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 Pedro Castillo et coup d'état au Pérou

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Xuan
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   Posté le 10-06-2021 à 23:09:59   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Il s'agit d'un gouvernement de démocratie nouvelle et non du socialisme.
Nous verrons jusqu'où il pourra aller.
Voir aussi l'article sur le blog de D. Bleitrach
https://histoireetsociete.com/2021/06/08/castillo-devance-fujimori-dans-un-decompte-serre-des-voix-de-la-presidentielle-peruvienne/


http://www.entelekheia.fr/2021/06/10/perou-apres-des-decennies-de-neoliberalisme-victoire-electorale-de-pedro-castillo/

Pérou : après des décennies de néolibéralisme, victoire électorale de Pedro Castillo

PAR ADMIN · PUBLIÉ 10 JUIN 2021

Ça y est ! Au terme d’un suspense dû à un décompte des votes qui s’est étalé sur plusieurs jours, le candidat socialiste Pedro Castillo a remporté les élections au Pérou.

Note : l’article ci-dessous est paru dans sa version originale avant la fin du décompte, et a été mis à jour pour refléter la victoire désormais acquise du candidat populaire.

Par Medea Benjamin et Leonardo Flores
Paru sur Common Dreams et Consortium News sous le titre Pedro Castillo Poised to Write New Chapter in Peru

Avec son chapeau de paysan à larges bords et son gros crayon d’enseignant, Pedro Castillo, du Pérou, a parcouru le pays pour exhorter les électeurs à soutenir un appel particulièrement urgent pendant cette pandémie dévastatrice : « No más pobres en un país rico » – « Jamais plus de pauvres dans un pays riche » .
Sa victoire est remarquable non seulement parce que c’est un fils de paysans illettrés et que ses dépenses de campagne ont été infiniment moindres que celles de son opposante, mais aussi parce qu’il a été la cible d’une campagne implacable de propagande

Dans le cadre d’élections dans un pays où le fossé entre les villes et les campagnes et entre les classes sociales est énorme, il semble que cet enseignant, agriculteur et dirigeant syndical ait battu la puissante candidate d’extrême droite Keiko Fujimori, héritière de la « dynastie Fujimori » politique du pays.
Fujimori conteste les résultats de l’élection, alléguant d’une fraude généralisée. Sa campagne n’a présenté que des preuves d’irrégularités isolées et, jusqu’à présent, rien n’indique que les élections aient été faussées. Toutefois, elle peut contester certains votes pour retarder les résultats définitifs et, comme aux États-Unis, une allégation de fraude de la part du candidat perdant sera source d’incertitude et de tensions dans le pays.

La victoire de Castillo est remarquable non seulement parce que c’est un enseignant de gauche, fils de paysans illettrés, et que sa campagne était largement moins bien financée que celle de Fujimori, mais aussi parce qu’il y a eu des attaques incessantes de propagande contre lui, qui touchaient à des craintes historiques de la classe moyenne et des élites péruviennes. C’était similaire à ce qui s’est passé récemment pour le candidat de gauche Andrés Arauz, qui a perdu de justesse les élections en Équateur, mais en plus intense.

Le Grupo El Comercio, un conglomérat médiatique qui contrôle 80 % des journaux péruviens, a mené la charge contre Castillo. Ils l’ont accusé d’être un terroriste lié au Sentier lumineux, un groupe de guérilleros dont le conflit avec l’État, entre 1980 et 2002, a fait des dizaines de milliers de morts, avec un lourd traumatisme de la population à la clé.

Le lien de Castillo avec le Sentier lumineux est ténu : Alors qu’il était dirigeant du Sutep, un syndicat de travailleurs de l’éducation, Castillo aurait été ami avec le Movadef, le Mouvement pour l’amnistie et les droits fondamentaux, un groupe qui aurait été l’aile politique du Sentier lumineux. En réalité, Castillo était rondero lorsque l’insurrection était la plus active. Les ronderos sont des groupes d’autodéfense paysans qui protégeaient leurs communautés des guérilleros et continuent à ce jour d’assurer leur sécurité contre la criminalité et la violence.

Deux semaines avant les élections, le 23 mai, 18 personnes ont été massacrées dans la ville rurale péruvienne de San Miguel del Ene. Le gouvernement a immédiatement attribué l’attaque à des éléments du Sentier lumineux impliqués dans du trafic de drogue, bien qu’aucun groupe n’en ait encore assumé la responsabilité. Les médias ont établi un lien entre l’attentat et Castillo et sa campagne, suscitant la crainte d’une recrudescence de la violence en cas de victoire à la présidence. Castillo a dénoncé l’attaque et rappelé aux Péruviens que des massacres similaires avaient eu lieu à l’approche des élections de 2011 et 2016. De son côté, Fujimori a laissé entendre que Castillo était lié au massacre.

Sur le front économique, Castillo a été accusé d’être un communiste qui veut nationaliser les industries clés et transformer le Pérou en une « dictature cruelle » comme le Venezuela. Des panneaux d’affichage, le long de l’autoroute principale de Lima, demandaient à la population : « Aimeriez-vous vivre à Cuba ou au Venezuela ? », en référence à une victoire possible de Castillo.
Les journaux ont établi un lien entre la campagne de Castillo et la dévaluation de la monnaie péruvienne, et ont prévenu qu’une victoire de Castillo ferait le plus grand mal aux Péruviens à faibles revenus, car des entreprises fermeraient leurs portes ou partiraient à l’étranger. À maintes reprises, la campagne de Castillo a précisé qu’il n’est pas communiste et que son objectif n’est pas de nationaliser les industries, mais de renégocier les contrats avec les multinationales afin qu’une plus grande partie des bénéfices reste dans les communautés locales.

