Sujet :

Le génie marxiste d'ajourd'hui : Clousclard !

Xuan
   Posté le 10-03-2020 à 23:48:31   

Un génie du marxisme ! Clousclard !


Dans un entretien publié sur
Initiative Communiste, Aymeric Monville interroge Michel Clousclard, présenté comme rien de moins que le « génie marxiste d'aujourd'hui » !

La classe ouvrière du piédestal… à la trappe

« Ce couple (homme ouvrier, femme employée) ne peut pas être dans le permissif. Il fait de nécessité vertu » .
Clousclard fait ici dans l’angélisme, le « couple ouvrier-employée » n’est pas non plus l’archétype de la famille selon Boutin.

IL n'a pas inventé non plus ce que disait déjà Karl Marx :
« Moins le travail exige d'habileté et de force, c'est-à-dire plus l'industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. » le Manifeste

Mais après avoir porté la classe ouvrière au pinacle, il s'empresse de la dissoudre et de confisquer son rôle dirigeant.
« Le travailleur collectif, c'est l'alliance du travail manuel et du travail intellectuel. Par travailleur collectif, j'entends les ouvriers, les employés et les I T C (ingénieurs techniciens cadres) Ces derniers aussi sont des producteurs. Ils sont placés dans une même unité organique. On a dit que les I T C n'étaient pas dans la classe ouvrière, en voulant réduire la figure du producteur à l'homme qui tient un marteau piqueur. Il faut en finir avec ce misérabilisme. Les I T C avec nous! »

On peut se demander alors comment se fond la vertu ouvrière dans la macédoine des ITC, y compris le DRH qui met à pied les grévistes.
« Les ITC avec nous !» ne signifie pas qu’ils fassent partie de la classe ouvrière, mais qu’ils sons susceptibles d’être entraînés par elle, ce qui est très différent. Les classes sont définies par leur position dans les rapports sociaux de production et non par leur présence simultanée sur un même lieu de production. Et lorsqu’on parle de production sociale, il s’agit de marchandises et de plus-value, pas de la surveillance des ouvriers, fonction patronale déléguée à certains salariés.

Cette définition de la classe ouvrière «du manœuvre à l’ingénieur » a déjà plus de 50 ans dans le bréviaire révisionniste du PCF. Elle est aux antipodes de la bolchévisation du PCF des années 20 :
Thorez était mineur, Waldeck Rochet petit maraîcher, Duclos apprenti pâtissier, Tillon ajusteur, Dubois et Karman gazier et fraiseur. Tandis que les écoles du parti dépérissent, il se produit de fait à cause de la division du travail, de l’écart de culture et de connaissance, de la maîtrise de l’écrit et du langage, non pas « l'alliance du travail manuel et du travail intellectuel » mais une monopolisation des postes de direction par les intellectuels au détriment des ouvriers.

« …Douze ans plus tard, dans le texte proposé par le Conseil national du PCF comme « base commune » pour le XXXIVe congrès de 2008, le mot « ouvrier » n’apparaît qu’une seule fois, et comme un groupe social au même titre que beaucoup d’autres : il s’agit en effet de rassembler « ouvriers, techniciens, employés ou cadres, femmes et hommes salariés de toutes catégories, précaires, intellectuels, sans-papiers, sans-emploi, paysans, créateurs, étudiants, retraités, artisans ». En rejetant l’ouvriérisme associé au stalinisme, les représentants du PCF ont tendance à abandonner la priorité accordée au rôle des ouvriers et des classes populaires dans le combat politique. Ayant délaissé la réflexion sur les rapports de classe et sur l’organisation de la lutte par ceux-là mêmes qui subissent la domination, ils ont naturellement éprouvé des difficultés à prendre en compte l’essor des nouvelles figures populaires — les employés des services et les descendants des travailleurs immigrés du Maghreb notamment » ... [Comment un appareil s’éloigne de sa base – Julian Mischi]

Sur le plan des augmentations de salaires, « la classe ouvrière du manœuvre à l’ingénieur » justifiait la revendication des augmentations au % opposées aux augmentations uniforme de salaire, « pour conserver le pouvoir d’achat » disait-on. Entendez le pouvoir d’achat des hauts salaires qu’il s’agissait de courtiser à des fins électoralistes, et au nom du principe « la classe ouvrière du manœuvre à l’ingénieur » . Moyennant quoi c’étaient les non-grévistes qui touchaient la plus grosse augmentation, que les bas salaires avaient obtenue par la lutte de classe.
Ceci n’est pas sans conséquence sur le caractère de classe du PCF, en particulier de sa direction, que certains militants ont pu appeler « un parti de bobos » . Et les centres d’intérêt se déplacent aussi, des intérêts des classes populaires vers les « sujets de société » , à l’opposé de la vertu ouvrière célébrée par Clousclard.
Ce n’est pas sans conséquence non plus dans le recrutement du parti.

Pour comprendre l’éloignement du PCF vis-à-vis des classes populaires et son effondrement électoral (il passe de 15,3 % lors de la présidentielle de 1981 à 1,9 % en 2007), il faut analyser les évolutions de son discours et de son organisation. A partir des années 1980 et surtout 1990, le PCF entend représenter non plus seulement les classes populaires, mais la France dans sa « diversité ». La lecture de la société en termes de classes s’efface derrière des thématiques comme la « participation citoyenne » ou la recréation du « lien social ».
[Comment un appareil s’éloigne de sa base – Julian Mischi]


Clousclard revisite mai 68

« Mai 68, mouvement parisien, estudiantin, libertaire, culturel, gauchiste ("rectifié" par le Juin des travailleurs). »

C’est une présentation biaisée, elle reprend l’image de mai 68 colportée par la bourgeoisie pour discréditer l’ensemble de ce mouvement de masse, qui a réellement ébranlé la république gaulliste.

« il est interdit d’interdire », « sous les pavés la plage » et « jouissons sans entraves » : le caractère libertaire de mai 68 a bien existé parmi d’autres mais il n’en est qu’un aspect.
La plupart des affiches créées aux Beaux Arts dénonçaient la censure de la télé, reprenaient le slogan des mineurs grévistes de 1948 « CRS=SS », et soutenaient les grèves.


L’origine historique de mai, avec l’arrestation de 600 étudiants et la fermeture de la Sorbonne, ce sont les affrontements à caractère anti impérialiste contre le groupe Occident, qui n’avaient assurément rien de libertaire.

En réalité la majeure partie des étudiants et des lycéens souhaitaient s’unir à la classe ouvrière sous le mot d’ordre politique commun « dix ans ça suffit » . Mais les dirigeants du PCF et la CGT ont à tout prix voulu empêcher l’union des ouvriers et des étudiants par peur du gauchisme, introduisant une division injustifiée car le mouvement estudiantin n’était pas en mesure de diriger les grèves.
Par contre en agissant ainsi les dirigeants révisionnistes se sont aliénés les intellectuels révolutionnaires.

Le caractère fondamental de mai 68 ce sont les grèves. Elles n’ont pas commencé en juin comme le prétend Clousclard mais bien avant, au lendemain même de la « nuit des barricades » et le jour de la réouverture de la Sorbonne, avec l’appel à la grève générale du 11 mai, l’occupation de Sud aviation le 14, de Renault-Cléon le 15, SCNF-EDF le 17 – PTT le 18, avec 8 millions de grévistes le 22 mai.

Le 31 mai les piquets de grève sont évacués et c’est le 8 juin que commence la reprise. Le 12 se déroulent les élections anticipées.
Est-ce la « rectification » et le « Juin des travailleurs » selon Clousclard ?

A vouloir séparer à tout prix le mai des étudiants de celui des grévistes Clousclard est un faussaire, il se ridiculise en maquillant les dates, mais surtout il piétine l’unité profonde des ouvriers et des étudiants.
C’est après l’échec de mai 68 et à cause de l’attitude dogmatique et sectaire du parti révisionniste que le courant anarchiste libertaire a pu se développer en contrepoint, parmi les étudiants et les intellectuels.

Le « génie du marxisme » aux prises avec Marx

AM: Vous dîtes dans votre dernier livre que vous ne voyez plus l'utilité d'une dictature du prolétariat. Pour quoi cela?

MC: Cette dictature est une concentration et confusion des pouvoirs. Il s'agit d'identifier l'appareil du P.C. à l'appareil d'état, puis de proclamer celui-ci état de droit: l'U.R.S.S. De cette confusion peut naître un énorme pouvoir politique mais qui va conjuguer deux effets pervers. D'une part il provoque un dédoublement progressif de la conscience de classe (parti, appareil d'état) et de la réalité (sociologique) de classe. Cet éloignement en vient même à une rupture. D'autre part, ce pouvoir bloque, certes, tout développement de la société civile (du marché du désir). Mais ainsi, il la refoule dans l'inconscient collectif, celui de la réalité (de classe) qui vient de perdre sa conscience de classe. Ainsi, cette société s'est coupée de plus en plus du pouvoir qui la représentait pour devenir de plus en plus disponible à une “société de consommation” toute proche. Avant, dans le contexte de la société traditionnelle, la philosophie politique révolutionnaire ne pouvait s'accomplir que par la dictature du prolétariat. Dans la nouvelle société, post-industrielle, la philosophie politique révolutionnaire - à conceptualiser - est celle du socialisme démocratique et cogestionnaire.


On ne demandera pas à un génie du marxisme d’expliquer pourquoi la société dite post-industrielle n’a pas besoin d’appliquer aux anciennes classes dirigeantes la dictature du prolétariat. Probablement faut-il penser que les actionnaires des monopoles capitalistes de cette nouvelle société sont devenus plus raisonnables et prêts à partager le pouvoir démocratiquement, à cogérer avec les salariés, sans lever le petit doigt pour s’y opposer. Les faits ont montré qu’il n’en n’est rien. La classe ouvrière qui connaît ses exploiteurs n’a pas cette naïveté particulière des catégories intermédiaires
L’explication de la bienveillance capitaliste qui rend inutile la dictature du prolétariat n’est pas bien loin. Le génie du marxisme Clousclard dessine déjà les institutions de la société nouvelle :

On ne peut pas arriver en disant “la lutte des classes”, il faut dire: “Mettons à jour l'organisation sociale” Nous avons des parlements, un sénat. Très bien, on le conserve, mais on ajoute un troisième parlement. Ce système parlementaire renouvelé constitutionnellement ne toucherait que le législatif. La problématique de l'exécutif resterait en suspend, mais les lois seront décidées par le parlement du travailleur collectif. La demande est modeste mais on ne peut gagner qu'en jouant sur le terrain de l'adversaire; le reste c'est platonique.

Clousclard nage dans ce Marx appelait déjà le crétinisme parlementaire. Lorsque la bourgeoisie peut se passer de son propre parlement pour imposer une réforme des retraites par le 49.3, le rêve de Clousclard ne va pas plus loin qu’une boulette de papier dans la corbeille.
« on ne peut gagner qu'en jouant sur le terrain de l'adversaire » . Formule que signerait volontiers Laurent Berger, sauf qu’on n’est pas sur un terrain de foot mais dans un Etat bourgeois et qu’à ne pas le quitter, on gagne surtout le droit d’y rester longtemps.

