Sujet :

Persévérer dans la lutte anti-impérialiste

Xuan
   Posté le 14-12-2008 à 23:49:08   

Dans l’ouvrage « Manuel d'économie politique » , paru en 1955 et qu’on peut télécharger ici :

http://www.communisme-bolchevisme.net/manuel_economie_politique_marxiste.htm

on trouve un exposé très clair non seulement sur le capitalisme et les crises du système capitaliste, mais sur de nombreuses notions dont un rappel des principales caractéristiques de l’impérialisme.
Voici un extrait p.158 de cette version téléchargeable :

« Lors du passage à l'impérialisme, les plus grandes puissances capitalistes se sont emparées, par la violence et la duperie, de vastes possessions coloniales. Les cercles dirigeants des pays capitalistes développés ont transformé la majorité de la population du globe en esclaves coloniaux, qui haïssent leurs oppresseurs et se dressent pour lutter contre eux. Les conquêtes coloniales ont élargi considérablement le champ de l'exploitation capitaliste ; en même temps le degré d'exploitation des masses laborieuses ne cesse d'augmenter. L'aggravation extrême des contradictions du capitalisme trouve son expression dans les guerres impérialistes dévastatrices, qui emportent des multitudes de vies humaines et détruisent d'immenses richesses matérielles.
Le mérite historique de l'analyse marxiste de l'impérialisme, comme stade suprême et ultime du développement du capitalisme et comme prélude à la révolution socialiste du prolétariat, appartient à Lénine. Dans son ouvrage classique L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme et dans plusieurs autres écrits datant surtout des années de la première guerre mondiale, Lénine a fait le point du développement du capitalisme mondial au cours du demi-siècle écoulé depuis la parution du Capital de Marx. S'appuyant sur les lois découvertes par Marx et Engels sur la naissance, le développement et la décadence du capitalisme, Lénine a fait une analyse scientifique exhaustive de la nature économique et politique de l'impérialisme, de ses lois et de ses contradictions insolubles.
Suivant la définition classique de Lénine les caractères économiques fondamentaux de l'impérialisme sont :
1° Concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé, qu'elle a créé les monopoles dont le rôle est décisif dans la vie économique ;
2° Fusion du capital bancaire et du capital industriel et création, sur la base de ce « capital financier », d'une oligarchie financière ;
3° L'exportation des capitaux, devenue particulièrement importante, prend l'avantage sur l'exportation des marchandises ;
4" Formation d'unions internationales capitalistes monopoleuses se partageant le monde
et 5° Achèvement du partage territorial du globe par les plus grandes puissances capitalistes
(1). »

(1) V. LENINE : L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, p. 80, Editions Sociales, Paris, 1952.

On observe que l’impérialisme n’est pas une catégorie qu’on peut appliquer à n’importe quel pays dès lors qu’il paraît agressif, belliqueux, ou que son économie se développe davantage que celle des autres, ou encore dès que les droits de l’homme y sont restreints.

Si l’on s’en tient aux « démonstrations » des politiciens petit-bourgeois, nombre de pays du Tiers Monde sont des pays « impérialistes » simplement parce que leurs dirigeants sont des « dictateurs ».
Cette analyse subjective de l’impérialisme ou de l’expansionnisme ne repose pas sur les faits et nous fait prendre des vessies pour des lanternes.
Comme on a pu l’observer à plusieurs reprises, elle rejoint mot pour mot les accusations des pires faucons impérialistes concernant précisément les pays qu’ils veulent eux-mêmes annexer ou démanteler.
A plusieurs occasions, on a observé que les ténors occidentaux des Droits de l’Homme ont été les premiers à cautionner ou à couvrir les guerres impérialistes, les génocides, les émeutes dont l’objectif final était de détruire l’unité d’un pays et de son peuple, d’y provoquer la guerre civile ou ethnique et finalement de l’annexer par petites bouchées.

Ici même, certains « marxistes-léninistes » ont développé l’idée que la lutte de la bourgeoisie nationale contre l'impérialisme visait ou aboutissait au statut d' impérialisme régional et qu'il ne fallait pas la soutenir.
Dans « impérialisme et anti-impérialisme » , le trotskyste Koba déclarait p.169 :
Des conflits ont donc inévitablement lieu entre les factions de bourgeoisie nationale des pays dépendants qui estiment que la croissance dépend de la soumission totale à l’impérialisme étranger
(bourgeoisie compradore), et les factions de la bourgeoisie nationale dont les ambitions impérialistes lui font comprendre la nécessité de préserver un secteur d’Etat nationalisé dans les branches les plus fondamentales de l’industrie (industrie d’extraction et industrie de production des moyens de production). Ces conflits existent dans tous les pays semi coloniaux.

