| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
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| Posté le 07-12-2020 à 19:01:55
| Chine : le retour d’une politique de classe ? Acta Zone, 13 novembre 2020 Les mobilisations ouvrières qui secouent la Chine contemporaine restent encore insuffisamment documentées dans les pays occidentaux – alors même qu’elles revêtent une importance historique décisive. La sociologue Pun Ngai revient dans le texte qui suit sur la lutte, entamée à l’été 2018, des ouvriers de l’usine de postes à souder Jasic Technology à Shenzhen. Cette lutte s’est articulée autour de la revendication du droit à l’organisation syndicale, afin de faire face à l’imposition de conditions de travail particulièrement oppressives au sein de l’entreprise. Bien que le mouvement ait fini par succomber à une répression féroce, il a été le lieu d’une expérimentation politique remarquable fondée sur l’alliance entre étudiants et travailleurs. Alors que ne cesse de s’approfondir le tournant vers la restauration du capitalisme amorcé par Deng Xiaoping à la fin des années 1970, Pun Ngai voit dans la lutte à la Jasic le symbole d’un « nouveau chapitre » du mouvement ouvrier chinois, marqué par le retour de la ligne de masse comme méthode de travail politique. debout sur les cimes j’admire au-delà de l’horizon la verdure des montagnes l’aube d’un soleil rouge je me tiens au bord du grand fleuve le regard se pose sur l’eau et sur les vagues qui en gonflant sans repos s’envolent comme une grue voltigeant parmi les masses je me tais au-delà des champs de banlieue j’ai perdu les affections, les amours, les amitiés… j’ai perdu chaque chose j’ai tout perdu j’aurai les affections, les amours, les amitiés j’aurai chaque chose j’aurai tout pas aujourd’hui mais dans un avenir pas si lointain je n’est pas moi avec nous, je suis moi Mi Jiuping, ouvrier du mouvement à la Jasic Au moment où j’écris ces lignes, le mouvement à la Jasic de 2018-2019 est arrivé à son terme. Commencé comme une lutte syndicale, il a rapidement souffert de la dure répression du gouvernement qui a mené trente travailleurs et une centaine d’étudiants dans les prisons chinoises. La lutte a continué aux portes de la Jasic et des commissariats de police (paichusuo), dans la zone industrielle, dans les universités. Après avoir poursuivi leur combat avec persévérance pendant plus de six mois, les étudiants et les travailleurs ont été réduits au silence. Il s’agissait de militants de la gauche chinoise qui remettaient en cause l’idéologie d’État actuelle ainsi que le système de l’emploi fondé sur l’exploitation et organisé selon les rapports de production capitalistes. En un an, après une série d’arrestations, la lutte a été pratiquement matée. Les groupes d’étudiants ont été supprimés, les ouvriers mis en prison, et le groupe de solidarité avec la Jasic organisé par des étudiants, des militants de gauche et des travailleurs complètement enterré. La lutte a payé un prix exorbitant ; tout semble devoir retourner au silence. Deux raisons principales m’ont poussé à écrire cet article : premièrement, je pense que l’importance des faits à la Jasic au sein du mouvement ouvrier chinois contemporain n’a pas été suffisamment comprise ; deuxièmement, la façon de lier étroitement l’importance des luttes des travailleurs chinois au mouvement ouvrier mondial est un problème urgent qui doit être réfléchi. Ces dernières années, nous avons assisté à un glissement rapide vers la droite, vers le racisme et le totalitarisme dans le monde entier. En conséquence, les droits des travailleurs sont attaqués les uns après les autres. En même temps, le pessimisme et l’incertitude se sont répandus : par rapport aux forces sociales nouvellement formées, dans quelle mesure les organisations de travailleurs peuvent-elles réellement constituer un défi pour la machine politique ? Les revendications du syndicalisme social (shehui yundong gonghuizhuyi ; social movement unionism) sont constamment reportées aux calendes grecques, tandis que le capitalisme mondial, du fait d’une concurrence de plus en plus féroce, prétend que l’unité de la classe ouvrière appartient au passé. La lutte de la classe ouvrière est considérée comme un modèle archaïque et ne trouve plus de place dans la littérature sur les nouveaux mouvements sociaux, comme s’il n’y avait plus en elle aucune possibilité de changement social. Le mouvement à la Jasic a été vaincu, mais ne peut être réduit au silence, car il s’inscrit résolument dans la résistance au capitalisme mondial de l’internationalisme du travail (laogong guojizhuyi ; labour internationalism) et répond à la nécessité d’une nouvelle alliance entre étudiants et travailleurs. La lutte à la Jasic de 2018-2019 représente un point de rupture dans les luttes des travailleurs depuis le début de la politique de réforme et d’ouverture en Chine. Cette lutte symbolise clairement le début d’un tournant vers un mouvement politique de gauche, désormais en dehors des frontières de la société civile. En règle générale, les batailles menées par la société civile ne sont pas axées sur l’idéologie et la politique de classe et n’ont donc pas la capacité de contester les inégalités de classe, ni de créer des organisations sous différentes formes. Le mouvement à la Jasic, caractérisé par l’alliance étudiants-travailleurs, nous oblige à reconsidérer l’importance de la théorie marxiste et de la pensée de Mao Zedong dans les politiques d’émancipation et les mouvements ouvriers d’aujourd’hui. Le retour au maoïsme marxiste (makesi maozhuyi ; marxist maoism) a principalement trois implications : retour à la politique de classe ; retour au communisme ; retour à la ligne de masse. Il ne s’agit pas de revenir au passé ou de le romancer ; au contraire, ce triple « retour » nous oblige à assimiler de manière critique l’expérience historique, les ressources culturelles et l’héritage du communisme, et à nous efforcer de créer une société future plus égalitaire. Si, malgré sa défaite, nous considérons le mouvement à la Jasic comme partie intégrante de l’internationalisme du travail, alors il représente le premier mouvement depuis l’expansion du néolibéralisme à l’échelle mondiale, qui a de nouveau lié ensemble l’idéologie et la politique. On n’avait jamais rien vu de semblable dans le mouvement ouvrier des dernières années. Si peu de gens ont été en mesure d’entrevoir une forme d’organisation entièrement nouvelle dans le mouvement à la Jasic, cela est dû au fait que l’énergie intrinsèque de cette lutte a même écrasé sa propre « forme ». Beaucoup n’y ont vu que la forme-parti léniniste typique, mais cela revient précisément à ignorer les efforts persévérants déployés ces dernières années par l’alliance entre travailleurs et étudiants pour chercher une base de masse et mettre en pratique un programme communiste. Après son arrestation le 27 juillet 2018, Mi Jiuping a été transféré dans un centre de détention (juliusuo et on lui a demandé de rédiger une abjuration. Malgré sa peur, Mi Jiuping a continué à exprimer en vers la nouvelle société qu’il préfigure et son combat pour la solidarité ouvrière et l’alliance entre étudiants et travailleurs. « Avec nous, je suis moi », écrit-il, dans un « avenir pas si lointain », c’est-à-dire un avenir communiste ; quand il dit « je n’est pas moi / avec nous, je suis moi », il veut dire ne pas être seul, mais fermement uni aux travailleurs et aux étudiants. Le « nous » de sa poésie contient deux sujets centraux : les travailleurs et les étudiants, insérés dans l’histoire de la lutte anticapitaliste et anti-impérialiste.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:04:05
| La bataille des travailleurs de la Jasic pour le syndicat Jasic Technologies est une entreprise à capital ouvert qui produit principalement des équipements de soudage. Le président du conseil d’administration, Pan Lei, est le délégué de l’Assemblée du peuple de Shenzhen. L’entreprise emploie environ un millier de travailleurs, mais il n’y a pas de syndicat en son sein, et les conditions de travail y sont épouvantables. C’est ce qui a conduit les travailleurs à se battre pour la création d’un syndicat légal. Dans un règlement connu sous le nom des « 18 interdictions de la Jasic » (Jiashi jinling 18 tiao), adopté par la direction de l’usine, toutes les situations impliquant des amendes ou des réductions de salaire pour les travailleurs, en violation grave des articles du droit du travail, sont énumérées avec précision. Voici comment les conditions de travail et les méthodes administratives en vigueur dans l’usine sont décrites par la « Voix du travailleur commun » (pugong zhi sheng), un compte utilisé par les travailleurs de la Jasic sur les réseaux sociaux : Les ouvriers doivent travailler douze heures par jour, sans jour de repos et sans pause, sauf pour les repas et le sommeil. Même lorsque nous allons aux toilettes, nous sommes sous la stricte surveillance des hommes de la sécurité. En outre, l’entreprise oblige les travailleurs à gaspiller leur journée de congé à la fin du mois pour des excursions organisées, après quoi ils doivent retourner au travail. Les « 18 interdictions » sont une réglementation administrative d’usine typique du monde des zones économiques spéciales en Chine. À travers ces lignes, on discerne clairement l’histoire de l’entrée du système socialiste chinois dans le capitalisme mondial. Ces règlements sont les annales du développement économique et de l’exploitation des travailleurs produits par les capitaux étrangers, les capitaux privés et les entreprises d’État post-réorganisation. Ayant été extrêmement rentables pour la reproduction élargie du capitalisme mondial, ces mesures managériales inhumaines se sont énormément répandues entre les années 1980 et 1990, pour ensuite connaître une certaine amélioration dans les années 2000 en raison du déficit de main-d’oeuvre. Mais à partir de 2010, elles ont réapparu. C’est l’une des causes des suicides des travailleurs de Foxconn et de la grève chez Honda cette année-là. Le mépris de la Jasic pour la santé des travailleurs et pour la législation sur le temps de travail a conduit les ouvriers à se mobiliser pour former un syndicat. À la mi-mai 2018, les militants ouvriers ont fait connaître leur situation à la Fédération des syndicats du district de Pingshan, exprimant leur volonté de former un syndicat d’usine. Trois représentants des travailleurs de la Jasic ont envoyé à la Fédération une lettre conjointe signée par vingt-huit travailleurs, lui demandant d’intervenir pour corriger le comportement illégal de la Jasic et réitérant la demande de former un syndicat d’entreprise. Le président de la Fédération du district a reçu Mi Jiuping, lui suggérant de recueillir les opinions des autres travailleurs et d’engager une bataille pour obtenir de l’entreprise la permission d’ouvrir le syndicat. Mi Jiuping et d’autres ont mis en place un comité préparatoire et ont obtenu la signature de quatre-vingt-neuf travailleurs en faveur de l’adhésion au syndicat en deux jours seulement. Sans s’écarter de la position antisyndicale généralement adoptée par d’autres entreprises, l’administration de la Jasic a exigé en juin le remplacement du syndicat autonome des travailleurs par une « assemblée des délégués du personnel ». Très vite, les dirigeants ouvriers ont subi toutes sortes de vexations, d’insultes et de calomnies de la part de la direction, ainsi que des menaces, des humiliations et des licenciements. Le 20 juillet, alors qu’ils se rendaient au travail comme d’habitude, Mi Jiuping et d’autres travailleurs ont été retenus par la sécurité de l’usine, puis battus et arrêtés par la police locale. Plus de vingt travailleurs ont couru pour manifester devant le poste de police afin d’obtenir la libération de Mi Jiuping et des autres ; la chose réellement choquante est que la police les a tous arrêtés. Les travailleurs arrêtés ont été libérés le lendemain, mais beaucoup d’entre eux avaient été maltraités pendant leur détention et avaient subi de graves blessures. Les ouvriers ont exprimé leur indignation face à cette détention illégale par le biais d’une plainte écrite. Six des ouvriers libérés ont tenté à plusieurs reprises de reprendre le travail, mais ont été empêchés de le faire. Avec d’autres travailleurs du district industriel, ils ont organisé une forte manifestation devant le poste de police, demandant des explications pour les travailleurs battus et des excuses de la part de la police. La police a de nouveau réagi violemment, arrêtant vingt-sept travailleurs et autres sympathisants le 27 juillet. Cela a persuadé encore plus d’ouvriers d’exiger que justice soit faite, et a également attiré le soutien des étudiants universitaires : c’est ainsi que l’alliance entre travailleurs et étudiants a commencé à prendre forme. Cette alliance s’est battue pour la libération des travailleurs arrêtés et pour le droit des travailleurs à former un syndicat. Le 29 juillet, les étudiants de l’Université de Pékin, de l’Université Renmin et d’une douzaine d’autres universités ont publié un communiqué commun dans lequel ils expriment leur solidarité avec les travailleurs arrêtés le 27 juillet et demandent la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées. Le communiqué portait des milliers de signatures d’étudiants et de travailleurs. À la fin du mois, alors que la police ne répondait toujours pas à cette demande et qu’elle continuait à détenir les ouvriers, certains travailleurs, militants de gauche et étudiants ont formé le « Groupe de solidarité avec les ouvriers de la Jasic » (Jiashi gongren shengyuantuan). Le 10 août, ce groupe a envoyé une lettre ouverte au bureau du procureur du district de Pingshan, lui demandant d’enquêter sur les actions illégales de la police et de garantir le droit des travailleurs de parler à des avocats. Un nombre croissant de sociétés d’études marxistes (makesizhuyi xuehui) et de groupes étudiants de gauche des universités de tout le pays ont afflué à Shenzhen, exigeant la libération des travailleurs. Avec