| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 05-08-2015 à 20:59:13
| Face à l'aveuglement de la direction révisionniste du PCF, le réseau faire vivre et renforcer le pcf appelle les communistes à ouvrir le débat sur la question européenne, en critiquant la thèse de la ligne de "l'Europe sociale" battue en brèche en Grèce. Le réseau défend une sortie de l'Europe et de l'euro et simultanément la "sortie du capitalisme" . Cette question concerne tous les communistes quel que soit notre point de vue, afin de faire progresser notre unité de pensée en partant des faits et en nous appuyant sur la fidélité aux principes marxistes léninistes. Peut-on envisager une sortie de l'Europe dans le cadre du capitalisme, ou dans le cadre d'une révolution prolétarienne, doit-on privilégier la sortie de l'Europe et de l'euro ou la révolution elle-même, une sortie de l'euro peut-elle être menée à bien en dehors de toute contrainte envers les capitalistes, c'est-à-dire en faisant l'économie de la dictature du prolétariat ? Europe sociale ou rupture progressiste: ouvrir vraiment le débat après l'expérience grecque Le mémorandum imposé à la Grèce est un séisme politique dans toute l’Europe, bousculant les propositions alternatives à l’austérité. Oui ou Non, une autre politique est-elle possible dans le cadre de l’Union européenne ? Le débat européen traverse les courants politiques, à droite comme à gauche. Depuis Maastricht puis le NON français de 2005, on sait qu'il est socialement marqué, opposant ouvriers, employés, jeunes, quartiers populaires, refusant très majoritairement les politiques européennes, aux professions libérales, cadres et centres-villes urbains, plus favorables à l’intégration européenne. Le dernier congrès du PCF "Il est grand temps de rallumer les étoiles" a confirmé l'orientation pour une "Europe sociale" avec l'adhésion au Parti de la Gauche Européenne. La faucille et le marteau ont été remplacés par les étoiles européennes sur les cartes du parti. Les textes alternatifs, considérant l’UE comme une construction de la mondialisation capitaliste, sont restés minoritaires. La force acquise par les mouvements de gauche radicale en Grèce et en Espagne semblait confirmer cette voie pour une autre Europe, avec la victoire de Syriza, puis la force des 61% du NON grec. Mais le choc d’une nouvelle vague d’austérité imposée à la Grèce et acceptée par Alexis Tsipras est une douche froide pour tous les militants, toutes les luttes sociales, pour la souveraineté des Etats. Ce choc a conduit à de nombreuses hésitations et discussions des communistes, à l’image des parlementaires communistes hésitant entre les votes Oui et Non. La direction du PCF a proposé une analyse de cette situation à partir de trois scénarios. L’Europe de la finance et de l’austérité de la droite et des partis socialistes gouvernementaux, l’Europe de la concurrence nationaliste des extrêmes droites, et l’Europe sociale de la gauche radicale. Nous considérons qu’un débat large et ouvert conduirait a envisager un quatrième scénario. - Que faut-il de plus que 61% du peuple pour imposer une autre politique ? Faut-il une majorité à l’échelle de toute l’Europe pour mener une autre politique dans un pays ? - Un dirigeant du PCF devrait-il accepter de mettre en œuvre une politique d’austérité plus dure que celle de Hollande pour éviter une « catastrophe financière » ? - Quelle différence entre Hollande, élu ennemi de la Finance pour la servir quelques mois plus tard, et Alexis Tsipras, élu contre les mémorandums d’austérité, pour en appliquer un 6 mois plus tard ? - Quels points communs entre les mémorandums grecs et la situation française (MES, TSCG, ANI, code du travail, retraites, privatisations, démantèlement des services publics...)? - Les pertes de souveraineté poussées ne mettent-elles pas la Grèce dans une situation néo-coloniale ? Ces questions conduisent à envisager un quatrième scénario, celui d’une révolution de nature anticapitaliste dans un pays, conduisant à la rupture avec les traités européens existants. Une telle rupture permettrait de ré-ouvrir l’histoire européenne sur la base de l’intérêt des peuples, dans une approche internationaliste, avec les forces diverses qui veulent construire un monde multipolaire s’imposant à l’impérialisme militariste US. Le plan B proposé par Yanis Varroufakis, les propositions de Éric Toussaint issues de l’audit de la dette grecque, les analyses de nombreux économistes progressistes, les positions des communistes grecs ou portugais, montrent que de plus en plus de progressistes refusent de s'enfermer dans l'Europe sociale et réfléchissent hors du cadre porté par les partis du PGE. Nous demandons l’ouverture d’un débat pluraliste avec tous les communistes, les syndicalistes, les progressistes, pour donner des arguments solides et partagés aux militants sur les alternatives possibles à l’austérité, à la domination des institutions non démocratiques de l’UE, à la toute puissance du système banquier et financier. Ce débat doit poser en toute clarté les éléments de crédibilité comparée du scénario de l’Europe sociale, et de celui d’une rupture progressiste avec l'UE.
