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 tentative de subversion impérialiste au Venezuela

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Xuan
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   Posté le 05-08-2017 à 08:50:44   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

VENEZUELA : POUR LE PCV, LE NIVEAU DE LA PARTICIPATION ÉLECTORALE EXPRIME LE REJET DES VIOLENCES DE L’OPPOSITION


4/8/2017 source solidarité international



Le Parti communiste du Venezuela s’est investi dans la campagne pour l’élection de l’Assemblée nationale constituante. Ce choix politique a été décidé après une analyse lucide des conditions de précipitation et d’improvisation de ce vote.

Pour le PCV, il était primordial, pour la poursuite et l’approfondissement du processus révolutionnaire bolivarien, de contrer l’opposition et sa politique de violence, soutenue par l’impérialisme, mais aussi de gagner l’audience et la représentation maximales de ceux qui portent véritablement les intérêts de la classe ouvrière. C’est d’autant plus important que des éléments de la bourgeoisie, au sein même de la direction du parti de Maduro (PSUV), opportunistes au langage souvent gauchiste, poussent vers une ligne réformiste de compromis et affaiblissent le processus révolutionnaire.

Dans une conférence de presse le 31 juillet 2017, la direction du PCV a tiré un premier bilan. Nous reprenons des articles des agences et sites AVN et Ultima Hora. Traduction MlJ pour « Solidarité internationale PCF – vivelepcf »
.

ARTICLE AVN : VENEZUELA : POUR LE PCV, LE NIVEAU DE LA PARTICIPATION ÉLECTORALE EXPRIME LE REJET DES VIOLENCES DE L’OPPOSITION

Le Parti communiste du Venezuela (PCV) estime que l’élection de l’Assemblée nationale constituante (ANC) constitue une victoire marquante pour le peuple vénézuélien. Elle a enregistré un haut niveau de participation. Les électeurs se sont mobilisés pour rejeter le terrorisme et les menaces d’intervention étrangère.

Dans une conférence de presse, lundi [31 juillet 2017], Oscar Figuera, secrétaire général du PCV, a répété que l’ANC « sera une opportunité de débattre d’une nouvelle société ».

Il a estimé qu’une partie des couches moyennes de la population, qui ne sont pas chavistes, « veulent empêcher une intervention étrangère contre le pays et manifester leur ras-le-bol de la violence fasciste et terroriste ».

Il a ajouté que ces catégories refusent que « les commandos de mercenaires terroristes de l’extrême-droite fasciste, au service de l’impérialisme américain, créent, chaque jour, des situations qui conduisent à la mort de Vénézuéliens par des actes atroces ».

ARTICLE ULTIMA HORA : « PEDRO EUSSE (PCV) : IL EST IMPORTANT QUE LES TRAVAILLEURS NE NOURRISSENT PAS D’ILLUSIONS ».

La direction du Parti communiste du Venezuela s’est exprimée après l’élection de l’Assemblée nationale constituante. Elle a participé à cet événement électoral, en alliance avec d’autres partis révolutionnaires, même si elle a exprimé son désaccord avec la forme improvisée de son déroulement.

Pedro Eusse, membre du Comité central du PCV, a souligné que, bien que l’on ne dispose pas [à ce moment – le 31 juillet] du taux final de la participation et que l’on ne connaisse pas quels sont les résultats définitifs et s’il y aura des députés communistes à la constituante, « nous devons mettre en avant le soutien apportés par les 8 millions de Vénézuéliens qui sont venus voter ».

« Il est vrai que la participation n’a pas été aussi massive qu’à d’autres échéances électorales, comme nous l’aurions voulu et comme c’était nécessaire, mais il faut garder en tête que l’opposition n’a pas participé au scrutin. Cela explique qu’il faut retrancher un nombre important d’électeurs ne se sont pas déplacés. »

Pour Eusse, d’une façon générale, le niveau de participation est significatif. Et même des électeurs qui ne se s’identifient pas avec le processus bolivarien ont décidé de voter pour contrer les agissements à venir du Président des Etats-Unis et la violence organisée par l’opposition. Et il s’est trouvé bien des gens qui n’ont pas pu sortir de chez eux à cause du blocage des routes par l’opposition.

Pour Eusse : « Le mouvement chaviste, et ceux qui ne sont pas chavistes mais révolutionnaires, comme le PCV, avaient à mettre en échec un ennemi très important, l’impérialisme américain et son principal porte-parole, le Président Donald Trump. Je pense que le message a été clair ».

Eusse était lui-même candidat à l’Assemblée constituante dans le collège ouvrier. Pour lui, l’ANC va être un espace de débat et de lutte idéologique. Mais elle ne va pas, à elle seule, résoudre les problèmes et garantir la paix, parce que la paix ne sera gagné qu’en vainquant le fascisme. Eusse a expliqué « qu’il est important que les travailleurs ne nourrissent pas d’illusions et ne s’accrochent pas à certains bureaucrates des administrations ou des syndicats. Parce que c’est seulement par nos luttes que nous arriverons à des solutions. Nous devons comprendre que la cause fondamentale de nos problèmes réside dans l’existence même du système capitaliste qui continue de dominer notre pays ».

A la fin de son intervention, Eusse a exhorté à unir les forces du « Front national de lutte de la classe ouvrière » et du « Front anti-impérialiste et populaire antifasciste » pour « transcender les luttes et faire de la bataille pour la libération, une bataille pour une véritable émancipation. »

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   Posté le 05-08-2017 à 15:24:10   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

source solidarité internationale pcf

LE VENEZUELA REJETTE LES DÉCLARATIONS DU DIRECTEUR DE LA CIA ET DÉNONCE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE LES AGRESSIONS SYSTÉMATIQUES DES ÉTATS-UNIS





Communiqué de la République Bolivarienne du Venezuela du 25 juillet 2017


La République Bolivarienne du Venezuela rejette catégoriquement les déclarations du Directeur de l’Agence Centrale de Renseignement (CIA) des États-Unis d’Amérique, Michael Pompeo, et dénonce à la communauté internationale les agressions systématiques des États-Unis contre le Venezuela :

1. La campagne des opérations de renseignements, effectuées au plus haut niveau, pour renverser le gouvernement constitutionnel du President Nicolás Maduro Moros, y compris la coordination avec les gouvernements de la Colombie et du Mexique pour parvenir à une transition au Venezuela, ce qui correspond avec les actions que les gouvernements de ces pays mènent au niveau régional.

2. Le financement et soutien logistique des États-Unis d’Amérique à l’opposition vénézuélienne comme élément central de ses efforts pour déstabiliser la démocratie au Venezuela, et pour la promotion de la violence à des fins politiques.

3. L’adoption et le renouvellement de l’Ordre Exécutif qui considère le Venezuela comme une menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale des États-Unis et sa politique étrangère.

4. L’imposition de mesures coercitives unilatérales et illégales contre des hauts fonctionnaires du Gouvernement de la République Bolivarienne du Venezuela, y compris le Vice-président Exécutif, des ministres, et des magistrats du Tribunal Suprême de Justice (TSJ), afin de soumettre l’Etat vénézuélien aux desseins impériaux étatsuniens.

5. Le fait que, dès le début, l’administration étatsunienne actuelle ait mené plus de 105 actions interventionnistes et hostiles, dirigeant les efforts d’intervention qui se dessinent depuis l’Organisation des États Américains (OEA), en violation flagrante du droit international, et menaçant avec l’adoption de « sévères et rapides actions économiques » contre toute la population vénézuélienne. Ces sanctions collectives ont une connotation impériale, et endommagent gravement le droit international.

La République Bolivarienne du Venezuela exige des excuses immédiates et appropriées de l’administration étatsunienne, et alerte la communauté internationale sur la vraie menace qui pèse sur notre pays, compte tenu des terribles antécédents de cette agence de renseignement dans la violation de la souveraineté des pays indépendants, les effets et la souffrance des populations entières et la désintégration territoriale des pays qui ne sont pas alignés avec les intérêts impériaux.

La République Bolivarienne du Venezuela informe qu’elle dénoncera par les voies diplomatiques correspondantes, le gouvernement des États-Unis, de la Colombie et du Mexique, devant la CELAC, l’UNASUR, l’Association des États de la Caraïbe (AEC) et devant le Mouvement des non-alignés, en tant que Patrie libre et indépendante. Ce dimanche 30 juillet le peuple du Venezuela ira voter pacifiquement pour exprimer sa volonté souveraine à travers le suffrage universel, direct et secret, dans le cadre de la démocratie et dans l’exercice de sa souveraineté directe pour l’élection de l’Assemblée Nationale Constituante.

Caracas, le 25 juillet 2017

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   Posté le 05-08-2017 à 15:28:03   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Lu sur analyse communiste internationale le 02/08/2017

Le Parti communiste du Canada condamne la dernière et flagrante violation de la souveraineté nationale du Venezuela par la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.


Outrepassant de loin les limites de la diplomatie, la ministre Freeland s’est attaquée au scrutin du 30 juillet visant à élire une assemblée constituante qui aura le pouvoir de résoudre la crise politique au Venezuela. La prétention du gouvernement libéral à l'effet que l’élection était « en contravention de la Constitution du Venezuela » et, de ce fait, illégitime, est un mensonge. Les articles 347 et 348 de la Constitution bolivarienne donne le droit au président de mettre en place une Assemblée constituante nationale.



Ces déclarations constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures du Venezuela, et soutiennent ouvertement les efforts des États-Unis pour préparer une intervention extérieure contre le gouvernement élu du pays.


Malgré le boycottage de l’élection de l’Assemblée constituante par l’opposition de droite et ses appels ouverts à la violence, plus de 41% des citoyennes et des citoyens sont allés voter et 94% des bureaux de vote étaient ouverts. La participation a dépassé celle du référendum de 1999 qui avait ordonné la convocation de l’Assemblée constituante précédente, laquelle avait été mandatée pour rédiger l’actuelle constitution. Ces données sont très significatives, considérant que l’opposition avait essayé d’empêcher le vote, exhortant ses partisanes et ses partisans à mettre en place des barricades, à bloquer les routes et à prendre le contrôle du pays.

Ces menaces étaient loin d’être futiles étant donné que la plupart des récents meurtres commis au Venezuela ont visé des partisanes et des partisans du gouvernement.

Des derniers rapports sur la violence, il y a eu entre autres, dans la communauté de Borburata, État de Carabobo, une attaque perpétrée par des protestataires de l’opposition qui ont jeté des pierres et des bombes incendiaires sur des membres de la garde nationale qui protégeaient un bureau de vote situé dans une école.

Plus de huit millions de personnes ont voté dimanche, choisissant parmi 6 120 candidates et candidats les 545 membres de l’Assemblée constituante, ce qui va permettre au peuple vénézuélien d’exercer sa souveraineté populaire de manière vraiment démocratique. Le Parti communiste du Canada se félicite du résultat de l’élection de l’Assemblée constituante, et nous exhortons toutes les personnes démocrates et progressistes au Canada à se prononcer contre les tentatives de l’impérialisme américain et son fidèle allié, le gouvernement du Canada, d’organiser un coup d’État réactionnaire contre le gouvernement Maduro.

Comité exécutif central
Parti communiste du Canada

source:
http://particommunisteduquebec.ca/2017/08/02/venezuela-freeland/

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   Posté le 05-08-2017 à 17:06:28   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Coup d'état contre Chavez : la révolution ne sera pas télévisée


Source : Youtube, 17-03-2016

Le documentaire Chávez, le film ou Coup d’État contre Chavez (Chavez: Inside the Coup ou The Revolution Will Not Be Televised), réalisé par Kim Bartley et Donnacha O’Briain décrit le coup d’État de 2002 contre le président Hugo Chavez.

Il a été tourné alors que les deux réalisatrices préparaient un documentaire sur le président Hugo Chávez au Venezuela. Elles se trouvaient à l’intérieur du palais présidentiel quand fut déclenché, le 11 avril 2002, le coup d’État conduit par les propriétaires des chaînes privées, les cadres de la compagnie pétrolière du Venezuela, ainsi qu’une poignée de dirigeants militaires avec le soutien, entre autres, des États-Unis, de l’Espagne, de la Colombie et du Salvador. Le film présente la chronologie du putsch et la mobilisation des millions de Vénézuéliens qui entraîna le retour au pouvoir d’Hugo Chávez 48 h après le début du coup, grâce à la garde présidentielle.

Ce documentaire a obtenu, entre autres, deux prix au Grierson Documentary Awards anglais en 2003. Il a été diffusé sur Arte en 2004.



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   Posté le 05-08-2017 à 17:42:02   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Ingérence manifeste de l'impérialisme français au Venezuela




A l'instigation de l'atlantiste social-fasciste Manuel Valls, les déclarations de Macron
"l'arrestation de Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma mardi 1er août est à cet égard un nouveau signal très négatif" ...
"La France, en concertation avec ses partenaires européens et en soutien des efforts des pays de la région, continuera d'appuyer toute médiation qui permettrait la reprise d'un dialogue crédible, sincère et sérieux entre le gouvernement et l'opposition et de mettre fin à la spirale des violences" , poursuit le communiqué, précisant que l'ambassadeur de France à Caracas, Romain Nadal, "reste en contact avec toutes les parties" .
constituent une ingérence manifeste apportant à l'opposition le soutien de l'Etat français.

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De concert avec Huffington post, Libé, l'Obs et toute la clique, l'Immonde a choisi son camp


Edité le 05-08-2017 à 18:25:50 par Xuan




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   Posté le 05-08-2017 à 18:22:25   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Double aspect de la subversion au Venezuela :

L'actualité vue par Europe 1 montre d'une part que l'Etat est capable de riposter à la tentative de subversion, et d'autre part l'exclusion du Mercosur traduit la poursuite des ingérences impérialistes.
Un autre aspect de la politique étrangère des USA est son interventionnisme tous azimuts. A l'évidence on ne court pas deux ou trois lièvres à la fois et ceci ne peut qu'accentuer la débâcle de l'hégémonisme US.


Venezuela : l'Assemblée constituante relève la procureure générale de ses fonctions

17h52, le 05 août 2017


L'Assemblée constituante élue dans un climat de vives tensions au Venezuela a démis de ses fonctions Luisa Ortega, critique virulente du président Nicolas Maduro .

La nouvelle Assemblée constituante du Venezuela, dotée de pouvoirs illimités, a démis samedi de ses fonctions la procureure générale Luisa Ortega, devenue l'une des principales opposantes au président socialiste Nicolas Maduro. Luisa Ortega sera remplacée provisoirement par le " défenseur du peuple " (ombudsman) Tarek William Saab, a annoncé l'Assemblée, qui a également décidé qu'elle siégerait pour une durée maximale de deux ans.

Exclusion du Mercosur.
Dans le même temps, les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay ont décidé de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, "pour rupture de l'ordre démocratique", a indiqué le marché commun sud-américain dans un communiqué. "La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d'un processus de transition politique et de restauration de l'ordre démocratique" , explique le communiqué.


lire aussi : Le parquet général du Venezuela "assiégé" par l'armée, selon la procureure dissidente

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   Posté le 05-08-2017 à 22:48:25   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le Mercosur suspend le Venezuela pour "rupture de l'ordre démocratique"

05/08/2017 à 21h47

Le Venezuela a été suspendu du Mercosur pour "rupture de l'ordre démocratique" . De son côté, Nicolas Maduro, président vénézuélien, a assuré que jamais son pays ne quittera le "Marché commun du sud".

Les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay ont décidé ce samedi de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, "pour rupture de l'ordre démocratique" , a indiqué le marché commun sud-américain dans un communiqué.

"La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d'un processus de transition politique et de restauration de l'ordre démocratique" , explique le communiqué envoyé par les pays fondateurs du Mercosur à l'issue d'une réunion à Sao Paulo, au Brésil.
De son côté, le président vénézuélien a assuré que le Venezuela ne serait ne "sera pas exclu du Mercosur". "Jamais. Notre âme, notre coeur, notre vie sont Mercosur" , a lancé le chef de l'État socialiste sur une radio argentine, assurant que les tentatives des gouvernements brésilien ( "fomenteurs de coup d'État" ) ou argentin (des "misérables" ) étaient vouées à l'échec.

Mis à l'écart depuis décembre

Le Venezuela est déjà mis à l'écart du marché commun sud-américain depuis décembre, pour des raisons commerciales. Mais l'invocation de la clause démocratique vise à obtenir une plus grande répercussion politique. Cette clause, intitulée "protocole d'Ushuaïa" , n'avait été utilisée qu'une seule fois auparavant, en 2012 pour sanctionner le Paraguay après la destitution du président Fernando Lugo.

Dans la pratique, cette suspension n'implique pas une exclusion du Mercosur, mais son impact est largement supérieur aux autres sanctions prises auparavant. "La suspension ne sera levée (...) qu'une fois que les autres membres du groupe auront considéré que l'ordre démocratique a été pleinement rétabli" , explique le communiqué.

Les pays fondateurs ont conditionné la levée de cette suspension à "la libération des prisonniers politiques, la restauration des compétences de pouvoir législatif, la reprise du calendrier électoral et l'annulation de l'Assemblée constituante" . [...]

P.L avec AFP
[BFMTV]


Edité le 05-08-2017 à 22:48:42 par Xuan




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   Posté le 05-08-2017 à 23:50:41   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

"Ensemble" capitule devant l'impérialisme


Sur facebook : "Il faut lire ce communiqué du mouvement de Mme Autain. Pour l'essentiel, il s'agit d'une violente critique contre M. Maduro et les autorités en place à Caracas. L'essentiel? Presque la totalité. La droite et l'ultra droite vénézuélienne passée presque sous silence, les ingérences nord-américaines dérisoires. Les violences? Du seul fait de Maduro. L'affrontement de classes en cours? Rien. Bref, Mme Autain et ses amis se trompent de cible, se présentant une fois encore comme des donneurs de leçons. Une chose est ne pas rester aveugle face aux erreurs et aux dérives du pouvoir Maduro, autre chose est devenir complice d'une tentative de mise à mort d'un processus d'émancipation anti impérialiste.
C'est un peu comme si à propos de la guerre israélienne contre le peuple palestinien, on consacrait nos forces à critiquer le régime en place à Ramallah".


Communiqué de Ensemble sur le" Venezuela"

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   Posté le 07-08-2017 à 00:13:40   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

TENTATIVE DE COUP D'ETAT


Sur BFMTV

Venezuela: deux morts dans l'attaque d'une base militaire


06/08/2017 à 19h43

Une barricade placée par des activistes anti-gouvernement brûlée à Valencia (Venezuela) le 6 août 2017 - Ronaldo SCHEMIDT / AFP

Le pouvoir vénézuélien a affirmé avoir déjoué une "attaque terroriste" ce dimanche. Deux assaillants ont été tués et huit ont été faits prisonniers.
Une attaque contre une base militaire vénézuélienne ce dimanche a fait deux morts du côté des assaillants, a annoncé le chef des forces armées du pays, le général Jesus Suarez Chourio, accusant l'opposition au président socialiste Nicolas Maduro.

" Ce qui s'est produit aujourd'hui était une attaque terroriste, paramilitaire, de mercenaires, financée par la droite et ses collaborateurs, financée par l'empire nord-américain (les États-unis, NDLR), et l'un d'entre eux a été tué, un autre a été grièvement blessé , a-t-il déclaré à la télévision publique.

Le pouvoir vénézuélien a ainsi affirmé avoir déjoué une "attaque terroriste" contre une base de l'armée, après l'apparition d'une vidéo montrant des hommes en tenue militaire se déclarant en rébellion contre le président Nicolas Maduro.
"A l'aube, des assaillants terroristes sont entrés dans le Fort Paramacay à Valencia" , à 180 km au nord de Caracas, et se sont attaqués aux militaires, a écrit sur son compte Twitter Diosdado Cabello, vice-président du parti au pouvoir et membre de la toute puissante Assemblée constituante.

Les assaillants présumés "livrent des renseignements"

Huit assaillants présumés ont été arrêtés et faits prisonniers. Ils "livrent des renseignements" , a pour sa part indiqué un haut responsable militaire, le général Remigio Ceballos.
Une vidéo supposément tournée dans un régiment de blindés de Valencia circulait dimanche sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias vénézuéliens. Elle montrait un homme se présentant comme un officier et se déclarant "en rébellion légitime" contre "la tyrannie assassine de Nicolas Maduro" .
"Ceci n'est pas un coup d'Etat, ceci est une action civique et militaire pour rétablir l'ordre constitutionnel" , affirmait cet homme, se présentant sous le nom de capitaine Juan Caguaripano, flanqué de 15 personnes en tenue de camouflage, certaines d'entre elles armées.
"Nous exigeons la formation immédiate d'un gouvernement de transition et des élections générales libres", ajoutait-il.

"Normalité absolue"

Principal pilier du pouvoir chaviste, la puissante armée vénézuélienne est jusqu'à présent restée sourde aux appels de l'opposition pour qu'elle rejoigne son camp, alors que le pays est secoué par une vague de manifestations antigouvernementales qui ont fait 125 morts depuis avril.

" Une normalité absolue règne dans le reste des unités militaires du pays" , a assuré sur Twitter Diosdado Cabello, selon qui "ceux qui rêvent du contraire se heurteront au moral de la Force armée nationale bolivarienne" .
Cette "attaque" présumée contre l'armée survient alors que l'Assemblée constituante, élue le 30 juillet et contestée par l'opposition et par une grande partie de la communauté internationale, a entamé samedi ses travaux en destituant la procureure générale Luisa Ortega, l'une des principales adversaires du président Maduro.

Tensions entre la Venezuela et la communauté internationale

La Cour suprême, accusée par l'opposition d'être inféodée au pouvoir, a annoncé que Luisa Ortega serait jugée pour des "irrégularités". Ses comptes ont par ailleurs été bloqués et il lui a été interdit de quitter le pays.
Ce limogeage risque d'empirer les relations déjà tendues du Venezuela avec la communauté internationale, inquiète de la dérive autoritaire du régime. Le Mercosur, le marché commun d'Amérique du sud, a suspendu samedi le Venezuela "pour rupture de l'ordre démocratique".

Présidée par l'ex-ministre des Affaires étrangères Delcy Rodriguez, une fidèle de Nicolas Maduro, la Constituante est dotée de tous les pouvoirs, avec pour mission de réécrire la Constitution de 1999 promulguée par Hugo Chavez.

4.500 personnes arrêtées

Nicolas Maduro lui a notamment fixé pour mission d'apporter la "paix" et de redresser l'économie en lambeaux de cette nation pétrolière, naguère immensément riche. L'opposition accuse en revanche le dirigeant socialiste de vouloir accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s'achève normalement en 2019.

La Constituante devait mettre en place dimanche une commission chargée d'enquêter sur les "crimes" commis pendant les manifestations antigouvernementales.

Selon l'ONG Foro Penal, au moins 4.500 personnes ont été arrêtées depuis le début de la vague de protestations. Un millier d'entre elles sont encore en détention, dont 300 sur ordre de tribunaux militaires.

Leopold Lopez assigné à résidence

L'un des chefs de l'opposition, Leopoldo Lopez, a pour sa part été libéré de prison samedi soir, après cinq jours de détention, et de nouveau assigné à résidence à son domicile à Caracas.
Leopoldo Lopez avait été initialement placé en résidence surveillée le 8 juillet après avoir passé trois ans et cinq mois à la prison de Ramos Verde. Il y purgeait une peine de près de 14 ans de détention à laquelle il avait été condamné pour incitation à la violence lors d'une vague de manifestations en 2014 contre Nicolas Maduro qui avait fait 43 morts.
Un autre dirigeant de l'opposition, le maire de Caracas Antonio Ledezma, a lui aussi été remis aux arrêts domiciliaires vendredi après trois jours de prison militaire.

