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 impérialisme vert ?

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Xuan
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   Posté le 25-03-2021 à 22:37:51   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Biden vise une nouvelle ère d’impérialisme vert

PAR ADMIN · PUBLIÉ 24 MARS 2021 · MIS À JOUR 24 MARS 2021

Par Jonathan Tennenbaum - http://www.entelekheia.fr/2021/03/24/biden-vise-une-nouvelle-ere-dimperialisme-vert/
Paru sur Asia Times sous le titre Biden eyes new era of green imperialism

Le « sauvetage de la planète » mené par les États-Unis pourrait devenir une nouvelle source de conflits militaires, comme le pétrole et le gaz l’ont si souvent été par le passé.
Ceci est le deuxième volet d’une série. Retrouvez la première partie ici.

Dans son « Décret relatif à la lutte contre la crise climatique sur le territoire national et à l’étranger » (« Executive Order on Tackling the Climate Crisis at Home and Abroad » du 27 janvier, le président américain Joseph Biden déclare que son administration vise à « placer la crise climatique au centre de la politique étrangère et de la sécurité nationale des États-Unis ».

Prise au pied de la lettre, cette déclaration – et je pense que tout observateur lucide de la situation actuelle aux États-Unis et dans le monde en conviendra – est pure folie. Joe, s’il vous plaît, dites-nous que vous ne le pensez pas.

Quoi que l’on puisse penser sur une apocalypse climatique imminente, les problèmes nationaux et internationaux urgents auxquels l’administration Biden sera confrontée dans les mois à venir n’ont rien, ou presque, à voir avec la température de l’atmosphère terrestre. Ils incluent la probabilité de crises qui, à court terme, pourraient décider entre la guerre et la paix.

Il y a cependant peut-être de la méthode dans cette folie. Implicitement, les décrets de Biden font de l’émission de CO2, dans n’importe quel coin du monde, une question de sécurité nationale américaine. L’évaluation officielle (National Intelligence Estimate) à venir fournirait la base pour utiliser les ressources de la communauté du renseignement et de l’appareil de sécurité nationale des États-Unis pour faire appliquer les politiques climatiques de l’administration américaine à l’échelle mondiale.

Cela a des implications inquiétantes. Toute construction d’une nouvelle autoroute, d’un oléoduc, d’une usine ou d’une centrale électrique dans un pays en développement, qui pourrait entraîner une augmentation des émissions de CO2, pourrait en principe être considérée comme une menace pour la sécurité nationale des États-Unis.

Selon le cas, l’administration américaine se sentirait ainsi autorisée à intervenir, ou même obligée d’arrêter ces projets. L’impérialisme vert devient ainsi un devoir du gouvernement américain. Il convient d’envisager l’ampleur des interventions et des conflits qui peuvent en résulter.

Pour reprendre une expression de l’ancien président Barack Obama, les États-Unis disposent de toute une série d’ « outils » pour imposer leurs objectifs climatiques au monde. Biden parle déjà de l’utilisation de droits de douane, de taxes ou de quotas sur les produits à fortes émissions de carbone provenant de pays qui « ne respectent pas leurs obligations en matière de climat et d’environnement. »

Le climat fournirait donc à l’administration Biden un prétexte pour poursuivre les objectifs protectionnistes de Donald Trump, avec d’autres moyens. Comme l’a dit Biden pendant sa campagne : « Les pays qui ne respectent pas leurs responsabilités en matière de climat ne seront pas autorisés à éroder les progrès mondiaux avec des sales produits carbonés bon marché. » Une ligne dure adoptée contre les « sales produits carbonés » serait donc un moyen de « protéger les emplois américains ».

Mais il y a beaucoup plus dans la boîte à outils. Les objectifs climatiques justifient amplement toutes les formes d’interventions dans les politiques intérieures des nations, y compris à travers des soutiens à certains partis, mouvements sociaux et ONG.

Naturellement, tout sera fait dans le plus grand respect du politiquement correct. De plus, Biden considère manifestement comme sa prérogative, au nom du sauvetage de la planète, de dicter aux autres nations les projets qu’elles peuvent ou ne peuvent pas financer et construire.

Le décret ordonne aux secrétaires d’État, du Trésor et de l’Énergie, ainsi qu’aux responsables d’autres agences gouvernementales, en consultation avec l’assistant du président pour les affaires de sécurité nationale, « d’identifier les mesures par lesquelles les États-Unis peuvent promouvoir la fin du financement international des énergies à base de combustibles fossiles à fortes émissions de carbone ».

Biden a clairement indiqué que la Chine était la cible numéro un de sa politique étrangère axée sur le climat. La Chine prévoit de développer plus de 250 gigawatts (GW) d’énergie au charbon, et 97 GW sont déjà en construction. Ce total de 250 GW équivaut à peu près à la totalité de la capacité de production d’électricité au charbon des États-Unis, que Biden s’est engagé à fermer.

