| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 22-09-2009 à 20:44:29
| Tout en sachant que la lutte contre la classe patronale n’est jamais finie tant que subsiste l’Etat et le système capitaliste, nous devons nous interroger sur l’orientation des luttes ouvrières. En particulier, l’expérience montre que la ligne révisionniste et notamment les illusions sur la nature de l’Etat et de ses administrations laissent la classe ouvrière à la merci de l’ennemi de classe et engendrent des échecs cuisants. La longue agonie de l’entreprise Setila en donne une lamentable démonstration. Le 15 septembre, à l’occasion d’un rassemblement devant la préfecture de Valence regroupant des délégués et représentants syndicaux de plusieurs entreprises de la région, l’UD CGT Drôme Ardèche distribuait une double page sur la filière textile. En voici un extrait sur l’entreprise Sétila : « Depuis plus de dix ans, Sétila, issu de Rhône-Poulenc comme Rhodia, et après avoir été sacrifié par les différentes directions de l’époque se bagarre pour démontrer que le textile a un avenir et beaucoup de potentiel. Rappelons, que Sétila reste le dernier producteur de fil Polyester en France et qu’il a en la matière un savoir faire inestimable. La nouvelle Sétila dépose ses premiers brevets et sa première marque avec LUXIFLOR (fil photo luminescent) et le fil non feu en juin dernier au salon Techtextile. Ces deux premiers succès sont les précurseurs d’une filière encore longue dans les fils techniques où Sétila s’est fortement positionné. Depuis des années, et afin d’assurer définitivement sa pérennité, Sétila demande des aides (600 000 €). Si Sétila devait mourir faute de financement, ce serait un double gâchis. Humain bien sûr avec des dizaines de familles jetées au pôle emploi sans compter les emplois induits (plusieurs milliers). A-t-on le droit de laisser disparaître, après tant d’autres, cet énième savoir-faire qui fait la richesse de la France ? Mais au-delà des cent treize salariés de Sétila et des milliers de la filière textile, cet abandon serait aussi un gâchis financier. En effet Sétila est le principal moteur et partenaire du projet SPL à Flaviac (en Ardèche) dans lequel le Conseil Général a investi un million d’euros. Sans pouvoir réaliser les différents et nombreux développements dont Sétila est porteur, le service du SPL parait bien menacé. En cette période de crise, que représentent 600 000 € lorsque des centaines de milliers d’emplois sont détruits. 600 000 € à rapprocher des milliards donnés aux banques pour éponger leurs dettes issues de gestions douteuses et irresponsables. Sétila doit continuer à vivre et à travailler. » Voilà encore un exemple de la manière dont la ligne confédérale aboutit à livrer les salariés à l’ennemi de classe, en demandant à l’Etat capitaliste de jouer les médiateurs entre le patronat et la classe ouvrière, soit en collectant les deniers publics pour les entreprises, soit en « orientant » l’investissement des banques vers les profits industriels. Le Préfet a répondu que la mobilisation ne lui semblait pas significative autour de ces objectifs, qu’il souhaitait développer les synergies industrielles dans le futur, mais que pour le présent il avait fait tout son possible auprès des banquiers… circulez, y a rien à voir. Plus grave qu’un « gâchis financier » tu meurs En substance l’UD CGT s’en remet à l’Etat pour financer l’entreprise ou faire pression sur les banques dans ce sens. Mais tandis que les salariés touchent leur paie avec un mois de retard, en attendant de ne plus la toucher du tout, n’ont plus ni mutuelle ni CE et font les cent pas dans l’usine parce qu’elle n’a plus de quoi acheter la matière première, l’UD CGT s’applique à défendre l’industrie française, au point d’en oublier les salariés eux-mêmes. « Mais au-delà des cent treize salariés de Sétila et des milliers de la filière textile, cet abandon serait aussi un»… Oui, qu’y a-t-il au-delà de tous ces licenciements ? On s’attend à quelque chose de grave. De plus grave pour tous ces salariés que leurs propres licenciements n’est-ce pas ? Eh bien, camarades c’est le « gâchis financier » !!! Ce n’est pas un commentaire du Figaro, ni de Boursorama, ni des Echos, ni de l’Expansion, c’est la plainte douloureuse de l’UD CGT Drôme Ardèche, qui voit ainsi dilapider le montage financier du Conseil Général. Quand Bochaton « secoue le cocotier » Et derrière tout ça, des années de démarches du camarade conseiller régional Bochaton pour « secouer le cocotier » des administrations de l’Etat. Sur une note interne du Conseil Général du 18 juillet 2006 Bochaton avait ajouté ce commentaire manuscrit : Pour une fois, les interventions du groupe commencent à faire bouger… […] Cette note fait suite à un courrier que j’avais adressé à Queyranne pour « secouer le cocotier »… La note en question dressait le bilan de trois entreprises dont Setila et préconisait une solution industrielle « préservant le dialogue social » avancée par deux directeurs, Loire et Gnolonfoun. Cette solution visait la séparation définitive de Setila et du groupe Rhodia, la « récupération » d’activités de moulinage et d’ourdissage du plateau ardéchois (mais que devenaient les ardéchois ?), et l’achat – jamais réalisé - de machines fabriquées dans la même zone industrielle. On mesure à présent la vanité de ces calculs foireux de viabilité industrielle et des rodomontades du camarade conseiller régional Bochaton sur les cocotiers du Conseil Général. Non seulement ils n’ont conduit à rien, mais surtout ils ont laissé les salariés dans l’attente désabusée des multiples repreneurs annoncés mais jamais vus, comme l’Arlésienne d’Alphonse Daudet. Que devient la lutte de classe dans tout cela ? Que devient la lutte contre le système capitaliste et pour son abolition ? Plus rien ne différencie l’orientation de la CGT au 49e congrès de la propagande de Sarkozy sur la France industrieuse. Dix ans d'agonie Quelques dates : - 1997 à l’usine Rhône Poulenc de Valence, démantèlement et délocalisation des ateliers de texturation. - 1998 création par Rhône Poulenc de Setila, dernier fabricant français de fil polyester. Dix ans d’agonie s’ensuivent sous la direction plus ou moins occulte des anciens cadres de Rhône Poulenc, puis de Loire et Gnolonfoun, adoubés par le camarade conseiller régional Bochaton. Je n’énumère pas la liste des ardoises laissées par Setila, ni des paiements différés des salaires, ni des manifestations répétées des salariés au tribunal de Romans, débouchant sur des « liquidation avec poursuite de l’activité ». A la fin de cette vidéo : Manifestation des Setila devant la Société Générale pour obtenir la levée des agios on remarque la brillante intervention de Christiane Puthod, Conseillère régionale P"C"F, qui démonte et remonte l'écheveau financier comme un rubik's cube et reproche au Préfet d’être « inefficace ». C’est tout sauf la lutte de classe. Les salariés se trouvent ainsi à la merci du bon vouloir des banquiers, et le résultat c'est l'échec sur toute la ligne. Epilogue Vendredi 18 septembre 2009 le tribunal de commerce de Romans/Isère prononce la liquidation judiciaire définitive. 113 personnes seront licenciées.
Edité le 22-09-2009 à 20:51:11 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| pasquale | Pionnier | 20 messages postés |
| Posté le 05-06-2011 à 17:05:04
| C'est terrible, ça. Le PC n'est plus le PC.
-------------------- Presses hydrauliques et moissonneuses-batteuses américaines, nothing better for human progress. |
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