Parallèlement, Fujimori a été traitée avec des gants de velours par les médias pendant la campagne, l’un des journaux (photo ci-dessus) affirmant que « Keiko garantit l’emploi, la nourriture, la santé et une réactivation immédiate de l’économie. »

Son passé de première dame pendant le règne brutal de son père Alberto Fujimori est largement ignoré par les médias grand public. Elle peut prétendre que « le fujimorisme a vaincu le terrorisme » sans se voir contestée sur les horreurs que le fujimorisme a infligées au pays, notamment la stérilisation forcée de plus de 270 000 femmes et 22 000 hommes, pour laquelle son père est en procès. Il est actuellement en prison pour d’autres violations des droits de l’homme et pour corruption, bien que Keiko ait promis de le libérer si elle gagnait. A également été ignoré le fait que Keiko elle-même est en liberté sous caution depuis l’année dernière, dans le cadre d’une enquête pour blanchiment d’argent, et que, sans immunité présidentielle, elle finira probablement en prison.

Les médias étrangers n’ont pas fait mieux dans leur couverture de Castillo et Fujimori, Bloomberg avertissant que « les élites tremblent » à l’idée que Castillo soit président et le Financial Times titrant « L’élite péruvienne panique à la perspective d’une victoire de la gauche dure aux élections présidentielles ».

L’économie péruvienne a connu une croissance impressionnante au cours des 20 dernières années, mais cette croissance n’a pas soulevé tous les bateaux. Des millions de Péruviens ruraux ont été abandonnés par l’État. De plus, comme nombre de ses voisins (dont la Colombie, le Chili et l’Équateur), le Pérou a sous-investi dans les soins de santé, l’éducation et d’autres programmes sociaux. Ces choix ont tellement décimé le système de santé que le Pérou a aujourd’hui la honteuse distinction d’être en tête du monde pour le nombre de décès par habitant dus au Covid-19.

En plus de ce désastre de santé publique, les Péruviens ont vécu des troubles politiques marqués par un nombre extraordinaire d’affaires de corruption très médiatisées, et quatre présidents en trois ans. Cinq de ses sept derniers présidents ont fait face à des accusations de corruption. En 2020, le président Martín Vizcarra (lui-même accusé de corruption) a été mis en accusation, destitué et remplacé par Manuel Merino. La manœuvre a été dénoncée comme un coup d’État parlementaire, entraînant plusieurs jours de manifestations massives dans les rues. Cinq jours seulement après son entrée en fonction, Manuel Merino a démissionné et a été remplacé par l’actuel président Francisco Sagasti.

L’une des principales propositions de campagne de Castillo était celle de la convocation d’un référendum pour permettre au peuple de décider s’il veut une nouvelle constitution ou s’il souhaite conserver la constitution actuelle, rédigée en 1993 sous le régime d’Alberto Fujimori, qui avait inscrit le néolibéralisme dans son cadre.
« La constitution actuelle donne la priorité aux intérêts privés sur les intérêts publics, au profit sur la vie et la dignité » , peut-on lire dans son plan de gouvernement. Castillo propose qu’une nouvelle constitution comprenne les éléments suivants : la reconnaissance et la garantie des droits à la santé, à l’éducation, à l’alimentation, au logement et à l’accès à Internet ; la reconnaissance des peuples indigènes et de la diversité culturelle du Pérou ; la reconnaissance des droits de la nature ; une refonte de l’État axée sur la transparence et la participation des citoyens ; et un rôle clé pour l’État dans la planification stratégique, afin de garantir la primauté de l’intérêt public.

Sur le plan de la politique étrangère, la victoire de Castillo représente un coup dur pour les intérêts américains dans la région et un pas important vers la réactivation de l’intégration latino-américaine. Il a promis de retirer le Pérou du Groupe de Lima, un comité dédié à un changement de régime au Venezuela réunissant plusieurs pays.

En outre, le parti Peru Libre a demandé l’expulsion de l’USAID et la fermeture des bases militaires américaines situées dans le pays. Castillo a également exprimé son soutien à la lutte contre l’OEA et au renforcement de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR). Cette victoire est également significative pour la gauche au Chili, en Colombie et au Brésil, qui connaîtront chacun des élections présidentielles au cours des 18 prochains mois.

Castillo devra faire face à une tâche ardue, avec un congrès hostile, une classe d’élites économiques hostile, une presse hostile et, très probablement, une administration Biden hostile. Le soutien de millions de Péruviens en colère et mobilisés pour le changement, ainsi que la solidarité internationale, seront essentiels pour qu’il puisse tenir sa promesse électorale de répondre aux besoins des secteurs les plus pauvres et les plus abandonnés de la société péruvienne.

Medea Benjamin, cofondatrice de Global Exchange et de l’association Codepink : Femmes pour la paix, est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Inside Iran : The Real History and Politics of the Islamic Republic of Iran (L’Iran vu de l’intérieur : la véritable histoire et la politique de la république islamique d’Iran) et Drone Warfare : Killing by Remote Control (Guerre de drones : meurtres par télécommande). Leonardo Flores est expert en politique latino-américaine et militant à CodePink.

