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 Hollande à la botte des USA

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Xuan
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   Posté le 11-01-2023 à 16:40:59   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

https://histoireetsociete.com/2023/01/11/de-la-vassalite-francaise-mais-pas-que-francois-hollande-deballe-et-cest-effrayant/


DE LA VASSALITÉ FRANÇAISE MAIS PAS QUE : François Hollande déballe et c’est effrayant :

11 JANVIER


Dans ce flot de “confidences” on se demande quelle mouche a piqué Hollande, comment cet espèce de mollasson s’est-il pris pour un chef de guerre? et ces différents livres dans lesquels il s’est répandu en confidences nous les avons relus dix ans après. Même s’il n’y a dans ces livres aucune investigation réelle sur les forces qui ont ainsi entretenu cette détermination à mener la guerre, c’est sans doute les mêmes qui ont poussé Hollande sur le côté pour mettre Macron à sa place ? Et il faut encore faire le lien entre ces forces et l’attaque généralisée contre les droits des travailleurs, les privatisations… Il est clair que l’ennemi de ces politiciens, passant du radicalisme conservateur des notables de province à l’ivresse de la magistrature suprême, n’est pas la finance. Non seulement parce que nous découvrons l’état de la France, et la poursuite des exigences du capitalisme financier mais parce que la guerre est désormais en Europe, face à une puissance nucléaire avec une “ukrainisation”possible de la France. C’est parce que nous sommes convaincus qu’au delà des individus “au pouvoir”, de leur fascinante médiocrité, il y a un ensemble militarisé, financiarisé, avec un système de propagande totale, que nous savons que les luttes d’aujourd’hui contre le projet gouvernemental des retraites peut recréer les conditions d’une prise de conscience plus générale y compris en faveur de la paix. Les clivage de classe que l’on a prétendu effacer ressurgissent et c’est le seul atout pour la paix, le développement, les coopérations. Et c’est cette conviction qui nous fait appuyer ce qui a commencé à surgir au 38e Congrès, avec la candidature de Roussel : autant d’ailleurs que l’évolution géopolitique mondiale et le passage à un monde multipolaire travaillé par les luttes de classe. Aujourd’hui nous nous contentons de vous faire juges de ce qu’est devenu la démocratie française et l’extraordinaire exhibitionnisme entre “initiés” qui en tient lieu. Demain, nous vous présenterons l’affrontement entre Poutine et Hollande dans ce “déballage”, une contextualisation… A vous de juger?


Dans le pavé intitulé “un président ne devrait pas dire ça “(1) et d’autres “confidences” des ex-présidents, Il y a ce qui permet de comprendre à quel point à partir de Sarkozy et plus encore comment sous Hollande et Macron, la France a joué un rôle international en totale rupture avec la tradition gaullienne et communiste. Sarkozy a travaillé la droite et Hollande la gauche en faveur de l’atlantisme, mais aussi des sociétés conseils nord américaines en matière de bradage du secteur public, de l’énergie, on le sait. Cette vassalité s’est accompagnée d’un mépris total, monarchique face à l’opinion publique française et face au Parlement. Hollande n’a pas été avare de confidences et à les lire les bras vous en tombent. Mais cela a aussi limité le travail d’investigation des journalistes à ces seules confidences prises pour argent comptant dans ce livre et d’autres. La mise en évidence des bailleurs de fond ferait le lien avec ce qui est exigé du monde du travail en particulier en matière de droits du travail comme de retraite. Ces confidences “obscènes” dans le contexte actuel sont proprement effrayantes… Non seulement, parce que nous découvrons l’état de la France, et la poursuite des exigences du capitalisme financier mais parce que la guerre est désormais en Europe, face à une puissance nucléaire. A travers ces extraordinaires confidences d’un président français à des journalistes, nous découvrons qu’ils sont admis à contempler ce que l’on cache au peuple français : une intervention armée contre un pays souverain. Des complicités avec des forces que l’on présente comme démocratiques mais qui sont de fait fascistes, qu’il s’agisse de Daech ou des néo-nazis, le tout dans un panier de crabes qui répand les armes sans que les citoyens français aient la moindre capacité d’intervention et le vote à l’unanimité de la résolution 390 n’a rien de rassurant dans ce domaine.


Rien sans les Américains …

Vendredi 30 août 2013, en lisant le pavé de plus de six cent pages des confidences de Hollande à deux journalistes qui l’interrogent et qui sont en fait invités à assister au jour le jour à l’exercice du pouvoir, ils découvrent un Hollande qui contre toute attente a endossé les habits d’un chef de guerre et qui leur déclare: “La France est déterminée à sanctionner militairement Assad et son clan alaouite – une secte chiite”( A la seule différence que la France comme nous le verrons n’a jamais été consultée NDLR) “Obama, il est lent à prendre ses décisions”, nous lâche Hollande, “Il s’est présenté comme le président en rupture par rapport à Bush, après la guerre en Irak, explique-t-il. Alors faire lui-même une action dans un pays proche, la Syrie, avec toujours le problème des armes de destruction massive, c’est vrai que c’est pour lui quand même un sujet extrêmement sensible“(p.462).