des manifestations de rue, des rassemblements et des chants de l’Internationale, ils ont attiré l’attention de nombreux médias étrangers . Le 11 août, Shen Mengyu, le délégué ouvrier de la NHK de Canton, a été emmené par la police, mais les autres étudiants n’ont pas été intimidés et ont continué à manifester dans les rues du district de Pingshan. Le matin du 24 août 2018, deux cents policiers anti-émeute ont violemment fait irruption au siège du Groupe de solidarité et ont arrêté toutes les personnes présentes. Entre-temps, la police a arrêté les travailleurs et plus de cinquante étudiants qui sympathisaient avec eux (issus de diverses universités, dont celles de Pékin, de Nanjing et de l’Université Renmin), se trouvant à proximité de la zone industrielle. Dans la soirée du 24, le site web de l’agence gouvernementale Xinhua a publié un article intitulé « Les coulisses des incidents “pour les droits” des ouvriers de la Jasic à Shenzhen », où il rapportait la version officielle des faits, affirmant que la lutte des travailleurs de la Jasic pour leurs droits constituait un « désordre de masse » organisé et provoqué par des forces extérieures. Fin septembre, la plupart des étudiants solidaires faisant partie des sociétés d’études marxistes au sein des universités, la police a commencé à frapper encore plus durement ces sociétés, afin de tenter d’étouffer ce qui aurait pu rester de l’embryon du mouvement communiste constitué par « l’alliance des travailleurs et des étudiants ». Début octobre 2018, pas du tout intimidés par la menace d’emprisonnement, les étudiants de la société d’études marxistes de l’université de Pékin ont lancé des initiatives « pour rechercher les militants étudiants disparus », dont Yue Xin et Gu Jiayue, arrêtés pour avoir soutenu les travailleurs de la Jasic. D’autres initiatives ont été mises en place par la société marxiste pour assurer la protection de son groupe, en distribuant des tracts dans les salles de classe, les dortoirs et les cantines, et en manifestant sur le campus. Le 9 novembre, les autorités ont mis en oeuvre une nouvelle mesure de répression contre les organisateurs du Groupe de solidarité. Plus de quinze personnes, dont des militants de sociétés d’études marxistes, des sympathisants des travailleurs et des employés de centres de services sociaux, ainsi que des syndicalistes, ont été arrêtés les uns après les autres. Cette attaque a porté un coup sévère au mouvement. Dans le même temps, le gouvernement chinois a fait circuler les enregistrements, filmés quelque temps auparavant, des aveux faits par dix militants étudiants déjà en état d’arrestation. Pour effrayer les étudiants, les bureaux de la sécurité publique ont convoqué les membres des sociétés d’études marxistes et les ont obligés à regarder les enregistrements, les ont menacés et leur ont ordonné de cesser toute activité en rapport avec les ouvriers. En décembre, on a perdu la trace de plus de dix étudiants marxistes de l’université. Les arrestations se sont poursuivies en 2019. Cinq militants d’ONG de travailleurs [Labour NGOs] dans le sud de la Chine, trois jeunes rédacteurs actifs sur les nouveaux médias, le militant de gauche Chai Xiaoming , quatre fondateurs d’organisations de travailleurs et d’ouvriers et un fondateur du site web de gauche New Bloom (Potu) ont été placés en résidence surveillée ou détenus pour des accusations telles que « incitation à l’émeute » ou « subversion du pouvoir de l’État ». Plusieurs militants ont subi diverses formes de harcèlement de la part des autorités de sécurité publique, comme des interrogatoires qui ont duré sans interruption pendant des heures, voire une journée entière, tandis que des pressions ont été exercées sur eux pour qu’ils reconnaissent leurs crimes ou qu’ils coupent tout contact avec leurs anciens camarades. La « terreur blanche » continue de faire rage. Bien que l’issue de la bataille soit tragique, la revendication des travailleurs de la Jasic pour le syndicat reste d’une profonde importance historique. Elle indique que le réveil politique des travailleurs chinois est entré dans une nouvelle phase. Vaincus dans la bataille pour l’organisation d’un syndicat sous la bannière de la Fédération nationale des syndicats, la prochaine étape des travailleurs de la Jasic les mènera vraisemblablement sur la voie d’un mouvement syndical plus autonome. Grâce à l’alliance avec les étudiants, solidement ancrée dans la tradition marxiste, et à l’éveil progressif de leur conscience de classe, les ouvriers chinois, dans leur lutte pour le syndicat, ont réussi à dépasser le syndicalisme (gonghuizhuyi ; trade unionism) limité au cadre du capitalisme ; on espère maintenant qu’ils pourront aussi surmonter le succès du Solidarnosc; polonais – dont le triomphe s’est tragiquement terminé par la destruction de la lutte ouvrière elle-même. La façon dont nous regardons le passé influence également la façon dont nous regardons l’avenir ; la poursuite du mouvement exige que nous analysions en profondeur les énormes changements sociaux qui ont eu lieu en Chine au cours des quarante dernières années et la réapparition contextuelle des contradictions de classe
Edité le 07-12-2020 à 20:32:14 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:04:50
| Retour à la politique de classe Le processus de politisation du mouvement ouvrier pendant la lutte à la Jasic a réactivé et donné une nouvelle substance à la théorie marxiste et à la pensée de Mao. Pour la première fois, une voix s’est élevée haut et fort pour l’avenir de la révolution communiste. Dans le cadre du triple retour mentionné ci-dessus, le retour à la politique de classe est le noeud le plus fondamental des luttes ouvrières à l’ère de la réforme et de l’ouverture. Selon les militants de gauche qui étaient à la Jasic, y compris les ouvriers et les étudiants, toute l’histoire de l’humanité est l’histoire de lutte des classes. Bien qu’elle ait été la forme politique la plus importante de la transition socialiste en Chine à l’époque de Mao, la politique de classe a été abandonnée avec la condamnation, suite aux réformes, de la Révolution culturelle et de la ligne politique de Mao. La politique de réforme et d’ouverture symbolise l’entrée de la Chine dans le capitalisme mondial, avec la transformation des relations de production et de reproduction et l’abandon de la voie historique du socialisme. Après quarante ans de réformes, la Chine est devenue « l’usine du monde », avec plus de 280 millions de travailleurs migrant des campagnes vers les villes, 90 millions d’ouvriers licenciés des entreprises d’État et des millions de diplômés universitaires qui rejoignent la masse des nouveaux travailleurs chaque année. Par « usine du monde », nous entendons non seulement l’énorme capacité productive de la Chine dans la production mondiale, mais aussi la cristallisation du processus par lequel le capitalisme mondial, à travers une reproduction élargie, a canalisé la vie sociale des pays non capitalistes vers la mondialisation. Au cours de la première période des réformes, le marché a pris le dessus et la Chine a attiré des capitaux transnationaux du monde entier, en particulier de Hong Kong, de Taïwan, de Corée du Sud, des États-Unis et d’Europe occidentale. L’entrée de la Chine dans l’économie mondiale du XXIème siècle a coïncidé avec la production et la reproduction de la nouvelle classe ouvrière. Les luttes de la nouvelle classe ouvrière chinoise, à mesure que celle-ci passera de classe en soi à classe pour soi, ne vont pas seulement remodeler les rapports de classe en Chine, mais affecteront aussi les rapports de classe à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, sous le slogan du « rêve chinois » de renouveau national, la société chinoise est de plus en plus capitaliste et autoritaire. La forme d’expression la plus récente du rêve chinois est la tentative de passer du made in China au created in China ; on ne voit pas bien comment ce projet capitaliste pourrait être considéré comme innovant, puisqu’il continue à être basé sur l’accumulation du capital et l’exploitation des travailleurs. La contradiction intrinsèque de la révolution chinoise, autrefois animée par l’objectif de mettre fin à l’impérialisme et au capitalisme, réside précisément dans le fait qu’elle s’inscrit dans le contexte de ces réformes.
Edité le 07-12-2020 à 19:53:25 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:05:22
| Du « made in China » au « created in China » En atteignant l’objectif d’adhésion à l’OMC en 2001, la Chine a enfin pu se connecter au capitalisme mondial. En conséquence, accompagnée de réformes structurelles, la marchandisation de la société chinoise s’est visiblement intensifiée, investissant la terre, les ressources naturelles, le travail et les services publics. Il est clair que chaque étape des réformes dans la transition d’une économie planifiée à une économie de marché a été le résultat de l’intervention de l’État – et de sa main visible. L’État a consciemment attiré les investissements étrangers, ouvert des zones économiques spéciales et des villes industrielles, fourni un soutien technique et des infrastructures de haute qualité, assuré une main-d’oeuvre qualifiée, peu coûteuse et bien formée, dans des proportions immenses. Afin d’élargir le marché intérieur et international de manière à absorber les contradictions internes de l’accumulation capitaliste, les dirigeants autoritaires de la nouvelle génération, sous l’impulsion du « rêve chinois », soutiennent vigoureusement les entreprises d’État, favorisent leur renforcement et leur extension et les incitent à se tourner vers l’étranger. La volatilité inhérente au capitalisme mondial encourage également l’approfondissement continu des réformes chinoises. Le développement économique encouragé au nom de l’innovation technologique est la seule option possible. En 2015, le Conseil d’État chinois a publié le plan « Made in China 2025 », dont les objectifs, exposés par Li Keqiang, sont notamment les suivants : « promotion d’un développement axé sur l’innovation ; conversion à l’intelligence artificielle ; renforcement des bases économiques et technologiques ; développement vert ; accélération de la transition d’un grand pays manufacturier à une puissance dans le secteur ». L’innovation économique et technologique de la Chine vise clairement les États-Unis, leur faisant concurrence et luttant pour la position hégémonique qu’ils ont maintenue dans l’ordre mondial depuis la fin de la guerre froide. L’escalade inexorable de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis ne peut être résolue par des négociations entre les hauts dirigeants des deux pays. En raison de la logique d’accumulation capitaliste et de la course au contrôle des ressources et des marchés mondiaux, la guerre commerciale est un maillon indispensable dans la concurrence et la crise capitaliste mondiale. Néanmoins, tout ce que montrent les médias est le conflit commercial entre deux États ; pire encore, les grands médias donnent l’idée que les travailleurs chinois et américains sont sur des positions opposées, ignorant complètement l’impact du développement du capitalisme mondial sur la classe ouvrière des deux pays.
Edité le 07-12-2020 à 22:45:03 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:06:08
| La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis intensifie le conflit capital-travail La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis a encore exacerbé le conflit entre le capital et le travail. En prélude à cette « provocation totale », les États-Unis avaient déjà imposé deux séries de sanctions contre la Chine, frappant surtout les secteurs de la chimie inorganique, de l’électromécanique et de l’optoélectronique, du transport ferroviaire, des pneus en caoutchouc pour l’aéronautique, etc., dans une évidente contre-attaque américaine contre l’industrie de haute technologie, au coeur du Made in China 2025. En outre, tous les produits pour lesquels la Chine a un excédent commercial par rapport aux États-Unis seront soumis à des sanctions similaires ; il s’agit notamment des minéraux bruts, des produits de consommation courante, des plastiques et du verre. Dès que les États-Unis commenceront à imposer de nouvelles sanctions, la fabrication chinoise, qu’elle soit de haute ou de basse technologie, sera endommagée. Étant donné que l’innovation touche tous les secteurs de l’économie, le champ de l’industrie qui subira les conséquences des sanctions – des produits de première nécessité à l’industrie légère en passant par la manufacture mécanique – s’élargira progressivement. En ce qui concerne la Chine, la guerre commerciale touchera principalement deux domaines. Premièrement, les sanctions contre l’industrie manufacturière chinoise vont accélérer la fuite des capitaux étrangers de la région sud-est du pays, ce qui comprimera davantage les salaires des travailleurs chinois et leurs propres possibilités d’emploi. Deuxièmement, la suppression des droits de douane sur les produits agricoles américains importés en Chine va affecter les conditions de vie des paysans chinois, obligeant un nombre encore plus important d’entre eux à migrer vers les villes à la recherche de travail. La guerre commerciale, en opposant les intérêts de la classe ouvrière chinoise à ceux des paysans chinois, a ouvert un piège. Si l’administration Trump impose de nouveaux droits de douane tout aussi sévères à l’importation de biens industriels en provenance de Chine, ce sont les travailleurs chinois qui en subiront les conséquences. L’ironie, cependant, est que même si le gouvernement américain devait faire un compromis, le gouvernement chinois ouvrirait conséquemment son marché aux produits agricoles américains dans une plus large mesure, causant des pertes aux profits des paysans chinois. Prise dans ce cercle vicieux, la guerre commerciale continue d’affecter la nouvelle classe ouvrière chinoise, qui par ailleurs est largement composée de paysans. La lutte de la Jasic est précisément le produit de ces contradictions.
