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 Staline et la dictature du prolétariat

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Xuan
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   Posté le 08-03-2023 à 13:01:33   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La « question de Staline » n’est-elle pas en définitive la question de la dictature du prolétariat ?


En prenant le pouvoir, le parti communiste doit-il commencer par soumettre à un vote les questions monétaires et les principes déontologiques des grands médias, ou bien bloquer immédiatement la fuite des milliards vers les paradis fiscaux et s’emparer des principaux organes de propagande bourgeois ? « Cela ne pourra naturellement se faire, au début, que par une violation despotique du droit de propriété et du régime bourgeois de production [1]»
Naturellement ceci ne dispense pas les communistes de la critique et de l’autocritique des expériences réelles du socialisme, de leurs succès comme de leurs erreurs. Au contraire c’est cette critique qui leur permet de franchir de nouveaux obstacles.

Il me semble que le point de vue le plus pertinent sur la ligne développée en URSS par le PCUS et Staline c’est d’abord celui des communistes russes eux-mêmes. L’œuvre de Staline a eu une portée mondiale et a concerné tous les partis communistes, mais c’est prioritairement aux communistes russes qu’il revient d’établir ce bilan.
D’abord parce qu’on ne peut pas séparer Staline du PCUS ; contrairement à la conception bourgeoise de l’histoire, il s’agissait d’une direction collective et non d’une décision individuelle détachée de toute collégialité.
Ensuite parce que la fonction pratique de ce bilan et ses leçons positives et négatives concernent et servent en priorité la révolution prolétarienne en Russie.

Mao Zedong – et le PCC – avaient estimé que dans l’œuvre de Staline le positif l’emportait très largement – à 70 % – sur le négatif. Notons qu’il s’agissait d’un jugement du point de vue du PCC, c’est-à-dire qu’il prenait certainement en compte les rapports entre les deux partis. Ce n’est pas un jugement universel, absolu, mais relatif. Cela dit, il signifie que les mérites l’emportent très largement.
L’ironie de l’histoire fit que Mao lui-même hérita d’une appréciation comparable. Mao commit des erreurs lors du « grand bond en avant » et de la « révolution culturelle » , mais ses mérites l’emportent très largement sur ses erreurs[2].

Ce point de vue sur Staline fut défendu par Mao Zedong contre les thèses du XXe congrès, en 1956, et ce fut une des causes de la scission du mouvement communiste international :

« Je voudrais dire quelques mots à propos du XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. A mon avis, il y a deux “épées”: l’une est Lénine et l’autre, Staline. L’épée qu’est Staline, les Russes l’ont maintenant rejetée. Gomulka et certains Hongrois l’ont ramassée pour frapper l’Union soviétique, pour combattre ce qu’on appelle stalinisme. Dans beaucoup de pays d’Europe, les partis communistes critiquent aussi l’Union soviétique; leur leader, c’est Togliatti. Les impérialistes se servent aussi de cette épée pour tuer les gens ; Dulles par exemple l’a brandie un moment. Cette arme n’a pas été prêtée, elle a été jetée. Nous autres Chinois, nous ne l’avons pas rejetée. Premièrement, nous défendons Staline et deuxièmement, nous critiquons aussi ses erreurs; et pour cela, nous avons écrit l’article “A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat”[3]. Ainsi, au lieu de le diffamer et de l’anéantir comme font certains, nous agissons en partant de la réalité.

Quant à l’épée qu’est Lénine, n’a-t-elle pas été aussi rejetée quelque peu par des dirigeants soviétiques? A mon avis, elle l’a été dans une assez large mesure. La Révolution d’Octobre est-elle toujours valable? Peut-elle encore servir d’exemple aux différents pays ? Le rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique dit qu’il est possible de parvenir au pouvoir par la voie parlementaire; cela signifie que les autres pays n’auraient plus besoin de suivre l’exemple de la Révolution d’Octobre. Une fois cette porte grande ouverte, le léninisme est pratiquement rejeté….
[4]




La référence à la contre-révolution en Hongrie n’est pas là pour la forme, parce qu’elle eut aussi des partisans en Chine auprès de la petite-bourgeoisie, de l’intelligentsia chinoise. Les éléments les plus actifs furent réprimés suivant une méthode systématisée ensuite dans « De la juste solution des contradictions au sein du peuple » [5].

Ce texte majeur de la pensée-maozedong indiquait la nécessité de différencier les contradictions « au sein du peuple » des contradictions avec l’ennemi, dans le cadre de la société socialiste. Je cite des extraits significatifs de ce qui constitue une application de la dictature du prolétariat, en rappelant qu’il s’agit du socialisme en Chine où, à cause des agressions impérialistes, la « bourgeoisie nationale » fait partie du peuple.