C. P. avec AFP


Edité le 07-08-2017 à 00:14:43 par Xuan




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Vidéo http://youtu.be/Nm77zJDc0Uk

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Sur le site faire vivre :

Le chemin de la révolution est encore ouvert Interview avec Carolus Wimmer, secrétaire international du PC de Venezuela (PCV)


Dimanche 6 août 2017

Lars Mörking s’entretient avec Carolus Wimmer
Publié dans le journal « Unsere Zeit » (UZ), le 21.07.2017
Traduit par Alexandra Liebig



UZ : Comment est la situation aujourd’hui en Venezuela, à la veille de l’assemblée constituante qui aura lieu le 30 juillet ?

Carolus Wimmer : La situation s’aggrave beaucoup. Il y a plusieurs raisons. Effectivement, les élections pour l’assemblée constituante sont un moment qui est aussi important pour les Etats-Unis.

On entend qu’ils veulent trouver une solution jusqu’au 30 juillet pour le problème Venezuela, la question du pouvoir qu’ils ont avec le gouvernement de Venezuela,. Mais il n’est pas nécessaire d’être pessimiste, car enfin, ils essayent, depuis 18 ans, de changer la ligne politique que le peuple de Venezuela a prise. Il est un bon signe pour notre lutte que le pouvoir militaire impérieux des Etats-Unis ne peut pas exaucer tous ses désirs. Nous sommes pleinement confiants que ce seuil, les élections du 30 juillet, puisse aussi être franchi. Si nous disons que la situation est dangereuse, c’est en sachant comment les Etats-Unis ont agi en Libye, en Afghanistan, en Syrie, où le pays est tout simplement bombardé. Des choses comme ça, ils peuvent les faire sans difficulté.

UZ : Quelle importance ont les élections pour l’assemblée constituante ?

Carolus Wimmer : En tant que parti communiste, nous avons décidé de participer aux élections pour l’assemblée constituante et voulons former une alliance aussi large que possible. Tout dépend vraiment de l’assemblée constituante et de sa composition. Celui qui a la majorité dans cette assemblée a aussi l’autorité, le pouvoir, la force de tout changer. Une majorité des forces de la droite serait théoriquement possible. Cela signifierait que beaucoup de droits sociaux existants, obtenu de haute lutte, seront obsolètes d’un jour à l’autre. On pourrait avoir aussi un nouveau gouvernement. La poursuite des communistes et des forces progressistes seraient possible. Le résultat est ouvert, et bien sûr que cela cache des dangers.

UZ : De quelle manière vous approchez-vous en tant que parti communiste des élections ?

Carolus Wimmer : D’abord, nous tentons à assurer qu’une grande partie des futurs députés viendront de la classe ouvrière. C’est une question des rapports majoritaires et aussi une question de la classe. Pour ce problème, il n’y a pas encore une solution, en Venezuela. Beaucoup d’erreurs faites ont leur cause dans le fait que des personnalités dirigeantes du Parti socialiste (PSUV) et aussi du gouvernement viennent de la petite bourgeoisie et se montrent parfois très radicalement, mais puis, ils pensent très égoïstement et individualisés.

UZ : L’opposition, participe-t-elle aux élections ?

Carolus Wimmer : D’abord, l’opposition a annoncé de ne pas vouloir participer aux élections. Cela signifierait que l’élection serait gagnée d’avance. C’était déjà une fois comme ça, en 2005, quand l’opposition a retiré au dernier moment tous ses candidats aux élections parlementaires. Ils l’ont justifié en disant que le Venezuela était une dictature et des élections libres étaient impossibles.

A l’époque, cela a complètement échoué. Nous étions pratiquement sans opposition au parlement, pendant cinq ans. Cela pourrait se passer de nouveau comme ça.

Mais les temps ont changé. Si cela signifie que les émeutes dans les rues se poursuivent, qu’on ne se rend pas maître d’elles, l’assemblée peut décider de milliers de choses, mais peut-être, qu’elles ne puissent pas être réalisées. Puis, cela deviendra une épreuve de force.

UZ : Qu’est-ce que tu dis aux protestations ? L’opposition, quelle force a-t-elle actuellement ?

Carolus Wimmer : La constitution donne le droit de protester à chacun. Mais ces destructions de tout ce qui est d’une manière ou d’autre social ou public, ces attaques aux institutions sociales, la dévastation des maternelles, les attaques aux maisons et leur destruction , des attaques aux dépôts de denrées alimentaires, à tous ce qui est public comme les transports – ce ne sont pas des protestations. Il faut le maîtriser. C’est la tâche du gouvernement.

Actuellement, l’opposition n’a pas la majorité claire dans la population. L’opposition a gagné les élections parlementaires, il y a deux ans. Nous avons analysé qu’il s’agit plutôt d’une élection de protestation contre les erreurs ainsi qu’une expression d’insatisfaction envers le gouvernement. En conséquence, le champ du gouvernement a perdu beaucoup d’électeurs, presque 3 millions de suffrages. Ces personnes sont très critiques – chez nous, on les appelle les Chavistes, donc ils suivent les idéaux de Hugo Chavez. En critiquant, ils n’ont pas voté pour l’opposition, mais ils ne sont pas allés aux urnes. Cette perte des voix a mené à la victoire électorale de l’opposition qui a gardé environ tous ses électeurs.

UZ : Que reprochent les Chavistes au gouvernement ?

Carolus Wimmer : La corruption, la bureaucratie et l’inefficacité. Ce sont des manques qui sont activement combattu par de larges parties de la population. Cela donne aussi d’espoir pour notre lutte, aussi pour le parti communiste, car nous voulons poursuivre le chemin révolutionnaire. Le peuple veut plus de la révolution et aucune contrerévolution. Quant au gouvernement et le Parti socialiste, il existe déjà des cercles qui veulent en ce moment prendre le chemin réformiste de la démocratie bourgeoise.

UZ : Qu’est-ce qu’il s’est passé avec des projets comme les coopératives qui ont été financées par l’Etat ? Est-ce la corruption qui a empêché le succès de ces projets ? Pourquoi le pétrole est toujours si important pour Venezuela et la dépendance aux importations si grande ?

Carolus Wimmer : Le pétrole, c’est l’argent facile. Tous les gouvernements ont dit qu’il faut faire le pays plus productif. Il a existé la devise : « semer le pétrole », c’est-à-dire le faire productif dans l’agriculture et l’industrie. On a fait quelque chose, mais c’est comme ça avec les êtres humains. Si tu as la possibilité de faire de l’argent facile, pourquoi dois-tu travailler durement pour cela ? C’est la contradiction dialectique qu’on ne peut résoudre normalement que par la révolution. Une révolution, où la classe ouvrière est la force décisive.

Tout cela n’a pas seulement à faire avec la corruption, mais est aussi un résultat de la politique qui n’est pas fait sur la base scientifique, qui croit qu’un homme ou une volonté peut changer le pays. On a tenté beaucoup de choses, tu as parlé des coopératives.

L’étude de ces projets est souvent très séparée de la réalité. Dire que tu veux aider des personnes pauvres ou des chômeurs dans les villes en les faire partir à la campagne pour qu’ils deviennent des paysans – cela ne fonctionne pas. Tu peux avoir de milliers de difficultés dans la ville, mais dans la ville, il te reste des rêves. Tu fais du lèche-vitrine et tu vois des choses où tu en veux, tu as le cinéma et d’autre chose qui te manque totalement – surement au début – à la campagne.

Puis, il était une grande erreur de qualifier ce processus en Venezuela comme processus socialiste. En Venezuela, malgré les grands programmes sociaux – de bons programmes sociaux - le rapport des forces est toujours en faveur de la bourgeoisie, du capitalisme. (*)

Quant au parti communiste, nous nous référons positivement au processus politique et le qualifions en tant que lutte ou processus de la libération nationale. Cela veut dire : actuellement, il faut garder l’indépendance. Elle est en danger, quand les Etats-Unis nous menacent de la guerre. Nous pouvons tous perdre, il nous faut une large alliance antiimpérialiste. C’est notre politique, avec laquelle nous avons déjà eu des confrontations avec le gouvernement. Pourquoi ? Ils s’imaginent déjà au socialisme. Bien sûr qu’il y a des difficultés, si on explique aux travailleurs et travailleuses que nous vivons au socialisme, mais il existe encore une grande exploitation. Nous vivons au socialisme, mais les problèmes sociaux grandissent tous les jours. Nous vivons au socialisme, mais les injustices sociales restent. Pourquoi ? Parce que ce n’est simplement aucun cas le socialisme.

Ce qui est très positif et était en partie déjà l’oeuvre du président Chavez : il existe un grand intérêt à la politique, une conscience politique parmi les larges masses populaires. Cela nous donne vraiment l’espoir, pour que la lutte continue aussi sous les conditions difficiles – contre le capitalisme, contre l’impérialisme – et qu’on pense au socialisme, et fait en partie déjà des tentatives, des vrais pas vers le socialisme.

UZ : Tu dis que le Venezuela est un pays capitaliste. Vous avez le secteur du pétrole dans la main de l’Etat, vous avez un service de santé et de l’éducation gratuit. Quel doit être le prochain pas ?

Carolus Wimmer : Notre parti revendique la nationalisation des banques. Tout le système financier est dans la main privée ou dépend du système capitaliste. Evidemment, l’industrie doit être nationalisée, bien que les secteurs-clés soient déjà nationalisés, ce qui est positif. Il s’agit du secteur de pétrole, de l’industrie minière, des industries-clés, elles sont nationalisées. Mais elles sont souvent devenues des monopoles d’Etat où la classe ouvrière n’a pratiquement aucun droit de regard, où elle est dévalisée, où des ouvriers syndicalisés perdent leur emploi.

C’est justement l’illusion des cercles de la petite bourgeoisie. Ils croient qu’on puisse changer un système avec des mots ou des actions radicales. On change le système par une révolution qui devrait diriger par la classe ouvrière. Vu toutes nos difficultés, nous nous souvenons de la révolution d’octobre et apprenons d’elle sans prendre le tout comme modèle totale. Mais ce qu’on peut comparer avec le Venezuela, c’est qu’il y avait, en 1917, deux révolutions. En Venezuela, nous avons la révolution bourgeoise, elle a été faite maintenant, avec beaucoup de progrès. Mais il nous manque encore la révolution d’octobre, en Venezuela.

[#0000ff] UZ : Certaines visages de l’opposition vénézuelienne viennent directement des cercles du capital ou y sont étroitement liés. Les groupes alimentaires comme Polar sont très dominants et pourraient déclencher des problèmes d’approvisionnement ou trouver des solutions. Est-ce que ce n’est pas la vraie force de l’opposition actuelle ? [/#]

Carolus Wimmer : Il y a deux ans, cet espoir a existé. L’opposition a clairement dit : vous votez pour nous et dans la semaine prochaine, tout y sera réglé. C’était attractif. Attractif aussi, parce que le gouvernement a fait des erreurs.

A l’époque, les entreprises n’ont pas vendu aux supermarchés, mais aux commerçants du marché noir qui ont demandé des prix exorbitants. La bourgeoisie a fait part de ces marchés noir ou les a arrangés. Elle a donné les produits au marché noir par la porte derrière et devant, les étagères étaient vides. Ce comportement a été utilisé par la bourgeoisie, par l’ennemi de la classe pour faire du profit. Evidemment, qu’ils ont fait des sommes exorbitantes, mais c’était aussi une arme politique.

Aujourd’hui, tout cela a changé. Si on voit des images, aujourd’hui qui montrent des étagères vides, et la télévision les publie toujours, il s’agit d’anciennes nouvelles déformées. Le problème actuel est un autre. Les étagères sont relativement pleines, tu peux tous acheter, mais la plupart des marchandises est importé. Cela signifie – et cela dépend du marché noir de devises, des spéculations sur le taux de change – que les étagères sont pleines, mais les hommes ne peuvent pas s’offrir de beaucoup de choses. C’est une grande régression par rapport aux années 1980, 1990, où nous avons déjà vécu cette situation. Elle doit être surmontée. Malgré l’effondrement du prix du pétrole sur pratiquement un quart de ce qu’on a reçu, pendant l’époque Chavez, les projets et programmes sociaux sont poursuivis.

Voyons par exemple le manque des denrées alimentaires. On l’a eu, il y a deux ans. Aujourd’hui, six millions de familles – nous sommes 31 millions de Vénézueliens – reçoivent une fois par mois un paquet de denrées alimentaires. Ce paquet coute 10.000 Bolivars, dont le prix du marché noir est au moins de 200.000. Il n’y a pas tout dedans, mais les denrées alimentaires les plus importantes. En général, on l’a voit comme une grande aide.

L’opposition est contre la distribution de ces paquets, mais elle ne fait pas des propositions pour améliorer l’approvisionnement. La faiblesse de l’opposition est, depuis 18 ans, le fait de ne pas faire des propositions. Elle est tout simplement contre le président et promet pour le cas que nous le renversions – renversions, ne pas blackboulions – que la situation soit d’une certaine manière améliorée. Il y a deux ans, et cela a encore fonctionné, car la situation dans les familles étaient tellement compliquée que quelques-uns ont cherché une bouée de sauvetage. L’opposition occupe des postes de gouverneurs, des maires etc. mais il n’y a personne parmi eux duquel on pourrait dire : d’accord, il le fait mieux.

Actuellement, l’opposition n’a aucune personnalité. En Venezuela, on a besoin d’une personnalité dans la politique. Toutes leurs visages sont de vieux visages. Il est possible que le président du groupe de denrées alimentaires Polar, Lorenzo Mendoza, deviendra le candidat présidentielle avec son apparence d’un « entrepreneur moderne », ses cheveux longues, n’importe-comment anti-establishment. Mais ce qui fonctionne aux Etats-Unis, ne fonctionne pas automatiquement en Venezuela.

Jusqu’a aujourd’hui, ils n’ont pas un programme ni d’autre chose comme ça. L’opposition ne spécule seulement sur plus d’actes de sabotage, sur le chaos, sur le non-fonctionnement de l’Etat pour ensuite pouvoir tenter un putsch. Jusqu’à aujourd’hui, la population a dit non à ce chemin.

UZ : Les militaires jouent un rôle important en Venezuela, aussi dans la politique. Comment estimes-tu la position des forces armées ?

Carolus Wimmer : Il existe une position claire et anti impérialiste dans la majorité du peuple, non seulement dans la population civile, mais aussi dans les forces armées. Dans les forces armées, il y avait de grands changements sous Chavez. Le fait qu’il venait des forces armées et les a bien connues, a donné la possibilité de ces changements qui sont très dans notre faveur.

Autrefois, les forces armées étaient totalement sous le contrôle des Etats-Unis et la bourgeoisie. Les soldats, de la main-d’oeuvre bon marché ou gratuites, travaillaient aussi comme des domestiques, des jardiniers ou chauffeurs pour les riches, Chavez l’a changé. Il s’est occupé de plus de démocratie, et il a interdit les amendes physiques. Aujourd’hui, un tiers des membres des forces armées sont des femmes. En plus, les forces armées étaient divisées en marine, armée de l’air, armée de terre et garde nationale. Il existait de la concurrence et la jalousie entre eux. Chavez a créé un pouvoir militaire de l’unité. Même tout le programme de l’éducation a été changé. Avant, elle était pro-impérialiste, maintenant, elle est anti impérialiste. Dans ces programmes d’éducation, le marxisme a sa place ferme – on lit Marx, on lit Lénine, c’est maintenant normal. Evidemment, c’est une grande chance pour notre Parti communiste.

Très souvent, nous sommes invités aux workshops ou aux conférences. Bien sûr qu’il faut dire que nous vivons dans le capitalisme, les forces armées ne sont pas révolutionnaires en soi, mais une grande partie d’elles a des positions patriotiques et une partie assez importante, a vraiment des positions révolutionnaires. On devrait y avoir aussi une partie pro-impérialiste. Mais le fait que les Etats-Unis ne sont pas encore arrivés à réaliser leurs plans prouve simplement que cette partie pro-impérialiste n’a pas la majorité dans la population civile et dans les forces armées.

UZ : Fin juin a eu lieu votre congrès du Parti communiste de Venezuela. Quels sujets avez-vous discutés ?

Carolus Wimmer : Nous avons débattu des difficultés actuelles du Venezuela. Notre point de vue était et reste le même : il s’agit d’une grande erreur que la classe ouvrière ne participe pas au pouvoir, n’est pas intégrée dans le processus politique en Venezuela.

En plus, au congrès, nous avons à l’unanimité décidé que nous devons travailler très intensivement pour une large alliance. Cela signifie le renforcement du front populaire contre l’impérialisme et le fascisme. Cette alliance doit intégrer des différentes couches sociales pour l’étape de la lutte pour la libération nationale. J’ai déjà dit que nous refusons de définir l’étape actuelle en Venezuela comme un socialisme normale, ni du socialisme du 21ème siècle, ni de n’importe quel socialisme – de telles désignations sont mystificatrices. On n’arrive qu’à dissuadé les couches sociales qu’il est nécessaire de mener la lutte contre la menace par l’impérialisme des Etats-Unis.

UZ : Cela veut dire, qu’actuellement en Venezuela, la révolution socialiste n’est pas à l’ordre du jour, mais l’alliance avec tous ceux qui sont prêts à défendre les acquis du processus bolivarien ?

Carolus Wimmer : Nous ne sommes pas un parti qui prévoit deux étapes – d’abord la lutte contre l’impérialisme et après pour le socialisme. Nous refusons cela. Il s’agit des déroulements parallèles. En conséquence, nous avons deux formes de la politique d’alliance. L’une, c’est le large front populaire anti impérialiste, mais à côté de cela, nous travaillons pour l’alliance du Bloc révolutionnaire du peuple (Bloque Popular Revolucionario) qui lutte pour le socialisme. Les forces au Bloc révolutionnaire du peuple ne sont pas vraiment des organisations politiques, mais surtout des conseillers communaux qui veulent le socialisme et qui acceptent que le Parti communiste joue un rôle important et qu’il doit le jouer. Au fond, tous ensemble jouent en faveur de la discussion sur la politique révolutionnaire. Le travail large et le travail révolutionnaire de l’alliance marche en même temps – cela coute beaucoup de force, mais il est nécessaire.

UZ : De quoi avez-vous encore discuté au congrès de votre parti ? Tu as dit que la classe ouvrière ne participe pas au pouvoir. A cause de quoi ?

Carolus Wimmer : C’est notre expérience des années passées et la grande faiblesse de ce processus politique de grande valeur au Venezuela. La classe ouvrière n’y participe pas, n’a pas de la place dans le travail du gouvernement. La classe ouvrière est mal organisée dans notre pays. Dans les années 1970 et 1980, le Venezuela était – surtout porté par le parti social-démocrate – le modèle pour le néolibéralisme. Pour imposer cette politique néolibérale, les organisations des masses devaient être détruites. On l’a planifié et exercé sur deux chemins : une fois par la corruption, donc les chefs des syndicats ont été acheté et chaque résistance et chaque forme du travail syndicaliste a été fortement réglementé et opprimé. Une politique qui maniait la carotte et le bâton.

Le mouvement qui a commencé avec Hugo Chavez, a eu le grand handicap de devoir agir sans un mouvement organisé des masses. On critique souvent qu’on a dit au Venezuela : « Hugo Chavez et le peuple » - mais aucune organisation n’a pas existé. C’est pourquoi que notre parti se concentre sur l’organisation de la classe ouvrière qui comprend aujourd’hui beaucoup plus que les ouvrières de la fabrique. C’est notre tâche principale, notre responsabilité, aucun d’autre parti ne nous décharge de ce travail en Venezuela.

UZ : Comment s’est développé le PCV ?

Carolus Wimmer : Nous devons travailler très dur à notre parti. Donc nous nous disons – nous faisons beaucoup d’autocritique – que notre politique est bonne, mais si le parti est encore très faible, on ne peut pas gagner personne avec cette politique. Très souvent, on ne remarque pas ou reconnait pas que nous sommes l’alternative aux autres partis. C’est pourquoi que nous devons très dur travailler à notre organisation, à notre travail d’éducation. Notre avantage est le fait qu’il existe une bonne jeunesse communiste qui nous apporte des bons cadres avec beaucoup d’expériences dans les prochaines années. La différence des nouveaux membres est, que les membres qui viennent de notre organisation de la jeunesse ont déjà 10 à 15 ans d’expérience. Nous voyons aussi que nous avons beaucoup de soutiens internationaux. Au congrès du parti, nous avons compté 71 réactions des parti communistes et travailleurs, 25 d’entre eux sont venus en délégations en Venezuela. Les autres ont envoyés des messages de sympathie. Et tous cela dans un moment où un voyage en Venezuela est difficile. Si on voit les reportages sur les prétendu chaos au Venezuela, on n’envoie pas si facilement un camarade là-bas. Cette grande solidarité, aussi du DKP représenté par le camarade Mario Berrios, nous a aidés dans le parti. A savoir dans la dure lutte quotidienne que nos efforts sont reconnus dans le monde, de ne pas être tout seul, c’est très important pour nos camarades. C’était aussi une possibilité de montrer la situation à nos partis-frères.

UZ : Au début, tu as dit, encore avant les élections à l’assemblée constituante, l’impérialisme US veut passer à une clarification, cela veut dire au sens d’une escalade, d’un putsch ou d’une guerre civile. Face à ces menaces, quels développements possibles vas-tu pour l’avenir ?

Carolus Wimmer : Alors, cela sera publié dans l’UZ, et puis dans quelques semaines, les camarades contrôleront si mes mots sont vrais ou pas, c’est pourquoi que je ne peux pas, en principe, donner une réponse. Mais il est très logique pour l’impérialisme qu’il cherche des possibilités pour imposer un changement du pouvoir. Une possibilité de l’impérialisme US serait une attaque militaire, directement par militaires US ou par l’OEA (l’Organisation des États américains) qui envoie des troupes latino-américaines. Ce serait le chemin plus habile, pour ne pas salir ses propres mains, mais quand même imposer sa politique.

Un autre danger est la guerre civile. Ce danger est grand, d’autres seraient des attaques terroristes avant les élections. Il existe déjà des actions terroristes, mais pas tellement comme à Londres, Paris ou Berlin avec beaucoup de morts. Jusqu’ici, il est resté chez un mort par jour, comme si serait planifié. Par hasard, les caméras sont aussi sur place, avant qu’il se passe quelque chose. Et ces morts ne sont pas punis. Tous cela, on le protège même au motif du droit de manifester, du droit de protester. Puis, quand quelqu’un meurt, on prétend que personne n’est responsable ou le gouvernement est le responsable. Des politiques aux Etats-Unis parlent même de millions des communistes et chavistes qu’on devrait tuer pour que quelque chose change en Venezuela. Un tel massacre anticommuniste, une telle vague massive de violence politique est alors aussi possible respectivement voulue.

Une autre possibilité est le chemin réformiste, spécialement celui des forces social-démocratique de la droite – aussi bien de l’opposition que de l’alliance bolivarienne. Ce sont des forces qui ne veulent pas le socialisme, qui cherchent un compromis. Pour le moment, la classe ouvrière et le peuple voit ce fait comme une trahison, car cette politique est connue depuis des années 1980 et 1990. Après tout, Hugo Chavez se faisait connaître du public par le fait que les gens ont voulu finir avec l’ancien système du bipartisme. C’est pourquoi cette politique n’est pas aimée dans la population. Mais l’UE par exemple cherche et encourage des forces qui veulent aller ce chemin : installer la paix, assurer le capitalisme, une forme de la pseudo-bureaucratie bourgeoise.