Edité le 07-12-2020 à 19:54:46 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:07:06
| La radicalisation de la nouvelle classe ouvrière chinoise La crise de l’industrie manufacturière chinoise a durement frappé la classe ouvrière, influençant directement les luttes des travailleurs d’aujourd’hui et de demain. Selon les statistiques disponibles en ligne, ces luttes ont connu une augmentation vertigineuse depuis 2010, se manifestant principalement dans le delta de la Rivière des Perles. Les inégalités croissantes ont conduit les travailleurs chinois à prendre conscience qu’ils sont confrontés à une structure de pouvoir où différents groupes d’intérêts sont entremêlés – par exemple, les compétitions entre États, le suprématisme du PIB (GDP zhishangzhuyi), les complots du capital et du gouvernement – et à réaliser qu’aucun individu en position de pouvoir ne se soucie d’eux, à moins que les travailleurs eux-mêmes ne s’organisent, ne construisent des syndicats qui leur appartiennent vraiment, ne défendent leurs droits et ne fassent entendre leur voix. Vue sous cet angle, la lutte des travailleurs de la Jasic pour le syndicat n’apparaît pas du tout comme l’activité isolée et soudaine d’une minorité de travailleurs radicalisés, mais comme une conséquence directe du mécontentement de longue date face à l’impossibilité d’avoir une organisation véritablement représentative des ouvriers chinois. Les travailleurs ont progressivement pris conscience de l’importance des revendications économiques – telles que les augmentations de salaire, une rémunération équitable, un emploi adéquat, le bien-être et la sécurité du logement – mais sans une organisation unitaire de classe qui leur appartienne vraiment, tout succès dans ces batailles sera tôt ou tard frustré. En bref, la nouvelle génération de la classe ouvrière chinoise traverse un processus de prolétarisation encore plus profond. Cela signifie que sur les chaînes de production, dans les usines, dans les dortoirs des travailleurs, dans tous les endroits où se déroulent les complications et les contradictions de la vie des travailleurs, la politique de classe fait son retour. Dans l’existence quotidienne, dans les espaces de vie et de travail, les nouvelles classes ouvrières se battent avec acharnement, utilisant toutes sortes d’initiatives, pour se former en tant que classe (zhengqu jieji xingcheng ; class formation). Les activités collectives mises en pratique par les ouvriers migrants (nongmingong) démontrent clairement que la revendication du syndicat a été stimulée par le choc entre le capital et le travail. Parmi les exemples concrets, citons les grèves de 2010 chez Honda (Canton), les grèves chez Ohm et les grèves de 2014 chez Yue Yuen. La nouvelle génération de travailleurs continue à formuler des revendications démocratiques légitimes et légales et à faire entendre sa voix en faveur d’une organisation qui représente ses intérêts. Au fur et à mesure que ces luttes et ces efforts se sont intensifiés, les ouvriers ont également subi de dures attaques de la part du gouvernement chinois, mais la répression de l’État n’a abouti qu’à une suspension temporaire des mobilisations collectives. Les arrestations infligées aux étudiants et aux travailleurs n’ont nullement effacé les contradictions de classe ; au contraire, elles ont seulement rendu la stratégie et la direction de la lutte toujours plus claires et plus stables. À travers le mouvement à la Jasic, nous avons constaté que la répression étatique n’a pas été capable de terrifier et d’écarter les groupes étudiants de solidarité ; au contraire, elle a convaincu encore plus de groupes étudiants de gauche – dont la plupart appartiennent au réseau des sociétés d’études marxistes au sein des universités – de s’engager résolument aux côtés des travailleurs.
Edité le 07-12-2020 à 19:56:04 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:08:08
| Retour au communisme marxiste Les graves disparités de classes qui sont apparues en Chine depuis l’après-Mao ont remis en question l’idéologie hégémonique du « socialisme aux caractéristiques chinoises ». Ce qui est appelé « socialisme aux caractéristiques chinoises » est un hybride de l’idéologie socialiste officielle et de la réalité capitaliste concrète. L’hypocrisie idéologique de cet hybride, par rapport à la réalité, l’a rendu totalement injustifiable. Le fossé qui existe entre la doctrine propagée et la réalité concrète a induit la réflexion critique des militants étudiants : qu’est-ce qui, en fin de compte, a favorisé la survie des inégalités de classe au sein du système actuel ? Qu’implique un avenir authentiquement communiste ? Pour comprendre ce qu’est le communisme marxiste, il est nécessaire de prendre du recul et de considérer la question à partir d’une double critique : premièrement, il est nécessaire d’aborder de manière critique l ’idéologie de réforme et d’ouverture de Deng Xiaoping, basée sur la négation du communisme de Mao ; deuxièmement, il est nécessaire de critiquer les inégalités de classe existant actuellement et le socialisme aux caractéristiques chinoises, afin de revenir au communisme authentique invoqué par les étudiants des groupes marxistes . Avec la polarisation de plus en plus marquée de la société, l’idéologie du « socialisme aux caractéristiques chinoises » ne pouvait qu’entrer en crise. Formés au marxisme, notamment aux textes classiques de Marx, les étudiants s’interrogent sur les rapports actuels de production, mais aussi sur la distance entre l’idéologie officielle et la réalité sociale marquée par l’exploitation des travailleurs. En 2009, soutenus par des militants étudiants, les ouvriers du bâtiment ont organisé une manifestation devant la Fédération des syndicats à Pékin, réclamant la formation d’un syndicat. Plus récemment, des intellectuels et des étudiants de gauche ont participé et soutenu les nouvelles luttes ouvrières, surtout dans les périodes où l’exploitation s’est faite particulièrement féroce, comme en témoignent les différents cas de suicide des travailleurs de Foxconn. En participant aux enquêtes sur les conditions de travail au sein de Foxconn, de nombreux étudiants ont développé de profonds sentiments de classe et ont compris l’importance des organisations ouvrières. La solidarité avec les travailleurs d’Apple et de Foxconn s’est exprimée principalement à travers deux revendications : permettre aux travailleurs de s’auto-constituer en syndicat et s’opposer à l’emploi d’étudiants comme stagiaires. Enfin, au cours de l’été 2018, des universitaires ont activement rejoint les travailleurs contre la répression policière violente visant à empêcher la formation du syndicat. La lutte à la Jasic s’inscrit donc dans le prolongement de la lutte unitaire menée par l’alliance étudiants-travailleurs. Les étudiants des groupes marxistes de Nanjing et de Pékin ont commencé à soutenir activement les travailleurs de la Jasic alors les choses venaient à peine de commencer, en se coordonnant avec d’autres forces de gauche – intellectuels, activistes des réseaux sociaux et anciens travailleurs des entreprises d’État – et en leur demandant d’exprimer leur solidarité en se rendant à Shenzhen ou ailleurs. Ce sont ces activités de coordination qui ont attiré la répression répétée du gouvernement contre les étudiants. Le 1er mai, alors qu’ils se rendaient à l’usine pour faire du travail pratique, Qiu Zhanxuan, ancien président de la Société d’études marxistes de l’Université de Pékin, et d’autres membres de cette même société, ont été arrêtés par la police. Après avoir perdu sa trace, les autres étudiants ont publié ses « aveux » (zibaishu). Dans ce texte, Qiu Zhanxuan explique comment il est devenu militant de gauche et a développé une conscience de classe ainsi qu’une perspective politique : Pendant longtemps après mon entrée à l’université, j’ai été convaincu que tout était une question de différences de classe. La famille de mon oncle était très pauvre et il devait souvent aller travailler à l’aube, il ne pouvait donc pas se permettre d’être comme mon père et de jouer jusqu’à deux ou trois heures du matin, ou de perdre mille kuai en une seule soirée sans cligner des yeux. Alors une sorte d’humanisme rudimentaire est né en moi… puis, après avoir connu l’usine, les rythmes de la chaîne de montage, une vie où l’aujourd’hui ne me permet pas d’entrevoir le lendemain, j’ai fait l’expérience directe de ce que signifient l’oppression institutionnalisée et l’inégalité structurelle ! […] Les travailleurs sont épuisés douze heures par jour, ils doivent payer le loyer et l’école de leurs enfants, et ils doivent faire très attention à ne pas tomber malades ; pendant ce temps, le patron est allongé sur son fauteuil en cuir, dans son bureau magnifiquement décoré. Des machines et un capital initial lui suffisent pour se sentir en droit de faire travailler les ouvriers comme des bêtes. J’avais sous les yeux la réalité de l’antagonisme entre les deux classes principales. Il apparaît donc que des étudiants comme Qiu Zhanxuan ont pris conscience de l’inégalité des classes dans la société chinoise non seulement à partir des oeuvres de Marx, mais aussi de leur propre expérience de vie. Et c’est l’expérience du travail en usine qui les a conduits à entreprendre cette énorme transformation, leur donnant le courage de lutter contre le système chinois et ses inégalités. C’est cette détermination qui leur a permis de continuer à défier l’autorité de la police même après avoir été arrêtés pour avoir apporté leur solidarité à la lutte de la Jasic. Avant même les événements du 1er mai, Qiu Zhanxuan avait été détenu et maltraité par la police pendant cinq jours. Bien qu’il sache que dénoncer les abus dont il a été victime lui vaudra une nouvelle punition, il décide, avant de partir pour l’usine, d’enregistrer des vidéos où il expose les crimes commis par la police. Après sa disparition, les autres étudiants les ont tous publiés : Le premier jour, ils ont imprimé les articles du code pénal sur la subversion et l’incitation à la subversion, ils m’ont fait lire à haute voix et m’ont dit : “Voici tes crimes”. Le deuxième jour, alors que je venais de m’approcher de la pièce, quelqu’un m’a giflé cinq fois au visage. J’ai saigné du nez et j’ai taché le sol. Un gros flic m’a regardé d’une manière dégoûtante et m’a dit des choses comme : “tu sais que je t’aime vraiment bien, j’aimerais mieux te connaître”. Comme ça, pour faire pression sur moi. Le troisième jour, ils ont mis des enceintes à côté de mes oreilles et m’ont obligé à écouter pendant trois heures le rapport d’ouverture du XIXème Congrès. Puis ils m’ont demandé ce que je pensais du crime d’incitation à la subversion. Le quatrième jour, un policier m’a déshabillé complètement et m’a fait pencher mon torse sur le bureau, puis m’a fait élargir l’anus pour s’assurer que “je n’y avais caché aucun enregistreur”. Le cinquième jour, j’ai pu voir pour la première fois un maître de conférences superviseur des stagiaires, qui s’est égosillé pour me convaincre de renoncer. […] Plus la persécution s’aggrave, plus leurs attaques sont lourdes, plus ma colère et ma haine s’accumulent… mais la vérité du marxisme-léninisme-maoïsme n’est pas de leur côté. Les larges masses opprimées et exploitées du peuple, qui se comptent par millions, ne le sont pas non plus. C’est précisément à cause de sa mauvaise conscience et de sa terreur que la bourgeoisie bureaucratique ne peut se passer de la répression par des moyens violents. Le jour viendra enfin où la théorie s’intégrera à la pratique et le socialisme au mouvement ouvrier, formant un puissant torrent aussi fort que l’acier, qui submergera complètement la machine étatique corrompue, archaïque et antipopulaire ! Les authentiques combattants prolétariens doivent créer une avant-garde audacieuse et s’endurcir pour devenir la lame tranchante plantée au coeur de l’ennemi ! Allez, luttons ! Notre idéal adviendra enfin, l’internationale sera le genre humain ! Si le soutien des étudiants à la lutte des ouvriers de la Jasic les a attirés vers la répression de l’appareil d’État, celle-ci a néanmoins consolidé leur foi dans le communisme marxiste. Une autre étudiante militante de l’Université de Pékin, Shen Yuxuan, dans ses « aveux » du 3 mai 2019, intitulés « Devenons fermes comme le fer, n’ayons pas peur des barreaux et des menottes », a déclaré : Être membre de la société d’études marxistes est mon péché originel à l’université de Pékin. Comme si cela ne suffisait pas, j’ai même osé soutenir les droits des travailleurs souffrant de pneumoconiose, me montrer solidaire de la lutte des travailleurs de la Jasic pour le syndicat, me déclarer en faveur du retour de la Gongyou zhi jia [l’ONG Home of Workers] pour parler aux travailleurs du campus, et j’ai même publié un article dans lequel j’attaquais l’université pour avoir forcé certains camarades à suspendre leurs études. Un crime après l’autre, il n’y a pas à dire ! […] Étudiants, travailleurs ! Notre vie ne devrait pas être comme ça. L’exploitation et l’oppression n’ont pas toujours existé, et n’existeront pas toujours. Le marxisme est notre seule issue, tenons-nous la main, créons une nouvelle vie ! Les déséquilibres évidents entre les classes et les autres problèmes rencontrés par les étudiants pendant leur travail à l’usine en période estivale ainsi que la montée progressive de la conscience de classe chez les ouvriers chinois ont favorisé le retour du communisme marxiste. Alors que leurs pairs de la classe moyenne voyagent à travers le monde et se remplissent de produits de luxe avec les économies de leurs parents, dans un tout autre registre, les étudiants issus de familles ouvrières ou ayant des idéaux particulièrement nobles se débattent entre deux emplois pour payer leurs dépenses quotidiennes, ou découvrent la vie misérable de la classe ouvrière, ou les deux. Tout cela a produit un profond sentiment de contradiction historique chez les étudiants qui croient au marxisme et remettent en question l’idéologie officielle. La machine étatique est alignée sur le capital et a fait du maintien de la stabilité sa mission, mais la violence de l’appareil répressif a rendu ses propres destinataires encore plus assoiffés de communisme authentique.
