Forum Marxiste-Léniniste
Forum Marxiste-Léniniste
Administrateurs : Finimore, ossip, Xuan
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Actualités  Actualités françaises 

 Les retraites expliquées à ma grand-mère

Nouveau sujet   Répondre
 
Bas de pagePages : 1  
Resistance
Jeune Communiste
Resistance
193 messages postés
   Posté le 27-08-2013 à 21:55:04   Voir le profil de Resistance (Offline)   Répondre à ce message   http://www.resistance-politique.fr/   Envoyer un message privé à Resistance   




Ça fait bien longtemps que je suis à la retraite, tu sais ! Je plains les jeunes d’aujourd’hui qui vont avoir bien du mal ! Tu crois vraiment qu’ils vont supprimer la retraite par répartition ?

Pas tout à fait. Margaret Thatcher a essayé de convaincre les ouvriers anglais de cotiser à des fonds de pension, mais ils n’y ont pas cru. Ceux qui pouvaient économiser ont acheté des maisons. Pour le capital, ce n’est pas le bon circuit. Cette tentative a convaincu les intellectuels du capital que, pour développer les fonds de pension, il faut maintenir, a minima, une retraite par répartition. Ils la veulent trop faible pour vivre, une sorte de minimum vieillesse. D’après leurs calculs, les fonds de pension comme complément à la retraite sont plus convaincants pour les salariés que s’ils représentaient la principale source de revenus. Bernard Friot explique ça dans son livre « L’enjeu des retraites ». Je vais tout à l’heure te citer des chiffres, c’est de ce livre que je les tire.

Mais tu vois bien qu’il y a de plus en plus de retraités, et que les gens vivent plus longtemps qu’avant ; alors forcément, les retraites vont coûter de plus en plus cher. Il faut bien une solution !

C’est vrai, le poids des pensions va s’accroître dans les années qui viennent. Mais il n’y a aucune inquiétude à avoir. Regarde : en 1950, les pensions représentaient 5 % du PIB. En 2000, elles en représentent 13 %. On estime qu’en 2050, ce devrait être environ 18 %. Mais le PIB lui-même double tous les cinquante ans ! Donc en 1950, le PIB était de 1.000 milliards d’euros : 50 pour les pensions (5 %), 950 pour les salaires, les investissements et les profits ! En 2000, il était de 2.000 milliards d’euros, soit 260 milliards pour les pensions (13 %) et donc 1.740 milliards pour le reste. En 2050, le PIB sera de 4.000 milliards d’euros dont 720 milliards pour les pensions et 3.280 pour le reste. Tu vois que, contrairement à la propagande du capital, la part du salaire actif et celle des investissements augmentent. La population augmente beaucoup moins vite que le PIB : on était 42 millions en 1950, on est 65 millions aujourd’hui, on sera sans doute environ 70 millions en 2050.

Ton PIB qui n’arrête pas de doubler, et qui grandit plus vite que la population, comment tu l’expliques ?

C’est que la productivité du travail s’est considérablement accrue. Dans la même heure de travail, un ouvrier d’aujourd’hui produit beaucoup plus que le même ouvrier, travaillant la même heure après guerre. Par exemple, il y avait après-guerre environ 10 millions d’agriculteurs en France. Cela représentait la moitié de la population active. Aujourd’hui, il n’y en a plus qu'un million (c'est-à-dire 3 % des actifs), et pourtant la production agricole a beaucoup augmenté avec beaucoup moins d’heures de travail. C'est-à-dire que chaque heure de travail est beaucoup plus productive : ici, presque 20 fois plus. Mais je te donne un autre exemple : actuellement, selon les chiffres de Peugeot, il est fabriqué 13.000 voitures par jour. La première Peugeot, la 201, c’étaient 13.000 voitures par an ! Et avec plus d’ouvriers que maintenant !

Voilà l’affaire, la production par ouvrier augmente, mais pas les salaires !

Tout le problème est là : la question des retraites, c’est la question des salaires. Parce que pour financer les retraites, il est nécessaire d’augmenter les cotisations. C’est la bonne solution : après-guerre, les cotisations représentaient à peu près de 5 % du salaire total. Tu sais que le salaire se compose de deux parties : d’une part le salaire net, celui qui est versé sur le compte en banque du salarié, et d’autre part l’ensemble des cotisations sociales : maladie, vieillesse, invalidité, chômage, etc. Ces cotisations sont arbitrairement divisées en deux parts : la part dite « ouvrière », et la part dite « patronale ». C’est artificiel, car l’ensemble est dû par l’employeur à son employé pour son travail. Mais ce « paritarisme » permet au patronat de se mêler de la gestion de l’ensemble de ces cotisations, qui représentent beaucoup d’argent, supérieur au budget de l’État !