Hollande s’inquiète surtout de la capacité d’Obama à convaincre son Congrès, alors que lui Hollande peut passer outre toute consultation française, en revanche “Hors de question pour la France de frapper sans la participation des Etats-Unis. La réciproque n’est pas vraie. Etre président de la République française, c’est aussi avoir une conscience aiguë des rapports de force internationaux. La différence entre les Etats-Unis et nous n’est pas technique, résume Hollande, car militairement nous pouvons parfaitement frapper où nous voulons ; elle est politique. C’est-à-dire qu’eux peuvent faire sans nous, en assumant; mais nous, faire sans les Etats-Unis, sans la Grande-Bretagne, bon…, dire : on est la France, et on va punir Bachar El Assad… On risquerait d’être un peu mis en difficulté en interne et en externe.” (p.463)

Hollande s’amuse comme un petit fou, en tant qu’individu rien d’autre ne l’intéresse notent les deux journalistes, autant que la politique. Oui mais la politique telle qu’il la comprend, des jeux politiciens, et du cynisme à la louche, la guerre conçue comme un jeu avec des pièces que l’on déplace sur une mappemonde sont l’ultime fascination de ce type de médiocre qui perd tout sens des réalités, c’est une pensée “despotique” qui traverse ce radical à partir du moment où il endosse l’habit du monarque présidentiel de la Ve République, de la notabilité de chef lieu au dictateur décrit par Charlie Chaplin la distance n’est pas si loin qu’il y parait. En tous les cas, la transmutation semble exprès faite par cette Constitution pour transformer les conservatismes, les collaborations pétainistes sans envergure en pseudo-machiavels fascinés par leur propre ascension ça a été le cas pour Mitterrand, ça l’est pour Sarkozy et plus encore pour ce malheureux Hollande qui nous mènera jusqu’à la guerre partout, situation dont nous avons hérité avec Macron et un Parlement totalement hors sol en la matière. Un Parlement, qui, au pire des cas, ne voit que la réelection et les équilibres locaux dont elle dépend en cas de dissolution de l’Assemblée, et au meilleur des cas, (dont on peut espérer que c’est celui de certains communistes) en préparant les conditions d’un rassemblement unitaire du monde du travail que risque de perturber des choix internationaux non consensuels. C’est dire le travail accompli depuis François Mitterrand et qui s’est amplifié sous Sarkozy et Hollande, en quelques décennies et pour le moment il crée le cercle vicieux espéré: les français sont mécontents mais ils savent aussi qu’ils ont perdu leur capacité d’intervention citoyenne et pour un peuple aussi “politique” que les Français, c’est mortifère.

Ce 31 août 2013, Hollande se voit donc – à condition d’avoir la finance et les Etats-Unis derrière lui – en situation d’être maître de lui comme de l’univers à commencer par la Syrie dont il a décidé de chasser Assad, avec un argument non démontré mais assené que l’on connait bien : “ne pas le faire, ça veut dire qu’Assad peut tout faire explique Hollande. Et ça veut dire aussi que l’Iran peut se mettre dans l’esprit que s’il va plus loin dans son programme nucléaire, comme les grands pays occidentaux n’ont pas frappé pour empêcher l’arme chimique, pourquoi frapperaient-ils pour empêcher l’arme nucléaire ?” (p.464) On voit le caractère cyclopéen et les jalons du néo-colonialisme posés par cet homme de “gauche” qui estime du droit “des grands pays occidentaux” de frapper un pays souverain pour faire peur à son voisin.

No se moje los pies en el cielo – Qué gris es el negro cuando el negro ...
un grand pays et un malade grotesque …
Les frappes aériennes contre la Syrie doivent selon lui et son “conseiller diplomatique” intervenir avant le sommet du G 20, le 5 septembre, programmé… en Russie. Ce sera pour dimanche soir. Lundi voire mardi au plus tard. Dans tous les cas, ce sera “forcément de nuit, pour que les missiles ne soient pas repérés” dixit Hollande. “Il veut vraiment aller vite”, disent les deux journalistes témoins assez interloqués, Hollande leur confie que l’opération est a priori sans danger pour les forces françaises, puisque préparées à 200 kilomètres du territoire syrien : cinq missiles Scalp, embarqués par des avions Rafale depuis Djibouti et Abou Dhabi. Tout a été minutieusement préparé par les états-majors français et américains. Les Britanniques ayant renoncé à être de la partie. On lançait nos missiles, ça détruisait des installations militaires, nous racontera plus tard Hollande. Et puis après, s’il y avait une autre réplique syrienne – ce n’était même pas sûr – , il y avait une autre attaque et en soixante-douze heures l’affaire était terminée. Et ça donnait à ce moment-là le moral à l’opposition qui pouvait peut-être espérer porter son offensive” Hollande en convient, une attaque de cette nature serait surtout symbolique, destinée à marquer les esprits, et à renforcer, au moins psychologiquement, l’opposition anti-Assad soutenue par les occidentaux, tout spécialement L’Armée Syrienne Libre (ASL) “(pp. 463 et 464)

Vous avez bien lu l’ASL qui est effectivement une pure création de l’ambassade de France, associée à la Turquie et aux monarchies du golfe, L’ASL s’est systématiquement appuyée sur les milices islamistes djihadistes, mais ce n’est pas la seule critique à son encontre. De nombreuses vidéos amateur ont déjà montré ses dérives. Des actes de torture contre des soldats faits prisonniers y sont filmés, ainsi que des exécutions sommaires. Et Hollande toujours en proie à ses délires poursuit “On va faire dimanche soir une réunion secrète des ministres concernés pour que je donne le top” conclue-t-il “(p. 464)

La suite est connue : le samedi 31 août, Obama informe Hollande qu’il va devoir obtenir l’aval préalable du Congrès, contraignant la France à reporter l’opération, puis à l’annuler devant l’hostilité des parlementaires américains.

Là Hollande est atterré : “Les Etats-Unis ne veulent plus être les gendarmes du monde”, se lamente-t-il …

Mais pourquoi faire voter le Parlement ?
“Je n’ai pas été surpris quand il m’appelle le samedi pour me donner sa décision, c’est-à-dire prendre du temps, mais j’ai été étonné qu’il recoure au Congrès alors même que Cameron venait d’en subir les effets à la Chambre des Communes…”, nous raconte-t-il le 7 octobre 2013, allusion au désaveu subi, le 29 août 2013, par le premier ministre britannique à qui son Parlement a refusé la possibilité pour Londres de s’associer à d’éventuelles frappes punitives franco-américaines. Et les parlementaires français, au fait ? Plutôt que de simplement les informer, François Hollande a-t-il envisagé de soumettre à leur approbation le projet d’intervention? J’avais demandé qu’on étudie cette hypothèse, nous révèle-t-il. Je pense que la droite aurait voté contre, même si certains avaient pu se détacher, se distinguer. Et la gauche aurait voté pour, pas le PC et la moitié des écolos… Le PS et les radicaux de gauche auraient fait une majorité. Mais ça faisait quoi? Une petite majorité. Et ça c’était un souci. L’intérêt de voter pour une opération extérieure, dans le cadre de la Constitution, c’est d’avoir une majorité très large, comme Mitterrand l’avait eu sur la guerre en Irak. Mais là, avoir une petite majorité, c’était de ne pas avoir- ça correspond d’ailleurs à l’état de l’opinion- une force morale très grande pour mener l’opération”. (p. 465)

