http://www.europe1.fr/medias/charlie-hebdo-je-t-en-veux-vraiment-charb-2344979" class="p14" target="_blank" rel="nofollow">
http://www.europe1.fr/medias/charlie-hebdo-je-t-en-veux-vraiment-charb-2344979
http://www.arretsurimages.net/breves/2015-01-15/Delfeil-de-Ton-L-Obs-Je-t-en-veux-vraiment-Charb-id18429
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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
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![]() A propos de la dernière trouvaille des Femen - brûler un coran - le blogles crises publie un long article sur les Femen et leurs rapports avec Charlie Hebdo. On notera sur la vidéo de cette provocation qu'à part quelques bribes d'argument à peine ébauchés mais plutôt bafouillés, cet acte est vide de toute justification. -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Sur le blog les crises : ![]() -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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La réponse de l'agence Xinhua à Radio France internationale (RFI) : Affaire Charlie Hebdo : les médias chinois sont libres de critiquer la "liberté d'expression" BEIJING, 19 janvier (Xinhua) -- Près de deux semaines après l'attaque meurtrière contre le journal Charlie Hebdo, l'affaire continue de susciter des débats à travers le monde. Radio France internationale (RFI), qui fait l'apologie du mouvement "Je suis Charlie", a récemment publié sur son site en langue chinoise un article montrant du doigt les médias chinois. Suite à un article de l'agence Xinhua pointant les nécessaires limites à apporter à la liberté de la presse, RFI a indiqué dans un commentaire que "les médias officiels chinois n'avaient pas fait preuve de la moindre sympathie envers les victimes des attentats terroristes à Paris" . Cette remarque est dénuée de tout fondement. Comme cela est souligné au début de l'article de Xinhua, quelles que soient les justifications données aux attaques, cet odieux massacre doit être fermement condamné. Fait à noter également, juste après l'attentat, le président chinois Xi Jinping ainsi que le Premier ministre chinois Li Keqiang ont tous deux envoyé un message à leurs homologues français pour présenter leurs condoléances aux familles des victimes et réaffirmer leur engagement dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes. Les médias chinois ont exprimé leurs sympathies, mais ils cherchent également à approfondir la réflexion sur la violence terroriste, en soulignant que "toute liberté d'expression sans principe et sans limite ne sera pas tolérée" . Les faits parlent d'eux-mêmes. S'en tenant à la soi-disant "liberté de parole", Charlie Hebdo a une nouvelle fois publié le 14 janvier des caricatures du prophète Mahomet, ce qui a suscité un nouveau tollé dans le monde musulman, allant jusqu'à provoquer des émeutes dans certains pays. La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Tout en condamnant le terrorisme, les médias chinois se penchent également sur les conséquences que peut avoir "la liberté de parole absolue" . La multiplication des attaques terroristes au cours des dernières années en Europe, autrefois considérée comme la région la plus sûre du monde, ne mérite-elle pas des réflexions approfondies ? Une bonne partie des musulmans de France sont issus de l'immigration en provenance des pays d'Afrique du Nord. Le passé colonial pèse encore fortement dans les esprits, et beaucoup d'entre eux sont défavorisés et marginalisés sur les plans économique, politique et culturel. Dans une telle situation, si leur religion n'est pas respectée, la violence sera inévitable. C'est un peu dans le même esprit que le pape François est lui aussi intervenu dans le débat sur la liberté d'expression. "Tuer au nom de Dieu" est une "aberration" . La liberté d'expression doit s'exercer "sans offenser" , car "si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s'attendre à un coup de poing, et c'est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision !" , a-t-il déclaré. Même chez les Français, 42 % estiment qu'il faut éviter de publier des caricatures du prophète Mahomet, et 50 % se déclarent favorables à "une limitation de la liberté d'expression sur Internet et les réseaux sociaux" , montre un dernier sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche. Imposer "Je suis Charlie" revient à dévier de la liberté d'expression elle-même. Après l'affaire Charlie Hebdo, le Washington Post a décidé de ne pas reproduire de caricatures du prophète de l'Islam. Ceci