énonce que « après la fondation de la République populaire de Chine, notre société est passée progressivement de la démocratie nouvelle au socialisme » (préambule). Quand je lis ce genre d’affirmation, personnellement, je ne commence pas par dire, de manière définitive : « Tout ça, c’est du baratin ». Cette prudence étant admise, la seule question que je me pose dans cette première partie est la suivante : quels sont les conduites à retenir à propos de la Chine ? On peut, me semble-t-il, mettre en avant les 5 principes suivants. a) Le premier principe consiste à se rappeler que le PCF n’appartient à aucune organisation mondiale de partis communistes. Chaque organisation communiste a donc le droit, en tant que personne morale, de s’exprimer sans contrainte, comme elle l’entend, sur tous les problèmes. Je pense que c’est très bien ainsi. Cela dit, nous sommes une organisation pour laquelle, dans chaque formation sociale (dans chaque société ) et dans le monde, existe, dans le cadre du système capitaliste toujours dominant, une lutte à mort entre les classes sociales. Par conséquent, même s’il n’existe pas d’organisation communiste mondiale des partis communistes, il existe une lutte nationale et mondiale entre les classes capitalistes et les classes exploitées et dominées. Je pense que nous devons absolument en tenir compte. b) Deuxième principe : L’activité internationale de la Chine est la partie de son activité globale qui nous concerne directement. Nous ne devrions pas être indifférents au fait, par exemple, que le gouvernement chinois, s’efforce de faire prévaloir un règlement politique, par les Syriens eux-mêmes, et non par intervention étrangère, des problèmes cruciaux de la société syrienne. Les motivations de politique intérieure du gouvernement chinois sont plutôt opaques à nos yeux occidentaux. Mais la politique étrangère n’est pas opaque. Elle est ponctuée par des déclarations et des actes connaissables et analysables par tous. Or la politique étrangère de la Chine est une politique qui, dans le cadre de l’impérialisme dominant, tranche avec l’agressivité guerrière de ce dernier. Oui, mais diront peut-être nos dirigeants du PCF, c’est une politique de grande puissance. Et alors ? Supposons que ces camarades aient raison. Nous communistes, directement impliqués dans la guerre actuellement menée en Syrie par les impérialistes (gouvernement français inclus) avec leurs mercenaires de tous ordres (français inclus), devons-nous refuser cette position pacifique et constructive de la Chine ? Personnellement, je pense que, en refusant de reconnaître le rôle mondialement pacifique de la Chine, et par conséquent en n’aidant pas ce pays à développer son action dans le sens de la paix, « nous sommes en dessous de tout ». Tout se passe comme si, pour nous communistes, la lutte des classes était uniquement nationale. Nous parlons de mondialisation, d’impérialisme (quand nous en parlons). Mais comprenons-nous vraiment le sens de ces concepts quand nous les utilisons ? Quand on lutte, on lutte avec ses possibles alliés, tels qu’ils sont, et non avec des alliés imaginaires. c) Le troisième principe à respecter, à mon avis, est que nous n’allons pas « nous battre jusqu’au dernier chinois ». Si des changements politiques majeurs doivent avoir lieu en Chine, c’est aux chinois d’en décider et non aux français, à fortiori aux communistes français. Il est contradictoire et incohérent d’affirmer, d’un côté, « qu’il n’existe pas de modèle du socialisme » (une proposition que je partage) et, de l’autre côté, de s’opposer au gouvernement de la Chine, expression du PCC, sous le prétexte que sa façon de gouverner ne serait pas démocratique. Que nous le pensions, c’est une chose. Mais que nous prenions prétexte de cette interprétation pour entretenir avec le PCC des relations extrêmement froides, voire même pour rompre avec cette organisation, est une autre chose, contradictoire de la proposition précédente. Car elle signifie que nous, nous détenons la vérité d’un modèle de socialisme mais pas eux [2]. En réalité, le concept de socialisme a disparu de la réflexion communiste en général et notamment de celle des dirigeants du PCF. Ce que la « base commune » (direction PCF) exprime est un vague démocratisme « à l’occidentale ». En sorte que, derrière la critique selon laquelle la société chinoise ne serait pas démocratique réside, d’après moi, l’idée selon laquelle l’emploi même du concept de socialisme serait antinomique de la démocratie. Incidemment, on perçoit ici, me semble-t-il, que la réflexion relative à la société chinoise est, en même temps, réflexion sur la société française. d) Le quatrième principe à respecter est, selon moi, celui de la liberté entière des communistes français à discuter de la Chine et à en comprendre la signification contemporaine. Je n’ai aucune hésitation sur ce point. Le fait que des discussions « de parti à parti » doivent suivre des règles de courtoisie (qui ne soit pas uniquement verbale) et de sérieux politique, ne doit pas empêcher la réflexion interne et ouverte. Outre la liberté entière des communistes d’un pays de s’intéresser à tous les problèmes, s’ajoute selon moi l’idée selon laquelle, pour des communistes français, connaître mieux la Chine c’est connaître mieux la France. Ce qui veut dire aussi que, au plan pratique, les rapports avec la Chine ne relèvent pas uniquement de la section de politique étrangère du PCF. Je ne suis absolument pas gêné par le fait qu’un camarade (un, une ou plusieurs), dans ma section ou ailleurs, me dise que, selon lui, selon elle, la Chine est un pays capitaliste. Je ne pense pas ainsi mais discutons-en. Organisons un ou plusieurs débats sur ce thème. Il est sain, dans ce contexte, que les communistes prennent contact avec les Chinois venant en France ou résidant en France. Il est sain d’inviter les représentant du PCC, non pas à venir s’expliquer mais à venir nous expliquer leur façon de comprendre le monde et notamment la société chinoise. e) Le cinquième principe a trait à notre comportement à l’égard de la mondialisation de l’économie chinoise. Certains feront par exemple remarquer que, sur le terrain, les entreprises chinoises ou les produits chinois viennent en France et que cela peut entraîner parfois de graves problèmes. Tout en faisant quand même la distinction entre le PCC, le gouvernement chinois et les entreprises chinoises, il me semble que sur ce plan, également, nous devons être à l’aise. De manière générale, les chinois n’aiment pas les conflits et préfèrent les discussions. S’il y a problème, il faut discuter. En plus, ce sont des gens qui écoutent. Commencer par les insulter est vraiment contre-productif et ridicule. Les communistes français n’ont pas à se substituer aux syndicalistes dans ces discussions, mais ils peuvent contribuer au bon déroulement de telles négociations [3]. Je vais terminer par quelques points de théorie, de travail théorique. Je défends personnellement l’idée selon laquelle la mondialisation capitaliste telle qu’elle est mise en œuvre par le capitalisme monopoliste financier mondialisé nous a imposé un modèle de sphère productive et de marché mondial généralisés. Nous devons sortir de ce modèle sous l’angle des structures fondamentales, évidemment, mais aussi sous celui de la dimension territoriale souhaitable [4]. Pour des raisons tenant à la différence des niveaux de productivité, des cultures et des organisations politiques, je pense que le développement du monde dans le prochain siècle se fera sur la base de développements zonaux. C’est ce que l’on appelle un développement multipolaire. L’une des zones dans laquelle prendra place la Chine est l’ASEAN, qui se construit peu à peu. La zone dans laquelle prendra place la France est l’Europe, une Europe qui devra être totalement différente de l’Union européenne. Supposons que ma perception soit correcte, cela pourrait se traduire par une réflexion théorique approfondie et continue menée par des communistes chinois et français sur toutes ces questions. Je dois dire que, même si mon interprétation de l’avenir du monde était incorrecte, la mise en place de tels débats et travaux théoriques communs me semblerait appropriée. La mondialisation implique de nouveaux comportements non seulement politiques mais théoriques. Cela dit, les communistes français doivent être convaincus que le fait d’entrer dans de tels débats suppose un niveau de réflexion et d’engagement théoriques autrement sérieux que celui consistant à dire « Ah ! la Chine, ce ramassis de capitalistes ! », « Ah ! la Chine, ce pays totalitaire ! ».
Edité le 23-12-2012 à 00:41:28 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 22-12-2012 à 20:48:36