Les cotisations pour la retraite ont plus que doublé jusque dans les années 80 où elles ont été gelées à leur niveau de 1979 pour les salaires inférieurs à 1,6 SMIC, c'est-à-dire pour plus de la moitié des salariés, le salaire médian étant à 1,5 SMIC.

Pourquoi ce gel ? Parce qu’augmenter les cotisations augmente mécaniquement les salaires ! C’est justement ce que ne veut pas le patronat. C’est grâce à ce gel des cotisations, et la non-augmentation des salaires, que le patronat accapare l’augmentation de la productivité.

Tout à l’heure, on disait que le poids des pensions allait augmenter : la question est de savoir qui va payer. Le capital, par la voix de son gouvernement, a une réponse très claire : ce seront les salariés qui paieront. Soit on augmente les salaires, et conséquemment les cotisations, soit on continue à bloquer les cotisations et on allonge le temps où il faut cotiser. C’est pour ça que je te dis que la question des retraites est en fait la question des salaires !

Tu sais que certains, à gauche, disent qu’en effet, il faut taxer le capital pour financer les pensions. C’est de la poudre aux yeux : s’ils veulent que le capital paye, qu’ils militent donc pour une augmentation des salaires.

D.R.

http://www.resistance-politique.fr/article-les-retraites-expliquees-a-ma-grand-mere-119723438.html

--------------------
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18356 messages postés
   Posté le 10-09-2013 à 08:32:08   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   


A BAS LA REFORME DES RETRAITES

PASSONS A L'OFFENSIVE CONTRE LE GOUVERNEMENT BOURGEOIS

On évoque déjà depuis quelques temps une nouvelle réforme des retraites. En cette rentrée automnale, elle se précise dans ses contours plus hérissés de piquants qu'un oursin : après l'attaque historique de 2010 contre nos droits sociaux, cette réforme marque un nouveau pas dans la destruction de notre système de retraite, alors que se profilent de nouvelles attaques contre le système de protection sociale.

Ces réformes, qu'on nous présente comme des efforts nécessaires face à la crise, permettent d'accroitre les profits du patronat, tandis que pour nous, travailleurs et travailleuses, ces réformes ne nous laissent envisager que des perspectives d'un travail douloureux et exploité jusqu'à l'épuisement et une vieillesse de misère.

En effet, le Parti Socialiste, qui ose se féliciter de tenir ses promesses quant au maintien de l'âge légal du départ à la retraite (comme si nous étions dupes !), se prépare à allonger progressivement la durée de cotisation à 43 ans Nous pouvons nous préparer, si cette réforme est adoptée en l'état à travailler jusqu'à 67 ans en moyenne, étant donné l'allongement de la durée des études, les périodes de chômage, d'éducation des enfants. Autant dire, pour nous qui ne nous tournons pas les pouces toute notre existence, mais effectuons des travaux physiquement et psychologiquement usants, que nous allons travailler jusqu'à tomber d’épuisement. Les «points pénibilité» que nous propose le gouvernement sont une insulte pour tous les prolétaires, révélateurs des conditions de travail dangereuses, nocives et épuisantes qui sont les nôtres.

Chez la jeunesse, ouvrière, prolétaire, lycéenne, étudiante, cette réforme ne peut que susciter la révolte face à l'avenir qui lui est fait. Aujourd'hui même, qui peut se prévaloir d'avoir une vie de travail assez facile pour que retraite ne rime pas avec des maladies, séquelles de l'exploitation que nous avons subi toute notre vie ? Certainement pas les grandes masses de travailleurs et travailleuses. L'espérance de vie des ouvriers et ouvrières est inférieure de 7 ans à l'espérance de vie d'un cadre : ceux et celles qui peuvent profiter de longues années de bonne santé, ce sont ceux et celles qui ont vécu toute leur vie de l'exploitation de notre travail. Notre productivité a sans cesse augmenté ces dernières années. Alors même que nombre d'entre nous sont au chômage, le capitalisme est incapable de procéder à un partage du travail mais veut au contraire exploiter jusqu'à l'usure ultime les travailleurs et travailleuses.

Quant à celles et ceux qui ont gagné le droit d'arrêter de travailler, le gouvernement les attaque en augmentant le taux de cotisation des retraités et en réduisant les bonus liés au nombre d'enfants. Et combien d'entre nous, usé-e-s par le travail, seront incapables de travailler jusqu'à la fin de la durée légale de cotisations permettant une retraite à taux plein ? Combien de travailleurs et travailleuses cinquantenaires se retrouvent au chômage sans espoir de retour au travail et donc incapables d'arriver au terme de leurs années de cotisations ? Combien d'immigré-e-s ne bénéficient d'aucun autre droit que les minimas sociaux vieillesse ?