En définitive le génie marxiste Clousclard ne pisse pas plus loin que Piketty, le Marx du XXIe siècle nominé ainsi par sa maison d'édition et les plate-formes commerciales. L’un comme l’autre prétendent renouveler le marxisme à la lumière de faits nouveaux.
En réalité ils reproduisent des théories réformistes éculées et dénoncées par Marx et Lénine.

Sur un site théorique du PCC cet article reproduit sur le forum « Le socialisme à la chinoise présenté par un intellectuel chinois, Zhang Wenmu » :

En 1889, Eduard Bernstein, membre du Parti social-démocrate allemand, dans le livre « Les prémisses du socialisme et les tâches de la social-démocratie » a formulé pour la première fois le concept de « socialisme démocratique ». En 1951, lorsque l’Internationale Socialiste a été fondée, elle a clairement mis le « socialisme démocratique » comme programme de lutte à travers le programme « Objectifs et tâches de la social-démocratie », s’opposant ouvertement au marxisme et au socialisme scientifique.

Sous prétexte de promouvoir la diversité, le socialisme démocratique cache son objectif de nier la position directrice du marxisme.
En termes d’orientation idéologique, le socialisme démocratique prétend accepter à la fois l’humanisme et le marxisme.
En politique, le socialisme démocratique nie les classes et la lutte des classes, préconise le multipartisme et affirme que les relations de classe dans les pays capitalistes ont fondamentalement changé.
La classe ouvrière pourrait contrôler le pouvoir de l’État à travers une majorité au parlement et réaliser l’idéal d’égalité.
Sur le plan économique, ils défendent la mise en place d’une «économie mixte», qui est la combinaison du système coopératif et de la propriété privée, de la planification économique et de la libre concurrence, ainsi que l’opposition à l’élimination de la propriété privée.
S’agissant du système étatique, ils nient la dictature du prolétariat, prônant la mise en place d’un système de sécurité sociale et la mise en place de l’État providence.
Ils prônent la réforme du système fiscal et la redistribution des revenus et de la richesse par l’expansion des droits économiques et de la protection sociale des citoyens, réalisant ainsi l’égalité économique; ils croient que grâce aux réformes et à la révolution technologique, avec le développement des forces productives, le capitalisme se transformera automatiquement en socialisme démocratique.


Le même article rappelle que :

« L’essentiel, dans la doctrine de Marx, est la lutte des classes. C’est donc dit et écrit très souvent. Mais c’est incorrect. Et cette inexactitude se traduit souvent par une fausse représentation opportuniste du marxisme, sa falsification dans un esprit acceptable pour la bourgeoisie. Car la doctrine de la lutte des classes n’a pas été créée par Marx mais par la bourgeoisie avant Marx et, d’une manière générale, elle est acceptable pour la bourgeoisie.
Celui qui ne reconnaît que la lutte des classes, il n’est pas encore marxiste, il peut encore se retrouver dans les limites de la pensée bourgeoise et de la politique bourgeoise. Limiter le marxisme à la doctrine de la lutte des classes signifie tronquer le marxisme, le dénaturer, le réduire à ce qui est acceptable pour la bourgeoisie.
Seul un marxiste étend la reconnaissance de la lutte des classes à la reconnaissance de la dictature du prolétariat.
C’est la différence la plus profonde entre le marxiste et le petit bourgeois (et aussi le grand bourgeois) ordinaire. C’est dans cette pierre de touche que nous devons expérimenter une compréhension et une reconnaissance efficaces du marxisme ».
(Lénine -L’État et la révolution)
Plaristes
   Posté le 11-03-2020 à 14:55:04   

J'aimerai rappeler une phrase connue de clouscard sur mai 68....

Un mai 68 peut en cacher un autre !

La plus part des clouscarien pour parler du 67 ouvrier et du 68 qui a suivit disent bien : "Ni farce ni tragédie !"

"Clousclard fait ici dans l’angélisme, le « couple ouvrier-employée » n’est pas non plus l’archétype de la famille selon Boutin. "

Il s'adresse principalement à eux....
Mais https://youtu.be/IjdOKYvd3iA?list=PLenh-v2YpALab5RkPnOsITH4BqbkeZlH1
Son propos est universel.


"On peut se demander alors comment se fond la vertu ouvrière dans la macédoine des ITC, y compris le DRH qui met à pied les grévistes."

Avec l’uberisation grimpante aujourd’hui il serait temps de vous poser la question... Clouscard pour faire le tri dans les ITC donne un formule simple que j'ai évoqué.

Narcisse>Vulcain ---> Collabo.
Vulcain>Narcisse ----> Avec nous.
C’est pourtant pas compliqué !

"« on ne peut gagner qu'en jouant sur le terrain de l'adversaire »" Il parle du terrain culturel...
Voir inculture 1 de Lepage.

"On ne demandera pas à un génie du marxisme d’expliquer pourquoi la société dite post-industrielle n’a pas besoin d’appliquer aux anciennes classes dirigeantes la dictature du prolétariat."

La grande majorité des clouscarien étant hégéliano-marxistes et proches du léninisme, considèrent que la dictature du prolétariat était à repenser.

D'où mes problèmes avec le dogmatisme du PCC...

Ce qui est le plus souvent envisagé est le PCCubain, où ce que suggérait Staline lors du XIX° congrès du parti.

Nous avons des preuves d’Alexandre Pisikov un historien anti Stalinien et anti communiste que Staline avait commencé une ébauche d'un programme de parti en 1947, que Staline allait dans cette même direction.

Il s'agit plus d'une refondation plus que d'un abandon !


P.S : J'espère que vous avez au moins compris que l'angélisme serait de dire que ce dernier couple serait vertueux par nature alors qu'il ne l'est que par nécessité.

Car là j'ai envie de vosu donner un Alain Soral/20 en matière de compréhension de clouscard !


Edité le 11-03-2020 à 18:48:23 par Plaristes


Xuan
   Posté le 11-03-2020 à 18:52:23   

Opposer « 67 ouvrier » et mai 68 est bien typique des révisionnistes « clouscariens », c’est clairement gommer les 8 millions de grévistes.
Sur le terrain des luttes ouvrières, mai 68 fut la suite et l’aboutissement des luttes de 67 à Pennaroya, Rhodiaceta, Sud Aviation, Berliet, des mineurs de Lorraine, Thomson Houston et les chantiers de l’Atlantique, des paysans de Quimper, etc.
Mais de surcroît mai 68 allait plus loin que les grèves de 67 parce qu’il s’agissait d’une grève politique de masse, visant non seulement le salaire à 1000 F mais la fin du gaullisme.
Je rappelle que les dirigeants révisionnistes s’y sont farouchement opposés : la grève pour les revendications économiques d’un côté, et les élections (foirées) pour l’Union de la Gauche de l’autre...d'où la position des "clousclariens".


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Encore une fois c’est le prolétariat et son parti qui sont en mesure de décider qui sont les amis et les ennemis de la révolution, et non leurs alliés aussi proches soient-ils.
On parle de l’avant-garde organisée, de la classe pour soi, et non de toutes les victimes du capitalisme.
Quant aux critères « qui sont nos ennemis et qui sont nos amis » , ce sont des critères qui dépendent de notre objectif final, et pas des figures de mythologie à la sauce Clousclard.
En clair, les « collabos » ce sont ceux qui pactisent avec l’ennemi de classe et qui s’opposent à la révolution, ceux qui attaquent les piquets de grève avec des battes, ceux qui tirent sur les manifestants, ceux qui vomissent des articles contre eux, etc.
Opposition Vulcain / Narcisse ? Non c'est pas compliqué Plaristes, c'est complètement hors sujet.

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« Terrain culturel » , tu plaisantes ? Clousclard parle très clairement des institutions. Il rêve d’un parlement ouvrier parallèle à celui des bourgeois :

« Il faut exiger une refondation constitutionnelle. Il y a un parlement bourgeois actuellement, pourquoi ne pas créer un parlement ouvrier ?
...
Il y aurait toute une problématique, un renouveau parlementariste, qui résoudrait les problèmes du régime présidentiel et du régime parlementaire. Ce serait une ruse de la raison.
On ne peut pas arriver en disant “la lutte des classes”, il faut dire: “Mettons à jour l'organisation sociale” Nous avons des parlements, un sénat. Très bien, on le conserve, mais on ajoute un troisième parlement. Ce système parlementaire renouvelé constitutionnellement ne toucherait que le législatif. La problématique de l'exécutif resterait en suspend, mais les lois seront décidées par le parlement du travailleur collectif. La demande est modeste mais on ne peut gagner qu'en jouant sur le terrain de l'adversaire; le reste c'est platonique.»
.

C’est ce que j’appelle du crétinisme parlementaire.


________________


Les rapports entre le parti communiste et l’Etat sont définis dans chaque pays socialiste en fonction des conditions qui lui sont propres, et qui peuvent changer au cours du temps si les conditions sont modifiées.
Le but du parti communiste dans cette période c’est de conduire l’Etat socialiste jusqu’à son terme, c’est–à-dire sa disparition.


Edité le 11-03-2020 à 19:11:58 par Xuan


Plaristes
   Posté le 11-03-2020 à 19:22:30   

"Mais de surcroît mai 68 allait plus loin que les grèves de 67 parce qu’il s’agissait d’une grève politique de masse, visant non seulement le salaire à 1000 F mais la fin du gaullisme. "

Et le début de l'ère pompidou....
Ont a donc échangé le gaullisme contre le néo-gaullisme avec des figures toutes plus vichyssoises les unes que les autres.


C'est une idée balancé à l'arrache, le parlement des travailleurs.... Tous les lecteurs de Clouscard on abandonné l'idée, car tout simplement infaisable. Tout le monde a dit des conneries Rousseau, Kant Hegel Marx... Mais ce n'est pas pour ça qu'ont les lit.

Mais dans refondation progressiste avant d'aborder ce sujet il évoque en permanence l'importance de la lutte sur le terrain culture.

"Tout un détour historique est nécessaire pour situer cette
sentimentalité romanesque. Ici, je ne ferai que reprendre la
détermination essentielle déjà proposée par mes
phénoménologie.

La féodalité a créé une affectivité spécifique de l'exogamie
monogamique, celle qu'exprime le mythe de Tristan et
Yseult, la genèse de la psyché. La bourgeoisie, autre culture
de classe, créera son propre domaine affectif: la
sentimentalité romanesque qui exprime l'intersubjectivité, le
relationnel de classe, non su et non dit. Ce romanesque
s'avère l'ultime résistance d'une civilisation face aux grandes
dynamiques subversives du consumérisme libéral.

Ce constat est d'une importance cruciale et insoupçonnée
des maîtres du soupçon. La sentimentalité romanesque est la
grande refoulée, particulièrement non sue, en son sens et en
sa forme, de la psychanalyse. Elle n'est autre, pourtant, que
la pratique (de classe) de l'inconscient. La psychanalyse, c'est
son immense mérite, a su reconnaître les fondamentaux de
cette sentimentalité romanesque et accéder à sa formalisation
et axiomatisation : le Sur-moi : la loi, le père ; le Je, le héros
du roman qui se fera héros du divan ; le ça, la consommation
libidinale, marginale, ludique.

