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 super austérité en Grande Bretagne

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Xuan
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   Posté le 01-08-2013 à 09:56:42   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Super-austérité et retour des soupes populaires en Grande-Bretagne : le nombre de demandeurs triple en un an


source
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Septième pays le plus riche du monde, la Grande-Bretagne ne cesse de voir progresser des formes archaïques de pauvreté : après la pauvreté énergétique, au tour de la pauvreté alimentaire de refaire surface, sous les effets dramatiques des politiques d'austérité.

13 millions de pauvres en Grande-Bretagne dont 4 millions souffrant de « pauvreté alimentaire », ne pouvant se nourrir à leur faim, ou se doter d'une alimentation équilibrée, selon le Food ethics council .

Si un secteur ne connaît pas la crise en Grande-Bretagne, c'est celui des banques alimentaires et soupes populaires. Trussell Trust , la première banque alimentaire du pays, ouvre deux à trois nouveaux locaux par semaine, 150 depuis l'an dernier .

L'association compte 350 000 bénéficiaires depuis le début de l'année scolaire, trois fois plus que l'an dernier , tandis qu'en 2011 elle ne venait en aide qu'à 60 000 déshérités.

Selon l'association OXFAM, ce chiffre ne prend pas en compte les églises, charités, organisations informelles, associations de quartier. Le nombre total de bénéficiaires des banques alimentaires s’élèverait plutôt à 500 000 personnes.

Comment en est-on arrivé là à une telle misère dans la septième économie du monde ?

La cause immédiate, c'est la politique d'austérité du gouvernement conservateur stigmatisant les travailleurs privés d'emploi ainsi que les bénéficiaires de la Sécurité sociale.

Depuis le début de l'année, le gouvernement a lancé la guerre contre les bénéficiaires des aides publiques, la liste des mauvais coups est longue. Exemple, la « bedroom tax » qui ampute jusqu'à 25% l'allocation logement de ceux qui habitent un logement prétendument trop grand.

Parmi les nouvelles mesures passées au printemps, un « benefits cap », plafond monétaire destiné à limiter le cumul des aides ou encore le recul d'une semaine avant d'accorder les premières aides aux travailleurs privés d'emploi.

A terme, le gouvernement prévoit un « Universal credit », une sorte d'allocation universelle destinée à remplacer toutes les aides sociales actuellement délivrées, une façon pernicieuse de remettre à plat le système pour accorder une allocation minimale dite universelle de misère.

La politique de sanctions et de radiations est déjà massive. 85 000 demandeurs d'emploi ont subi des sanctions pour le seul mois de janvier 2013. 55% des nouveaux demandeurs des « banques alimentaires » viennent en raison de changement dans le versement de leurs allocations sociales.

Cause plus profonde, la baisse des salaires et du pouvoir d'achat. Ces demandeurs de biens alimentaires sont en majorité des « poor workers », travailleurs pauvres au salaire insuffisant pour vivre. Deux-tiers des enfants en pauvreté alimentaire ont au moins un parent qui travaille.

Les trois-quart des britanniques ont connu une baisse de salaire réelle sur les deux dernières années. Les travailleurs de la fonction publique connaissent gels de salaire et dégraissage d'effectifs, tandis que ceux du secteur privé ont connu une baisse nominale de 15% des salaires .

Des effets sont encore plus dramatiques pour les « poor workers » qui subissent la « prime à la pauvreté » (poverty premium) : pour eux, les prix de l'énergie, de la nourriture mais aussi les tarifs d'assurance et les taux d'intérêt sont plus élevés.

[g] En moyenne, les pauvres paient 1 600 € de plus qu'une famille aisée pour les biens fondamentaux [/g], subissant la double peine de leur précarité économique et existentielle.

En moyenne, les prix des biens alimentaires, selon OXFAM, ont augmenté de 30% en cinq ans, c'est trois fois l'augmentation du salaire minium. En avril dernier, le gouvernement a même proposé de geler ou … de baisser le salaire minimum !