Pendant sa campagne électorale, Biden a déclaré : « Je mènerai une initiative diplomatique pour amener chaque nation à aller au-delà de son engagement initial » en matière de réduction des émissions de CO2. « C’est particulièrement vrai pour la Chine, qui est de loin le plus grand émetteur de carbone au monde. Non seulement nous veillerons à ce que leurs dirigeants réduisent la production de carbone chez eux, dans leur pays, mais nous nous assurerons qu’ils cessent de financer des milliards de dollars de projets alimentés en combustibles fossiles sales dans toute l’Asie. »

Il est vrai que nombre des projets parrainés par la Chine dans le cadre de son initiative Belt and Road impliquent la construction de centrales électriques et d’infrastructures à combustibles fossiles.

Les banques chinoises sont actuellement la principale source de financement des centrales au charbon dans le monde. Des financements et des entreprises chinoises sont impliqués dans au moins 240 projets au charbon, notamment au Vietnam, au Bangladesh, au Pakistan, au Kenya, au Ghana, au Malawi, au Zimbabwe, en Égypte, en Tanzanie et en Zambie.

Le fait est que les pays en développement ont besoin d’énergie et qu’ils développent leurs infrastructures de combustibles fossiles en conséquence. La construction d’oléoducs et de gazoducs en est une preuve évidente.

L’Inde compte plus de 21 000 kilomètres de pipelines en projet ou en construction, les pays africains plus de 33 000 kilomètres et l’Amérique latine plus de 13 000 kilomètres. Les oléoducs en projet ou en construction dans la région Asie-Pacifique (y compris en Chine) ont une longueur totale égale à deux fois l’équateur terrestre.

Les États-Unis, sous la houlette de Biden, vont-ils tenter d’arrêter ces projets au nom de la sauvegarde du climat ?

Il convient de noter que les projets de pipelines jouent depuis longtemps un rôle dans les tensions entre les États-Unis et la Russie (et avant, l’Union soviétique). Le plus important, bien sûr, est le projet North Stream 2 qui relie la Russie et l’Allemagne, que Trump et maintenant Biden se sont engagés à arrêter.

Mais il y a plus. La Russie serait l’un des grands perdants de la réduction des émissions de CO2 par ses clients pétroliers et gaziers. Les combustibles fossiles représentent 60 % des recettes d’exportation de la Russie et environ 30 % de son PIB.

En assumant le rôle d’ « exécuteur » de la politique climatique, l’administration Biden entrera en conflit avec les intérêts de nombreux pays.

Presque toutes les nations du Moyen-Orient vivent d’exportations de pétrole. Parmi les autres pays qui dépendent des combustibles fossiles pour plus de 50 % de leurs recettes d’exportation figurent l’Algérie, l’Angola, l’Azerbaïdjan, le Brunei, la Colombie, la République du Congo, le Gabon, le Nigeria, le Soudan, le Turkménistan et le Venezuela.

De nombreux autres pays en développement tirent des revenus importants de l’exportation de combustibles fossiles et beaucoup possèdent des réserves de combustibles fossiles qui sont considérées comme une partie de leur richesse nationale. Le rapport du FMI intitulé « Unburnable Wealth of Nations » (Richesse incombustible des nations) explore cette question.

Plus généralement, l’administration Biden tentera-t-elle effectivement de forcer les nations du monde à renoncer à amortir des billions de dollars d’infrastructures de combustibles fossiles encore fonctionnelles et non dépréciées, et à payer en même temps pour de nouvelles infrastructures ?

Inutile de dire qu’il y a aussi des implications militaires. Qu’en est-il des activités russes dans la région arctique, dans lesquelles le pétrole et le gaz jouent un rôle majeur ?

Qu’en est-il des immenses gisements de pétrole et de gaz dans les zones revendiquées par la Chine en mer de Chine méridionale ?

Que se passera-t-il si la Russie, la Chine ou d’autres nations refusent de mettre fin aux activités qui « menacent le climat mondial » ?

Le « sauvetage de la planète » deviendra-t-il une nouvelle source de conflits militaires, comme le pétrole et le gaz l’ont si souvent été par le passé ?

Jonathan Tennenbaum a obtenu son doctorat en mathématiques à l’université de Californie en 1973, à l’âge de 22 ans. Également physicien, linguiste et pianiste, c’est un ancien rédacteur en chef du magazine FUSION. Il vit à Berlin et voyage fréquemment en Asie et ailleurs. Il est consultant en économie, science et technologie.

Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration Johnson Martin / Pixabay

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