| (suite) Deuxième sujet : La Chine est-elle un pays capitaliste ? Je vais, dans les paragraphes correspondant à ce deuxième sujet, présenter deux catégories d’éléments. D’abord je vais introduire des éléments d’ordre statistique relatifs au nombre de personnes actives en Chine, par grands secteurs et par catégories d’entreprises. Ces classements donnent une idée sans doute insuffisante mais quand même solide de l’emprise du capitalisme en Chine. Ensuite, j’évoquerai des éléments d’ordre théorique concernant le rapport entre capitalisme et socialisme aujourd’hui, et notamment en Chine. 1) Eléments d’ordre statistique Tableau 1 - Répartition des personnes actives par grands secteurs (montants en millions et %) en 2010 (Source : Statistical Yearbookof China 2011) : Primaire - 280 - 37 % Secondaire - 218 - 29 % Tertiaire - 263 - 34 % Total - 761 - 100 % Plusieurs aspects peuvent être rapidement dégagés du tableau 1 : • Le grand nombre de la population active occupée chinoise, 760 millions, est à comparer, par exemple, aux 25 millions de la population active française. On peut dire que, grosso modo, la population active occupée chinoise est 30 fois plus grande que la population active française. Quand on parle de la Chine, il faut penser « grand nombre ». La démocratie en Chine, pour cette raison me semble-t-il (il en existe d’autres) a toutes les chances de différer de la démocratie en France. L’importance du nombre échappe à peu près complétement aux dirigeants communistes français. Quand ils écrivent par exemple (projet de base commune, direction, p.2) « Ensemble, soyons actrices et acteurs, décideuses et décideurs de l’avenir de l’humanité », ou bien encore « La nation française… est habitée d’une culture ouverte et en mouvement dont le monde a besoin », c’est de la démesure. Le raisonnement est conduit sur la base d’idées qui n’intègrent pas la dimension de la matérialité tangible et de la différence concrète. Cette façon de faire me semble typiquement française. Elle contribue à définir « les caractéristiques françaises du marxisme » qui sont celles d’un universalisme abstrait, détaché des contingences. • 37% des actifs chinois sont des ruraux cultivateurs. En plus et aux côtés de ces paysans, existent des salariés ruraux (environ 150 millions). Ils n’apparaissent pas dans les tableaux que j’ai produits. Ce sont des salariés très intégrés au milieu rural, apportant un salaire d’appoint. Si l’on additionne les « ruraux purs » et ces salariés des entreprises rurales (EBV, entreprises de bourgs et de villages), on obtient un total de 430 millions (280 + 150 = 430). On peut dire que 55% de la population active chinoise est, sociologiquement, une population de « paysans » ou de mentalité paysanne. La Chine contemporaine est encore aujourd’hui, d’abord et massivement, un pays de ruraux, une nation de paysans. Les rapports de production dans le cadre desquels la population rurale fonctionne sont un mix de rapports étatiques (la politique agricole du gouvernement), de rapports marchands (la vente des produits agricoles sur le marché), de rapports de type très approximativement capitaliste (les entreprises rurales), de rapports traditionnels à la terre et à la propriété collective [5] (les paysans proprement dits). • Les salariés de la production matérielle (secteur secondaire) représentent 29 % des actifs. Ce sont des hommes et des femmes, vivant à la campagne ou venant de la campagne et vivant dans une ville. Ces salariés, qui conservent des liens étroits avec la campagne, constituent le cœur productif de la classe ouvrière chinoise. Ce sont eux qui, avec les paysans, construisent la Chine moderne, fournissent le charbon et l’électricité, construisent les routes, les aéroports, les ports, les chemins de fer, les buildings modernes, qui fabriquent les appareils électro-ménagers, les camions, les voitures, les motos électriques, les produits pour l’exportation, etc. Ces salariés monnayent ainsi non seulement le surplus en dollars US que la Banque centrale de Chine accumule dans ses caisses en cas de besoin, mais également les importations, qui sont très grandes. C’est dans cette partie de la population active, et surtout dans sa fraction urbaine, que le capitalisme, chinois ou d’origine étrangère, est le plus développé. • Les salariés du secteur tertiaire (34%) sont un ensemble composite de salariés du commerce, de la restauration, de l’hôtellerie, des transports, de la poste et des télécommunications ainsi que de l’enseignement, de la santé, de l’armée, de l’administration. Pour ce grand secteur, le capitalisme concerne principalement les commerces, la restauration, l’hôtellerie, certaines fractions du transport. Les autres salariés relèvent plutôt de rapports étatiques. • Une statistique est toujours austère. Sans entrer plus qu’il ne faut dans les détails, on peut retenir cependant que, avant d’être capitaliste, la Chine est un pays rural traditionnel . Certes, il n’est pas nécessaire que 100% de la population d’un pays soit salariés dans des entreprises capitalistes modernes pour que ce pays soit capitaliste. Mais il faut avancer avec prudence pour caractériser une société d’autant plus que le capitalisme est lui-même un système à multiples facettes. Tableau 2 - Répartition (%) de la population active urbaine par entreprises autres que les administrations (Source : Statistical Yearbook of China 2011) Entrep. Etat+Coop - 30 % Capitalistes chinois - 42 % Chinois outre-mer - 4 % Entrep. Etrangères - 5 % Individuels - 19 % Total - 100 % On compte environ 230 millions d’actifs urbains travaillant dans des entreprises autres que les administrations et assimilées. Ces actifs sont le support humain éventuel du capitalisme en ville. Il est utile d’en connaître la structure par grand type d’entreprises. • La statistique du tableau 2 montre qu’un peu moins du tiers de ces salariés (urbains) travaille dans des entreprises d’Etat ou dans des coopératives (un petit nombre). Ces entreprises sont de plus en plus insérées dans le marché et pour certaines d’entre elles dans le marché mondial. Elles ont des traits du capitalisme. Mais les plus grandes d’entre elles tendent à fonctionner comme « champions nationaux » plutôt que comme entreprises multinationales de type américain. • Elle montre également que la majorité des salariés urbains travaillent dans des entreprises chinoises (42 % (Chinois continentaux) + 4 % (Chinois d’outre-mer) = 46%). • Elle montre que les entreprises étrangères de type Wall Mart ou Carrefour salarient 5% de la main-d’œuvre urbaine. • Il apparaît enfin que le cinquième de la main-d’œuvre urbaine fonctionne sur le modèle de l’entreprise individuelle en exerçant les petits métiers de la rue (par exemple petite restauration, commerces divers, réparation de véhicules, transport des personnes, portage). Ces données précisent et nuancent très sensiblement l’affirmation selon laquelle la Chine serait un pays capitaliste. Aujourd’hui, la Chine est d’abord un pays rural paysan . C’est ensuite un pays administré (doté d’une administration) . C’est enfin un pays de production marchande à statut diversifié , capitaliste et non capitaliste. Dans ce cadre, se côtoient : 1) la très petite production individuelle, 2) la production d’Etat (avec de gros leaders et tout un ensemble d’entreprises moyennes), 3) la production capitaliste chinoise (avec des leaders mondialement connus, comme Haier (électro-ménager), mais surtout une masse de petites et moyennes entreprises), 4) la production capitaliste d’origine étrangère (avec de grosses unités). Il faut aussi savoir que l’Etat chinois demeure, pour l’instant, maître de sa politique monétaire et que les marchés financiers de ce pays sont encore peu développés. S’il existe une interrogation relativement à l’essence, capitaliste ou non capitaliste, des rapports sociaux fondamentaux de la Chine contemporaine, et je crois que cette interrogation est légitime, elle ne peut porter que sur l’avenir de cette société. Car actuellement, la société chinoise n’est pas capitaliste au sens où le capitalisme (et surtout le capitalisme monopoliste financier mondialisé ) y serait dominant. C’est une société comprenant des entreprises capitalistes à dominante chinoise, insérées dans un environnement rural et traditionnel encore majoritaire, exerçant leur activité dans un cadre contrôlé par l’Etat, notamment dans le domaine monétaire. Avec cette optique, on peut comprendre, de manière simple et selon moi aucunement simpliste, le 18ème Congrès du PCC. Compte tenu de son poids et de son insertion dans l’économie mondiale, la Chine subit les effets de la crise mondiale actuelle. Cela se traduit par le ralentissement relatif de sa croissance économique mais non par la réduction de sa