L'idée nouvelle de bonheur, déniaisée du romanesque
naïf et primaire et de la psychanalyse, peut et doit devenir
l'essentielle revendication de la citoyenneté républicaine,
celle qui vient des Lumières et de la Révolution Française. La
sentimentalité romanesque est la quête privée de ce qui est
un acquis historique, de classe. La vocation du citoyen est le
bonheur. Le cas d'espèce doit se faire norme citoyenne.
L'éthique de la praxis saura corriger ce que le bonheur peut
et doit avoir de « suffisant ».


L'actuelle société occidentale est faite de ces trois

composantes : le grand renfermement moralisateur des

idéologies répressives, réactionnaires, la sentimentalité

romanesque et le consumérisme transgressif. Ce sont les

trois dimensions de la conscience moderne.

Les idéologues du système ne soupçonnent même pas
l'ultime, situation du libéralisme libertaire : la lutte à mort de
la sentimentalité romanesque — les conduites de détour — et
de la consommation transgressive (du marché du désir).
Cette méconnaissance méthodologique est comparable à
celle, déjà évoquée, de la guerre civile (rendue invisible) de la
clientèle de la boîte et du mouvement sportif. Les deux
fractures sociales et culturelles fondamentales ne sont même
pas apparues aux spécialistes de la fracture !

Il faut bien convenir de la défaite de l'univers
romanesque. Le héros de roman — de l'ascendance du
libéralisme concurrentiel — a été balayé par la nouvelle vague
permissive. La brutalité de la consommation transgressive est
telle qu'elle interdit, maintenant, toute conduite de médiation
et de réflexion. L'intentionnalité romanesque, elle-même,
doit être anéantie. Le permissif interdit le droit de rêver,
d'imaginer. Il réduit la jouissance à celle de la brute
positiviste. J'en conviendrai, cette sentimentalité romanesque
est bien ambiguë. C'est que, de vieille machine, elle doit se
faire promesse républicaine. "


"Dieu sait si le domaine culturel regorge de fractures, de
ceci et de cela. Mais de même qu'est ignorée la France de la
dichotomie du sport et de la boîte, cette dualité constitutive
du genre humain est radicalement méconnue, non dite. La
praxis - le travailleur - est si radicalement méprisée que
Narcisse est sur-narcissisé. Il occupe toute la scène alors que
tout se passe dans les coulisses. Le frère ennemi doit être
extrait de son anonymat pour révéler son rôle décisif. Il
apparaît comme l'inconscient de l'inconscient, celui de la
psychanalyse ne faisant que cacher, nier, la réalité de
l'éthique de la praxis."

"Car c'est toute la société qui est rénovée par ce double
contrôle du libéralisme, double création d'emplois. La
modernité n'est autre que le passage de la société sans
tertiaire - embryonnaire — à la société de la saturation du
tertiaire et du quaternaire, celle des métiers du culturel et du
mondain."




Les couches intermédiaires sont les plus touchées par cet appareil de domination culturel.

Et il a été montré à mainte reprise que le détour par l'esthétique (lire Hegel sur l'esthétique...) était souvent le seul moyen de toucher ces couches du prolétariat.

"Les rapports entre le parti communiste et l’Etat sont définis dans chaque pays socialiste en fonction des conditions qui lui sont propres, et qui peuvent changer au cours du temps si les conditions sont modifiées.
Le but du parti communiste dans cette période c’est de conduire l’Etat socialiste jusqu’à son terme, c’est–à-dire sa disparition. "

On est d'accord mais là, vu que l'oncle Jo lui même et d'autres partis communistes partout dans le monde ont constaté que ça donnait le pouvoir à une bureaucratie qui s'imposait en bourgeoisie,je dirais que c'est une problématique universelle.
Xuan
   Posté le 12-03-2020 à 13:42:38   

On n'a rien échangé du tout. De Gaulle est resté.
Il est parti l'année suivante à cause de l'échec du référendum sur "le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat" De Gaulle avait sa fierté

A ce propos les faits ont montré que les élections et l'union de la gauche étaient impuissantes pour virer De Gaulle, et a fortiori pour virer toute la bourgeoisie.
Le principe est simple : seul le mouvement des masses a un pouvoir. Certains susnommés se sont empressés de l'étouffer en faisant miroiter les élections. Mais c'est comme une grève. Quand elle s'arrête on peut toujours se brosser pour négocier.
Mai 68 terminé, les classes moyennes se sont rangées de nouveau du côté du manche.
Xuan
   Posté le 12-03-2020 à 13:57:14   

"C'est une idée balancé à l'arrache, le parlement des travailleurs.... Tous les lecteurs de Clouscard on abandonné l'idée, car tout simplement infaisable. Tout le monde a dit des conneries Rousseau, Kant Hegel Marx... Mais ce n'est pas pour ça qu'ont les lit."

Excuse-moi, Marx n'a jamais pondu pareille ânerie. Un "génie du marxisme" qui balance à l'arrache ce genre de stratégie pour prendre le pouvoir, ça vaut la prédiction de Paco Rabanne qui annonçait le 11 août 1999 " la station spatiale Mir va s'écraser sur Terre" .


Edité le 12-03-2020 à 13:57:38 par Xuan


Plaristes
   Posté le 12-03-2020 à 14:24:35   

Si, le jeune marx a pondu deux ou trois âneries dans : Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel.

Il s'est rectifié par la suite dans l'idéologie allemande....
Xuan
   Posté le 12-03-2020 à 19:32:18   

Si tu veux bien tu nous en diras davantage, qu’on compare ce que Marx a rectifié et ce que Clousclard a glissé sous le tapis.


> « L'idée nouvelle de bonheur, déniaisée du romanesque naïf et primaire et de la psychanalyse, peut et doit devenir l'essentielle revendication de la citoyenneté républicaine, celle qui vient des Lumières et de la Révolution Française.
La sentimentalité romanesque est la quête privée de ce qui est un acquis historique, de classe. La vocation du citoyen est le bonheur. Le cas d'espèce doit se faire norme citoyenne.
L'éthique de la praxis saura corriger ce que le bonheur peut et doit avoir de « suffisant ». »


Comment peut-on parler de « citoyen » et glisser subrepticement « de classe » ?
Dans notre pays un citoyen n’a aucun de caractère de classe. Carlos Ghosn est un citoyen au même titre que le dernier des blaireaux qui hantent les ronds-points.
C’est d’ailleurs une des faiblesses initiales des gilets jaunes de s’être proclamé mouvement « citoyen » , alors que de toute évidence ils représentent les classes populaires et non la totalité des citoyens, tandis que d’autres « citoyens » représentant les classes exploiteuses les ont fait estropier à coup de LBD, de grenades et de matraques.

Nos objectifs ne sont plus celles des Lumières et de la Révolution Française. Nous en avons déjà parlé. La Révolution Française est une révolution dirigée par la bourgeoisie, qui l’a mise au pouvoir, et dont le cadre idéologique, philosophique, est exactement celui des Lumières et non celui du matérialisme dialectique.
Pour asseoir son pouvoir, la bourgeoisie a présenté son idéologie comme universelle. Ses « droits de l’homme » sont aussi prétendument universels.
Ces droits sont « la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression » .

Du point de vue des classes, ces droits recouvrent essentiellement les besoins de la classe capitaliste, déjà nantie quant au logement, à la nourriture, à l’enseignement, à la santé, à la vieillesse. Et on ne parle pas non plus du droit au travail qui ne concerne pas la bourgeoisie puisqu’elle fait travailler les autres.
Ces droits « universels » sont très relatifs en réalité ; Clousclard est resté vissé là-dessus et n’en démord pas. Il faut croire que la Commune de Paris, la révolution bolchévique et la révolution chinoise n’ont rien apporté à l’humanité, il n’en parle pas.
Mais si on fait le tour de tous les droits acquis par les peuples au cours de ces révolutions, on parle de progrès jamais atteints jusque-là et par l'immense majorité.

> Tu écris que « Les couches intermédiaires sont les plus touchées par cet appareil de domination culturel » .
Clairement ceux qui produisent et qui sont directement confrontés à l’exploitation acquièrent plus simplement une conscience de classe. Mais les catégories intermédiaires, parce qu’elles sont progressivement paupérisées et prolétarisées, se détachent du schéma de l’homme unidimensionnel.
Par contre la bourgeoisie n’est pas dispensée de sa propre illusion.


> Ce n’est pas le parti communiste qui « donnait le pouvoir à une bureaucratie qui s’imposait en bourgeoisie » .
Nous en avons déjà parlé aussi. Quelle que soit l’administration destinée à organiser la transition au communisme, les fonctionnaires ne se transforment pas en bourgeois par l’opération du St Esprit. C’est la bourgeoisie ou ses reliquats, aidés par la bourgeoisie internationale, qui cherchent à corrompre à subvertir le pouvoir.

Imaginer qu’un Etat « indépendant » puisse être imperméable à la subversion est une vue de l’esprit, qui ignore la nature de classe de tout état.
C’est aussi ce que prétend la bourgeoisie lorsqu’elle représente Sa république comme universelle. Les faits montrent qu’il n’en est rien.
Les luttes et les transformations entre la transition vers le communisme et la restauration du capitalisme sont le fruit d’une contradiction qui est la poursuite de la lutte de classe dans le socialisme.

L’expérience de l’URSS a aussi servi le mouvement ouvrier international et les textes théoriques du PCC s’y réfèrent souvent pour rappeler la possibilité de restauration du capitalisme. La lutte contre la corruption est un aspect de la lutte de classe en Chine.
Plaristes
   Posté le 12-03-2020 à 23:21:58   

"Comment peut-on parler de « citoyen » et glisser subrepticement « de classe » ? "

Clouscard parle en long en large et travers de ce problème..... Il ne tombe pas dans les mêmes travers que chouard qui en comprends pas que macron est aussi citoyen..

Je pourrais citer des passages mais je ne suis pas sûr que vous pourriez les comprendre où moi les expliquer, n'ayant pas entièrement compris et lu les chemins de la praxis ainsi que l'être et le code...

Et il faudrait que je retrouve les passages où il explique la subtilité.....


"La bonne citoyenneté n'implique pas la reconnaissance
obligée de la lutte des classes. Il faut jouer le jeu, celui de la
règle du jeu, de la distinction des deux ordres et de
l'autonomie relative de la morale citoyenne. En tant que bon
démocrate, pour jouer sérieusement le jeu démocratique, je
n'ai pas le droit d'imposer à la morale citoyenne l'éthique de
la praxis. "


Il s'agit justement du concept dont je vous ait parlé d'avoir le parti d'avant-garde juste dans l'agitation et la formation des masses...

Vous connaissez le problème de "on verra ça plus tard" et en faîte ce plus tard devient très vite jamais. C'est d'avoir la démocratie comme condition sine qua non du socialisme.

Il s'agit ici dans son passage sur la morale provisoire donc une morale de transition vers le socialisme (#structuration du mouvement des gilets jaunes...)

"Il faut bien distinguer les deux ordres : celui de la morale
- citoyenne - et celui de l'éthique - de la praxis. Le premier
autorise le défi du « fais ce que voudras ». C'est selon le jeu
de l'adversaire - le libéralisme libertaire - qu'il faut gagner,
sur son terrain. Le « fais ce que voudras » implique
évidemment la tolérance et l'humour du roman
d'apprentissage. La citoyenneté se doit d'être bon enfant (elle
arbitre). "

On a là des preuves qu'il parlait sur le terrain culturel.