Une confidence très révélatrice. Du point de vue du chef de l’Etat, il était trop risqué d’en passer par le Parlement avant d’intervenir militairement. A l’évidence, François Hollande, à l’instar de son prédecesseur socialiste François Mitterrand, s’est très rapidement rangé à la logique hyper-présidentialiste, sur certains points quasiment monarchique, des institutions de la Ve république.” (p. 465)

Mille et une précautions à ce qu’il dit …
Nous pouvons compléter cette stupéfiante exhibition d’autres confidences parues le 13 mai 2015 aux Editions de l’Archipel, intitulé Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à Hollande, écrit par le journaliste Xavier Panon. (2) La France a fourni des armes à des groupes rebelles syriens dès 2012 alors que l’Union européenne avait imposé un embargo sur de telles livraisons.

« Nous avons commencé quand nous avons eu la certitude qu’elles iraient dans des mains sûres », explique le chef de l’État à l’auteur du livre, en mai 2014. Les livraisons ont débuté dès la fin de l’année 2012, alors que l’embargo européen, établi à l’été 2011, était toujours en vigueur. Ce cavalier seul, explique sans sourciller l’auteur a contraint l’Élysée à la prudence. Officiellement, la France se contente d’envoyer de l’équipement non-létal: gilets pare-balles, outils de communication cryptée, masques contre les armes chimiques, lunettes nocturnes. Mais c’est un tout autre matériel qu’elle dépêche sur place: canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles anti-chars. Seuls les missiles anti-aériens restent tabous. Les armes sont envoyées grâce aux soins de la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure). Les Français marchent sur des œufs car il s’agit de s’assurer que les armes parviendront à la bonne destination… et que ces transferts ne seront pas surpris en flagrant délit par la communauté internationale. Les dates de livraison sont donc très irrégulières et les précautions nombreuses. Il faut, tout d’abord, trouver des fournisseurs discrets, effacer les marques de la provenance des armes avant leur départ. Et puis, comment être certain qu’elles seront bien réceptionnées à l’arrivée par des hommes de l’armée syrienne libre, alors dirigée par le général Sélim Idriss, interlocuteur privilégié de l’Élysée? Les services français utilisent leurs propres réseaux, les autres leur paraissant moins fiables.
Sur la scène publique, la France s’enferre dans une valse-hésitation sur la question des armes. Une fois, le 15 mars 2013, l’Élysée tente de lever l’embargo européen et d’entraîner ses partenaires à envoyer des armes mais le 28, François Hollande rétropédale:

«Nous ne fournirons pas d’armes tant que nous n’avons pas la certitude que ces armes seront utilisées par des opposants légitimes et coupés de toute emprise terroriste.»

Si la diplomatie française est aussi embarrassée, c’est qu’elle se heurte aux atermoiements de ses alliés européens, mais aussi des États-Unis peu désireux de prendre part à un nouveau conflit au Moyen-Orient. D’autant que celui-ci devient de moins en moins lisible au fil des mois, au fur et à mesure de la montée en puissance des groupes djihadistes islamistes. L’affirmation sur le front anti-Bachar el-Assad d’islamistes radicaux comme les soldats de Jabhat Al-Nosra par exemple fragilise la position française: il est désormais quasi impossible d’assumer la livraison d’armes en Syrie alors que ce sont les djihadistes qui tendent à incarner la révolution syrienne, et que ces armes finissent toujours aux mains des djihadistes islamistes. En effet, les “terroristes modérés” n’existent que dans l’imaginaire et dans la propagande françaises. L’ASL a été une pompe aspirante discrète et présentable à l’opinion française des aides françaises en faveur d’Al-Nosra et de Daech.

Source : Robin Ferner, pour Slate.fr, le 6 mai 2015.

On se demande quelle mouche a piqué Hollande, comment cet espèce de mollasson s’est-il pris pour un chef de guerre? et le livre de Xavier Panon, très peu critique, le peint sur le même mode intervenant au Mali, on le sait aujourd’hui avec les mêmes accusations de collusion de fait avec les “terroristes” qu’il prétend combattre, la même soumission provocation avec les Etats-Unis. Si cette fois le livre interroge quelques collaborateurs et fait un parallèle entre les deux “atlantistes” Hollande et Sarkozy, il n’y a aucune investigation réelle sur les forces qui ont ainsi entretenu cette détermination à mener la guerre, c’est sans doute les mêmes qui le pousseront sur le côté pour mettre Macron à sa place? Et il faut encore faire le lien entre ces forces et l’attaque généralisée contre les droits des travailleurs, les privatisations… Il est clair que l’ennemi de ces politiciens passant du radicalisme conservateur des notables de province à l’ivresse de la magistrature suprême n’est pas la finance. C’est parce que l’on est convaincu qu’il y a là un ensemble militarisé, financiarisé avec un système de propagande que nous savons que les luttes d’aujourd’hui contre le projet gouvernemental des retraites peut recréer les conditions d’une prise de conscience plus générales y compris en faveur de la paix. Et c’est cette conviction qui nous fait appuyer ce qui a commencé à surgir au 38e Congrès, avec la candidature de Roussel : autant d’ailleurs que l’évolution géopolitique mondiale et le passage à un monde multipolaire travaillé par les luttes de classe.