Traduction Corinne Autey-Roussel
Photo : @PedroCastilloTe, Twitter


Edité le 18-12-2022 à 20:11:21 par Xuan




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   Posté le 14-12-2022 à 22:53:20   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Pedro Castillo embastillé, la junte au pouvoir rencontre une opposition populaire


source

Le Pérou déclare l'état d'urgence sur tout le territoire pour 30 jours
Le ministre de la Défense, Alberto Otarola, a fait valoir que cette décision était prise en réponse aux protestations anti-gouvernementales contre la destitution de l'ancien président Pedro Castillo.

Militares vigilan hoy una zona aledaña al Aeropuerto Internacional Alfredo Rodríguez Ballón, en Arequipa (Perú).
L'armée garde aujourd'hui une zone proche de l'aéroport international Alfredo Rodríguez Ballón, à Arequipa (Pérou). — José Sotomayor

Le gouvernement péruvien a décrété ce mercredi l'état d'urgence dans tout le pays pour 30 jours . Cette décision suppose la suspension des droits de réunion, l'inviolabilité du domicile et la liberté de transit, entre autres. De plus, l'exécutif de Dina Boluarte évalue la possibilité de déclarer un couvre-feu.

Le ministre de la Défense, Alberto Otarola, a fait valoir que cette décision est prise en réponse aux protestations antigouvernementales contre la destitution de l'ancien président Pedro Castillo, au cours desquelles plusieurs personnes sont mortes .

"L'état d'urgence a été consenti à l'ensemble du pays, en raison des actes de vandalisme et de violence, de la saisie des autoroutes et des routes qui sont déjà des actes stabilisateurs (...) et nécessitent une réponse énergique et autoritaire" , a indiqué le chef de la Défense.

"Une réponse énergique et une autorité du gouvernement sont nécessaires" , a déclaré le ministre dans une brève communication offerte lors d'une réunion du Conseil des ministres . Il a expliqué que dans quelques heures la règle décrétant l'état d'urgence au niveau national pendant 30 jours El Peruanosera officialisée dans une édition spéciale du journal officiel

Otárola a souligné que les droits de réunion, la liberté de transit et de réunion sont suspendus
"Je veux rappeler que la déclaration de l'état d'urgence nationale signifie la suspension des droits de réunion, de l'inviolabilité du domicile, de la liberté de transit, de la liberté de réunion" , a indiqué Otárola. Il a souligné que cette mesure a été motivée " pour que les citoyens puissent avoir la sécurité et la certitude que nous contrôlons l'ordre intérieur et ensuite nous allons assurer le libre transit et la paix pour tous les citoyens ". Il a ajouté qu'il est nécessaire de protéger les infrastructures stratégiques pour assurer le bien-être et la paix des citoyens.

Il a défendu qu'il y avait la possibilité de décréter aussi un couvre-feu mais qu'ils devaient définir le cadre légal de la norme. Les protestations enregistrées ces derniers jours , notamment dans le sud du pays, réclament la convocation d'une assemblée constituante, l'avancement des élections, la clôture du Congrès, la démission de la présidente, Dina Boluarte , et la libération de l'ex-président. Pedro Castillo , détenu pendant sept jours après son auto-coup manqué.

Ce lundi les manifestants ont envahi l'aéroport de la deuxième ville du pays, Arequipa , et une usine laitière, et ce mardi ils ont pris le contrôle d'une usine à gaz dans le département de Cuzco et il y a eu de nombreux barrages routiers, pillages de commerces ou incendies dans des établissements publics .dans diverses parties du pays.


Edité le 18-12-2022 à 21:27:37 par Xuan




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   Posté le 18-12-2022 à 21:25:51   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Andres Bryant est avec Bernard Gilleron

Emission du canal MACONDO DU 15 DECEMBRE 2022
PARTIE CONSACREE AU PEROU


Remarques : pour la transcription et la traduction, il a fallu faire avec la qualité parfois déficiente du son surtout quand Anahi parle, ce qui oblige soit à davantage interpréter soit à laisser des trous. Mais dans l'ensemble l'essentiel de l'émission est restitué. Les lacunes pourront peut-être être comblées ultérieurement.

Leandro Grille Nous allons nous pencher sur le Pérou. Ma première réflexion, que je veux partager avec vous et voyons ce que vous en pensez : Quand le 7 décembre le président Pedro Castillo a lu cette déclaration au pays, dans laquelle il annonçait la dissolution du Congrès et décrétait l'état d'exception, que rapidement les forces armées, la police n'ont pas reconnus, que le système judiciaire, les média ont remis en cause, des voix se sont élevées partout dans le monde et il semblait être un président super-isolé - de fait il a été arrêté par sa propre garde personnelle, quand les forces armées ont donné l'ordre de l'arrêter, lui, sa femme...

Mais comme la vie est très riche et dynamique et les choses ne se produisent pas sur Twitter ou les moyens de communication, il s'est produit à partir de là un soulèvement populaire, surtout dans les régions les plus humbles du pays, des régions qui sont à l'écart des lumières de Lima, à l'écart des moyens de communication, mais où vivent les centaines de milliers, les millions de péruviens qui avaient placé leurs espoirs dans le gouvernement de Pedro Castillo, et qui en outre le considèrent comme l'un des leurs.
Parce que bien au-delà de la question de savoir si Pedro Castillo mettait en œuvre un bon gouvernement, ça faisait déjà longtemps qu'une bonne partie du peuple péruvien estimait que le Congrès était l'obstacle principal empêchant la mise en œuvre d'une bonne politique gouvernementale et le bon développement du Pérou.