Enfin, la politique de prix exercée par les grands monopoles, et avec elle les libéralisations et privatisations de ces dernières décennies. Car la baisse dramatique du pouvoir d'achat des ménages britanniques, c'est aussi la conséquence de l'explosion de la facture énergétique.

Privatisée en 1986, British Gas est toujours le premier fournisseur de gaz et d'électricité en Grande-Bretagne. Depuis huit ans, les tarifs ont doublé, le prix du gaz et de l'électricité a augmenté de 30% en deux ans. Encore 6% en novembre dernier … à l'annonce d'une hausse de profits de 13% !

Et la concurrence ? La libéralisation a permis des géants européens comme le français EDF, les allemands RWE et E.on d'investir le marché, aux côtés de Scottish power et SSE. Le « Big six » contrôle maintenant 99% de la fourniture d'énergie du pays.

Chaque hausse de British Gas est suivie par une hausse correspondante des autres monopoles, maintenant les prix au plus haut .EDF a augmenté ses tarifs de 25% en deux ans, tout comme Scottish power, RWE de 23%, E. On de 21%.

Résultat dramatique, en 2009, 5,5 millions de personnes se trouvaient en précarité énergétique en Grande-Bretagne, c'est-à-dire des personnes qui dépensent plus de 10% de leur budget pour leurs factures énergétiques.

Se chauffer ou se nourrir redevient une alternative en Grande-Bretagne.

Les faits tragiques notés dans le rapport d'OXFAM ( « Walking the breadline : the scandal of food poverty in 21 st century » ) nous ramènent au capitalisme de la misère de l'ère victorienne ou à la Grande dépression des années 30.

Des mères qui se privent de repas pour nourrir leurs enfants, des enseignants qui donnent à manger à des élèves affamés, la queue pour les soupes populaires, la situation suscite une légitime indignation contre la politique d'austérité.

Toutefois l' « austérité » n'est pas pour tous, c'est une politique en faveur du capital contre l'ensemble des travailleurs. Les profits continuent d'exploser tandis que le gouvernement continue de baisser l'impôt sur le revenu des plus riches ainsi que l'impôt sur les sociétés.


Voilà la véritable origine du « scandale alimentaire en Grande-Bretagne ! »


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Xuan
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   Posté le 25-11-2013 à 20:25:13   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Un article d'Investig'Action : comment l'idéologie bourgeoise avilit et stigmatise la classe ouvrière.


« Chavs » : comment on diabolise la classe ouvrière

LODE VANOOST
18 octobre 2013




Avec « Chavs : diabolisation de la classe ouvrière britannique », le journaliste britannique Owen Jones a écrit une analyse percutante de la société britannique après quarante années de destruction sociale par le néolibéralisme. L'élite politico-économique britannique a redistribué les cartes vers le haut, avec les syndicats comme ennemi n° 1. Plus besoin d'une autorité socialement responsable. Il n'y a que des profiteurs … les « chavs » ?... L'origine de l'insulte anglaise « chavs », dans le titre du livre n'est pas claire du tout. Selon certains cela remonte à un terme romani pour « enfant ». Selon d'autres c'est l'acronyme de « Council Housed And Violent » [habitant un logement social et violents]. Aujourd'hui « chavs » est le terme généralement utilisé pour diaboliser la couche sociale inférieure et privée de sa dignité sociale. « Chavs » ? c'est bien leur propre faute, non ?

L'auteur

Après ses études, Owen Jones (1984) a travaillé comme chercheur sur les syndicats et le parlement. Il écrit une chronique hebdomadaire dans le quotidien britannique The Independent. Son inspiration est clairement de gauche, ce qui est tout sauf évident dans le paysage médiatique britannique aujourd'hui (du moins si on ne confond pas « la gauche » avec ce qui passe pour la gauche dans le Labour, le parti travailliste).
Le grand succès du livre a amené l'auteur à ajouter un bref « avant-propos » à la deuxième édition anglaise. Owen Jones ne donne qu'une explication : « Le succès du livre est bien plus lié au fait que la notion de « classe » fait son retour après disparition ... Chavs est ma contribution modeste et limitée pour briser le silence autour de la problématique des classes ».

