Forum Marxiste-Léniniste
Forum Marxiste-Léniniste
Administrateurs : Finimore, ossip, Xuan
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Actualités  Europe et lutte des classes 

 Manifestations en Grèce

Nouveau sujet   Répondre
 
Bas de pagePages : 1  
Membre désinscrit
   Posté le 11-03-2007 à 13:38:59   

Des manifestations importantes ont eu lieu jeudi à Athènes (et aussi à Thessalonique) pour protester contre le projet de loi-cadre concernant l'enseignement universitaire, au moment où avait lieu de débat et le vote au Parlement.

Il faut rappeler que depuis que cette loi a été annoncée, les grèves et les occupations des universités se succèdent, et cela depuis plusieurs mois.

Rappelons que dans la constitution grecque (article 16) est garanti le caractère public des universités, héritage de la révolte des étudiants pendant la guerre civile. La réforme prévoit non seulement un amendement de cet article 16, pour autoriser la passage des universités sous contrôle privé, mais également de mettre fin au droit d'asile universitaire (disposition qui permet de se réfugier dans une université lorsqu'on est poursuivi par la police, qui n'a pas le droit d'y entrer).

Contrairement à ce qui est parfois sous-entendu dans certains articles du net, la réforme n'a pas été proposée par le seul parti gouvernemental ND (équivalent UMP) mais en concertation avec le PASOK (équivalent PS)! Il est totalement erroné de faire croire que le PASOK est opposé à la réforme, il reproche juste au gouvernement sa méthode, de n'avoir pas assez expliqué la réforme et de vouloir passer en force, bref la forme et non le fond (on connaît ça aussi...). Face au tollé des professeurs et des étudiants (oui en Grèce les profs d'université sont solidaires des étudiants dans les grèves et les manifs, ça on connaît moins... ), le PASOK a tenté de se racheter en déposant début février... une motion de censure contre le gouvernement! Le PASOK demande des élections anticipées, par rapport à la politique du gouvernement, en matière d'économie, de politique étrangère et... d'éducation! Le n°1 du PASOK fustige ainsi à la fois: le gouvernement (pour avoir opté sur l'autoritarisme et sur une confrontation avec la société lors des grandes mobilisations et 5 semaines de grève des enseignants) et les autres partis de gauche "Je connais les positions de Synaspismos (gauche du PASOK, anti-libéral) et du KKE (équivalent PRCF, moins nationaliste) et ne suis pas d'accord que l'art.16 garantisse le caractère public des universités. Nous l'avons hérité de la droite. L'art. 16 est la conséquence d'une Grèce en guerre civile, d'une Grèce qui n'a pas confiance en soi. Il n'est pas le germe d'une revendication pour le progrès". Selon M. Papandreou, l'art. 16 "place l'université publique en position d'infériorité par rapport au privé et aux établissements étrangers"... NO COMMENT!

La motion de censure a fait un flop monumental! Tandis que le premier ministre (ND) trouvait "séduisante" l'idée d'élections anticipées (son parti étant certain de les remporter) et appelait les députés à "dire un non retentissant au populisme et à l'attitude anti-institutionnelle" de l'opposition, la n°1 du KKE se déclarait pour une motion de censure à la fois contre le gouvernement et contre... le principal parti de l'opposition! "Le gouvernement est jugé sur sa politique, mais le PASOK est lui aussi jugé en tant que parti briguant le pouvoir. Mais les deux partis n'ont pas de différences, et le problème politique persiste". Quant au n°1 de Synaspismos, il qualifiait le débat sur la motion de censure déposée par le PASOK, de "théâtre d'ombres" et de "mise en scène truquée". "Les protagonistes dans le débat aujourd'hui ne sont ni le gouvernement ni le principal parti de l'opposition. C'est le mouvement étudiant, le mouvement des enseignants, la direction et les membres de la Fédération panhellénique des personnels enseignants des Universités (POSDEP)". Si les députés de Synaspismos décident quand même de voter la motion, les députés du KKE décident de quitter l'hémicycle.

Voilà pour le contexte

Manifestation de jeudi

61 personnes ont été arrêtées par la police (la plupart de façon totalement aléatoire, servant de bouc-émissaires), après la manifestation jeudi à Athènes des étudiants et enseignants protestant contre le projet de loi-cadre du ministère mis au vote au Parlement le même jour, lequel a l'a approuvé en première lecture par 164 voix pour et 117 contre.