mérite également réflexion dans le débat médiatique français. -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Institutionnalisation du délit d'opinion John Dalhuisen, directeur du Programme centrale d'Amnesty International pour l'Europe et l'Asie dénonce les arrestations pour délit d'opinion -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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A lire : UNE HISTOIRE DE CHARLIE HEBDO Par Acrimed 2008 - source : les crises -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Sans doute candidate à un remake des 'sorcières de Salem' , Najat Vallaud-Belkacem voudrait que l'école réponde à "une autre question" : interdire que certaines questions ne soient posées à l'école. « L’école est en première ligne aussi pour répondre à une autre question car même là où il n’y a pas eu d’incidents il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves, et nous avons tous entendu les “oui je soutiens Charlie, mais…”, Les deux poids deux mesures. Pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école qui est chargée de transmettre des valeurs. » ( Depuis http://www.najat-vallaud-belkacem.com/2015/01/14/najat-vallaud-belkacem-je-mobilise-la-communaute-educative-pour-repondre-par-des-actes-forts/ ) A lire : « Hier ist kein warum » (Ici, il n’y a pas de pourquoi), par Noëlle Cazenave-Liberman sur le blog les crises. Edité le 31-01-2015 à 00:14:07 par Xuan -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Du respect pour qui ? Suite aux profanations de cimetières, dont celui de Tracy-sur-Mer, Cazeneuve en appelle au "respect" : "Il n'y a pas de vivre ensemble là où il n'y a pas de respect, le respect que l'on doit aux institutions, le respect que l'on doit aux morts, le respect que l'on doit à l'autorité de l'Etat..." Bonne pioche ! L'Etat vient de donner l'exemple en portant l'irrespect à bout de bras, glorifié à grand renfort de médias publics et privés, et décoré pour l'occasion de la médaille de la "liberté d'expression" . Ce faisant l'Etat a ouvert la boite de Pandore des dissensions inter communautaires et des conflits raciaux et xénophobes. En dépit de toutes ses déclarations de bonnes intentions, il apparaît que la bourgeoisie divise le peuple. Le fait est que ses intérêts passent par là. Edité le 19-02-2015 à 23:56:53 par Xuan -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Triste épilogue d'une manipulation Trois mois à peine après la manif du siècle rameutée par la bourgeoisie à coup de télé et de journaux surfant sur l'indignation naturelle face au terrorisme, mais aussi sur une certaine forme de racisme bien pensant, déjà moultes fois épinglé, comme ici, les esprits ont eu le temps de se ressaisir et de faire la part des choses en dehors de la machine à formater. Mais le battage médiatique n'y trouvant plus aucun profit, ne reste que le dernier carré des inconditionnels de Charlie, encore aveugles au noyautage du pipicaca de la politique par le PS. Cette fois on y trouvera matière à sourire, les organisateurs trop dépités pour s'afficher en public ont préféré faire profil bas pour disent-ils ne "pas personnaliser l'initiative" ![]() Voilà qui en dit long sur les véritables sentiments de la bourgeoisie, de ses médias, des grandes surfaces envers les victimes du terrorisme, n'affichant "je suis Charlie" qu'à seule fin de promotion. Paris: quelques dizaines de personnes pour #RallumerRépu 11/04/2015 Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées samedi à Paris, répondant à l'appel "#RallumerRépu" lancé sur les réseaux sociaux, pour poursuivre la mobilisation et rendre hommage aux victimes du terrorisme, trois mois après la marche historique du 11 janvier. Ne souhaitant pas personnaliser l'initiative, les organisateurs n'ont pas souhaité faire de déclarations. Après la marche qui avait rassemblé plusieurs millions de personnes en France contre le terrorisme, "on avait juré qu'on oublierait pas. On avait juré qu'on resterait debout" , écrivent les organisateurs sur la page Facebook de l'événement. "Il est temps d'honorer notre promesse, et de rallumer la place de la République" , lieu phare de la mobilisation après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Autour de la statue place de la République, ceux qui ont répondu à l'appel ont disposé des pancartes accrochées à des ficelles avec des pinces à linge avec des messages tels que "Liberté Egalité Fraternité Je resterai Charlie" . Trois mois après, où est Charlie ? "Charlie a été officiellement dans