Ces Péruviennes et Péruviens, beaucoup d'entre eux jeunes, ont commencé à se mobiliser dans des régions du sud du Pérou ou d'autres régions très humbles, très populaires, où d'ailleurs Pedro Castillo avait obtenu un score important, et la répression a été, est et continue de façon brutale : à l'heure actuelle on dénombre 10 morts.
Certaines des ces personnes assassinées par la répression sont presque des enfants : je crois qu'il y a des enfants de 13, 14, 15 ans. Des jeunes, mais loin de freiner les mobilisations ou de s'effrayer, les mobilisations sont de plus en plus massives, et atteignent des endroits plus névralgiques. Même à Lima ont lieu aujourd'hui des manifestations très importantes. Il y a des images comme par exemple quand les paysans entrent dans les villes, à Cuzco, dans des villes touristiques desquelles les habitants originaires ont été expulsés vers les périphéries, mais quand ils y rentrent on se rend compte tout d'un coup de la vraie couleur du Pérou et des vrais sentiments du peuple péruvien.

C'est alors qu'on se met à critiquer les gros titres qui affirmaient que Castillo était un président seul, isolé, sans soutiens. Ce n'est pas tellement comme ça, parce qu'il y a des millions de Péruviens à l'heure actuelle, qui mettent même leur vie en péril face à un déploiement militaire, cela a été dit sur Twitter, de plus de 100 000 militaires, des forces de sécurité de l'état qui tentent de contenir ces mobilisations en tirant à balles réelles.
Voilà la première réflexion que je veux partager : d'une part ni Pedro Castillo n'était si isolé, ni par ailleurs l'affaire n'est prête à se conclure.
Dina Boluarte a de grandes difficultés face au Congrès, il est très difficile de résoudre ça à base de répression et la façon aveuglée des média de couvrir les évènements, une bonne partie du Pérou ne la croient pas.

Cette nouvelle analyse est nécessaire, c'est je crois la 4è émission où nous traitons du Pérou sur MACONDO.
Marco Teruggi Bonsoir Inna, Léandro, à toute l'équipe de MACONDO et tous les gens qui se connectent. En parlant de chiffres, aujourd'hui le ministre a dit que ce sont 140 000 policiers qui ont été déployés, il n'y a pas de chiffrage concernant les militaires mais ils ont commencé à les déployer hier, l'état d'urgence a été décrété sur les voies de communication.
On sait qu'il y a 126 barrages sur les routes, ce qui est beaucoup, La réponse a été l'état d'urgence, les militaires, les policiers, ce qui est un schéma classique dans certaine pays et en réponse, la mobilisation ne s'est pas arrêtée ; c'est semble-t-il le plus important. Cette dernière a des caractéristiques très particulières. Je ne sais pas d'où vient cette tactique d'occuper des aéroports, ils sont en train d'essayer d'en occuper encore un autre.
Alors dans plusieurs régions ils occupent les aéroports, ce qui révèle la dimension de ce qui est en train de se dérouler, et ce pas seulement dans les provinces où Castillo dispose de ses bases de soutien principales. Castillo avait fin novembre un soutien de 31 pour cent au niveau de tout le pays, et dans les provinces ce soutien était plus fort : on parle de 40, 45 pour cent.
Mais nous avons à Lima des mobilisations ... Anahi Durand est connectée et elle est à Lima et va pouvoir justement tout d'abord nous dire comment vont les choses pour d'abord essayer de mesurer les dimensions des mobilisations, et ensuite pour en faire une lecture politique.

Qu'est-ce que demandent les gens. Parce que au moins ce qui se voit de l'extérieur c'est qu'il y a un ensemble d'exigences qui ne sont pas forcément partagées par tous les acteurs. Nous en avons qui disent "Elections générales !, Assemblée Constituante, Dissolution du Congrès ! Démission de Boluarte ! Liberté pour Castillo !"
Donc il y a un ensemble mais même Castillo en début de semaine avait écrit une lettre, sa première, et il y disait : Les élections sont un piège de l'usurpatrice Dina Boluarte, et Dina Boluarte - j'arrête avec ceci car il semble que tous sont connectés - parce qu'il semble que le fait d'avancer les élections soit maintenant acquis - a déclaré aujourd'hui : ici nous partons tous, exécutif et législatif.
La question c'est : Quand ? Parce qu'elle a parlé d'avril 24, ce qui est absurde.