L’unification de notre pays, l’unité de notre peuple et l’union de toutes nos nationalités, telles sont les garanties fondamentales de la victoire certaine de notre cause. Mais cela ne signifie nullement qu’il n’existe plus aucune contradiction dans notre société. Il serait naïf de le croire ; ce serait se détourner de la réalité objective. Nous sommes en présence de deux types de contradictions sociales : les contradictions entre nous et nos ennemis et les contradictions au sein du peuple. Ils sont de caractère tout à fait différent.

… Les contradictions entre nous et nos ennemis sont des contradictions antagonistes. Au sein du peuple, les contradictions entre travailleurs ne sont pas antagonistes et les contradictions entre classe exploitée et classe exploiteuse présentent, outre leur aspect antagoniste, un aspect non antagoniste.

…Notre Etat a pour régime la dictature démocratique populaire dirigée par la classe ouvrière et fondée sur l’alliance des ouvriers et des paysans. Quelles sont les fonctions de cette dictature ? Sa première fonction est d’exercer la répression, à l’intérieur du pays, sur les classes et les éléments réactionnaires ainsi que sur les exploiteurs qui s’opposent à la révolution socialiste, sur ceux qui sapent l’édification socialiste, c’est-à-dire de résoudre les contradictions entre nous et nos ennemis à l’intérieur du pays.


« … L’exercice de la dictature démocratique populaire implique deux méthodes : A l’égard des ennemis, celle de la dictature ; autrement dit, aussi longtemps qu’il sera nécessaire, nous ne leur permettrons pas de participer à l’activité politique, nous les obligerons à se soumettre aux lois du gouvernement populaire, nous les forcerons à travailler de leurs mains pour qu’ils se transforment en hommes nouveaux.

Par contre, à l’égard du peuple, ce n’est pas la contrainte, mais la méthode démocratique qui s’impose; autrement dit, le peuple a le droit de participer à l’activité politique; il faut employer à son égard les méthodes démocratiques, d’éducation et de persuasion, au lieu de l’obliger à faire ceci ou cela. Cette éducation, c’est l’auto-éducation au sein du peuple ; la critique et l’autocritique en constituent la méthode fondamentale »…




Le 3 décembre 1997, JM Cavada consacrait son magazine la Marche du Siècle à la sortie du « Livre Noir du Communisme ».

Dans cette vidéo, le faussaire Stéphane Courtois contesta « l’engagement anti stalinien jusqu’au bout des ongles » de Robert Hue en s’indignant que le livre de Ludo Mertens « Un autre regard sur Staline » fût mis en vente à la fête de l’Humanité.

En exigeant de fait la censure de tout ce qui contredisait ses mensonges, il anticipait en quelque sorte les autodafés et la destruction par les banderistes ukrainiens des monuments aux héros soviétique de la lutte antinazie.

Courtois illustrait alors cette avertissement de Staline « La situation est telle que nous vivons selon la formule de Lénine: «Qui l’emportera?» Ou bien nous ferons toucher les épaules à terre aux capitalistes et leur livrerons, comme disait Lénine, le dernier combat décisif, ou bien ce sont eux qui nous feront toucher les épaules à terre. En second lieu, cela tient à ce que les éléments capitalistes ne veulent pas quitter la scène de bon gré: ils résistent et continueront de résister au socialisme, car ils voient arriver leurs derniers jours…» [J. Staline – les questions du léninisme – de la déviation de droite dans le PC(b) de l’URSS]


La figure de Staline symbolise la première expérimentation de la dictature du prolétariat après la Commune de Paris, en vraie grandeur et dans des difficultés extrêmes. Et c’est à ce titre qu’il est toujours dépeint sous les traits les plus noirs par la bourgeoisie.

Mais plus encore, la guerre actuelle du pilier mondial de l’impérialisme contre la Russie de Poutine remet la figure de Staline sur le devant de la scène. A tel point que le nationaliste Petr Akopov se voit obligé de le réhabiliter hier dans Ria Novosti (extraits) :
« Plus qu’un sujet historique : Staline est devenu une arme dans la bataille entre la Russie et l’Occident » :
« …il s’avère que deux Staline se battent entre eux : de notre côté, c’est le vainqueur, le bâtisseur d’un pouvoir puissant et juste et d’un nouvel ordre mondial, et du côté occidental, le tyran de son propre peuple et l’oppresseur des peuples d’Europe. Et non seulement le sort de la Russie, mais aussi l’avenir de l’Europe et du reste du monde dépend de la victoire de Staline. Pourquoi est-il si important ? Et pourquoi la Russie ne peut-elle pas abandonner Staline, du moins dans cette bataille de mythes ?… … Toutes ces questions auraient du sens si notre pays n’avait pas déjà renoncé deux fois à Staline, avec des conséquences dévastatrices.
Il est désavoué pour la première fois trois ans après sa mort, lorsque Khrouchtchev entame une lutte publique contre le culte de la personnalité et ses conséquences. …
… dans la perestroïka, le Staline soudainement autorisé s’est transformé en un bélier contre le PCUS et l’URSS – la révélation de ses atrocités réelles et fictives a non seulement éclipsé tous ses mérites, mais a également fait de lui un “second Hitler”. La contribution de la campagne anti-stalinienne à l’effondrement de l’Union est difficile à estimer.