La troisième chemin est celui de la révolution, toujours ouvert et possible.

La population a fait, dans les dernières années, tellement de grands sacrifices et on remarque : elle n’abandonne pas si facilement. Dans d’autres pays, le manque des denrées alimentaires avait peut-être mené toute de suite aux très grandes insurrections, mais pas en Venezuela. Il y avait beaucoup de critiques, mais les hommes et femmes faisaient la queue pendant des heures. Le terrorisme ne vient pas du peuple, mais, à vrai dire, des couches privilégiées qui ne se combattent que pour gagner leurs anciens privilèges au détriment des ouvriers et ouvrières. Elles attisent les émeutes, ce sont la couche moyenne et les jeunes qui vont en principe très bien. Les émeutes se passent principalement dans leurs propres quartiers. Ils se punissent eux-mêmes. Ils construisent des barricades, et les habitants ne peuvent pas sortir de leurs maisons pendant 20 ou 30 heures. Dans cette couche moyenne, il existe un grand fanatisme. Ils se donnent de paroles d’encouragement comme ceci : jusqu’au renversement du gouvernement.

UZ : Tu as parlé du danger de la guerre civile, du danger des meurtres ciblés. Comment savez-vous s’y prendre comme parti communiste avec cela ?

Carolus Wimmer : Dans le parti, nous parlons très ouvertement et cherchons des solutions. C’est aussi une question de l’éducation politique. Avoir peur est humain. Mais les membres doivent avoir confiance dans le parti, pour que les camarades ne soient isolés et inactifs, s’enferment à cause de la peur des attaques. Notre parti a prouvé dans son histoire qu’il est capable d’utiliser tous les formes du combat contre le capitalisme. Dans l’histoire de Venezuela, on a eu beaucoup de partis ou des organisations de la gauche.

Quelques-uns étaient plus radicaux, mais aujourd’hui, ils ont disparu. Le parti le plus vieux en Venezuela, le seul parti de la gauche depuis maintenant 86 ans, est toujours attractif et jeune, c’est le Parti communiste.

Nous devons avoir confiance que le parti – non pour chacun tout seul, mais dans son collectif – trouve des chemins pour protéger et défendre soi-même et ses membres. Le congrès a donné un signe, car il fut menacé. Cela aurait fait un grand écho dans les médias, s’il y’avait eu une attaque au bâtiment du Comité central avec 397 délégués et 34 délégués internationaux !
Quant à notre parti révolutionnaire, nous avons trouvé des moyens pour assurer avec succès le congrès, malgré la situation actuelle.

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(*) souligné par moi Xuan


Edité le 07-08-2017 à 22:53:53 par Xuan




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le site les crises met en ligne un article du Diplo concernant "l'internationale socialiste" :


De l’Internationale socialiste à l’Internationale putschiste, par Maurice Lemoine


Source : Le Monde diplomatique, Maurice Lemoine, 16-12-2014

Battus au cours des deux dernières élections présidentielles, par Hugo Chávez en octobre 2012 et, après son décès, par son « héritier » Nicolas Maduro en avril 2013, aux régionales de décembre 2012, aux municipales de décembre 2013, les secteurs les plus radicaux de l’opposition vénézuélienne, avec pour chefs de file M. Leopoldo López, coordinateur national du parti Volonté populaire, la députée « indépendante » María Corina Machado et le maire « social-démocrate » du grand Caracas Antonio Ledezma, se sont lancés en février 2014 dans une tentative de déstabilisation du pouvoir, appelant au renversement de M. Maduro, sous le mot d’ordre générique de « La Salida » (la sortie).

Pour mémoire, on rappellera que Mme Machado, fondatrice de l’organisation non gouvernementale « d’observation électorale » Súmate, financée par l’USAID (Agence internationale des Etats-Unis pour le développement) a signé le décret du bref dictateur Pedro Carmona lors du coup d’Etat contre Chávez, en avril 2002. De son côté, M. López, l’un des fondateurs en 2000 du très droitier parti Primero Justicia, conçu lui aussi grâce aux fonds et aux conseils de l’USAID, a également été l’un des protagonistes particulièrement remarqués de ce coup d’Etat, avant de rejoindre Volonté populaire, officiellement créé en tant que parti politique le 14 janvier 2011.

L’extrême violence déclenchée de février à août 2014 a provoqué la mort de quarante-trois personnes — opposants, « chavistes », membres des forces de l’ordre ou même « indifférents » se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment — et des centaines de blessés. Menée par un douteux cocktail dans lequel ont été impliqués des membres d’organisations d’extrême droite, des délinquants de droit commun et des paramilitaires colombiens, elle a eu pour conséquence l’arrestation et la détention de M. López, en attente de jugement, et la mise en examen de Mme Machado.

Historiquement, l’Internationale socialiste (IS) est liée, au Venezuela, au parti Action démocratique (AD). Lorsque celui-ci, le 27 février 1989, a déclenché une répression sauvage contre une insurrection populaire due à la pauvreté, le « Caracazo » — entre trois cent quarante-sept morts, chiffres officiels, et trois mille victimes, bilan généralement admis —, l’IS a pudiquement détourné les yeux. Lorsque AD a pris une part active dans la tentative de renversement de Chávez, en avril 2002, l’IS, comme M. George W. Bush, l’a appuyé. Si l’on se faisait l’avocat du diable, on pourrait au moins plaider que ces aberrations ont eu lieu « au nom d’une vieille amitié » … Mais l’argument ne tient plus. Tournant le dos à l’ensemble de la gauche latino-américaine qui, toutes tendances confondues, de l’Argentine au Brésil, de l’Equateur à la Bolivie, de l’Uruguay au Nicaragua, a dénoncé la tentative de déstabilisation du Venezuela « bolivarien » , l’IS, sous l’auguste présidence du grec George Papandreou, poursuivant sa dérive anti-démocratique et haineuse, vient d’accorder à Volonté populaire, ce 14 décembre, le statut de membre permanent.

Maurice Lemoine

Source : Le Monde diplomatique, Maurice Lemoine, 16-12-2014

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Un courrier de Gilbert Remond :


bonjour

Je n'était pas dupe de la signification de l'expression socialisme du XXIè siècle et de la réalité de son contenu convenu. Cette construction de circonstance qui ressemble a un mots valise prétendait redonner du contenu au vocable socialisme en lui adjoignant une qualité temporelle rythmant: contemporanéité avec modernité .
Cette mascarade sémantique inventé pour habiller une réorientation sociale démocrate du paradigme révolutionnaire n'a jamais eu sur moi le début d'une influence.
Le socialisme a une valeur universelle que le nombre des années n'entame pas et je ne cède pas en disant cela au sens du tragique ni de la tragédie par l'affirmation d'une parole emprunté a la dramaturgie cornélienne .
Le mot socialisme ne peut trouver sa substance dans une logique calendaire ! Seuls les rapport sociaux lui apportent son contenu et sa validité. Sa signification ne peut pas venir de l'effet d'une affirmation péremptoire éditoriale où d'une motion de congrès, de sa reprise dans un programme électoral. Le socialisme est une réalisation concrète qui se construit dans le conflit et la lutte de classe en engageant un processus d'appropriation des moyens de production, ce qui a priori n'était pas le cas du Venezuela.

La formule ainsi crée permettait a ses promoteurs d' éviter d'aller plus loin dans l'exigence d'une réappropriation théorique du concept et de son évaluation historique critique . Elle leur évitait surtout de s'affronter à l'histoire et à la manière dont elle venait d'être réinvestie avec succès par l'idéologie bourgeoise pour en adapter le cours aux besoins de sa bataille politique actuelle, se donnant pour objectif une neutralisation des formes qui l'exprimaient voir si possible leur effacement du paysage et donc de la scène politique.

Pour autant, ce qui se passait et se poursuit au Vénuézéla à certes a voir avec la lutte des classes, en particulier d'un point de vu national dans l'affrontement engagé d'un peuple cherchant les voies de l'émancipation qui s'oppose a la mainmise de l'impérialisme sur ses richesses et ses institutions politiques.
Le processus qui s'y déroule reste cependant encore éloigné de ce que nous connaissons sous le mot socialisme.
Ce fait objectif ne constitue pas une raison pour rester insensible a la volonté politique qu'exprime le Chavisme depuis son accession au pouvoir. Nous ne pouvons d'avantage l'être devant les tentatives de déstabilisation qu'entreprennent les forces conjuguées de la droite vénézuélienne inféodée aux monopoles multinationaux et à celles de l'impérialisme américain qui n'ont jamais accepté la légalité populaire et les réformes sans précédents réalisées par la révolution bolivarienne.

Ces dernières redoublent d'efforts depuis l'arrivée de Maduro au pouvoir et sa perte de majorité au parlement, jusqu’à devenir une entreprise de subversion généralisée, téléguidée depuis l’extérieur. C'est ce que plus en plus de voix commencent a reconnaitre malgré l'écran de fumé médiatique qui cherche a en opaciser la perception.
La dernière à le faire est celle du député LR Goasguen qui vient de déclaré au Figaro que se trouvait derrière les difficultés du Vénézuela la main de la CIA. Si cet agitateur professionnel de la droite la plus dur de notre pays en voit la preuve avec autant de netteté, c'est que la ficelle est visible à l’œil nu pour tout observateur un peu averti qui se penchant sur la question possède un peu d'expérience politique.

Et bien non l'ensemble de la presse se déchaîne depuis le début des vacances contre ce qu'elle considère être une nouvelle dictature qui s'acharne contre son peuple , le muselle et le réprime durement, comme aux pires heures de notre histoire !

Cette campagne qui ne nous épargne rien, est soutenu par les croisés habituels de la lutte pour les droits de l'homme, les Gluskman ( au jeux des famille et de leur dynasties famille nous avons maintenant le fils), l'incontournable Fourest, le non moins incontournable Berger, secrétaire d'une CFDT qui aurait meilleurs compte de s'occuper du sort des travailleurs de France et de s' inquieter des mauvais coups que prépare Macron contre le droit du travail, et même « Ensemble » qui une fois de plus manifeste son attachement aux valeurs Atlantistes et européennes puisqu'ils en ont pris l'habitude avec l'Ukraine, et la Syrie . Ce serait a en rire, si la question n'était si grave!

Grave en effet elle l'est , car ce qui se passe autour et à propos du Vénézuela ressemble un peu trop a la campagne de dénigrement et de déstabilisation qui a précédé le coup d’état au Chili en 1973, ainsi que nous le rappelle Joan Garcés, ancien conseiller du président Salvador Allende, dans un interview donné a la chaîne latino américaine Télésur, soulignant : « le parallèle existant entre la situation que traverse le Venezuela sous la révolution bolivarienne et le contexte de guerre de déstabilisation qui précéda le coup d’état du général Pinochet qui eu lieu le 11 septembre 1973 au Chili, avec le soutien de la CIA. »

Or comme le souligne un article du Grand Soir publié le 10 août « Malgré la fin de la guerre froide il y a près de 30 ans, jamais les Etats-Unis n’ont renoncé à renverser tout gouvernement progressiste ou socialiste d’Amérique Latine. Coup d’Etat, assassinats, déstabilisations, financement d’une opposition armée, attentats, tout moyen est bon pour obtenir la fin d’un dirigeant ayant choisi de placer les intérêts de son peuple avant ceux de la finance internationale. Déjà en 2002 l’opposition avait tenté un coup d’Etat militaire, mettant en prison le Président de l’époque Hugo Chavez. C’était sans compter sur la vigilance du peuple vénézuélien qui était parvenu à faire libérer Hugo Chavez en manifestant par millions dans les rues du pays. »


Quoi qu'on en dise et malgré leurs erreurs les dirigeants vénézuéliens ont su ne pas tomber dans le piège de la violence et de ses spirales destructrices, ils ont choisi de remettre leur destin entre les main du seul décisionnaire du pays, le peuple, et c'est bien ce qui met en rage la réaction internationale.
Certains diront que la Révolution n’est pas allé assez vite, ni assez loin. L'on peut toujours vouloir que les choses aillent plus loin. On peut aussi se donner le rôle du cœur pur et condamner au nom de l'idéal révolutionnaire ce qui semble le trahir. On peut en tirer argument pour ne rien faire et laisser faire.
Mais alors il faut bien mesurer les conséquences de ces exigences, la porté de ce non interventionnisme, se rappeler Blum, ses discours, ses envolée lyriques avant trente six, puis la réalité de ses actions une fois au pouvoir quand il faisait un paillasson de la radicalité des mots employé hier pour se coucher suite aux pressions du voisin anglais devenu le partenaire du jour.
L’Espagne républicaine n'était pas plus révolutionnaire que le Vénézuela chaviste et pourtant la classe ouvrière mondiale n'hésita pas de former des brigades internationales pour venir la soutenir, pressentant les suites aurait coup d'état franquiste et sa réussite, les menaces pour la paix et le progrès dans le monde qu'il en résulterait !

Pour l’heure, nous sommes encore que face aux menaces putschistes de l’extrême-droite vénézuélienne et a des déclaration de Trump ou de son administration qui ne laisse cependant aucuns doutes sur leurs intentions.
Elles rappellent les pires heures de l’Amérique latine, celles de la dictature militaire argentine, ou celles de Pinochet .
Toutes avaient ces sinistres prolégomènes. La listes des reproches fabriqués n'est pas difficile a dresser: l'économie est bloquée, le gouvernement est incapable de lui donner les moyens de fonctionner ( rappelons que 80 % de l'économie , comme la totalité de la presse sont dans les mains du privé), l'information est contrôlée, censurée, les libertés menacés, la corruption galopante, les magasins ne sont plus alimentés, c'est la pénurie, le panier de la ménagère ne peut plus se remplir, l'insécurité règne, la propriété est menacé, bref tous ces pantins de la CIA sont prêt a entrer en action comme lorsqu'ils avait renversé le gouvernement socialiste, démocratiquement élu, de Salvador Allende, pour y remedier.
Loin de faire les fines bouches comme viennent de le faire Clémentine Autin ou le Hyaric avec leur ni ni, ou de faire chorus avec les habituels pantins droit-de-l'hommistes, soutients indéfectibles de toutes les campagnes lancées par l'impérialisme avant ses interventions militaires, les progressistes doivent au contraire affirmer leur solidarité envers le processus révolutionnaire bolivarien et s'opposer par tous leur moyens aux campagnes de haine et d'intoxication ourdies par ce dernier contre le peuple vénézuélien.

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Jean Luc Godard dont je suis en train de lire la volumineuse biographie que lui a consacré Antoine de Baecque chez Grasset, disait au sujet des bombardements sur le Vietnam par L'US air force : « ça me paraît difficile de parler des bombes alors qu'on ne les reçoit pas sur tête » par ailleurs il reconnaissait une difficulté de s'adresser aux masses, conscient qu'il était, d'appartenir à une élite cultivé qui en était coupé. Mais il avait aussi cette lucidité qui lui permettait de dire « Nous ne nous connaissons pas avec l'ouvrier de la Rodhiaceta. Moi je suis dans une prison culturel,lui dans une prison économique »

Pour mémoire l'usine Rodhiaceta de Besançon avait connu une grève dure et victorieuse qui avait fait l'objet d'une expérience de cinéma avec Chris Marker en liaison avec l'ouvrier de la CGT Paul Cèbe qui deviendra une figure de l'éducation populaire dans la région, a laquelle Godard avait participé , qui aboutissait a la réalisation d'un film « A bientôt j'espère » Ce film qui rencontrera un succes militant, sera diffusé a la télévision et sortira en salle suivi très souvent de débat passionnés sur la création et l'engagement social et politique.

Si Godard manifestait par là une forme de culpabilité du cinéaste, une sorte de haine de soi de l'intellectuel de gauche, coupé du peuple au travail il recherchait en même temps quels moyens trouver pour la conjuré, c'est ce qu'il mis en œuvre en partant de lui même et de ses capacité pour se mettre au service de cette cause, en s'appuyant sur le mot d'ordre guévariste devenu célèbre a l'époque: créer un deux trois Vietnam! Il en faisait une adaptation par l'aphorisme créer un Vietnam en nous.
Cet aphorisme le conduisait ensuite a faire un lien entre le soutient a la cause vietnamienne et les combats politiques qu'il pouvait mener par l'intermédiaire du cinéma. « Créer un Vietnam en nous, disait-il alors, c'est en France soutenir la Rodhiaceta ou Saint-Nazaire. Ce qui peut nous lier l'ouvrier de la Rodhiaceta et moi, c'est le Vietnam : je crois à la vertu incoercible du cri. Nous devons crier plus fort. »
Godard réinventant la solidarité internationaliste venait de fabriquer selon le principe des métaphores cinématographiques auquelles il est habité, une image militante . Il faisait du Vietnam la métaphore du combat contre l'inégalité et en effet cette activité joua un rôle déterminant dans le déclanchement du mouvement de mai jui 68 en le plaçant d'entrée sous l'influence des mobilisations anti impérialistes et la dénonciation de l'exploitation anti capitaliste. Les comités vietnam allaient être un creuset pour la formation de militants révolutionnaires.

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La campagne électorale, ses résultats leurs conséquences nous navrent. Nous sentons le poids de la défaite que les forces de progrès viennent de subir dans cette occurrence. Nous ne savons pas comment relever le grand corps battu de notre parti parce que nous ne savons plus comment en trouver les forces, ne sachant plus où les trouver, tant nous semble prononcé la coupure entre lui et les classes populaires.
Celle-ci s'éloignent chaque fois un peu plus dans le vote protestataire ou l'abstention.

Il nous manque la conscience de classe, la conscience que tout cela participe d'un mouvement plus vaste et plus général a quoi les luttes anti-impérialistes et leur soutient étaient l'agent formateur grâce aux mouvement d'interdépendance qui s'y révèlaient.
Surtout nous avons perdu la conscience que l'exemplarité pouvait devenir notre ciment , qu'un peuple en lutte contre "le grand tigre en papier" de l'impérialisme américain, féroce en apparence, mais fragile en réalité, pouvait redonner foi dans notre force a tous, parce que se battre ici c'est aussi se battre la bas et réciproquement. Le Venezuela mais aussi la Corée, l'Ukraine, la Syrie sont tout autant des mirroir de nos luttes que celles des peuples de ces pays .
Ne devons nous pas nous apercevoir que cette conjoncture est en passe de réaliser le vœux de Guevara.
Par contre si l'un de ces pays venait a subir la défaite et le fer de la réaction internationale ce serait tout autant la notre et pour longtemps .

Nos adversaires ont la force militaire. Ils ont celle des médias et des puissance d'argent mais nous pouvons leur résister en nous unissant selon la logique décrite par Godard. En attendant qui peu le moins peut le mieux. Nous le pouvons en se tenant informer et en faisant circuler l'information pour contrer la machine a décerveler l'opinion. Toutes ces guerres nous ont appris une chose, c'est que la première, la plus importante d'entre elle est celle de l'opinion. J'ai donc collectionné en glanant a droite et a gauche tout une série d'articles et de communiqués de soutiens que je vais vous faire parvenir au fin de rompre le mur médiatique qui cherche a nous enfermer pour nous immobiliser.

Le nombre obtenu me met dans l'obligation de faire plusieurs envois

> Dans celui ci vous trouverez :
>
> Nous sommes tous Bolivarien, f Arzalier
> Vénézuelaa la grande manip j Lefort
> Tous bolivarien ! J ortiz
> Vénézuéla ensemble s'égare
> Coup d'état contre chavez : la révolution ne sera pas télévisée
> révolution bolivarienne de B à M
> Message de soutient de l'Akel
> Position du PCV
> L'analyse de Maurice Lemoine
> Vénézuela le peuple a voté oui a la paix
>
> Gilbert Rémond


Edité le 14-08-2017 à 13:28:49 par Xuan




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>
NOUS SOMMES TOUS BOLIVARIENS
(par Francis Arzalier)

>
> Vu sur le blog CanempechepasNicolas

>
Révolutions et contre-révolutions en Amérique latine


> Il y a 15 ans, la plupart des anticapitalistes de France et d'Europe, désolés de la dégénérescence des partis communistes et de Gauche dans leurs pays, ne pouvaient que se réjouir de l'exception latino-américaine: un peu partout sur ce continent, que semblait avoir épargné la contre-révolution ultra-libérale déferlant sur le monde du XXIème siècle, naissaient des régimes anti-impérialistes au service des plus pauvres, du Venezuela de Chavez au Brésil de Lula, de l’Équateur à la Bolivie, etc.

> Toutes ces expériences anti-capitalistes semblaient en plus capables d'éviter les erreurs répressives du" socialisme réel " défunt, marier la démocratie sociale et le suffrage universel.

> Certains camarades s'enflammèrent même au point de prôner la création d'une Cinquième Internationale régénérée, dont le centre eut été Caracas, et nous étions quelques uns au risque de passer pour timorés, à dire l'illusion d'un " nouveau modèle " de socialisme, alors que celle cultivée au XXème siècle à l'égard de l'URSS a coûté si cher aux partis communistes.

> Car cet engouement sans réserves oubliait que ces expériences latino-américaines,si positives qu'elles soient pour les pays concernés ( éradication de la pauvreté prolétarienne, développement sanitaire et culturel, etc ) reposait presque exclusivement sur la redistribution, enfin, des bénéfices engrangés par l'état grâce à la flambée des prix du pétrole et des matières premières, lie au contexte mondial ( forte demande de la Chine, etc ).

> Car, même si les succès électoraux répétés le cachaient, des aspects négatifs persistaient: personnalisation du pouvoir, corruption parfois, et surtout, incapacité politique d'aller vers la diversification des ressources de l'état, et vers l'autosuffisance alimentaire et industrielle de la nation.

> À partir de 2010, ces difficultés sont devenues dramatiques, du fait de l'effondrement des prix du pétrole et des matières premières, dû d'abord et avant tout a la volonté de l'impérialisme des USA et de leurs alliés qui contrôlent les marchés mondiaux. C'était pour EUX le moyen de détruire les régimes d'inspiration socialiste d'Amérique, Venezuela, puis Cuba.

> Cela ne pouvait manquer de déstabiliser l'économie à Caracas, à Rio, et ailleurs, d'y provoquer des pénuries quotidiennes, avec l'aide d'une bourgeoisie locale restée très influente, grâce a ses relais bien placés dans les médias, dans les entreprises, le personnel politicien, les Universités, etc. Cette offensive de l'impérialisme et des bourgeoisies locales a réussi à basculer les régimes" de gauche " au Brésil et en Argentine. Il est presque miraculeux que cette opération de retour au Capitalisme ultra-libéral n'ait pas pour l'instant réussi au Venezuela, alors que l'opposition au régime " bolivarien " à tout essayé, de l'insurrection militaire aux émeutes de rue, en passant par l'escroquerie " démocratique " d'une consultation contrôlée par elle seule.

> Depuis plusieurs semaines, ces opposants que les médias Français baptisent "démocrates", font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la consultation au suffrage universel du 30 juillet, pour désigner de façon pluraliste les représentants du peuple vénézuélien à l'Assemblée Constituante, en détruisant les bureaux de vote par la force, quitte à brûler de temps en temps un policier ou un militant pro-Maduro au cocktail Molotov.