Owen Jones a écrit ce livre il y a deux ans, à peine âgé de 27 ans. Ce n'est donc pas l'œuvre d'un sexagénaire radotant qui a tout vécu lui-même. Au contraire, l'auteur est un jeune novice qui a grandi sous Tony Blair.

Il argumente sa thèse en huit chapitres . Il commence par un certain nombre d'exemples de stéréotypes qui reviennent sans cesse dans les sitcoms britanniques. La plupart nous sont plutôt inconnus, sauf peut-être la série « Keeping Up Appearances » (Sauver les apparences), avec l'éternel fainéant bordélique Onslow et la ridicule petite-bourgeoise Hyacinth. La Grande-Bretagne est une société où l'inégalité des chances est coulée dans le moule du système. On assiste toutefois à une résistance car on se rend compte que cela ne peut pas durer (ce dont témoigne notamment le succès de ce livre).

Les pouvoirs publics n'ont pas de mission sociale

C'est dans la période aux affaires du Premier ministre Margaret Thatcher (1979-1990) que l'auteur voit le début d'une stratégie délibérée d'anéantissement du rôle social correcteur des pouvoirs publics. Les assertions « There is no such thing as society, there are only individuals » et « There is no alternative » sont de sa bouche.

Mais Thatcher n'était pas seulement une forte personnalité avec une opinion. Ses idées sur le rôle de l'Etat n'avaient rien de neuf mais remontaient à une vieille tradition au sein du Parti Conservateur. La première raison d'être de ce parti avait toujours été l'exercice permanent du pouvoir et le maintien des privilèges pour les uns basés sur l'exploitation des autres. Le livre mentionne quelques politiciens conservateurs qui s'en réclament clairement.

Le grand croquemitaine : les syndicats

C'est à cette époque qu'a commencé l'agression contre les organisations sociales qui protégeaient le mieux la population laborieuse : les syndicats. En achetant du charbon polonais et sud-africain (en dépit du boycott onusien contre le régime d'apartheid), Thatcher a su faire plier le syndicat des mineurs après une grève d'une année. Les syndicats britanniques n'ont jamais réussi à se relever de cette défaite.

Mais selon Owen Jones, Thatcher n'est pas a seule cause de la destruction sociale. Ce qui a eu tout autant d'influence c'est la décision du Labour de rompre définitivement avec sa base historique. Le Labour est devenu le New Labour : un parti de la classe moyenne. « Working class » est devenu une insulte.

Ces trente dernières années la Grande-Bretagne a été bouleversée en profondeur. Pourquoi, se demande l'auteur, le terme « Working class » est-il devenu injurieux alors qu'il définit justement ce qu'est une grande partie de la population britannique ? Pourquoi préfère-t-elle s'appeler « lower middle class » alors qu'au niveau des salaires elle diverge à peine (et gagne parfois moins) de ces « ouvriers » tellement méprisés ?

La raison de cette attitude est que pendant des années, les partis politiques, les grandes entreprises et les médias ont diabolisé ceux qui sont juste en-dessous d'eux (et souvent aussi à côté d'eux). Les « classes moyennes » ont fini par croire que si cette population échouait, elle était elle-même coupable de son sort. Elle faisait son propre malheur. Donc, pas besoin de se sentir responsables ou solidaires.

Chavs = enceinte à seize ans

Les partis politiques n'ont pas seulement diabolisé via les médias. Ils ont aussi fait de leur mieux pour diffuser de « l'information ». Récemment encore, en 2010, le Parti Conservateur publiait un pamphlet intitulé « Labour’s Two Nations » (« les deux nations du Parti travailliste »). Il visait notamment à montrer qu'une grave épidémie de grossesses d'adolescentes sévissait dans les quartiers pauvres.