Mais il y avait aussi l’aspect géopolitique de la démystification irréfléchie de Staline : c’est de lui que la querelle entre notre pays et son principal allié, la Chine maoïste, a commencé. Pékin ne comprenait pas pourquoi le « frère aîné » piétinait avec tant de défi le véritable créateur à la fois de son État et de l’ensemble du système communiste mondial. Les disputes idéologiques ont finalement conduit à des ruptures et à des conflits aux conséquences géopolitiques énormes.
Si l’URSS dans les années 1950 avait trouvé une formule par rapport à Staline, appliquée plus tard par les Chinois à Mao – il avait à 70 % raison, à 30 % tort – l’histoire (et pas seulement les relations soviétiques et sino-soviétiques, mais aussi l’histoire mondiale) aurait pu tourner d’une manière complètement différente.

Mais à la fin, les querelles sur Staline étaient destinées à devenir un outil pour détruire d’abord le lien entre Moscou et Pékin, puis l’URSS elle-même. Après cela, nos milieux ultra-libéraux ont également voulu procéder à la “déstalinisation finale”, c’est-à-dire diaboliser complètement et faire de Staline un tabou.

Mais dans les années 1990 et 2000, cela n’a plus été possible : un processus complètement inverse a commencé, le processus de réhabilitation de Staline par le bas.

Désormais, Staline est devenu non seulement le vainqueur de la grande guerre, mais aussi l’ennemi des ennemis de l’intérieur, un fléau pour les fonctionnaires corrompus et les traîtres, l’épée de punition des élites pourries et le bâtisseur d’un ordre juste. C’est cette image de Staline qui s’est finalement ancrée dans l’esprit populaire, et c’est pourquoi presque tous les sondages le placent désormais à la première place de la popularité parmi toutes les figures historiques de notre histoire »


Ainsi advient ce paradoxe qu’en sous-traitant à des bandes néo nazies la destruction de la Russie, l’hégémonisme US et l’impérialisme mondial réhabilitent eux-mêmes l’image populaire de Staline et de la dictature du prolétariat.

[1] K. Marx & F. Engels – Le Manifeste du Parti Communiste.

[2] «… La responsabilité principale de cette grave erreur gauchiste que fut la «révolution culturelle» — une erreur aux dimensions nationales et de longue durée — doit être assumée par le camarade Mao Zedong. Toutefois, cette erreur a été commise par un grand révolutionnaire prolétarien. Le camarade Mao Zedong avait accordé une attention constante à la nécessité de surmonter les insuffisances dans la vie du Parti et de l’Etat, mais il n’a pas pu, au soir de sa vie, faire une analyse correcte de nombreuses questions et, au cours de la «révolution culturelle», il a confondu ce qui est juste et ce qui est erroné, le peuple et l’ennemi… »

[6 juillet 1981 – Résolution sur quelques questions de l’histoire de notre parti depuis la fondation de la République Populaire]

[3] « A propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat » – paru dans le Renmin Ribao le 5 avril 1956. On remarquera le changement de ton dans le texte «les deux épées » .
[4] [Mao Tsé-toung – discours à la deuxième session plénière du Comité Central issu du VIIIe Congrès du Parti Communiste Chinois – 15 novembre 1956 – Œuvres choisies tome V – p 369]
[5] De la juste solution des contradictions au sein du peuple (27 lévrier 1957) – Œuvres choisies tome V
pzorba75
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   Posté le 08-03-2023 à 13:57:09   Voir le profil de pzorba75 (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à pzorba75   

Ludo Mertens expliquait longuement dans ses vidéos et dans son livre le rôle de Staline dans la mise en oeuvre de la DDP. On ne pouvait pas s'attendre à voir le gros R. Hue y comprendre quelque chose et s'en inspirer. L'histoire a rapidement balayé Hue et les communistes sincères ne le regretteront pas.

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