Et p.111
La bourgeoisie nationaliste « non-alignée » procéda bien entendu à des réformes économiques et sociales de type démocratique bourgeoise qui lui assurèrent souvent un soutien social bien supérieur
à celui des cliques gouvernementales compradore pro colonialistes. Ainsi les plus radicales d’entre
elles procédèrent à la redistribution des terres qui avaient autrefois étaient confiées à des colons, ainsi qu’à la nationalisation des principales richesses et industries ayant appartenu au Capital étranger. Ces mouvements s’inscrivaient donc dans le mot d’ordre de « libre disposition d’elles-mêmes des nations». Mais c’était oublier la réalité de la production marchande internationale, amenant nécessairement à la différenciation des ex-pays coloniaux, la plupart dégénérant en semi colonies au profit de quelques uns accédant au statut de puissance impérialiste régionales . La « révolte » tiers-mondiste que représentait et représente encore aujourd’hui le mouvement des non-alignés est donc une « révolte » des plus modérées, les anciennes colonies n’hésitant pas à tendre la main en direction de leurs anciens esclavagistes afin de « développer la coopération économique et technique ».


En d’autres termes, les nationalisations réalisées par Chavez, au prétexte qu’elles sont le fait de la bourgeoisie nationale, deviennent-elles la manifestation d’un « impérialisme régional ».
Dès lors, on peut se demander l’utilité de soutenir de tels « impérialismes régionaux » dès qu’ils sont en butte aux ambitions des puissances impérialistes occidentales.
Et la logique de ces « marxistes-léninistes » aboutit à fermer les yeux sur toutes les guerres d’agression impérialistes sous prétexte qu’il s’agirait de conflits « inter impérialistes ».
Ces nouveaux trotskystes habillés en « marxistes-léninistes » pratiquent sur la question de l’impérialisme et l’anti-impérialisme la méthode de Ponce Pilate : « je m’en lave les mains » .
Ils ne lèvent pas le petit doigt pour s’opposer à l’impérialisme et si cela ne dépendait que d’eux, les peuples crèveraient la bouche ouverte grâce à leur «anti-impérialisme ».

Or l’extrait du « Manuel d'économie politique » indique clairement que l’impérialisme est le produit du développement historique du capitalisme, et que la colonisation des peuples en est la conséquence. Les puissances impérialistes n’ont jamais permis la naissance d’un « impérialisme régional ».
D’autre part, les pays émergents ne sont pas des pays impérialistes. Contrairement à ceux-ci ils n’exportent pas principalement des capitaux mais des marchandises, dont une partie nullement négligeable a été simplement sous traitée par les pays impérialistes eux-mêmes.

On a d’ailleurs pu remarquer à l’occasion de la crise que les fonds souverains n’ont pas cherché à s’implanter de façon majoritaire dans les banques occidentales en perdition. Certains économistes bourgeois s’en sont même étonnés.

Ainsi les Echos titraient le 19 septembre 2008 « Où sont passés les fonds souverains ? »
«Après s'être portés au secours l'an dernier des fleurons de la banque occidentale, les grands fonds des pays émergents et du Golfe sont aujourd'hui en position d'attente. Leurs pertes sur leurs investissements dans la finance devraient rester limitées.
Ils devaient profiter de prix « à la casse » pour acheter à bon compte les fleurons de la finance occidentale. Pratiquement un an après avoir commencé à se porter au secours des Citigroup, Morgan Stanley, UBS et autres grands noms des banques anglo-saxonnes, les fonds souverains pansent aujourd'hui leurs plaies et préfèrent pour la plupart se tenir à l'écart du secteur. La valse-hésitation de la banque publique sud-coréenne KBD autour du sauvetage de Lehman Brothers - son renoncement ayant finalement précipité la faillite de la banque de Wall Street - a marqué une inflexion dans l'attitude des fonds des pays émergents. L'un des grands fonds d'Abu Dhabi, Mubadala, à la tête de 250 milliards de dollars, s'en tient ainsi à « une approche du type «wait and see» », confiait, mardi dernier à Bloomberg, son directeur opérationnel, Waleed al-Muhairi, évoquant la « volatilité » des marchés boursiers. Et les opportunités d'investissements dans les banques américaines après l'effondrement des valorisations ? « Nous n'en examinons aucune », indiquait-il clairement. Seule l'acquisition des activités de Lehman Brothers par Barclays fera peut-être exception auprès des fonds qui ont soutenu le Britannique, comme le singapourien Temasek. Tout comme l'intérêt renouvelé de China Investment Corp. pour Morgan Stanley. »


Il n’est d’ailleurs pas du tout certain que les pays impérialistes auraient accepté que leurs principales banques deviennent la proie de pays du Tiers Monde, qu’ils soient riches ou pas. Et le scénario généralement observé c’est la concentration de la puissance bancaire aux USA d’une part et en Europe d’autre part.