croissance. Cela dit, dans une optique de développement dynamique, même le ralentissement pose problème. C’est pourquoi on a pu, dans la phase préparatoire du 18ème Congrès, distinguer l’esquisse de trois grandes catégories de « solutions » à ces problèmes. La première est celle que l’on rattache généralement au nom de Bo Xilai, secrétaire du Parti à Chongqing jusqu’en mars 2012. Chongqing est l’une des grandes villes chinoises (8 millions). Située dans le centre de la Chine, elle peut apparaître, bien que de moindre importance, comme le pendant rural et continental de Shanghaï (la ville maritime de l’économie et des affaires, 20 millions) et de Beijing (la ville de la politique et du pouvoir, 18 millions). Au nom de Bo Xilai a été associée l’idée selon laquelle il faudrait en revenir aux préceptes de Mao Zedong et à la reconstruction d’une société égalitaire, fondée sur une nouvelle génération d’entreprises publiques [6]. Cette option n’a pas véritablement de programme car il n’y aura pas de retour en arrière sur la stratégie inaugurée par Deng Xiaoping. La masse des Chinois ne le permettrait pas. Elle a pour seule justification de « rassembler les mécontents ». Mais le rassemblement des mécontents ne fait pas un programme. La deuxième catégorie de solutions est celle des juristes. Elle est matérialisée par divers instituts de recherche. Il existe en Chine un courant idéologique appuyé par un petit nombre, de nature principalement intellectuelle (situé au plan de la recherche), à visée politique préconisant le développement de l’économie marchande (et donc de l’économie capitaliste), le tout accompagné d’un fort développement du droit. Le droit en Chine est encore sous-développé même s’il est en développement. Or une société capitaliste suppose un haut degré de développement juridique pour que les individus et les entreprises peuplant cette société puissent coexister et régler leurs conflits. La troisième est celle de la combinaison entre action de l’Etat et entreprises de divers types, le tout étant coordonné par l’action administrative et par le marché, avec une finalité nationale affirmée. Cette stratégie correspond au « consensus de Pékin », une expression forgée par opposition et contraste avec ce qu’on a appelé « le consensus de Washington », pour désigner, pendant les années 1980-1990, la stratégie de libéralisme économique intégral dans le contexte du capitalisme monopoliste financier mondialisé. Le 18ème congrès a été l’affirmation de cette troisième voie, que l’on aurait tort d’identifier à une voie moyenne, un peu de ceci, un peu de cela. C’est une voie originale que les dirigeants chinois qualifient d’économie de marché socialiste, ou mieux encore d’économie socialiste de marché. La politique intérieure chinoise n’est pas d’une transparence absolue, loin de là. Mais elle est compréhensible, même avec des approximations, même pour un observateur étranger. Ce que je viens d’écrire est, en tout cas, ma façon de comprendre « les choses ». Cela dit, je crois que les notions de « droite », de « gauche », de « centre », ne sont pas appropriées pour interpréter la dynamique de cette société. Dans ce but, il faut, me semble-t-il, faire un détour théorique. 2) Éléments de théorie Pour se demander quel peut être l’avenir sociologique et politique de la Chine, trois questions au moins peuvent être posées : • a) Pourquoi le socialisme ne s’est-il pas développé en Chine sur la seule impulsion de la sphère politique ? Pourquoi, par conséquent, les dirigeants chinois ont-ils envisagé, à un moment donné, qu’il leur fallait avoir recours au marché et au capitalisme ? • b) Le gouvernement de la Chine est-il en mesure d’assurer « le guidage socialiste » de l’évolution résultant de ce choix ? • c) Finalement, qu’est-ce que le socialisme ? a) Pourquoi le socialisme ne s’est-il pas développé en Chine sur la seule impulsion de la sphère politique socialiste ? Celles et ceux pour lesquels la société chinoise se développe aujourd’hui selon une orientation capitaliste devraient répondre, selon moi, à la question de savoir pourquoi la prise du pouvoir par les communistes, en 1949, n’a pas été suivie par un développement économique conséquent. La Chine maoïste a consacré l’indépendance nationale de ce pays et ce fut une grande victoire pour les forces révolutionnaires. Mais la tentative de développer ce pays sur un fondement principalement politique a connu un succès très modeste au plan économique et s’est traduite, au plan politique, par des échecs et des conflits désastreux. La Chine maoïste n’a pas été « un désert industriel », loin de là. Elle a connu un certain développement. Mais elle s’est développée de manière très insuffisante en quantité (faible niveau de la productivité eu égard aux besoins de la population) et de manière gaspilleuse. Le volontarisme du « grand bond en avant » et de « la révolution culturelle » s’étant traduit par de graves échecs, les dirigeants chinois ont été obligés d’emprunter une autre voie que la voie politique antérieure pour bouleverser la société chinoise traditionnelle et la pousser au développement économique. Comme on le sait, Deng Xiaoping fut le promoteur de cette « révolution dans la révolution », dont la mise en place a pris du temps. En effet, proclamée en 1978 (deux ans après la mort de Mao Zedong), la politique d’ouverture et de réforme a d’abord produit ses effets dans les campagnes à partir de 1984 (entreprises « de bourgs et de villages »). Ensuite, le mouvement s’est accéléré après 1992, cette accélération faisant suite à la crise politique de 1989 (émeutes de Tian An Men). Ce qu’on appelle « le capitalisme chinois » d’après 1949 a donc environ 20 ans. Ce que je vais énoncer est certainement sommaire. De plus, le fait que le monde entier soit mis en crise de par la responsabilité du capitalisme et de ses agents, avec les souffrances que cela implique pour un grand nombre, n’est pas favorable au déroulement serein de la discussion scientifique. Nous ne vivons pas dans un monde de concepts et d’idées. Pourtant, l’expérience contemporaine oriente la réflexion vers une double conclusion : • 1) le capitalisme a représenté une période globalement progressive de l’histoire, • 2) le socialisme a besoin de s’assimiler les acquis généraux de cette structure pour en prendre la relève et développer ses propres apports. Cette dernière conclusion est à fortiori vérifiée dans le cas de pays sous-développés. Lénine, en son temps, avait raisonné de la sorte pour la jeune Union soviétique. Deng Xiaoping l’a également fait à sa manière, dans le contexte de la société chinoise et de ses expériences. Les raisons pour lesquelles ce recours est nécessaire sont, à mon avis et principalement les suivantes : 1) Dans une société sous-développée, les rapports sociaux sont encadrés par la tradition, qui est le plus souvent conservatrice et antinomique de l’initiative individuelle. Or dans une situation de révolution politique, le développement économique est une urgence. L’initiative individuelle pour y faire face est donc une nécessité même si elle n’est pas la seule nécessité ou la première nécessité. 2) Cette raison est à fortiori vérifiée lorsque la société considérée est une société ayant une population nombreuse. Un grand nombre de besoins sont à satisfaire. 3) Le capitalisme a été et demeure un stimulant puissant de l’initiative individuelle. Les rapports socialistes, en revanche, ne favorisent pas l’initiative individuelle. On peut même dire que les communistes s’en méfient. En effet, les rapports socialistes ont trait, à la société dans son ensemble, à la globalité des rapports sociaux. Sur le papier, il n’existe pas d’antinomie entre les niveaux de l’individuel et du social. En réalité, il est en est tout autrement. 