| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18563 messages postés |
| Posté le 18-10-2013 à 23:39:25
| Cet extrait de "Le feu sous la cendre - Enquête sur les silences obtenus par l'enseignement et la psychiatrie" de Michel J. Cuny et Françoise Petitdemange - rappelle quelques notions fondamentales sur la production de la plus-value à travers les diverses formes du capital : industriel, commercial, financier, et aussi sous la forme des impôts.
_____________________ Le capital directement productif De façon générale, on dira que tout capital est productif, pour son détenteur, en ce qu'il permet à celui-ci de s'approprier le surtravail d'autrui. La productivité du capital n'est donc que la contrepartie de l'exploitation du travail salarié. Cela signifie-t-il que tout travail salarié est productif ? Il faut revenir ici à la définition donnée par Karl Marx : "Le travail productif au sens de la production capitaliste, c'est le travail salarié qui, en échange de la partie variable du capital (de la partie du capital déboursée en salaire), non seulement reproduit cette partie du capital (ou la valeur de sa propre puissance de travail), mais produit en outre de la plus-value pour le capitaliste. [...] Par exemple, si une journée de travail était simplement suffisante pour conserver la vie de l'ouvrier, c'est-à-dire pour reproduire sa puissance de travail, le travail serait productif, au sens absolu, parce qu'il serait reproductif, c'est-à-dire qu'il remplacerait sans cesse les valeurs qu'il aurait consommées (égales à la valeur de sa propre puissance de travail). Mais il ne serait pas productif au sens capitaliste, parce qu'il ne produirait pas de plus value." (1) En système capitaliste, sans production de plus-value, pas de travail productif. Il faut alors voir où s'effectue la production de plus-value. Bénéfice industriel, intérêts bancaires, bénéfice commercial Soit un entrepreneur qui emprunte auprès d'un banquier un capital-argent A qu'il s'engage à rendre augmenté des intérêts i à une époque déterminée. Grâce à ce capital-argent, il peut se porter acquéreur de moyens de production et employer un certain nombre de salariés. Ce faisant, il aura échangé A contre un certain quantum de marchandises M : outils, matières premières et moyens de subsistance correspondant aux salaires. La production achevée, l'entrepreneur se trouve en possession d'une marchandise M' dont la valeur rassemble celle de M augmentée de la plus-value pl fournie par les ouvriers à l'occasion de leur surtravail. Il remet alors cette marchandise M' à un commerçant qui se charge de la vendre, c'est-à-dire d'en réaliser la valeur sous la forme argent. Dans les conditions normales du marché, l'argent recueilli A' correspondra à la valeur de la marchandise M' . Toute peine méritant salaire, le commerçant va réclamer une partie de A' . La somme qui reviendra à l'entrepreneur sera donc A' diminuée du bénéfice commercial b . À ce moment arrive l'échéance de l'accord passé avec le banquier. À celui-ci, l'entrepreneur doit remettre la somme empruntée au départ, augmentée des intérêts : A + i . Il lui restera alors un bénéfice industriel qui est égal à la plus-value pl (A' – A) diminuée des intérêts i et du bénéfice commercial b . Au total, on voit que c'est le surtravail des ouvriers qui est à l'origine aussi bien du bénéfice industriel, que du bénéfice commercial, que des intérêts bancaires. Employés de banque et employés du commerce Comment devient-on banquier ? En travaillant avec l'argent des autres, reçu en dépôt (contre versement d'une rente ou pas). Cet argent est centralisé à travers un réseau de guichets. Le banquier doit donc, de son côté, rémunérer des employés. Pour cela, il utilise une partie de son bénéfice constitué par les intérêts i. Pas plus que l'entrepreneur, il n'est obligé de rémunérer la totalité du temps de travail effectué. Ici encore, la distinction travail nécessaire – surtravail reste valable. La situation des employés de banque est donc paradoxale : ils peuvent être exploités tout autant, ou presque, que les ouvriers, mais leur rémunération est tirée de la plus-value extorquée aux ouvriers. On peut même ajouter que plus cette plus-value sera importante, plus les bénéfices bancaires pourront être élevés, et plus la condition des employés pourra être améliorée s'ils savent s'organiser et faire pression. Pour ce qui concerne le commerce, le raisonnement est le même. Là encore, on se trouve en présence d'employés qui, même s'ils sont exploités, ne produisent pas de plus-value et sont rémunérés grâce au surtravail extorqué aux ouvriers. Mais s'ils ne produisent pas de plus-value, ils aident à l'économiser. En cela encore, employés de commerce et employés de banque se rejoignent : la part de plus-value qui rétribue l'entreprise commerciale et l'entreprise bancaire correspond à un certain travail à effectuer. Que celui-ci soit effectué par des employés dont le salaire ne couvre qu'une partie du temps de travail, c'est toujours autant qui pourra revenir aux patrons du commerce et de la banque. L'exploitation du travail des employés trouve donc sa raison d'être dans l'effort fait par leurs patrons respectifs pour économiser sur la part de plus-value qui leur revient. Agent des services publics, impôts et plus-value Une troisième catégorie d'employés est constituée par ceux de la fonction publique. Leur rémunération est prélevée sur les impôts perçus par l'État. Si l'on réserve le cas des impôts payés par les ouvriers, on s'aperçoit que les impôts directs – c'est-à-dire ceux qui sont relatifs aux revenus des employés et des patrons et ceux qui sont relatifs aux bénéfices des sociétés industrielles, commerciales et bancaires – ne peuvent venir qu'en déduction sur la plus-value constituant ces revenus et ces bénéfices. Quant aux impôts indirects – c'est-à-dire ceux qui atteignent les marchandises -, si on les considère comme étant à la charge du consommateur, ils viennent alors en déduction sur le revenu et l'on se trouve ramené au cas précédent ; si on les considère comme prélevés sur le prix de vente, ils seront comme un intérêt supplémentaire venant en déduction sur la plus-value réalisée, comme on l'a vu plus haut, à l'occasion de la vente. Tous ces impôts sont donc de la plus-value. En ce qui concerne les impôts payés par les ouvriers, qu'ils soient versés au titre de l'impôt sur le revenu ou à l'occasion d'achats de marchandises, ils viennent en déduction sur le salaire : ils s'assimilent donc à une baisse du salaire, c'est-à-dire à une hausse de la plus-value extorquée. En conséquence de tout ceci, on doit voir, dans les traitements des fonctionnaires comme dans les salaires des employés de commerce et de banque, une métamorphose de la plus-value née au sein du seul capital directement productif : le capital industriel. (1) Karl MARX, "Théories sur la plus-value", Livre IV du "Capital", Éditions Sociales 1974, tome I, pages 161-162)
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Jo Limaille | Jeune Communiste | 53 messages postés |
| Posté le 22-06-2017 à 17:46:57
| Salut camarade Xuan Concernant le capital commercial et bancaire, j’ai lu une autre analyse. A1(industriel) + A2 (commercial) + A3(financier) -> C+V+pv = Valeur de la marchandise -> A1’ + A2’ + Intérêts A3 + Rentes Mais les conclusions sont les mêmes. Cela ne règle pas le cas des travailleurs de différends services privés comme ceux de l’enseignement privé, des compagnie artistiques privées, des sociétés de coiffures, etc.
-------------------- Nic Enet |
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