les coeurs de tout le monde le 11 janvier, quand un vent de fraternité, de solidarité s'est levé en France" , a déclaré Dominique Sopo, président de SOS Racisme, "aujourd'hui c'est vrai qu'on a l'impression que le soufflé est retombé" . source Edité le 13-04-2015 à 00:31:34 par Xuan -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Valls est ulcéré par le livre de Todd "Qui est Charlie ?" Voilà une excellente occasion pour mettre en ligne cette interview dans l'Obs. Todd soulève la soutane d’une subversion catholique au sein de la gauche, à travers la résistible ascension du PS. Suite aux massacres terroristes de janvier le bourrage de crâne de la classe dominante a réveillé chez nous un rejet plutôt unanime. Ce genre de consensus prolétarien est à marquer d’une pierre rouge sur le chemin de notre unité de pensée. Ce texte apporte un éclairage qui ne nous est pas coutumier, il nous indique aussi que « je ne suis pas Charlie » déborde bien au-delà de notre influence. Les chiffres de l’abstention disent aussi bien que la machine à décerveler a des ratés. Todd introduit l’idée que la laïcité affichée par le PS dissimule une morale catho qui a dissout la morale de « gauche », disons pour nous la morale révolutionnaire. On avait déjà observé le déplacement progressif de l’anti impérialisme et de l’internationalisme prolétarien à l’humanisme bourgeois. C’est un faisceau idéologique (pour ne pas dire un fascio) qui a entraîné les progressistes, et des communistes compris, dans une confusion que Serge Halimi signale dans le dernier édito du Diplo. Todd dénonce aussi l’ascendant pris par les classes moyennes sur le peuple. C’est une observation qu’on retrouve chez Michéa (somme toute assez pertinente à part les conclusions réactionnaires qu’il en tire). Ici une réserve : Todd coupe la France en deux suivant la ligne de fracture des laïcs et des catholiques, et sous la domination des classes moyennes. Les classes moyennes peuvent rêver de diriger la société, comme les bureaucrates selon les trotskystes, mais ne tiennent pas le pays. La société industrielle est au pouvoir exclusif de la grande bourgeoisie des monopoles, ou de la classe ouvrière, mais non des catégories intermédiaires, qui se tiennent du côté du manche et ne le manient jamais. Notre laïcité respecte les croyances au sein du peuple, mais ne s’interdit pas de combattre l’idéalisme ni la métaphysique, particulièrement ceux de la religion dominante, comme l’enseignait Politzer. Il nous appartient non pas de pleurnicher sur nos erreurs mais de nous réapproprier le marxisme-léninisme et la philosophie matérialiste-dialectique. ________________ Emmanuel Todd : "Le 11 janvier a été une imposture" l'Obs du 29 avril 2015 Quatre mois après les manifestations post-attentats, l’historien et démographe Emmanuel Todd publie un livre réquisitoire contre une France pétrie de bonne conscience, qui a fait sécession de son monde populaire. Entretien coup de poing. Il reste encore quelques écriteaux « Je suis Charlie » qui jaunissent aux murs des rédactions. Sur les réseaux sociaux, des crayons à papier décorent encore çà et là les profils Facebook. Quatre mois après les tueries de janvier, tout se passe pourtant comme si rien ne s'était passé, comme si le réservoir de l'indignation avait flambé d'un coup dans le noir de la nuit française, sans laisser aucune empreinte. Ni nouveau pacte républicain, ni fraternité régénérée, ni main tendue à une fraction de la jeunesse des quartiers socialement et mentalement désorbitée. Une pure orgie émotionnelle, infertile politiquement, et dont la seule efficacité tangible aura été de demeurer aujourd'hui encore spectralement menaçante pour ceux qui refusèrent de « marcher » – à tous les sens du terme. C'est le moment qu'a choisi l'historien et démographe Emmanuel Todd pour publier « Qui est Charlie ? » (Seuil), réquisitoire terrible contre la France de François Hollande. Un texte écrit dans la fièvre, en trente jours à peine. Son angle d'attaque, particulièrement original, consiste à observer l'origine régionale et sociopolitique des manifestants du 11 janvier. Une fois encore, Todd fait parler les cartes et les statistiques pour comprendre, sous les bons sentiments brandis, la signification profonde de ce qui restera comme le plus important rassemblement de l'histoire moderne du pays. Et ce qu'il voit n'est pas destiné à plaire. Ce qu'il voit, c'est un épisode de « fausse conscience »(Marx) d'une ampleur inouïe. Ce qu'il voit, ce sont des millions de somnambules