4) Or ce que les praticiens de la société capitaliste ont découvert, au 20ème siècle, dans le contexte de la complexité croissante des sociétés, est que le fonctionnement économique de la société ne dépend pas seulement des facteurs capital et travail. Il dépend également du facteur « organisation ». Il est justifié de dire que, dans les sociétés complexes contemporaines, les trois facteurs de la production (outre la nature) sont le capital, le travail et l’organisation . Jusqu’à une date récente, l’organisation socialiste avait été surtout identifiée, par les praticiens du socialisme, à la planification socialiste impérative. Or cette modalité n’est qu’une forme d’organisation insuffisante et fruste de la société, ne couvrant qu’une partie des rapports qui l’organisent. Elle a entraîné, en fonctionnant seule, de profonds déséquilibres économiques [7]. A l’organisation sociale globale du plan doit être notamment ajoutée la maîtrise de l’organisation intérieure des entreprises et des administrations (le management des entreprises, le management des administrations), la maîtrise du rapport entre les entreprises et les consommateurs (le marketing), la maîtrise du rapport entre chaque entreprise et les autres entreprises ou les administrations, la maîtrise du rapport entre les administrations et leurs usagers. En France, les communistes insistent surtout sur la démocratie économique et l’intervention des travailleurs pour surmonter ces difficultés. Ils n’ont pas encore intégré la dimension technique managériale de cette exigence. Mais dans les années 1920, avec Lénine en Russie soviétique, ou dans les années 1980, dans la Chine populaire, les travailleurs salariés ont encore une très faible expérience de la vie économique concrète. C’est pourquoi le recours à l’initiative individuelle et s’il y a lieu, à l’organisation capitaliste, est apparu comme le meilleur moyen de surmonter et de prévenir, dans certains secteurs, les défaillances possibles de la planification socialiste. b) Le gouvernement de la Chine est-il en mesure d’assurer « le guidage socialiste » de l’évolution résultant de ce choix ? Le vrai problème auquel est confrontée la pensée socialiste dans un pays comme la Chine n’est donc pas celui de l’alternative entre socialisme et capitalisme, car le recours à l’initiative individuelle et capitaliste est nécessaire. C’est celui de la capacité de guidage par les institutions socialistes des entreprises capitalistes ou des entreprises individuelles. Pour surmonter l’état de misère qui prévalait encore en Chine dans les années 1970, le gouvernement socialiste a fait appel à tous les chats du pays, qu’ils soient blancs ou noirs, les invitant tous à attraper des souris. Le pari était que, une fois la richesse produite (les souris attrapées), avec des inégalités prévisibles (car le capitalisme et l’initiative individuelle engendrent nécessairement des inégalités de toutes sortes), il faudrait la redistribuer en partie (mise en place d’un État social), en orienter la façon de la produire (nouvelle législation), en réorienter les lieux de production (politique territoriale), en encadrer le déroulement régulier , au jour le jour, par une politique économique venant en complément de la planification centrale pluriannuelle, lui donner une assise nationale de moyen-long terme en développant, à partir du niveau central, les infrastructures nécessaires et, depuis une dizaine d’années, en ayant la préoccupation insistante du développement durable et du développement scientifique . Le 18ème Congrès a affirmé que ce pari serait tenu. Je le souhaite, même si je ne suis pas en mesure de savoir s’il sera tenu. Ce que je pense pouvoir dire est que : • 1) La Chine dispose d’un État socialiste . C’est celui qui met en place les infrastructures matérielles, juridiques et culturelles, qui prend en charge l’exigence du développement scientifique (et donc de la formation), l’exigence écologique, l’exigence du développement territorial équilibré, qui gère la monnaie nationale. • 2) Cet État socialiste n’est pas inséré dans la mondialisation capitaliste financière comme le sont les États des pays capitalistes, complètement dérégulés au plan économique, social et financier. Je pense que la maîtrise monétaire est et sera l’un des points clés du développement socialiste de la Chine, plus que la fortune de ses milliardaires, qui n’est qu’un épiphénomène spectaculaire. • 3) Parmi les aspects qui suggèrent la notion du « capitalisme en Chine », il faut distinguer l’initiative individuelle (par exemple les petits métiers de la rue, le travail des paysans) et les entreprises capitalistes proprement dites . Je renvoie sur ce point aux statistiques précédentes. Le capitalisme est le système qui non seulement stimule l’initiative individuelle mais suppose l’exploitation du travail à titre privé. L’entreprise individuelle est une affaire familiale. • 4) Parmi les entreprises, la question est posée de savoir si les entreprises d’État sont réellement des entreprises socialistes ou si elles ne sont que des entreprises capitalistes à visage socialiste. Il est clair que les plus importantes d’entre elles, objets d’un suivi régulier de la part des autorités centrales, fonctionnent comme « champions nationaux » et non comme entreprises multinationales capitalistes. De plus, la nature juridique des rapports structurant ces entreprises (propriété publique) permet une intervention plus directe de l’État socialiste que dans les entreprises capitalistes (leurs orientations générales, leur façon de respecter ou non la législation sociale, etc.). • 5) L’un des problèmes rencontrés par les dirigeants de ce pays est donc, d’une part, d’améliorer le fonctionnement de l’État socialiste et, d’autre part, de mettre en place un État social venant compléter efficacement l’action de l’État socialiste . L’État social est non seulement celui qui redistribue (fiscalité, accès aux consommations collectives essentielles de santé, de prévention sociale, d’enseignement). C’est également, me semble-t-il, dans l’état actuel de la Chine, celui qui contribue à la réalisation de l’équilibre économique conjoncturel (emploi et salaires, investissements, inflation, commerce extérieur), qui permet à chacun d’ accéder à la propriété du logement, qui élabore la législation nécessaire [8]. La lecture des différents documents publiés à l’issue du 18ème Congrès montre que les dirigeants de la Chine sont conscients de ces problèmes. La compréhension de la Chine contemporaine paraît, en tout cas, différente et plus complexe qu’une simple interrogation sur la nature capitaliste ou non de la Chine. Quel sera l’avenir ? Personne n’est en mesure de lire dans le marc de café. Aussi l’une des questions soulevées pour la Chine ne serait-elle pas celle de la démocratie dans ce pays ? J’en reporte l’examen au troisième sujet abordé dans ce texte. Pour l’instant, je souhaite poser la question suivante : « Qu’est-ce donc que le socialisme, en Chine ou ailleurs ? ». c) Qu’est-ce que le socialisme ? Le projet de base commune (direction du PCF) ne renseigne pas du tout sur le concept de socialisme. Ce concept a disparu, étant identifié, je crois, au « pouvoir de quelques-uns ». Ce projet préconise en effet « une révolution citoyenne, pacifique, démocratique, et non pas la prise de pouvoir d’une minorité » . Simultanément, comme je l’ai déjà indiqué, il n’est fait aucune mention de la Chine qui, elle, se déclare pays socialiste. Ces deux aspects sont, me semble-t-il, liés, ce que je vais essayer de montrer ci-dessous. Ce qui me conduira à une définition rapide du socialisme et à l’énoncé du besoin de ce concept dans un projet communiste. • 1) Quelques remarques : Je crois que le concept de socialisme est aujourd’hui, en France, traité de deux manières distinctes dans la pensée des communistes. Pour les uns (première manière), le concept de socialisme doit disparaître. Lénine avait introduit la distinction entre le socialisme, phase intermédiaire progressive, et le communisme, le débouché de cette phase intermédiaire. Mais les écrits de Marx suggèrent une approche inversée. Il y aurait le communisme, qui serait une phase de lutte permanente et de solution continue des contradictions de la société et le socialisme, qui serait, en même temps que le débouché du communisme, le début de l’histoire enfin libérée de l’humanité. L’échec du socialisme européen de type soviétique a remis cette phrase de Marx à l’ordre du jour. Il existe des versions savantes et des versions vulgaires de cette approche renouvelée. Parmi les dirigeants actuels du PCF, Marie-George Buffet s’est illustrée dans la version vulgaire. Je cite de mémoire son propos selon lequel le communisme, c’est être heureux, le communisme, c’est le bonheur. Elle avait prononcé ces paroles historiques à l’occasion de je ne sais plus quel banquet. Chacun sait que les banquets, surtout en phase terminale, fournissent l’occasion de grandes envolées oratoires. Et après tout, pourquoi pas ? Pourquoi le communisme ne serait-il pas le bonheur ? Cela dit, si l’on en reste à ce genre de platitude, si l’on ne nuance pas le propos, si l’on ne dit pas que c’est un résumé un peu abrégé, voici ce que, à mon avis, il exprime, même à la fin d’un banquet arrosé : « Le communisme n’est pas un état mystérieux de la société, c’est un état simple, que chacun peut comprendre, c’est le bonheur. Vous qui m’écoutez, qui êtes de simples gens, vous êtes en mesure de me comprendre. Comment y accéder ? En luttant au jour le jour, en résolvant les contradictions telles qu’elles se présentent. Cela dit, nous vivons dans un État démocratique. Or résoudre les contradictions dans un tel contexte suppose