On pouvait y lire : « Dans les quartiers les plus arriérés, 54 % sont enceintes avant leurs 18 ans, comparé à seulement 19 % dans les quartiers moins arriérés ».Les chiffres semblaient exacts, à une virgule près … Le vrai chiffre était : 5,4 %. On ne disait pas non plus que ce chiffre baissait sans interruption depuis 10 ans. Un petit mensonge pour la bonne cause ?

En réalité en 2007 environ 11,4 % de toutes les Britanniques étaient enceintes avant leur vingtième anniversaire. « C'est à peu près autant que dans les années '50, l'âge d'or des valeurs familiales conservatrices ».

Les inégalités sociales sont naturelles

L'auteur cite notamment l'historien de la politique Ross McKibbin, selon qui la fonction du Parti Conservateur est de « défendre l'inégalité. Cela a toujours été le cas. C'est ainsi partout dans le monde avec les partis conservateurs. Ils sont là pour défendre les inégalités et les privilèges sociaux ».

Non pas que ce soit mieux chez l'autre grand parti. « La philosophie du New Labour ne s'enracine pas dans l'amélioration du sort de la classe ouvrière, mais dans l'évasion hors de la classe ouvrière ». Le Labour tablait sur le fait que les travailleurs qui voulaient devenir membres de la classe moyenne continueraient de voter pour lui et que les autres - « les travailleurs qui ne voulaient pas progresser » - n'avaient nulle autre parti où aller et n'allaient sans doute même pas voter.

Les « chavs » méritent d'être ridiculisés

Owen Jones dans son livre : « La classe ouvrière britannique est systématiquement ridiculisée dans les journaux, à la télévision, sur Facebook et dans les conversations de tous les jours. C'est cela qu'implique la diabolisation de la classe ouvrière. Et pourtant, presque quatre hommes sur dix travaillent toujours comme travailleurs manuels ... Plus de huit millions de Britanniques « effectuent encore toujours un travail de leurs mains et huit autres millions travaillent dans un bureau, dans la vente, ou au service de clients. Cela veut donc dire bien plus que la moitié des salariés ... ».

Néanmoins la résistance sociale reste coriace. En dépit des ces incessantes campagnes de diffamation et des comptes-rendus ouvertement unilatéraux sur les conflits sociaux, les syndicats sont toujours les plus grandes organisations sociales du pays. Le nombre de leurs adhérents a fortement baissé, passant de 13 millions en 1979 à juste un peu plus de 7 millions aujourd'hui. Mais ils sont toujours là.

Les nouveaux emplois non syndiqués

« Le recul est encore plus odieux quand on sait que plus de la moitié des salariés du secteur public sont membres d'un syndicat, contre 15 % seulement das le secteur privé. Les nouveaux emplois dans le secteur des services sont une zone quasiment privée de syndicats » Aujourd'hui seuls les Roumains et les Bulgares travaillent encore plus longtemps que les Britanniques.

S'ils n'ont pas de travail, ce sont des profiteurs. Un des ingrédients obligatoires de la diabolisation est le mythe selon lequel les « chavs » sont tous des fainéants qui profitent de la sécurité sociale. Ici aussi, il apparaît que la réalité est différente. L'évasion fiscale en GB coûte au Trésor environ 70 milliards de £ par an (83 milliards d'€). C'est 70 fois plus que le total des fraudes aux allocations.

La classe sociale est bien déterminante

Ce n'est pas que les solutions possibles ne sont pas connues. On sait depuis des dizaines d'années ce qui peut aider les plus pauvres à avancer. « Les perspectives pour les enfants d'ouvriers s'améliorent énormément grâce à la sécurité des rues où ils jouent ; à de bonnes écoles et de bons logements ; à des membres de la famille qui soient aidants, sous l'une ou l'autre forme ; à de bons équipements locaux ; et à une économie locale forte avec un éventail d'offres d'emplois décents pour la classe laborieuse.