se précipiter derrière un président escorté par tous les représentants de l'oligarchie mondiale, pour la défense du droit inconditionnel à piétiner Mahomet, « personnage central d'un groupe faible et discriminé ». Ce qu'il voit, c'est un mensonge d'unanimisme aussi, car, ce jour-là, le monde populaire n'était pas Charlie, les jeunes de banlieue, qu'ils fussent musulmans ou non, n'étaient pas Charlie, les ouvriers de province n'étaient pas Charlie. Après le temps de la stupeur, celui du dégrisement. La charge de Todd est rude, mais d'un intérêt considérable pour le débat public. On pourrait bien sûr la discuter de bout en bout. On pourrait notamment trouver très insouciants les raccourcis par lesquels l'auteur ramène tout l'enjeu des affaires dites de « caricatures » à des violences idéologiques infligées à une religion minoritaire. On pourrait craindre aussi que son approche des problèmes posés au pays par un islam conquérant ne pèche par excès d'optimisme, lorsqu'il préconise des accommodements pragmatiques avec la laïcité, dont l'acception française actuelle est à ses yeux trop rigoriste. Reste l'avertissement lancé à une France inégalitaire et autoritaire, en sécession totale avec son peuple, mais n'hésitant pas, encore et toujours, à se parer des oripeaux révolutionnaires d'hier et à se voir si belle dans la devise de ses frontons républicains. Une France qui, ainsi, avance inexorablement vers l'abîme. Vous avez refusé de réagir à chaud aux événements de janvier. Seul un journal japonais avait fait part de votre méfiance par rapport au mouvement « Je suis Charlie ». Pourquoi ce silence, qu'avez-vous craint alors ? Pour la première fois de ma vie, j'ai eu le sentiment d'être confronté à une vague irrésistible face à laquelle il ne servirait à rien de parler, et même face à laquelle ça pouvait être dangereux de parler. Donc j'ai attendu. Et ce qui m'a probablement décidé à faire ce livre, c'est la déformation professionnelle. Lorsque j'ai commencé à voir la carte des manifestations du 11 janvier, leur distribution selon des paramètres régionaux, socioprofessionnels et religieux, j'ai eu la révélation instantanée que les discours unanimistes étaient bidon. Je me suis mis à écrire, mobilisant quarante années de recherche. Olivier Bétourné, le patron du Seuil, m'a dit de foncer. Je l'ai écrit en trente jours secs, porté par une véritable exaspération. Pourquoi porter un jugement aussi dur sur la réaction de masse qui a suivi les attentats ? N'est-il pas permis de la voir simplement comme l'expression d'une révolte face à l'horreur de ces crimes, voire aussi comme un sursaut face au sentiment de délitement du corps collectif que chacun ressent bien depuis des années ? Imaginez si rien ne s'était produit après, si l'atonie avait été totale après des événements pareils, que n'aurait-on pas dit ! On a voulu y voir un salutaire sursaut collectif. Moi, j'y vois au contraire une perte de sang-froid de la part du pays. Pour la première fois de ma vie là encore, je n'ai vraiment pas été fier d'être français. Dans tous les livres que j'avais jusque-là écrits sur la France, il y avait une dimension patriotique. Même un livre comme « le Destin des immigrés », je l'ai fait en 1994 pour répondre aux Anglo-Saxons qui nous renvoyaient sans arrêt à la face le phénomène Le Pen. Je voulais leur dire : mais regardez les taux de mariages mixtes en France ! J'ai toujours défendu mon pays. Et là, pour la première fois, je me suis dit : si c'est en train de devenir ça, la France, eh bien ce sera sans moi. Lorsqu'on se réunit à 4 millions pour dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu – et même un devoir ! –, et lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société, on est parfaitement libre de penser qu'on est dans le bien, dans le droit, qu'on est un grand pays formidable. Mais ce n'est pas le cas. Il faut aller au-delà du mensonge, au-delà des bons sentiments et des histoires merveilleuses que les gens se racontent sur eux-mêmes. Un simple coup d'œil à de tels niveaux de mobilisation évoque une pure et simple imposture. Il y a certainement une quantité innombrable de gens qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient là le 11 janvier. Mais nul n'est censé ignorer pour quoi il manifeste, tout de même. Qu'est-ce qui vous a à ce point troublé dans ces manifestations monstres ? A la suite des travaux de Durkheim sur le suicide, ou de ceux de Max Weber, mon but, c'est de faire comprendre aux gens les valeurs profondes qui les font