Edité le 06-08-2015 à 08:29:43 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 07-08-2015 à 13:51:52
| Ce texte-pétition s'adresse naturellement aux membres du PCF, qu'il appelle à s'opposer à la ligne européiste de Pierre Laurent. Mais il concerne aussi tous ceux qui souhaitent reconstruire un parti communiste. "ouvrir le débat entre communistes" s'adresse à tous ceux qui aspirent sincèrement au socialisme qu'ils soient adhérents au parti révisionniste ou non. Il nous revient d'appuyer cette initiative, y compris si nous n'en partageons pas tout le contenu, mais en sachant qu'elle ne constitue qu'un pas dans le processus de retour aux principes marxistes-léninistes et dans notre unité.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 20-08-2015 à 23:54:26
| Ce texte reprend le slogan lancé par le PRCF le 22 juillet Disons-le d’une seule voix ! « Il faut sortir de l’euro et de l’U.E atlantique par la voie progressiste » Bien qu'il s'oppose à la ligne des dirigeants révisionnistes, l'expression "rupture progressiste" ou "révolution de nature anticapitaliste" ne remettent pas en question l'abandon de la lutte pour le socialisme, entériné au XXIXe congrès du PCF avec Robert Hue : « Le terme de socialisme renvoyait à plusieurs notions. Il renvoie à un courant de pensée, courant de contestations de la société capitaliste née du socialisme utopique prolongées par les luttes sociales du XIXe siècle, nourries de l'espérance sociale qu'a fait naître la Commune, l'aspiration sociale qu'incarne le socialisme de Jaurès. Mais le socialisme exprime aussi une société de transition, une étape ou on changerait d'en haut les conditions économiques et matérielles de la société selon des critères prédéterminés, étape théorisée et modélisée à partir du stalinisme dans les pays de l'Est. La commission n'a pas voulu retenir ce qui fait référence à une étape théorisée. » Extraits du document adopté au 29ème congrès de 1996 : « C'est en ce sens que nous parlons de « dépassement du capitalisme » pour caractériser cette conception neuve de la révolution. Dépassement n'est pas adaptation : il ne s'agit en rien d'en rabattre sur l'objectif, qui est de passer à une autre organisation sociale. Mais il n'est pas non plus « abolition » brusque, par décret, dont l'histoire à montré qu'elle ne prémunit ni contre les tares de l'ordre ancien, ni meme contre sa restauration. Le terme de « dépassement » correspond à la conception d'un processus de transformation de la société dont le rythme, la durée dépendent du peuple qui permette de mettre en cause, jusqu'à les supprimer, l'exploitation, l'aliénation, les dominations, non pas en faisant table rase de la société actuelle, mais en s'appuyant, dans ce combat, sur le développement des acquis, besoins, potentiels de cette société. Nul ne peut prétendre définir à l'avance les constructions politiques et les ruptures par lesquelles cette transformation socialiste s'effectue, au rythme des luttes et des votes du peuple. »
Edité le 21-08-2015 à 00:11:46 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 29-08-2015 à 19:52:05
| Ci-dessous un article de G. Remond sur le débat en cours dans le P"C"F. La question de la "rupture avec l'euro", "rupture avec l'Europe" est un sujet clé de notre stratégie. Pour certains groupes ou certains camarades, la sortie de l'Europe est la priorité et entraîne sinon la révolution, au moins une déstabilisation des institutions telles que le capitalisme est remis en question. Cette position rejoint des attitudes souverainistes lorsque la lutte de classe passe au second plan. Ainsi Sapir écrit : "Cette dépossession de la souveraineté populaire et de la démocratie se fait au profit d’un seul pays, l’Allemagne" . Sapir se trouve ici sur des positions chauvines qui oublient à la fois les contradictions de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie française et le rôle de l'impérialisme français en Europe. La lettre de Gilbert fait le point sur la position de Sapir, ainsi que sur celle du PRCF :