"Il n'en est pas de même pour l'éthique de la praxis. Tout
au contraire : elle amène la loi, celle de l'immanence de
l'éthique et de la praxis, sans tergiversation possible. Le
problème des préséances, du pouvoir de décision, est
définitivement réglé. On n'a plus à se demander si c'est
l'éthique qui fait la praxis ou si c'est celle-ci qui engendre
l'éthique. "


Ensuite on des réréférences aux chemin de la praxis qui un bouqin philosophique un peu plus tendu que refondation progressiste qui est un livre de vulgat.


Pour rappelle Clouscard a complété les travaux anthropologique de marx sur la philosophie de l'histoire en faisant l'histoire de la philosophie des paradigmes et des manières de concevoir le monde le temps le travail...

Ils 'attache beaucoup à chaque paradigme de chaque moment historique.

Ce qui offre de nouveaux angles tel que la consommation clouscard complétant amplement le concept de fétichisation de la marchandise.


https://youtu.be/0k74gDVjRm0

Te je ne sais pas comment vous introduire la notion de la nécessité du détour intersubjectif et dialectique pour atteindre l’objectivité... (Vous réfléchissez dans ces vieux modèles orthodxes et orientaux, où Staline à la manière d'un empereur byzantin ou d'un tsar est un peu le christ sur terre (et ceux qui ont étudié sa propagande dont moi confirme que "l’athéisme" stalinien un une christianisme romain bolchévisé..) Ou d'un mao empereur dieu, un peu comme un certains héroes nord coréens...

Clouscard et les clouscariens pensent que ce paradigme est une gigantesque faiblesse, pour reprendre l'exemple de la Corée du nord l’amiral Yi et son histoire pourrait être utilisé pour avoir des gens au carré sans avoir cette religion monothéiste qui divinise le leader de manière confucéenne et par procédé dialectique transforme les coréens en sous-homme,pas de übermensch sans udnermensch (relire marx sur le concept d'humain et surhumain...)


L’enjeu de toutes ces choses qui te sembles absolument abérente est d'avoir un mouvement de masse où tout le monde pet participer... Afin d'éviter ces problèmes... ET ironiquement faire ce que Staline en fin de vie préconisait : La participation active du prolétariat de l'appareil d'état comme activité quotidienne. (Clouscard ne savait pas pour Staline en fin de vie, le bougre jouant le rôle de Jésus terre,il était plus à prendre ses responsabilités de dirigeant qu'à jouer le démocrate... Voir sa réaction à la crise de 33 quand le principe léniniste de libre adhésion ne pouvait plus être appliqué...)

Les principes de Clouscard doivent-être appliqué avec autant de scepticisme que de dogamtisme... Je veux dire que par là malgré sa grande clairvoyance il faut prendre en compte certains changement récents... La sortie complète de la lutte des classes du misérabilisme qu'envisageait clouscard (d'où l'idée de la citoyenneté pour mener la lutte des classe généralisé a été pensée dans un contexte où le prolétariat ouvrier devenait de moins en moins visible.
Ce qui est une idée aussi supporté par Friot... Il faut au moins sortir du défaitisme.. et arrêté d'être solidaire de victimes !
"Le communisme, c’est prendre en charge le malheur du monde, et sans pathos."
Le misérabilisme contraste avec cette classe prolétaire dynamique, et productive en dépit de sa misère, ou plutôt miséreuse en dépit de la richesse de ses bras jambes et tête.

Il écrit aussi :
“loin d’être abolie, cette lutte des classes : s’est généralisée, s’est métamorphosée, ce qui peut empêcher de la reconnaître. [le dispositif de classe du libéralisme libertaire ] met en scène, pour la première fois dans l’histoire, les enjeux philosophiques les plus décisifs ”


Clouscard est hégéliano-marxiste il croit dans le concept de ruse de la raison et de savoir absolu.... Ayant comme dit plus haut bossé des paradigmes d'un point de vu matérialiste et dialectique très profond, le faîte que les Gilets jaunes se réclamment de la citoyenneté il l'avait vu venir à des kilomètres.... Et encore une fois l'histoire lui fait hommage même après sa mort.
Le bucheron à la hache énergétique de fenris, a encore frappé juste.
(Clouscard a vraiment un travail de bûcheron, mais des fois il frappe juste.... Le terme libéralisme libertaire et plein d'autre de ces concepts ont été adopté par l'historie avant même qu'il ne soit connu mais dès année après la création du concept par ses soins... chon bendit n'avais jamais lu de Clouscard avant de se dire libéral libertaire...)

La philosophie de clouscard selon les lignes que j’ai décrites plu haut va plus essayer d'accompagner ce mouvement prolétaire, qui s’inscrit déjà dans une optique de lutte des classe sans forcément la reconnaître, plutôt que de le confronter.... (Et c'est ce que fait le PRCF.....)

La notion de citoyenneté étant la médiation entre l'abandon de la lutte des classe et sa reprise.
Clouscard parle bien d'une morale provisoire.

"Clairement ceux qui produisent et qui sont directement confrontés à l’exploitation acquièrent plus simplement une conscience de classe. Mais les catégories intermédiaires, parce qu’elles sont progressivement paupérisées et prolétarisées, se détachent du schéma de l’homme unidimensionnel.
Par contre la bourgeoisie n’est pas dispensée de sa propre illusion. "


Grand nombre des couches intermédiaires avaient intérêt dans la révolution, même si clouscard que certaines sont prêtes à soutenir Hitler ne serait-ce que pour avoir un petit avantage... Nous rappelant des leçons qui dattes du manifeste.

Pourtant ce ne fut point..... Toutes les marxistes ayant étudié l'invention de la politique culturelle et al guerre froide culturelle savant quel a été l'instrument de leur désillusions...

Ce n'est pas pour rien que la CIA a massivement investit dans l'art abstrait.


"Imaginer qu’un Etat « indépendant » puisse être imperméable à la subversion est une vue de l’esprit, qui ignore la nature de classe de tout état. "

Sauf que contrairement à certains il a essayé de penser et de conceptualiser la fin des distinctions de classes (socialisme...)



"L’expérience de l’URSS a aussi servi le mouvement ouvrier international et les textes théoriques du PCC s’y réfèrent souvent pour rappeler la possibilité de restauration du capitalisme. La lutte contre la corruption est un aspect de la lutte de classe en Chine."

Ce qui est délirant vu le nombre de fois où il ont essayé de défaire ce que mao avait fait pour empêcher la restauration capitaliste, comme cette fois où le PCC a essayé de privatiser les hôpitaux et s'y est cassé la gueule. (Faut dire que Mao avait vu la restauration capitaliste à des kimlomètres et qu'il a fait du bon boulot pour l'endiguer.. Après avoir foiré tout le reste... Enfin il en fini avec l'opium....)


Clairement je crois pour tirer des leçons de la restauration capitalistes je vais rester sur mes sources habituelles plutôt que de faire confiance au PCC...


Je fais partit du courant qui pense qu'il y a déjà du socialisme existant au sein même du capitalisme, comme il y avait du capitalisme au sein du féodalisme.. Et que ce socialisme a pris une part grandissant et que la phase de récession actuelle n'est que temporaire...

Le modèle transition entre capitalisme et communisme convient à des pays avec un mode de production capitaliste sous développé cohabitant avec du féodalisme (Russie chine pays colonisés sans être aussi colonisateurs..)

Pour les vieux pays capitaliste le passage au socialisme sera certes marqué dans le bas socialisme de vestige de capitalisme mais le début de l'ère socialisme faut en cas de riposte effective de l’impérialisme marquera la fin du capitalisme.
pzorba75
   Posté le 13-03-2020 à 06:33:22   

Plaristes a écrit :



Pour les vieux pays capitaliste le passage au socialisme sera certes marqué dans le bas socialisme de vestige de capitalisme mais le début de l'ère socialisme faut en cas de riposte effective de l’impérialisme marquera la fin du capitalisme.

C'est quoi ce charabia?
Pense au lecteur quand tu remplis des pages sur le forum!
Plaristes
   Posté le 13-03-2020 à 12:43:23   

J'ai écris :
"Ce qui est fait est fait. il n'y a pas de regret à avoir. On ne refait pas l'histoire des si.. La victoire a été terni mais elle reste une victoire.

Nous avons du subir la non épuration et ses conséquences...

Cependant nous avons eu Croizat Thorez et Marcel Paul à des position ministérielles et la bourgeoisie galèrent toujours après des décennies à défaire ce qu'ils ont fait !

Il y a un socialisme déjà existant. Et c'est une victoire..."

Pour les vieux pays capitalistes comme la France, où il y un déjà là communiste, le passage au socialisme marquera la fin du mode de production capitaliste qui ne sera plus qu'un fossile, une vestige qui nous donnera une idée de ce qu'à été le capitalisme.


Le seul moyen pour le capitalisme ne pas mourir dans ce cas là, ou du moins de ressusciter ça sera de conter sur la réaction impérialiste.

Ce n'est donc point comparable avec ce qui s'est passé en chine ou Russie ou le capitalisme était déjà présent mais sous développé. La Russie par son statut de nation semi-impérialiste concentrait toutes les contradictions du capitalisme sans avoir atteins le stade suprême...

(Voir la bête sauvage)


http://excerpts.numilog.com/books/9782209055319.pdf

Il explique en quoi nous sommes rentré dans la dernière phase du capitalisme. (Ce qui explique pourquoi tout ce qui existait du temps de Lénine arrive encore à exister puissance dix)


Où clouscard répond d'ailleurs :

L'oppression économique est à la fois aliénation culturelle et... oppression économique. Mais ce n'est ni l'aliénation définie par le néo-idéalisme ni les paramètres de l 'économisme néo-positiviste et scientiste.
Le dogmatisme marxiste pourrait être défini comme un ensemble de déviations engendrées par la pression de l'idéologie dominante. La double composante de l'idéologie moderne nous semble être explicative du double aspect du dogmatisme. D'une part, une surestimation de l'économique, de ses mesures, de ses effets. D'autre part, une surestimation de la superstructure, de ses instances, de ses effets. La mesure du dogmatisme est double :
1° Son impuissance à mettre en relation dialectique et historique infrastructure et superstructure ;
2° Son impuissance à expliquer les rapports de production spécifiques du CME.
Les deux dogmatiques se réconcilient comme dénégation radicale de la société civile. C'est-à-dire comme total refus de reconnaître la spécificité de la nouvelle société française.
Ces dogmatismes, par définition, doivent interdire d'expliquer le grand paradoxe de cette société : d'une part, le monopolisme d'État, d'autre part, le libéralisme politique et la permissivité des mœurs.
Ce dogmatisme est un danger mortel. Il débouche sur une impasse, une aporie — une contradiction progressivement apparue, insoluble, indépassable — qui serait la fin du marxisme, du champ épistémologique et politique(« incontournable » qu'il a instauré



Clouscard insiste beaucoup sur l'importance de la société civile, et je dois admettre que j'ai oublié quelle position cette dernière prend par rapport à la lutte des classe dans sa phénoménologie, mais il me semble qu'elle joue un rôle médiateur donc le rôle le plus important.