> Ces émeutiers armes, inspirés par l'extrême-droite ukrainienne, n'ont pas réussi malgré cela à empêcher plus de huit millions d'électeurs à venir voter. L'avenir dira si la Droite pro-étatsunienne parviendra à ses fins, comme elle le fit à Kiev, avec la caution des dirigeants politiques et des télévisions occidentales et notamment françaises, ou si le peuple vénézuélien trouvera la force unitaire de sauvegarder ses acquis et de poursuivre en l'améliorant le processus révolutionnaire. Il aura besoin de l'appui sans réserve des hommes et des femmes de notre pays, qui lui a parfois manque jusqu'ici.

> La "Gauche" occidentale, y compris parfois les dirigeants du PCF, n'ont pas hésité à ergoter sur les " erreurs " supposées des dirigeants chavistes, comme si elles étaient la cause première des émeutes armées des contre-révolutionnaires locaux, soutenus par Trump et ses amis. Et comme si EUX étaient en droit de jouer les donneurs de leçons à l'issue de 30 ans de trahisons opportunistes.


Cette bataille est aussi la notre, nous sommes tous bolivariens, résolument.
Pour paraphraser Aragon, " quand le blé est sous la grêle, fou qui fait le délicat" ...
Francis Arzalier

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josefort

Lundi, 31 Juillet, 2017 - 19:17
Venezuela : la grande manip


> Un peu plus de 8 millions de Vénézuéliens ont voté dimanche en faveur d’une Assemblée constituante malgré la violence déclenchée par une opposition puissante disposant de moyens considérables financiers et médiatiques soutenue par le gouvernement des Etats-Unis et la CIA. Un succès pour le mouvement populaire et progressiste vénézuélien.
En France et plus généralement en Europe, la tendance médiatique est à l’acharnement contre le pouvoir en place à Caracas en procédant à une manipulation de l’information. Les images des manifestations de la dite « opposition » qui se traduisent généralement par des scènes de guerre sont largement diffusées alors que les rassemblements chavistes sont passés sous silence. On évoque plus de cent morts depuis le début des affrontements en oubliant de préciser que des candidats à la constituante et des militants chavistes ont été assassinés tandis que les forces de l’ordre ont enregistré nombre de morts et de blessés. Les médias des Bolloré, Drahi, Lagardère et ceux du « service public » ont choisi leur camp : celui de l’extrême droite vénézuélienne.
Ils rejoignent ainsi les pires forces réactionnaires du continent latino américain dans des pays qui osent remettre en cause le verdict des urnes vénézuéliennes alors que ces mêmes pays se distinguent par la corruption, le népotisme et les atteintes aux droits de l’homme. Je veux parler du Mexique, du Pérou, de Panama, de l’Argentine et de la Colombie.

Ce n’est pas au Venezuela que 45 étudiants ont été assassinés sans aucune suite judiciaire, que les fosses communes débordent d’hommes et de femmes martyrisés, que la misère et l’analphabétisme sévit dans tout le pays, mais au Mexique.

Ce n’est pas au Venezuela que le rapport 2017 d’ Amnesty relève la multiplication de violences contre les femmes et les populations indigènes, que l’armée et la police s’illustrent par des opérations répressives dans le villages éloignés de la capitale, mais au Pérou.

Ce n’est pas au Venezuela que la finance internationale camoufle ses méfaits, mais au Panama.

Ce n’est pas au Venezuela que le pouvoir s’attaque aux grands mères des disparus durant la dictature, que la répression s’abat sur le mouvement ouvrier mais en Argentine.

Ce n’est pas au Venezuela que des centaines d’opposants politique restent toujours emprisonnés malgré des « accords de paix », que des militants de gauche sont assassinés mais en Colombie.

Le Venezuela n’a pas de leçon à recevoir de ces régimes corrompus et fascisants. Son peuple doit dans la paix enfin retrouvée surmonter lui et lui seul l’épreuve en cours.


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Chroniques Latines
Retour à l'accueil du blog« Chroniques Latines »
Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un œil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien...

Jean Ortiz
> Samedi, 29 Juillet, 2017 - 10:32
Tous bolivariens !


> Dans quelques heures le Venezuela peut être plongé dans un bain de sang par ceux qui, nationalement et internationalement, ne supportent pas que les pauvres refusent de le rester, et qui voudraient faire main basse sur les énormes réserves en hydrocarbures du pays.
L’enjeu géopolitique dépasse Caracas.
Les secteurs majoritaires et d’extrême droite de l’opposition connue comme « Table d’union démocratique » (MUD en espagnol) tentent de bloquer le pays pour empêcher les élections à l’Assemblée constituante et en appeler à l’intervention de Washington. Le président TRUMP et la CIA ont prévenu : s’il y a vote, « l’empire » prendra des sanctions immédiates contre le droit à l’auto-détermination d’un peuple.

Ce qui se joue au Venezuela aujourd’hui, quelles que soient les erreurs qu’ait pu commettre le président Maduro, a et aura des répercussions continentales et internationales lourdes. Washington (soutenu en sous-main par l’Union européenne) s’apprête à violer la souveraineté du Venezuela. Ils tentent de provoquer une rupture dans l’armée. Pour les États-Unis, le Venezuela bolivarien constitue « une menace pour la (sa) sécurité ». La formule est de ce « bon » président Obama.

Le Venezuela redevient le cœur de la stratégie impérialiste. Il doit plus que jamais faire battre le cœur de tous les démocrates. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme vient d’appeler à « garantir la paix » afin que le vote de l’Assemblée constituante, le 30 juillet, se déroule en toute normalité. Les médias vénézuéliens, qui appartiennent très majoritairement à l’oligarchie, et leurs clones français, soufflent sur le feu au lieu de calmer le jeu, hurlent à « la dictature » parce que le gouvernement Maduro a interdit les manifestations pour que le vote ait lieu en toute tranquillité, et éviter que le sang coule davantage.

L’opposition, nous serions tenté d’écrire la « subversion », refuse de participer à la consultation. Elle a préalablement et illégalement organisé, un vote parallèle et bidon où elle aurait obtenu plus de 7 millions de suffrages. Aucune vérification, aucun comptage sérieux n’ont pu avoir lieu. Listes électorales « maison » et bulletins de vote ont été monopolisés, puis brûlés.
Les principaux chefs de l’opposition veulent aujourd’hui, après trois mois et demi d’insurrections localisées, surtout dans les quartiers riches, en découdre, quel qu’en soit le prix. Les opposants sont devenus des émeutiers. Depuis l’élection, avec une courte majorité, du président Maduro, en 2013, l’opposition se refuse à reconnaître la légitimité du président. Cette attitude putschiste rappelle et dépasse le « golpe » contre Chavez de 2002. Et pourtant ...

L’élection d’une Constituante, l’élargissement de la démocratie, la consultation de l’ensemble de la population, dans un processus de fond, constituent bien l’un des derniers atouts, sans doute, pour le vivre ensemble, dans un pays aujourd’hui déchiré, au bord du gouffre. La révolution veut modifier la Constitution de 1999, y ajouter les acquis sociaux reconnus par les institutions internationales. Malgré l’effondrement économique, la révolution est parvenue à maintenir les grandes « Missions » sociales. Peu en parlent. La pénurie sur des produits ciblés, sur des médicaments, certes cruelle, organisée essentiellement par le patronat, est sur-médiatisée. Et pourtant les chiffres, eux, parlent... L’indice de développement humain du Venezuela était en 2015 de 0.767, 71e rang sur un ensemble de 188 pays. De 1990 à 2015, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 4,6 années. La santé et l’éducation (gratuites) restent des priorités, malgré la profonde crise économique et politique.
Le Venezuela ne doit pas être le Chili. L’expérience a prouvé que tout blocus affecte surtout les populations civiles et se retourne finalement contre ses promoteurs. Cuba a plus que prouvé et éprouvé les voies de la résistance pratique, concrète, au quotidien.
Les niveaux atteints par la désinformation ne sauraient nous détourner de notre devoir d’internationalisme. L’internationalisme, disait le Che, c’est la solidarité de classe des exploités.


Delcy Rodriguez (au milieu) a été choisie comme présidente de l'Assemblée constituante du Venezuela vendredi 4 août.
Juan Barreto, AFP
Jean Ortiz

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L'Humanité

Jean Ortiz
Vendredi, 4 Août, 2017 - 23:24


Delcy Rodriguez (au milieu) a été choisie comme présidente de l'Assemblée constituante du Venezuela vendredi 4 août.
Juan Barreto, AFP


Venezuela. « Ensemble ! » s’égare

> Lorsque le vent souffle en sens contraire, commencer à lâcher un peu, c’est souvent capituler beaucoup. « Ensemble ! » vient de publier ce 4 août un communiqué effarant, à charge quasi totale, contre le président Maduro et son gouvernement bolivarien.

On dirait ce texte repris aux médias « chiens de garde ».

Le déséquilibre de ce communiqué ne peut qu’inquiéter. Il ne s’agit même pas d’un renvoi dos-à-dos, mais d’une accusation en règle contre l’une des parties qui serait la principale responsable de la « répression des opposants », des « violences contre les manifestants », etc. Les manifestations de l’opposition donnent lieu aujourd’hui à de véritables émeutes, fomentées par des groupes violents. Les images tournent en rond dans les médias et réseaux sociaux, le plus souvent attribuées aux chavistes, alors qu’il s’agit de « guarimbas », sortes d’insurrections urbaines. La gravité de la crise, les affrontements, créés par la droite et l’extrême-droite, sont mis, essentiellement, sur le dos du Président Maduro. L’élection d’une Constituante, présentée comme une « pseudo-constituante », ne condamne pas l’État de droit, et ne fait pas du Venezuela une dictature. La possibilité de convoquer des élections constituantes, qualifiées par « Ensemble ! » de « farce électorale », de « nouveau coup de force », est inscrite dans l’actuelle Constitution.

Cela nous chagrine qu’« Ensemble ! » s’érige en donneuse de leçons au chavisme, même si ce dernier a commis et commet des erreurs. Pas un mot sur le bilan démocratique et social depuis 1999 (les Missions sociales, éducatives, sanitaires, les Communes Socialistes, les Conseils Communaux ...). Certes, la mort de Chavez peut avoir désaxé certains aspects du processus de libération ; mais le projet global reste le même, entravé, saboté par la droite et l’extrême-droite nationales, revanchardes, prêtes à tout pour récupérer quelques privilèges perdus.

Quant au « caudillisme » en Amérique latine, c’est une vieille antienne, usée jusqu’à la corde. Le Venezuela n’a pas l’exclusivité du « caudillisme », ni de la rhétorique ultra-gauche.

Nous avons mené tant de combats, noué tant d’amitiés, avec les camarades d’ « Ensemble ! » que de voir leur organisation se tirer une balle dans le pied, emboîter le pas aux Etats-Unis et à l’Union Européenne, nous peine profondément. Le Venezuela fait d’abord face à une guerre non déclarée de l’impérialisme nord-américain. Derrière la crise, même si ce n’en est pas la seule cause, la main des Etats-Unis est de plus en plus visible. Ne nous trompons pas d’adversaire, camarades. Ceci dit en toute fraternité. Se tromper de cible principale peut affaiblir notre combat commun en France. « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, mais beaucoup y ramène » (Jean Jaurès). La solidarité ne saurait être aveugle, certes, mais la conditionner à des contingences nationales, c’est lâcher beaucoup, face à nos adversaires de classe, là-bas comme ici.

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Un autre point de vue sur le Venezuela


Gérard Mordillat - samedi 29 juillet 2017

Je n’en suis pas l’auteur - il est dû à mon ami Eric Stemmelen, historien et économiste - GM

Mike Pompeo, directeur de la CIA, Aspen (Colorado), 20 juillet 2017 :« Quand vous avez un pays aussi grand, avec une capacité économique comme celle du Venezuela, les États-Unis ont grand intérêt à s'assurer qu'il soit aussi stable et démocratique que possible. Nous avons beaucoup d’espoir dans le fait qu’il puisse y avoir une transition au Venezuela et nous, la CIA, faisons tous nos efforts pour en comprendre la dynamique. Je suis allé à Mexico et à Bogotá la semaine dernière pour parler de ce sujet, pour essayer de les aider à comprendre ce qu’ils pourraient faire pour avoir un meilleur résultat. »
Traduction de la novlangue en usage à la CIA et dans la presse occidentale :« stable et démocratique » = dictature fasciste ultraviolente, de type Castelo Branco (Brésil 1964), Pinochet (Chili 1973), Videla (Argentine 1976).« transition » = putsch militaire, arrestations arbitraires de masse, tortures systématiques, exécutions et assassinats, emprisonnements, déportations.« comprendre la dynamique » = organiser la déstabilisation du pays, saboter l’économie, financer et armer la subversion, renverser par la force un gouvernement élu.« ce qu’ils pourraient faire pour avoir un meilleur résultat » = propagande et intoxication médiatique ; financement et instruction de partis et syndicats réactionnaires pro-américains ; déclenchement de grèves, d’émeutes ou d’insurrections ; fourniture d’armes et d’équipements à des groupes rebelles ;manipulation de factions terroristes, sabotages et attentats sous fausse bannière ; blocus maritime ou terrestre ; désintégration de l’économie,malversations financières et monétaires, destruction d’aliments et de médicaments ; atteintes à l’environnement et à l’état sanitaire du pays ;enlèvements, tortures et assassinats de leaders politiques, syndicaux ou religieux ; infiltrations de mouvements progressistes ; noyautage des instances militaires, policières, judiciaires, médiatiques, universitaires et culturelles ;corruptions en tout genre ; trafic d’influence, trucages politiques, fraude électorale, et si besoin coup d’État militarisé.

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>
Venezuela. Une crise d’une importance capitale pour la gauche latino-américaine

Publié par Alencontre le 7 - juillet - 2017


Maduro promet une augmentation du salaire minimum pour le 1er juillet 2017

Par Giorgio Boccardo et Sebastian Caviedes

> Il est douloureux d’écrire sur le Venezuela. En partie parce que cela implique rendre compte du drame d’un peuple qui, pour la première fois, commençait à participer à la redistribution de ses ressources. Mais également parce que cela implique d’aborder le déclin d’un processus politique qui a été une référence pour la gauche latino-américaine pendant les dernières décennies.
> C’est la raison pour laquelle il est fondamental d’encourager un débat critique et réfléchi sur la crise vénézuélienne. Cela n’implique pas qu’il faille se soumettre à l’opportunisme de la droite, qui, sous une façade démocratique, réduit tout débat à la question de savoir si oui ou non le régime vénézuélien est une dictature, alors que ses intentions vont dans le sens de réinstaller un modèle aussi socialement et politiquement excluant que celui de type néolibéral. Mais il ne serait pas non plus responsable d’éviter le débat comme le fait la majorité des penseurs critiques, qui prônent une sorte de solidarité inconditionnelle avec le processus, au point de se montrer apathiques face à la tragédie que vit le peuple vénézuélien.
> Notre intérêt pour un débat sur la grave crise que traverse la société vénézuélienne, sur les réussites et les erreurs du chavisme tient à l’importance de ce qui est en jeu au Venezuela, non seulement pour l’avenir de ce pays et de toute l’Amérique latine, mais également pour la construction de projets radicalement démocratiques, alternatifs à ceux de la société capitaliste.

> 1. La crise du puntofijismo

> Entre 1958 et 1993, l’ordre politique vénézuélien a reposé sur le Pacte de Punto Fijo (1). Fondamentalement cela signifiait que les deux principaux partis politiques, Accion Democratica (AD) et Comité de Organizacion Politica Électoral Independiente (COPEI), d’orientation respectivement social-démocrate et chrétienne-sociale, se sont mis d’accord sur le fait que, indépendamment de qui gagnerait les élections, ils mettraient en place des gouvernements d’unité nationale sur la base d’un programme minimum et sur la répartition entre eux des institutions étatiques. Cet accord a entraîné une société «méritocrate» formée de groupes d’entreprises, de bureaucraties étatiques et des ouvriers du pétrole, tout cela autour de la distribution de la rente générée par l’«État dans l’État» que constituait Petroleos de Venezuela SA (PDVSA). Mais cette «méritocratie puntofijista» excluait une proportion considérable de travailleurs ainsi que les paysans et des groupes marginaux.

> A la fin des années 1970, il y a eu une longue crise économique et politique. Le déclin de la rente pétrolière a réduit la capacité de l’État à répondre aux demandes des forces faisant partie du Pacte. De leur côté, AD et COPEI sont de plus en plus devenus des machines électorales clientélistes et corrompues et se sont éloignés des bases qui les avaient soutenus sur le plan politique (2). Au cours du deuxième gouvernement de Carlos Andrés Pérez, partisan de l’AD (1989-1993), des politiques radicales d’ajustement structurel ont commencé à être appliquées, ce qui a entraîné, en février et en mars 1989, des protestations populaires massives connues sous le nom de «Caracazo». La violente répression de ces protestations a provoqué des centaines de morts et des milliers de disparus.



> La bureaucratie puntofijista s’opposait à des réformes, car leur application aurait entraîné leur mutation et la réduction des prébendes versées aux clientèles, ce qui aurait déstabilisé le délicat équilibre au sein de l’alliance bourgeoise dominante. Des changements furent effectués, mais ils ne purent stopper la crise économique et politique. En 1993, le puntofijismo a destitué Carlos Andrés Pérez [qui occupa le poste de vice-président de l’Internationale social-démocrate et était très lié à Felipe Gonzalez], accusé de corruption, et c’est ainsi que, pour la première fois depuis 1958, un candidat non issu du Pacte a pu s’imposer lors de l’élection présidentielle.

> L’ex-partisan de COPEI, Rafael Caldera [il avait été président entre 1969 et 1974; après un échec il est réélu en 1998], a créé un nouveau parti chrétien-social et, en s’alliant avec des organisations de gauche, il a gagné les élections sur un programme anti-néolibéral. Cependant, après avoir évité la pire crise financière de l’histoire du pays [en 1994], Caldera a négocié avec le FMI et a impulsé l’Agenda Venezuela. Celui-ci prévoyait l’application de mesures monétaristes orthodoxes, une réduction drastique des prestations sociales aux travailleurs et le lancement de politiques d’ouverture et d’internationalisation de l’industrie pétrolière. Cet ensemble de mesures a suscité de nouvelles protestations.

> Hugo Chavez a été libéré après avoir passé deux ans en prison pour son rôle dans le coup d’Etat manqué de 1992. Une tentative de coup d’Etat qui a fait de lui une référence politique à échelle nationale. Avec le soutien de militaires, d’intellectuels et de militants de gauche, il se lance dans une forte activité politique. C’est dans ce contexte d’une société profondément divisée, dont le système politique était totalement délégitimé et les conditions de vie de la population se dégradaient de plus en plus, que Chavez a fondé en 1997 le Movimiento Quinta Republica (MVR). L’année suivante il s’est imposé aux élections présidentielles en mettant en avant un projet qui exprimait cet énorme malaise social en lui donnant une orientation et un espoir.

> En résumé, la transformation néolibérale avait entraîné l’effondrement d’un système politique corrompu qui était en place depuis l’accord de Punto Fijo. C’est ce contexte de vide politique qui explique en partie la vertigineuse ascension de Chavez. Après quinze ans de ce gouvernement, le chavisme va inverser plusieurs des réformes néolibérales en appliquant une redistribution radicale de la rente pétrolière. Cela permettra le développement de nouvelles clientèles à un État qui soutient un projet national et populaire mais qui ne cesse pas pour autant d’être capitaliste (3).

> 2. L’ascension et le développement du chavisme (1999-2013)

> Le projet initial de Chavez n’est pas très éloigné des orientations du populisme latino-américain: un discours anti-impérialiste, la récupération de la souveraineté nationale, la centralité de l’État, un chef de file militaire, des styles de pouvoir politique autoritaires et d’importants programmes de redistribution de la richesse (4). Lors de son premier mandat, le gouvernement de Chavez a mis la priorité sur la convocation d’une Assemblée constituante pour la création de la Cinquième République. Avec une large majorité chaviste, la nouvelle Constitution réaffirme le caractère capitaliste de l’économie vénézuélienne avec un État fort, qui se réserve l’activité pétrolière et les autres industries d’intérêt publique ou stratégique. Sur le plan politique, il incorpore divers mécanismes participatifs en vue d’approfondir la démocratie [avant tout à l’échelle locale]; ainsi les droits populaires sont significativement élargis sur les plans économique, social et culturel.


Hugo Chavez en compagnie de Diosdado Cabello, le militaire de la continuité

> Étant donné l’extrême dépendance de toute l’économie – et de l’État vénézuélien – par rapport à la rente pétrolière, le chavisme commence par inverser certaines des mesures politiques néolibérales des années 1990 (5). Cela le conduit à s’affronter directement avec la PDVSA [Petróleos de Venezuela SA, compagnie pétrolière dont le capital appartient pour l’essentiel à l’État], qui, depuis des années, donnait priorité à la rentabilité au détriment de l’intérêt national [tout en distribuant de manière socialement sélective une grande partie de la rente pétrolière]. Chavez a restructuré la politique fiscale de la PDVSA, augmenté sa contribution directe à l’État et a mis un terme au processus d’ouverture à des capitaux multinationaux initié au cours de la décennie précédente. Le gouvernement chaviste a également récupéré l’initiative au sein de l’OPEP, afin de contrôler les niveaux de production à l’échelle internationale et ainsi stabiliser ou augmenter les prix du baril. En particulier, la politique de «contrôle des prix» convenue avec des pays comme l’Irak [de Saddam Hussein] et la Libye [de Mouammar Khadafi] provoque des confrontations entre Chavez et les Etats-Unis.

> Deux lois passées à cette époque par le gouvernement chaviste ont particulièrement suscité l’opposition du patronat: d’abord, celle relative à la terre et au développement agraire et, ensuite, celle concernant les hydrocarbures. La première de ces lois a été une tentative tardive de réforme agraire pour limiter le pouvoir des latifundistes et donner une certaine sécurité agroalimentaire aux paysans [mais sans appui technique, entre autres]. La deuxième permettait de récupérer le contrôle politique et économique sur la PDVSA. Les deux lois ont été cataloguées par le patronat et par l’opposition politique comme étant un attentat contre la propriété privée.

> Pendant son deuxième mandat (2001-2007), Chavez a entamé l’affrontement avec une opposition qui était prête à utiliser tous les moyens pour renverser le gouvernement. Cette opposition regroupait des secteurs militaires, des patrons, des partis puntofijistes, la «méritocratie» de la PDVSA et presque tous les médias, sans compter le soutien du gouvernement états-unien. En avril 2002, elle a déclenché un coup d’Etat, mais une mobilisation populaire combative, appuyée par un secteur clé des militaires, oblige finalement les putschistes à restituer la présidence à Chavez. C’est à la fin de cette même année qu’une grève pétrolière patronale a été lancée (6).
Une fois de plus, la résistance populaire était en faveur du chavisme, ce qui a permis de faire reculer le sabotage de l’opposition. Après avoir surmonté ces deux assauts et malgré les dommages qu’ils ont entraînés sur le plan économique et la drastique réduction des revenus fiscaux, Chavez en est sorti renforcé. Il s’est produit un changement dans le rapport des forces qui a permis de désarticuler l’opposition d’un secteur militaire et les bureaucraties pétrolières, mais en échange d’un nouveau pacte avec les groupes populaires dont dépendait la survie du régime. Même s’ils avaient déjà voté pour Chavez, c’est la chaleur du conflit qui les fait sentir que ce gouvernement était «le leur» (7).