_____________ "Le réseau "faire vivre le PCF" a lancé la semaine passé un appel pour demander un débat dans les organisations du parti sur la Grèce, l’Europe et l'Euro a partir d'analyses qui ne soient pas que celles de la direction du PCF . Depuis, comme pour noyer le poisson, la presse se fait l'écho d'une position de Sapir qui nous appellerait a un nouveau CNR. Sans doute Sapir y est-il aussi pour quelque chose mais le mieux reste de s'en assurer a partir de ce qu'il en dit lui-même Cette question a déjà été abordé par nous et nous oppose a certains camardes qui militent au PRCF. L'on ne peut substituer une ligne de lutte de classe a un rassemblement sur une base nation contre nation, les bon républicains face aux mauvais. Nous ne sommes pas un pays occupé par les armées d' une puissance étrangère, nous sommes par contre confronté a une dictature de ceux qui possèdent les moyens de production et d'échanges. Le fait nouveau depuis quelques décennies étant qu'ils se sont organisé sur un plan supra nationale. Pour autant nos adversaire ne sont ni allemand, ni russe ni américain. Ils sont les bourgeoisies de ces pays, unies pour la circonstance contre les droits des peuples et de leurs classes ouvrières . Jacques Sapir choque, cependant il ne fait que pousser un peu plus loin le bouchon qu'ont lancé nos camarades du PRCF. Il le fait, ne leur en déplaise, sur une ligne tracée par un raisonnement commun. Il la pousse en toute logique. Il s'agit pour lui comme pour eux de permettre un rassemblement nationale à la différence qu'il pousse ses limites jusqu'à des franges qu'il identifie comme républicaine quand d'autres ne leur reconnait pas cette qualité. Mais qui peut en décider ? Philippot ne se réclame-t-il pas du gaullisme? Est-il moins légitime que certaines personnalités du parti républicain a le faire? Qu'est-ce qui le sépare d'autres souverainistes? Ces questions doivent être poser, et nous devons les aborder en toute fraternité avant qu'elle ne se figent et nous empoisonnent. Les analyses de Sapir dans sont domaine de prédilection sont généralement pertinentes. Nous les avons relayées a plusieurs reprises en particulier celle où il analysait la position du PCF défendue entre autre a un moment donné par Pierre Laurent sur l'attitude qu'il fallait adopter face au mémorandum signé par Tsipras au lendemain du référendum. Ses analyses étaient incontestablement celle d'un homme de gauche. Mais qu'est-ce être de gauche? Depuis le début du mouvement ouvrier, ses théoriciens et ses dirigeant se sont opposés sur les orientations à prendre au cours de son histoire. Marx en particulier puis plus tard Lénine n'ont eu de cesse de débusquer et de combattre les positions opportunistes. Celles -ci souvent s'engendrent les unes des autres. dans le cas qui nous intéresse celle de Sapir n'est que la conséquence d'une autre manière de considérer et de concevoir le rassemblement dans le cadre d' une solution politique qui refuse d'affronter la contradiction principale, celle qui oppose ceux qui vendent leur force de travail à ceux qui possède les moyens de production. Cette solution exige une rupture que les uns et les autres refusent dans les faits. Il faut sortir du capitalisme et la seule manière d'en assurer l’occurrence s'appelle le socialisme. Sébastien Crépel à beau jeux de parler de "la coupable attraction" de Jacques Sapir dans son article de l'Humanité du 28 aout. Il ne fait que continuer la tradition mittérrandienne qui place sur notre chemin le FN chaque fois qu'un problème d'importance devrait être aborder pour ne pas avoir à le traiter et surtout pour ne pas l'aborder d'un point de vu de classe. Quoi qu'il en dise! Parce que le plus fort, c'est qu'il parvient à nous mettre cette question en argument de sa démonstration alors qu'il y a belle lurette que la ligne que défend son journal n'est plus celle-ci. Elle ne se résume plus qu'a l'aune du nombre d'élus a obtenir dans une consultation, ce qui plus est est un très mauvais calcul. Nous en voyons depuis quelques temps la conséquence infernale, les classes populaires se sentant abandonnées nous abandonnent après nous avoir assimilé en bonne logique a nos alliés pourvoyeurs de mandats Quoi qu'il en soit, je vous laisse juge. La meilleurs des stratégies dans l'état actuel du débat, c'est de donner à chacun les éléments du débats et de le permettre dans le moment où nous vivons, c'est- a- dire dans le concret des luttes et des contradictions dont elles résultent. Le concret des luttes c'est aussi une place a prendre pour chacun . Notre appel en est un moment. Je vous invite a vous y joindre en le signant, si ce n'est déjà fait et d'en être les co auteurs, en le faisant connaitre autour de vous. Il ne s'agit aucunement d'une volonté de fractionner ni de diviser. Il s'agit au contraire d'unir et de renforcer, en se donnant les moyens d'intervenir et appréhender les phénomènes qui déterminent la lutte des classes, de produire de l'analyse par la participation du plus grand nombre a partir d'éléments concrets et contradictoire s'il en est." Gilbert Rémond
Edité le 29-08-2015 à 20:20:00 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 29-08-2015 à 20:02:19