Pour compléter sur le dogmatisme :

"Le dogmatisme est alors l'économique « en dernière instance »... laquelle est tellement dernière qu'elle n'apparaît plus, qu'elle n'apparaît jamais. Cet économique est insaisissable, toujours recouvert du politique, de l'effet de superstructure, de l'État. Les rapports de production alors définis seront un monolitisme fonctionnel, antidialectique et historique, qui interdit toute mise en relation de la société civile et de l'État, de la production et de la consommation, de l'infrastructure et de la superstructure. Ils sont réifiés en une structure éternelle en laquelle on ne voit pas comment « le changement » pourrait se glisser. La révolution ne pourrait être alors qu'un renversement total de la situation et on ne voit vraiment pas comment cela pourrait se faire."


Le dogmatisme dont vous faîtes preuve ni la société civile, clouscard ,e fait que d'opérer la négation de la négation. Tout celà va vous sembler absurde tant que vous ne l'intégrerez pas dans votre dialectique.

"Il faut noter que cette conception marxiste, mais dogmatique, réductrice, académique (au mauvais sens du terme), a alimenté l'essentiel du gauchisme. C'est toute la surestimation des instances superstructurales (l'État, le père,l'école, l'armée, la police). Le gauchisme est un dogmatisme. Et il faut aussi noter que ce dogmatisme a circulé du
gauchisme aux nouveaux philosophes. Le dogmatisme est la clé qui permet de comprendre le glissement du matérialisme au néo-idéalisme. C'est la même conception de l'État qui circule du dogmatisme althussérien aux nouveaux philosophes, par le truchement du gauchisme. (Le fauxsérieux fonde la frivolité.)"

Alors certes vous ne vous identifiez pas à Althusser....

"3. Cette dénonciation du dogmatisme consiste avant tout à reconstituer le mécanisme de son fonctionnement, à montrer comment une notion marxiste utilisée d'une manière non dialectique et historique se tourne contre le marxisme. L'imputation à des personnes n'est qu'un corollaire et, pour nous, subsidiaire. Mais nous n'éluderons pas cet aspect du problème : nous pensons que le PCF a été, à un certain moment de son histoire,dogmatique mais que le dogmatisme a toujours été dans le trotskysme, le maoïsme, le gauchisme en général et le terrorisme en particulier, et que sa meilleure représentation actuelle est dans le théoricisme de l'althussérisme"



La"dialectique" stalinienne est tellement dénuée de véritable dialectique (d'ailleurs Staline et Althusser ont en commun d'essayer le cordon Ombilicale entre Marx et Hegel) que je le range dans la même catégorie.. Et avec Mao n'en parlons pas.....
Piètres dialecticiens..... Au final les maos du PCM et du PCF mlm sans le savoir se rejoignent sur ce point.

La mort de tout esprit critique et de la dialectique... Et encore je ne suis pas le plus génial des dialecticiens, même s'il m'arrive pas réflexe d'arriver à mettre dos à dos l'islammogauchisme (le vrai, celui lié à la tendance sociale démocrate, pas celui qui n'existe que dans la tête des droitards..) et l'islamophobie primaire. Comme engendrement réciproques....

Je suis plus proche de Staline que Lénine, Marx, Hegel ou Clouscard dans ma maîtrise de la dialectique...

Pourtant je vois les lacunes d'un dogmatisme non dédoublé d'un scepticisme... Le seul scepticisme que je vois est celui du chien de garde dogmatique.... Persuadé que le dogme n'a pas besoin d'être remit en question.

Nous sommes marxiste ni dogamatique ni sceptiques nous marchons et devons marcher sur les deux jambes...

Maintenant que celà est adressé, voici un exercice dialectique qui vous permettra de comprendre la position de clouscard sur la société civile :

https://web.archive.org/web/20180811222415/http://clouscard-alerte.org/index.php/2016/12/12/la-societe-civile-ou-la-lettre-volee-de-poe-la-strategie-du-capitalisme-1983/


Pour vous aider il n'y a pas une mais plusieurs sociétés civiles...
"Son étude nous permettra de définir la nouvelle lutte des classes, en régime de société civile, et d’établir les modalités de la nouvelle stratégie révolutionnaire, face à la Bête sauvage et à sa stratégie contre-révolutionnaire."
D'où l'importance de Rousseau et sa vision de la société civile libre sans guillemet.
Pour clouscard la société civile et la citoyenneté, ou du moins celles qui nous offre vraiment la liberté, inclut la lutte des classes sans forcément la reconnaître.


Edité le 13-03-2020 à 12:58:47 par Plaristes


Xuan
   Posté le 13-03-2020 à 22:37:55   

"Pour clouscard la société civile et la citoyenneté, ou du moins celles qui nous offre vraiment la liberté, inclut la lutte des classes sans forcément la reconnaître".

Merci pour cette conclusion qui signe le confusionnisme poussé à son acmé semble-t-il chez Clousclard. Quand tu veux tu peux faire court et juste.
Plaristes
   Posté le 13-03-2020 à 23:01:16   

J'essaye de résumer, et donc en faisant ça je fais du raccourci.... Comme toi tu fais des conclusions attives

Comme tu as vu avec les Gilet jaunes en arriver à la lutte des classe généralisée est un vrai calvaire.... On est partit de rien ! Du noobisme et l'amateurisme le plus absolu....

Et on en revient à ce je disais sur un autre sujet : Le rôle du parti est de former et d’agiter l'avant-garde qui permettra au peuple de construire par lui même le communisme.
Autrement dit de faire surgir le savoir absolu.

Vous ne vous posez pas la question de comment faire advenir ce paradigme.


"Le dogmatisme est alors l'économique « en dernière instance »... laquelle est tellement dernière qu'elle n'apparaît plus, qu'elle n'apparaît jamais. Cet économique est insaisissable, toujours recouvert du politique, de l'effet de superstructure, de l'État. Les rapports de production alors définis seront un monolitisme fonctionnel, antidialectique et historique, qui interdit toute mise en relation de la société civile et de l'État, de la production et de la consommation, de l'infrastructure et de la superstructure. Ils sont réifiés en une structure éternelle en laquelle on ne voit pas comment « le changement » pourrait se glisser. La révolution ne pourrait être alors qu'un renversement total de la situation et on ne voit vraiment pas comment cela pourrait se faire."

Une autre version de ce dogmatisme n'est pas de renier l'économique et le structurel.
Mais de renier le super structurel, et la phénoménologie de la société civile.

Ce qui est votre tords à vous et aux communistes cubains, qui ont changé la structure tout en préservant le spectre de la super structure. Le spectre du communisme hante le capitalisme.. mais dans CUBA et la Russie de l'URSS le spectre du capitalisme hantait le communisme.

Avec vous, on se dirige vers ce tord là....


Clouscard se pose donc la question de comment faire advenir un nouveau paradigme.... Un paradigme qui écrasera l'actuel.... Et qui le mettre définitivement dans sa tombe.
Et c'est là que dans Rousseau Ou Sartre, il fait un détour par la phénoménologie de Rousseau pour établir la phénoménologie de la société civile.
La compréhension de la leçon de ce détour théorique est essentiel pour mettre en pratique la lutte des classes généralisée.

En posant ces détours cette morale provisoire, que vous appelez confusionnisme par courte vue, il est plus matérialiste et dialectique vous ne l’êtes...
Xuan
   Posté le 15-03-2020 à 09:50:49   

Quand ton gourou aura une morale définitive on en reparlera.


Edité le 15-03-2020 à 09:51:42 par Xuan


Plaristes
   Posté le 15-03-2020 à 14:40:18   

Justement lisez Rousseau dans du peuple sur la morale...
Vous êtes dans une mode de pensée confucéen où tout est ordonnée par le ciel sur terre par l'intermédiaire de l'empereur dieu.


Et non dans un procès de consommation et de production juste et équitable construit dialectiquement sur des axiomes solides.
Un peu de situationnisme ne fait pas de mal.

Surtout ici, où il faut établir une morale provisoire.


Edité le 15-03-2020 à 14:55:27 par Plaristes


Plaristes
   Posté le 19-03-2020 à 17:14:23   

"a/ La production de série et la consommation de
masse

Quelle est la plus réussie, l'idéale contre-révolution
libérale ? C'est celle qui se proclame anti-réactionnaire et
même progressiste : Mai 68. Ses héritiers peuvent aller
jusqu'à désigner « les nouveaux réactionnaires ». Il faut bien
situer le jeu dialectique et historique des trois composantes
essentielles qui interviennent dès les Trente Glorieuses et qui
ont constitué le fondement même de l'idéologie et de la
stratégie du libéralisme libertaire.

Alors que le réactionnaire veut revenir en arrière,
restaurer, le libéral va de l'avant pour réaliser plus vite que le
progressiste ce que celui-ci a rêvé. Avec, en prime, la plus-
value ! Alors que les deux processus - libéral et social - sont,
en termes de logique en relation inversement
proportionnelle, la propagande publicitaire et médiatique a
pu associer la promotion du libéralisme et le développement
progressiste, imposer la confusion des contraires, pour en
venir à leur identification. C'est l'histoire du diable qui se fait
bon diable et qui passe son temps à expliquer qu'il n'existe
pas : l'histoire du réformisme. "


Alors Xuan.. as-tu compris?
Plaristes
   Posté le 20-03-2020 à 14:43:49   

https://youtu.be/1OhfD3x2bwM?list=PL_QDU_D-exBL4BNYyqLKzzv1P1UPXcXaK

Profites de la quarantaine !!!
Plaristes
   Posté le 15-05-2020 à 11:31:47   

"Une marchandise paraît au premier coup d'œil quelque chose de trivial et qui se comprend de soi-même. Notre analyse a montré au contraire que c'est une chose très complexe, pleine de subtilités métaphysiques et d'arguties théologiques."

Karl Marx Das kapital I.1.4

Voilà ce dont clouscard s'inspire.
Plaristes
   Posté le 19-05-2020 à 01:49:03   

Clouscard en audio gratuitement :
https://youtu.be/9_nvEuIO_PQ

Néofascisme de l'idéologie du désir !


Edité le 19-05-2020 à 02:04:31 par Plaristes


marquetalia
   Posté le 06-06-2020 à 15:14:06   

Mai 68 était au départ une manifestation du PCF récupéree par les abats et autres gauchistes, ainsi que tous ces crapules de pédophiles,de hippies,et d opportunistes de tout poil
Xuan
   Posté le 06-06-2020 à 19:25:52   

marquetalia a écrit :

Mai 68 était au départ une manifestation du PCF récupéree par les abats et autres gauchistes, ainsi que tous ces crapules de pédophiles,de hippies,et d opportunistes de tout poil


Mai 68 n'était pas "au départ" une manifestation du pcf et ce que tu dis ne correspond absolument pas aux faits.

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D'abord à propos du « gauchisme »
Le « gauchisme » désigne du point de vue léniniste une position « de gauche » en apparence mais de droite en réalité.

Ce terme a été utilisé par le PCF, en particulier en 68, (et repris par le presse bourgeoise) pour désigner indifféremment tous ceux qui critiquaient ses propres positions, c’est-à-dire à la fois les marxistes-léninistes organisés depuis décembre 1967 dans le PCMLF ainsi que l’UJCML, mais aussi les divers courants trotskistes et anarchistes.
Or la ligne du PCF n’était déjà pas marxiste-léniniste mais suivait les positions de Khrouchtchev sur le passage pacifique au socialisme par les élections bourgeoises, et la « coexistence pacifique » fondée sur l’équilibre nucléaire.
La direction du PCF se tenait déjà sur des positions révisionnistes, opportunistes de droite, et n’était donc nullement qualifiée pour désigner ce qui se situait à droite ou à gauche du léninisme.