Il est clair que Macron poursuit dans la même logique de vassalisation totale aux Etats-Unis, les poussant même à aller plus loin s’il estime à y avoir intérêt, dans le mépris total de son opinion publique, mais il va pouvoir cette fois utiliser à plein le consensus total sur la guerre derrière l’OTAN que Sarkozy a obtenu de la droite gaulliste et Hollande de la gauche, pour gérer ses oppositions internes et le mécontentement des Français.

Demain nous verrons en quoi Hollande inaugure à partir de là des relations conflictuelles avec Poutine et la Russie.

Danielle Bleitrach

(1) Gérard Davet, Fabrice lHomme, “Un président ne devrait pas dire ça…” Les secrets d’un quinquennat. Stock. 2016

(2) Xavier Panon : Dans les coulisses de la diplomatie française – De Sarkozy à Hollande ; L’Archipel, 2015 ; 480 pages

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
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   Posté le 14-01-2023 à 20:25:44   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Je souligne en bleu le dernier paragraphe sur le Frexit.

Hollande et Merkel face à Vladimir Poutine ? c’est grotesque autant que tragique…
13 JANVIER 2023

https://histoireetsociete.com/2023/01/13/hollande-et-merkel-face-a-vladimir-poutine-cest-grotesque-autant-que-tragique/

La lecture de ce livre de confidences de Hollande chef de guerre (1) ne peut que susciter la plus intense des stupéfactions face à l’irresponsabilité, la médiocrité d’un tel personnel politique et ce d’autant plus que Sarkozy ne vaut pas mieux et Macron ne dépare pas. En lisant ce livre on repense à la remarque de Martine Aubry : quand j’ai repris le siège du PS à Solférino, après le passage de Hollande à la direction du PS, même les waters étaient bouchés.* Là après le passage de Hollande à la tête de l’Etat, celui-ci était durablement “bouché” que ce soit au plan intérieur ou surtout international, on se demande comment quelqu’un d’aussi médiocre arrive à accomplir tant de désastres. Il est vrai que son prédécesseur et son successeur ne valent pas mieux..

Si la catastrophe syrienne, dont nous avons déjà fait état culmine le 13 novembre 2015 avec les attentats de Paris, alors qu’il est encore président, l’expédition du Mali, tout aussi catastrophique au vu de ses résultats actuels est encore considérée par cet étrange occupant du pouvoir présidentiel, à mettre à son crédit (2). Mais le plus tragico-grotesque est sans contexte, par rapport à ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui, la boucherie et les risques y compris nucléaires, la manière dont Hollande et Merkel ont prétendu rouler dans la farine Poutine. Loin d’apparaître comme le fou sanguinaire que nos médias peignent, Poutine se montre plutôt bonne pâte, il paraît au contraire désireux de faire l’impossible pour avoir de bonnes relations avec l’Allemagne et la France. Comme en Syrie, il veut la paix tout en se protégeant des déstabilisations otanesques. Il tient à la position eurasiatique de la Russie et à la reconnaissance de son rôle dans la victoire de la seconde guerre mondiale. Mais ces deux crétins, l’Allemande et le Français, le mot n’est pas trop dur, Hollande en tête – qui continue à s’amuser comme un petit fou en prenant à témoin ses deux biographes journalistes – ne mesurent en rien dans quelle catastrophe (une de plus) ils sont en train d’entraîner le continent européen, nous y sommes… et nous risquons plus encore vu que Macron est du même tonneau.

Le chapitre intitulé LE PACIFICATEUR (p.488 à 512) mérite aujourd’hui après la révélation de madame Merkel, corroborée par notre crétinissime, concernant leur volonté de gagner du temps pour laisser à l’Ukraine celui de devenir la grenade dégoupillée, russophobe, au nationalisme fascisant, qu’elle est aujourd’hui, fait de ce chapitre un pur chef d’œuvre grotesque.

Le chapitre commence par ce constat triomphant : “Vladimir Poutine est pris au piège. Et cela se voit. Se ressent. La tension est maximale dans le salon d’apparat du château de Benouville en Normandie. Il y a là, ce 6 juin 2014, François Hollande, Angela Merkel, Petro Porochenko, nouveau président d’une Ukraine en guerre, et Vladimir Poutine donc, tout de colère rentrée. “ (p.488)

Et quel piège, il faut lire le chapitre pour mesurer à quelle stupidité ce président français mesure l’aune de son triomphe. Avec Merkel, les deux faisant la paire, ils ont déployé des trésors d’ingéniosité pour obliger le président russe à se retrouver dans une partie à quatre avec Porochenko pour lequel Poutine – et on le comprend – n’a que mépris. La suite de son mandat en Ukraine prouvera qui est le personnage, jusqu’où il peut aller dans la corruption.

Hollande et Merkel croient-ils pouvoir obliger le président russe à reconnaître le président ukrainien fraîchement élu, mais même-là, comme le signale Poutine, cette manœuvre est inutile puisque il y aura un diplomate russe lors de la prise de pouvoir de Porochenko, donc il y aura reconnaissance. Simplement, les Russes et l’histoire prouvera qu’ils n’ont pas tort, ont un profond mépris pour le personnage avec lequel Poutine ne veut pas se commettre.

“S’ils s’ignorent, puis se toisent, Poutine et Porochenko, formés à l’école soviétique, n’ont en réalité pas beaucoup de secrets l’un pour l’autre. “Ils se connaissent, confirme Hollande, Porochenko, il a des affaires en Russie. Il y a l’argent, et puis le passé… Ils savent tout sur tout” (p.494) Oui justement, et Porochenko, le roi du chocolat, a été capable de se constituer un patrimoine immobilier à Sébastopol à la tête d’une bande de malfrats armés, ce gangster a perdu avec l’annexion de la Crimée, quelques biens ainsi conquis. La suite de son règne dans lequel augmentent les dépenses d’armement, la traque des communistes, les prévarications en tous genre, aboutit à ce que Zelensky, un comédien est élu comme le serait un Coluche, simplement il a promis la paix, la réconciliation… face à ce qu’a été le pouvoir de Porochenko… Lui aussi on voit ce qu’il en est advenu…

Poutine s’est fait un principe d’utiliser ce genre d’individus mais sans se commettre avec eux et en leur faisant peur. Il ne veut donc pas le rencontrer et la quasi totalité du chapitre est consacrée à la manière dont ce nullissime de président français prétend obliger Poutine, invité par ailleurs à l’anniversaire du débarquement en Normandie a être contraint à ce tête à tête.