Par contre, Ayrault brosse les capitalistes dans le sens du poil, négociant une hausse des cotisations patronales, tout en promettant surtout de nouvelles attaques contre les droits des travailleurs et travailleuses. "Le premier ministre nous a tendu la main sur une réflexion concernant la protection sociale et le coût du travail, (...) Cette ouverture est intéressante, car si nous arrivons à grouper un coût du travail qui baisse significativement (...)» a déclaré Gattaz, le nouveau chef du MEDEF, à l'issue de sa rencontre avec Ayrault.

Le PS poursuit les attaques initiées par la droite au cours des années 2000 contre les régimes spéciaux, puis, en 2010, contre le régime général des retraites. Si nous certains avaient encore des doutes ou des illusions sur la nature de classe du gouvernement Hollande, les déclarations du gouvernement ne peuvent que dévoiler le caractère bourgeois du PS, qui, comme l'UMP, gère et adapte l'appareil d'Etat en fonction des besoins immédiats des capitalistes. Lesquels font face aujourd'hui à une indéniable crise, double crise du capitalisme et de l'impérialisme français, et ont besoin, pour maintenir leurs profits, de revenir, au besoin avec violence, sur ce qu'ils ont bien voulu nous concéder.

Certains et certaines prétendent qu'il faut, face à la crise, faire un effort, que ce type de mesure est équilibrée. Or, cela démontre que quand bien même notre travail, pendant des dizaines d'années, a permis d'engraisser les capitalistes, cela, à leurs yeux, ne compte pas. Une fois usé-e, la marchandise que nous sommes est bonne à jeter, les efforts, eux, sont toujours du même coté.

Pourtant, c'est uniquement le travail de celles et ceux qui produisent qui crée toutes les richesses. Notre intérêt à tous et toutes est que notre travail permette aux plus âgé-e-s d'entre nous de profiter d'une retraite digne plutôt que d'augmenter le taux de profit des capitalistes.

En 2010, nous n'avons pas réussi à repousser l'offensive menée par l'UMP contre le régime général des retraites, certes. Notre camp, qui est celui de la classe ouvrière et de l'ensemble des exploité-e-s est affaibli par des années de délitement des organisations et de la conscience de classe, sous l'effet d'une intense offensive idéologique des capitalistes.

Pourtant, les réformes qui s'annoncent démontrent que la lutte des classes n'est pas une théorie d'un autre âge, mais que la bourgeoisie la mène sans cesse contre nos droits.

Ce ne sont pas des journées d'action éparpillées qui permettront de lutter efficacement contre cette réforme : 2010 a démontré que les grèves ouvrières avec blocage de la production sont une arme, puissante, mode d'action qui doit s'élargir pour redevenir l'outil central du rapport de force contre la bourgeoisie.


Nous devons relever la tête, prendre conscience dans le combat que quelque soit notre sexe, notre nationalité, notre âge, nous formons une seule et même classe. Retrouvons dans la lutte la conscience de notre force collective, forgeons Le parti de classe et les organisations permettant de nous unir pour combattre et vaincre la bourgeoisie, instaurer un ordre nouveau, celui de ceux qui produisent les richesses, la classe ouvrière à la tête du prolétariat et des couches populaires.

A BAS LE SYSTEME CAPITALISTE ET SON ETAT

PAS DE CONCILIATION AVEC LE PATRONAT

A BAS LES GOUVERNEMENTS AU SERVICE DE LA BOURGEOISIE

FAISONS LES RECULER EN BLOQUANT LA PRODUCTION

RELEVONS LA TETE

OSONS LUTTER,

DONNONS NOUS LES MOYENS DE VAINCRE !

OCFR PCMF

--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18356 messages postés
   Posté le 12-09-2013 à 16:14:05   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Jeudi 12 septembre 2013 oùvalacgt

La pénibilité et le rapport Moreau


Dans cette réforme des retraites, comme dans la précédente et comme dans toutes les discussions depuis une bonne dizaine d’années, la pénibilité est au cœur des préoccupations ouvrières. Pas une réunion, pas un meeting de la CGT sans que le sujet vienne sur la table. La souffrance au travail, physique et mentale, jusqu’à la destruction, est une réalité vécue dans la chair par les prolétaires. Depuis des années, la Confédération mène bataille sur le sujet, pour obtenir « réparation » de cette souffrance et de ces destructions – et c’est une bataille essentielle.