Sur ces 61 personnes, 12 sont accusées de coups et blessures, 49 de désordre sur la place publique, et un 3e dossier concerne le délit de possession d'explosifs et tentative d'homicide, lors des incidents devant le Monument du Soldat inconnu, place Syntagma (principale place d'Athènes)

De violents incidents à partir de 16h ont eu lieu dans le centre d'Athènes, place Syntagma entre des groupes de jeunes en cagoules et les forces de l'ordre (MAT), les premiers répondant avec des cocktails molotov, pierre et bris de marbre, aux gaz lacrymogènes des MAT. Les manifestants se dispersaient dans les rues avoisinantes pour revenir ensuite dans un jeu de cache-cache continu.

Des jeunes regroupés devant le Parlement ont mis le feu à l'une des guérites des "evzones", obligeant cette garde présidentielle qui veille sur le monument du soldat inconnu à quitter leurs postes en raison de l'atmosphère asphyxiante. (pour info c'est un passage obligé pour tous les touristes, nombreux guettant la cérémonie de la relève de la garde)

Vendredi matin, des familles et amis des jeunes étudiants arrêtés se sont rassemblés aux tribunaux de Evelpidon pour manifester leur solidarité et protester contre les violences policières et pour l'innocence des détenus.

Le porte-parole du PASOK, Nicos Efthymiou a rendu responsable de ces heurts le gouvernement et principalement le ministre de l'Ordre public, Vyron Polydoras, mais également dénoncé ces incidents. Le président du mouvement socialliste, Georgios Papandreou, comme à son habitude, a demandé la démission du ministre.

Pour sa part, le KKE (communiste) a jugé qu'il s'agissait d'un plan préparé des forces de répression et des "encagoulés" dirigé contre le mouvement étudiant.

Le porte-parole par intérim du gouvernement, Evanghelos Antonaros, a déclaré vendredi dans son point de presse ne pas comprendre les accusations parlant de responsabilités politiques, affirmant une nouvelle fois que le gouvernement ne sera pas entraîné par le PASOK dans ses efforts de polarisation et défendant par ailleurs les forces de l'ordre "lesquelles dans des situations difficiles accomplissent leur mission le mieux possible".

Invité à commenter les scènes de vandalisme devant le Monument du Soldat inconnu et répondant aux critiques faites par le PASOK que ce "symbole historique" n'avait pas été suffisamment gardé, M. Antonaros a rappelé le fait que [le monument] ne l'est pas depuis des décennies et que "c'est une honte, ce qu'a fait une poignée de manifestants".

M. Antonaros s'est voulu rassurant quant à l'image de la Grèce disant que "les comportements d'un petit nombre ne peuvent en aucun cas noircir l'image générale qu'ont les étrangers des Grecs et de la Grèce", alors qu'à propos des déclarations de certains enseignants sur la non-application de la loi, le porte-parole a insisté qu'elle le serait et avait été adoptée à une "majorité claire".

Entre temps, le nouveau comité directeur de la Fédération hellénique des personnels enseignants et de la recherche de l'enseignement supérieur (POSDEP), désignée lors de son congrès dimanche dernier, s'est réunie vendredi après-midi pour élire le secrétariat exécutif et décider quelles formes prendront les mobilisations à l'avenir et quelle sera la suite à donner au mouvement de grève.
Membre désinscrit
   Posté le 11-03-2007 à 14:58:57   

Pour ceux qui s'étonneraient du nombre peu élevé de manifestants (entre 25 et 35.000) pour une réforme aussi grave, il faut noter d'une part que les medias jouent bien le jeu comme en France en vendant la réforme (de sorte que les Grecs sont majoritairement pour) et d'autre part que les manifs en Grece (surtout à Athènes et Thessalonique) n'ont rien à voir avec la France. Ce ne sont pas des promenades en ville mais l'occasion d'affrontements avec les forces de l'ordre. Par ailleurs il existe une relative unité entre les révolutionnaires; déjà il n'y a pas de trotskistes pour foutre la merde, et le pseudo-anarchisme à la CNT n'existe quasiment pas non plus. La plupart des révolutionnaires sont communistes et de l'"ancienne école", pas d'affrontement idéologique entre 2 groupes distincts (anarchistes et marxistes)

Pour situer les évènements et le parcours de la manif, voici une carte du centre d'Athènes:



Les manifs ont lieu entre la place principale (Syntagma), et la place Omonia, généralement rue E.Venizelos (nombreuses banques, centre commercial, fac de droit-éco à hauteur du metro Panepistimio)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/dsc06091.jpg
Les forces de l'odre protègent les grands magasins (rue VENIZELOS)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/dsc06106.jpg
Gazage des manifestants place Syntagma