Quand il apprend que Porochenko sera là la réaction de Poutine est totalement spontanée:

“Au téléphone, le “tsar” fulmine. “Est-ce que ça veut dire que je ne dois plus venir, vous ne voulez pas de moi? lâche Poutine.

– Non pas du tout, réplique Hollande ! J’ai invité Porochenko, mais on aura le dîner qui était prévu, la rencontre… Et il est même possible d’avoir un contact avec Porochenko… – Ah… Mais alors, il faut que je réfléchisse”, répond Poutine, pris de court par l’initiative du président français ; qui met Merkel dans la confidence. “Ensuite, reprend Hollande, on a eu un dialogue à trois, Poutine, Merkel et moi au téléphone. Merkel et moi, on a réinsisté et Poutine a dit : “D’accord, je verrai Porochenko”. (p. 492)

On est stupéfait à la lecture de ce chapitre devant la médiocrité des deux européens s’agitant comme un couple de petits bourgeois préparant un repas pour le chef de bureau et le patron de la boîte qui a bien voulu les honorer de sa présence mais dont ils trament la ruine… au profit d’un autre actionnaire qui est proche mais ne participe pas aux agapes (Obama: “Hors de question pour les chefs d’Etat américain et russe, en cette période d’extrême tension, de se retrouver à la même table. On se croirait revenu au bon vieux temps de la guerre froide“(p.492). En fait, le couple de petit bourgeois, l’UE, dîne une fois avec Obama et l’autre avec Poutine, on imagine pour jouer les Go Between, mais c’est à ce diner que Hollande manigance la présence de Porochenko. En prétendant ouvrir ce qui sera la perspective des accords de Minsk et dont on sait désormais le but réel: gagner du temps pour faire de l’Ukraine ce qu’elle est.

Déjà cette opération est en soi une indignité, mais les détails sordides abondent. Hollande est tellement excité devant sa petite manœuvre qu’il renouvelle son invitation en faisant porter un petit billet doux à Poutine par Elkabbach qui va avec Gilles Bouleau à Sotchi interviewer Poutine pour TF1. “Deux chefs d’Etat s’échangeant, en pleine crise internationale, des messages par journalistes interposés, il n’ y avait sans doute que Hollande pour y penser. “(p.492) Effectivement et les deux auteurs du livre de confidences dont on ne sait plus s’ils méprisent Hollande ou s’ils le vénèrent pour leur réserver tant de ragots sur l’exercice du pouvoir… limité au scoop médiatique notent encore que “l’anecdote fait beaucoup rire Hollande, qui retrouve son sérieux lorsqu’il rapporte le contenu de sa conversation avec Poutine, lors de son second dîner du jeudi 5 juin et la préparation de l’entrevue secrète avec Porochenko. “j’ai dit, bon, il faut qu’il se passe quelque chose dans cette rencontre, quels sont les points qui peuvent être évoqués … “Poutine semble dans de bonnes dispositions d’esprit. “D’accord, je suis prêt à discuter dit-il. Pas de photos, pas de caméras, mais on se parle…”(p.492)

Là on se dit que, soit Hollande est un imbécile intégral qui a prévu une rencontre sans s’interroger sur ce qui peut en sortir, simplement pour faire un “coup”… soit, il a déjà l’idée du piège que révèlera Merkel il y a peu et que cela il l’a ourdi non seulement avec Merkel mais avec Obama dont on a vu dans la crise syrienne à quel point il lui est totalement soumis dans le domaine international.

En tous les cas le personnage est complet quand on revient à la première page du chapitre qui souvenez-vous débute par “Vladimir Poutine est pris au piège. “ Quel piège, il ne s’agit pas seulement de cette rencontre que Hollande lui a imposée comme un gage de bonne volonté envers l’Europe, une acceptation à discuter qui va déboucher sur les accords de Minsk que personne ne songe à respecter, mais c’est parce que “Un photographe vient de faire irruption dans la pièce, à la demande de la chancelière Merkel. Elle veut immortaliser l’instant, ce premier contact entre Poutine et Porochenko, élu le 25 mai 2014 à la tête de l’Ukraine. Le point d’orgue d’une sorte d’embuscade diplomatique organisée par François Hollande, alors que le monde entier se presse sur les plages normandes, ce jour-là, à l’occasion du 70 e anniversaire du débarquement allié.” (P488)

Poutine a exigé qu’il n’y ait ni photo, ni caméra, il a beaucoup accepté, la présence de Merkel, celle de cette rencontre avec Porochenko parce qu’il tient à ce que le rôle de la Russie dans la deuxième guerre mondiale soit reconnu et ces deux comploteurs de bas niveau que sont Merkel et Hollande lui imposent cette photo et qu’elle restera au secret dans les archives de l’Elysée. Ce cliché malgré toutes les promesses a finalement été publié dans le Monde fin août 2016. “On y voit un Poutine manifestement furibard, l’oeil noir, et Porochenko, un peu plus loin, un bloc de muscles, l’allure sévère. Et au milieu, Hollande, tel qu’en lui même, indéchiffrable.” (p489)

Qui y a-t-il à déchiffrer?