Tous les articles de ce blog sur la pénibilité
, ICI

Avec la compétition mondialisée, l’intensité du travail, la précarité, le stress physique ont considérablement augmentés, les horaires hachés se sont généralisés et les conditions de travail se sont en général largement dégradées. Aussi, le sujet est venu sur la table, contraint et forcé quelque part : le rythme est devenu tel que les ancien(ne)s ne peuvent plus suivre, achevé(e)s dès la cinquantaine, remplacé(e)s par des intérimaires plus « frais » jeté(e)s dès qu’ils ne sont plus bons à rien.

La réforme Sarkozy/Fillon a commencé à officialiser le sujet, le revoilà dans la réforme Hollande/Sapin, et d’abord dans le rapport Moreau, rendu public à la mi-juin et qui sert de support à la réforme en cours. Alors, prenons un peu de temps pour nous pencher sur la question, y compris dans son volet technique (on pourra trouver les liens des documents officiel au fil de l'article). C'est un peu long, mais il faut détailler.


Ce que dit le rapport Moreau
(voir ci-contre l’extrait intégral du rapport qui traite de la pénibilité, 11 pages sur 172, sans les annexes, en toute fin du document). Nous invitons les lecteurs à s'y reporter pour les détails.


> Pour commencer, le document reprend les critères de pénibilité établis par la loi Fillon, et définis par décret du 30 mars 2011 (lien), complété par les articles R4412-3 et R4411-6 du Code du Travail pour ce qui est de la définition des produits chimiques dangereux. Ces critères sont les suivants :
« 1o Au titre des contraintes physiques marquées :
« a) Les manutentions manuelles de charges définies à l’article R. 4541-2 ;
« b) Les postures pénibles définies comme positions forcées des articulations ;
« c) Les vibrations mécaniques mentionnées à l’article R. 4441-1 ;
« 2o Au titre de l’environnement physique agressif :
« a) Les agents chimiques dangereux mentionnés aux articles R. 4412-3 [produits toxiques NdlR] et R. 4412-60 [CMR NdlR]), y compris les poussières et les fumées ;
« b) Les activités exercées en milieu hyperbare définies à l’article R. 4461-1 ;
« c) Les températures extrêmes ;
« d) Le bruit mentionné à l’article R. 4431-1 ;
« 3o Au titre de certains rythmes de travail :
« a) Le travail de nuit dans les conditions fixées aux articles L. 3122-29 à L. 3122-31 ;
« b) Le travail en équipes successives alternantes ;
« c) Le travail répétitif caractérisé par la répétition d’un même geste, à une cadence contrainte, imposée ou non par le déplacement automatique d’une pièce ou par la rémunération à la pièce, avec un temps de cycle défini. »

> Il établit ensuite un bilan très critique des mesures prises autour la pénibilité par le gouvernement précédent. Critique sur le fait que la reconnaissance de la pénibilité passait par la reconnaissance de l’invalidité et donc nécessitait une pathologie déjà en cours, laissant de côté tout le débat sur l’espérance de vie en bonne santé. Nous citons : « Ce dispositif de compensation a touché un nombre très restreint de personnes (près de 4 000 personnes fin 2012), probablement pour différentes raisons : manque d’information des personnes concernées, lourdeur des procédures, «concurrence» d’autres dispositifs plus accessibles (carrières longues, invalidité), conditions d’accès très restrictives.
Au-delà de ce constat numérique, le dispositif a posé un problème d’orientation, qui a suscité des critiques. Censé prendre en compte la « pénibilité » du parcours passé, il en soumet l’appréciation à un constat d’ordre médical, qui suppose un diagnostic de pathologie établi – qui plus est, dans une liste prédéterminée de pathologies, avec une origine professionnelle spécifique. Cela signifie d’une part que la reconnaissance de la pénibilité est subordonnée à la survenue effective d’une pathologie avant l’âge de la retraite (alors que pour l’essentiel ce sont des dégradations de la santé survenant postérieurement qui impacteront l’espérance de vie en santé, surtout dans le cas des cancers d’origine professionnelle), d’autre part que certains facteurs de pénibilité, non reconnus comme cause de pathologies spécifiques (comme le travail de nuit) sont absents du dispositif. »
Rien à dire.