Au cours des premières années du chavisme, la crise budgétaire, la priorité constitutionnelle et la déstabilisation provoquée par l’opposition ont empêché une amélioration des conditions de vie des secteurs populaires. Mais étant donné, d’une part, la centralité des secteurs populaires pour la continuité du processus et, d’autre part, l’imminence d’un référendum révocatoire convoqué par l’opposition, l’administration chaviste a mis toute son énergie à développer une nouvelle politique sociale. Au moyen de ce qu’on a appelé les «Missions» [initiatives concernant la santé et l’éducation dans les quartiers paupérisés, s’appuyant fortement sur une aide de Cuba compensée par des livraisons pétrolières et des crédits], elle a appliqué un programme de démocratisation de la rente pétrolière qui a permis d’améliorer de manière significative les revenus, la santé, l’éducation, les communications et l’accès à la culture du peuple vénézuélien (8). En contraste avec les politiques qui ont prévalu dans une bonne partie de l’Amérique latine, les dépenses sociales ont été concentrées de manière à diminuer les inégalités, devenant une composante fondamentale des dépenses publiques. En résumé, pendant cette période le chavisme a construit un relatif tissu productif et social ainsi qu’une nouvelle institutionnalité.

La légitimité de la nouvelle politique sociale s’est exprimée clairement lors du référendum révocatoire de 2004, où Chavez s’est imposé avec 59% des votes. De même, lors des élections des gouverneurs des départements [structure fédérale] la même année, il n’en a perdu que 2 sur les 23 Etats. L’année suivante, devant la possibilité d’être balayée de l’Assemblée nationale, l’opposition s’est retirée des élections, ce qui a laissé un Parlement constitué exclusivement de partisans du chavisme. Lors des élections présidentielles de 2006, Chavez a triomphé avec presque 63% des suffrages face à Manuel Rosales, candidat de l’AD.

Dès lors, Chavez s’est consolidé en tant que figure internationale, non seulement parce qu’il était un acteur important de la nouvelle stratégie de contrôle des prix de l’OPEP, mais aussi parce qu’il a réussi à freiner la politique états-unienne de subordination latino-américaine au travers de l’ALCA [zone de libre-échange des Amériques]. Il a pu accomplir cela grâce à une alliance avec les gouvernements du Brésil de Lula et de l’Argentine de Nestor Kirchner, en créant l’ALBA en 2004 [un projet que ne se concrétisera qu’à la marge] et au moyen d’autres initiatives d’intégration économique et sociale, sans compter le soutien croissant à des gouvernements tels que ceux de la Bolivie [Evo Morales] et de l’Équateur [Rafael Correa]. C’est ainsi qu’a pu s’établir une résistance politique et culturelle aux prétentions hégémoniques des Etats-Unis sur l’Amérique latine menées par George W. Bush.

Au début 2007, Chavez a annoncé que la «phase de transition» au Venezuela était achevée et que c’était le moment d’avancer dans la construction du «Socialisme du XXIe siècle» . Pour cela il lui fallait des lois de type constitutionnel pour lui accorder des pouvoirs extraordinaires, et donc une réforme constitutionnelle pour déclarer socialiste la République bolivarienne de Venezuela. A cela, il a ajouté la construction du Parti socialiste uni vénézuélien - PSUV [qui était étroitement contrôlé par les sommets du chavisme]. Parmi d’autres propositions spécifiques, Chavez réaffirmait la propriété et le contrôle de l’État sur les hydrocarbures, l’élimination des restrictions pour la réélection présidentielle pour plus de deux mandats [afin d’assurer une permanence de son pouvoir] et la réorganisation territoriale politique du pays [réorganisation du dit fédéralisme et de l’indépendance des unités fédérales par rapport au pouvoir central].

C’est précisément pendant cette période qu’il y a eu un infléchissement dans le processus économique et politique, qui allait avoir des conséquences très importantes pour le Venezuela. D’abord, au lieu de s’orienter vers une diversification productive afin de rendre le pays moins dépendant de la rente pétrolière et des cycles économiques internationaux, il s’est employé à renforcer la distribution de la rente [avec des dimensions clientélaires renforcées] et la formation d’un patronat chaviste de caractère commercial et financier [la dite bolibourgeoisie]. C’est ainsi que la «malédiction des ressources naturelles» a fini par enterrer sur le long terme les efforts de démocratisation sociale qui avaient été atteints.

Ensuite, Chavez a fini par réduire son projet de socialisme à un étatisme et à un verticalisme [pouvoir concentré autour de Chavez et d’un secteur militaire]. En effet, au lieu de radicaliser la démocratie politique, il est resté prisonnier de l’autoritarisme militaire et – malgré sa rhétorique – de l’héritage du populisme et des dits socialismes réels. Enfin, au lieu d’accorder davantage de pouvoir politique aux classes populaires, il finit par le diminuer en faveur d’un clientélisme étatique plus important et d’un contrôle bureaucratique du processus.

Donc, au-delà des difficultés liées à l’affrontement face aux Etats-Unis et face aux forces réactionnaires de l’opposition ainsi que des limitations du sous-développement latino-américain, c’est justement au moment de l’apogée du chavisme que celui-ci perd une possibilité historique de radicaliser le processus social et politique en cours. Nicolas Maduro [fonction présidentielle prise le 8 mars 2013, puis élection gagnée le 14 avril 2013; Chavez décède le 5 mars 2013] a hérité de conditions sociales et politiques qui vont éclater suite à la baisse des prix du pétrole, mais ces conditions ont été créées bien avant son ascension à la présidence.

3. Le Venezuela après Chavez

Avec la mort de Chavez en 2013, et en l’absence d’autre leader de la même carrure dans le PSUV, le «choix» porta sur Maduro, d’une part, étant donné sa position de position de vice-président depuis octobre 2012 et, d’autre part, à cause de ses liens politiques à l’échelle nationale et internationale. Cela pour prendre la tête d’un amalgame complexe de tendances et de mouvements qui convergent dans l’alliance chaviste. Mais son ascension au pouvoir a coïncidé avec la diminution de la rente pétrolière. Celle-ci représentait près de 95% des revenus d’exportations, 60% de ses rentrées budgétaires et 12% de son PIB. En suivant cette pente, en 2015, les revenus issus de l’exportation de pétrole brut étaient tombés de 40%, et en 2016 la dette extérieure augmentait de plus de 350% par rapport à 1998 (9).

L’effet dévastateur de cette contraction économique fait que le gouvernement peut très difficilement maintenir les programmes de redistribution sociale et par conséquent aussi le consensus au sein de l’alliance dominante. A cela s’ajoute le renforcement des traits autoritaires du régime politique, aussi bien ceux hérités du processus bolivarien dans son ensemble que ceux liés à l’incapacité politique du nouveau président. Il faut surtout souligner la destruction du tissu social que l’hégémonie chaviste avait stabilisé. En effet, la crise économique et politique a aggravé la faille d’origine du chavisme, qui consistait en une mauvaise compréhension de l’organisation sociale de base sur laquelle s’est fondé ce mouvement considéré comme étant autogéré et autonome, alors qu’en réalité ce mouvement était plutôt le produit de politiques publiques menées par l’État vénézuélien (10).

Au sein du PSUV et du mouvement chaviste, cette faille s’est exprimée dans une culture politique qui, depuis l’époque de Chavez, a peu à peu supprimé le débat critique au sein des rangs du parti, ce qui avait été en partie un trait lors de sa fondation (11). Par ailleurs, une des tendances de ces dernières années est l’augmentation de la militarisation de l’État et du gouvernement. Il est possible que cela soit dû au fait que Maduro, n’ayant pas de lien organique avec les Forces armées, a incorporé davantage de ses membres à des postes de pouvoir pour s’assurer leur loyauté. C’est ainsi qu’aujourd’hui un tiers des ministres (12 sur 31) et des gouverneurs (13 sur 20) sont des militaires, et beaucoup d’autres se trouvent dans des positions clés de l’économie, où, le manque de contrôles démocratiques crée des conditions favorisant la prolifération de la corruption, surtout dans les domaines comme la répartition des devises, le contrôle des ports [importations de biens de consommation, pour l’essentiel devant être achetés sur les marchés internationaux] ou la distribution d’aliments (12).

Outre la corruption, vieux problème vénézuélien qui est antérieur à l’expérience chaviste, la crise met en évidence les effets négatifs liés au régime rentier pétrolier (extractiviste) qui régit l’économie. Par exemple, dans le secteur énergétique, le manque d’investissements a provoqué des coupes et des restrictions dans la fourniture d’électricité et a fait sombrer le pays dans une pénurie de gaz naturel et de ses dérivés, alors même que celui-ci possède une des plus importantes réserves reconnues de gaz conventionnel à l’échelle mondiale. Pire, le gouvernement s’est déclaré intéressé à utiliser les techniques de perforation horizontale et de fracking, qui se sont avérées dommageables pour l’environnement et pour la santé, cela dans le but de commercer l’exploitation de gaz dans le bassin du lac Maracaibo (13). Ce sont ces techniques qui, paradoxalement, ont permis aux Etats-Unis d’obtenir une relative autonomie énergétique, entraînant un déséquilibre dans le marché mondial du pétrole, ce qui a contribué à faire chuter les prix globaux et a nui au Venezuela (14).

En outre, la crise approfondit la pénétration du capital transnational, comme le montre la création de la Nouvelle zone de développement stratégique nationale «Arco minero del Orinoco», qui ouvrira presque 112’000 kilomètres carrés à la grande industrie minière locale et étrangère sous la supervision des Forces armées (15).


Manifestation contre Nicolas Maduro à San Cristobal, dans l’Etat de Tachira, le 20 mai 2017

Consciente de la faiblesse de Maduro, la même opposition qui avait affronté Chavez s’est renforcée et a repris vigueur suite à la légitimité perdue sous l’effet du coup d’Etat de 2002. Rassemblée au sein de la Mesa de Unidad Democratica (MUD), elle réunit des groupes qui vont de la gauche modérée à l’extrême droite putschiste, chacun ayant son programme propre. A cause de leur poids majoritaire dans l’Assemblée nationale [élue en décembre 2015], les organisations qui dirigent la MUD sont Primero Justicia (PJ) et Voluntad Popular (VP) (16) aux côtés de l’ancien parti AD (Alliance démocratique). Parmi les membres de PJ se trouvent l’ex-candidat présidentiel Henrique Capriles et Julio Borges, l’actuel président du Parlement, archétypes de la génération politique qui, avec la montée du chavisme, n’ont pas pu effectuer leur passage logique à la politique puntofijista après avoir été éduqués à l’étranger et avoir appartenu au COPEI. VP, dirigée par Leopoldo Lopez, appelle à la mobilisation de rue, avec un degré élevé de violence, en refusant d’accepter la légitimité du gouvernement et faisant campagne pour une intervention étrangère contre le Venezuela de Maduro (17).

Bien qu’elle ait existé, l’orientation de l’opposition prônant le dialogue n’a duré que jusqu’à la publication des résultats de l’élection présidentielle de 2013. En effet, depuis l’intenable accusation de fraude électorale de la part de Capriles (18), appel qui a entraîné 11 morts, la radicalisation de l’opposition a donné lieu à des faits brutaux comme ceux qui se sont passés lors des manifestations d’étudiants de février 2014, lorsque Lopez et son parti, aux côtés de la parlementaire Maria Corina Machado et du maire de Caracas, Antonio Ledezma, ont soutenu une mobilisation qui a fait 47 morts et durant laquelle on a vu l’installation de fils de fer tendus dans les rues pour décapiter les motocyclistes pro-gouvernementaux. L’appel à faire tomber le gouvernement a fait que Lopez et Ledezma ont été condamnés à des peines de prison. Cependant, une offensive internationale dirigée par l’ex président espagnol José Maria Aznar et d’autres ex-mandataires ibéro-américains, avec le soutien du secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro [d’origine uruguayenne], les a transformés – malgré leurs antécédents putschistes – en «martyrs» de la défense de la démocratie et des droits humains.

Le grand problème de l’opposition est le manque d’un projet commun et alternatif au chavisme. Cela est apparu clairement suite à la «super majorité» parlementaire qu’elle a obtenue en décembre 2015 (20).

Sa politique ne s’est centrée que sur le démantèlement de tout ce qui avait été fait précédemment et sur la stratégie la plus adéquate pour renverser Maduro, en négligeant la recherche de mesures concrètes pour affronter la criminalité et l’insécurité [ces phénomènes sont très marqués, depuis longtemps, entre autres dans la périphérie de la capitale Caracas; le «Gran Caracas» compte quelque 4,5 millions d’habitants] ou pour soulager la crise économique.

Les rares propositions programmatiques à son actif vont dans le sens d’une croissance de la rente pétrolière, la libéralisation économique et «l’aide» que pourrait offrir le FMI [face à la dette publique], ce qui est peu attractif pour la société vénézuélienne, car beaucoup de fractions populaires pensent que si l’opposition arrivait au pouvoir, ces mesures leur feraient perdre encore davantage que ce qu’elles ont déjà perdu (21). Ces propositions vont enfin dans le sens d’une réarticulation du pacte élitaire qui a dominé toute l’histoire vénézuélienne. En s’insurgeant contre le régime qui les exclut de la politique distributive étatique ou qui limite sa participation à la distribution de la rente pétrolière, cette opposition cherche à déstabiliser cet État par la force.

Mais dernièrement, la crise humanitaire provoquée par la détérioration socio-économique grave du pays a permis à l’opposition d’instrumentaliser en sa faveur la mobilisation populaire de l’ouest de Caracas, bastion du chavisme, ouvrant ainsi une brèche dans l’indiscutable enracinement populaire bolivarien. L’opposition appelle à créer un couloir humanitaire [terme utilisé par analogie avec les couloirs humanitaires demandés par des ONG pour des villes assiégées] afin de résoudre le manque de produits et de médicaments. Mais elle se mobilise surtout sur des revendications politiques telles que la libération des prisonniers politiques ou le référendum révocatoire contre Maduro. En même temps le peuple, qui se réfère en majorité au chavisme d’origine, se mobilise contre les autorités poussé par la faim, par la pénurie de médicaments et de produits de base ainsi que suite à l’explosion de la violence et de l’insécurité généralisées [liée à la paupérisation et à la crise des institutions et du régime] (22).


La crise de la distribution sous «contrôle» militaire

Le système de contrôle des devises et des prix imposé en 2002-2003 pour faire face au sabotage économique de l’opposition est devenu dysfonctionnel lorsqu’il a permis la spéculation par les secteurs qui contrôlent les devises. Le manque chronique de dollars a sapé toute capacité économique, surtout dans le secteur de l’importation. Par conséquent ce sont les groupes populaires qui dépendent des produits importés par le gouvernement et qu’il vend à des prix contrôlés qui sont les plus touchés [car ces produits sont rares]. Cette situation a entraîné une croissance du marché noir. Le manque d’une stratégie d’approvisionnement et de distribution – une autre tare du développement bolivarien – y a également contribué (23). Outre ces graves problèmes de pénurie, les dernières données économiques diffusées par l’Institut national de statistique (INE) vénézuélien et par la Commission économique pour l’Amérique latine (CEPAL) indiquent pour décembre 2015 une inflation générale de 180,9% et une inflation du prix des aliments de 218% (24). Dans ce contexte, la dénutrition augmente, pour la première fois à cause de la faim et non pas des maladies, la population a perdu en moyenne 8 kg par personne, alors qu’augmentent ceux qui indiquent qu’ils ne mangent que deux fois par jour, ou moins (25).

Après avoir scellé définitivement son accord avec les secteurs populaires au début des années 2000, les politiques sociales chavistes ont entraîné une diminution pratiquement ininterrompue de la pauvreté et de l’indigence. Celles-ci atteignaient leur niveau le plus bas en 2012, lorsque la pauvreté était estimée à 25,4% de la population et l’indigence à 7,1% (26). Mais, entre 2014 et 2016, le pourcentage de foyers pauvres monte en flèche, passant de 48,4% à 81,8%; 51,5% des foyers se trouvant dans une situation de pauvreté extrême (27). Cela démontre l’importance qu’a eue la redistribution sociale de la rente pétrolière, tout en étant en même temps le talon d’Achille du système.

La crise politique s’est accentuée depuis avril 2017, alors que les traits autoritaires se sont exacerbés avec Maduro, au point de contourner la Constitution de 1999, cela avec l’assentiment du Conseil national électoral (CNE) et, initialement, du Tribunal suprême de justice (TSJ) (28).


Diosdado Cabello épaule Nicolas Maduro

Il faut ajouter à cela l’augmentation de la radicalité des affrontements entre les forces de choc de l’opposition et celles du gouvernement. Ce qui est le plus marquant du point de vue politique est à quel point cette situation approfondit la division au sein du chavisme. Au début du mandat de Maduro la tension se manifestait entre, d’une part, une faction civile chargée d’importants ministères tels que celui de l’Agriculture et des Terres et celui de l’énergie et du Pétrole et, d’autre part, une faction militaire, composée d’éléments actifs et retraités, dont plusieurs compagnons de Chavez depuis l’émeute de 1992, et qui dirigeaient des secteurs nationaux stratégiques. Ces derniers contrôlaient l’Assemblée nationale et le PSUV en la personne de Diosdado Cabello (29). Mais aujourd’hui cette division, faussant la polarité initiale, s’élargit vers de nouvelles franges civiles et militaires.

En ce qui concerne les militaires, le «commando F4» gagne en importance. Ce groupe, dirigé par d’ex-compagnons d’armes de Chavez, reproche à Maduro son éloignement de tout projet révolutionnaire, socialiste ou bolivarien, tout en soulignant la précarité économique qui affecte la troupe professionnelle et les familles des militaires (30). De son côté, la dissidence de gauche du chavisme – dont le noyau est Marea Socialista, un collectif de politiciens et d’intellectuels chavistes critiques dont l’existence précède la crise actuelle – gagne de nouveaux appuis, y compris des ex-ministres de Chavez et de Maduro, des dirigeants politiques, sociaux et universitaires qui critiquent la «rupture des lignes de force constitutionnelles» et l’état de polarisation et de violence qui affectent le pays (31).

Les deux groupes misent sur l’ouverture d’un dialogue politique et social pour permettre un consensus national. Mais pour l’opposition de gauche, il s’agit d’alerter sur le fait que le tournant anti-démocratique pris par Maduro, qui vient s’ajouter à celui de l’opposition et qui a mis à mal le fragile régime institutionnel vénézuélien, pourrait ouvrir la porte à l’intervention étrangère. Mais cette alternative de gauche est quoi qu’il en soit peu développée et, en réalité, elle n’a pas la capacité suffisante pour diriger le processus de transition. L’orientation qu’adopte ce processus continue plutôt à être entre les mains des militaires, dont le soutien à Maduro explique en bonne partie son maintien au pouvoir.

Ce qui est en jeu après la mort de Chavez est plus que le processus de démocratisation du Venezuela, une question qui pourrait concerner la majorité des pays latino-américains. En jeu est la possibilité que se développe en Amérique latine un capitalisme national et populaire dans le cadre d’une économie internationale de tendance néolibérale. Cependant, aujourd’hui la position immédiate que devraient défendre les forces de gauche dans la région est de veiller à l’autonomie populaire dans la résolution de cette crise, en évitant toute dérive vers un nouveau pacte élitaire, qui pourrait y compris être décidé depuis l’extérieur des frontières vénézuéliennes.

4. Critique et internationalisme face à la crise vénézuélienne

Le processus vénézuélien reste très ouvert. En grande partie parce qu’il n’y a pas eu [pour l’instant] de brèche importante au sein des Forces armées. Néanmoins les conditions de vie dramatiques que connaît quotidiennement le peuple pourraient accélérer le cours des événements. Suivant quelles fractions du chavisme et/ou de l’opposition finiront pas s’imposer (ou par conclure un accord), le cours historique de Venezuela pourrait prendre une orientation imprévisible. Mais plutôt que de chercher à prédire ce que l’avenir réserve au Venezuela, nous tenons à réaffirmer quelques réflexions sur la crise du chavisme et – qu’on le veuille ou non – ce qu’héritent de cette expérience les efforts de ceux qui visent à une transformation anti-néolibérale et cherchent la faire émerger sous différentes latitudes de la planète.

D’abord, quelle que soit l’attractivité des bénéfices que procure l’exploitation des ressources naturelles pour étendre la «démocratie sociale», y compris lorsque ces bénéfices sont monopolisés par l’État, ce moyen impose des limites aux projets politiques de transformation. En effet, ils génèrent une extrême dépendance par rapport aux cycles économiques internationaux [prix des commodities], ils produisent des crises socio-environementales dans les territoires exploités et entraînent en général une dépression d’autres secteurs productifs (le dit «syndrome hollandais» qui résulte d’une surexploitation des ressources naturelles et conjointement produit le déclin de l’industrie manufacturière). Il est évident que de telles critiques doivent être compatibles avec les revendications légitimes de redistribution des secteurs populaires, qui sont justement ceux qui alimentent ces expériences.

Deuxièmement, il a été démontré une fois de plus qu’il ne suffit pas de «prendre l’Etat» pour avancer dans la transformation de la société capitaliste, même si c’est avec les outils de la démocratie libérale. La tragédie que vit le Venezuela nous renvoie de nouveau aux limites historiques des gauches au pouvoir au cours du XXe siècle qui, de manière répétée, ont réduit le problème du socialisme à l’étatisme, alors qu’il s’agit au contraire de socialiser de manière permanente le pouvoir et de démocratiser de manière croissante la vie sociale.

Troisièmement il faut noter que la crise au Venezuela aura un impact énorme pour la gauche latino-américaine. Une défaite entraînerait la délégitimation de certaines bonnes idées que le chavisme a tenté de développer, et permettrait une prédominance accrue de l’influence états-unienne dans la région, cette fois par le biais de la Colombie, où les Etats-Unis disposent de bases militaires importantes. D’autant que le Brésil est également traversé par une crise politique aiguë.

Nous ne savons pas comment va se terminer cette crise vénézuélienne. Mais quelle qu’en soit l’issue nous devrons porter la lourde charge de son héritage. Nous devrons l’expliquer, apprendre de ses réussites et de ses erreurs. Mais la gauche ne pourra en tout cas pas l’ignorer, même si cela entraîne des coûts politiques (ou électoraux) importants. Au minimum nous devons sortir de ce silence intéressé, défendre le fait que notre critique à l’égard du Venezuela est destinée à radicaliser ses réussites et à ne pas les inverser, apprendre de ses erreurs, mais aussi contrer les termes qu’essaient de nous imposer la réaction et le progressisme néolibéral dont les orientations ont été les principales responsables des conditions de vie très pauvres que connaissent les peuples latino-américains, jour après jour.

Dans l’immédiat, la solidarité de la gauche latino-américaine avec le peuple vénézuélien doit s’appuyer sur son engagement critique en faveur d’une solution anti-néolibérale et démocratique de la crise, poussant pour que les forces qui représentent cette orientation s’imposent. Avec la même détermination il faudra affronter le caractère putschiste, élitaire et néolibéral que représentent les actuels agissements de l’opposition. En fin de compte, la constitution d’une gauche radicale passe aussi par le fait de récupérer l’internationalisme critique et solidaire qui a caractérisé la tradition révolutionnaire de notre Amérique latine. (Article publié le 29 juin 2017, traduction A l’Encontre)

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Giorgio Boccardo enseigne à l’Université du Chili dans le master «Les études latino-américaines». Sebastian Caviedes est chercheur à la Fondation Nodo XXI, enseignant à l’Université du Chili
Notes

1/ Le Pacte de Puntofiho a été conclu en 1958 entre les trois grands partis vénézuéliens. Comme expliqué dans l’article, il va se prolonger jusqu’aux années 1980. Voir Becerra, M. (2001). El colapso del sistema de partidos en Venezuela: explicación de una muerte anunciada. En Maingón, T., Carrasquero, J., y Welsch, F. (Eds.). Venezuela en transición: elecciones y democracia, 1998-2000. Caracas: RedPol, pp. 36-51.