Mais selon Jones, cela ne s'arrête pas là. Ce qui est en cause, c'est bien plus que les circonstances externes. La classe dans laquelle on grandit enfant détermine encore de tant d'autres façons les chances qu'on recevra dans la vie.

La ligne de départ est plus loin pour les classes moyennes

Le mythe veut que la classe moyenne et l'élite supérieure sont ce qu'elles sont parce qu'elles ont « travaillé » pour y arriver. Celui qui est pauvre l'a vraiment choisi. C'est là une théorie bien utile. Elle dispense le contribuable d'obligations envers son prochain. Elle permet aussi de couper sans pitié dans la sécurité sociale sans avoir l'air d'être sans cœur. Le mythe du travailleur méritant n'a pas grand-chose à voir avec la réalité.

Tout commence avec le fait que les enfants de la classe moyenne reçoivent un meilleur départ, qui ne repose pas sur de meilleurs prestations, sauf si « être né dans une certaine classe » s'appelle un mérite. « Les enfants de milieu privilégié profitent hors de toute proportion du réseau et des contacts de leurs parents. Beaucoup obtiennent l'emploi qu'ils souhaitent autant par une recommandation ou par des amis d'amis que par leurs qualifications personnelles. Un enfant d'ouvrier de Glasgow ou de Liverpool ne peut que rêver de tels pistons »

Les enfants d'ouvriers ne deviennent pas stagiaires

Owen Jones donne un autre exemple très typique de l'inégalité des chances sur le marché du travail. Aujourd'hui, faire un stage est une des manières les plus courantes pour les jeunes de faire leurs premiers pas professionnels après leurs études. « … rien n'a davantage contribué à faire des professions les plus importantes un bastion fermé réservé à la classe moyenne que la montée des stagiaires … surtout dans la politique, la justice, les médias (!) et la mode. Ce n'est pas seulement de l'exploitation. Cela veut dire aussi que seuls des jeunes ayant les moyens et vivant aux crochets de papa-maman peuvent se permettre ce premier pas das la chasse à un emploi rémunéré ».

La perception surclasse la réalité

Entre-temps « les gens … ont plus peur du crime, alors que les chiffres montrent qu'il est en baisse. Tout cela est en rapport avec le journalisme à sensation et avec le langage provocateur des hommes politiques ».

« Aujourd'hui les politiciens des grands partis ne sont pas disposés à émettre le moindre doute sur les présupposés fondamentaux du système économique moderne. Au lieu de le faire ils attirent l'attention sur des choses accessoires, ce qui a l'avantage de mieux coller aux préjugés de la population et aussi de bénéficier de l'appui tonitruant des médias de droite ».

Cela revient à ceci : « la diabolisation des gens de la classe ouvrière est une manière rationnelle de justifier un système irrationnel ».

Une politique de l'élite, pour l'élite et par l'élite

L'auteur voit l'avenir du système politique sous de sombres couleurs. Les « chavs » ne trouvent plus aucune adhésion à la politique parlementaire. Cette politique est redevenue une lutte entre factions de l'élite politique à propos de trivialités, tandis que le reste est totalement extérieur et regarde, apathique, comme au XIXème siècle. La couche inférieure est réduite à une masse passive et doit évidemment se résigner à son sort naturel, c'est ce que cela revient à dire.

Il y a encore tant de choses dans ce livre qui, de plus, se laisse dévorer – ce qui est exceptionnel pour un livre politique de non-fiction. L'auteur met aussi en pièces une idée en vogue, ici comme ailleurs : mettre les écoles en concurrence sur base de leurs résultats, du nombre d'élèves qui passent avec succès à l'université. Le technique ou le professionnel ? Trop bête pour le travail sérieux !

Cela favorise encore plus la classe moyenne. Donc les formations techniques et professionnelles tomberont encore davantage dans la zone tabou, alors que ce sont des orientations où tant de talents pourraient se déployer. Au lieu de cela elles deviennent le dépotoir des malheureux que l'on persuade qu'ils ne sont bons à rien de mieux.