> Le document traite ensuite de la nécessité des reclassements en fin de carrière des salariés anciens, usés par le travail, car voyez-vous, il faut « maintenir les seniors au travail », peu importe qu’ils ne soient plus bons à rien, ça fait faire des économies à la CNAV. On se souvient (peut-être…) qu’à la mine, les ouvriers finissaient leur carrière en surface, dans des métiers moins lourds de la maintenance. Ou que dans nombre de grandes entreprises de l’après-guerre, des postes de gardiennage, à la cantine, de maintenance, administratifs, etc. étaient quasi réservés aux anciens en fin de carrière. Sauf qu’aujourd’hui, toutes ces fonctions ont été sous-traitées, l’intensité du travail y est devenue aussi violente qu’ailleurs et que le retour hypothétique à ces postes « réservés » en quelque sorte aboutit à un surcoût important pour le patron, qui fait à l’inverse perpétuellement la chasse aux gains de productivité et faux frais divers…Alors le rapport Moreau enfonce quelque part une porte ouverte et surtout déjà refermée par la crise… Le capitalisme détruit les ouvriers, ne peut plus fournir du travail aux anciens, et bien nous, nous revendiquons

La retraite à 55 ans sans conditions de trimestres !
Et dès 50 ans pour les travaux pénibles !


> Le document ne traite pas du tout des causes de la pénibilité et des raisons de l’inemployabilité des anciens, et n’aborde que très peu la question de la prévention. C’est pourtant la nature de l’exploitation, les conditions de travail qui sont au cœur des discussions et de la situation présente.

> Enfin, le rapport présente donc la notion de « Compte individuel pénibilité », c’est-à-dire d’un compte qui permettrait, en fonction des pénibilités endurées de gagner soit des droits à la formation (pour changer de boulot) soit des départs anticipés. Compte transférable tout au long de la carrière… Oublions la formation, on sait ce qu’il en est, et en plus au-delà de 50 ans, quand on est cassé de partout, on se demande bien comment se reconvertir.
Si la loi Sarkozy/Fillon prévoyait le passage par une commission pour juger de l’invalidité, que propose le rapport ? « L’exposition aux facteurs serait appréciée par l’employeur par référence à des seuils d’exposition fixés par voie d’accord national interprofessionnel ou, en cas d’échec, par voie réglementaire, en laissant la possibilité aux branches de fixer des seuils plus favorables aux salariés. » Vous avez bien lu : « appréciée par l’employeur » !!! Même en rapport à des seuils d’exposition officiels, on voit déjà la contestation à venir… Quant aux compensations proposées, c’est misérable : un trimestre pour 7,5 années d’exposition à un risque donné !!! Un an pour quinze ans de travail posté ou de nuit (donc 2,83 pour 43 ans, même pas le retour aux 40 ans de cotisation !). Les syndicats ont parfaitement raison de dénoncer le scandale qui fait que les personnes les plus concernées ne pourraient même pas revenir au départ à 60 ans !!!

L’enjeu de la pénibilité
Nous l’avons longuement développé sur ce blog depuis des années, la pénibilité a un caractère de classe très prononcé (« La pénibilité symbole d’une réforme de classe »). Ce sont avant tout les ouvriers, les prolétaires qui souffrent dans leur chair de l’exploitation capitaliste. Et ce n’est pas parce qu’on a commencé à parler du stress avec les suicides des cadres de France Télécom que cela n’existe pas depuis bien plus longtemps parmi les prolétaires… Les ouvrières et ouvriers cassés (les poignets, le dos, la nuque…), cachetonnés, qui tiennent à l’alcool ou aux antidépresseurs, ceux qui décèdent avant ou juste après la retraite, c’est le quotidien de la classe ouvrière depuis des décennies.

La pénibilité et ses conséquences, ce n’est pas affaire individuelle . Si les conséquences peuvent être différentes sur chacune et chacun, selon sa résistance physique et morale, l’inégalité face à la souffrance (indiscutable), la pénibilité est d’abord affaire de méthodes de production, de management capitaliste. La chaîne, les cadences, le taylorisme, le « lean management » aujourd’hui, la gestion par le stress, les conditions de travail en général, ce ne sont pas affaires « individuelles », c’est affaire d’exploitation . Qu’ensuite chacun(e) réagisse différemment, c’est une autre question...

C’est la même chose pour l’amiante : dans une usine donnée, tout le monde subit de la même manière, mais le corps de chacun réagit de manière différente, c’est l’injustice et l’inégalité fondamentale, mais réelle. Il n’empêche : le problème, ce n’est pas la différence individuelle, c’est l’amiante !!! C’est pour cela que la lutte a imposé, contre les gouvernements successifs et contre le patronat, la définition de « sites amiante », prioritaire sur la solution individuelle du FIVA (Fond d’indemnisation des Victimes de l’Amiante – qui ne fait que constater l’atteinte individuelle sans chercher une quelconque responsabilité de l’employeur) !