2/ Lander, E. (2007). Venezuela: logros y tensiones en los primeros ocho años del proceso de cambio. Gobiernos de izquierda en América Latina. Un balance político. Bogotá: Aurora, pp. 39-76.

3/ Ruíz, C., y Boccardo, G. (2015). ¿América Latina ante una nueva encrucijada? Anuario del conflicto social.

4/ Chávez, H. (1996). Agenda Alternativa Bolivariana: Una propuesta patriótica para salir del laberinto. Caracas. Recuperado de: http://minci.gob.ve/2014/03/libro-rojo/

5/ Boué, J. C. (2002). Internacionalización de PDVSA: ¿Triunfo estratégico o desastre fiscal? Revista Venezolana de Economía y Ciencias Sociales, 8(2), pp. 237-282.

6/ Maya, M. L. (2003). Venezuela en la encrucijada. Revista OSAL, (9), pp. 55-60.

7/ Lander, E. (2007). Op. cit.

8/ Maya, M. L. (2008). Venezuela: Hugo Chávez y el bolivarianismo. Revista Venezolana de Economía y Ciencias Sociales, 14(3), pp. 55-82.

9/ Cepal. (2016). Anuario Estadístico de América Latina y el Caribe. Santiago: ONU. Mientras en 2013 el precio promedio del crudo era de US$100, en febrero de 2016 cae a su punto más bajo al costar US$24,25.

10/ Lander, E. (2016, 12 de julio). «La implosión de la Venezuela rentista». Aporrea.org.

11/ Buxton, J. (2016, julio-agosto). «Venezuela después de Chávez. Entrevista». New Left Review (99), pp. 7-29.

12/ Lander, E. (2016). Op. cit.

13/ , J. (2014, 19 de junio). «El peligroso fracking en Venezuela». Aporrea.org.

14/ Telesur. (2015, 22 de octubre). «El fracking desequilibró el mercado petrolero mundial». Telesurtv.net

15/ AVN. (2016, 27 de febrero). «Plan del Arco del Orinoco contempla industrializar potencial minero nacional».

16/ Son las que vehiculizan más recursos económicos, especialmente del financiamiento que Estados Unidos le viene otorgando a la oposición desde 2002, a través de agencias como Usaid y la NED. Núñez, E. (2014, 5 de abril). «Usaid: ¿agencia de desarrollo o de operaciones encubiertas?» BBC Mundo.

17/ Lewit, A. y Brito, G. (2016). «Radiografía de la MUD: análisis sobre la oposición venezolana». Celag.org

18/ Se apuntó a la avería de 535 máquinas del sistema electrónico de votación nacional. No obstante, aun cuando sea cierta esta situación, se trata de una cantidad de votos marginal respecto al total de sufragios. Ver Rosnick, D. y Weisbrot, M. (2013, mayo). A statistical note on the April 14 Venezuelan Presidential Election and audit of results. Center for Economic and Policy Research (CEPR).

19/ Ver la “Declaración de Panamá” de 2015. Público. (2015, 9 de abril). Felipe González se alía con Aznar para atacar al gobierno de Venezuela. Público.es.

20/ Su desproporción visibilizó el fracaso del PSUV al abordar los problemas del marco electoral. El frente opositor obtuvo el 56% de los votos, mientras que el PSUV y su Gran Polo Patriótico el 41%. Sin embargo, habiendo 164 escaños en juego, 113 fueron adjudicados de acuerdo con un sistema mayoritario y los restantes 51 en razón de un sistema de lista. La súper mayoría de la MUD dependía del apoyo de tres miembros que procedían de comunidades indígenas. Pero esta se acabó cuando se descubrió que ellos estaban implicados en un fraude electoral, junto a un miembro del PSUV, siendo los cuatro inhabilitados. Ver Buxton, Op. cit.

21/ Pardo, D. (2017, 5 de mayo). «‘Si esta es una dictadura, es la más feliz del mundo’: ¿qué piensan y cómo ven los chavistas convencidos la crisis de Venezuela?» BBC Mundo.

22/ Pardo, D., Op. cit. La confusión y la propaganda están a la orden del día en este punto. Recordada es la visible naturaleza de clase con que se inician las protestas contra Maduro, a poco de la muerte de Chávez, concentradas en las zonas más acomodadas de Caracas, donde personas exhibían sus camionetas último modelo y sus ropas de US$300. Weisbrot, M. (2014, 20 de marzo). «The truth about Venezuela: a revolt of the well-off, not a ‘terror campaign’». The Guardian.

23/ Buxton, J. Op. cit.

24/ Estos datos, ciertamente, son subestimaciones que hoy, además, se han acrecentado. Ver Cepal. (2016). Panorama social de América Latina y el Caribe, 2015. Santiago: ONU.

25/ Esto, según el acceso a una “canasta normativa de alimentos”. Ver UCV-UCB-USB. (2017, febrero). Encuesta de Condiciones de Vida en Venezuela (Encovi), 2016. Caracas: Fundación Bengoa.

26/ Cepal. (2016). Op. cit.

27/ UCV-UCB-USB. Op. cit.

28/ Este giro se expresa, sucesivamente, en: desconocer a la Asamblea Nacional de mayoría opositora (sobrepasada reiteradamente por las decisiones del TSJ); bloquear y postergar el referéndum revocatorio para el que la oposición había cumplido con todos los requisitos constitucionales; postergar la realización de las elecciones a gobernador de 2016; y convocar a una Asamblea Constituyente, saltándose el requisito previo del plebiscito, pasando a llevar una disposición que el propio Chávez respeto en su momento.

29/ BBC Mundo. (2012, 11 de diciembre). «Un mapa del chavismo: socialistas y militares.» BBC Mundo.

30/ Santacecilia, M. (2016, 30 de mayo). «¿Quiénes son las ovejas negras del chavismo?» Deutsche Welle.

31/ Aporrea. (2017, 25 de mayo). «Sectores fuera de la polarización hacen llamado a detener escalada de violencia». Aporrea.org.

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Venezuela: Révolution bolivarienne de B à M #2, par Filip Fi




Suite de notre série sur le Venezuela, avec différents articles visant à compléter la vision diffusée par les médias.

Rappelons que nous ne soutenons aucun camp là-bas, militons pour que le peuple vénézuélien choisisse librement et démocratiquement son avenir, et condamnons toutes les atteintes aux droits de l’Homme des deux camps…

Ici, suite du travail de fond du jeune Filip… (1ère partie ici). N’hésitez pas à enrichir l’article en commentaire…

Source : Le Blog Mediapart, Filip, 14-07-2017

Nous connaissons à présent la figure historique que fut Simon Bolivar, la pensée qui l’animait, et l’histoire qui l’accompagne. Faisons désormais un bond dans le temps. La date du 6 décembre 1998 est sans nul doute la plus importante de l’histoire de la révolution bolivarienne, puisqu’elle en constitue le commencement. Par conséquent, afin de comprendre son avènement, il faut observer en détail ce qu’était le Venezuela de l’avant-Chavez, et comprendre les idées et les motivations qui l’ont construite. Nous nous situons dans les années 1980/1990.


© Filip FI
I. La misère d’un peuple

S’il y a bien un facteur décisif dans la rébellion d’un peuple contre quelque système que ce soit, c’est bien ses conditions et son niveau de vie. Et dans le cas présent, le niveau de vie au Venezuela était catastrophique.
Pour comprendre, prenons le célèbre indicateur de développement humain comme point de départ de notre analyse. Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, c’est un indicateur qui varie de 0 à 1 et qui est calculé à partir de trois critères: l’espérance de vie, l’accès à l’éducation, et le PIB par habitant. Plus on approche de 1, mieux c’est, plus on approche de 0, plus ça va mal. Rien de bien méchant.
Je pense que la plupart d’entre-vous êtes d’accord avec moi pour dire que les Nations Unies ne sont pas une organisation bolcheviko-chaviste? Parfait, on ne m’accusera pas d’être subjectif sur ces données. Voici un premier graphique du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) :


Indice de Développement Humain du Venezuela de 1980 à 2013 © INE (reprenant les statistiques du PNUD)

On constate très clairement un faible IDH en 1990 à 0,644. Pour vous donner une idée de ce que cela représente, la France à la même période avait un IDH de 0,909 et elle est aujourd’hui à 0,888, ce qui reste élevé. Le taux de croissance annuel de l’IDH vénézuélien n’est en moyenne que de 0,501% dans les années 19901 . Là encore pour se faire une idée, on peut le comparer au taux de croissance entre 2000 et 2013 qui est de 0,934%, soit presque deux fois plus élevé.
J’ai pris l’IDH pour avoir une vue générale de la situation, mais malheureusement, si on rentre dans les détails, les faits se confirment. En 1997, un vénézuélien sur deux est pauvre, l’extrême pauvreté touche elle, un quart de la population2 . En 1998, moins de trois millions de personnes ont un accès régulier aux soins3 ,une personne sur cinq n’a pas accès à l’eau potable4, presque un enfant sur deux n’a pas accès à l’éducation secondaire, en bref, la situation sociale est catastrophique.

II. Une inégale répartition des richesses

Le Venezuela à cette époque est également, vous l’aurez deviné, un pays très inégalitaire. Si la majeur partie de la population connait une situation sociale difficile, il existe également une petite caste de privilégiés qui sévit, notamment dans les quartiers chics de Caracas.

Et oui, c’est le moment d’y venir, on va parler de l’or noir. Comment parler du Venezuela sans parler de ses importantes ressources pétrolières?

Hormis le fer, l’or, la bauxite ou encore le diamant, le pays possède d’importantes réserves de gaz naturel et surtout de pétrole. Contrairement aux idées reçues sur les pays du Golfe, c’est le Venezuela qui possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole. D’après les chiffres de BP de 2015, 17,5% des réserves mondiales5. La richesse qui émane de cette ressource représente un tiers des revenus du pays.
Malgré une pseudo-nationalisation en 1976 par Carlos Andres Perez lors de son premier mandat, les revenus de PDVSA (l’entreprise pétrolière vénézuélienne) vont davantage dans l’accumulation privé de la classe dirigeante que dans les programmes sociaux, laissant ainsi une énorme source de revenus et de développement potentiel, entre les mains de quelques-uns, sans compter les multinationales étrangères comme Texaco, Exxon, Shell, BP et j’en passe, qui tentent elles aussi d’avoir une part du magot.


Logo de PDVSA

Les inégalités provoquées par cette captation de richesses peuvent se constater grâce à l’étude du coefficient de Gini du PIB par habitant. De la même façon que l’IDH, l’échelle du coefficient de Gini varie de 0 à 1. Le 0 représente une égalité parfaite, et inversement.

En 1998 au Venezuela, on était à 0,486 (0.282 en France la même année), contre 0,381 en 2015. Les 20% les plus riches captaient 53,4% des richesses6.
De quoi créer le terreau d’une révolte tout ça non?

III. Répression politique : Caracazo

Les événements du 27 février 1989 sont d’une importance capitale. Que s’est-il passé ? Tout débute avec l’accession à la présidence le 2 février de la même année du « social-démocrate » Carlos Andres Perez, sur la base d’un programme social-démocrate donc. Il est membre du parti Action Démocratique.

Seulement la tournure des événements qui suivent son arrivée au pouvoir va rapidement dégénérer. Fraîchement arrivé à la présidence, Perez ne tient pas du tout les promesses de son programme électoral mais préfère suivre les conseils néo-libéraux du Fond Monétaire International (FMI), en imposant ainsi au pays d’importantes coupes budgétaires qui incluent l’augmentation des prix du gaz, du téléphone, de l’eau, des transports et de nombreux autres biens de première nécessité, sans compter de nombreuses privatisations.

Les étudiants ne pouvant plus payer les transports (le tarif ayant doublé), ils se révoltent et débutent alors le Caracazo. Au départ de Guarenas le 27 février au matin, la manifestation prend de l’ampleur et investit la capitale Caracas où va commencer une des répressions les plus sanglantes de l’histoire du Venezuela. La police et l’armée sont mobilisées, elles massacrent les manifestants puis persécutent et tuent des civils innocents, notamment dans les quartiers pauvres de Caracas. La ville est dans le chaos, les commerces fermés et les transports arrêtés.


Images d’archive du 27 février 1989

Au-delà des dégâts matériels considérables, c’est le bilan humain qui est fracassant. Le premier bilan officiel de l’époque évoquait 279 morts, mais des découvertes récentes de charniers creusés par le gouvernement à l’époque font elles état d’environ 2500 à 3500 morts, mais les estimations sont difficilement vérifiables. Ces événements sont désormais gravés dans les mémoires et vont constituer la principale source d’instabilité politique qui suivra dans les années 1990.

IV. Naissance d’un mouvement révolutionnaire - Le leader Hugo Chavez

La misère du pays et la répression vont donner naissance à un mouvement révolutionnaire mené par le charismatique Hugo Rafael Chavez Frias. A la fois socialiste, bolivariste, chrétien et marxiste, comme il aimait bien le dire7, voyons qui est Chavez et le mouvement qu’il représente.

Hugo Chavez est né en 1954 à Sabaneta, dans le sud du Venezuela, où il grandit dans une maison « de bois de palmiers et d’un sol en terre ». Fils de parents enseignants, il se passionne très vite pour l’histoire de son pays et notamment celle de Bolivar. A 17 ans, en 1971, il rejoint l’Académie Militaire Vénézuélienne. C’est à l’académie qu’il lira Marx, Bolivar, ou encore Lénine, et débattra beaucoup avec ses camarades en enrichissant ses connaissances afin de développer son esprit révolutionnaire. En 1975, il sort sous-lieutenant de cette académie avec déjà des ambitions de changement du système politique. En 1984, Chavez et ses compagnons créent au sein de l’armée le MBR-200 (Mouvement Révolutionnaire Bolivarien), « 200 » car il a été créé lors du 200èmeanniversaire de la naissance de Bolivar. Ce mouvement d’orientation socialiste va prendre son temps mais passera bientôt à l’action pour essayer de changer les choses.


Hugo Chavez à l’académie militaire

V. Tentatives de putsch du MBR-200 contre le pouvoir

Le Caracazo de 1989 est la goutte de sang qui fait déborder la coupe déjà pleine. Il ne faudra pas moins de trois ans pour que le MBR-200 tente un premier putsch le 4 février 1992 contre Carlos Andres Perez. Des soldats révolutionnaires emmenés par Chavez investissent Caracas, mais par manque d’organisation et d’alliances solides, le coup échoue, et Chavez est emprisonné pendant deux ans.
Il déclare aux médias assumer l’entière responsabilité de cet échec. Cette séquence va lui donner une aura nationale et sa popularité grimpe en flèche, le public découvrant un leader militaire au béret rouge jusque là encore inconnu, qui a eu le courage de défier Perez. Un second coup d’état a été tenté le 26 et 27 novembre de la même année mais il échoue à son tour.


Hugo Chavez en 1992, annonçant l’échec de l’insurrection aux médias

VI. Vers le 6 décembre 1998

Après que Perez ait finalement quitté le pouvoir en 1993 pour fraude fiscale, en 1994 est élu l’indépendant Rafael Caldera, grâce entre autre à la promesse qu’il a faite de libérer Chavez s’il arrivait au pouvoir (Chavez étant devenu très populaire auprès de la population grâce à sa tentative de putsch). La promesse est tenue et Chavez est libéré. Il fonde alors le parti Mouvement Cinquième République avec lequel il se présente aux élections de 1998 avec la promesse de changer la constitution et de rendre sa dignité au peuple.


Hugo Chavez en décembre 1998, après avoir gagné les élections et célébrant sa victoire dans la rue

Comme le montre la photo ci-dessus, le 6 décembre 1998, Chavez gagne les élections avec 56% des voix. Tout le peuple se repose désormais sur lui. Certains se posent encore la question : va-t-il vraiment changer les choses ou est-ce encore un beau parleur ? C’est ce que nous verrons dans l’épisode 3.


Si vous voulez aller plus loin…

…dans la compréhension de ce qui a poussé Chavez à agir, je vous conseille ce documentaire de 2010 dans lequel il revient notamment (mais pas que) sur les événements que nous avons évoqué dans l’article à travers un entretien avec un journaliste argentin: Hugo Chavez vraiment.

ARTICLE PRÉCÉDENT: Episode 1: Bolivar et le bolivarisme

ARTICLE SUIVANT: Episode 3: La révolution bolivarienne sous Chavez

Notes :
1: Ces données et leurs graphiques proviennent du dossier Indice de développement humain, 1980-2013 de l'INE vénézuélien (Institut National de la Statistique), lui-même reprenant le PNUD.
2: Données de l'INE sur la pauvreté
3: "Venezuela, une révolution économique et sociale" par Salim Lamrani
4: Ministère du Pouvoir Populaire pour l'Environnement - Population avec un accès à l'eau potable 1988-2009
5: Chiffres de BP
6: Données de l'INE sur le coefficient de Gini
7: Discours de clôture du VIIIème congrès de l'ALBA - Chávez: "Soy socialista, bolivariano, cristiano y también marxista"

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Message au camarade Oscar Figuera, Secrétaire Général du Comité Central du Parti Communiste du Venezuela (PCV) de la part du Parti Progressiste des Travailleurs de Chypre (AKEL)


Solidarité Internationale PCF Vénézuela - Révolution bolivarienne, Grèce et Chypre, Impérialisme Aucun commentaire
04 août 2017


Traduction NK pour « Solidarité internationale PCF – Vivelepcf » - 3 août 2017 - Message de la part d'Andros Kyprianou, Secrétaire général du Comité Central du Parti Progressiste des Travailleurs de Chypre (AKEL) à Oscar Figuera, Secrétaire Général du Comité Central du Parti Communiste du Venezuela, reconduit dans ses fonction au XVème Congrès du PCV, qui s'est déroulé du 22 au 25 juin 2017.

Cher camarade,
Au nom du Comité central du Parti Progressiste des Travailleurs (AKEL)et moi-même personnellement, je vous félicite chaleureusement pour votre réélection en tant que Secrétaire général du Comité central du Parti communiste du Venezuela. Je transmet les salutations militantes et de camaraderie des cadres et des membres d'AKEL aux communistes du Venezuela qui mènent une lutte héroïque dans les conditions pénibles qui prévalent dans votre pays. Je suis certain que les résultats du XVème Congrès du PCV l'ont renforcé afin de contribuer de manière encore plus décisive à la défense de la souveraineté nationale, de la volonté populaire et des défis de la Révolution Bolivarienne.
À cette occasion, je voudrais exprimer la solidarité sans réserve d'AKEL avec le peuple, le Parti communiste et le gouvernement vénézuélien, qui résistent aux tentatives de la droite et de l’ultra-droite pro-impérialistes de sape et de déstabilisation du pays. Il s'agit d'une tentative qui fait partie des plans américains pour une intervention étrangère et pour le contrôle des riches ressources naturelles de votre pays.
L’AKEL salue les résultats de l'élection de l'Assemblée constituante et le fait que le peuple vénézuélien n'aitpas cédé à la violence et au terrorisme et qu’il ait votéen nombre massif lors de cesélections. Parallèlement, l’AKEL suit attentivement les évaluations et les approches du Parti communiste du Venezuela sur le déroulement de la Révolution Bolivarienne et sur la nécessité d'une réponse révolutionnaire à la crise et aux défis auxquels est confronté le pays, mais aussi auxactions agressives des Etats-Unis. L’AKEL partage votre évaluation selon laquelle la lutte anti-impérialiste pour résister à l'intervention étrangère doit être combinée avec l'intensification de la lutte des classes à l'intérieur du pays.
L’AKEL, selon ses capacités, dénonce et condamne les plans américains d'intervention politico-économique et même militaire au Venezuela, mais aussi la position hypocrite de l'Union européenne dès qu’il le peut, sur chaque podium et dans chaque forum.
Nous savons très bien que, dans l'histoire moderne, il y a eu de nombreux exemples en Amérique latine, mais aussi dans le monde entier, y compris dans notre propre pays, Chypre, où les États-Unis et leurs alliés ont tenté de calomnier, de saper et de renverser des gouvernements qui n'étaient pas à leur goût ou qui necoopéraientpasavec eux. Il est clair que les États-Unis cherchent à mener auVenezuela une répétition moderne du drame chilien des années1970 avec le renversement du gouvernement Salvador Allende et l'installation de la junte de Pinochet.
L’aboutissement de ces aspirations sera décidé par l'unité, la préparation et la détermination des peuples de chaque pays, mais aussi par la solidarité internationale que reçoivent les peuples en difficulté. C'est la raison pour laquelle l’AKEL se tient fermement du côté des communistes, mais aussi de tout le peuple vénézuélien, dans la direction de l'approfondissement de la Révolution Bolivarienne avec des changements radicaux dans la société, dansl'économie et dans l'état du pays au profit du peupleet des travailleurs de votre pays d'origine.
Merci de transmettre aux membres du Parti communiste du Venezuela lasolidarité sans réserve et inébranlable de leurs camarades chypriotes dans leur lutte pour la démocratie, l'indépendance nationale, la souveraineté populaire, la paix et le socialisme.

Salutations fraternelles

Andros Kyprianou
Secrétaire général du Comité Central du Parti Progressiste des Travailleurs (AKEL)


Edité le 11-08-2017 à 20:31:39 par Xuan




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Coup de projecteur sur le Venezuela


Publié le 8 août 2017 par MS21


Le directeur de la CIA, Michael Richard Pompeo a révélé récemment la tenue d’une série de réunions avec la Colombie et le Mexique pour évaluer les manœuvres qui pourraient être mises en œuvre depuis ces nations pour imposer un changement de gouvernement au Venezuela (1). Depuis des mois des paramilitaires colombiens passent la frontière et font des incursions en territoire venezuelien pour y commettre des actes terroristes et s'adonner à la contrebande.

Barak Obama avait le 9 mars 2015 signé un décret qualifiant le Venezuela de "menace inusuelle et extraordinaire à la sécurité nationale et à la politique extérieure des États-Unis " .

Comme elle le fait dans tous les pays où les États-Unis veulent asseoir leur leadership, la CIA finance l'opposition venezuelienne sous diverses couvertures : l'USAID, la NED ...qui se définissent comme des organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires.

Pourquoi les États-Unis s'acharnent-ils contre le Venezuela ?

* La première raison est économique. Le Venezuela possède les plus importantes réserves mondiales - prouvées - de pétrole et jusqu'alors les États-Unis importaient depuis ce pays 1/3 de leur consommation. Trajet de 4 à 5 jours contre 40 à 45 depuis le Moyen-Orient, ce qui réduit considérablement les coûts de transport. Exxon Mobil veille avec son PDG Rex Tillerson, secrétaire d’État de Trump.

* La deuxième raison est idéologique : depuis 1998 et l'élection de Hugo Chavez, le gouvernement du Venezuela de gauche progressiste est favorable aux classes populaires. Il est proche de Cuba. C'est pour les États-Unis un très mauvais exemple qu'il faut éradiquer....