| l'article de Sapir auquel se réfère la lettre de Remond : Sur la logique des “fronts” PAR JACQUES SAPIR · 23 AOÛT 2015 Le débat suscité par l’interview accordé à FIGAROVOX s’avère extrêmement instructif en ceci que l’on peut y lire l’état de la (non) réflexion de certains. Je précise à nouveau que les différences entre le texte publié sur FIGAROVOX[1] et le texte du carnet (largement plus développé[2]) sont de ma volonté. J’ai considéré que l’interview était déjà bien longue. Mais, ce débat ne reflète pas (seulement) l’état intellectuel d’une partie des militants et sympathisants de la gauche. On peut y lire aussi de véritables interrogations quant à la stratégie politique que devrait adopter un « front de libération nationale » pour reprendre l’expression de Stefano Fassina[3] ou ce que j’appelle quant à moi un « front anti-Euro ». L’objet de cette note sera donc d’éclaircir ou de préciser certains points. Que l’on ne s’étonne pas si le vocabulaire employé pourra apparaître daté (pour ceux qui s’en souviendraient). C’est que la question des « fronts » a une longue histoire. Mais, que l’on ne se méprenne pas non plus sur ce vocabulaire. On n’en usera que ce qui sera nécessaire. 1 – Les caractéristiques de la période Toute réflexion sur la stratégie politique s’enracine dans une analyse de la période tant politique qu’économique. Celle que nous vivons a pris naissance dans le basculement qui s’est produit dans les années 1970 et 1980 et qui a produit la financiarisation du capitalisme. Non que la finance ait été chose nouvelle. Mais, à travers les processus d’innovations financières qui se sont développés à partir de 1971-1973, la finance s’est progressivement autonomisée des activités productives dans une première phase, puis elle s’est constituée en surplomb par rapport à ces dernières dans une deuxième phase. Aujourd’hui, la finance prélève une rente de plus en plus importante sur les activités productives, et ceci se traduit par l’ouverture impressionnante de l’écart entre le 1% le plus riche de la population et le reste de cette dernière. En découle aussi ce que l’on a appelé les « trente piteuses » par opposition aux « trente glorieuses », et qui sont caractérisées par la montée d’un chômage de masse et une faible croissance. Dans ce processus de financiarisation, un moment décisif en Europe a été la mise en place de l’Euro (pour l’appeler par son véritable nom : Union Economique et Monétaire ou UEM). Les institutions des économies qui ont adopté l’Euro s’en sont trouvées progressivement modifiées, que ce soit les institutions monétaires, qui furent les premières naturellement à être affectées, mais aussi les institutions productives (à cause de la distorsion importante de concurrence induite par un taux de change fixe sur le long terme) et enfin les institution sociales. Ce que l’on appelle aujourd’hui « l’austérité » n’est que le résultat de ce changement institutionnel. L’austérité est la fille légitime de l’Euro ; elle devenue depuis 2010 sa fille chérie. Après avoir tenté de ruser avec cette dernière dans les années 1999 à 2007, des pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie, le Portugal et la Grèce ont été contraints, à des rythmes et dans des conditions qui sont à chaque fois spécifiques, à entrer dans le carcan de l’austérité. La domination de la thématique austéritaire sur la vie politique de ces pays correspond aussi avec l’enracinement de la financiarisation que permet l’Euro. Mais, l’Union Economique et Monétaire a induit aussi, et l’on peut aujourd’hui supposer que tel était bien l’objectif réel de ceux qui ont mis en place l’Euro, des changements importants dans la forme et les méthodes de la gouvernance politique. Le basculement vers un monde de déni