Ce livre est une lecture obligatoire pour tout parti politique qui ose encore se qualifier de gauche et social. Ce n'est un livre joyeux, les perspectives sont sombres. Il peut néanmoins contribuer à une vision rénovée dans l'intérêt de la lutte sociale pour une société équitable et légitime, où chacun a droit à une existence dans la dignité.

Pour conclure : celui qui lit ce livre avec un esprit ouvert reconnaîtra en lui-même des parts du succès de la diabolisation des plus pauvres d'entre nous. L'auteur lui-même de cette recension doit avouer qu'il a quelquefois tiqué en reconnaissant en lui-même certaines choses qu'il lisait ...cette tendance inconsciente à considérer presque automatiquement les valeurs de la classe moyenne comme des normes universelles.

Un livre très riche d'enseignements !

La version originale est parue chez Verso en 2012 sous le titre : « Chavs. The Demonization of the British Working Class », et c'est déjà devenu un classique indispensable de la non-fiction sociale.
La traduction néerlandaise de « Chavs » est parue le 23 septembre chez EPO, préfacée par le Belgo-Britannique Nigel Williams.

Source originale : Dewereldmorgen

Traduction du néerlandais par Anne Meert pour Investig'Action.

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Xuan
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   Posté le 05-12-2013 à 23:04:37   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

L'âge de la retraite repoussé à 69 ans :

http://www.atlantico.fr/pepites/royaume-uni-retraite-va-etre-repoussee-69-ans-918287.html


Edité le 05-12-2013 à 23:04:53 par Xuan




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marquetalia
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   Posté le 05-12-2013 à 23:40:56   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

evidemment,la bourgeoisie britannique doit bien trouver de l argent pour mener ses guerres impérialistes...
Xuan
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   Posté le 22-07-2014 à 00:03:14   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

A propos d'argent :

Royaume-Uni: ouverture d'une enquête sur de possibles manipulations des changes


L'office de lutte contre la grande délinquance financière (SFO) britannique a ouvert une enquête pénale sur des soupçons de manipulation du marché des changes - Leon Neal/AFP

Une enquête pénale a été ouverte lundi au Royaume-Uni sur des soupçons de manipulations du marché des changes, une affaire qui pourrait déboucher sur un nouveau scandale explosif pour les banques et la City.

"Le directeur du Serious Fraud Office a ouvert aujourd’hui une enquête pénale portant sur les allégations de conduite frauduleuse sur le marché des changes", a indiqué dans un bref communiqué le SFO, l'office de lutte contre la grande délinquance financière.

L'Autorité de conduite financière (FCA) britannique avait déjà lancé l'an dernier une enquête réglementaire au Royaume-Uni sur l'énorme marché des devises. Les investigations se sont depuis étendues à d'autres pays, comme la Suisse, l'Allemagne et les États-Unis.

Le SFO avait jusqu'à présent indiqué examiner "des données complexes" dans ce dossier avant de décider s'il lançait à son tour une enquête, sur le plan pénal cette fois-ci.

Plusieurs grands établissements ont suspendu des cambistes dans le cadre de cette affaire de manipulation présumée. Des enquêtes visent les grandes banques du secteur comme les américaines Citigroup et JPMorgan, la suisse UBS, l'allemande Deutsche Bank ou les britanniques Barclays et Royal Bank of Scotland (RBS).

Les enquêteurs soupçonnent une entente illicite entre des cambistes, qui auraient utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter afin d'influencer en leur faveur le taux de référence quotidien WM/Reuters.

Le marché des changes représente 5.300 milliards de dollars de transactions par jour. La moindre manipulation a ainsi potentiellement d'énormes répercutions - par exemple sur les fonds de pension.

Ces affaire fait ainsi écho à celle du Libor, qui avait éclaté en 2012 et mis en lumière les manipulations pratiquées sur les taux interbancaires par certains banquiers, avec un sentiment d'impunité totale.