agir et qui ne sont généralement pas celles qu'ils imaginent. Quand on observe la carte des manifestations, la première chose qui frappe, c'est ce que l'Insee appelle avec élégance la prédominance des « cadres et professions intellectuelles supérieures ». C'est elle qui permet de comprendre l'importance qu'elles ont prise à Paris, Toulouse, Grenoble, etc. L'autre variable qui, pour moi, d'une certaine manière, est encore plus importante encore, c'est la surmobilisation des vieilles terres issues du catholicisme. Là, il faut que je rappelle ma théorie des deux France, un modèle avec lequel je fonctionne depuis longtemps déjà. D'un côté nous avons la vieille France laïque et républicaine – le Bassin parisien, la façade méditerranéenne, etc. –, la France qui a fait la Révolution en somme. De l'autre, il y a la France périphérique : l'Ouest, une partie du Massif central, la région Rhône-Alpes, la Lorraine, la Franche-Comté. Ce sont les régions qui ont résisté à la Révolution et dans lesquelles l'imprégnation catholique est restée très forte jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Quand on descend au niveau des structures familiales de ces zones, que j'appelais « catholiques zombies »dans mon précédent livre « le Mystère français », écrit avec Hervé Le Bras, on remarque une absence de valeurs d'égalité, notamment entre frères et sœurs concernant l'héritage. Eh bien, ce qui a inspiré ma méfiance immédiate, c'est que le 11 janvier, la mobilisation a été du simple au double entre la France de tradition athée et révolutionnaire et cette France périphérique, historiquement antirépublicaine. Ce sont les régions les moins républicaines par le passé qui ont le plus manifesté pour la laïcité, avouez qu'il y a là quelque chose d'étrange. En somme, les bastions ex-catholiques sont les endroits où on a le plus milité pour le droit au blasphème. Si on compare Marseille et Lyon, on voit même que l'intensité des manifestations est du simple au double. Qu'on ne vienne pas me dire dans ces conditions qu'il s'agit de la même laïcité que celle d'hier ! Tout le débat actuel sur la laïcité ne s'inscrit pas dans la continuité des valeurs laïques, écrivez-vous en effet dans ce livre. Les forces qui se réclament aujourd'hui le plus des valeurs laïques sont les forces en réalité les moins républicaines. Comment en est-on arrivé à un tel paradoxe ? Ce que j'ai eu, au fond, face à ces manifestations, c'est une sorte d'illumination concernant la vraie nature du système social et politique français. C'est-à-dire pas du tout une République prenant en compte toute la population, plutôt ce que j'appelle une « néo-République » qui n'aspire à fédérer que sa moitié supérieure éduquée, les classes moyennes et les gens âgés. Tous ceux-là forment un bloc hégémonique qui a une incroyable puissance d'inertie et paralyse tout le système français. Il y a là à l'œuvre une formidable dynamique d'exclusion : exclusion des électeurs du FN – ce qui en termes sociologiques signifie aujourd'hui l'exclusion des ouvriers – et exclusion des enfants d'immigrés, qui ne sont pas venus manifester. La « néo-République » est cet objet sociopolitique étrange qui continue à agiter les hochets grandioses de la liberté, de l'égalité, de la fraternité qui ont rendu la France célèbre dans le monde, alors qu'en fait le pays est devenu inégalitaire, ultraconservateur et fermé. En gros, la France qui est aux commandes, c'est la France qui a été antidreyfusarde, catholique, vichyste. Mais lorsqu'on le dit comme ça, les gens sont évidemment stupéfaits. Votre livre est particulièrement cruel pour le PS, dont vous faites aujourd'hui la principale incarnation de cette idéologie inégalitaire… En effet, l'objet politique nouveau et important dans l'histoire de France aujourd'hui, ce n'est pas le Front national, c'est en réalité que le PS soit devenu la composante principale de la gauche. A la veille des années 1960 et 1970, il n'en était qu'une composante secondaire, très forte dans le Sud-Ouest, région d'héritier unique qui ne croit pas à l'égalité. La montée en puissance du PS, cela a signifié la prise de contrôle du pays par des régions sortant du catholicisme. Notre illusion fondamentale, notre erreur à tous, ça a été alors de se dire que c'était la gauche qui avait conquis les régions catholiques, au moment même où c'étaient les régions catholiques qui faisaient en réalité la conquête de la gauche. Il y a eu une subversion de ce qu'était la gauche française. Cette dernière, aujourd'hui dominée