systématique de la démocratie en découle. Il faut considérer que la monnaie unique n’est pas seulement un instrument de la financiarisation. Elle-même s’est progressivement autonomisée et est devenue un mode de gouvernement qui a des conséquences désormais chaque jour plus importante sur le fonctionnement politique des pays. Les parlements nationaux sont progressivement privés de leurs prérogatives souveraines, en particulier – mais pas uniquement – par le TSCG qui fut ratifié en septembre 2012. Cette dépossession de la souveraineté populaire et de la démocratie se fait au profit d’un seul pays, l’Allemagne. Elle a des conséquences politiques profondes à la fois sur les représentations des peuples et sur les mécanismes politiques tant dans les différents pays qu’entre ces derniers. C’est l’un des principaux facteurs promouvant des comportements anti-démocratiques dans les pays européens. L’une des conséquences de l’Euro est l’accentuation des effets de compétition et de concurrence entre les pays, effets qui désormais menacent directement la paix en Europe. Ainsi, nous sommes à nouveau confrontés à des contradictions sociales extrêmement fortes, tant à l’intérieur de chaque pays qu’entre ces derniers. Nous sommes à nouveau confrontés à une période de troubles et de révolutions. 2 – Les taches de la période Les institutions mises en place dans le cours de la période, et plus particulièrement dans la phase actuelle de domination de la finance, constituent un ensemble qui fait système. Mais, en Europe, on perçoit la place centrale qui est occupée par l’Euro. C’est ce qui fait de la destruction de l’Euro l’objectif stratégique aujourd’hui. Toute tentative visant à sortir de la financiarisation et de l’austérité en restant dans le cadre de l’Euro est vouée à l’échec. On a pu le constater avec les événements qui se sont déroulés en Grèce cette année. A partir du moment où le gouvernement grec acceptait de faire du maintien dans l’Euro la condition de sa politique, il mettait sa tête sur le billot, comme l’a montré le diktat qui lui fut imposé le 13 juillet. En s’attaquant à l’Euro directement, on ouvre au contraire une brèche dans le système institutionnel. L’Euro aboli, une partie des institutions existantes deviennent incohérentes (y compris des institutions de l’Union européenne) et leur remplacement ou leur évolution redevient possible. Mais, dire cela implique que l’on se situe dans l’univers des possibles et non de la certitude. L’abolition de l’Euro n’entraînera pas automatiquement ce résultat. Mais, tant que l’Euro restera en place aucun changement n’apparaît possible. La destruction de l’Euro est donc une condition nécessaire mais non suffisante. Il faut donc non pas se limiter à la seule destruction de l’Euro (qui est un préalable indispensable) mais aussi penser ce qui pourrait accompagner cette destruction et la reconstruction qui suivra. Cela implique un projet de reconstruction global de l’économie avec des implications dans le domaine monétaire et bancaire, dans celui de la production, des mesures sociales et environnementales, de la fiscalité, etc.… Il est aussi clair que la destruction de l’Euro impliquera de repenser les formes et les processus d’insertion de la France (ou de tout autre pays) à l’échelle internationale. La destruction de l’Euro conduira à la mise en œuvre d’une autre forme de politique étrangère ainsi qu’à une redéfinition de nos relations avec les pays européens. Ce projet est considérable. Il implique un niveau de consensus dans l’opinion, consensus qui ne pourra se construire que sur une convergence d’opinions, voire des accords précis sur un certain nombre de points. La lutte contre l’Euro impliquera une alliance quelle qu’en soit la forme (et elle pourrait se limiter à une forme implicite). Mais, cette alliance devra s’étendre aux mesures d’accompagnement immédiat de la destruction de l’Euro. C’est en cela que la meilleure analogie pourrait être avec le programme du CNR qui ne visait pas seulement à la libération du territoire mais posait aussi des objectifs de réformes importants de la société française. 