Edité le 07-12-2020 à 19:59:20 par Xuan
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| Posté le 07-12-2020 à 19:09:40
| Retour à la ligne de masse de Mao Lutte, échec, nouvelle lutte, nouvel échec, nouvenouvelle lutte encore – jusqu’à la victoire ; c’est la logique du peuple et lui non plus n’ira jamais à l’encontre de cette logique… Mao Zedong, Rejetez vos illusions et préparez-vous à la lutte - 1949 La théorie de la lutte de Mao a trouvé un écho dans les efforts des étudiants pour attiser une imagination révolutionnaire orientée vers la création d’un mouvement communiste. Selon les maoïstes, la bourgeoisie est devenue le sujet historique de la société actuelle, elle détient le pouvoir au sein du parti et s’est constituée à son tour en « parti de classe ». Les partis de classe sont à la fois le produit et la conséquence de la lutte des classes ; pour cette raison, Mao ne s’est jamais lassé d’expliquer le problème à partir du concept de « poursuite de la révolution ». Cependant, la ligne de masse de Mao se situe sur un plan diamétralement opposé à certaines idées de la gauche européenne telles que « l’autonomie » ou « la politique au-delà des partis ». Contrairement à la nouvelle gauche occidentale, je crois que le communisme – l’idéal au centre d’une politique de gauche – ne peut absolument pas être récupéré sous la forme métaphysique de la perspective du premier monde, mais doit nécessairement surgir de la perspective de classe du tiers monde, terre d’anges et de démons, et renaître au cours du développement dialectique des mouvements du tiers monde. La lutte contre la Jasic montre que la gauche chinoise a visé les vrais ennemis, plutôt que de réduire de façon simpliste la « défaite du communisme » au modèle organisationnel ou à la forme-parti elle-même. Leur organisation était très serrée : ils ont d’abord attaqué le capital, c’est-à-dire la couche dirigeante de l’usine, puis la police locale et la machine étatique locale, ce qui a entraîné une vague d’arrestations et de détentions. Les militants chinois se sont continuellement posé des questions fondamentales : qu’est-ce qu’une révolution communiste ? Qui est l’ennemi ? Quels sont les objectifs ? Avec quelles méthodes est-il possible d’atteindre les objectifs de la révolution ? Pour répondre à ces questions, ils se sont inspirés de deux écrits de Mao : La Grande Union des Masses Populaires, 1919 , et l’Analyse des classes dans la société chinoise, 1926 . Qui sont nos ennemis et qui sont nos amis ? – a demandé Mao en 1926. La question est de première importance pour la révolution. Si, par le passé, toutes les luttes révolutionnaires en Chine ont échoué, c’est principalement dû à l’incapacité des révolutionnaires à rassembler leurs vrais amis pour attaquer leurs vrais ennemis. L’objectif concret de la révolution est la destruction du droit bourgeois. Sur cette base, la société communiste peut être construite et la liberté, les activités et l’indépendance de l’ensemble de l’humanité peuvent se réaliser. Par conséquent, le parti et la forme-parti apparaissent nécessairement au cours de l’histoire de ce conflit comme une conséquence de la lutte des classes. Qu’est-ce que la ligne de masse ? En 1919, alors que le mouvement du 4 Mai venait de se terminer, Mao écrivit La Grande Union des Masses Populaires : Qui sont les masses populaires ? Nous sommes des paysans, nous voulons donc nous unir à tous ceux qui cultivent la terre… Nous sommes des ouvriers, nous voulons donc rejoindre tous ceux qui font le même travail que nous… Nous sommes des étudiants. … Nous sommes déjà au 20ème siècle… Nous sommes des femmes. Nous nous noyons plus que quiconque dans un océan de souffrance ! … Nous voulons former une union entre nous, les femmes ! Ce texte constitue la base de la ligne de masse sur laquelle le Parti communiste chinois s’est appuyé pour définir progressivement sa politique de masse : « Tout pour les masses ; s’appuyer sur les masses dans toute activité ; partir des masses, aller aux masses ». La ligne de masse ne trouve pas d’équivalent dans les autres partis : il s’agit non seulement d’un slogan politique, mais aussi de la définition précise d’une politique révolutionnaire organique. Le Parti communiste chinois est né après la fin du mouvement du 4 Mai en 1919, en tant qu’avant-garde de la classe ouvrière et guide des masses vers la révolution communiste. Avant la guerre contre le Japon puis contre le Kuomintang, le Parti communiste chinois avait des formes d’organisation plutôt vivantes et multiformes : syndicats d’étudiants, écoles du soir, équipes allant s’établir dans les usines, syndicats, ligues de paysans et unions de femmes étaient parmi les plus courantes. Des intellectuels et des étudiants progressistes, par exemple, ont fondé des sociétés d’études marxistes au sein des universités. Des étudiants de l’université de Pékin, dont Deng Zhongxia, ont ouvert une école du soir pour les cheminots de l’usine n° 27, à la périphérie de la ville. Deng Zhongxia et d’autres dirigeants ouvriers ont également formé un syndicat pour organiser les luttes des travailleurs, ce qui symbolise la naissance du mouvement ouvrier en Chine avec la participation de groupes marxistes. De même, Mao s’est rendu dans les célèbres mines de charbon d’Anyuan, où les ouvriers se débattaient pour organiser un mouvement de lutte. De la pratique des étudiants de gauche d’aller dans les usines pour organiser les travailleurs est née une maxime fondamentale de la tradition révolutionnaire : « manger avec les ouvriers, vivre avec les ouvriers, travailler avec les ouvriers ». L’auto-transformation de soi-même en travailleurs constituait la « politique du corps » de l’alliance travailleurs-étudiants avec pour objectif de changer la société. Le 26 décembre 2018, des délégués du Groupe de solidarité avec les ouvriers de la Jasic se sont rendus à Shaoshan à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Mao. Tous les étudiants présents à la commémoration ont ensuite été arrêtés ou expulsés. La méthode révolutionnaire de Mao incluait non seulement la ligne du parti de type léniniste, mais aussi la ligne de masse. Le Groupe de solidarité a accordé la plus grande considération à ce moment et avait en fait invité les étudiants, les travailleurs, les paysans, les cadres à la retraite, les journalistes, les artistes et tous les autres militants à soutenir la lutte à la Jasic. Pour beaucoup d’étudiants qui ont participé à cette bataille, la révolution chinoise de 1949 n’a pas été la victoire finale de la révolution communiste ; au contraire, 1949 a signifié l’ouverture d’un nouveau chapitre au sein duquel la révolution peut se poursuivre dans les conditions d’une ère nouvelle. Fondamentalement, la révolution chinoise de 1949 est une révolution inachevée. Elle était un produit du « socialisme dans un seul pays », à l’intérieur d’un nouvel ordre mondial qui la voyait entourée de puissants États capitalistes. Le Parti communiste chinois a unifié le pays et chassé les forces de l’impérialisme, mais n’a pas été en mesure de mettre en oeuvre une véritable transition vers le communisme, qui comporte dans sa phase finale l’auto-extinction du système du Parti-État. Stuart R. Schram, un spécialiste de la pensée de Mao, souligne que la théorie dialectique révolutionnaire qu’il a développée considérait l’humanité, la société et l’univers dans leur changement inarrêtable et incessant ; ceci, tout en rompant avec la tradition de pensée soviétique, a formé le noyau du maoïsme. Avec l’ouverture de la révolution socialiste, Mao a opéré une distinction des forces hostiles entre celles par rapport auxquelles existaient des « contradictions de classe » et celles qui relevaient des « contradictions au sein du peuple ». La ligne de masse et la lutte des classes ont toujours été étroitement liées à la construction du socialisme, dont elles constituent un élément constitutif essentiel. La poursuite de la révolution soutenue par Mao ne visait pas seulement à neutraliser les ennemis internes : elle exigeait aussi que la révolution soit portée à un niveau encore plus profond, en résolvant les contradictions au sein du peuple et entre l’homme et la nature. Sans un achèvement de la révolution chinoise et une continuation jusqu’à son terme, les forces de la bourgeoisie allaient trouver un moyen de ressusciter. En Chine, surtout aujourd’hui, l ’opposition entre la bourgeoisie et la classe ouvrière réapparaît avec la même forme historiquement assumée par la contradiction entre la bureaucratie et les masses. Mais en vérité, tous ces affrontements ne sont que des contradictions de classe. La lutte contre la Jasic s’est développée dans ce contexte historique, ce qui explique aussi pourquoi les étudiants de gauche se sont qualifiés eux-mêmes de « bons élèves du président Mao » (Mao zhuxi de hao xuesheng). Au cours de la lutte, les militants ont soigneusement mis en pratique une forme d’organisation basée sur la ligne de masse : ils sont entrés dans les usines et ont étudié et vécu avec les travailleurs ; ils ont maintenu de bonnes relations avec les travailleurs, ont ouvert des centres ouvriers, ont travaillé dans les zones industrielles, ont préparé des ateliers sur les droits légaux et des activités d’empowerment culturel. Parallèlement, ils ont fondé des sociétés d’études marxistes dans les universités et ont recruté de nouveaux étudiants, qu’ils ont ensuite envoyés dans les zones industrielles, où ils sont entrés en usine pour travailler ou se sont liés aux activités des ouvriers. Leur foi dans le communisme marxiste et leur utilisation de l’analyse de classe ont structuré et soutenu leur organisation à de nombreux niveaux différents (multi-site organizing). Dans son message de fin d’année 2019, le Groupe de solidarité avec les travailleurs de la Jasic a écrit : Tout d’abord, les jeunes ouvriers qui sont apparus lors de la lutte à la Jasic ont profondément compris la situation de la classe ouvrière, son positionnement dans la couche la plus inférieure de la société et l’oppression dont elle souffre, et ont également compris la véritable issue pour cette classe : la lutte unitaire. […] Deuxièmement, la lutte à la Jasic était une grande union (de lianhe) des forces de gauche, une grande union des forces sociales justes. Les nouveaux ouvriers, les étudiants de gauche, les anciens ouvriers, les anciens camarades, les personnes engagées dans des activités d’intérêt public et de défense des droits des travailleurs, tous ceux qui sont du côté des droits des ouvriers en actes et pas seulement en paroles, se sont unis au cours de cette lutte. C’est la première fois depuis des décennies que l’on voit une union aussi vaste. Troisièmement, la lutte à la Jasic a conduit à la création d’une organisation sur le modèle du Groupe de solidarité, un succès concret de l’union de gauche. Le Groupe de solidarité a adopté le principe selon lequel “là où il y a de l’oppression, il y a de la solidarité”… Dans l’année à venir, le Groupe de solidarité avec les ouvriers de la Jasic se battra jusqu’au bout aux côtés de toutes les autres masses opprimées ! Bien que cette organisation spontanée ait été réprimée et anéantie, on ne peut pas dire qu’elle soit morte de mort naturelle. Promouvoir des écoles du soir imitant les premiers communistes ou soutenir les luttes pour les droits des travailleurs en ouvrant des centres ouvriers ou des ONG sont désormais des choses impraticables ; si même la tentative des travailleurs de la Jasic de former un syndicat sous la direction de la Fédération nationale des syndicats a été défaite, la tactique consistant à mener des luttes légales par le biais du système syndical du Parti-État a également échoué. Bien que l’écrasante majorité des étudiants ait été touchée par la répression, le principe de manger, vivre et travailler avec les ouvriers s’est fermement enraciné dans l’activisme étudiant. Tant que la lutte des classes persistera, la forme d’organisation basée sur la ligne de masse de Mao ne pourra que réapparaître.