Bon, Anahi est avec nous. Bienvenue de nouveau à MACONDO. Tu es à Lima, qu'est-ce que tu peux nous raconter ? Quelle est la situation à présent, dans les rues, les débats, l'état d'esprit, la crise ? Anahi Durand Comment ça va ?
Bonjour. Oui, je fais une pause dans la mobilisation. Justement nous menons aujourd'hui une journée nationale de protestation. Elle se poursuit à quelques pâtés de maison d'ici, des milliers de personnes sont arrivées dans le centre de Lima malgré la militarisation. Nous sommes sous état d'urgence, c'est important de le dire parce que plusieurs droits constitutionnels ont été suspendus et la situation est un peu comme celle qu'avait vécu le Chili, il règne une très forte tension, madame Dina Boluarte n'a répondu que par la répression : il y a onze morts ; on vient de signaler malheureusement deux morts de plus à Ayacucho. Ca fait onze morts en 6 jours. C'est un massacre, surtout dans les régions du sud andin. Elle, elle a dit qu'elle s'en ira dans 15 mois ; les gens ne veulent pas attendre 15 mois, ils veulent que le Congrès soit dissout tout de suite.
Le Congrès lui est en ce moment réuni et étudie une série de variantes pour voir comment ils vont faire durer cette situation : ils partiraient en décembre ou bien en novembre de l'an prochain... Je pense que c'est très irresponsable car les esprits sont très exacerbés. Ils savaient très bien que s'ils expulsaient Castillo les gens réagiraient de cette façon, et ceux qui ne le savaient pas c'est parce qu'ils vivent enfermés sur eux-mêmes dans la bulle de Lima. Et c'est ce qu'il se passe : une société, une classe politique qui tourne le dos au pays incapable de prédire ce qu'allait entraîner le mépris systématique du vote des gens. La situation est très tendue.
Jusqu'à présent Dina Boluarte a dit qu'elle ne démissionnerait pas mais c'est pourtant ce que demandent les gens dans les rues et elle va devoir réagir d'une façon ou d'une autre : certains ministres vont devoir s'en aller, on ne peut pas normaliser la situation autrement.

Inna Afinogenova Bonsoir et merci pour ta présence ici à l'émission MACONDO de nouveau.

Je vois un débat ici en Europe, y compris dans certains milieux de gauche européenne au sujet de la dissolution du parlement qu'a prononcée Pedro Castillo. Parce que dans de nombreux médias ils qualifient ça de "auto-putsch" et après ils discutent de ce qui s'est produit après et ils n'expriment aucun doute à ce sujet. Comment appeler ça, comment toi tu appelles ça et qu'est-ce que tu dirais à ces média et a ces politiciens qui considèrent ça comme un auto-coup d'état ?

Anahi Durand Bon ça c'est l'opinion de la "gauche-caviar' et des milieux du centre-libéral, et même ils comparent ça avec l'auto-coup du 5 avril. Je trouve que ça c'est absolument déplacé, c'est plutôt une mesure précipitée et désespérée d'un président qui était assiégé par une légalité qui porte atteinte à la démocratie.
Dans ce pays l'équilibre des pouvoirs n'existe plus depuis des années. Le Congrès peut destituer le Président, et dans les faits ils ont essayé de le faire tous les 3 mois avec ces motions de "destitution pour incapacité morale" et ils lui ont supprimé son pouvoir de ....

Donc, il n'y avait pas d'équilibre des pouvoirs. Et non contents de ça, ils ont supprimé aux citoyens le droit au référendum pour modifier la constitution. Et comme la constitution a été configurée de telle sorte que le tribunal constitutionnel est mis en place par le Congrès. Alors le tribunal constitutionnel, chargé de dire si les lois sont correctes ou pas, prend toujours position en faveur du Congrès. Il s'agit d'une manœuvre légale très intéressante, qui permet de pratiquer un parlementarisme qui lie entièrement les mains au Président. Il faut tenir compte de ça pour estimer l'action de Pedro Castillo qui de toute façon allait être

(11'06" ....... au bout de quelques heures. Tout ça à part le contexte. Alors nous ne sommes pas face à un "auto-coup" avec toute l'armée derrière, des disparus, ce que nous avions connu sous Fujimori, où là il s'agissait clairement d'un alignement de tous les pouvoirs économiques et militaires. Ici il s'est agi plutôt d'une manœuvre précipitée, si vous voulez, critiquable aussi sur le fait qu'il a manqué d'horizon stratégique plus large, il aurait pu utiliser la question de confiance, mécanisme encore à sa disposition.
Enfin, je pense qu'au-delà de ce débat, qui est encore ouvert, qui demande davantage d'information, la réalité c'est que la légalité a été entravée de telle manière que de quelle démocratie sommes-nous en train de parler ? La démocratie, les gens sont en train de l'exiger dans la rue. Et c'est la raison pour laquelle il y a des gens qui exigent le retour de Castillo.
Parmi les demandes formulées il y a les maximalistes qui demandent son retour, puis la liberté et le reste. Il faut estimer tout cela dans son contexte.
Leandro Grille Anahi, je voudrais te demander : les derniers jours a été publiée une déclaration conjointe des chancelleries de 4 pays : la Colombie, le Mexique, l'Argentine et la Bolivie, dans laquelle ils parlent de Castillo en tant que Président, c'est à dire qu'ils ne reconnaissent pas cette destitution.
On a vu aussi des images de l'ambassadrice des Etats-Unis en réunion avec Dina Boluarte et en plus dans ce contexte où il faudrait voir si ça a eu une incidence sur ce qu'il s'est passé avec la présence de l'OEA au Pérou quelques jours avant, y a-t-il une analyse sur la façon comme ont pu entrer en jeu des facteurs internationaux dans cette crise ?