3 – L’hypothèse de Stefano Fassina En raison de sa place centrale dans le mécanisme de domination capitaliste actuel, et en raison de la sujétion dans laquelle est tenue la France (et la souveraineté populaire), cette lutte contre l’Euro peut s’apparenter à une lutte de libération nationale. Cette expression a été employée pour la première fois par Stefano Fassina. Il appelle à la constitution de « fronts de libération nationale » dans les différents pays qui ont été assujettis à la logique austéritaire et aux visées de l’Allemagne, et il est – en partie – rejoint sur ce terrain par Romano Prodi[4], l’ancien Premier-ministre italien. Ce type de vocabulaire, s’il possède une capacité d’appel très important, pose néanmoins le problème de ce que l’on désigne sous le vocable de « logique frontiste ». Cette logique frontiste est combattue par ceux qui pensent que le problème se réduit à un affrontement global entre le capitalisme et les « révolutionnaires » et qui ne sont prêts à aucun compromis au nom de la cohérence de ce combat. L’argument le plus important contre la « logique frontiste » est que les compromis nécessaires que doivent passer des forces de gauche les empêchent de construire les mobilisations populaires qui sont leurs seuls points d’appuis. Les forces de gauche se trouveraient donc désarmées par une logique soumettant la dynamique générale du combat aux obligations de la constitution d’un « front ». Elles seraient amenées à perdre que ce soit avant d’avoir atteint le premier objectif ou immédiatement après la réalisation de cet objectif lors de la phase dite « d’exploitation » de la victoire initiale[5]. Dans cette critique de la logique frontiste, on devrait passer instantanément, et avec aussi peu de médiations que possible de l’objectif d’étape à l’objectif général. Mais, cette critique repose sur en réalité sur une théorisation de la Révolution russe qui n’a que peu de rapports avec ce que fut la pratique réelle des Bolcheviks. De fait, les objectifs qui assurèrent le succès du mouvement révolutionnaire furent essentiellement des objectifs réformistes, cimentés par le consensus nationaliste une fois l’intervention étrangère déclenchée contre la révolution. Mais, il est aussi évident qu’une soumission trop étroite des diverses forces à l’objectif immédiat, l’incapacité (ou le manque de volonté de penser « l’après » ont été des facteurs important d’affaiblissement de la lutte. Dans le cas des luttes menées contre la colonisation, les mouvements qui ont réussis sont ceux qui ont su associer la dynamique du combat immédiat pour l’indépendance à des perspectives de construction de la société postcoloniale. La validation d’une stratégie de « front » n’est donc pas une question de principe. Elle repose sur un certain nombre de règles que l’on peut énoncer ainsi : Préparation de « l’après » dès la phase initiale de la lutte. Maintien de l’autonomie tant stratégique que politique des forces cherchant à promouvoir un réel changement social. Capacité de réunir autour du « front » le plus grand nombre et d’isoler l’adversaire. 4 – La logique des fronts On discerne immédiatement qu’aucun parti ou mouvement ne pourra à lui seul porter le programme concernant « l’après ». La question des alliances se pose donc, et avec elle celle de leur forme. Les alliances peuvent être réduites au minimum dans certains cas (un pacte tacite de non-agression) comme elles peuvent être plus développées (participation commune à des structures politiques, voire à des gouvernements). Cette question des alliances se pose dans l’immédiat, afin d’avoir la force nécessaire pour vaincre les obstacles de toutes sortes qui s’élèveront entre les forces anti-Euro et la destruction de ce dernier. Car, il ne faut avoir aucun doute sur le fait que dans la défense de l’Euro nous aurons une bonne partie des forces politiques traditionnelles, les banques et le grand patronat, mais aussi une large partie des « prescripteurs d’opinions » de la presse. Une partie importante de ces forces est transfrontière, qu’il s’agisse des partis politiques ou des milieux d’affaires. Ces forces susciteront toutes les formes de division possible. Cela veut dire que si la bataille se déroulera nominalement dans le cadre français, elle opposera en réalité des forces internationales au « front » qui combattra l’Euro. Il devient évident, dans ces conditions, que l’un des points clefs de la réussite de ce front sera au contraire la capacité d’unir la population française et une partie de la petite bourgeoisie et de