Si les Français grâce à une presse et des médias au dernier degré du conditionnement servile peuvent ignorer jusqu’où peuvent aller leurs représentants jusqu’au plus haut niveau, il n’en est pas de même d’autres peuples, et même des Allemands qui aujourd’hui attribuent pour 40 % d’entre eux la responsabilité de la situation en Ukraine à l’OTAN et y compris à Merkel… le pourcentage étant de 59 % dans l’ex-RDA, les Russes savent aussi ce qu’ont été les accords de Minsk, ce qui se passait de crimes dans le Donbass et l’attitude trop conciliante de Poutine est sévèrement jugée.

Dernière remarque, je revois l’attitude de Xi Jinping refusant le dialogue avec Trudeau qui cherche à l’interpeler dans un couloir, la manière dont il juge de ces occidentaux prêts à tout pour faire de l’audience avec des provocations que répercuteront leurs propres médias.

Oui il n’y a rien à déchiffrer, si ce n’est un pouvoir qui tourne à vide, et la politique qui se perd en anecdotes, en faits divers comme ces confidences de Hollande sous le titre révélateur “Un président ne devrait pas dire ça..”

Je voudrais reprendre en l’élargissant la dernière remarque de Franck Marsal sur l’UE et le frexit:

Il est clair, et la description ci-dessus en témoigne, que rien n’est possible dans le cadre de l’UE. C’est précisément pour cela que ce cadre a été mis en place. Mais il ne faut jamais oublier la leçon de Karl Liebknecht : l’ennemi principal est dans notre propre pays. Si l’UE est un outil pour détruire tout ce que les communistes et les travailleurs avaient construit dans notre pays, ce n’est pas de son propre chef. C’est parce que la haute bourgeoisie française l’a conçue ainsi et a trouvé dans le personnel politique français de quoi exécuter ses diktats. Avec le frexit de quoi s’agit il ? Trouver des alliés dans le petit impérialisme français contre Bruxelles ? Les Grecs l’ont essayé et s’y sont brûlé les ailes. Exproprions les grands capitalistes français d’abord et faisons-le y compris en refusant les diktats de l’UE, en voyant le rôle que jouent ces capitalistes français, la manière dont ils sont imbriqués dans la financiarisation et le militarisme y compris outre atlantique…

Danielle Bleitrach

(1) Gérard Davet Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça… Les secrets d’un quinquennat. Stock. 2016

(2) Il est lui-même stupéfait d’être si bien accueilli même si “l’intervention au Mali engendrera, elle aussi son lot de drames inévitables. A la mi-2016, l’opérationServal rebaptisée entre temps “Barkhane” après son extension aux autres pays de la zone sahélo-saharienne, a déjà coûté la vie à une vingtaine de soldats français“(479) . On sait ce qu’il en est advenu… Il n’empêche, de ça comme de rouler dans la farine Poutine en Ukraine, passer outre ses conseils en Syrie, ce minable est tout content… alors même que ce dernier tient des propos de simple bon sens : “Nous on reconnait des Etats. Vous intervenez au Mali à la demande d’un Etat pour lutter contre les terroristes, e bien, vous devriez avoir la même position en Syrie et être conscients que l’opposition à Bachar el-Assad n’est pas une opposition légitime et que ce sont des terroristes” (p.461) ou “Depuis 2012 et ma première rencontre avec lui, Poutine me dit “Moi, je ne suis pas lié à Bachar el-Assad, mais tant qu’on a pas d’autre solution, on gardera Bachar el-Assad”. il n’a pas évolué.( p.470) Comment à partir de là et de la somme des fautes accumulées de leurs conséquences catastrophiques en ce qui concerne les positions des présidents français, la grande muette qu’est devenu son parlement, l’abscence totale d’opposition au chef de l’Etat dans ce domaine y compris depuis que le PCF est ce qu’il est, comment peut-on en arriver au consensus actuel sur tout serait de la encore faute d’un Poutine ivre de puissance et fou à lier…

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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
Grand classique (ou très bavard)
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   Posté le 14-01-2023 à 20:27:21   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Quelle étrange sensation que celle d’être confrontée à la bêtise intégrale trônant au sommet…

14 JANVIER 2023
https://histoireetsociete.com/2023/01/14/quelle-etrange-sensation-que-celle-detre-confrontee-a-la-betise-integrale-tronant-au-sommet/


Quelle étrange sensation.

Déconcertante, jamais ressentie, jusqu’à ce jour d’avril 2015. En tous les cas pas à ce point.

Ce sentiment troublant, c’est celui d’être face à un homme rayonnant en total décalage avec la décourageante réalité qui l’entoure, à l’image du chef d’orchestre du Titanic continuant de galvaniser ses musiciens au mépris de l’inéluctable naufrage.

Ce jeudi 30 avril 2015, François Hollande nous a donc fait une confidence inattendue. Le chef de l’Etat nous a tout simplement confié qu’il se sentait enfin à sa place, épanoui à la table des grands de ce monde. Sûr de lui, et de ses méthodes. L’économie en berne, le chômage indomptable, la pression terroriste, sa majorité déchirée, les moqueries récurrentes, les sondages calamiteux…? Peu importe. Sa bonne fortune diplomatique si elle indiffère ses concitoyens, lui a donné une immense confiance en lui. (p.514)

Cet individu rayonnant de bonheur qui déconcerte les deux journalistes qui recueillent ses confidences est bien sûr Hollande dont on peut considérer qu’il a été des plus calamiteux président monarque tout puissant de la République française. C’est la conclusion de que l’on peut tirer de ce livre dont je vous entretiens depuis plusieurs jours et qui sera, on peut l’espérer dans un futur moins sordide, un témoignage sur l’état réel du pouvoir de la Ve république dans des temps qui sont ceux de la chute de l’empire d’occident.