Le scandale avait été immense et conduit à la décapitation de Barclays et à de lourdes amendes pour plusieurs grandes banques européennes. Plusieurs personnes ont également été inculpées au Royaume-Uni dans le volet pénal du dossier.

Or, l'affaire des changes pourrait être "aussi grave que le Libor, si ce n'est plus", avait prévenu il y a quelques mois le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney.

La banque centrale, soupçonnée d'avoir fermé les yeux sur les pratiques illégales de certains cambistes, a d'ailleurs chargé en mars un avocat réputé de mener une enquête interne pour s'assurer qu'elle n'avait elle même rien à se reprocher dans ce dossier.

Un marché vital pour Londres

Le gouvernement britannique a de son côté commencé à sévir pour préserver la réputation d'un marché vital pour la place de Londres - qui abrite un peu plus de 40% des échanges de devises, loin devant les États-Unis, Singapour, le Japon et Hong-Kong.

Le ministre des Finances George Osborne a ainsi annoncé en juin l'extension aux marchés des changes (ainsi qu'à ceux des matières premières ou des instruments financiers à taux fixe) des sanctions pénales rendues possibles dans le cadre des nouvelles règles adoptées pour le Libor. Elle prévoient notamment des peines d'emprisonnement pour les fautifs.

"L'intégrité de la City est importante pour l'économie britannique. Les marchés fixent ici les taux d'intérêt des prêts immobiliers des gens, les taux de changes de nos exportations et de nos vacances et les prix des matières premières pour les biens que nous achetons", a souligné George Osborne.

Mais les scandales continuent pourtant de se succéder à Londres. Barclays a ainsi été condamnée en mai à 32 millions d'euros d'amendes au Royaume-Uni pour des manquements sur le marché de l'or, dont le fonctionnement a attiré les soupçons de plusieurs régulateurs.

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Edité le 22-07-2014 à 00:03:45 par Xuan




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   Posté le 22-10-2014 à 22:30:36   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

100 000 manifestants à Londres pour augmenter les salaires ... après avoir perdu 250 € par mois depuis 5 ans !




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Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/

Moins d'une semaine après la grève inédite des travailleurs de la santé, c'est l'ensemble des travailleurs du secteur public et au-delà qui se sont mobilisés ce samedi. Une revendication : augmenter les salaires, après 5 ans de coupes salariales.

Ils étaient près de 100 000 à Londres d'après la secrétaire-générale du Trade Union Congress (TUC) Frances O'Grady, accompagnés par plusieurs milliers de manifestants à Glasgow et Belfast.

Augmenter les salaires après avoir perdu 250 € par mois depuis 2008 !

Dans les cortèges, une forte représentation de ceux qui ont le plus subi les coupes salariales depuis 2008 : les travailleurs du secteur public, dont une forte délégation d'enseignants, d'infirmiers, de postiers, cheminots mais aussi de pompiers et de sages-femmes.

A l'appel des syndicats du public Unite, Unison, du National union of teachers (NUT) ou encore du Royal college of Nurse, la revendication était claire : « Britain needs a pay rise », augmenter les salaires maintenant, après 6 ans de gel salarial, de baisse réelle des salaires.

Le Trade Union Congress (TUC) a ainsi démontré que depuis 2008, chaque travailleur britannique a perdu en moyenne 250 € par mois de salaire. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre confirme, évoquant une baisse de 10 % en termes réels.

On en est à la septième année d'affilée de baisse des revenus moyens des travailleurs : une première depuis les années 1850, pour la confédération syndicale britannique.

« Tous dans le même bateau » ? Baisse des salaires, hausse des profits !

Pendant que les salaires réels ont baissé de 10 % depuis 2008, le taux de profit a lui augmenté de 21 % depuis 2009.

Symbole significatif, la Royal Bank of Scotland, renflouée en 2008 à hauteur de 55 milliards d'euros, enregistre des profits records en 2014 : 3 milliards d'euros pour les six premiers mois, après 1,7 milliards en 2013. Nationalisée en 2008, elle devrait être privatisée d'ici l'an prochain.