* La troisième raison est stratégique. Dès son arrivée au pouvoir, Hugo Chavez a entrepris de réactiver l'OPEP ( Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) afin de faire remonter le prix du baril tombé très bas - en 1998 moins de 10 dollars -. Puis il reprend le projet de Simon Bolivar d'une "Grande Colombie" en mettant sur pied des alliances et des accords d'intégration avec les pays voisins ( UNASUR, CELAC, ALBA, Petrocaribe...)
Il met en échec le projet étatsunien d'un accord de libre-échange ( ALCA ou ZLEA)(3) de l'Alaska à la Terre de Feu et en contre partie il crée l'ALBA, traité de coopération économique équilibré entre le Venezuela, Cuba, la Bolivie, le Nicaragua, l'Équateur, San Vicente et les Grenadines, Antigua-et-Barbuda .

Pourquoi cette haine de l'opposition envers le président Nicolas Maduro ?

C'est une haine de classe : Nicolas Maduro est un homme du peuple. Ancien chauffeur de bus puis leader syndical, il est élu député en 1999 et devient président de l'Assemblée Nationale. Il est ensuite ministre des Affaires étrangères puis vice-président de la République en 2012. A la suite du décès de Hugo Chavez il devient président par intérim puis remporte les élections qui suivent en avril 2013 avec 50,6% des voix.
La bourgeoisie de Caracas déteste ce Président pourtant élu démocratiquement et aspire à un changement de régime pour retrouver ses privilèges ; ce qu'elle n'a pas réussi à obtenir du temps de Chavez car celui-ci bénéficiait d'un fort soutien populaire, elle espère bien l'obtenir aujourd'hui d'autant que la chute des cours du pétrole ont obligé le gouvernement Maduro à pratiquer une politique sociale moins généreuse.
N'ayant pas réussi à gagner les élections présidentielles, elle a organisé la pénurie. C'est dans la rue que cette opposition pense arriver à ses fins. Précisons que l'opposition de droite et d'extrême droite se concentre dans quelques quartiers de Caracas - les plus aisées - ( Chacao, Altamira), dans quelques municipalités de droite et dans les zones frontalières avec la Colombie. Le chaos n'a nullement envahi tout le pays. Les appels à la grève générale n'ont pas été suivis.

Pourquoi tant d'informations mensongères dans (presque) tous nos médias ?

On entend à la radio ou à la TV que les manifestations ont provoqué la mort de 120 personnes depuis avril : mais qui sont ces morts ? leur identité ? qui les a tués ? Si les journalistes ne précisent rien, c'est pour inciter les auditeurs à penser que les forces de l'ordre tirent sur des manifestants pacifiques, ces "combattants pour la liberté" ! Or la majorité des victimes a été causée par les violences de l'extrême droite et les quelques "bavures" policières (une vingtaine) ont été durement sanctionnées par le pouvoir. Il faut à ce propos, rappeler que les forces de l'ordre au Venezuela ne sont pas équipées d'armes létales.
Entendu sur France-Inter : "Les sbires de Nicolas Maduro ont riposté..." Pourquoi utiliser ce mot "sbires" et non "forces de l'ordre" ou "policiers" ? Tout est fait pour discréditer l'adversaire de classe.

Ainsi Nicolas Maduro voudrait instaurer une dictature ! Comment ? En organisant l'élection au suffrage universel d'une Assemblée Constituante ! En soumettant cette nouvelle constitution à un référendum ! Voilà les méthodes autoritaires de Maduro qui vont conduire à la dictature ! C'est risible ! Maduro n'est pas Pinochet ! Que l'on nous cite des "dictateurs" qui ont organisé autant d'élections et de référendum que Chavez et Maduro !

L'opposition clame qu'elle ne reconnaîtra pas cette Assemblée car le procédé serait illégitime. L'article 347 du Chapitre III de l'actuelle constitution dit : " le peuple du Venezuela est le dépositaire du pouvoir constituant originaire. Il peut convoquer une Assemblée Nationale Constituante avec l'objet de transformer l'État, créer un nouvel ordre judiciaire et rédiger une nouvelle constitution."

Quand on voit l'Union européenne emboîter une fois de plus le pas à la rhétorique de Washington et déclarer qu'elle non plus ne reconnaîtra pas la nouvelle Assemblée venezuelienne, on peut s'interroger une nouvelle fois, sur sa conception de la démocratie et de la souveraineté des États.

Malgré le boycott de l'opposition, malgré les pressions médiatiques, malgré les menaces de toutes sortes, malgré le danger, malgré deux assassinats de personnalités dont celui d'un candidat à son domicile, les citoyens sont allés voter : 8 millions de votants !

Ref : (1) http://reseauinternational.net/venezuela-le-directeur-de-la-cia-admet-quil-travaille-avec-la-colombie-et-le-mexique-pour-renverser-la-revolution-bolivarienne/

(2) UNASUR : Union des nations sud-américaines
CELAC : Communauté d'Etats Latino-Américains et Caraïbes
ALBA : ALliance Bolivarienne pour les peuples de notre Amérique.
Alba signifie aube en espagnol : tout un symbole....

(3) ALCA en espagnol, ZLEA en français : Zone de Libre échange des Amériques

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Publié dans actualité politique
Venezuela : la pensée mi-figue mi-raisin de la gauche intellectuelle


Romain MIGUS

Le cyclone médiatique semble s’être éloigné temporairement des côtes vénézuéliennes. Durant les trois semaines précédant l’élection des députés à l’Assemblée constituante, le Venezuela bolivarien a été à la Une de toutes les entreprises de communication internationales.

Ce n’est évidemment pas un hasard : il s’agissait de créer un climat favorable dans l’opinion publique pour justifier un changement de régime par la force. Celui ci n’ayant pas eu lieu, et le Peuple vénézuélien ayant donné une légitimité par les urnes à l’Assemblée constituante, en dépit du boycott de l’opposition et des menaces qui pesaient sur les électeurs, le Venezuela disparaît progressivement de nos médias, laissant la place à l’arrivée de Neymar au PSG et à celle d’un bébé panda au zoo de Beauval.

Comme les nuages se sont désormais retirés (attention tout de même à la queue du cyclone), nous pouvons désormais constater l’ampleur des dégâts laissé par le typhon médiatique au sein de l’opinion publique, et particulièrement parmi les sympathisants et militants de la transformation sociale. Le temps de rétablir la véracité des faits étant bien plus long que celui d’énoncer des mensonges, il restera toujours un doute et une méfiance dès que l’on recommencera à parler du Venezuela bolivarien. Il convient donc de revenir sur la légitimité de certaines sources d’information.

Depuis quatre mois, une opération de déstabilisation antidémocratique était en cours dans le pays caribéen. Elle s’est accélérée dés que le président Maduro, analysant la crise politique dans laquelle était plongé son pays, décida de redéfinir le pacte social qui unit les vénézuéliens en convoquant une Assemblée constituante. L’opposition vénézuélienne, au nom de la démocratie, décida de boycotter et d’empêcher par tous les moyens la tenue de cet évènement électoral.

Les tenants de la droite internationale ont tous manifesté une solidarité inconditionnelle avec leurs semblables vénézuéliens dans leur tentative de renverser le pouvoir. De Rajoy a Santos, de Uribe a Manuel Valls en passant par Peña Nieto et autres, aucun des dirigeants de droite n’a conditionné son soutien à une quelconque critique de cette opposition, pourtant très peu démocratique. En revanche, dans certains secteurs de gauche, nous avons pu assister à des exercices de funambulisme politique voire à des attaques frontales contre la Révolution Bolivarienne au moment où celle-ci est attaquée de toute part.

La plupart de ces commentateurs, pour critiquer le processus révolutionnaire vénézuélien, sans pour autant devoir puiser leurs références à l’extrême droite, se sont référés aux analyses produites par les membres de Marea Socialista, organisation issue d’une énième scission des partis trotskystes vénézuéliens (1). Ces derniers, pour dépasser le cadre intime de leur organisation, ont lancé un mouvement autodénominé « Plateforme du peuple en lutte et du chavisme critique ». Grand coup de communication, puisque cela laisse supposer qu’ils détiennent le monopole de la critique. Ce qui est évidemment faux. Il suffit, pour s’en rendre compte, de discuter un instant avec n’importe quel militant ou sympathisant du Parti Socialiste Uni du Venezuela (Psuv), ou des organisations de base de la Révolution bolivarienne.

Comme les médias et certains politiciens n’ont cessé de le répéter, ce mouvement compte effectivement 4 des 141 anciens ministres de l’ancien président Chavez (1999-2012). Mais alors, on se demande bien pourquoi la parole de 3% des anciens ministres d’Hugo Chavez pèse plus que celle des 97% restant qui continuent, eux, de soutenir la Révolution (2). Dans ce cas, la légitimité accordée à cette ultraminorité ne semble venir que de leur récente position d’opposant politique.

Cette invocation permanente du « chavisme critique » n’est pas le fruit du hasard. Systématiquement relayé par les médias dominants voire par les leaders de l’opposition, l’éclosion médiatique du « chavisme critique » semble faire écho au mémorandum élaboré en 2006 par l’ancien ambassadeur étatsunien William Brownfield et révélé par Wikileaks trois ans plus tard. Dans la missive envoyée au Département d’Etat, l’ancien ambassadeur faisait état du travail de l’ambassade pour tenter de diviser le chavisme (3). Il semble que les efforts souterrains des Etats-Unis aient porté leurs fruits.

Le Venezuela n’est pas un cas isolé. Tous les gouvernements progressistes d’Amérique latine ont une opposition dite de gauche. Rejeté majoritairement par les Peuples de leurs pays, le Psol au Brésil (1,55%), les Verts en Bolivie (2,69%), le Front de Gauche en Argentine (3,43%), ou encore l’Unité plurinationale des gauches en Equateur (3,23%) ont un écho médiatique sans commune mesure avec leur manque de représentativité populaire.

Et pourtant, des « intellectuels de gauche » jusqu’aux médias dominants, leurs analyses destructrices des processus révolutionnaires sont extrêmement relayées dans les pays occidentaux sans qu’aucun questionnement sur la légitimité de leur point de vue ne soit jamais évoqué. Même si chaque opinion est intéressante pour enrichir le débat, cette question de la légitimité démocratique des sources d’information pose problème (4).

Imaginons un seul instant que le New York Times fasse une double page d’interview de Jacques Cheminade pour dresser un bilan critique des débuts d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Ce qui choquerait ne serait pas tant les propos tenus par le politicien français, mais l’exclusion du même média de personnes considérées comme plus légitime car rassemblant autour d’elles un courant d’idées et une véritable force politique d’opposition. Au nom de quoi se voit-on imposer les Jacques Cheminade vénézuéliens pour décrypter la situation du pays caribéen ?

Lors des élections législatives de 2015 au Venezuela, Marea Socialista et le « chavisme critique » ont présenté 67 candidats à l’Assemblée Nationale (5), ces derniers réalisèrent des scores historique…ment faible, allant de 0,01% à 0,1% (6). Si 99.9% des vénézuéliens (chavistes ou d’opposition) rejettent les analyses et les propositions des membres du « chavisme critique », pourquoi donc cette vision s’impose dans le débat sur le Venezuela au sein d’une partie de la gauche française ? Est-ce parce que cette dernière trouve dans ces critiques qu’elle comprend, une façon de se désolidariser d’une révolution qui lui échappe et dont elle ne mesure pas la portée ?

Cette pensée mi-figue mi raisin consiste à mettre sur le même pied des positions politiques adverses et inégales. Et pourtant, même cette expression idiomatique typiquement française (« mi-figue, mi raisin » tend à nous faire oublier que la France est un pays de raisin, dont la production est 2000 fois supérieure à la production de figue (7). Tout le monde conviendra que si l’arrêt de la production de figue ne représenterait pas un coup dur à notre économie, celle du raisin, en revanche, détruirait une grande partie de nos campagnes. Il ne viendrait à l’idée de personne de mettre sur un pied d’égalité ces deux productions agricoles. Or, hasard des chiffres, le chavisme compte aussi 2000 fois plus d’électeurs que Marea Socialista et son chavisme critique, et malgré cela la figue molle réussit à se hisser au niveau du raisin.
La pensée « mi-figue mi-raisin », si elle s’adapte parfaitement aux schèmes de pensées intellectuels, est impropre à la prise de décision politique où l’on est élu pour trancher entre des différentes options politiques. Elle est de fait, la meilleure alliée de la droite la plus réactionnaire. Car en se cachant derrière l’illusion d’une troisième voie dans un contexte extrêmement bipolarisé, en invoquant la liberté virtuelle du Peuple de rejeter les deux seules options politiques crédibles qui s’offrent á lui, elle participe en réalité à la justification des stratégies antidémocratiques de l’opposition vénézuélienne.

Cette pensée abonde dans certains secteurs de la gauche d’opposition, éloignés depuis trop longtemps des centres de pouvoir et de prise de décision. Elle est le reflet d’une gauche ONGisée et intellectualisée dont le but n’est pas la prise de pouvoir et le changement social mais la critique permanente des situations présentes. Il n’est donc pas étonnant de retrouver de manière récurrente en France et en Europe, l’argumentation de ces acteurs sans responsabilité politique ni légitimité démocratique.

La plupart des ONGs en « poste » dans les pays progressistes d’Amérique Latine dont le Venezuela ne sont en fait que les porte voix internationaux des thèses de l’opposition, quand ils n’imposent pas l’agenda politique des pays étrangers ou des groupes économiques qui les financent.

Ces organisations séquestrent la parole de catégories sociales, en s’accaparant leur représentation sans aucun contrôle démocratique. Elles donnent ainsi l’illusion de défendre un Peuple ou des segments de la société alors qu’en réalité, elles ne combattent que pour des concepts et des idéaux sans jamais écouter les citoyens ni tenir compte de leurs revendications. Si elles n’ont aucun impact dans les pays sur lesquels elles pondent des rapports, elles sont systématiquement relayées au sein d’une partie de la gauche occidentale, elle-même encore trop refugiée au sein d’associations ou à l’Université.

Si la plupart des ONGs s’opposent aux gouvernements progressistes d’Amérique Latine, c’est aussi sous le coup de deux facteurs. En premier lieu, avec la prise de pouvoir de mouvements populistes, un nombre non négligeable de membres de ces organisations ont été cooptés par l’appareil d’Etat, en raison de la promiscuité entre leur lutte et le projet politique légitimé par les urnes. Certains membres décidèrent alors que l’espace ouvert par le pouvoir était le lieu idéal pour faire avancer leurs idées malgré les contradictions politiques existantes et délaissèrent la critique permanente pour la construction politique. Ceux qui restèrent en marge du nouveau moment politique ont levé le voile sur le rôle qu’ils tenaient au sein du vieux système de caste : celui de corps constitués de la contestation, c’est à dire d’un espace de critiques inoffensives qui permet au système capitaliste d’entretenir l’illusion de la démocratie. Si ce genre de structures peuvent avoir un rôle positif lorsque le pouvoir ne favorise qu’une élite, elles sont totalement inadaptées lorsqu’un gouvernement se tourne vers la défense de l’intérêt général.

En second lieu, on a tendance à oublier que les documents publiés par certaines ONGs sont le résultat d’un travail élaboré par des individus ayant eux-mêmes leurs propres positions politiques dans la société qu’ils sont censés analyser. Par exemple, à l’époque où Robert Ménard ne représentait pas encore l’aile la plus radicale du Front National (8), et où nombre de médias et de politiques se faisaient l’écho des rapports de Reporters Sans Frontières sur le Venezuela, absolument personne ne savait que le correspondant de RSF au Venezuela était un opposant furibond financé par le gouvernement étasunien via la National Endowment for Democracy (NED) (9). Ce genre d’exemple abonde au Venezuela et en Amérique Latine. Et pourtant, une fois passé l’Océan Atlantique, leurs points de vue sont admis avec la plus grande crédulité au nom de la défense de grands idéaux comme la démocratie, les droits de l’homme ou la liberté de la presse (10).

Il ne s’agit évidemment pas d’empêcher qui que ce soit de penser ou d’émettre des opinons sur le Venezuela ou sur n’importe quel autre pays, mais de remettre la source de ces informations et de ces critiques à sa juste valeur, en ne sous estimant jamais la capacité des Peuples à juger de leur propre condition, comme ce fut le cas au Venezuela lors du vote du 30 juillet 2017 pour élire les députés à l’Assemblée constituante.

Des électeurs vénézuéliens traversent le Rio Pambo à pied pour aller voter et contourner les barricades que l’extreme droite a construite pour empêcher la tenue du scrutin démocratique

Ainsi, lorsque l’on entend que cette Assemblée constituante où même Nicolas Maduro n’auraient plus de légitimité, comme le clament à l’unisson la droite la plus radicale et un groupe de politiciens déguisés en « intellectuels de gauche » (11), nous sommes en droit de nous demander que représentent, à leurs yeux, les 8.089.320 électeurs chavistes qui se sont déplacés aux urnes pour l’élection des députés à l’Assemblée constituante. L’opposition ayant décidé de boycotter l’élection, le nombre d’électeurs qui ont voté le 30 juillet 2017 l’ont fait pour marquer leur adhésion à la proposition politique du président Maduro. Cela représente 41,53% des inscrits, soit un nombre plus important que celui qui, en 2000, avait entériné par référendum la précédente constitution (30,17% des inscrits) (12). Y a-t-il une légitimité à deux vitesses ?
De nombreux dirigeants de par le monde aimeraient d’ailleurs bénéficier d’un tel soutien populaire et d’une telle légitimité démocratique. Rappelons que les présidents de la Colombie Juan Manuel Santos, de l’Argentine Mauricio Macri, ou du Mexique Enrique Peña Nieto, tous farouches opposants à Nicolas Maduro furent élus avec seulement 24% des inscrits de leur pays. Sans parler de Michel Temer, qui n’a reçu aucun vote populaire pour occuper la présidence du Brésil. Ce n’est pas la cohérence politique qui étouffe les opposants à la révolution bolivarienne.

Pourquoi ceux qui ne reconnaissent pas cette force chaviste ne dénoncent-ils pas alors « l’illégitimité » du président français, Emmanuel Macron, élu avec 43,6% des inscrits, soit un score comparable à la dernière élection vénézuélienne, et sans boycott du vote de la part de ses opposants. Encore une fois, on imagine mal une série de pays, comme ce fut le cas pour le Venezuela, ne pas reconnaître les résultats de l’élection française, et donc le président en exercice, au vue de la « faible » participation ». Dans ce « deux poids, deux mesures », nous voyons bien qu’il s’agit d’une attaque politique qui ne tient pas compte de la légitimité démocratique que confère le Peuple à ses représentants.

Les critiques sur l’illégitimité du gouvernement vénézuélien venant d’une certaine gauche ou d’organisations non gouvernementales nous inquiètent au plus haut point, car elles révèlent avant tout leur rejet de la démocratie et leur incapacité à comprendre les motivations du Peuple dont ils prétendent représenter les intérêts.
Les derniers évènements au Venezuela nous forcent à nous questionner sur la place que doivent occuper, dans notre démocratie, les organisations politiques ou certains corps intermédiaires lorsque ceux-ci sont complètement détachés des préoccupations populaires, et ne fonctionnent que par une idéologie totalement éloignée de la réalité sociale. Cela nous interpelle aussi sur le manque de légitimité démocratique de ces organisations lorsque celle-ci prétendent parler au nom de personnes qui, non seulement, ne se sentent pas représentées par ces organisations mais qui, au contraire, légitime le pouvoir que celles-ci prétendent dénoncer. Sur ce point, comme sur beaucoup, d’autre, le Venezuela n’a pas fini de nous inviter à remettre en cause notre propre réalité politique.

Romain MIGUS
Notes :
(1) Tous les trotskystes vénézuéliens ne sont pas alignés sur cette tendance. Ainsi Stalin Perez, cofondateur de la C-Cura, puis de Marea Clasista y Socialista, puis de Marea Socialista, a pris ces distances avec ses anciens camarades et a fondé la Liga Unitaria Chavista Socialista (LUCHAS), mouvement trotskyste critique, mais qui continue de soutenir la Révolution Bolivarienne. On peut d’ailleurs noter que, pour l’arrogance de certains de ses dirigeants, une nouvelle scission est en train de poindre au sein du « chavisme critique ». Affaire à suivre pour ceux qui ont du temps à perdre.
(2) Un nombre très restreint de ces ministres a fait défection dans les premières années du Chavisme rejoignant l’opposition de droite. C’est le cas, de Luis Miquilena, Francisco Uson, Alfredo Peña par exemple.
(3) Voir le mémorandum sur http://search.wikileaks.org/plusd/cables/06CARACAS3356_a.html
(4) En Argentine, le Front de Gauche (3,43%) a appelé à s’abstenir au deuxième tour favorisant la victoire de Mauricio Macri d’à peine 2,68%. Les conséquences néfastes du retour à l’ère néolibéral décidé par ce dernier sont catastrophiques pour le peuple Argentin.
(5) Voir la liste des candidats sur http://www.aporrea.org/poderpopular/a217218.html
(6) Voir les résultats des élections sur www.cne.gob.ve
(7) 3000 tonnes de figues produites en 2016 contre 6.247.000 tonnes de raisins. Voir http://ec.europa.eu/eurostat/fr/home
(8) Selon les mots de Louis Alliot, député et vice président du Front National, voir http://lelab.europe1.fr/Pour-Louis-Aliot-vice-president-du-FN-Robert-Menard-s-entoure-de-gens-beaucoup-plus-radicaux-que-ne-le-sera-jamais-le-FN-14422Pour-Louis-Aliot-vice-president-du-FN-Robert-M...
(9) Personne sauf peut être Robert Ménard mais ce n’est pas le sujet et les lecteurs du Grand Soir et du livre “La face cachée de Reporters sans frontières” (Aden Editions, 2007). En effet, Thierry Deronne l’avait signalé dans la préface et Maxime Vivas y était revenu dans le texte de son manuscrit.
(10) Point de vue admis aussi dans des organisations internationales. Ainsi l’ONU vient d’emmètre un communiqué assez négatif sur la situation au Venezuela. Cependant, l’ONU n’a envoyé aucun enquêteurs sur place et, de leur propre aveu, ils se sont basés sur les témoignages des ONGs et de celui de l’ancienne procureur de la République, opposante politique de Nicolas Maduro.
(11) Voir « L’appel international à stopper l’escalade de violence au Venezuela », appel disponible sur le portail d’information de la droite vénézuélienne la plus radicale, LaPatilla.com. Coïncidence ? Voir : http://www.lapatilla.com/site/2017/06/06/intelectuales-de-izquierda-de-todo-el-mundo-firmaron-solicitud-contra-la-violencia-en-venezuela/
(12) 30,17% des inscrits avaient voté en faveur de la nouvelle Constitution, 11,86% s’y était opposé. Le reste s’est abstenu ou a voté nul.

URL de cet article 32181
http://www.legrandsoir.info/venezuela-la-pensee-mi-figue-mi-raisin-de-la-gauche-intellectuelle.html

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Venezuela : poursuivre la Révolution

République sociale

C’est une claque magistrale que vient d’infliger le peuple vénézuélien à tous ceux qui pensaient que la Révolution bolivarienne était sur le point de s’achever.

Près de 8 millions de personnes se sont ainsi déplacés ce dimanche 30 juillet afin de voter pour le projet de l’Assemblée Nationale Constituante, convoqué par le Président Maduro. Avec cette victoire, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), et ses alliés, ont montré leur maturité face à une opposition de plus en plus violente, et n’hésitant pas à user d’assassinats contre des militants et des élus de gauche. Plutôt que de tomber dans l’escalade de la violence, les dirigeants vénézuéliens ont choisi de remettre leur destin entre les mains du seul décisionnaire du pays : le peuple.