Edité le 07-12-2020 à 22:32:48 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:10:08
| Conclusions Aujourd’hui, l’idéal du communisme semble s’être évaporé, mais la lutte pour sa réalisation n’a certainement pas disparu : au contraire, elle est la source historique de la lutte à la Jasic, et la revendication du syndicat en est la forme expressive. Les militants ouvriers et étudiants ont défié l’idéologie officielle et la machine d’État. Bien que cela ait conduit à leur arrestation, le plus important est qu’une alliance de travailleurs avec des étudiants de gauche a pris forme. Le sombre avenir qui attend la Chine après le développement économique rapide, le monopole du capital et une distribution de plus en plus déséquilibrée des richesses ont conduit à ce que la jeune génération de Chinois soit appelée « la génération tabassée » (bei aida de yidai). Malgré cela, au cours de la lutte à la Jasic, un groupe de jeunes gens avancés a émergé, désireux d’entrer activement dans le mouvement ouvrier. Les membres du Groupe de solidarité sont tous des étudiants nés après 1990, pleins d’idéaux de gauche et déterminés à renoncer à tous les privilèges apportés par leur éducation élitiste, qui ont décidé d’entrer dans les usines et de devenir des ouvriers à la chaîne. Ils ont sacrifié leurs vacances d’été pour se rendre dans les zones industrielles et apporter leur soutien au mouvement ouvrier. Leurs initiatives ont renouvelé l’appel à l’unité des travailleurs et des étudiants, dans la tradition des mouvements radicaux de gauche dirigés par le parti communiste chinois des origines. La lutte à la Jasic a ouvert un nouveau chapitre historique pour le mouvement ouvrier. Son importance réside dans le fait d’avoir permis à la politique de gauche de se remettre sur les rails et aux révolutionnaires de continuer à emprunter des chemins inexplorés à partir d’un nouveau point de départ. Le retour à la politique de classe, au communisme et à la ligne de masse de Mao fournit les bases nécessaires au mouvement ouvrier et étudiant de gauche en Chine. La nouvelle vitalité de la ligne de masse de Mao et de la politique de classe a dépassé le cadre de la société civile et des ONG et a remodelé l’avenir des luttes ouvrières pour surmonter le capitalisme et passer au véritable communisme. Pun Ngai, 25 août 2020 Pun Ngai, sociologue et anthropologue, est professeur à l’université de Hong Kong. Elle a fondé et préside le réseau des travailleuses migrantes chinoises. Son livre Made in China. Vivre avec les ouvrières chinoises, est disponible en français aux Éditions de l’Aube. 1- Nous nous sommes basés pour la traduction sur la version italienne parue dans basés pour la traduction sur la version italienne parue dans Sinosfere.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 07-12-2020 à 19:32:05
| Ce texte est intéressant en ce qui concerne la classe ouvrière chinoise, qui contrairement à celle de Russie fait l’expérience du capitalisme dans certaines entreprises. Par contre il y a beaucoup à dire sur l’orientation de l’article, qui se prétend maoïste mais en réalité profondément étranger à la pensée maotsétoung. Le premier chapitre du petit livre rouge s’intitule le Parti Communiste. C’est une dérive majeure de la révolution culturelle de s’être orientée vers un double pouvoir, et la constitution d’un parti « gazeux » opposé au PCC en définitive. Cette orientation n’a aucune issue, sauf tomber dans les bras de l’impérialisme. Le révisionnisme aussi d’ailleurs. C’est je crois une particularité de la Chine – et des anciennes colonies – de retomber sous la domination étrangère si elle dérive de son but.
________________ Le texte dérive en confondant à plusieurs reprises socialisme et communisme. l’idéologie de réforme et d’ouverture de Deng Xiaoping, basée sur la négation du communisme de Mao ; deuxièmement, il est nécessaire de critiquer les inégalités de classe existant actuellement et le socialisme aux caractéristiques chinoises, afin de revenir au communisme authentique invoqué par les étudiants des groupes marxistes. Le texte donne une large place à Pour répondre à ces questions, ils se sont inspirés de deux écrits de Mao : La Grande Union des Masses Populaires, 1919 un texte qui ne relève pas de la pensée maotsétoung, lorsqu'il n'était pas encore marxiste mais proche de thèses de Kropotkine. Egalement il trahit complètement de la pensée maotsétoung ici : Mao a opéré une distinction des forces hostiles entre celles par rapport auxquelles existaient des « contradictions de classe » et celles qui relevaient des « contradictions au sein du peuple » . Jamais Mao ne parle de forces hostiles à propos des contradictions au sein du peuple. Et c’est aussi une des dérives de la révolution culturelle. La poursuite de la révolution soutenue par Mao ne visait pas seulement à neutraliser les ennemis internes : elle exigeait aussi que la révolution soit portée à un niveau encore plus profond, en résolvant les contradictions au sein du peuple et entre l’homme et la nature. Les contradictions au sein du peuple ne sont pas les objectifs à résoudre en priorité en Chine, compte tenu au moins de l'environnement impérialiste. Quant à l’unité ouvriers-étudiants, c’était peut-être un slogan en 68, mais il ne s’applique pas à la Chine. Les étudiants ne sont pas une classe sur laquelle le prolétariat peut s’appuyer. Les paysans ont été la force motrice de la révolution de démocratie nouvelle mais leur proportion a fortement diminué. Notamment dans l'exode vers les villes beaucoup sont devenus des ouvriers. Dans l’analyse de classe de la société chinoise, les étudiants constituaient pas une classe à part entière mais faisaient partie de la petite bourgeoisie. Pour finir sur le conflit US vs RPC, le texte dit à peu près n'importe quoi, d'abord en ignorant que ce conflit est l'initiative des USA, puis il invente une "suppression des droits de douane sur les produits agricoles américains importés en Chine" "Si l’administration Trump impose de nouveaux droits de douane tout aussi sévères à l’importation de biens industriels en provenance de Chine, ce sont les travailleurs chinois qui en subiront les conséquences" . En fait ce sont les consommateurs US qui ont payé ces droits de douane. "L’ironie, cependant, est que même si le gouvernement américain devait faire un compromis, le gouvernement chinois ouvrirait conséquemment son marché aux produits agricoles américains dans une plus large mesure, causant des pertes aux profits des paysans chinois. Aucun détail sur les produits importés en Chine qui feraient concurrence à la production chinoise. Manifestement l'article dit n'importe quoi. Mais surtout il ne dénonce pas la guerre des tarifs US, voire se positionne contre la Chine. Dans « du made in China » au « created in China » l’article écrit : La volatilité inhérente au capitalisme mondial encourage également l’approfondissement continu des réformes chinoises. Le développement économique encouragé au nom de l’innovation technologique est la seule option possible. C’est proprement du charabia, du reste le développement économique n’est pas encouragé « au nom de l’innovation technique » , c’est l’innovation technique qui doit dominer et entraîner ce développement, ce qui n’a rien à voir. Et on se demande en quoi cela dépendrait de la « volatilité inhérente au capitalisme mondial » Il poursuit « L’escalade inexorable de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis ne peut être résolue par des négociations entre les hauts dirigeants des deux pays » . On se demande qui alors, mais surtout l’article présente cette escalade comme la conséquence de la concurrence de la Chine et jamais comme celle de l’hégémonisme US, comme si cet hégémonisme ne devait jamais être remis en question. Le texte se réfère sans cesse au communisme , au marxisme et au maoïsme , mais dès qu'il entreprend de représenter d'analyser les faits c'est un marxisme de fantaisie émaillé de concepts "marxistes" ou "maoïstes" pour abuser les ignorants, mais qui se termine par une critique du combat anti hégémonique de la Chine socialiste.
________________ On lit aussi : on espère maintenant qu’ils pourront aussi surmonter le succès du Solidarnosc; polonais – dont le triomphe s’est tragiquement terminé par la destruction de la lutte ouvrière elle-même. La référence à Solidarnosc est inquiétante et rappelle une interview : https://www.cairn.info/revue-mouvements-2005-1-page-109.htm L’inventeur du nom Solidarnosc répond : Solidarnosc est devenu un mythe. Et grâce à ce mythe, il n’y a pas eu de réelle résistance sociale au moment où la Pologne a subi, dans les années quatre-vingt-dix, une « thérapie de choc » qui a catapulté le pays dans une forme de capitalisme … La finalité de Solidarnosc a été la destruction de toute opposition au capitalisme. Inutile de rappeler son contenu social-démocrate qui n’y est pas étranger. Le texte parle de la « bataille des travailleurs de la Jasic pour le syndicat », décrit une situation contraire au droit du travail et une lutte pour constituer un syndicat légal. On trouve une "lettre ouverte à Xi Jinping" qui défend la bonne foi des Jasic et des étudiants de la société d'études marxistes https://editionsasymetrie.org/nannu/yue-xin-lettre-ouverte-a-xi-jinping-concernant-la-lutte-des-travailleurs-de-jasic/ Cependant il est question d’un « syndicat autonome ». Un peu plus loin d’une ONG de travailleurs [Labour NGOs] Et de New bloom https://newbloommag.net/ lié aux mouvements pro démocratie à Taïwan. Le militant "de gauche" Chai Xiaoming est un trotskiste autoproclamé converti au « maoïsme de gauche». Il y a une grande ambigüité entre la volonté affichée de s'organiser dans un "syndicat légal" contre un patron et une police locale hors la loi, et les affiliations diverses et variées à des groupes "de gauche" hostiles au PCC. Pour le reste je ne sais pas dans quelle mesure le témoignage sur la lutte des Jasic est véridique. Supposons qu’elle le soit. On sait que les capitalistes n’ont pas été éliminés en Chine, Mao avait en quelque sorte codifié la part de bénéfice à laquelle ils avaient droit. Puis leur place a été considérablement augmenté avec la réforme. De là se sont développés une corruption et des abus de pouvoir et de position, parallèlement à l’exploitation des ouvriers. Mais les communistes chinois laissaient de la marge aux capitalistes afin de développer une accumulation primitive pratiquement absente. Les capitaux étrangers ont le même objectif. Dans tous les cas les capitaux doivent servir l’investissement productif et non les bulles financières, ni les empires au-dessus de l’Etat. Le cas de Jack Ma tout récent est très clair sur ce point. Les faits montrent que les salaires ouvriers ont augmenté en Chine et non diminué, que le syndicat s'est implanté dans les entreprises étrangères contre leur volonté, ainsi que les cellules du PCC. L'objectif est d'y imposer la légalité socialiste. Inversement l'article et les activistes qu'il décrit utilisent la lutte des Jasic, contre une entreprise et une entreprise locales et pour s'affilier à un syndicat légal, afin de s'opposer à l'Etat socialiste dit "capitaliste". Au lieu de défendre la légalité socialiste contre le patronat ils s'y opposent. C'est un combat d'orientation trotskiste fagoté en "maoïsme" dont l'objectif est de combattre l'Etat socialiste au moment où il est attaqué par l'hégémonisme US.
________________ Le texte oppose Mao Et Deng. En fait celui-ci a toujours insisté pour maintenir la dictature du prolétariat. Par contre un courant droitier, qui s’est appuyé sur la formation des étudiants dans les écoles occidentales par exemple, mais également sur une classe bourgeoise, s’est aussi développé dans le PCC. C’est un courant quasiment libéral. Il est intéressant de voir que ce courant vient de subir une défaite sévère. Et c’est Trump lui-même qui en est responsable, en coupant les ponts. Quant à Biden, il est un peu condamné à faire du trumpisme sans Trump pour reprendre le dernier Diplo.