de voter. Le communisme, n’est pas d’abord un contenu, c’est une méthode, la méthode démocratique » . Tel est me semble-t-il, le cheminement intellectuel qui, du rejet du pouvoir minoritaire censé caractériser le socialisme, conduit à une sorte de démocratisme intégral et absolu, identifié à la lutte pour le communisme. Je crois que, pendant ce cheminement, les contradictions réelles s’évaporent au bénéfice de la solution supposée, le vote de type occidental. Et l’on aboutit au projet de base commune présenté par la direction du PCF. Il est clair que, dans ce contexte, les représentants du Parti Communiste Chinois, pour lesquels le vote démocratique n’est pas une préoccupation de premier plan, apparaissent, aux yeux des représentants du PCF, pour lesquels le vote démocratique devient l’alpha et l’oméga de la vie en société, comme étant d’horribles partenaires. Cette interprétation est paradoxale car, dans le cas de la Chine notamment, il conduit ces représentants à penser que la Chine ne serait pas révolutionnaire parce qu’elle est socialiste. Conclusion : on n’en parle pas. La Chine ne s’évapore pas, évidemment, mais elle est évaporée. Pschitt !!! • 2) Une définition rapide du socialisme : J’appartiens à la catégorie des communistes de la deuxième manière, celles et ceux pour lesquels le concept de socialisme a un sens et doit être conservé. Je ne suis pas un fétichiste des mots. J’estime cependant que le terme de socialisme convient dans la mesure où il est lié au concept de socialisation [9]. Le socialisme serait cette phase de l’histoire des sociétés au cours de laquelle serait opérée et achevée la socialisation du développement engagé par le capitalisme . Il existe différentes versions de cette deuxième manière. Certains estiment par exemple, que le concept de « mode de production socialiste » est théoriquement justifié. Personnellement, je défends l’idée selon laquelle il existe diverses formes et modalités du socialisme, en fonction des formations sociales [10] dans lesquelles il est susceptible de prendre racine [11]. Pour cette raison théorique, le concept de « mode de production socialiste » me paraît une contrainte plus qu’un outil. Je crains que le concept de mode de production socialiste ne véhicule l’idée d’un modèle du socialisme. Cela dit, on peut retenir de ce concept, même si on en rejette l’emploi, que le socialisme suppose l’achèvement d’un certain nombre d’exigences générales. Par exemple, on ne peut se satisfaire du discours idéologique, que l’on rencontre chez certains communistes, selon lequel aujourd’hui on ne devrait plus parler de propriété mais s’intéresser seulement au pouvoir. Il faut observer le pouvoir, évidemment, et tout particulièrement le pouvoir économique. C’est l’un des points sur lesquels l’économiste français François Perroux a beaucoup insisté, selon moi à juste titre. Mais il n’y a pas de socialisme sans socialisation du pouvoir, sans socialisation intégrale et menée jusqu’à son origine, c’est-à-dire la propriété privée et/ou privative des grands moyens de production, de commercialisation, de transport et de financement . Le socialisme est, selon moi, dans le contexte ou sur le fondement du capitalisme, le système structurel où la sphère politique (qui représente la société ) tend à devenir dominante de la sphère économique. Avec le capitalisme, l’économique s’était développée de manière indépendante de la sphère politique jusqu’à la dominer. Avec le socialisme, la sphère politique reprend le dessus. Elle poursuit, prolonge, achève, complète, redresse la socialisation hypertrophiée, exacerbée, déséquilibrée, génératrice d’injustices et de misères, engagée par le capitalisme. L’histoire de la Chine illustre cette définition. Aux 19ème et 20ème siècles, les puissances capitalistes, Japon inclus, ont cherché à faire de la Chine un nouveau terrain de chasse économique, par exemple en obligeant les habitants de ce pays à acheter et consommer de l’opium. Le succès de la lutte pour le socialisme a redonné aux Chinois la maîtrise de la sphère politique de leur pays (1949, indépendance nationale, fondation de la RPC). Du coup, les communistes chinois ont fait « rentrer l’économique dans le rang ». Il en de même aujourd’hui, toutes proportions gardées, dans un pays comme la France. Le capital monopoliste financier mondialisé a extériorisé l’économique en dehors des frontières nationales [12]. La lutte pour le socialisme consiste notamment à redonner à la nation, territoire d’exercice de la sphère politique, la maîtrise de la sphère économique extériorisée. Les rapports entre sphères économique et politique différent d’un pays à l’autre, d’une société à l’autre. Les niveaux de développement économique n’y sont pas les mêmes. La sphère culturelle détient ici des traits importants que l’on ne retrouve pas là. La sociologie peut être distincte (par exemple en Chine, au début du 20ème siècle, peu d’ouvriers et très grosse population paysanne). En bref, il faut observer les sociétés dans leurs ressemblances, mais aussi et peut-être surtout dans leurs différences. L’expression de « socialisme aux caractéristiques chinoises » est tout à fait appropriée, comme le sera peut-être l’expression de « socialisme aux caractéristiques françaises » ou de « socialisme aux caractéristiques sénégalaises » ou de « socialisme aux caractéristiques algériennes » ou de « socialisme aux caractéristiques marocaines, tunisiennes », que sais-je ? Le paradoxe de la Chine est que les révolutionnaires chinois, pour socialiser leurs options politiques, c’est-à-dire asseoir, insérer, diffuser en profondeur dans la société l’idée du socialisme (car le socialisme ne peut pas être au 20ème siècle, un socialisme de pénurie où l’on ne mangerait que des cailloux), ont eu besoin de recourir, de manière intensive et après bien des hésitations, à l’initiative individuelle et au capitalisme. Cela, ils l’ont effectué avec les outils mentaux à leur disposition, avec l’héritage de leur État et de leur organisation sociale, avec l’héritage de leur culture. Mais pour ce qui concerne la France, pays industriellement et intellectuellement développé, quelles sont les exigences de socialisation que le socialisme pourrait et devrait accomplir ? A mon avis, il y en aurait deux de première importance. La première consisterait à socialiser les entreprises de production matérielle et les fonctions qui ont été extériorisées du territoire national, par conséquent à exproprier les capitalistes décideurs et acteurs de ces activités, et à redonner à ces dernières la finalité de servir le travail et la consommation dans la nation. La deuxième consisterait à socialiser les activités de production non matérielle , celle de la production scientifique et du financement en premier lieu, mais aussi celles de la santé, de l’enseignement, de l’administration, de la police, de la justice, du transport, de la planification, du management, tous ces services collectifs qui peuplent désormais le paysage des sociétés modernes complexes. Marx appelait les ouvriers à conquérir la maîtrise de la production matérielle. Les communistes aujourd’hui peuvent à bon droit appeler l’ensemble des salariés, ouvriers inclus, à conquérir la production matérielle et la production non matérielle. Marx a appelé le Travail à conquérir le Capital. A la suite de Marx et d’Engels, nous devrions appeler aujourd’hui les travailleurs à conquérir le Travail, le Capital et l’Organisation. Envisager le socialisme en France, c’est considérer que la société française ne sautera pas à pieds joints du capitalisme au communisme, comme certains le croient. Il y a encore un travail d’apprentissage à réaliser, celui des relations nouvelles. Les classes révolutionnaires nouvelles, prenant appui sur l’expérience acquise par la classe ouvrière, doivent s’approprier la connaissance de la relation sociale avec l’aide (en raison de l’expérience acquise) de la classe ouvrière. Cette dernière doit, simultanément s’approprier la pratique complète de la production matérielle tout en apprenant mieux, auprès des nouvelles classes, les bénéfices apportés par la maîtrise de la relation sociale. Il existera donc une phase de transition, peut-être longue (une centaine d’années), dans laquelle coexisteront l’ancien et le nouveau. Le socialisme est une phase de transition qui ne débutera pas par la mort du capitalisme en général mais devra commencer par la fin de sa domination . En outre, le capitalisme est un système complexe, formé de plusieurs éléments. Le socialisme doit être cette phase de transition au cours de laquelle sera réalisée la fin de sa modalité centrale actuelle, celle du capitalisme monopoliste financier mondialisé , en même que s’effectuera l’apprentissage