Anahi Durand Bon, je crois qu'il y en avait déjà avant. Un signe important c'est le fait que le Congrès, chose qui ne s'était jamais produite auparavant, a refusé au Président de voyager à l'étranger, il lui a refusé de voyager au Mexique et en Colombie. Je crois que c'est un indice de la façon dont chacun prenait position au niveau géopolitique.
Andrés Manuel s'est prononcé à ce moment parce qu'il a demandé au Président d'aller au Sommet du Pacifique. Le Congrès était lui aussi sur cette position. La OEA a été très mal reçue ici ; en effet ils ont été traités de communistes, quelque chose de très insolite, la droite les considérant comme quelque chose qui ne cadrait pas avec leurs intérêts. Et au bout du compte, elle s'est retirée rapidement, elle a été très silencieuse, Dina Boluarte a reçu l'ambassadrice des Etats-Unis.
La déclaration de 4 pays à peine publiée, juste 2 heures après l'ambassadrice des USA est allée au Palais du Gouvernement, façon de lui dire "Moi oui je te soutiens" hein. Donc un appel a été fait auprès de la Cour Inter-américaine, auprès d'organismes internationaux, et en vérité, la répercussion est faible. On ressent bien plus la hâte de reconnaître cette femme.

Marco Teruggi Anahi, comment vois-tu les mobilisations dans les provinces ? C'est à dire Qui sont ceux qui sont mobilisés, y a-t-il des organisations disposant d'une plus grande influence, le mouvement est-il fragmenté, y a-t-il un type de coordination ? Parle-nous un peu de ça et de comment la droite est déjà en train d'accuser - ce qui était prévisible - tout le monde de terroristes, ce qui est un réflexe, un dispositif d'accusation.
Qui sont ceux qui ont émergé, pour ainsi dire, en occupant des villages, des aéroports, des routes : qui donc est ce sujet ?

Anahi Durand Eh bien ici on dit que ce sont les "Personne", ceux pour qui Castillo a prêté serment, c'est le peuple dont tu parlais au début, ces 20 pour cent qui lui ont permis d'être au second tour, ces 30 pour cent dont les sondages ne parlent jamais, ce noyau dur qui s'est mobilisé et qui est descendu dans les rues, et qui considère qu'il est leur Président. C'est le secteur le plus populaire, le plus rural, les communautés paysannes qui arrivent dans les provinces, les peuples indigènes venus de l'Amazonie, c'est tout ce Pérou profond, ce Pérou qui n'était pas officiel et qui effectivement sort, de façon désordonnée, fragmentée.
La Présidente voudrait mettre en place un dialogue, ce serait très difficile d'avoir un leader rassembleur.
Je crois que ce leader qui les rassemble c'est justement Pedro Castillo. Et il est traité comme un simple délinquant. Alors donc je crois qu'il est important de voir cette irruption du Pérou rural indigène, paysan, du sud andin rural et qui a des drapeaux très clairs ; c'est quelque chose qui ne se produisait pas beaucoup. Souvent c'était fragmenté, avec des demandes qui rassemblaient difficilement. Leurs trois exigences sont simples :
Dissolution du Congrès, Elections constituantes et Liberté pour Castillo. Voilà les trois qui réunissent le plus large consensus. Et effectivement, le peuple descend dans les rues de façon désordonnée, ils ont occupé cinq aéroports internationaux, les ......... sont paralysées comme les routes.
La seule réponse a été l'Etat d'Urgence, les militaires sont en ce moment dans les rues. C'est quelque chose d'inédit. La droite avait tellement l'habitude d'un peuple démobilisé, ils se sont dit on vire Castillo, on reste et tout ira bien. Et ça ne s'est pas passé comme ça. Il existait une accumulation en 2020 sans doute, il y avait un mécontentement avec la pandémie, ça a fini d'excéder les gens vis-à-vis du Congrès.
Et eux ils répondent par la militarisation, le terrorisme les arrestations arbitraires et je pense que malheureusement cela va se poursuivre.

Leandro Grille Anahi, quelle est la situation de Pedro Castillo ? Est-il arrêté ? On a dit que ses avocats ne vont pas se rendre à un procès, qu'ils jugent truqué, est-il isolé, as- tu pu entrer en contact avec lui ? Quelle est la situation de Pedro Castillo ?

Anahi Durand Il s'agit d'une arrestation notoirement arbitraire. Il a été arrêté malgré le fait d'être ex-président. Il y a toute une législation constitutionnelle qui le protège comme jamais. Le parlement travaillait déjà sur ce plan. Ils l'arrêtent rapidement, le mettent en prison préventive pour 7 jours, ils l'ont rallongée, et il n'y a effectivement pas un procès : l'accusation constitutionnelle n'est pas respectée, celle qui devait avoir lieu et qui s'était produite pour les ex-présidents.
La judiciarisation de la politique était déjà en cours et elle se poursuit. C'est pourquoi je pense que les avocats font bien de dire qu'il s'agit d'un prisonnier politique car ses droits ne sont pas respectés quant à un procès juste. Moi je ne peux pas le voir, mais il y a eu surtout des membres du Congrès, des dirigeants, et je crois qu'il est important aussi qu'au niveau international ça se voie, Gustavo Petro l'a dit hier, il n'y a pas de procès en cours dans les règles. L'idée c'est non seulement de l'emprisonner et le condamner mais en outre d'en faire un exemple pour qu'il soit bien clair qu'une personne comme lui, paysan, instituteur rural, doit savoir quelle est sa place, et cette place n'est pas le Palais du gouvernement.

