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 les "porte-serviettes"

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Xuan
Grand classique (ou très bavard)
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   Posté le 21-01-2011 à 23:44:45   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le Petit Blanquiste publie le 21 janvier un article sur la manière dont Benoît Frachon villipendait les "porte-serviettes".

Outre son intérêt sur l'histoire de la CGT, cet article est tout-à-fait d'actualité :


SYNDICALISME ET COLLABORATION DE CLASSES : LES « PORTE-SERVIETTES »



En 1949, peu après la loi établissant les comités d'entreprises, un débat agite la CGT sur la prolifération des « permanents » dans ces nouvelles instances sur les lieux de travail.
La question devient sensible au point que Benoît Frachon, secrétaire général de la CGT, considère indispensable de donner l’avis de la Confédération sur la question de ces militants qu’il appelle de « porte-serviettes » .
Dans un article publié par L’Humanité, il s’essaie donc à définir ce qu’il appelle une « juste politique des élus ouvriers aux comités d’entreprise » et d’examiner « bien franchement, ce qui ne va pas et qu’il faut corriger d’urgence » .
Il concède que la Confédération, elle-même, mérite des reproches pour « avoir trop tardé » à intervenir et d’être tombée dans les « pièges de l’ennemi de classe ».
Heureusement, écrit-il, « ce sont les travailleurs eux-mêmes qui se chargent de régler leur compte aux élus défaillants » . Et, si, à l’intérieur de la CGT, certains « ont pris le mors aux dents […] cela montre avant tout qu’on n’est pas très fier de s’être laissé prendre en défaut alors que tout commandait la vigilance » .


Benoît Frachon rappelle les faits : dans certaines entreprises, « un ou plusieurs délégués, avec l’accord, disons plutôt la complicité du patron, ont cessé tout travail. Ils sont devenus les permanents du comité d’entreprise. Ils parcourent l’usine, les "bleus" propres, la serviette sous le bras, l’air affairé, ou bien trônent le plus souvent dans un bureau parfois installé hypocritement par le patron, bien en vue de tout le personnel, afin que nul n’en ignore ».
Parmi eux, certains « essaient de se justifier » ; ils prétendent que c’est une « victoire » d’avoir obtenu « un ou plusieurs permanents payés par le patron ou par la caisse du comité d’entreprise » ; et qu’ainsi « ils sont mieux aptes à militer pour le syndicat » .

Mais, Benoît Frachon réplique que « c’est le patron qui les a eus » ; « que les ouvriers n’aiment pas ça » ; que cela engendre « réprobation » et « méfiance » ; que cela sent « le fil à la patte, l’entorse à l’indépendance absolue » ; et que le militant qui se laisse prendre n’aura plus « la même autorité sur ses camarades » .
Sans compter, ajoute-t-il, ceux « qui se sont laissés corrompre et tiennent à leur place, sans plus se soucier de leurs électeurs. Ils sont devenus des auxiliaires du patron, sans plus » .
Benoît Frachon appelle donc « les camarades qui, de bonne foi, ont commis cette faute » à la corriger ; car, « ils représentent l’organisation syndicale qui les a fait élire. Une faute de leur part rejaillit sur cette organisation » .



Enfin, conclut-il, « l’aide et le contrôle » des sections syndicales doit leur être « donnés sans réserve pour que rapidement le "porte-serviette" ne soit plus qu’un méchant souvenir » .


Certes, cet article ne porte que sur un sujet particulier. Mais on peut aussi le considérer comme une mise en garde plus générale contre une pratique qui guette constamment le mouvement syndical : celle de la collaboration de classe, celle de la perte d'indépendance vis-à-vis du patron que celui-ci soit privé ou d'Etat.
Aujourd'hui, patronat et gouvernement ont imposé jusqu'au langage de la collaboration de classes : « syndicalisme d'accompagnement », « partenaires sociaux », « dialogue social » , autant d'expressions toutes faites ressassées par les médias pour mieux conjurer la réalité de la lutte des classes.

Qui, dans le mouvement syndical, identifiera et dénoncera les nouveaux « porte-serviettes » ?
JPD

[1] Benoit Frachon, Dans les comités d’entreprises, parlons des « porte-serviettes »,L’Humanité, 1er janvier 1949.

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