________________ Le PCC a une longue histoire, et dans tous les cas le socialisme à la chinoise ou à n’importe quelle sauce nationale, est une transition. Ce n’est pas le communisme. La lutte de la classe ouvrière chinoise n’a pas d’issue si elle s’oppose au parti. Elle ne pourrait que tomber dans les bras de l’impérialisme. C’est au PCC de fixer l’orientation générale en fonction de cette lutte. Un des axes du PCC défini par Xi est l’application de la loi socialiste. En d’autres termes les entreprises qui ne respectent pas la loi socialiste, que ce soit sur les conditions de travail, le syndicat, les salaires, etc. doivent s’y plier. C’est la seule direction raisonnable.
_____________ Il y a quelque chose qui devrait nous aider, parce que la Chine est grande et diverse, les opinions des chinois tout autant : c’est l’attitude des pays impérialistes. En 2008 une campagne internationale s’est déchaînée après des troubles fomentés directement par le Dalaï Lama, dont les bonzes avaient traversé les frontières, pour mettre à sac, détruire, incendier les boutiques de Lhassa. L’objectif était le boycott des JO de Pékin. Avec la pandémie, les bourgeoisies occidentales étaient narquoises à propos des hôpitaux provisoires, puis elles se sont déchaînées sur les lanceurs d’alerte, sur « la Chine a menti » , etc. pour finir avec les mosquées « détruites » au Xinjiang, les camps de concentration, et cerise sur le gâteau le « génocide » des Ouighours. Pendant quelques décennies les impérialistes ont rêvé que la Chine allait suivre la voie de la libéralisation mais ils déchantent. Et de plus l’équilibre économique avec l’hégémonie US est en train de basculer. Les réponses respectives au covid sont extrêmement parlantes quant au résultat. Quand les morts aux USA se comptent par centaines de milliers, CNN vient pérorer sur quelques milliers de malades de Wuhan non comptabilisés le 10 février mais ajoutés le 12. Et France inter traduit ça par « des chiffres volontairement sous évalués ». C’est la marque d’une panique indescriptible et d’une merde noire. Et la solution adoptée c’est le maccarthysme, la guerre froide et l’isolement. Mais à mon avis il est trop tard. Evidemment les impérialistes ne vont pas vaincre l’épidémie chez eux, et encore moins la crise économique, en bavant sur la Chine. La seule issue serait de collaborer mais c’est impossible aussi.
_____________ Nous vivons une époque charnière. Si l’hégémonisme US est vaincu il s’ensuivra un effondrement aux USA, à cause du règlement de leur dette jusqu’ici intouchable. Mais en parallèle aucune puissance impérialiste n’est en mesure de les remplacer. Ce n’est pas la fin immédiate du capitalisme ni des conflits, mais c’est peut être celle du colonialisme et de l’impérialisme historiques. Et ça ouvrirait des perspectives révolutionnaires en Europe notamment.
Edité le 08-12-2020 à 11:34:47 par Xuan
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| | marquetalia | Grand classique (ou très bavard) | 10994 messages postés |
| Posté le 08-12-2020 à 17:59:43
| Daniel Gluckstein nie t il les immenses manifestations communistes qui ont lieu en même temps en Inde?c est dans ce pays qu il y a le plus de perspectives révolutionnaires.
Edité le 08-12-2020 à 18:02:13 par marquetalia
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 04-01-2021 à 20:45:25
| Le site Résistance Démocratique, alias TML, alias luniterre, alias tribune mlreypla : la Chine ? ... connais pas ! A propos du réveillon, Résistance Démocratique titre "JANVIER 2021, NOUVEAU RIDEAU DE FER: La Liberté change de Camp!!!" Article largement illustré avec des images des Champs Elysées déserts, en opposition avec les joyeuses festivités à Minsk, à Pyongyang et en Russie, sans "distanciation sociale". Fort bien, les télés bourgeoises n'en ont pas dit un mot en effet sur ces fêtes publiques qui ont rassemblé un large public, et Luniterre a entièrement raison de mettre le doigt sur cette censure. Cela ne signifie pas que l'épidémie y soit entièrement maîtrisée, notamment en Russie où le gouvernement a admis quelque 186 000 décès dus au Covid-19 en 2020, ce qui place la Russie au troisième rang mondial, derrière les Etats-Unis (plus de 330 000 morts) et le Brésil (plus de 190 000). Par contre TML censure de son côté les fêtes en Chine Populaire, notamment à Wuhan, que les télés occidentales n'ont pas pu dissimuler à moins d'y ajouter quelque commentaire grinçant. Voir cette vidéo sur le Parisien Ainsi que le retour à la vie normale en Chine. Les faits contredisent la théorie défendue par lui d'une Chine "nouvel impérialisme". Au lieu de censurer la réalité il vaut mieux l'admettre et remettre en cause ses théories erronées.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 05-01-2021 à 23:47:10
| Je signale l'article issu du même groupe et mis en ligne par Danielle Bleitrach : La guerre contre la Chine et la nouvelle longue marche L'auteur Izak Novak tient un blog et publie des articles sur le socialisme chinois. Son article est aussi en ligne sur le site du collectif Qiao sous le titre :La guerre contre la Chine Cet article est assez long. Lui aussi s'adresse à la gauche US, mais il peut tout aussi bien intéresser les ml de notre pays. Il reprend la chronologie des relations sino-américaines depuis Mao jusqu'à maintenant. Il comprend la stratégie Brzezinski, les objectifs de la révolution chinoise de démocratie nouvelle et les rapports avec la bourgeoisie nationale, les "quatre modernisations", l'économie de marché et les zones spéciales, la ceinture et la route, et "La rupture du marché – Guerre hybride sur la Chine". L'article est aussi bien documenté et comprend de nombreuses références.
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| marquetalia | Grand classique (ou très bavard) | 10994 messages postés |
| Posté le 06-01-2021 à 12:04:13
| La revue qui s appelait à l époque Vp-Partisan analysait il y a plus de quinze ans la Chine Populaire comme un pays capitaliste.je vais chercher le lien.le magazine évoquait la persécution des maoïstes en Chine.
Edité le 06-01-2021 à 12:13:33 par marquetalia
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| marquetalia | Grand classique (ou très bavard) | 10994 messages postés |
| Posté le 06-01-2021 à 12:08:36
| http://ocml-vp.org/article211.html
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 06-01-2021 à 15:21:08
| C'était il y a quinze ans. Les manifestations d'hommage à Mao se poursuivent chaque année, elles figurent dans les pages de la presse en ligne, Xi Jinping fait souvent référence à lui, notamment aux principes "partir des faits" et "servir le peuple". Par contre OCML VP est restée sur ses positions : "Et la situation mondiale n’est pas là pour nous rassurer. Entre les dirigeants politiques capitalistes impérialistes qui accentuent toutes les contradictions (Trump, Poutine, Modi, Erdogan, Netanyahou, Xi Jinping, Bolsonaro, Orban, Johnson et autres Macron), et la mondialisation de la crise (virus, pollution et changement climatique, marchés, frontières…) l’avenir s’annonce sombre et sans perspective." La façon dont ces contradictions sont à peine évoquées, jamais analysées avec sérieux, dit que Partisan est en roue libre et rabâche sans cesse le même discours, sans tenir compte des faits ni des transformations de l'histoire. Cette méthode n'est pas matérialiste ni dialectique. > OCMLVP ne distingue en rien les pays dominés et impérialistes et les range en vrac dans le sac du capitalisme, c'est une vue en conflit total avec le léninisme et avec la pensée maostétoung, notamment avec le texte de la démocratie nouvelle . De sorte que sa référence à Mao est de pure forme. Sur le "maoïsme", Partisan écrit Le maoïsme, quelle utilité pour aujourd’hui ? L'article est extrêmement sommaire et peu documenté, on le croirait s'adresser à des élèves du collège. Concernant la bourgeoisie nationale, il est simplement dit qu'elle est "très faible" sans préciser le rôle qu'elle peut jouer dans la révolution, ni la raison pour laquelle Mao a voulu réaliser un front uni avec elle, ni pourquoi elle conserve une représentation partisane en Chine depuis 1949. Par exemple aussi dans l'article sur [url)http://ocml-vp.org/article2174.html]les vaccins[/url], Partisans ne dit pas que la Chine les destine en priorité au Tiers Monde et écrit "Il est clair que chacun joue son propre jeu dans son coin!" . > La contradiction principale dans le monde a opposé la Chine Populaire et le camp occidental. Sur ce sujet qui a défrayé la chronique toute l'année en parallèle avec la pandémie, Partisan n'a quasiment rien écrit. Cependant il est patent que la Chine a éradiqué l'épidémie alors que les métropoles impérialistes, les USA en tête sont toujours embourbées dans la crise. La Chine a sans cesse lancé des perches aux USA pour atténuer les conflits et mettre l'accent sur la nécessité commune de lutter contre le virus tandis que les USA et leurs alliés ont mis l'accent sur la critique et les sanctions contre la Chine. Sur ces questions l'OCMLVP est silencieuse parce que ses théories ne tiennent pas. Dans l'article "le maoïsme : quelle utilité aujourd'hui ?" on lit: . ..la sous-estimation des facteurs objectifs (développement des forces productives insuffisant) qui sont des freins à la transformation de la société. Elle ne peut être ignorée dans l’analyse des difficultés rencontrées par les communistes en Chine... L'OCMLVP ne tient aucun compte des objectifs de la réforme menée par Deng Siao Ping afin de développer les forces productives, et ne fait aucun bilan des progrès réalisés et des contreparties. Or toutes les régions de Chine sont sorties de la pauvreté absolue. Si les écarts de revenu perdurent, cela n'explique pas cette réussite. Dans beaucoup de pays des bourgeois se sont enrichis sans que le peuple sorte de la pauvreté absolue pour autant, et l'actualité montre que les bourgeois chinois ne sont pas à l'abri des sanctions pour corruption ou position dominante.