De même avec le bruit, la chaleur, les intempéries, les rayonnements, les gestes destructeurs etc.
Si « l’espérance de vie en bonne santé » est de plus en plus différente entre les classes sociales, ce n’est pas l’effet du hasard, c’est le résultat du capitalisme et de l’exploitation. On lira avec profit (ci-contre) un article de Mediapart publié début Juillet « La double peine des ouvriers »
A ce titre, le combat contre le travail de nuit « en général », pas individuellement, est un combat essentiel, et il faut saluer le collectif intersyndical Clic-P qui en région parisienne mène inlassablement le combat contre le travail de nuit (et contre l’ouverture du Dimanche), malheureusement mal soutenu, quand ce n’est pas torpillé par les confédérations respectives – dont la fédération du Commerce CGT, une fois de plus sur la sellette. Voir le tract de début juillet ci-contre.

La pénibilité, c’est une affaire de classe , de rapports de production qui manifestent la loi du profit, les gains de productivité dans la guerre économique, la recherche de la compétitivité maximum dans la mondialisation, la domination d’une classe sur une autre – celle des bourgeois sur les prolétaires.
La réponse à la pénibilité est donc d’abord une affaire collective, de classe, pour des mesures claires et nettes concernant les conditions de travail :

- L’interdiction du travail de nuit et du travail posté
- L’interdiction du travail à la chaîne
- Des normes strictes de protection sur les nuisances, hors toute utilisation d’EPI
– Equipement Individuel de Protection (le bruit, par exemple).
- Le classement des usines en tant que telles comme « sites pénibles » , de la même manière que la définition des « sites amiante », selon les critères de pénibilité, mais utilisés cette fois de manière collective.
- La prévention avant la protection, par principe .
- Etc.

C’est sur ces bases que le combat doit être mené, et commence à l'être ! Parti de la défense des victimes de l’amiante, il s’étend peu à peu, quoique difficilement, aux victimes des agents chimiques, les graisses de moule par exemple dans les verreries, la sidérurgie ou à Goodyear. La bataille est aux certificats d’exposition, elle s’élargira ensuite aux condamnations et à la déclaration de dangerosité de certaines usines en tant que telle. Voilà la voie à suivre !
Le combat pour la reconnaissance individuelle, pour la réparation, ne peut se mener que sur cette base au risque de rentrer dans la négociation avec les exploiteurs des « bons » critères acceptables et surtout qui ne coutent pas trop cher et ne mettent pas en danger la compétitivité des entreprises !

A partir de là, quelles sont les positions de la CGT ?
Il est très difficile de trouver les positions précises de la CGT sur la question. On trouvera autant qu’on veut les dénonciations de la pénibilité « en général », sur des bases d'ailleurs plutôt correctes, de nombreux exemples à l’appui et tout le temps la revendication de départ anticipé (voir "Le meeting du 4 juin 2007 contre la pénibilité du travail à Dunkerque"). Mais dès qu’on veut rentrer un peu dans le concret, c’est juste pas facile.
Le document récent le plus détaillé date de 2011, pour l'occasion d'une journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail (ICI).

> Lors des négociations marathon de la fin des années 2000 avec le MEDEF, qui n’ont d’ailleurs débouché sur rien, la CGT dénonçait relativement correctement les effets de la pénibilité, et revendiquait une retraite anticipée individuelle, à hauteur de la pénibilité subie. On a là une exigence de réparation individuelle, non chiffrée et qui laisse dans le flou les modalités précises de contrepartie. Un texte de 2006 est relativement clair sur la question (voir ci-contre).
A aucun moment, la CGT ne pose la riposte à la pénibilité en termes de revendications collectives (mais, soyons honnêtes, elle fixe quand même la contrepartie individuelle dans un cadre collectif conventionnel, mais avec toutes les différences que cela introduit d'un secteur à l'autre, d'une entreprise à l'autre).

> La CGT avance systématiquement dans ses publications récentes l’idée qu’il existe une liste de 12 critères établis par la négociation. Il faut se donner du mal pour en trouver le détail ! Nous avons trouvé les propositions de la CGT sur un document de la Fonction Publique, c’est donc sous réserve de vérification, nous appelons nos lecteurs, mieux informés ou plus malins, à corriger éventuellement cette information :

I - Contraintes physiques
1/ Manutention et port de charges lourdes
2/ Contraintes posturales et articulaires
3/ Vibrations
II- Environnement agressif
1/ Exposition à des produits CMR (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques)
2/ Exposition aux poussières et fumées
3/ Exposition à des températures extrêmes et aux intempéries
4/ Exposition aux bruits intenses
5/ Les rayonnements ionisants
III - Contraintes liées aux rythmes de travail
1/ Travail de nuit
2/ Travail alterné, décalé : Alterné figurant dans le décret n° 76/404 du 10 mai 1976 précisant la loi de 1975 Le travail posté en discontinu - Travail par relais en équipe alternante
3/ Longs déplacements fréquents
4/ Gestes répétitifs, travail de chaîne, cadences imposées»