Il est essentiel pour les marxistes-léninistes de débattre et de s’unir sur la question de l’impérialisme et de l’anti-impérialisme.
La crise du capitalisme et l’aiguisement des contradictions entre les pays impérialistes et le Tiers Monde nous imposent de rester de fermes combattants anti-impérialistes.
Un nouveau parti communiste ne peut pas voir le jour s’il est miné par des conceptions qui servent objectivement l’impérialisme.
Xuan
   Posté le 18-03-2013 à 01:46:23   

Une vieille resucée de la révolution permanente


Dans la présentation d’Alain Poitras, mon camarade Finimore a levé le voile sur la naïveté du camarade Poitras, qui introduit en catimini une publicité pour la 5e Internationale trotskiste et combat Staline, tout en se défendant de prendre parti « Moi, j'en ai rien à foutre de ces deux là et leurs différents » .

Curieusement Alain Poitras a retiré partout où il le pouvait dans ses messages le lien vers la Ligue pour la cinquième internationale.
Dans ce cas pourquoi affirmer haut et fort qu’il va faire la promotion de cette ligue d’un côté et s’autocensurer de l’autre ?
Alain Poitras affirme avec légèreté « Je suis d'ailleurs certain que tu ne t'es même pas donné la peine de jeter un coup d'oeil sur ce programme » , mais dans ce cas comment Finimore saurait-il qu’il s’agit d’un programme trotskiste ? Passons.

Bien au contraire la lecture de ce programme est fort instructive pour les marxistes-léninistes, et cela bien au-delà des convictions d’Alain Poitras, parce qu’on y retrouve des questions soulevées de multiples fois sur ce forum et sur d’autres précédemment.
On y retrouve également des thèses frauduleusement prétendues marxistes-léninistes.

Ainsi on lit dans le chapitre

La mondialisation, le nouveau stade de l’impérialisme
:

« Le capitalisme mondial se fonde sur l’exploitation des travailleurs dans les pays impérialistes et sur la surexploitation de leurs anciennes colonies dans le « Tiers Monde ». Les entreprises minières et de l’énergie, l’agroalimentaire, les banques : toutes utilisent leurs pouvoirs technologiques et financiers et le monopole du commerce pour s’emparer des matières premières et des ressources des pays sous-développés. D’autres entreprises établissent la production dans des pays où elles peuvent exploiter les travailleurs encore plus qu’elles ne peuvent dans « leur » pays. La raison : des régimes dictatoriaux et des niveaux de vie plus bas.
Les classes dominantes du « Tiers monde », faibles et corrompues, ont depuis longtemps abandonné toute idée de défier leurs anciens maîtres coloniaux. Au contraire, ils jouent le rôle d’agents des entreprises multinationales et du G8. Leurs armées et leurs forces de polices sont entraînées par les Etats-Unis et les puissances européennes. La CIA et le MI6 forment aux techniques répressives leur police secrète. Si un de ces pays sort du rang, une force de réaction rapide est envoyée pour « rétablir l’ordre ».
Ces Etats sont tout sauf « indépendants ». Chaque fois que les peuples de ces semi-colonies obligent leurs gouvernements corrompus et dictatoriaux à résister, la contre-attaque est vraiment brutale. »


En résumé les bourgeoisies nationales dans les anciennes colonies sont soumises à l’impérialisme, qui domine l’ensemble de la planète.
Il en résulte une définition des tâches du prolétariat contre l’impérialisme à laquelle certain soi-disant « marxiste-léniniste », et maître à penser autoproclamé de la révolution mondiale souscrirait volontiers :

« La classe ouvrière mettra en avant ses propres méthodes de classe pour la lutte de masse comme les moyens les plus efficaces pour chasser les impérialistes, mais elle ne s’arrêtera pas à cet objectif. Refusant avec mépris toute proposition de gouverner en coalition avec la bourgeoisie, le parti ouvrier organisera les conseils ouvriers et paysans et les milices et effectuera un transfert de pouvoir dans les mains des ouvriers et des paysans. Pour les communistes révolutionnaires, le front unique anti-impérialiste n’est jamais une stratégie en soi. Il s’agit d’une tactique : une étape sur la voie non seulement de la défaite de l’impérialisme mais du renversement de la bourgeoisie nationale. En résumé, seule la classe ouvrière peut rendre permanente la révolution démocratique nationale, en complétant la reconstruction révolutionnaire de la nation sous sa propre direction. »
[Stratégie et tactique dans les semi-colonies ]

Sans autre commentaire, je laisse le lecteur avisé faire de lui-même les rapprochements qui s’imposent avec la nouvelle version « stalinienne » de la révolution permanente trotskiste, dans laquelle une alliance même temporaire des prolétariats du Tiers Monde avec ces bourgeoisies nationales n’est pas envisagée, et où la seule perspective qui s’impose à la classe ouvrière dans tous les pays serait indifféremment la lutte contre la bourgeoisie et pour la révolution prolétarienne.


Edité le 18-03-2013 à 01:53:38 par Xuan