Edité le 06-01-2021 à 15:51:21 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 08-01-2021 à 08:45:44
| "Communistes" dénonce le traité Union Européenne-Chine. Qu'en conclure ? Le "Parti Révolutionnaire" Communistes dénonce une "nouvelle avancée de la mondialisation capitaliste" et reprend les critiques habituelles de la presse social-démocrate "progressiste" du genre Le Monde sur les jalons posés par la Chine dans la route de la soie. Par exemple "La BAII, cette institution financière à l’intention des pays en voie de développement pratique des prêts remboursables aux États sous des formes multiples, remboursement sur de longues périodes avec des intérêts plus faibles que toutes les autres institutions et en cas d’impossibilité de rembourser, l’usage « du troc », la Chine se fournissant en matière première et autres denrées comme mode de remboursement ou « usage » d’infrastructure industrielle et portuaire !" Communistes oublie au passage les dettes annulées par le Chine, mais comme on le voit ce sont des pratiques typiquement impérialistes. Dans un autre article sur le Traité de libre-échange continental en Afrique Communistes dénonce l'impérialisme chinois en le mettant dans le même sac que les autres, sans relever les travaux d'infrastructure chinois destinés à désenclaver les pays africains. Communistes relève que "La France et les USA ont tenté, sans succès, d’en freiner la réalisation " . Sans doute devrions-nous saluer cette tentative même infructueuse dirigée par Trump et suivie par son valet Macron, de s'opposer à la "mondialisation capitaliste", et de préconiser un protectionnisme strict, surtout en face de l'empire chinois. Traité Union Européenne-Chine sur les investissements : Une nouvelle avancée de la mondialisation capitaliste https://www.sitecommunistes.org/index.php/monde/asie/1152-asie-une-nouvelle-union-de-libre-echange-capitaliste 05/01/2021 L’Union Européenne et la Chine viennent de signer le 30 décembre un accord sur les investissements réciproques de deux des plus grandes puissances économiques du monde. Cet accord était en négociation depuis 2013. Il s’agit d’un acte important qui s’inscrit dans l’accélération de la circulation des capitaux dans le monde. La Chancelière allemande a poussé les feux pour que cet accord soit acté avant la fin de sa présidence tournante de l’UE. La France et les USA ont tenté, sans succès, d’en freiner la réalisation . Voilà pour les faits il reste à éclairer les raisons et les conséquences d’un tel accord. La vigueur des échanges commerciaux entre les pays de l’UE, et surtout l’Allemagne, et la Chine, l’augmentation des investissements croisés, les opérations de rachat d’entreprises de l’UE par des groupes chinois, les questions de protection des données technologiques, ont conduit les dirigeants européens, dans un contexte de guerre commerciale entre les USA et la Chine, à trouver un accord avec cette dernière pour préserver les intérêts de leurs monopoles. La Chine démontre, par cet accord, sa capacité à sortir de son isolement et à nouer un partenariat important avec l'autre grand acteur du bloc occidental qu’est l’Europe. Ce n’est pas une nouveauté, déjà l’émergence en 2013 des « nouvelles routes de la soie » qui concernent aujourd’hui un peu moins d’une centaine de pays ont confirmé l’ouverture de la Chine au capitalisme national et international. Aujourd’hui une trentaine de villes Européennes sont reliés par voie de chemin de fer à la Chine pour le transport de marchandises. Et concerne également les routes maritimes, vers l’Asie, l’Afrique, et l’Amérique, des chantiers essentiellement financés par la Chine : ports, autoroutes, liaisons ferroviaires, centres industriels, etc… Sur le plan culturel se sont plus de 500 Instituts Confucius qui se sont ouvert. Selon la Banque américaine Morgan Stanley, les investissements chinois cumulés dans les pays des "routes de la soie" dépasseront 1.200 milliards de dollars d'ici 2027. La création en 2014 de la BAII (Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures) en concurrence avec le FMI, la Banque Mondiale et la BAD ( Banque Asiatique de développement ). La BAII, cette institution financière à l’intention des pays en voie de développement pratique des prêts remboursables aux États sous des formes multiples, remboursement sur de longues périodes avec des intérêts plus faibles que toutes les autres institutions et en cas d’impossibilité de rembourser, l’usage « du troc », la Chine se fournissant en matière première et autres denrées comme mode de remboursement ou « usage » d’infrastructure industrielle et portuaire ! Prenons l’exemple du Sri Lanka, incapable d'honorer ses créances, il a dû céder à la Chine le contrôle pour 99 ans d'un port en eaux profondes. En Europe, les ports du Pirée (Grèce), Bilbao et Valence (Espagne) sont déjà contrôlés par les chinois. Globalement le besoin étant pour la Chine et ses multinationales de trouver des débouchés économiques et financiers à ses énormes masses monétaires qui ne trouvent pas à s’investir en Chine. Du point de vue des échanges avec la Chine, l’Allemagne est la première intéressée car son économie est des plus dépendante au commerce avec la Chine. Ainsi, elle est le pays européen qui a le plus grand avantage économique à conclure cet accord. Elle est aujourd’hui, de loin, le premier partenaire commercial de la République populaire en Europe. Selon le journal Le Monde : « en 2019, le volume d’échanges entre les deux pays s’est élevé à 206 milliards d’euros : 96 milliards d’euros ont été exportés par les entreprises allemandes vers la Chine, qui a elle-même écoulé 110 milliards d’euros de biens en Allemagne. Ces transactions, qui représentent environ un tiers du volume total échangé entre la Chine et l’Union européenne, s’effectuent dans des industries vitales pour le « made in Germany » : les machines, l’automobile, l’électrotechnique et la chimie, dont les entreprises sont devenues extrêmement dépendantes du marché chinois » . De plus, l’appétit des groupes chinois pour les entreprises allemandes de haute technologie est grand. Le rachat progressif de Kuka, perle de la robotique allemande, à partir de 2016, par le groupe Midea, avait été un premier choc. L’entrée de Gelly au capital du groupe Daimler fut un autre coup. Début 2019, la fédération industrielle allemande, publie une prise de position majeure, qui marque un tournant : l’économie allemande et l’économie européenne doivent considérer la Chine non plus seulement comme un partenaire commercial, mais aussi comme un « concurrent systémique ». C’est donc sous la pression du patronat allemand que ce traité a vu le jour. Il lui permet de rationaliser et d’encadrer ces relations avec la Chine, tandis qu’il amorce un virage significatif quant au rôle de l’état allemand dans la « régulation » des facteurs économiques. Ce virage, n’est pas sans rappeler l’intervention de masse de l’état dans le financement des entreprises lors de la crise de 2008 et plus récemment avec celle liée à la pandémie de Covid 19. Il acte aussi une étape nouvelle dans les politiques industrielles en Europe. C’est ce qu’affirme le patron des patrons allemands Joachim Lang: « Le traité est une étape importante vers une Europe qui se montre unie sur les questions d’investissement, et un acteur fort dans l’adoption de règles mondiales. L’Union européenne est le premier acteur mondial qui a amené la Chine à des concessions sur les questions des standards sociaux ». De son côté la Chine voit dans ce traité la possibilité d’une plus grande lisibilité dans la politique de ses monopoles d’investir dans les entreprises de l’UE. Elle gagne aussi en stabilité dans l’ouverture de son commerce mondial tandis que les USA ont choisi la guerre commerciale contre elle. Son choix d’un tel traité est tout à fait cohérent avec ses efforts pour définir les bases d’une vaste zone de libre-échange en Asie-Pacifique: Ce traité marque donc une nouvelle avancée dans la mondialisation capitaliste : de la circulation du capital à celle des marchandises. Que le grand absent du traité soit la question des peuples, de leurs conditions de vie et de circulation n’est donc pas une surprise tant la seule question qui vaille dans la concurrence capitaliste est celle de la liberté de circulation du capital pour plus de profits et d’accumulation.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 15-01-2021 à 11:11:50
| La position du PCRF est identique à celle du KKE : USA - RPC dans le même sac On remarquera que si cet article relève les agressions manifestes des USA contre la Chine, le KKE est incapable de démontrer la nature "impérialiste" de la Chine par des faits et "trône dans un désert de vieilles pelles mécaniques" . Notamment "le déploiement de forces militaires américaines en mer de Chine, à deux pas des eaux territoriales de la Chine" n'a pas son symétrique chinois... Sur la crise sanitaire mondiale, le KKE ne compare pas l'action sanitaire de la Chine avec celle des pays impérialistes. L'article dit : "La Chine a utilisé la pandémie pour tenter d’étendre son influence sur certains des alliés traditionnels des États-Unis et de l’OTAN en leur offrant des soins de santé, ce qui a provoqué de vives réactions des États-Unis, de l’OTAN et même de l’UE." Donc la Chine a " offert des soins de santé " pour étendre son influence...c'est le discours que tiennent les bourgeoisies occidentales qui est repris ici. Mais cet argument est inepte : si la Chine n'aide pas les pays étrangers la pandémie n'est jamais maîtrisée et la Chine est menacée en retour. Par conséquent l'aide réciproque est une nécessité pour la Chine comme pour tous les pays. Quant à l'influence elle est toujours soumise à l'épreuve des faits : un pays qui rafle les masques et exporte ses vaccins à prix d'or, uniquement dans les pays riches, n'aura pas la même influence qu'un pays qui destine d'abord ces vaccins au Tiers Monde, en fait un bien commun, produit des millions des masques, en envoie gratuitement, et avec des équipes médicales, comme la Chine ou Cuba l'ont fait. Pourquoi le KKE ne dit-il rien sur ce sujet, comme les "ml anti impérialistes" . Le KKE écrit "En substance, cela constitue un conflit de primauté dans le système impérialiste." . Chacun sait que les USA dominent le monde et que ce sont eux qui veulent imposer et conserver leur hégémonie. Dès qu'un pays se développe et menace de bousculer cette hégémonie les impérialistes hurlent à la l'impérialisme. La Chine vise-t-elle l'hégémonie ou le multilatéralisme ? Où se situent les ml sur ce point ? Veulent-ils la fin de l'hégémonisme ou le statu quo ?
_____________________ Conflit USA-Chine : Concurrence hors de contrôle ! dimanche 24 mai 2020 https://www.pcrf-ic.fr/Conflit-USA-Chine-Concurrence-hors Ci-dessous un extrait d’un article de Rizospastis, journal du KKE (Parti Communiste de Grèce), paru le 15 mai 2020, et proposant une analyse communiste de la situation conflictuelle entre les impérialismes états-unien et chinois. Dans le conflit américano-chinois, le coronavirus apparaît comme l’un des récents épisodes de la compétition qui s’intensifie entre les deux superpuissances sur le plan économique, militaire et politique, provoquant des "chocs sismiques" dans toute la pyramide impérialiste. La pandémie de coronavirus a non seulement servi de catalyseur à la crise capitaliste, dont les signes existaient déjà avant l’urgence sanitaire, mais aussi aux compétitions impérialistes. La Chine a utilisé la pandémie pour tenter d’étendre son influence sur certains des alliés traditionnels des États-Unis et de l’OTAN en leur offrant des soins de santé, ce qui a provoqué de vives réactions des États-Unis, de l’OTAN et même de l’UE. Au cours de la dernière période, il y a eu une exacerbation des tensions, accompagnée d’accusations et d’implications mutuelles sur l’origine du coronavirus ou sur la dissimulation d’informations sur son développement. Les États-Unis parlent ouvertement du "virus chinois", accusant la Chine de ne pas pouvoir en prendre le contrôle dans les premiers stades, permettant la propagation et le développement de la pandémie mondiale, et que tout cela s’est produit avec tolérance, sinon coopération, de l’ « Organisation mondiale de la santé », pour laquelle le gouvernement Trump a cessé le financement. À son tour, la Chine a ouvertement insinué que le virus est d’origine américaine, importé en Chine par l’armée américaine. Ces accusations mutuelles sont accompagnées de preuves présentées par les deux parties, les États-Unis menaçant même de demander une compensation à hauteur de milliers de milliards d’euros à la Chine, attribuant à la Chine la responsabilité des milliers de victimes du coronavirus. Si on peut souhaiter relier cette tension au climat pré-électoral américain, la réalité est que la concurrence avec la Chine a des causes plus profondes. En substance, cela constitue un conflit de primauté dans le système impérialiste. Conflit lié au renforcement économique et militaire de la Chine, avec la possibilité qu’elle puisse aujourd’hui jouer un plus grand rôle au niveau mondial, pour créer de nouvelles alliances. Les tentatives d’une part des États-Unis pour maintenir leur position dans la pyramide impérialiste mondiale et d’autre part de la Chine pour améliorer son rôle, combinées au remaniement et au rôle d’autres forces mondiales telles que la Russie, l’UE, l’Inde, constituent le véritable contexte dans lequel les compétitions s’aiguisent. C’est de cette façon, par exemple, que nous pouvons interpréter la soi-disant « guerre commerciale » américano-chinoise avec la remise en cause par les États-Unis des accords et des organisations mondiales, le déploiement de forces militaires américaines en mer de Chine, à deux pas des eaux territoriales de la Chine, les efforts récents de cette dernière pour accroître son influence auprès des alliés des États-Unis, en exploitant sa puissance économique et le grand projet de la "Nouvelle Route de la Soie". De la même manière peut s’expliquer le transfert des investissements américains de la Chine vers l’Inde, ce qui peut également conduire à des affrontements militaires entre ces deux pays asiatiques, comme cela s’est produit il y a quelques jours le long de leur frontière commune. Mais aussi l’effort américain d’imposer les conditions d’exclusion des investissements chinois et des achats d’entreprises technologiques stratégiques, non seulement sur son territoire mais aussi chez ses alliés, invoquant des problèmes de sécurité de l’OTAN, comme dans le cas du développement du Réseau 5G dans les pays européens par les monopoles chinois. C’est pourquoi l’OTAN, malgré ses contradictions internes, déclare qu’elle empêchera la transformation de la crise "sanitaire" en "crise de sécurité", à la lumière du renforcement du rôle de la Chine pendant la pandémie et de l’exposition relativement moindre de son économie dans la nouvelle crise mondiale. L’intensification de l’antagonisme dans le monde accroît la menace contre les peuples et laisse ouverts tous les scénarios futurs. Il appartient aux peuples de ne pas redevenir victimes de ces conflits, mais de sortir victorieux de leur lutte.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 16-02-2021 à 00:18:40
| La théorie du "Lock Down chinois" Certains groupes « maos » développent une théorie du lock down qui va plus loin que les accusations de Trump sur le « virus chinois », plus loin encore que les prétentions de Pompeo à se faire rembourser la crise par la Chine. La théorie avancée est la suivante : > La pandémie sert de prétexte. En fait c’est un rideau de fumée. > La Chine a organisé le confinement pour bloquer l’économie mondiale et affaiblir ses concurrents. > Et ceci sert les intérêts de l’impérialisme puisque la crise de surproduction « disparaît ». > En tant qu'initiatrice de ce lock down volontaire, elle est responsable (même si collectivement avec les capitalistes du monde entier) « du plus grand crime de masse du 21ème siècle » .