Or, nous savons que le décret du 31 mars 2011 (voir ci-dessus) établit une liste officielle de critères. On peut constater les différences avec la liste de la Confédération : milieu hyperbare (Décret), rayonnements ionisants (CGT), intempéries (CGT), longs déplacements (CGT), agents chimiques dangereux (Décret). Si on ne peut que partager le point de vue confédéral sur les rayonnements, les intempéries, les déplacements, on est très étonnés de l’absence des agents chimiques de la liste confédérale, alors que par ailleurs ils sont déjà reconnus comme facteur de pénibilité par le décret… Les camarades travaillant dans les divers secteurs de la Chimie (et d'ailleurs) doivent apprécier, vues toutes les saloperies qu’ils bouffent au long de leur carrière !
On est un peu étonnés quand même… D’où l’intérêt à avoir très vite des documents précis, officiels et publics de la Confédération pour savoir ce qu’on défend ou pas !

Lors des discussions en cours depuis le rapport Moreau, la CGT « revendique des actes » (tract du 12 août, le seul sur la question, voir ci-contre).
On y trouve des grands axes, on y trouve quand même le départ anticipé « à partir » de 55 ans « voire avant », on y parle des 12 critères sans préciser lesquels, et au final, dans le dernier courrier de Thierry Lepaon au premier ministre on retrouve la revendication du Compte épargne pénibilité présentée dans le rapport Moreau…

Encore récemment (voir ci-dessous l'extrait du tract du 5 septembre), la Confédération estime que le projet gouvernemental "va dans le bon sens", puisqu’il prend en compte des critères de pénibilité. Mais quoi ? Le rapport Moreau ne fait que reprendre les critères Fillon/Sarkozy, le « sens » aurait-il changé avec le changement de gouvernement ? Les critères sont jugés seulement « insuffisants » - ce qui s’appelle une figure de style ! Et surtout, où sont les revendications générales, collectives, portées par la CGT ?



Au final, l’impression générale c’est que la Confédération recule subrepticement au fur et à mesure, en ménageant le terrain pour donner l’impression que « ça va dans le bon sens » alors qu’on est très très loin du compte. Pas très différent de l’avis de la Confédération sur la circulaire Valls pour les sans-papiers ("Circulaire Valls : leur montagne vient d'accoucher de sa souris"), ou comment faire passer une défaite pour une victoire, les vessies pour des lanternes, le tout en ménageant soigneusement le gouvernement en place...

--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18356 messages postés
   Posté le 10-10-2013 à 20:35:53   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Futur Rouge


A bas la réforme des retraites !
Elargissons la résistance !


Dans la nuit du 8 au 9 octobre, les députés se sont prononcés sur la nouvelle réforme des retraites. Ces derniers ont votés à 101 voix contre 64 pour l'allongement de la durée de cotisation jusqu'à 43 annuités.

Comment ne pas saisir la mascarade que sont les élections ? On a vendu aux prolétaires le changement, et tout ce qu'on a, c'est encore et toujours le même théâtre : de bon-ne-s bourgeois-e-s gesticulant et bavardant du haut de leurs fauteuils cossus. Ça pourrait être presque drôle (mais avant tout ennuyeux) si cela relevait d'un mauvais film. Cependant, dans la réalité cela n'a rien de drôle. En effet, ce vote n'est autre qu'une attaque de plus contre la classe ouvrière. Pendant que messieurs dames les député-e-s se plaisent à donner un vernis démocratique à cette dictature bourgeoise qu'est le système dans lequel nous vivons, les prolétaires, eux, crèvent de leurs réformes…

En effet, L'allongement de la durée de cotisation n'est pas un problèmes pour ceux qui s'engraissent sur le travail de notre classe : ils et elles ont les moyens de cotiser dans des caisses privées et ne sont pas abîmé-e-s par une vie de labeur. Mais pour nous, une telle réforme signifie des années de travail usant supplémentaires, des années à se tuer au boulot pour survivre jusqu'au jour d'une retraite dont nous n'aurons même pas le temps de profiter.

Cette réforme amenée par le Parti «socialiste» est un coup porté par la bourgeoisie qui gouverne contre les classes populaires. C'est une remise en cause de plus des conquêtes sociales que la classe ouvrière a su arracher au prix des luttes et des sacrifices.

Leur démocratie, c'est une parodie, et une mauvaise parodie, qui ne suffit pas à masquer la lutte des classes de classes réelle qui traverse la société, afin de donner une légitimité à celles et ceux qui gèrent notre exploitation quotidienne.