Inna Afinogenova Anahi, tu étais en train de dire que tu ne vois pas une fin, que la crise va se poursuivre. Quelle solution peut-il y avoir à tout ce qui est en train de se passer ? Les gens ne vont pas rentrer chez eux malgré l'état d'urgence, ni rien de ce genre ?

Anahi Durand Ecoute, moi je vois un certain nombre de similitudes avec les évènements du Chili, dans le sens du débordement populaire, que les pouvoirs de facto ne peuvent plus contenir. La différence c'est que c'est loin des centres du pouvoir, loin de Lima.
Au Chili l'épicentre était Santiago et des classes moyennes plus mobilisées : ici au Pérou rural, profond, indigène, paysan. Tant que les morts se produiront là, ces députés du Congrès ne vont pas avoir la réaction suffisante. Je souhaiterais bien qu'ils réagissent maintenant avec ces deux dernières victimes très douloureuses à Ayacucho, une région très frappée par la violence, et qu'au moins ils anticipent les élections dans un délai décent. Ils ne peuvent pas rester 15 mois, encore un an, ça doit être au plus 6 mois. Et s'il y avait une volonté politique ils pourraient le faire ........ et d'un autre côté Dina Boluarte (dio un paso al costado)....... représente la tradition (...).
Alors quelques mesures qui pourraient surmonter l'indignation ce serait qu'elle s'écarte, que soit nommé un conseil de transition - la restauration de Castillo serait quelque chose de très difficile - et en outre que soit organisé un référendum. Ca oui ça pourrait se faire pour consulter au sujet de la Constituante. Je crois que ce n'est pas pour tout de suite : ils ont fait le pari de la répression, le pari que les fêtes de Noël vont faire baisser la tension. Mais les protestations vont se poursuivre. Je crois qu'il est très important que la communauté internationale soit attentive, en particulier sur la question des droits humains, qui sont violés en ce moment.
Inna Afinogenova Je posais cette question parce que je me souviens qu'il y a 2 ans justement, il y a eu des protestations entre Merino et Sagasti, au moment où beaucoup de présidents ont été remplacés sur une courte période, je me souviens que bon, voilà ce n'est plus Merino, Sagasti arrive et on fait des élections et les protestations se sont dégonflées en quelques jours. Je ne sais pas si je me trompe mais c'était le sentiment qu'on avait, du moins vu de loin.

Anahi Durand C'est intéressant parce qu'effectivement ça a été des protestations à Lima, de la part de milieux de classes moyennes, pendant la pandémie , qui ont occasionné deux morts à Lima et Merino a démissionné, ils l'ont viré et il n'a jamais été condamné, il a reçu des décorations, il n'a jamais été mis en prison comme ils le font pour Castillo. Ca donne une idée de quand les morts, les blessés, ceux qui protestent font partie de cette masse indigène paysanne rurale exclue, ils ne comptent pas. Ce sont des gens qui vont se fatiguer, je crois qu'ils font ce pari mais la situation est très différente. (??.....) Je pense que contrairement à cette situation, ça ne va pas se passer comme ça, je crois que des secteurs moyens vont rejoindre le mouvement, ils commencent à sentir la pression à Lima, les routes ont été coupées, les prix de l'alimentation augmentent, le secteur touristique s'effondre, il n'y a rien, à Cuzco par exemple, et en outre il y a ce sentiment d'empathie pour les personnes qui meurent dans le sud du pays.

Marco Teruggi Anahi, j'en ai entendu plusieurs dire que la destitution, opérée au milieu de la turbulence, est entachée d'irrégularités : des irrégularités dans la façon dont il a été arrêté, dans la façon de le destituer. Est-ce ainsi ? Est-ce qu'effectivement ils ont opéré sans respecter les règles, que sait-on ?

Anahi Durand C'est vrai, tout s'est passé de façon arbitraire, précipitée, ce qui fait que des théories conspirationnistes ont circulé selon lesquelles le Congrès et l'armée avaient déjà tout prévu pour démettre Castillo, mais c'est vrai, il l'ont destitué en deux heures alors que ce n'est pas ce qui allait être voté ce jour-là et ils ne lui ont pas concédé le droit à la défense que la Constitution lui garantit. Il aurait dû pouvoir se défendre. Dans le cas contraire, le nombre de voix aurait pu être supérieur, il aurait pu y avoir 104 voix (mn 23). Cela reste pour les archives, pour quand un procès juste pourra se tenir. En ce moment les conditions n'existent pas.
Le groupe du parti "Magisterial" a présenté une plainte au Congrès à ce sujet, mais comme les autres ont le nombre de voix suffisant pour affirmer que la Terre est plate, ils l'ont archivée. Donc c'est important de garder ça pour le moment où la justice sera possible, à un autre niveau, quand des conditions plus favorables se présenteront. Mais il est important de le dire car ça permet de dire qu'il est Président, qu'il n'a pas démissionné, qu'ils l'ont démis illégalement. Je pense que des pays qui lui apportent leur soutien estiment cela

Leandro Grille Anahi, dans le cas où serait atteint un scénario d'élections anticipées pour dans quelques mois, quelles possibilités existent pour que se constitue un type de coalition, d'alliance de différents courants de la gauche de sorte d'être compétitif, parce qu'il y a pas mal de divisions au sein de la gauche. Si l'on regarde comment les résultats de votes, y compris lors de la destitution de Castillo, ce qu'il s'est passé avec Peru Libre, ce qu'il peut se produire avec "Juntos por el Peru", je ne vois pas clairement s'il existe la possibilité de mettre sur pied quelque chose de compétitif et qui puisse canaliser à gauche cette expression populaire massive.