de relations nouvelles entre les pays vivant dans un même monde. En raison de son caractère composite, se posera en France comme en Chine, bien qu’en des termes différents, la question du guidage dans chaque pays de cette phase transitoire. Les dirigeants actuels du PCF ne se la posent pas, étant partisans d’un démocratisme intégral et absolu. J’ai, pour ma part, avancé le concept de « gouvernement des salariés » pour contribuer à cerner globalement et selon moi de façon communiste cette exigence de guidage [13], qui correspond à ce que les classiques du marxisme ont appelé « la dictature du prolétariat ». La signification du concept que j’avance est simple. Il s’agit, tout en étendant le champ d’application de l’élection et de ses effets, de faire en sorte qu’une fois élus, les représentants des salariés ne s’approprient pas, comme c’est le cas aujourd’hui avec les dirigeants socialistes, le droit de décider à la place de leurs électeurs. Ce qui suppose en premier lieu (c’est une condition nécessaire mais non suffisante) de respecter scrupuleusement les engagements pris. En outre, le gouvernement des salariés doit être « un gouvernement général des salariés » , dans les entreprises, les administrations et les instances classiques de décision. Cela ne signifie pas que les problèmes seront résolus sans contradictions et sans tâtonnements.
Edité le 22-12-2012 à 22:34:22 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 22-12-2012 à 20:49:09
| (suite et fin) Troisième Sujet : La Chine et la démocratie de type occidental Pour les dirigeants du PCF, leur projet révolutionnaire s’est transformé en une recherche de démocratisme intégral . Ce qui signifie que, pour eux, un projet révolutionnaire repose nécessairement sur une pratique élective soutenue. C’est en même temps un mouvement de démocratisme absolu , dans la mesure où il ne semble plus indispensable à ces dirigeants d’examiner de très près les éléments sur lesquels doit porter la révolution. Par exemple, pouvoir, propriété, c’est pour eux du pareil au même. Un autre exemple : je leur reproche, avec d’autres, d’avoir remplacé le structurel et le social par du sociétal. A ce reproche, ils peuvent rétorquer en eux-mêmes que, de toute façon, la démocratie tranchera. Leur démocratisme est, selon moi, à la fois intégral et absolu . Ce que résume l’expression « La VIème République, vite ! vite ! ». Pour les Chinois, ce type de propos, me semble-t-il, « c’est du chinois ». A mon avis, cette critique n’est pour eux, guère compréhensible. Je vais essayer d’indiquer les raisons pour lesquelles, selon moi, les dirigeants communistes chinois accordent moins d’attention que nous à la démocratie de type occidental [14]. 1) La différence des cultures existe. Elle est faite de différences de religions, de luttes sociales, d’histoires. Elle présente une grande inertie. Si les sociétés ne faisaient que « combiner » du capital et du travail, les choses seraient simples. On peut imaginer que produire de l’aspirine est une opération identique, qu’elle se déroule à Shanghaï, au Caire ou à Hambourg. Mais il est clair que, pour comprendre la production d’aspirine et la mener à bien quel que soit le lieu, il faut faire intervenir le facteur organisation et plus particulièrement sa dimension culturelle. La production n’est pas uniquement technique. Elle fait intervenir l’outillage mental des producteurs. Ce que l’on observe pour la production est à fortiori vrai pour la gestion de la société. Il existe un grand nombre de définitions de la culture. Le fait que je ne sois pas anthropologue me permet d’aller vite et de dire que la culture est l’ensemble des représentations, des outils mentaux, des modes d’emploi, des préceptes de conduite, des valeurs, que nous mettons en œuvre dans toute activité sociale. Dans cet ensemble, les représentations religieuses jouent un rôle structurant. En effet, les religions ont trait à ce qui est censé se trouver « au-dessus de nous » et elles sont le véhicule généralisé des notions de bien et de mal. Elles jouent (théoriquement) un rôle déterminant « si l’on est croyant », mais comme elles imprègnent en profondeur l’ensemble des représentations, leur rôle est déterminant même « si l’on n’est pas croyant ». Ce que je voudrais indiquer avec ce propos est que la différence des comportements politiques entre les communistes chinois et les communistes français peut venir des différences culturelles, et donc principalement des différences religieuses, recouvrant nos territoires respectifs. a) Démocratisme intégral et monothéisme Les religions sont apparues dans le monde à une époque récente (quelques millénaires). Elles se sont épanouies dans leur forme moderne avec les Empires. Il existait des petits dieux un peu partout. Les empires ont concentré les dieux locaux pour aboutir à un seul Dieu, avec un D majuscule. L’un des aboutissements de ce processus de concentration a été le monothéisme, dont on trouve plusieurs modalités dans l’univers méditerranéen, en particulier juif, chrétien, mahométan. Je ne cherche à faire ici l’histoire des religions dans le monde ou même dans le bassin méditerranéen. Je crois cependant pouvoir dire que le monothéisme, par exemple de type chrétien catholique, est tout à fait en accord avec notre idéologie politique. D’un côté existent des hommes, supposés être des créatures de Dieu et donc dialoguant avec Dieu, lui parlant de manière directe. C’est, selon moi, l’un des fondements du démocratisme contemporain. D’un autre côté, existe l’Église, qui a maintenu un certain pouvoir tout en coordonnant et contrôlant les représentations. Le résultat de cette histoire est que l’homme occidental, en tant qu’individu, est face à la société. Ce monothéisme a engendré, en même temps que se déroulaient tout un ensemble de luttes politiques dans un contexte économique donné, trois représentations de base : celle de l’individu (la personne, dont la forme moderne évoluée est le citoyen ), celle de la société , celle de l’État compensateur des problèmes que la société ne règle pas spontanément, et qui est le prolongement de l’Église. Ma conclusion est que quand des dirigeants communistes du PCF croient énoncer une vérité universelle en reprochant aux communistes chinois de ne pas pratiquer la démocratie occidentale, ils leur reprochent en fait de ne pas être chrétiens à la mode française et de ne pas avoir eu la même histoire que la France. En raison de son rattachement au monothéisme, la pensée française est marquée par l’illusion de l’universalisme . Comme par ailleurs le monothéisme chrétien a servi de sous-bassement à la représentation démocratique, il vient que les dirigeants communistes français expriment, à l’égard de leurs homologues chinois, l’illusion que le démocratisme intégral et absolu est universel. b) Religion et culture de la Chine Souvent, on entend dire que « les chinois n’ont pas de religion ». Ce propos est inexact. Mais il est clair qu’ils n’ont pas connu la même religion que nous, occidentaux. Il est clair que leur histoire s’est déroulée dans un autre contexte que le nôtre, et que les luttes sociales n’y ont pas connu la même configuration. Les chinois ont connu « la forme empire » et l’on y observe les mêmes phénomènes de concentration des dieux locaux qu’en Occident. Mais le résultat final n’a pas été le monothéisme occidental. D’un côté on y observe que l’empereur est « le fils du Ciel » . Il est en rapport avec un « lieu » assez vague dans son contenu, qui est « le Ciel » (Tian). D’un autre côté, on y observe des pouvoirs locaux, des familles, dans lesquels se déroulent des rites particuliers. Au lieu d’avoir un monothéisme « pur et parfait » comme diraient les théoriciens néo-classiques, la Chine offre l’image d’une religion duale, avec d’un côté l’empereur fils du Ciel et de l’autre les religions locales dont les familles ont la responsabilité. D’une part, il n’existe pas de Dieu central bien défini, mais il existe quand même un Centre divin. L’Empereur a pour mission de dialoguer avec les puissances habitant dans ce lieu au contenu très vague qu’est « le Tian ». D’autre part, existent les familles, qui sont des lieux de communication avec les ancêtres. Cette structure mentale duale n’est pas sans rappeler ce que Marx avait commencé d’étudier sous le nom de « mode de production asiatique », avec d’un côté, une autorité centrale extrêmement puissante, prélevant un tribut sur les composantes de la société, et d’un autre côté, des villages, à la porte desquels s’arrêtait la puissance politique de l’Empereur. De cela résulte notamment plusieurs conséquences : • 1) Chaque Chinois considéré individuellement n’entretient aucun rapport avec le Dieu central des monothéistes. Et pour cause