Cette victoire permet, certes, de consolider la Révolution, mais elle va surtout permettre d’ouvrir un large cadre de débats afin d’établir la prochaine Constitution et d’améliorer celle actuellement en place, instaurée par le Commandant Hugo Chavez. En somme, résoudre les erreurs qu’a pu commettre la Révolution bolivarienne, tout en garantissant une fin des conflits par la paix et la négociation. Bien-sûr il n’a pas fallu longtemps pour que l’opposition d’extrême-droite et les Etats-Unis contestent ce résultat, ils l’avaient d’ailleurs déjà fait avant même le scrutin.

Malgré la fin de la guerre froide il y a près de 30 ans, jamais les Etats-Unis n’ont renoncé à renverser tout gouvernement progressiste ou socialiste d’Amérique Latine. Coup d’Etat, assassinats, déstabilisations, financement d’une opposition armée, attentats, tout moyen est bon pour obtenir la fin d’un dirigeant ayant choisi de placer les intérêts de son peuple avant ceux de la finance internationale. Déjà en 2002 l’opposition avait tenté un coup d’Etat militaire, mettant en prison le Président de l’époque Hugo Chavez. C’était sans compter sur la vigilance du peuple vénézuélien qui était parvenu à faire libérer Hugo Chavez en manifestant par millions dans les rues du pays.

Rien de surprenant donc à ce que les Etats-Unis aient pris de nouvelles sanctions à l’égard du pouvoir en place et ne cessent de soutenir une opposition violente et armée, qualifiée de démocratique, du moment qu’elles luttent contre un pouvoir ne partageant pas les mêmes intérêts que l’Oncle Sam. En France, lorsque qu’une personne prend les armes et tue civils, policiers ou militaires cela s’appelle du terrorisme, une définition semble-t-il variable suivant de quel bord se trouvent les dirigeants de tel ou tel pays. Pourtant les exemples sont nombreux, et le fait que le Venezuela soit la première puissance en terme de réserve de pétrole aurait dû en alerter plus d’un sur les volontés impérialistes du voisin Nord-Américain qui rêve de revenir à la situation d’avant Chavez, où les bénéfices du pétrole revenaient en grande partie aux multinationales étasuniennes.

Approfondir le processus révolutionnaire

Cette nouvelle étape dans la Révolution Bolivarienne doit amener dirigeants et base populaire à continuer dans cette voie révolutionnaire. Tout n’est pas parfait au Venezuela, loin de là, mais quel pays peut se vanter d’être parfait ? Certes le gouvernement vénézuélien a sans doute fait des erreurs, vouloir baser l’économie entière du pays sur le pétrole en était une, ne pas prendre au sérieux le désir de vengeance de l’oligarchie, après 18 ans de Révolution, en fut une autre.

Malgré les sanctions internationales et des déstabilisations, les avancées du Venezuela Bolivarien sont considérables et reconnues de tous. Des avancées démocratiques avec l’instauration du référendum révocatoire permettant de destituer tout élu- y compris le Président- si le peuple le souhaite, la mise en place d’une démocratie participative pour qu’à chaque échelon de décision, le peuple puisse exprimer ses revendications. Mais c’est surtout au niveau social que la Révolution Bolivarienne a agi en profondeur.
Réduction drastique de la pauvreté, éradication de l’analphabétisme, augmentation des salaires, des retraites, construction de logements sociaux sur tout le territoire. De plus, l’entretien d’excellentes relations avec le pays frère Cuba a permis au peuple vénézuélien de bénéficier des soins et des aides des médecins cubains, souvent situés dans les zones les plus pauvres, là où les médecins locaux refusaient d’exercer.

Pratiquant des soins gratuits, les médecins cubains ont également formé des milliers de vénézuéliens, améliorant de fait considérablement le système de santé de la Patrie de Chavez.
Avec cette nouvelle victoire dans les urnes, le gouvernement et le peuple vénézuélien se sont donnés les moyens d’approfondir la Révolution. N’en déplaise à ceux qui voulaient voir le gouvernement chuter, ou souhaitaient que la violence l’emporte sur la paix, cette victoire, saluée par tous les pays progressistes d’Amérique latine, montre que s’en remettre à une décision populaire est la plus révolutionnaire des décisions. Il est quand même incroyable qu’un pays soit diffamé de la sorte, pour avoir convoqué son peuple aux urnes, alors que dans le même temps, le gouvernement français use de la politique des ordonnances pour faire passer des lois antipopulaires sans débats.
Certains diront que la Révolution n’est pas allé assez vite, ni assez loin. Mais pour l’heure, face aux menaces putschistes de l’extrême-droite vénézuélienne, rappelant les pires heures de l’Amérique latine, celle de la dictature militaire argentine, ou celle de Pinochet, pantin de la CIA et qui avait renversé le gouvernement socialiste, démocratiquement élu, de Salvador Allende, les progressistes doivent affirmer leur solidarité envers le processus révolutionnaire bolivarien.

http://republiquesocialeblog.wordpress.com/2017/08/05/venezuela-poursuivre-la-revolution/

URL de cet article 32176
http://www.legrandsoir.info/venezuela-poursuivre-la-revolution.html
agnol contre la démocratie vénézuélienne

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Venezuela. Un test de la loyauté de l’armée


Pierre Barbancey
Mercredi, 9 Août, 2017

L'Humanité

reuters
L’attaque d’une caserne militaire à 180 km au nord de Caracas, dimanche, par un commando paramilitaire vise à sonder l’attitude des militaires et de leur hiérarchie.
L’attaque menée dimanche par un commando paramilitaire contre une base de l’armée nationale vénézuélienne, située à 180 km au nord de Caracas, montre que le Venezuela est sous la menace directe d’une déstabilisation. Ce jour-là, un groupe d’hommes armés ont fait irruption dans la base militaire à Valencia. Deux assaillants ont été tués, un blessé et sept capturés, alors que le reste des attaquants s’est enfui non sans avoir dérobé un stock d’armes. Trois militaires vénézuéliens ont été blessés, dont un grièvement.

Le chef de ce commando, l’ex-capitaine Juan Caguaripano Scott, qui a pu s’échapper, n’est pas un inconnu. Il a été radié de l’armée en 2014 après une tentative de soulèvement contre le pouvoir. Il s’était alors réfugié au Panama puis aux États-Unis. Il est maintenant activement recherché au Venezuela, de même que son bras droit, Jefferson Gabriel Garcia, lui aussi ancien militaire vénézuélien. Sans doute pour les aider dans leur fuite, l’opposition a appelé, mardi, à barrer des routes à travers le pays pendant six heures.

Avec l’aide financière et matérielle de gouvernements étrangers

Par ailleurs, lundi, les sites Internet du gouvernement, de la Cour suprême ou encore du Parlement ont été la cible d’une cyberattaque. Un groupe de hackers a revendiqué l’opération, appelant à descendre dans la rue et à soutenir les militaires ayant attaqué la base. Le 27 juin, déjà, un ancien membre de la police scientifique, Oscar Lopez, avait dérobé un hélicoptère et, avec plusieurs hommes, avait lancé des grenades sur le siège de la Cour suprême, pour, disait-il, «libérer au plus vite notre peuple de ce gouvernement corrompu» .

De son côté, le ministre de la Défense, le général Vladimir Padrino Lopez, accompagné des principaux chefs militaires du pays, a martelé : «Ayez la certitude que nous pouvons compter sur une force armée nationale bolivarienne unie dont le moral est au plus haut.» S’exprimant devant des centaines de soldats il a réaffirmé que «l’attaque terroriste;» de dimanche était l’œuvre de «mercenaires payés depuis Miami par des groupes d’extrême droite» .

Au lendemain de l’installation de l’Assemblée nationale constituante, tout indique que de multiples opérations sont en cours, sans nul doute avec l’aide financière et matérielle de gouvernements étrangers. Même le député français, de droite, Claude Goasguen, peu connu pour ses penchants révolutionnaires, qui dénonce le régime «illégal» et «dictatorial» de Nicolas Maduro, a dit, sur Franceinfo, les doutes qui l’assaillaient; «Ça rappelle un peu le début des incidents au Chili, en espérant que ça ne termine pas pareil. Les Américains ont beau dire qu’ils n’y sont pour rien… Le Venezuela étant ce qu’il est: la proximité avec les États-Unis, sa puissance pétrolière… » , ajoutant «On ne peut pas ne pas imaginer que la CIA est pour quelque chose, quand même, dans ce qui va se passer au Venezuela.» Un français approximatif pour dire qu’il n’y aurait rien d’étonnant à considérer la main de services de renseignements extérieurs.

De fait, l’attaque perpétrée dimanche laisse penser qu’il s’agit d’un test. Personne ne peut croire qu’une poignée de paramilitaires pourrait renverser le gouvernement, qui plus est à 180 km de la capitale! Il s’agissait très probablement de voir comment réagirait l’armée vénézuélienne et si des divergences ou des défections ne se feraient pas jour. L’opposition a toujours appelé l’armée à se désolidariser du gouvernement, preuve qu’elle attache de l’importance au comportement de ce pilier de l’État. Et l’Agence France Presse (AFP), dans ses premières dépêches publiées dimanche, laissait planer l’idée, sans aucune information allant dans ce sens, d’une insurrection au sein même de la base militaire. L’opposition a créé un gouvernement parallèle qui pourrait s’installer dans la région de Tachira, à la frontière avec la Colombie, base arrière de groupes paramilitaires colombiens d’extrême droite.

Les officiers de haut rang fidèles à la mémoire d’Hugo Chavez

Il est évidemment difficile d’apprécier l’état d’esprit qui prédomine dans l’armée. Au sein de l’état-major, selon nos informations, les officiers de haut rang restent fidèles à la mémoire d’Hugo Chavez, mais que pensent-ils du président Maduro ? On sait aussi que, contrairement à ce que racontent ou omettent la plupart des médias internationaux, nombre de militaires ont été arrêtés ces derniers mois, coupables d’avoir tiré et tué des opposants qui manifestaient. On sait également que certains membres de l’armée, impliqués dans des affaires de corruption, voire de narcotrafics, sont emprisonnés, générant une certaine amertume parce que, selon certains officiers, nombre de civils tout aussi pourris n’ont pas encore été inquiétés.
Dans un tel contexte, il faut certainement s’attendre à de nouvelles attaques armées, informatiques ou diplomatiques contre le Venezuela, à l’heure où se met en place une commission Vérité et Justice dont l’un des buts est de permettre le dialogue entre les différentes parties. À l’évidence, ce n’est pas le souhait d’un certain nombre de pays, à commencer par les États-Unis, ceux de l’Union européenne et ceux du Mercosur qui ont suspendu le Venezuela.

L'ONU DÉNONCE UN « USAGE EXCESSIF DE LA FORCE »

« Depuis le début des manifestations en avril, on constate une tendance évidente à l'usage excessif de la force à l'encontre des manifestants, a déclaré le haut-commissaire aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué. Plusieurs milliers de personnes ont été placées en détention arbitraire, beaucoup auraient été victimes de mauvais traitements et même de torture. » Selon l'agence de l'ONU, les forces de sécurité et les milices pro-gouvernementales seraient responsables de la mort d'au moins 73 manifestants antigouvernementaux sur les 124 décès recensés lors des manifestations. Quid des 51 autres personnes tuées ? Le communiqué de l'ONU mentionne simplement : « Certains groupes de manifestants ont également eu recours à la violence, avec des attaques signalées contre des agents de sécurité. Huit policiers ont été tués dans le contexte des manifestations. » Des dizaines de civils ont également subi les assauts de groupes de manifestants organisés et ont été tués. Zeid Ra'ad Al Hussein a exhorté toutes les parties à « prendre les mesures nécessaires à un véritable dialogue politique » .

Pierre Barbancey
grand reporter


Edité le 11-08-2017 à 23:35:36 par Xuan




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   Posté le 11-08-2017 à 23:38:57   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le Président Evo Morales : La CPI doit juger les financeurs et organisateurs de la violence au Venezuela


Suite de notre série sur le Venezuela, avec différents articles visant à compléter la vision diffusée par les médias.
Rappelons que nous ne soutenons aucun camp là-bas, militons pour que le peuple vénézuélien choisisse librement et démocratiquement son avenir, et condamnons toutes les atteintes aux Droits de l’Homme des deux camps…

Source : Venezuela infos, Thierry Deronne, 30-07-2017

Qui découvre ce qui se passe au Venezuela uniquement via les médias occidentaux confondra droite insurgée avec révolte populaire, croira que le gouvernement a la mainmise sur les médias alors que c’est la droite qui domine dans la presse écrite, radio et télévisée. Les journalistes parlent de « chaos » et de « pénuries comme faillite du socialisme bolivarien » pour ne pas analyser la guerre économique menée par un secteur privé qui possède 80 % de l’économie.
Ils parlent, avec un solide mépris de la démocratie, de « régime » : ce gouvernement élu a mené plus d’élections que dans n’importe quel autre pays d’Amérique Latine et Jimmy Carter considère que ce pays « possède le meilleur système électoral du monde » .

En ce qui concerne la violence, il faut répéter, vu la force massive de la désinformation, que les médias inversent la chronologie des faits : http://venezuelainfos.wordpress.com/2017/07/29/antidote/ , faisant passer la réponse des forces de l’ordre à une insurrection d’extrême droite négrophobe, qui a lynché et brûlé vifs près de vingt personnes, pour une « répression de manifestants pacifiques » .
Les violences de la droite sont la cause de la majorité des morts. Les membres des forces de l’ordre qui ont désobéi et fait un usage excessif de la force ont rapidement été arrêtés et jugés, fait plutôt rare dans le monde.

La journaliste Abby Martin (Empire Files) a réalisé ces reportages sur la vraie nature de cette opposition de droite qu’on nous a présenté comme « démocratique ». (On peut activer les sous-titres français en bas à droite de la vidéo)

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   Posté le 11-08-2017 à 23:46:47   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Venezuela : à la rencontre de « l'opposition » (Abby Martin, Empire Files - 1/2)

http://www.youtube.com/watch?v=UrplFnkT34
http://www.youtube.com/watch?v=UrplFnkT3_4


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Venezuela : Rupture du storytelling, par Thierry Deronne


Suite de notre série sur le Venezuela, avec différents articles visant à compléter la vision diffusée par les médias.
Rappelons que nous ne soutenons aucun camp là-bas, militons pour que le peuple vénézuélien choisisse librement et démocratiquement son avenir, et condamnons toutes les atteintes aux Droits de l’Homme des deux camps…
Source : Venezuela infos, Thierry Deronne, 05-08-2017


Le 2 août, peu après la forte mobilisation citoyenne qui s’est manifestée lors de l’élection d’une Assemblée Constituante, les vénézuéliens ont pu voir sur Globovision (une des télévisions privées majoritaires dans le pays) Henry Ramos Allup, un des plus belligérants leaders de l’opposition, déclarer: « nous avons décidé de participer aux élections régionales, à celles des maires et aux présidentielles. » (1). Un secteur important de la droite se démarque publiquement des violences de l’extrême droite de Leopoldo Lopez et admet la validité du Centre National Électoral (qu’il dénigrait jusqu’ici comme instrument chaviste). Légitimer le retour à la voie démocratique préconisé par le président Maduro ? Le storytelling distillé à toute heure, tous les jours et par tous les moyens, et auquel croient par conséquent dans leur quasi totalité les citoyens occidentaux, commence à tourner dans le vide.

Plus le temps passe, plus le mammouth de la concentration mondiale des médias éprouve des difficultés à empêcher la diffusion d’éléments qui lui échappent. L’image d’une guerre civile ou celle d’une opposition démocratique en lutte contre un régime répressif ne tient plus. On sait que la majorité des victimes a été causée par les violences de l’extrême droite (2), que cette violence est confinée à quelques pour cents du territoire – zones riches ou paramilitarisées (municipalités de droite et frontière avec la Colombie), que la grande majorité vit en paix et rejette ces violences, y compris parmi les électeurs de droite (3). Le « régime » (en réalité un gouvernement élu) a arrêté et jugé rapidement les membres des forces de l’ordre qui ont fait un usage excessif de la force (4).

Il faut aussi détruire le périlleux exemple d’une Assemblée Constituante. Alors que ce 4 août des militants chavistes, féministes, écologistes, militants de la culture populaire ou contre la spéculation immobilière étrennent à Caracas leurs sièges de députés constituants (5), les grands médias dénigrent le suffrage des vénézuéliens en relayant les dénonciations de « fraude » lancées depuis Londres par le directeur de Smartmatic – une société commerciale qui a fourni les machines du Centre National Electoral (CNE) mais n’a pas accès aux données du vote (6).

Les médias ne mentionnent pas une source bien plus sérieuse. Après avoir observé le scrutin sur place, le Conseil des Experts Électoraux d’Amérique Latine (CEELA) formé de juristes et d’ex-présidents des tribunaux électoraux de plusieurs pays d’Amérique Latine, conclut que « le résultat des élections au Venezuela est véridique et fiable. » Le CEELA précise que le Conseil National Électoral (CNE) a employé « le même système qu’il a utilisé pour toutes les élections, y compris celles de 2015 où l’opposition a remporté la majorité des sièges à l’Assemblée Nationale » .
Ce système électoral, qualifié par l’observateur Jimmy Carter de « meilleur du monde » (7) permet à « toute personne de vérifier que ceux qui sont venus voter étaient bien les 8.089.320 annoncés par le CNE » (8)

Une des conséquences de la vitesse émotionnelle, de l’instantané satellitaire, de l’absence de contexte, etc.. qui caractérisent toute campagne de propagande s’appelle l’obligation de moyenne. D’un côté mille médias nous martèlent exactement la même version, de l’autre le Venezuela réel reste lointain, difficile d’accès. La plupart des citoyens, intellectuels ou militants en sont réduits à faire une moyenne forcément bancale entre l’énorme quantité de mensonges quotidiens et une minorité de vérité.

Ce qui donne, dans le meilleur des cas : « il y a une lutte entre blocs, il y a des problèmes de droits de l’homme, une symétrie de la violence, une guerre civile, je condamne la violence d’où quelle vienne, etc.. » .
Et dans le pire, ce plaisir lâche de répéter les titres de 99,9 % des médias sans rien connaître du Venezuela, de crier avec la meute pour se sentir puissant, de montrer du doigt et de faire la chasse aux « suppôts du dictateur ».
En France surtout, mais aussi en Espagne, le Venezuela est remplacé par un écran blanc pour projections privées et règlements de compte entre courants politiques. Le problème est que la quantité de répétition, même si elle crée une qualité d’opinion, ne fait pas une vérité en soi. Le nombre de titres ou d’images identiques pourrait d’ailleurs être mille fois plus élevé, cela ne signifierait toujours pas qu’on nous parle du

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
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   Posté le 13-08-2017 à 15:11:38   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Venezuela. Le peuple a voté oui à la paix…


Angèle Savino
Jeudi, 3 Août, 2017
Humanite.fr

ils sont « la deuxième force électorale» de Caracas : Tamayba lara, candidate, Andy Hernandez, militant, Rigel Sergent et Oliver Rivas, également candidats, portent les propositions des « Chavistes rebelles ».

Ils veulent faire revivre le chavisme populaire et relancer la révolution bolivarienne. Les candidats du mouvement du “chavisme rebelle” *n’ont pas été élus à la Constituante. Mais ils savourent la victoire de la paix…tout en rappelant à ses devoirs le président Maduro. Reportage à Caracas le soir du 30 juillet.

Caracas(Vénézuela), correspondante.

La place Bolivar est remplie de joie. Les militants du “chavisme rebelle” arrivent dans le centre historique de Caracas après une longue journée électorale. La foule danse au rythme d’une célèbre salsa : « Nous voulons la paix, nous ne voulons pas la guerre. Pourquoi se battre ? Nous allons nous unir et chanter pour la paix » .
Elias Jaua, le président de la commission présidentielle de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), arrive sur scène : « Nous avons répondu à l’oligarchie de Bogota qui a une dette envers nous : elle a trahi Simon Bolivar et l’a expulsé de sa Patrie. Nous, les Bolivariens, nous avons vaincu ceux qui ont détruit la Grande Colombie. » L’ancien ministre des affaires étrangères s’adresse indirectement au président colombien Juan Manuel Santos, le premier à ne pas reconnaître les résultats, la veille du scrutin. Il a été suivi par ses homologues péruviens et panaméens. Mais les mouvements sociaux du continent se sont mobilisés. Ils ont lancé il y a deux semaines la campagne « Venezuela, cœur de l’Amérique » .
Les résultats sont annoncés par la présidente du Conseil National Électoral : plus de 8 millions de personnes ont voté « oui » à la paix. « Nous devons construire la prochaine génération de la révolution bolivarienne et rénover le chavisme. Nous sommes heureux de cette victoire politique internationale » , témoigne Oliver Rivas, qui s’est présenté sur la liste territoriale de Caracas. Aucun des candidats du « chavisme rebelle » n’a été élu, la campagne électorale était trop courte. Rigel Sergent, militant du mouvement des habitants, a parcouru plusieurs quartiers populaires dimanche 30 juillet : « la mobilisation était importante, les plus pauvres continuent de soutenir la révolution. C’est la première fois que nous participons à une élection, nous sommes la deuxième force électorale à Caracas. Beaucoup de ceux qui ont gagné ont été ministres ou gouverneurs » .

«La mobilisation était importante. Les plus pauvres continuent de soutenir la révolution. » Rigel Sergent, Candidat.

« Le socialisme se conquiert en luttant, courage Président, le peuple ne renonce pas » , s’exclame la foule, lorsque Nicolas Maduro apparaît : “Nous sommes préparés pour la paix, et aussi pour supporter la guerre, répond le chef d’État. Vous savez que 150 centres électoraux ont été assaillis par les paramilitaires. Mais le peuple rebelle a été courageux. 500 personnes ont traversé le fleuve Torbes, dans l’État frontalier du Tachira pour aller voter, car la route principale était bloquée.”

C’est l’heure de l’autocritique. Les militants du chavisme rebelle s’approchent de la scène avec une immense banderole, et répètent le refrain de leur campagne “Face aux défis, le peuple est rebelle” . Le Président reconnaît que ses partisans sont nombreux à demander d’accélérer la lutte contre la guerre économique. Oliver, Rigel, Tamayba et leur camarades interrompent le Président : « Coup de gouvernail, coup de gouvernail ! » . Silence. Nicolas Maduro les écoute. Puis il reprend : « Je vous jure que je vais lutter pour que nous corrigions nos erreurs ».

Tamayba avait 21 ans le 20 octobre 2012. Elle n’oubliera jamais le discours historique de Chavez sur l’élargissement du pouvoir communal. « Nous sommes organisés en assemblée permanente territoriale pour apporter nos propositions à l’ANC. Nous ne croyons pas au coup de baguette magique, il n’existe pas de recette pour construire le socialisme. Nous devons organiser et construire une constituante populaire. Ici, il existe un peuple organisé, des conseils communaux, des conseils étudiants et de travailleurs. La seule issue à la crise, c’est plus de révolution ! »

Face à la statue de Simon Bolivar, le président Maduro conclue son discours: “Souvenons-nous des héros Indiens Guaicaipuro, Tupac Katari, Tupac Amaru, et des commandants Fidel et Chavez, qui nous accompagnent dans cette étape de renaissance du chavisme populaire.”

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