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/dsc06111.jpg
Guérite en feu (à droite, le Parlement)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/100_1466.jpg
Toutes les boutiques sont fermées (rue Venizelos)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/100_1481.jpg
Policiers en alerte avant le début de la manif (place Syntagma, le Parlement en arrière-fond)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/100_1486.jpg
Les policiers en attente dans les ruelles avoisinantes, prêts à venir en renfort, ou pour couper la route à des manifestants en fuite

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/dsc00775_copy.jpg
Distributeur en feu place Syntagma (les banques sont la cible n°1 des communistes)

http://athens.indymedia.org/local/webcast/uploads/metafiles/100_1566.jpg
Toujours pas mal de confusion (et qui va nettoyer tout ce bordel...? )

+ de photos sur indy Athenes

PS J'ai un petit problème mon "img" se transforme en "url" pour les photos...? Si qqun a la soluce...
Melestam
6ème classique unanimement reconnu.
Grand classique (ou très bavard)
Melestam
249 messages postés
   Posté le 11-03-2007 à 15:40:43   Voir le profil de Melestam (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Melestam   

oppong a écrit :



Pour sa part, le KKE (communiste) a jugé qu'il s'agissait d'un plan préparé des forces de répression et des "encagoulés" dirigé contre le mouvement étudiant.



Ca nous rappelle quelque chose...


--------------------
"Le boukharinisme est ainsi en définitive une thèse niant la négation de la négation."
Membre désinscrit
   Posté le 12-03-2007 à 19:26:42   

Quelques videos de la manif de jeudi à l'adresse:

Youtube

Pendant que la plupart des manifestants reprenaient des forces, d'autres poursuivaient la mobilisation.

Vendredi une marche de soutien (environ 3.000 étudiants) avait lieu jusqu'au Parlement pour demander la libération de tous les manifestants arrêtés jeudi. Plusieurs centaines d'entre eux reprenaient leur affrontement avec la police, et s'en prenaient également à des devantures de magasins, des cameras TV, renversant des containers, mettant le feu au drapeau grec. Des consignes ont été données aux forces de police de ne pas envenimer la situation et de laisser les manifestants agir, restant prêts à intervenir en cas de violence. A Thessalonique, les manifestants ont bloqué la rue principale, distribuant des tracts aux conducteurs.

Dimanche, un groupe d'une trentaine de militants anti-faf ont profité du climat délétère qui règne à Athènes pour attaquer un magasin appartenant à Adonis Georgiadis, un des dirigeants du LAOS (chrétiens intégristes, proches du MPF de De Villiers, 5° parti en Grèce). Ca s'est terminé en des affrontements avec la police, les militants jetant des pierres et des cocktails molotovs sur les forces de l'ordre, qui comptent 2 blessés. Aucun blessé ni aucune arrestation à déplorer côté manifestants, finalement dispersés par des lacrymo. A noter pour l'anecdote que la police a perdu 2 boucliers et un casque...

Lundi matin, plusieurs dizaines de jeunes ont attaqué à coup de cocktails molotovs un poste de police d'Athenes, endommageant l'entrée du bâtiment et un véhicule de police. Aucun blessé, aucune arrestation. Les assaillants ont surgi brutalement de l'université proche. Quelques heures plus tard, des étudiants se regroupaient pour bloquer la circulation dans plusieurs rues d'Athenes.

Environ 300 départements universitaires restent en grève, et occupés par les profs et les étudiants, à l'entame de cette nouvelle semaine de protestation. Un concert de soutien aux manifestants arrêtés a lieu ce soir place Syntagma et la prochaine grosse manif' est prévue pour jeudi.
Membre désinscrit
   Posté le 12-03-2007 à 21:44:31   

Melestam a écrit :


Ca nous rappelle quelque chose...

Yep, le même discours...
Pour apporter quelques précisions, le KKE contrôle parfaitement les manifs de travailleurs par l'intermédiaire de son syndicat, le PAME. Mais le KKE comme les jeunes du KNE n'ont que très peu d'emprise sur les mouvements étudiants. Le mouvement étudiant est massivement contrôlé par des jeunes se disant marxistes, mais rejetant les expériences socialistes, la plupart des orgas étant issues de scissions successives, notamment du KNE. D'où une approbation de la part du KKE des manifs de travailleurs et des mouvements de grève, et une condamnation quasi systématique des "débordements" provoqués par les jeunes en général, et les étudiants en particulier.
Haut de pagePages : 1  
 
 Forum Marxiste-Léniniste  Actualités  Europe et lutte des classes  Manifestations en GrèceNouveau sujet   Répondre
 
Identification rapide :         
 
Divers
Imprimer ce sujet
Aller à :   
 
créer forum