| | | | | | | | Xuan | | Grand classique (ou très bavard) | | 18377 messages postés |
|  Posté le 08-01-2010 à 22:34:57   
| Après la mort de Philippe Seguin, « la classe politique unanime » s’est fendue d’un concert de louanges, qu'aucune fausse note n'est venue troubler, d'un bord à l'autre de l'Hémicycle.
On n’est pas surpris que ses anciens amis politiques fassent une croix sur leurs divergences passées.
Que les socialos avec qui il a cohabité n’aient rien à lui reprocher non plus, ça n’étonne personne aujourd’hui.
Martine Aubry, première secrétaire du PS :
« Avec Philippe Séguin disparaît un très grand serviteur de l’État, qui a eu toute sa vie une passion pour l’intérêt général. (…) C’était un homme passionné, profondément honnête et sincère. On aimait ses colères et on les écoutait car elles tombaient juste. »
Didier Migaud, président PS de la commission des Finances de l'Assemblée :
"Avec sa disparition, la République et l'intérêt général perdent un grand serviteur" .
Mais que dire de Marie-George Buffet, secrétaire nationale du P«C»F ?
« Philippe Séguin était un homme qui a consacré une grande partie de sa vie au débat politique, défendant ses convictions. Même si nous ne partagions pas les mêmes idées, je voudrais dire aujourd’hui mon respect pour le travail du président de la Cour des comptes. »
Et de l’édito de Dominiques Bègles dans l’Humanité :
« Philippe Séguin ou la fin d’un gaullisme de conviction »
On y lit notamment :
(…) « Sous différents postes, Philippe Séguin côtoie Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre ».[sans commentaire !!! on reste pantois devant la mansuétude de l'Huma envers ces ennemis successifs de la classe ouvrière]
« L’actuel premier président de la Cour des comptes, grande figure de la vie politique française fidèle à une certaine idée de la France, représentait un courant de pensée d’une droite pas totalement convertie au capitalisme sauvage ».
« J’ai choisi le gaullisme parce que c’était autre chose que la droite. Dès lors que le mouvement gaulliste dérivait inéluctablement vers la droite, je n’avais plus rien à y faire. »
« Philippe Séguin expliquait ainsi, il y a quelques mois, son engagement politique.
Avec lui disparaît l’une des dernières incarnations d’un gaullisme social, profondément républicain, douloureusement contradictoire ». (…) « Ne reste pour l’heure qu’une droite plus ou moins uniformément libérale et autoritaire ».
On restera d’autant plus perplexe en comparant l’édito de Bègles avec l’article publié par Le Matin du 8 janvier (Suisse).
Le Matin, qui ne se caractérise pas par une ligne éditoriale révolutionnaire, crache le morceau et rappelle quelques évidences sur lesquelles l'Huma a préféré ne pas s'étendre :
« Philippe Séguin, gaulliste social arrivé en 1986 à la tête d'un ministère du Travail dont la plus haute fonctionnaire était Martine Aubry, a mis en œuvre pendant deux ans un programme libéral, à commencer par la suppression de l'autorisation administrative de licenciement. »
Ce détail a dû échapper à notre scribouillard de l’Humanité…
Le Matin poursuit :
« Caution sociale du gouvernement de Jacques Chirac sous la première cohabitation, de 1986 à 1988, le député RPR des Vosges avait pour mission de tourner le dos à cinq ans de politique de gauche dans ce domaine, dans une période où les syndicats étaient beaucoup plus puissants qu'aujourd'hui.
Dès son arrivée rue de Grenelle, Philippe Séguin annonce la couleur: symbole d'une tutelle de l'Etat sur l'économie avec laquelle la droite entend rompre radicalement, l'autorisation administrative pour les licenciements économiques est jugée "dépassée" par le nouveau ministre.
(…)
« Suit, fin 1986, une batterie de mesures accroissant la flexibilité du travail, qui susciteront l'opposition de François Mitterrand avant d'être censurées par le Conseil constitutionnel : autorisation du travail de nuit des femmes, annualisation du temps de travail, dérogations au régime du temps de travail par accord d'entreprise. Autant de mesures entrées dans les faits depuis, sous des gouvernements de droite comme de gauche.
En charge aussi de la Sécurité sociale, Séguin se rend impopulaire en limitant les remboursements pour longue maladie, aux dépens des personnes âgées principalement.
Signe de son ouverture d'esprit, Philippe Séguin, une fois arrivé rue de Grenelle, maintient Martine Aubry dans ses fonctions de directrice générale du Travail » .
On comprend mieux dès lors les louanges d'Aubry envers son ancien supérieur hiérarchique. Finalement, les couleuvres qu'il lui avait fait avaler ne lui sont pas restées en travers de la gorge et elle les a fort bien digérées ! Elles devaient tomber juste elles aussi !
Mais le mot de la fin reste à Dominiques Bègles, qui sait quand il veut trouver les mots qu’il faut :
« il restera comme un grand serviteur de l’État et aura trouvé en qualité de président de la Cour des comptes le refuge d’où il exercera une vigilance active au service d’un pouvoir propre ».
Un « grand serviteur de l’Etat » , voilà qui peut rassembler toute la classe politique bourgeoise sans exception, de la droite à la gauche, et de l’UMP au parti révisionniste, pour qui servir l’Etat capitaliste reste l’alpha et l’oméga de toutes les ambitions.
Le parti révisionniste a renoncé à l’objectif communiste de renverser l’Etat capitaliste. Son but est de servir cet Etat loyalement, en parti respectueux de la légalité républicaine .
La classe ouvrière ne peut abolir l’exploitation de l’homme par l’homme qu’en se dotant d’un nouveau parti communiste, indépendant de toutes les formations politiques bourgeoises – y compris le P « C » F - , et dont l’objectif premier est le renversement de l’Etat capitaliste.
Arrachons la classe ouvrière au révisionnisme moderne !
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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
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