Hollande, en parfait imbécile satisfait, nage dans le bonheur alors qu’il a soit accéléré les méfaits de ses prédécesseurs, soit innové en la matière en particulier au plan international où on lui doit non seulement le désastre syrien, l’expédition malienne et avec la complicité de Merkel, l’actuelle guerre d’Ukraine, le tout pratiqué dans la vassalité la plus soumise à l’impérialisme américain et le mépris total du peuple français et de ses représentants. Si l’on ajoute à ce palmarès les différentes atteintes au code du travail, la poursuite et l’amplification de la politique de Sarkozy et le sacrifice du nucléaire nous avons là le portrait parfait de ce qui a conduit l’électorat au désaveu non seulement du PS mais de la gauche tout entière. Son ministre et successeur Macron qui est à peu près aussi mégalomane et gonflé de sa propre importance devra son succès non seulement au soutien de “la finance” mais également à la promesse de n’être ni à droite, ni à gauche.

Mais le trait caractériel le plus marquant de ces personnages, dont le modèle demeure Mitterrand, c’est comme on dit vulgairement d’avoir “le melon”. Ils se considèrent d’une autre espèce jouissant désormais de l’appartenance à l’olympe des dieux dans lequel les médiocres manœuvres et petits ragots, banquets, comme dans l’original, font de vous des despotes capricieux. C’est cette vulgarité incroyable et la manière dont à un moment elle culmine jusqu’à la jouissance suprême : celle de décider de la vie et de la mort par guerre, bombardement et même assassinats télécommandés par lesquels on sait ÊTRE une grande puissance.

Le paradoxe c’est que ce genre d’individu se veut pragmatique, loin de toute idéologie, alors qu’il ne cesse de sacrifier à une vision totalement idéologisée. Celle qui le lie à l’atlantisme et soumet toutes ses décisions internationales à la conformité avec la volonté des USA dont nous avons déjà parlé. Mais au plan intérieur, l’idéologie est tout aussi contraignante et cette fois elle concerne le carcan européen, la peur de nuire non seulement à l’UE mais à la zone euro.

Il ne se reproche jamais rien, simplement il n’aurait pas dit la manière dont il ne peut pas dire la vérité aux Français pris comme il l’est dès 2012 entre la crainte des marchés et celle de l’Europe, qui lui aurait promis d’ajouter un “volet croissance au traité budgétaire”. “Et dans la foulée n’aurait-il pas fallu proposer une autre politique, s’affranchissant des contraintes à Bruxelles, en revanche, il ne le pense pas: “Est-ce que nous aurions dû dire: “Nous renonçons en conséquence à réduire nos déficits budgétaires et donc à aller vers les 3%”? Si je l’avais dit , dans le contexte de la crise de la zone euro. On aurait dit: “La France se distingue, se détache… Il fallait que je rassure la zone euro, si je puis dire: c’est le traité européen que nous avons finalement adopté au mois d’octobre. J’aurais pu dire : “La France se délie de l’engagement qui aurait été pris par mon prédécesseur, et nous ne ferons pas le traité budgétaire européen”. C’était la crise, non pas entre la France et l’Allemagne, mais la crise dans la zone euro, qui explosait”. “(p.221 et 222)

Il n’a pas d’idéologie, c’est un grand pragmatique parce qu’il suit l’impulsion du gouvernement Fillon dans le respect absolu de ces deux “totems” que sont la soumission aux Etats-Unis donc à l’OTAN et le patriotisme de l’UE, celui que peut inspirer la France étant pris dans ce qui relève de “la nature” présidentielle ou l’art d’accommoder les restes pour le peuple français, “le Hollande-caméléon, cet animal élastique aux phénoménales facultés d’adaptation” ressort en homme de droite, privilégiant la politique de l’offre, mais c’est tout le PS qu’il traîne dans le sillage de ses reniements et ça c’est pas triste… Mais cela convainc aussi de la vanité de toute solution de gauche qui prétendrait ne pas reposer sur des ruptures fondamentales qui sont malheureusement encore loin de tous les programmes français. Il faudra une volonté collective aux antipodes non seulement des choix politiques opérés par Hollande mais de l’exercice du pouvoir tel qu’il domine en France aujourd’hui.

Si l’on prend la fonction présidentielle telle qu’elle ressort de cet écœurant déballage, elle repose sur un mécanisme tel que nul ne paraît susceptible d’y échapper et cela dès la campagne électorale. L’élection, et l’intronisation sont certes déterminants, mais n’y a-t-il pas dans la compétition elle-même quelque chose qui détruit l’individu? Ou alors est-ce parce que l’individu qui arrive là ne peut qu’être de ce type-là jusqu’au grotesque ? D’abord, la procédure le met au dessus des partis, qui l’ont pourtant poussé mais duquel il s’émancipe inexorablement pour n’y voir plus que des obligés, des courtisans. C’est la mise à mort de toute mobilisation collective citoyenne. Le candidat apprend peu à peu à leur substituer les médias, les journalistes devenus en fait les seuls avec lesquels il peut avoir des échanges, des complicités de cabot… Lui seul désormais connaît, lui et les courtisans qui saluent ses prestations, le rassurent et commentent. C’est désormais dans ses faiblesses que le petit bourgeois médiocre parait un peu échapper à cette montée à l’olympe et à ses querelles de dieux s’abattant toujours sur les pauvres mortels. Entre nous il suffit de contempler l’état de Marine Le Pen, celui de Mélenchon pour mesurer ce que peut être cette montée à la présidence. Puis le doute vous vient, est-ce qu’il n’en est pas ainsi de la plupart des élections, y compris celle de députés, de sénateurs s’affranchissant peu à peu de tout lien avec leurs mandats et ce en particulier sur les questions internationales comme l’a prouvé le récent vote de la résolution 390.

La France se résume plus ou moins aux compromis d’un monde de notables, méprisant, un univers des bals de sous préfecture, on en est ou pas… Tout est dans le plan de table de la sous-préfète et il y a toujours quelques noms à rallonge comme conseiller diplomatique.

La politique devient à cet exercice, le seul en fait qui passionne les médias. Mais peu à peu on s’interroge sur ce qui a survécu à l’exercice d’une telle démocratie.