par le PS, est en vérité tout à fait autre chose que ce qu'elle prétend être. C'est une gauche qui n'adhère pas aux valeurs égalitaires, et qui n'est pas claire sur la question de l'homme universel, au contraire de la vieille gauche républicaine communiste ou radical-socialiste. Il faut voir les choses en face : l'agent le plus actif et le plus stable des politiques économiques qui nous ont menés au chômage de masse actuel, c'est tout de même le PS. Le franc fort, la marche forcée à l'euro, toute cette création idéologique extrêmement originale s'est faite sous Mitterrand, traînant Giscard derrière lui comme un bateleur. Le niveau de bonne conscience de ce pays est devenu littéralement insupportable. La France actuelle se gargarise de bons sentiments. Mais la réalité de ce pays, c'est que c'est peut-être la seule des sociétés les plus développées européennes qui accepte de vivre avec 10% de chômage, en massacrant son monde ouvrier et en excluant massivement les jeunes, à commencer par ceux qui sont d'origine maghrébine. Le PS avait jusqu'à encore récemment réussi à faire passer l'idée qu'il était le défenseur naturel des enfants d'immigrés. Il est en fait la force politique principale qui les condamne à la mort sociale. En quoi François Hollande est-il, comme vous l'écrivez, l'apothéose de ce « catholicisme zombie » qui s'était politiquement incarné en 1992 dans le moment Maastricht et s'est aujourd'hui réinvesti dans l'« esprit du 11 janvier » ? On voit souvent ce président comme l'incarnation de l'univers torride du conseil général de la Corrèze [rires]. On pense que sa capacité à ne rien faire, à ne prendre aucune décision, est un produit dérivé du radical-socialisme. Mais en fait, François Hollande est un catholique zombie typique, avec un père catholique d'extrême droite et une mère catholique de gauche. Et, d'ailleurs, Manuel Valls lui-même vient de Catalogne, province de famille souche différentialiste, et, qui plus est, lui aussi vient d'un milieu catholique catalan parmi les plus durs. A cet égard, Hollande aura eu un rôle historique : celui de révéler que la gauche pouvait se concilier avec les structures les plus inégalitaires, prouvant par là même que le système politique français est totalement détraqué. On pourrait bien sûr me reprocher d'évoquer les origines de ces gens, et moi-même d'ailleurs, je ne devrais pas avoir à faire ma généalogie personnelle, celle d'une famille juive mélangée à des origines bretonnes et anglaises. Mais il est désormais impératif de le faire, parce que si on renvoie tout le temps les musulmans à leur origine, on doit renvoyer tout le monde à son origine. C'est un acte de justice. Vous considérez que l'islam ne compromet nullement en France le ciment républicain et ne pose pas de problème particulier aux sociétés occidentales. Ne peut-on toutefois penser que la vigueur d'une religion, quelle qu'elle soit, lorsqu'elle vient percuter un vieux pays dévitalisé métaphysiquement comme la France, pose au contraire certains problèmes spécifiques ? Tout le monde est dans une logique d'anxiété par rapport à l'islam. Le point de départ du livre, c'est justement de renverser la perspective : d'apercevoir que c'est la France des classes moyennes centristes qui est en état de crise religieuse, qui a été ébranlée par la disparition ultime de toutes ses croyances, qui est dans un état de vide métaphysique abyssal et joue donc un jeu tout à fait pervers avec les musulmans pour se trouver des boucs émissaires. Or c'est dans cette ambiance de reflux inexorable du religieux que la France se découvre d'un seul coup obsédée par les symboliques religieuses. Tout est religieux désormais. Mais tout est religieux parce que la religion s'éclipse, et parce que rien ne l'a supplantée. Le sous-titre de votre livre est : « Sociologie d'une crise religieuse ». A tort, ce dernier peut donner le sentiment que vous prenez au sérieux les histoires de « choc des civilisations », d'affrontement entre bloc occidental et bloc musulman qui fournissent une grille d'interprétation à la fois facile et tendancieuse depuis les années 2000… On doit prendre la religion au sérieux, surtout quand elle disparaît. Je suis totalement sceptique sur le plan religieux, mais il n'a jamais été prouvé qu'une société pouvait vivre sans croyance. Or la réalité de la société française aujourd'hui, c'est quoi ? Une société dominée par des classes moyennes qui ne croient plus à rien, qui ne savent plus où elles vont, qui se sont seulement lancées dans la construction