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Aux origines de mai 68
On peut remonter jusqu'en 67 si on veut faire la liste de toutes les grèves et actions anti impérialistes qui ont précédé mai 68.
On peut y ajouter le mouvement du 22 mars à Nanterre et Cohn Bendit aux contours anarchistes, qui se conclut le 2 mai par la fermeture de la fac de Nanterre.

Mais historiquement, mai 68 a commencé à cause de la guerre du Vietnam .
Depuis des mois les anti impérialistes s'opposaient aux fascistes pro US en diffusant le Courrier du Vietnam, en tenant des meetings et en organisant des manifestations au cri de "FNL vaincra !"
A cette époque la direction du PCF voulait imposer le mot d'ordre "paix au Vietnam"
Le 21 février s'étaient déroulés une manifestation autorisée du Comité Vietnam National (CVN) et de l’Unef, un meeting de la J.-C. (jeunesse communiste) et une manifestation clandestine des Comités Vietnam de Base (CVB) regroupant 2 à 3000 personnes qui convergent vers 19h30 à l’ambassade du Sud-Vietnam sur laquelle un drapeau du FNL est hissé.
Ci-dessous les tracts des CVB, de l'UNEF et du Comité Vietnam National. On constate que tous se trouvent sur la position FNL vaincra et non "paix au Vietnam".





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La chronologie :
Le 28 avril la branche militaire de l'UJCml intervient contre l'exposition sur les "crimes" des Vietcongs organisée par le Front uni de soutien au Sud-Viêtnam dirigé par Roger Holeindre qui se tient, 44, rue de Rennes, au siège de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Occident déclare vouloir se venger

Le 3 mai, contre l'intervention d'Occident, le rassemblement des différents services d'ordre des organisations d'extrême gauche dans la cour de la Sorbonne a provoqué l'intervention de la police et 600 arrestations.
La Sorbonne est évacuée et le soir même les premières barricades sont dressées.
Les bagarres de rue avec la police entraînent un large soutien populaire dirigé contre le pouvoir gaulliste et le déclenchement de la grève générale.

Le 13 mai 68 une immense manifestation traverse Paris aux cris de "dix ans ça suffit!"
La Sorbonne est occupée, tout le pays est en grève et les usines sont occupées.

Bien que le mouvement du 22 mars ait investi Nanterre les semaines précédentes, c'est la lutte politique entre fascisme et anti impérialisme qui a servi d'étincelle à un mouvement à la fois étudiant et ouvrier qui est dirigé alors contre le pouvoir gaulliste.

Alors que l'espoir d'une révolution traversait tous les esprits des manifestants et des grévistes, le PCF s'opposa avec la dernière énergie au rapprochement entre étudiants qualifiés de "gauchistes" et ouvriers, et s'employa à cantonner la grève aux objectifs économiques d'une part, d'autre part à préparer les élections, qui échouèrent inévitablement puisqu'elle ne pouvaient se dérouler qu'en "temps de paix", c'est-à-dire après la fin du mouvement.

Privé d'une direction révolutionnaire reconnue, mai 68 fut aussi le terrain de prédilection de toutes les tendances réformistes ou gauchistes, des divers socialistes aux anarchistes, C'est ce dernier courant qui fut mis en avant par les médias, donnant à mai 68 l'image d'une révolte libertaire. La direction du PCF avait lui aussi agité la pancarte du "gauchisme" pour se prémunir de toute critique.
Ainsi mai 68 est devenu un symbole de la révolte petite-bourgeoise, de la liberté sexuelle, de la "contestation" de toute autorité, de la mythologie œdipienne, et d'un anticommunisme larvé commun à la social-démocratie et à l'anarchisme.
C'est ce tableau que la bourgeoisie a laissé en pâture à la jeunesse afin d'écarter le risque d'une vraie révolution.
Après mai 68, ceci reflétait une partie de la réalité mais non l'ensemble des mouvements sociaux où tous les courants de pensée se confrontaient, avec pour point commun l'opposition au pouvoir de la bourgeoisie.

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En fait mai 68 fut très différent de cette image d'Epinal, et des années durant, pratiquement jusqu'à l'élection de Mitterrand, le combat contre le pouvoir bourgeois s'est poursuivi tant dans les usines que dans les écoles et les facultés.

Malgré l'échec politique dû d'une part à la menace d'une intervention de l'armée, et d'autre part aux manœuvres électoralistes de la social-démocratie et à la ligne révisionniste du PCF (et non aux courants gauchistes qui ne "dirigeaient" pas réellement les étudiants - ces derniers aspiraient à s'unir au combat de la classe ouvrière), la grève fut un immense succès contre le patronat, et le mouvement a généré une intense mobilisation politique de longue durée contre le pouvoir bourgeois.

Pour les salariés :
Le SMIG augmente de 35 %, et de +56 % pour les salariés agricoles. Les salaires augmentent de 10 % en moyenne. La section syndicale d’entreprise et l’exercice du droit syndical dans l’entreprise sont reconnus par la loi. Le passage par étapes de 48 heures aux 40 heures de travail hebdomadaire est acté. Les conventions collectives sont révisées. La part des primes dans la rémunération diminue au profit de celle du salaire. L’accès au remboursement des soins (ticket modérateur des visites et consultations) par la Sécurité sociale passe de 35 à 25 %.


Edité le 06-06-2020 à 21:29:17 par Xuan


Plaristes
   Posté le 06-06-2020 à 21:49:08   

Le PCF a ensuite été renseigné par les Russes qui ont appelé à ne pas faire grève, risque de manipulation des américains.

Il y a un documentaire que je recommande Mai 68 :
Nie Farce ni tragédie qui fait le bilan de tut ce que mai 68 a rendu de possible.

Mais de rappeler le dicton "Un mai 68 peut en cacher un autre !"

"Le « gauchisme » désigne du point de vue léniniste une position « de gauche » en apparence mais de droite en réalité."

C'est ça, mais il y a des exceptions. Car il y a une gauche du capital. Donc une droite pour un socialiste, et le positions anarchistes.
Finimore
   Posté le 07-06-2020 à 07:28:09   

marquetalia a écrit :

Mai 68 était au départ une manifestation du PCF récupéree par les abats et autres gauchistes, ainsi que tous ces crapules de pédophiles,de hippies,et d opportunistes de tout poil


Là, tu racontes vraiment n'importe quoi !!! Evite d'écrire quand tu as picolé, essaie de mieux te renseigner sur cette période, même des bouquins comme celui de Brice Couturier (qui est passé de l'extrême gauche à anti-communiste) dans son livre "1969 année fatidique" donne des éléments intéressants. Lire également le livre de Jean-Paul Salles "La ligue communiste révolutionnaire (1968-1981) Instrument du Grand Soir ou lieu d'apprentissage ?. Dans ce livre les débats, internes et externes sur le sujet des drogues ou de la sexualité (voir l'influence des thèses de W. Reich) sont abordés sans détour.


Edité le 07-06-2020 à 09:42:20 par Finimore


Xuan
   Posté le 07-06-2020 à 13:51:24   

Ce qu'a pu dire le PC soviétique au PCF à cette époque relève aussi de la ligne révisionniste, qui était commune aux deux PC.

C'est sur cette ligne révisionniste que je veux attirer l'attention.
Evidemment Clousclard qui l'a défendue n'en dit pas un mot et reste focalisé sur le libéralisme libertaire et le "gauchisme".

Le Parti Communiste Chinois s'était opposé très tôt à la ligne de Khrouchtchev, notamment dans la "lettre en 25 points". Ces 25 points s'appuyaient sur "les deux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960" et trois d'entre eux concernaient la ligne générale des partis communistes dans les métropoles impérialistes.

Le point 10).
Dans les pays impérialistes et capitalistes, il est nécessaire de faire triompher la révolution prolétarienne et d'établir la dictature du prolétariat pour résoudre à fond les contradictions de la société capitaliste...L'avant-garde du prolétariat ne deviendra invincible en toutes circonstances que si elle maîtrise tous les modes de combat, pacifique et armé, ouvert et clandestin, légal et illégal, la lutte parlementaire et la lutte de masse, etc. Il est faux de refuser d'utiliser la lutte parlementaire et d'autres formes légales de combat lorsqu'elles doivent et peuvent l'être. Mais quand le parti tombe dans le crétinisme parlementaire ou le légalisme, qu'il circonscrit la lutte dans les limites autorisées par la bourgeoisie, l'aboutissement en sera inévitablement l'abandon de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat.

le point 11).
En traitant la question du passage du capitalisme au socialisme, le parti prolétarien doit partir du point de vue de la lutte de classe et de la révolution, et il doit se baser sur la théorie marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat...

Le point 12).
Les révolutions sociales sont historiquement inévitables aux différentes étapes de l'histoire de l'humanité et se produisent en fonction de lois objectives indépendantes de la volonté de l'homme....

Les marxistes-léninistes ont critiqué cette ligne dès le début des années 60, cf le site des éditions prolétariennes.
La route a été sinueuse mais peu à peu les critiques finissent par émerger quand la dérive du PCF devient évidente et que ses effectifs fondent comme un glaçon au soleil.
L'élection de Hollande a été un point de non-retour. Dernier candidat du PS à avoir bénéficié d'un soutien dans le PCF et la CGT, sa politique anti-sociale a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Contrairement à la clique révisionniste qui s'accroche à la direction du PCF et notamment à la ligne éditoriale de l'Humanité, la base du PCF et de la CGT ne veut plus entendre parler de la social-démocratie, dont nombre d'individus sont venus renforcer les rangs de LREM.
Il faut en comprendre les causes.
Principalement c'est la thèse du passage pacifique au socialisme, inséparable de l'électoralisme, qui sont à l'origine de la dégringolade du PCF.

Pour soutenir un candidat "commun" et faire bonne figure dans le cirque électoral, la ligne révisionniste a délesté le PCF de toute référence aux principes communistes.
Et ceci jusqu'à l'objectif de la société socialiste. Au lendemain même du dernier congrès la faucille et le marteau, symboles de l'unité de la classe ouvrière et de la paysannerie, ont été remplacés par une étoile et une petite flamme dépourvues de toute signification de classe ou même politique, tout juste bonnes à orner un sapin de Noël.


____________________


J'ai déjà mis en ligne plusieurs articles de Danielle Bleitrach, qui était dirigeante aux côtés de Georges Marchais. Peu à peu et bien qu'elle n'ait jamais remis en cause ce dirigeant mais plutôt son entourage, elle est revenue sur la dérive révisionniste et son principal promoteur Khrouchtchev.

Voici un courrier émanant aussi d'un ancien dirigeant du PCF dont je ne cite pas le nom, n'ayant pas son autorisation formelle :


Je suis d'accord avec le fait que la dérive du PCF remonte bien avant 2000 et encore beaucoup plus avant. Il est tout aussi certain qu'on ne peut faire abstraction du contexte, de ce que furent les avancées et les reculs du rapport des forces international, des victoires et des défaites et d'une façon plus générale du réarmement militaire et idéologique des forces du Capital après la fin des années 60, la victoire au Vietnam, les succès des luttes de libération nationale, la crise capitaliste comme dans les pays du socialisme réel, etc..