Autre symbole frappant, le « Big six », les six grands monopoles de l'énergie (dont EDF) qui se partagent le gâteau du gaz et de l'énergie depuis leur privatisation ont multiplié par 5 leurs profits depuis 2009 pendant que les factures explosent : de 300 millions à 1,5 milliard d'euros.

David Cameron prétendait, lors de ses premiers budgets d'austérité que « tout le monde était dans le même bateau » (« We are all in this together »). Une fable, visible aux yeux de tous désormais.

Pour les travailleurs, la TVA est passée de 17 à 20 % (un coût de 600 € par famille, par an), 700 000 emplois publics ont été supprimés, le budgets des administrations publiques ont été coupées de 25 %, les salaires ont été gelés donc baissés en réel, enfin diverses allocations ont été réduites.

Pour les entreprises, la fête continue puisque l'Impôt sur les sociétés a été diminué de 28 à 24 % en 2010, de nouveau abaissé à 21 % en avril 2014. Il devrait passer à 20 % en 2015. Cela en fait le pays du G-8 le pays plus attractif pour les investisseurs.

Et la privatisation annoncée de la Royal Mail (la poste anglaise), la libéralisation accélérée du Service national de santé (NHS) ainsi que la poursuite du bradage du système de chemins de fer privatisé depuis 20 ans sont une source de profits faciles pour le big business britannique.

« Ils veulent démanteler tous les acquis gagnés depuis 1945 par les travailleurs »

Les leaders trade-unionistes présents à Hyde Park ont renvoyé ce message d'un pays où la lutte de classes n'est pas un discours idéologique mais bien une réalité vécue par tous, et une lutte gagnée par la classe capitaliste.

Ainsi, Dave Prentis, secrétaire-général d'Unison, réveille l'histoire des « deux nations », l'une ouvrière miséreuse, l'autre bourgeoise financière opulente, sorti tout droit du XIX ème siècle, des écrits d'Engels ou Dickens :

« C'est l'histoire de deux nations – l'une où le champagne coule à flots pour les banquiers et où les payes des PDG explosent, l'autre, celle d'un monde où les nôtres luttent pour un gagne-pain de misère ».

Len McCluskey, secrétaire-général d'Unite, ne dit pas autre chose. Pour le leader syndical, les conservateurs veulent « démanteler, détruire tous les acquis gagnés depuis 1945 par les travailleurs », en premier lieu la santé publique livrée aux grandes entreprises privées du secteur.

Même la souvent très modérée Frances O'Grady, leader de la Confédération syndicale TUC (Trade Union Congress), a du radicaliser son discours face à la foule réunie à Hyde Park :

« Après la plus longue, la plus grande période de baisse de salaires de notre histoire, il est temps de mettre fin à ce blocage des salaires, qui empêche la grande majorité d'avoir sa part de la reprise ».

« Une économie qui trouve de l'argent pour financer des baisses d'impôts pour les riches et la cupidité des managers, tandis que le reste subit des baisses de salaire, et des coupes importantes dans les services publics : elle n'est plus supportable pour la majorité », a-t-elle déclaré.

Ce que les travailleurs britanniques subissent depuis au moins 2010, c'est ce qui attend les travailleurs français à partir de cette année.

La visite d'allégeance de Valls à Londres, avec son « My governement is pro-business » adressé au gouvernement Cameron et à la City qu'il représente n'est pas qu'un symbole, c'est le signal du début du combat en France, les yeux rivés vers l'exemple anglais.


En six ans de mesures contraires au monde du travail, les salaires réels ont baissé de 10 % en Grande-Bretagne. La riposte est là, même tardive, pas assez forte. A nous d'apprendre du cas britannique pour ne pas laisser faire ce vaste transfert de richesse du travail vers le capital, organiser la riposte maintenant contre le « gouvernement pro-business » de Valls.

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
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   Posté le 22-10-2014 à 22:32:19   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Lire également :
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