_________________________ LOCK DOWN ! LE JOUR OU LA CHINE S’ARRETA Que dire, si, un an après cette merde, l’analyse de la crise en est toujours au point mort, prisonnière des préjugés inculqués par la bourgeoisie, aveuglée par le brouillard du virus ? Il est même des intellectuels qui publient sur internet des brochures de 120 pages sur la crise sans jamais être capable de comprendre l’essentiel. Ce qui suit n’est qu’une vulgarisation, le format facebook ne permettant pas de développer suffisamment et une question de cette importance et si compliquée étant bien difficile à résumée. Bruno Lemaire, dans une conférence donnée pour le média « L’Opinion » à eu raison d’affirmer que ce qui se jouait dans cette crise, c’est le changement dans « la hiérarchie des puissances mondiales » . Il est important de comprendre qu'il y a l’information pour la masse du peuple, à travers ce qui constitue depuis un an la plus grande campagne de désinformation et d’abrutissement populaire jamais conçue; qui a pour alpha et oméga la pandémie, organise la psychose généralisée comme si on était frappé par la « Peste écarlate » de Jack London (J'en conseille vivement la lecture!). Et il y a l’information faite par les services d’intelligence économique, analyse des problèmes réels du système impérialiste mondial, que la masse exploitée et ignorante, n'a bien sure pas à connaitre. Du coup il n y a plus de crise de surproduction, ni aucune contradiction économiques internes au système capitaliste, mais seulement un problème de gestion face à une maladie. Et nos impérialistes qui sont des criminelles en puissance seraient tout d’un coup devenu des gens soucieux de la santé public au point de renoncer au profit – quel mythe ! On a quitté le domaine de l’économie politique pour la psychose irrationnelle autours d’une pandémie dont on exagère volontairement l’impact, quand on ne lui donne pas carrément le pouvoir de créer une crise ! A croire que Karl Marx n’a jamais existé… « En Chine et dans le reste du monde, les pénuries de composants dues aux retards des chaines logistiques (blocage des voies terrestres, certificats requis pour les transporteurs, manque de personnel) et à l’arrêt temporaire de la production de nombreux équipementiers représentent des défis à court terme pour les constructeurs. Ces obstacles peuvent conduire des usines d’assemblage à arrêter la production, en particulier si les composants en question requièrent une livraison just in time ou lorsque ces derniers sont difficilement substituables, comme c’est le cas par exemple des sièges, des éclairages ou encore des équipements audio. Ces ruptures d’approvisionnement ne se limitent pas à la production en Chine, comme cela a notamment été illustré par les exemples de Hyundai en Corée du Sud ou de Fiat Chrysler en Serbie, où les chaines de production ont du être arrêtées temporairement. Nissan, dont près de 800 composants proviennent du Hubei, craint des répercussion similaires dans ses usines à travers le monde (Japon, Malaisie, Etats-Unis, Espagne…) » Extrait de « Brèves hebdomadaires du Service économique régional de Pékin » de la Direction générale du Trésor, document du 17 février 2020, soit un mois avant le confinement français. En vérité il est impossible de comprendre cette crise sans comprendre la surproduction qui plombe l’économie mondiale depuis ces deux dernières années et la profonde récession qui s’est manifestée en 2019 d’une part, et la guerre économique sans pitié que se livre les grandes puissances comme les U.S.A et la Chine pour l’hégémonie mondiale d'autre part. Les U.S.A, le Japon et l’Union capitaliste européenne se sont liguées contre la Chine à l’OMC pour lui faire accepter toujours plus de concessions à la prétendue « libre concurrence » sur son marché intérieur. Les U.S.A mettent la Chine sous pression depuis des années en menaçant divers monopoles internationaux de sanctions lorsqu’ils se livrent à des affaires avec elle etc. Il est de toute évidence que, confronté à cette pression hostile, l’impérialisme chinois à tout simplement décidé de « fermer les vannes » afin de démontrer que c’est lui le patron, c’est lui qui régule les flux. Et effectivement, c’est une démonstration de force extraordinaire, jamais vue dans l’histoire humaine, et qui ne pouvait arriver qu’à l’époque des échanges mondiaux sans précédents entre les nations. Ceci afin d’affaiblir l’économie de ses concurrents, en particulier les U.S.A et de favoriser sa main mise sur les pays sous-développés. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que l’Afrique, continent le moins touché par le virus s’est vu pourtant inondée d’ « aide » chinoise, et comment les usuriers impérialistes français tentent de lui opposer l’historique usurier dit Club de Paris. Bien évidemment une telle action est impossible sans un sérieux prétexte : l’épidémie. Je n’ai pas l’intention d’alourdir le texte de statistiques sur les morts dans le monde, chaque année, de la silicose, de l’amiante, et des différents courroux industriels qui frappent le prolétariat. Quiconque veut vraiment s’y intéressé pourra trouver des chiffres effrayants sur internet. A garder en mémoire qu’il ne peut jamais s’agir que de chiffres minimums étant donné la grande masse de prolétaires dits « informels » et qui donc ne rentrent pas dans les statistiques. Le gouvernement chinois a lui-même reconnu que la pneumoconiose constituait 90% des maladies professionnelles en Chine. Et que dire des 8 millions de morts de la pollution par an qui n’engendre pas pour autant de crise particulière… ? La vérité c’est que la Chine est la fabrique du monde. Par ses exportations et ses importations, elle draine toute l’économie mondiale (essayez de vous imaginer ce qu’aurait engendré le confinement, par exemple, du Népal au lieu de la Chine, si vous en doutez…). Il n’est donc pas étonnant que, lorsque celle-ci s’arrête, tout le monde capitaliste, qu’il le veuille ou non, soit également obligé de s’arrêter. C’est pourquoi même les pays comme le Japon qui refusait le confinement ont été obligé de fermer des usines. Les capitalistes du monde entier ont tout simplement agit comme doivent agir tout capitaliste lorsqu’il est confronté à une crise si menaçante : c’est la sous production, le LOCK-OUT, la destruction des forces productives, la restructuration. Il y a pour moi quatre points d’une extrême importance à retenir de cette crise : 1 La compréhension du confinement mondial comme mesure pour limiter la casse de la menace de la crise de surproduction la plus violente de notre époque. « On a nationalisé les salaires » comme l’a dit le banquier président Macron. 2 Ce qui a considérablement précipitée la crise n’est pas le coronavirus, mais le confinement chinois. Venant ajouter à la crise de surproduction une paralysie générale de la production et des échanges. 3 Cet acte de la Chine n’est que la continuation de la guerre économique inter-imperialiste par d’autres moyens. 4 Que les capitalistes du monde entier ont précipité un demi-milliard d’êtres humains de plus dans la misère (et c’est pas fini) pour sauver leurs profits. Qu’à ce titre, démontrant leur malthusianisme (un riche qui se confine ne cesse pas d’être riche, un pauvre que l’on force à se confiner s’appauvrit inévitablement ou crève), ils sont responsables collectivement du plus grand crime de masse du 21ème siècle.
______________________ Je passe rapidement sur le déni de réalité de l’épidémie, déjà abordé. Il est commun à une certaine nébuleuse libertaire mais aussi à des groupes néo fascistes comme les Proud Boys de Trump, en passant par Bolsonaro et Johnson, et tous les partisans de la théorie criminelle de l’immunité collective. Les faits ont montré que les principaux propagandistes de la « gripette » ont écopé aussi et qu’ils ont été les premiers à se précipiter sur les vaccins. Quelles sont les entreprises qui ont profité de la crise, sachant que les liaisons internationales ont été interrompues, et pas seulement par la Chine ? Chacun sait que ce sont les GAFAM, les plateformes de télétravail comme Slack ou Teladoc, celles du spectacle virtuel comme Netflix, Activision Blizzard, des réseaux sociaux comme facebook, la distribution click & collect chez Amazon… En fait la crise a pénalisé les secteurs tertiaires arriérés de l’économie et favorisé ceux de demain, y compris et notamment US. Nulle part n’est cité le fait que les USA de Trump et de son successeur mènent une guerre économique contre la Chine depuis plus d’un an, aboutissant au protectionnisme à limiter les échanges, à entraver l’essor technologique de la Chine, à couper l’approvisionnement des micro-composants, y compris contre les intérêts et contre les demandes répétées de leurs propres monopoles. Ce n’est pas la Chine qui entrave la circulation des marchandises mais les USA. En confinant Wuhan la Chine a protégé le reste de son territoire, où le virus ne s’est jamais propagé totalement. Comment a-t-elle pu infecter le monde entier ? D’autant plus qu’on sait à présent que d’autres souches virales étaient déjà présentes dans d’autres parties du monde dès fin 2019. L’économie chinoise a redémarré en trois mois. Pourquoi a-t-elle pu le faire et pas les économies occidentales, a fortiori s’il s’agit d’une épidémie factice ? Le « lock down » signifie avant tout l’arrêt de l’économie matérielle productive, le développement de l’économie virtuelle et de la spéculation. La Chine, et bien avant l’épidémie, met l’accent non seulement sur l’économie virtuelle et à des fins pratiques comme la santé et le développement de l'économie rurale enclavée, mais sur l’investissement dans l’économie réelle et non dans la spéculation. L’arrêt même temporaire de la production n’est absolument pas dans ses objectifs. Au contraire c’est une épreuve qui a réduit le développement de son économie, son PIB, et freiné l’aboutissement du programme d’éradication de la pauvreté. La Chine s’est empressée de rattraper le retard. Pourquoi n’a-t-elle pas prolongé ce confinement pour dissimuler davantage la « surproduction » ? La Chine vise au contraire à augmenter la production et accroître les échanges. Elle a répondu de façon très mesurée et ciblée aux taxes commerciales de Trump. Et la poursuite des interdictions US sur les micro composants et des taxes tarifaires la pousse à miser davantage sur la consommation intérieure et à compter sur ses propres forces dans le domaine technologique. Pas à cesser de produire. Cette théorie ne tient pas debout et vire au complotisme. Mais elle aboutit essentiellement à désigner la Chine comme l'ennemi public n° 1, responsable - collectivement mais prioritairement - du plus grand crime de masse du 21ème siècle . Il ne s'agit plus d'amalgamer socialisme et nazisme dans le totalitarisme , mais de désigner le premier pays socialiste par la taille, celui qui défie aujourd'hui les USA, comme le plus grand criminel du monde. Cette théorie vise à faire taire tout soutien à la Chine contre la propagande impérialiste. Elle étaie dans un langage "marxiste" la croisade anti communiste de Trump et de Biden. Dans un langage "de gauche" elle reprend les accusations de Trump et Pompeo sur le "virus chinois" et la revendication de remboursement de la crise. Elle renouvelle plus de 80 ans après l'hitléro-trotskisme.
Edité le 16-02-2021 à 00:18:58 par Xuan
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| pzorba75 | Grand classique (ou très bavard) | 1224 messages postés |
| | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18598 messages postés |
| Posté le 16-02-2021 à 08:03:53
| Ce n'est pas "la théorie du lock down chinois" qui se renouvelle, etc. Cette théorie n'avait pas existé il y a 80 ans. C'est le parti pris de fait de l'impérialisme dominant et du fascisme contre le socialisme qui renouvelle l'hitléro-trotskisme, apparu dans les années 30 à 40. Il s'agit de groupes "maoïstes" qui interviennent sur les réseaux sociaux. Voici un autre texte : https://www.docdroid.net/J42VC4h/etre-communiste-dans-nimporte-quelle-circonstance-pdf#page=10 Une thèse qui y est défendue n'est pas que l'appauvrissement des masses est dû à la réponse de la bourgeoisie face à l'épidémie, mais que l'épidémie elle-même est un instrument d'oppression et qu'elle est provoquée. On y lit par exemple : Conspiration? On trouve en effet dans les masses toutes sortes de théories sur l'origine du virus, les raisons duconfinement etc. Elles peuvent être plus ou moins crédibles, plus ou moins fantastiques, mais on aurait tort de les rejeter d'un revers de la main avec mépres Ces théories émanent aussi de groupes libertaires ou anarchistes de façon plus ou moins diffuse, sous la forme : le confinement a pour but de nous censurer , ou le gouvernement cherche à faire peur . Il s'ensuit toutes sortes d'élucubrations sur la réalité des décès, comptage et recomptage des cas, inutilité des masques, où le délabrement des services publics hospitaliers est ignoré ainsi que la méthode de dénombrement des cas : Etant donné que les tests ne sont pas systématiques mais laissés au bon vouloir de chacun, il est impossible de connaître le nombre de cas asymptomatiques ni d'éradiquer le virus de manière définitive. Ce qui signifie que ce nombre n'est pas surestimé mais sous estimé.
Edité le 16-02-2021 à 08:08:32 par Xuan
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| Paimon | Pionnier | 2 messages postés |
| Posté le 31-10-2022 à 08:03:32
| merci pour ces informations détaillées
Edité le 06-11-2022 à 11:05:35 par Paimon
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