d'un euro qui ne mène nulle part. Tout l'objet du livre est de ne pas tomber dans le panneau manifeste du problème. Ainsi, ce qui m'inquiète n'est pas tant la poignée de déséquilibrés mentaux qui se réclament de l'islam pour commettre des crimes que les raisons pour lesquelles, en janvier dernier, une société est devenue totalement hystérique jusqu'à aller convoquer des gamins de 8 ans dans des commissariats de police. On entend vraiment dire n'importe quoi au sujet des musulmans de France. Ceux-ci sont tout sauf un bloc. Ils sont au contraire fragmentés par des niveaux de croyance très différents, des nationalités très différentes et on y observe des taux de mariages mixtes extrêmement élevés. Ils sont souvent beaucoup plus assimilés de par leurs unions matrimoniales que les intellectuels néoréactionnaires comme Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut qui les ciblent constamment. La vraie question aujourd'hui pour la France, écrivez-vous, ce n'est pas le droit ou non à la caricature, c'est la « montée de l'antisémitisme dans les banlieues ». Pour expliquer ce renouveau de la haine antijuive, vous mettez en cause la politique économique menée depuis des décennies, qui, en fragilisant les jeunes musulmans, aurait à nouveau livré les juifs à la vindicte nationale… Pour le moment, anxiétés religieuse et économique mises à part, ça ne va pas trop mal pour les classes moyennes françaises qui tiennent le pays… On lance les minorités les unes contre les autres, c'est génial, c'est du billard ! Les ouvriers « de souche » marginalisés et maltraités s'en prennent aux milieux populaires arabes, les jeunes Maghrébins s'en prennent aux juifs et réciproquement, et pendant ce temps rien ne se passe, le système reste intact. Vous voyez que je ne fais pas dans l'angélisme : l'antisémitisme des banlieues doit être accepté comme un fait nouveau et indiscutable. Ce que je ne peux pas accepter cependant, c'est l'idée qui est en train de s'installer selon laquelle l'islam, par nature, serait particulièrement dangereux pour les juifs. Il n'existe qu'un continent où les juifs aient été massacrés en masse : c'est l'Europe. D'ailleurs, l'une des choses que je reproche fondamentalement à la manifestation charliste, c'est d'avoir considéré que la tuerie de l'Hyper Cacher était secondaire par rapport au problème de crayons à papier et de caricatures. Quant à ce nouvel antisémitisme issu des banlieues, je maintiens que je suis incapable de dire là-dedans ce qui vient de la tradition égalitaire républicaine française et ce qui vient spécifiquement de l'islam. Les deux se conjuguent probablement. Mais j'attends de pied ferme, après la percée de l'islamophobie, le retour de l'antisémitisme dans les classes moyennes catholiques zombies. Il y a tout de même une pointe d'optimisme certain dans ce livre, c'est le moment où vous expliquez qu'un islam de France lui-même devenu zombie pourrait contribuer à un rééquilibrage positif de notre culture politique. Autrement dit, que la culture musulmane pourrait participer au rétablissement d'une véritable culture républicaine en France… Il y a peu de chances que vous soyez entendu sur ce point. Peut-être est-ce excessif. Mais en fait je m'en suis tenu à deux scénarios dans ce livre : le scénario de la confrontation hystérique avec l'islam et le scénario de l'accommodement. Or la confrontation, c'est 100% de chances de désastre pour la France. Donc là c'est une question de règle de vie fondamentale : si tu as le choix entre la mort et l'incertitude, tu choisis l'incertitude, c'est tout. Alors oui, je plaide pour qu'on les laisse tranquilles, les musulmans de France. Qu'on ne leur fasse pas le coup qu'on a fait aux juifs dans les années 1930 en les mettant tous dans le même sac, sous la même catégorie sémantique, quel que soit leur degré d'assimilation, quel que soit ce qu'ils étaient vraiment en tant qu'êtres humains. Qu'on arrête de forcer les musulmans à se penser musulmans. Qu'on en finisse avec cette nouvelle religion démente que j'appelle le « laïcisme radical », et qui est pour moi la vraie menace. Edité le 07-05-2015 à 13:28:00 par Xuan -------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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Un débat intéressant entre Alain Badiou et Emmanuel Todd De qui Charlie est-il le nom ! https://www.youtube.com/watch?v=PEjQ653L8gk -------------------- Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO) |
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