Ainsi cette “confidence” à propos de la DGSE sur laquelle je vous laisse méditer en vous disant que tout le livre et tout le niveau d’ambition de Hollande est à ce niveau : “Il n’y aurait pas eu l’histoire du Mali, on aurait déjà écarté Corbin de Mangoux”, nous confie-t-il le 1er février 2013. Nommé à l’Elysée en 2007 conseiller de Nicolas Sarkozy pour les affaires intérieures, Erard Corbin de Mangoux avait pris la tête des services secrets extérieurs l’année suivante. Pourtant, à en croire Hollande, ce n’est pas le profil “sarkozyste” du préfet qui est en cause. “Ce qui nous pose problème, affirme-t-il, ce n’est pas qu’il ait été chez Sarkozy, c’est qu’il nous dise peu de chose, qu’il retienne les informations. C’est comme cette histoire en Bulgarie, qui est quand même incroyable…”

Dans la nuit du 15 au 16 octobre, cinq agents du service action de la DGSE avaient été surpris alors qu’ils réalisaient un entraînement clandestin à proximité de la commune de Pleven, en Bulgarie. Repérés par des villageois armés, ils avaient été roués de coups et contraints de s’enfuir. L’affaire avait viré à l’incident diplomatique, et tourné en ridicule les services français. Lorsqu’on lui demande s’il avait été informé de cette mission, Hollande s’exclame: “Mais bien sûr que non!” Et après, on est obligé de gérer ces trucs-là. Ce n’était même pas la préparation de l’assaut somalien… Ils font des missions comme ça, dans certains pays sans rendre de compte à personne “(p.481)

Ce grotesque est de même nature que le complot entre Merkel et Hollande que nous avons décrit et par lequel ils prétendent rouler dans la farine Poutine: celui qui satisfait l’ego de Hollande et des autres. Les jeux de “grande puissance”, entre spécialistes et spadassins qui débouchent sur des meurtres à grande échelle de pauvres types qui ne demandaient rien et d’autres que le chômage a poussé à l’engagement et cet abruti est satisfait. Il faut encore ajouter à la description, ce goût de savoir ou de feindre de savoir du bourgeois sentencieux, dans lequel avec des airs entendus et quelques cynique propos, on se donne de l’importance. Et là cela dépasse le phénomène électoral : le pompeux crétin se répand dans la bureaucratie comme dans les partis. Chacun se taille dans l’appareil d’Etat privatisé, délité, un domaine réservé où il exerce un petit pouvoir fait moins d’action que d’inertie. Chacun y devient tout aussi méprisant et absolu que le chef d’Etat monarque, ce qui là encore engendre son lot de catastrophes grotesques. Cela double le spoil system (1) qui veut que chaque président monarque prétende renouveler l’appareil qui le sert, au début quand on passe de droite à gauche, d’un parti dominant à un autre mais bientôt cela n’est même plus une garantie tant les rivalités n’ont plus rien à voir avec les appartenances idéologiques. Mais il est difficile de tout changer alors on double, on crée de nouvelles administrations, on démantèle celle qui existent. Et tout le livre de “confidences” n’est dans le fond que l’illustration de ces rivalités avec le prédécesseur et la manière d’empêcher de voir son successeur surgir au sein de votre propre équipe. A ce titre les papotages sur la manière dont Fillon est venu réclamer des procès en corruption contre Sarkozy qu’il pensait être à l’origine de la divulgation de ses propres turpitudes occupent beaucoup le président qui ne se lasse pas de raconter ce genre d’anecdotes.

Ce livre et le niveau du président est un remède contre la politique pour l’individu le plus sincèrement engagé et qui découvre avec stupéfaction ce que peut être celle de la France au plus haut niveau, avec l’exercice de fait du droit de vie et de mort, de guerre comme d’assassinats commandés. Il est clair que les informations dont prétend jouir le dit président et à travers lesquels il justifie ses aspects “chef de guerre” apparaissent comme totalement suspectes et jamais réellement fondées. Il y a quelque chose de puéril et d’effrayant chez cet individu-là dont les motivations réelles deviennent de plus en plus creuses, en se résumant à un égocentrisme d’une vulgarité stupéfiante.

Le mal est profond, il imprègne désormais de la base au sommet toute la vie politique française. Aujourd’hui dans l’article que Franck Marsal consacre aux débats autour du Congrès du PCF sur ce site même, il montre comment dans ce débat monte l’exigence d’une autre pratique politique et d’abord à l’intérieur du PCF. Cette exigence alors qu’il y a un tel abandon, un tel absentéisme dans la vie politique française est bien évidemment nécessaire à un parti révolutionnaire au meilleur sens du terme. Mais il faut bien mesurer qu’un tel bouleversement pour être indispensable n’en est pas aisé, ce qui est la norme, l’évidence, le “pragmatisme”, voire le bon sens va a contrario et ces écœurantes confessions d’un président “de gauche” ont le mérite de nous prouver à quel point le mal est profond. Ceux qui dans le PCF ont entrepris la liquidation le font au nom du même “pragmatisme”, du même égoïsme individualiste, de la même autosatisfaction incapable de la moindre autocritique. Ils partagent cet univers-là et prétendent faire de leur échec, abandon, trahison la preuve qu’il serait vain de vouloir être autre. Ces gens-là ont multiplié les catastrophes, couvert y compris de véritables crimes et tortures du pouvoir et ils continuent comme Hollande prétendre défendre leur bilan au nom de la gauche voire de la prime “au sortant”.

Danielle Bleitrach

(1) Le système des dépouilles (spoils system) est un principe selon lequel un nouveau gouvernement, devant pouvoir compter sur la loyauté partisane des fonctionnaires, substitue des fidèles à ceux qui sont en place. Il caractérisait les Etats-Unis alors que la France s’est au contraire longtemps caractérisée par un système de grands commis de l’Etat, un fonction publique avec ses incorruptibles obsessionnels. Il faudrait voir comment un système comme celui de l’ENA, son pantouflage, passage du public au privé, et les vagues de privatisation, a joué en même temps que la présidentialisation de la Ve république pour aboutir à ce partage des dépouilles lié aux élections.

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