Le problème est que les leçons tirées de cette période fertile ont conduit à privilégier une vision de l'accès au pouvoir par l'adaptation et le respect des règles du jeu fixés par la bourgeoisie plutôt que par l'affirmation de positions de classes indépendantes,
fondés sur anti capitalisme et d'un anti impérialisme conséquent. L'eurocommunisme en a été l'aboutissement. A été privilégié ensuite la recherche d'alliances et donc de compromis plutôt que la relation aux masses, dont la situation matérielle comme la conscience d'appartenir à une classe allait en s'érodant. Les succès électoraux provisoires, l'activisme du PCF, la flatterie a son égard ont contribué à masquer la dérive.

On s'est accommodé de cette situation. On a ainsi fait cohabiter un mode d'organisation et des principes théoriquement léninistes y compris dans le choix des cadres du parti avec des orientations, et un opportunisme qui découlaient de ce qui précède.

Le PCF s'est d'ailleurs libéré à partir du 22e congrès de la dictature du prolétariat, puis du centralisme démocratique, du marxisme léninisme et même de la référence au socialisme et donc fort logiquement du travail politique dans les entreprises et de l'internationalisme sur lequel pourtant s'était fondé son prestige, la recherche théorique a été liquidé au bénéfice non plus d'opinions communistes mais de celles d'autres mais prétendument expertes.

La CGT a d'ailleurs fait le choix d'une route assez parallèle en particulier à partir du Congrès de Grenoble en 1977 qui nous a conduit là ou nous en sommes aujourd'hui. Bref nous avons commis bien des erreurs souvent par opportunisme, et finalement beaucoup trop. L'identité communiste est devenue une auberge espagnole et non plus un repère ou une référence politique.

J'ai vécu toute cette période comme un jeune dirigeant du PCF j'ai été élu à xx ans au CC. J'étais devenu précédemment un responsable national de la CGT. J'assume donc ma part de responsabilité individuelle et collective sans rougir. J'ai eu comme beaucoup de nombreuses réserves en particulier sur notre participation aux gouvernements et nos fluctuantes adaptations au gré des évènements en particulier dans le travail aux entreprises et l'international, l'Europe et sur la vie du parti.

Pour ma part je m'en suis expliqué à cette époque et depuis et à plusieurs reprises dans une forme d'auto critique. J'en ai aussi tiré les conséquences politiques par honnêteté, j'ai quitté le PCF .
Pour ma part je l'ai fait! et je l'assume. Georges Marchais avec qui j'ai eu la chance de militer comme avec d'autres dirigeants du PCF et de la CGT avait l'habitude de dire que le parti n'existe pas pour lui même mais pour être utile aux combats de classe que doivent mener les travailleurs et le peuple. Cela n'est plus le cas, et logiquement pour ma part j'en ai tirer les conséquences.

Aujourd'hui, le PCF tend à n'exister que pour lui-même. Je dis cela sans acrimonie et sans sous-estimer l'engagement et la sincérité des membres du parti en accord ou en désaccord. J'ai un trop grand respect pour eux. Ils sont ceux qui m'ont éduqué à la politique et à la fraternité et je leur dois une part importante de ce que fût ma vie. Je ne le regrette pas. C'est aussi grâce à eux que je me considère toujours communiste.
Mais, je constate par ailleurs et quoi qu'en disent bien des camarades que le dernier congrès a changé très peu de choses pour ne pas dire qu'il n'a rien changé. Il y a des côtés schizophréniques qui se poursuivent dans la politique du PCF et qui sont devenues insupportables.
Comment s'étonner alors que la grande masse des gens n'y comprennent rien. La lecture de l'Humanité en est un très bon exemple et d'ailleurs de journal du PCF(SFIC), il est passé à journal communiste à journal fondé par Jean Jaures. Je trouve cette évolution significative mais aussi pathétique!

Je m'en tiendrai là. C'est un propos qui je l'admet demeure très superficiel j'espère qu'on ne me le reprochera pas, il est sincère!

Bien fraternellement, salutations communistes,

...
Finimore
   Posté le 28-10-2021 à 06:06:46   

Concernant Michel Clouscard, voici ce qu'en écrit François Bégaudeau dans son livre : Notre joie (fayard-pauvert 2021).

Si c’est profond, je creuse. En creusant, ma main rencontre un attelage verbal à succès. Libéral-libertaire est cet attelage. Le marxiste Clouscard l’a formé dans les années 1970. Puis des gens pas très marxistes en ont fait leur totem négatif. Pour Clouscard puis Soral puis forcément M, l’engeance libérale-libertaire est la source de tous nos malheurs.

Une convergence lexicale ne vaut pas convergence. Qu’il nous arrive, à Raphaël Enthoven et à moi, de dire courgette ne scelle pas entre nous un compagnonnage politique, grand bien lui fasse. Mais dans le système Clouscard comme dans le système Soral, libéral-libertaire n’est pas courgette. C’est par la centralité de libéral-libertaire que le second a pu se dire le continuateur du premier.

Au rappel que Clouscard s’est démarqué sèchement de cette embarrassante descendance, je pourrais rétorquer qu’on a les admirateurs qu’on mérite, mais alors il me faudrait admettre que je mérite M. M qui m’a dès la première pinte demandé mon avis sur Clouscard, comme me l’ont demandé nombre de jeunes droitiers depuis un an. Tout cela est bien confus. Qui mésentend qui ? Qui embrouille qui ?

Pour une part, Clouscard s’embrouille tout seul. Sa confusion tient, comme chez ses obscurs disciples, à la morphologie en deuxième main de sa thèse. Car Clouscard ne critique pas les libertaires en soi mais en tant qu’amis de ses ennemis. Les libertaires seraient les complices objectifs de l’hégémonie libérale ; les idiots utiles du libéralisme ; les couillons de l’histoire, dirait aussi ce natif du Tarn. Leur célébration du désir servirait les intérêts du capitalisme de la séduction advenu après-guerre.

L’attelage verbal est donc un montage théorique. L’extrapolation d’une contiguïté en collusion. En tout cas une construction idéelle qui, soumise aux faits, s’effondre.

Dans les faits, les forces libertaires et les forces libérales se sont en tout temps affrontées. Et pour cause : les mouvements proclamés libertaires se proclament antilibéraux, et le libéralisme est constitutivement autoritaire. Les libertaires songent à des peines substitutives à la prison, les libéraux à en construire de nouvelles pour accueillir les perdants indociles de leur compétition. Les libertaires militent pour l’insubordination de l’école aux exigences de la production au nom desquelles les libéraux la soutiennent et la financent. Les libertaires visent la réduction du temps de travail que les libéraux œuvrent à augmenter.

Dans le concret de la séquence 68 qui selon Clouscard noue l’alliance entre les deux branches, les libertaires travaillent à étendre la grève, les libéraux réclament sa fin. Des libertaires pousseront jusqu’à la sécession communautaire leur refus d’un modèle de croissance que les libéraux décrètent sans alternative.

Hélas, Clouscard n’est pas si factuel. Pour être marxiste il n’en est pas moins philosophe. À sa pensée globale importe l’idée libertaire et non son incarnation. Les consciences individuelles sont dérisoires au regard de sa conscience philosophante occupée à ficeler son grand récit. Depuis ce promontoire lui apparaît négligeable que les libertaires se soient vécus comme antilibéraux. Ils ne savent pas ce qu’ils font, ils ne connaissent pas leur rôle historique, leur place dialectique. Ils s’abusent parce qu’ils sont abusés : le développement de l’esprit libertaire est une ruse de la raison libérale. Et l’individu est au cœur de la stratégie : le capital, ayant intérêt à émietter en individus les groupes formés pour le combattre, encourage le libertaire à réclamer des droits pour l’individu. Aussi bien, occupé à multiplier les désirs du consommateur, le capitalisme de la séduction se félicite de la sacralisation du désir par l’hédonisme libertaire.

Cela s’entend. Cela se conçoit. C’est une conception. Toutes les conceptions sont possibles. Mais les faits eux ne volent pas dans le possible, ils sont avérés ou non. Dans les faits, le désir d’achat ne participe en rien du désir valorisé par les anarcho-désirants . Stimulé par des techniques de manipulation inférées d’expériences de rats en cage, la pulsion de consommer enclot le consommateur dans le circuit marchand. La pulsion de consommer est le contraire de l’expression d’une singularité, valeur cardinale des libertaires. Elle uniformise chacun et ne singularise personne. Elle fond l’individu dans la masse.

Le marketing ne cible pas des individus mais des groupes ethniques ou sociaux ou sexuels ou culturels qu’il convertit en niches. Si par exception il affine ses messages pour toucher une individualité, c’est dans le but de désindividuer son désir en sorte que, par un jeu mimétique et donc dépersonnalisant, l’individu désire ce que désirent les autres. Le besoin client , qui porte déjà mal son nom – ai-je besoin d’un mixeur à boisson ? –, n’est pas le désir client. Et Clouscard est le premier à constater-déplorer que la consommation lisse les goûts, les pratiques, les attitudes, les vêtements, cependant que Lasch, son cousin américain, observe que les Narcisse accouchés par le capitalisme contemporain sont expropriés de leur subjectivité. La consommation produit des Narcisse qui s’adorent ressemblant à des millions d’autres Narcisse ressemblant à des millions d’autres.

La prétendue complicité objective entre libéraux et libertaires repose donc sur une sous-estimation du désir, dommageablement apparenté à la démangeaison maladive qui jette le petit cadre brimé sur le Smartphone Motorola 128 Go Noir.

À la spéculation historique de Clouscard je peux opposer une contre-spéculation. Je peux d’un coup de clavier inverser les rôles des agents historiques. Écrire que c’est le libéralisme qui est une ruse de la raison libertaire. Décider que la consommation est une ruse de l’émancipation. Que le cool est une marchandise mais que ses effets excèdent les profits que les marchands en retirent. Qu’il y a un supplément, une conséquente fortuite, un bénéfice émancipateur collatéral. Déraidi par le chewing-gum, fluidifié par le scooter, déployé par la voiture, le corps occidental d’après-guerre en vient à trouver insupportable la verticalité imposée par le curé, l’instituteur, le père, le mari, la patronne, et parfois prolonge cette intolérance en insurrection. Je peux en douze touches tenir que les années 1960 contestataires ce fut ça. Ce fut Marx finissant le travail d’Elvis Presley – pour paraphraser l’ami Negri.

Elvis Presley est une marque de savon, vendue avec des techniques de vendeur de savon. Oui les marchands ont arrosé la planète de rock’n’roll, globalisant les goûts et les danses, formatant les postures, introduisant dans tous les foyers du matériel d’amplification et de diffusion du son. Et le rock en se diffusant diffuse une onde qui en chaque corps produit une vibration qui devient une démangeaison qui devient une addiction. Le corps en redemande, et c’est le but : qu’il redemande du savon, qu’il redemande du rock. Mais la vibration rock s’excède en d’autres désirs que l’hypermarché ne peut satisfaire. Le fournisseur ne peut plus fournir. Le corps électrifié par le rock se survolte en subversion politique contre le capital dont la camelote a allumé la mèche. À ce moment, qui est l’idiot de l’autre ?