puisque cette fonction de communication est dévolue à l’Empereur et que les puissances avec lesquelles l’Empereur communique ne sont pas telles que chaque Chinois puisse y accéder simplement. Un Chinois n’est donc pas une personne, au sens occidental du terme. • 2) Il vient de cela que les Chinois en général ne sont pas en rapport direct avec « la société ». Car ce que nous appelons « la société » est la suite historico-logique du monothéisme . Les Chinois sont en rapport direct avec « les autres », ces autres étant les membres de sa famille. • 3) Une autre conséquence de ce qui précède est que les chinois « ne font pas de politique ». La politique est l’affaire de l’Empereur. On peut dire qu’elle est aujourd’hui l’affaire du Parti, que dis-je, de sa direction au sommet. • 4) Ce qui était autrefois « le Tian » est aujourd’hui « l’économie ». Jadis, l’Empereur était en charge des relations avec le Ciel pour le bon déroulement du climat, des inondations, des séismes, et par conséquent des récoltes. Je pense que « le Tian d’aujourd’hui », c’est l’économie, l’emploi, les revenus. Autrefois, quand il y avait des sécheresses, des inondations, etc. et que cela durait trop longtemps, les paysans se révoltaient et parfois renversaient l’empereur. Ce dernier était supposé ne pas avoir respecté les règles. Il avait eu une mauvaise conduite à l’égard du « Tian ». L’image du Chinois pacifique quoiqu’il arrive est une image. L’histoire de la Chine a souvent été une histoire violente. On peut penser qu’aujourd’hui, cette idéologie issue des siècles passés, subsiste avec la différence que le Tian a été remplacé par l’économie. S’il y a une crise, c’est peut-être que « l’Empereur moderne », pense-t-on dans la masse, n’a pas respecté « les règles ». En particulier, lui et son entourage ont été corrompus, ou trop corrompus. Il est intéressant d’observer que la lutte contre la corruption est l’objet d’une grande attention de la part des dirigeants chinois. La réalité de la Chine moderne est celle d’un profond apolitisme que l’introduction de la démocratie occidentale ne changerait certainement pas . Car les chinois, dans leur masse, s’estiment incompétents. Seuls l’empereur et ses lettrés sont compétents. En revanche, dans leur masse, les chinois disposent d’un secours, celui de la famille. La famille continue de fournir le secours dont ont besoin ses membres, comme elle le peut et quand elle le peut. Car l’efficacité du système se détériore avec la vie moderne. Pour l’instant, ce qui est important, pour un Chinois lambda, ce n’est pas la démocratie, mais la possibilité d’avoir « des relations », en premier lieu des relations familiales, que ce soit pour trouver un emploi, pour avoir un secours en cas de maladie ou de chômage. C’est pourquoi, à mon avis, la politique agricole est primordiale pour les dirigeants de la Chine, non seulement pour satisfaire les revendications des paysans en matière de revenu, mais pour servir de « sécurité sociale » à leurs enfants partis travailler à la ville. Évidemment, cette sécurité sociale traditionnelle n’est pas sans contrepartie. Elle contraint les individus. Elle entraîne des obligations, parfois énormes. Car la famille, doit trouver des financements. Ce que nous appelons « la corruption » est au bout de cette logique. Les dirigeants politiques luttent ostensiblement et réellement contre la corruption, parce que, s’ils ne le font pas, reproche leur sera fait d’être la cause des déséquilibres de l’économie. Mais en même temps, la corruption « à la base » apparaît comme un besoin pour faire face, au niveau familial, aux déséquilibres de l’économie. Au total, sur ce point, les dirigeants communistes français sont, à mon avis, dans la confusion la plus totale. Jusqu’à présent, ils (elles) n’ont pas compris, ni l’essence anthropologique profonde de leurs vis-à-vis chinois, ni leur propre essence. L’ignorance, disait notre arrière-grand-père spirituel (Spinoza) n’est pas un argument. Elle n’est pas, non plus, une fatalité. Les dirigeants communistes français sont devenus « des dogmatiques professionnels ». Comme leurs préoccupations relatives au socialisme et au communisme sont devenues évanescentes, ils tendent à privilégier la méthode, ce que j’ai appelé « le démocratisme intégral et absolu ». Mais ils le font « bestialement ». Les dirigeants communistes chinois, qui eux, sont concerné par le socialisme, et plus particulièrement par un certain contenu du socialisme, s’attachent d’abord au contenu avant de s’intéresser à la méthode. Les Chinois sont d’abord des empiristes avant d’être des théoriciens. Pour eux, le démocratisme des dirigeants communistes français doit leur sembler étrange, inapproprié, d’une part pour les raisons culturelles que j’ai indiquées, et d’autre part, pour des raisons de fait. En outre, ce qu’ils font, ça marche. Alors pourquoi leur casser les pieds avec ce démocratisme ? c) Démocratisme et guidage du socialisme Le message du démocratisme intégral et absolu n’est pas audible parce que « ça marche ». Ce qui est vraiment intéressant est que nous, communistes français, bien que « ça marche », nous n’en parlions pas. Quand nous en parlons, c’est du bout des lèvres parce que ce succès serait le résultat de l’exploitation. Je trouve qu’un tel comportement est déplacé. Mais passons, et essayons de dépasser en pensée le simple fait que « ça marche ». Essayons de comprendre la dynamique qui se trouve derrière ce succès. Et en effet, derrière la préoccupation des dirigeants du PCF, on pourrait trouver l’idée suivante : « Nous comprenons votre point de vue. Votre socialisme fonctionne. Mais nous sommes préoccupés par le problème du "guidage" de votre système. Selon nous, dirigeants du PCF, le seul guidage possible est le "guidage démocratique à l’aide d’élections et de votes des citoyens" ». Je dois dire que si « les choses » étaient formulées ainsi, la discussion serait à peu près correcte, à condition, cela va de soi, de ne pas faire l’impasse sur la politique étrangère du PCC, laquelle est selon moi, primordiale, et à condition de ne pas donner de leçons aux dirigeants communistes chinois. Cela étant dit, les dirigeants du PCC pourraient faire au moins 4 remarques aux dirigeants français : • 1) La démocratie occidentale est vraiment loin de la perfection que vous lui reconnaissez. • 2) Vous avez du mal, techniquement, à gérer la démocratie élective avec vos 30 millions d’électeurs. Imaginez ce que cela pourrait être avec notre milliard. • 3) La démocratie occidentale n’est pas, pour nous chinois, une valeur culturelle. Nous développons la démocratie aux niveaux que nous connaissons. • 4) Notre système marche. Nous avons eu une croissance exceptionnelle pendant plus de 10 ans et ce n’est pas terminé. Je pense qu’une telle réponse serait justifiée. Je n’analyse pas la démocratie chinoise comme un « autoritarisme relâché », à la mode de Domenach. Je dirais plutôt que c’est, actuellement, « une démocratie de lettrés » . Telle est l’expression que j’ai proposée dans mon livre sur La Chine, la France, la France, la Chine pour décrire le système démocratique chinois [15]. Maintenant, pour en percevoir la dynamique et les faiblesses éventuelles, il me semble qu’il faut distinguer deux niveaux : a) le niveau des relations extérieures Je crois que, à ce niveau, pour différentes raisons, « la démocratie des lettrés » peut être efficace et obtenir des succès. L’une des raisons de son succès serait que « les affaires étrangères » relèvent d’objectifs simples et de contradictions simples. L’objectif est celui de la défense des intérêts nationaux de toutes sortes. La contradiction est « entre eux et nous ». Dans le contexte d’une stratégie pacifique, la décision peut être prise par un groupe restreint. Je ne dis pas qu’elle doit l’être, mais elle peut, et cela en obtenant des succès, en raison de la structure simple des contradictions. b) Le niveau des relations intérieures Je crois que, à ce niveau, la démocratie des lettrés rencontre sans doute déjà plus de difficultés à fonctionner de manière efficace. En effet, les contradictions sont plus nombreuses et forment un système complexe que le cerveau collectif d’un groupe humain fut-il nombreux (mettons un millier de personnes), ne peut pas maîtriser. Lorsque le développement intérieur était en phase directe avec le développement extérieur, la démocratie des lettrés, efficace pour les relations extérieures, était également efficace pour les relations intérieures. Lorsque le développement intérieur révèle ses propres contradictions, avec des caractéristiques régionales, de classes, de niveau de vie, de salaires, de qualification, l’ensemble des contradictions est trop complexe pour être résolu de manière satisfaisante par un petit groupe. On peut analyser les choses comme je le fais et certainement aussi de manière différente. A supposer que j’aie raison, rien n’autorise les dirigeants du PCF à donner des leçons à qui que ce soit. Cela dit, je doute, pour ma part, que la solution soit trouvée dans la démocratie élective de type occidental. Je crois que les solutions se mettront en place à partir de ce qui existe et dans la mesure où elles correspondront à une exigence populaire. Or une telle exigence ne se manifestera qu’à partir du moment où le système de la relation personnelle (guanxi) sera entré en crise. Dès lors que les chinois s’apercevront qu’ils ne peuvent pas résoudre leurs problèmes en tripatouillant ici et là à leur propre niveau, le niveau central des solutions devra être exploré. Sous cette hypothèse, deux voies pourraient être suivies par la société chinoise, deux voies qui font partie de l’existant : 1- la voie des associations et du droit. 