Nous ne reconnaissons pas cette démocratie. C'est une démocratie uniquement pour les bourgeois-e-s et c'est la dictature sur les classes populaires. Leurs lois, ils nous l'imposent à coups de matraque si besoin est, ne nous laissant comme droit que de voter une fois de temps en temps pour des gens qui ne représentent pas notre intérêt.
La réforme des retraites, c'est une nouvelle offensive des capitalistes, une nouvelle victoire pour eux dans la lutte des classes. La lutte des classes, c'est la lutte entre celles et ceux qui possèdent les moyens de production et celles et ceux qui entre ceux, comme nous, qui n'ont que leurs bras à vendre. Nos intérêts sont contraires et cette lutte ne cessera que lorsque cessera l'exploitation. Nous devons nous organiser pour livrer bataille. Nous montrerons à la bourgeoisie que quand la classe ouvrière décide de reprendre ses affaires en main, elle ne le fait pas en bavassant dans un hémicycle ou dans le siège de velours d'un ministère (en chargeant police, armée de faire régner l'ordre). La puissance du prolétariat s'exprime dans la rue, dans les usines et l'ensemble des lieux de production. C'est nous qui produisons les richesses de ce monde, c'est nous qui nous esquintons la santé au travail, c'est donc à nous de décider des règlementations nous concernant, les patrons n'ont pas droit à la parole dans cette histoire.

Pour renverser la machine, quelques journées de manifestations ne seront pas suffisantes. Il nous faut dépasser les perspectives que nous proposent directions syndicales et partis dit «de gauche» (qui s'allient au PS pour obtenir des sièges aux municipales : comment avoir foi en eux ?). Non, un jour de grève ne changera rien à la donne, pas plus d'ailleurs qu'un bulletin dans l'urne aux prochaines élections. Si nous voulons faire reculer la bourgeoisie il nous faudra beaucoup plus qu'une liste Front de Gauche aux municipales. La seule chose qui fait trembler les patron-ne-s, c'est le porte-monnaie.

Cela nécessite de nous réorganiser. Nous saluons les initiatives menées pour construire la solidarité de classe à la base et dans l'action, comme l'initiative des différentes UL de la CGT, notamment du Nord, du Havre, de Paris, de manifester lundi dernier à Paris devant l’Assemblée Nationale contre la réforme des retraites.

Contre l’offensive de la bourgeoisie, préparons le combat de classe !
OCFR-PCMF


--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
18356 messages postés
   Posté le 11-10-2013 à 13:09:17   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

NON A LA RETRAITE DES MORTS !


Au 7e congrès de la SFIO (6-9 février 1910) Paul Lafargue dénonçait la loi sur les retraites, adoptée le 5 avril par le Sénat. Et la CGT dénonçait alors la "retraite des morts" .
Les maigres pensions n'étaient perçues qu’à partir de 65 ans alors que l’espérance de vie des ouvriers ne dépassait guère 50 ans.
Aujourd'hui, à cause du renchérissement des soins l'espérance de vie des classes populaires diminue tandis que la loi Ayrault repousse le départ à la retraite à 66 ans pour la classe 76.
Quant au compte pénibilité , il donne simplement le droit d'accumuler des points pour donner l'autorisation...de suivre une formation pour se reconvertir.
"avancée historique" que "pendant vingt ans la droite n'a pas fait, notre honneur à nous c'est de faire" commentait Marysol Touraine. Pour Gattaz c'est une avancée historique en effet, contre nous


Un article sur le blog oùvalacgt :

________________________


Vendredi 11 octobre 2013

Pénibilité : la retraite des morts


Un excellent tract de la CGT Verallia (pôle conditionnement du groupe Saint-Gobain, qui regroupe toutes les verreries de fabrication de bouteilles pour l'essentiel) qui montre en un recto le caractère de classe des mesures annoncées sur la pénibilité (voir "La pénibilité et le rapport Moreau").

Rien à dire, rien à ajouter ! Le travail posté, le bruit, la chaleur, les poussières, les toxiques (amiante, graisses de moules) etc. Ce sont toutes les verreries (comme bien d'autre usines) qui doivent être classées en sites "Usines Pénibles" !

C'est le capitalisme qui pénible !
La retraite à 55 ans, sans conditions de trimestres, et à 50 ans pour les métiers pénibles !



--------------------
contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Haut de pagePages : 1  
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Actualités  Actualités françaises  Les retraites expliquées à ma grand-mèreNouveau sujet   Répondre
 
Identification rapide :         
 
Divers
Imprimer ce sujet
Aller à :   
 
créer forum