Si en juin 1968 l’ouvrière de Wonder ne veut plus rentrer dans cette taule , c’est que l’électricité ambiante, produite par frottement des corps dans les concerts et les manifs, allume en elle une énergie qui déborde le cadre du travail d’usine. Ça fuit de partout. Le capital doit stopper l’hémorragie. Si personne ne se remet au boulot, qui produira ses richesses ? Les propriétaires envoient leurs intellectuels organiques tancer les libéraux-libertaires. Les libéraux-autoritaires réclament qu’on sépare le bon grain capitaliste de l’ivraie du désir. Et de cette histoire-là racontée par moi c’est Clouscard qui est le couillon.

On rate le fait libéral en ratant sa contradiction interne : ses bulldozers défoncent des vies mais aussi des murs. La gauche antilibérale rate l’essentiel si elle rate cette inédite conjonction de coercition et de laisser-faire.

Clouscard rétorquerait que cette ambivalence n’est pas une contradiction mortelle du capitalisme mais la condition de sa survie. En nous jetant des miettes de plaisir, il se rend vivable et nous endort. La consommation achète ma docilité. Quand j’achète, c’est moi qu’on achète.

Cela s’entend aussi.

Tout s’entend.

Vu du haut, les deux analyses dialectiques sont défendables à l’infini – misère de la philosophie. Redescendons au ras des pâquerettes. Revenons au blue-jean , puisque Clouscard a fait une fixette sur ce vêtement emblématique. Laissons l’emblème, voyons l’usage. Dans le périmètre individuel, que se passe-t-il avec le jean au début de son règne ? Il se passe bien sûr que c’est un désir archi-impersonnel – tout sauf un désir donc – qui me pousse à en acquérir un. Il se passe que c’est, avec le téléphone portable, le vecteur d’uniformisation le plus performant de l’histoire du commerce mondialisé – dans tous les films, qu’ils soient iraniens, argentins, algériens : des jeans et des Smartphones. Mais il se passe aussi que cette uniformisation estompe l’appartenance de classe ; que dans certaines situations (pas toutes), porter le même pantalon que le dominant atténue le complexe d’infériorité sociale. Il se passe surtout que le caractère unisexe du vêtement est un passe-droit pour les femmes. Il se passe concrètement qu’à moi femme de 1972 le jean autorise des positions et des mouvements que la jupe patriarcale m’interdisait. Moulée dans un jean je peux me balader sans craindre un coup de vent, je peux plier et déplier mes jambes sans ouvrir un angle idéal sur ma culotte, je peux ne pas porter de culotte, je peux poser mes fesses partout, je peux me poser là, je peux me salir, je peux me tacher sans avoir à me changer, je peux danser sans craindre de filer un collant, je ne suis tenue ni aux collants ni aux bas, je ne suis pas tenue de m’épiler les jambes, je peux sauter je peux courir je peux grimper à un arbre, je peux porter des tennis qui multiplient les terrains praticables par moi. Ainsi j’ai grignoté du terrain dans cette chasse gardée des hommes qu’est l’espace public. Le jean m’offre des bouts de cité. Il m’octroie, dans ce sens physique, concret, au ras des pratiques, des bouts de citoyenneté.

Est-ce que ces détails intéressent Clouscard ? J’en doute. Je flaire que sa critique du blue-jean n’est pas amendable parce qu’elle est affective. Je flaire que le jean le rebute en soi, et non pour sa fonction historique. Que la coolitude que le jean signale et permet lui déplaît en soi, et non pas seulement comme anesthésiant politique. Les hippies, Michel les trouve idiots avant qu’idiots utiles. Leurs codes par définition grégaires lui semblent puérils. Ces originaux se soumettent à une norme de l’anticonformisme – mutins de Panurge ? Les libertaires c’est le folklore de la rébellion sans la rébellion. Avec eux tout est permis mais rien n’est possible.

Je flaire chez Clouscard une dilection pour la tradition – celle-là même que M flaire positivement, ici tout le monde flaire tout le monde, nous nous reniflons. Je flaire que le provincial Clouscard refuse le rock en tant que marqueur d’une avant-garde citadine qui le rebute. Quand il vocifère contre le jean ce n’est pas le marxo-hégélien qui parle, mais l’amateur du rugby de village. Je le flaire chez lui parce que j’ai l’odeur sur moi. J’ai aimé ce rugby via mes parents d’ascendance rurale. J’en regrette la disparition. J’ai mes nostalgies aussi, multipliées avec l’âge ; j’évite juste de les politiser.

Je flaire en outre que Clouscard, qui a si bien parlé de l’amour courtois, déteste surtout du jean le caractère unisexe. J’en viens à sentir, dans son analyse du remplacement d’un capitalisme par un autre, une préférence pour le capitalisme patriarcal d’avant-guerre. Je ne vais plus tarder à penser qu’elle s’inscrit dans une nostalgie du patriarcat.

Ou bien c’est simplement l’échelle individuelle qui est déconsidérée. La femme en jean est une quintessence d’individu. La femme, en tant qu’elle échappe toujours, est la synecdoque de l’individu en tant qu’il échappe toujours. Échappe à quoi ? Échappe au théoricien, peut-être amer de certains échecs amoureux, mais échappe d’abord à la théorie. L’individu c’est le particulier, la théorie c’est le général. La diatribe millénaire des théoriciens contre l’individualisme est induite par la théorie elle-même, dont les grosses mailles peinent à attraper l’individu. L’anti-individualisme du philosophe est une autre de ses déformations professionnelles.

Mais la déconsidération est plus violente. Plus viscérale, plus intime. La vie individuelle n’est pas seulement quantité négligeable dans la comptabilité théorique, elle est méprisable.

Pourquoi M rechigne-t-il à parler de lui ? En première approche, j’ai cru qu’il évacuait l’aspect social de sa vie, jugé trop prosaïque. En deuxième approche, j’ai conjecturé que M ne déteste ni les juifs ni les femmes ni les Anglais ni les transgenres, mais lui-même. Et plus précisément Mehdi en lui – comme son acolyte anti-PMA déteste l’homosexuel en lui. Puisque M ne s’aime pas différent, il se voudrait autre ; pour être autre, il fond sa différence dans la fiction du même. Ça se défend ; ça se comprend. Mais c’est insuffisant. Alors que la soirée commence à se finir, les mots par lesquels il décline mon ultime exhortation à parler de lui suggèrent une troisième approche. Les petites affaires individuelles ça n’a aucun intérêt, dit-il. Ça ne mérite pas qu’on en parle, ajoute-t-il, et sa bouche, articulant cela, se tord de mépris. Ce n’est pas une image, c’est un fait physionomique : il grimace. De mépris, et un peu aussi de dégoût. Comme qui trouverait un rat dans une suite nuptiale. Non, pas un rat : une crotte de rat.

L’individu une crotte de rat.

L’individu en soi, l’individu livré à lui-même est indigne d’intérêt, est indigne. Il n’acquiert dignité qu’à se fondre dans une entité plus vaste et plus estimable, plus estimable parce que plus vaste. La nation. La société. Le peuple. Un corps d’armée. Le corps enseignant.

La mauvaise disposition de Clouscard vis-à-vis de l’individu en tant qu’individu est peut-être le noyau affectif de son communisme. Entre autres mobiles qui la légitiment définitivement, la défense du commun serait sous-tendue par un vieux et profond rejet de l’individu. Le commun ne réglerait pas un compte à la propriété privée mais à l’individu, qui n’est tel qu’à s’excepter en partie de la chose commune.

Pourquoi les spectateurs militants grimacent-ils devant le personnage de mon docu Autonomes qui a poussé l’autonomie jusqu’à une solitude farouche ? Pourquoi tant de réserves sur cet homme des bois qui n’emmerde personne, ne demande rien à personne, ne profite de personne à quelques poules volées près ? Pourquoi tiennent-ils tant à spécifier que l’autonome n’est pas celui qui s’isole dans son coin ? Qu’est-ce qu’il y a de si répréhensible dans le fait de s’isoler dans son coin ? Quelle vieille méfiance contre l’individu s’exprime là ? Quelle proximité entre le commun et le communautaire ? Par extrapolation, j’en viens à voir dans la volonté de reconnecter l’individu (à la terre, au vivant, etc.) une volonté de le recadrer. Dans la volonté de le relier une volonté de le lier. Ainsi tous ces mouvements émancipateurs ne consisteraient qu’à arracher l’individu à une mauvaise tutelle pour le confier à une bonne tutelle (la nature, la communauté, l’espace citoyen).

La politique-institution qui défend l’existant est policière ; mais la politique-émancipation n’est-elle pas aussi un rappel à l’ordre ?

Par une de ces coïncidences qui sont le sel de la vie, j’achève la première mouture de ce livre pile au moment où une historienne marxiste et libertaire a tweeté une alerte contre une blague de moi qu’elle juge sexiste. Alerte relayée par un tombereau de témoignages courageusement anonymes sur mon comportement mufle avec l’autre sexe. Il apparaît au grand jour que mon féminisme revendiqué est une diversion de prédateur. C’est donc au titre de la grande marche vers l’égalité femme-homme que le NPA annule une rencontre publique avec moi, que le site anarchiste Lundi Matin annule la publication d’un entretien avec moi, que le journal du Parti de gauche annule la publication d’un article sur les séries, écrit à sa demande et bénévolement. Entre autres punitions et boycotts.

Par une coïncidence non moins salée, j’achève dix mois plus tard la dernière mouture de ce livre pile au moment où une figure de la gauche radicale agonit mon attitude d’après la conférence lyonnaise où il était présent, me jugeant irresponsable et gogol d’avoir fait table commune avec des fafs . Ça me donne l’idée d’un livre.

Je reviendrai une autre fois sur les boycotts du printemps 2020, dont certains durent. Il y a beaucoup à en tirer. Beaucoup de savoir, beaucoup de gaieté. Pour l’heure et pour ici je me contente d’inscrire cet élégant lynchage dans la longue histoire de mes rapports tendus avec la militance.

Force est de constater que nous ne m’aimons pas beaucoup.

Il y a comme un malaise de nous à moi.

Pour des raisons de fond ? C’est ce que les militants, piètres psychologues, se figurent. Dénués d’odorat, ils posent un diagnostic théorique. Comme M, ils croient à la guerre des idées . Par exemple en 1993 le SCALP me reproche des propos de radio sur les limites de l’antifascisme. Par exemple en 1996 les austères anarcho-punks trouvent les Zabriskie à la fois trop désinvoltes et trop staliniens . Par exemple dans une librairie alternative une militante PC tance ma sympathie pour les décroissants. Par exemple les spectateurs décroissants d’Autonomes trouvent que le film ridiculise leur cause. Par exemple ce message hier d’un militant LO pour me rééduquer sur la question européenne. Par exemple la liste est longue. Et inutile.

Ça ne se passe par sur ce plan.

Au plan des individus et des viscères, là où Clouscard n’aime pas les fringues des hippies, là où S remâche sa rupture amoureuse, là où M désespère de sa mère arabe ou gauloise ou whatever, il n’y a pas désaccord entre la militance et moi mais incompatibilité d’humeur. Je l’avais dit à une journaliste de gauche qui justifiait un article négatif sur En Guerre par le mépris de classe qui selon elle en transpirait : la prochaine fois écris directement que tu n’aimes pas ma gueule.