2- la voie de l’extension du nombre des lettrés faisant partie de « la démocratie des lettrés ». Pour ce qui concerne la première voie, son lieu d’application me paraît être d’abord les syndicats de travailleurs. Plus les problèmes seront complexes et plus la société chinoise aura besoin de syndicats authentiques. Pour ce qui concerne la seconde voie, le nombre et la qualité des membres compétents du PCC devant être consultés, devra être accru. La Chine est peuplée de gens de toutes compétences, assurant des responsabilités dans leur milieu professionnel. Mais ces gens, qui peuvent être de vulgaires lèche-culs, peuvent aussi être intelligents et dévoués. Comment faire, pour élargir la consultation au sein du PCC, comment accroître le nombre de gens intelligents et dévoués que l’on y rencontre et comment réduire la proportion des « lèche-culs » sans consistance, telles sont les questions auxquelles, selon moi, les dirigeants communistes devront répondre de manière proche. Telles sont selon moi, les tâches que devra résoudre la direction du PCC dans les prochaines années pour mieux assurer le guidage socialiste de son processus de développement sous tous ses angles [16]. Ce n’est pas le démocratisme intégral et absolu qui fera progresser quoique ce soit, mais ce sera, me semble-t-il, 1) la crise de l’ancien (la crise du système de guanxi), 2) l’extension de l’existant (élargissement et amélioration du système d’information et d’initiative interne au PCC), 3) la reformulation de l’existant (la fonction des associations, le rôle des associations syndicales). ____________________ [1] Sa superficie est égale à celle des États-Unis et sa population est égale aujourd’hui à 20% (le cinquième) de la population mondiale. [2] Fort heureusement, les relations entre le PCC et le PCF ont été rétablies. Une délégation du PCF s’est rendue à Beijing pendant l’été 2012 et a rencontré des représentants qualifiés du PCC. [3] Je renvoie à cette partie de la résolution finale adoptée à l’issue du 18ème Congrès : « Le Congrès a souligné que la Chine continuera à porter haut la bannière de la paix, du développement, de la coopération et des bénéfices mutuels, à poursuivre fermement une politique étrangère indépendante de paix, à rester indéfectiblement dans la voie du développement pacifique et à adopter résolument une stratégie de gagnant-gagnant et d’ouverture vers le haut » . Les termes importants de cette citation sont ceux, notamment, de « bénéfice mutuels » . Ils signifient que le gouvernement chinois est à priori ouvert à la négociation. Comme les entreprises chinoises éventuellement concernées ne sont pas politiquement indépendantes du gouvernement chinois, quand bien même elles le seraient au plan financier, il s’en suit que tout problème économique rencontré par les travailleurs français en raison de l’intervention d’une entreprise chinoise en France peut être l’objet d’une négociation politique. [4] Pour diverses raisons (centrage sur la révolution numérique et informationnelle, idéologie) le projet de la base commune élaboré par la direction du PCF est un projet mondialiste. [5] Dans mon livre sur « La Chine, la France, la France, la Chine » , Fondation Gabriel Péri, mars 2012, chapitre 5, j’ai cité deux villages. Chacun d’eux est doté d’une entreprise fonctionnant avec des salariés, mais sur la base de rapports de production et de consommation qui ne sont pas exactement ceux de l’entreprise capitaliste typique. Dans ces campagnes, on va trouver de tout et principalement un « capitalisme » administratif et/ou familial de petites entreprises. Ces entreprises, développées à partir de 1984, ont absorbé une partie du surplus de main-d’œuvre existant à la campagne. Une autre partie s’est expatriée vers les villes, où l’on trouve de l’emploi, notamment dans le bâtiment, la construction, l’industrie manufacturière travaillant pour le marché intérieur ou l’exportation. Cette deuxième fraction peut se replier vers la campagne en cas de chômage. La situation économique des paysans restés sur place est, aujourd’hui, la véritable assurance-chômage de ces ouvriers migrants. Mais ce repli éventuel, s’il a lieu, ne peut être que temporaire dans la mesure où ce sont les déplacements de main-d’œuvre, de la campagne vers la ville, qui ont permis l’accroissement de la productivité agricole. [6] Cette voie, qui n’avait pas de fondement théorique précis, Bo Xilai préférant, semble-t-il, la parole à l’écriture, s’est déroulée et momentanément achevée comme un roman feuilleton. On peut espérer que Qiu Xiaolong, le célèbre et talentueux auteur sino-américain de romans polars, nous donne une version pas trop imaginaire de cet épisode de la vie politique chinoise. [7] La théorie économique du déséquilibre, élaborée au cours des années 1970-1980, est d’ailleurs l’une des façons d’interpréter ces défaillances. [8] A noter la promulgation, en juin 2007, d’une importante loi sur le contrat de travail, début d’application en 2008. La Chine n’est pas un pays de tradition juridique, sauf dans le domaine du droit criminel. [9] J’ai discuté du concept de socialisation dans mes deux dernières notes publiées par la Fondation Gabriel Péri. [10] Sur le concept de formation sociale, je renvoie au chapitre VI du livre de Quynh Delaunay et Jean-Claude Delaunay, Lire le capitalisme contemporain, essai sur la société du 21ème siècle , Le Temps des cerises, 2007. [11] Le concept de « formation sociale » est le moyen théorique de rendre compte de la nécessité du socialisme dans la diversité de ses possibles. [12] L’extériorisation de l’économique par rapport au politique n’est pas de nature principalement territoriale, comme le suggère l’exemple actuel de la mondialisation capitaliste. Je veux dire par là que, même dans le cadre national classique, l’extériorisation de l’économique par rapport au politique signifiait que, quand « on prenait des décisions économiques, on ne faisait pas de politique ». Aujourd’hui, avec la mondialisation capitaliste, c’est encore plus vrai. L’extériorisation territoriale s’ajoute à l’extériorisation structurelle. [13] Cf. Jean-Claude Delaunay, La Chine, la France, la France, la Chine, Note de la Fondation Gabriel Péri, Chapitre 8, Mars 2012. [14] Pour développer cette argumentation, je prends appui sur un certain nombre de textes et notamment ceux mis en lecture par Quynh Delaunay sur le site Réveil Communiste, "Face à la modernité, les civilisations diffèrent et ne se valent pas", 01/06/2012. [15] Pour ce qui concerne le 18ème Congrès du PCC, Danièle Bleitrach indique que, selon elle, la démocratie du PCC au sommet a bien fonctionné. [16] Le PCC expérimente quelques innovations démocratiques en matière de choix des candidats dans certains districts de campagne. Hong Kong soulève aussi quelques problèmes. Cela dit, j’évite de mentionner Internet et les téléphones portables parmi les facteurs de la solution. Ce ne sont que des facteurs techniques. Contrairement à ce qu’affirme la base commune de la direction du PCF, les techniques informatiques ne changent pas les mentalités. Je laisse ce genre de conception technicienne « aux purs et durs de la révolution informationnelle ». S’il tend à se former en Chine une opinion publique mettant en rapport des individus, ce n’est pas à cause des téléphones mobiles et des ordinateurs, c’est à cause du capitalisme et de la responsabilité individuelle que ce système suppose et développe. C’est le paradoxe du capitalisme en Chine que ce système entraîne non seulement une production plus grande de richesses matérielles de bonne qualité mais qu’il bouleverse les mentalités traditionnelles.
Edité le 22-12-2012 à 22:34:57 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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