Anahi Durand Ecoute, il s'agit d'un point préoccupant, oui, parce que si les élections ont lieu rapidement, les règles du jeu qui sont déjà tellement détériorées, vont être les mêmes. Pour moi il vaudrait mieux qu'elles aient lieu le plus rapidement possible, que soit mise en place une Assemblée Constituante et que ce soit elle qui établisse les nouvelle règles. Et effectivement au niveau présidentiel, qui est-ce qui peut capitaliser tout ça ? Ici la gauche a toujours été affaiblie, davantage préoccupée de qualifier ou disqualifier Pedro Castillo comme "bon homme de gauche", et en fait au niveau du peuple, lui seul pourrait être capable de rassembler. C'est à dire que ces mobilisations nous ont montré c'est que ce noyau dur de 20 pour cent qu'on peut faire aller jusqu'à 30, n'a pas bougé.
Alors je crois que lors de la prochaine élection il va falloir tenir compte de cet élément et toutes ces gauches que l'on a dit fragmentées, divisées, qui au parlement se sont davantage souciées de quel portefeuille ministériel ils occupent ou par la question de savoir comment se positionner par rapport à Castillo, s'ils veulent avoir le vote du peuple, ils vont devoir un peu s'articuler et s'aligner aussi par rapport à ce facteur. Je crois qu'on ne peut pas oublier ce point : il n'y a pas une autre personne qui dans l'espace de 6 mois puisse être capable de rassembler de cette manière et réveiller ce sentiment d'identification dans un pays tellement (...) et fragmenté et qui puisse orienter le vote. Et il y a le fait que j'ai voté pour lui et donc ce qu'il pourra dire continuera à avoir de la valeur parce que c'est mon vote (....). Donc c'est une question importante quand on envisage le scénario électoral. (...)
Je pense qu'ils vont devoir tenir compte de ce facteur et s'articuler par rapport à cet horizon. Où est Castillo
Leandro Grille Si tu me permets, Inna, une petite question à ce sujet. Parce qu'il me semble aussi - je ne sais pas si cette réflexion est en cours, y compris de façon souterraine - mais tout ce qu'il s'est passé pendant ces derniers 16 - 18 mois pose aussi une situation où je m'imagine que la gauche péruvienne, les différentes expressions de la gauche péruvienne doivent faire une certaine auto-critique parce qu'ils n'ont pas rendu les choses faciles, alors qu'ils avaient en face un adversaire clairement de droite avec Keiko Fujimori, très à droite, il s'est produit tous les processus de division possibles. Il n'y a pas eu seulement la façon dont s'est comportée la droite, mais aussi ce qu'il s'est passé au sein de la gauche. Je me pose la question : est-ce que cela fait aussi partie de l'analyse, surtout si avec la mobilisation populaire s'ouvre une nouvelle opportunité dans quelques mois.

Anahi Durand Je réponds rapidement parce que je dois partir ; nous sommes occupés par la mobilisation en cours. Je crois que oui, l'auto-critique de la gauche, je ne sais pas quand elle se produira. Je crois qu'elle s'est comportée de façon tout à fait erratique et irresponsable pendant ces 15 mois. Moi même j'ai fini par m'éloigner du parti dans lequel je me trouvais à cause de cette situation. Ils ont eu une lecture du scénario dans laquelle ils ne savaient pas identifier la contradiction principale, plus préoccupés par le sectarisme comme Peru Libre (.... a la cabeza) qui s'est consacré à excommunier tout le monde et il a expulsé même le président du Parti et des groupes plus récents plus préoccupés par leur agenda identitaire que par leur articulation avec un pays exclu, rural (mn 28'03.....06 ) Et le président lui-même devra faire son propre examen parce qu'il (........) Il s'est laissé dépasser par les milieux arrivistes, (familiares) , il a payé son inexpérience

Inna Afinogenova Anahi, merci beaucoup pour ta présence. Nous savons que tu dois rejoindre les mobilisations Anahi Durand a été avec nous depuis le Pérou. Elle se rend maintenant à la manifestation et elle a actualisé notre vision de la situation. Merci beaucoup Leandro Grille Je ne savais pas qu'Anahi devait déjà partir.
Inna Afinogenova Conclusions : Je ne m'attendais pas à ce pouvoir de mobilisation de la part de Pedro Castillo. Personne parmi nous ne s'y attendait. Ce qu'a dit Marco est vrai : avec 31 pour cent d'opinions favorables face aux 80 pour cent d'opinions défavorables pour le Congrès, la situation est celle qu'elle est et nous verrons comment elle va se développer. Et une autre chose que je voulais demander à Anahi, c'est au sujet de la couverture des média, parce qu'avant le commencement de l'émission nous commentions avec Marco la répercussion qu'ont les informations, quelle que soit l'information que l'on publie sur les réseaux sociaux concernant le Pérou. On remarque ce manque de points de vues autres. J'aurais voulu voir un peu l'analyse d'Anahi, mais je crois que pour nous c'est assez clair : de nouveau le besoin est évident de davantage d'émissions et de média alternatifs. 0:10 / 30:51 Andres Bryant

Voir vidéo sur FB :
macondo


Edité le 18-12-2022 à 21:26:33 par Xuan




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