porter la division au sein de l’adversaire. Il faudra montrer en quoi une large majorité de la population bénéficiera de la suppression de l’Euro, qu’il s’agisse des catégories les plus défavorisées comme de certaines catégories de patrons de PME et PMI. L’absence ou la faiblesse des représentations politiques de ces dernières catégories implique que la bataille pour les gagner au « front » anti-Euro passera essentiellement par des thèmes idéologiques et par la capacité à maintenir l’activité courante à un niveau normal. Souvenons-nous de la pression très forte qu’a exercée la Banque Centrale Européenne sur la société grecque en organisant dans les faits une crise de liquidités dans ce pays. Mais, il faudra, aussi, diviser l’adversaire et le convaincre, dans ses représentations, qu’une destruction de l’Euro est inévitable afin d’engendrer en son sein des comportements de « sauve-qui-peut » qui désarticuleront rapidement sa capacité d’action et de réaction. Le phénomène des anticipations auto-réalisatrices doit pouvoir jouer au détriment de l’adversaire. Cela implique que des propositions comme celles d’un « plan A » rationnellement discuté (et qui peut avoir une certaine validité théorique), ou d’un référendum sur l’Euro devront être abandonnées très vite car de la rapidité des réactions et de l’avancement du « front » contre l’Euro dépendra largement sa victoire. Une deuxième condition du succès est que le « front » ait une idée claire des mesures qui accompagneront la sortie de l’Euro que ce soit dans l’immédiat ou dans le moyen terme. Rien ne serait plus destructeur pour ce « front » que d’aller à la bataille sans avoir un accord, même implicite, sur ses mesures. Car, il faut savoir qu’une fois les opérations engagées, elles se dérouleront dans la temporalité des marchés financiers (même si ces derniers sont techniquement fermés en France), et que cette temporalité s’apparente à celle des opérations militaires. On l’a clairement vu lors de la crise de Lehman Brothers en 2008. Il est donc hors de question de s’engager dans cette bataille avec pour seule idée la « reconstitution de la souveraineté monétaire ». Il faudra pouvoir être rapidement beaucoup plus précis, même s’il n’est pas utile d’entrer aujourd’hui dans les détails. En un sens, la sortie de l’Euro se planifie comme une opération militaire, que ce soit à très court terme, mais aussi à moyen terme. Un accord, je la redis même implicite, sur les mesures à prendre sera l’une des conditions de réussite, ou d’échec, du front anti-Euro. La troisième question qu’il faudra régler concerne à l’évidence la superficie de ce « front » et ses formes de constitution. De très nombreuses formules peuvent être imaginées, allant de la coordination implicite (pacte implicite de non agression) à des formes plus explicites de coopération. Rappelons ici que lors de l’élection présidentielle de 1981 les militants du RPR ont collé des affiches de François Mitterrand…On ne peut chérir éternellement les causes des maux dont on se lamente et, à un moment donné, la logique de la vie politique voudra que soit on sera pour la sortie de l’Euro soit on sera pour conserver l’Euro. Il n’y aura pas, alors, de troisième voie. Il est évident que ces diverses formes d’ailleurs ne s’opposent pas mais peuvent se compléter dans un arc-en-ciel allant de la coopération explicite à la coordination implicite. Mais on voit bien, aussi, qu’à terme sera posée la question de la présence, ou non, dans ce « front » du Front National ou du parti qui en sera issu et il ne sert à rien de se le cacher. Cette question ne peut être tranchée aujourd’hui. Mais il faut savoir qu’elle sera posée et que les adversaires de l’Euro ne pourront pas l’esquiver éternellement. Elle impliquera donc de suivre avec attention les évolutions futures que pourraient connaître ce parti et de les aborder sans concessions mais aussi sans sectarisme. Du point de vue des formes que pourraient prendre ce « front, la formule « marcher séparément et frapper ensemble » me semble la mieux adaptée. Ceci n’épuise pas – et de loin – la question de la superficie du « front ». Il faudra vérifier la possibilité de détacher du Parti « socialiste » certains de ses morceaux, vérifier aussi la possibilité de pouvoir compter avec des dissidents de l’UMP et des souverainistes issus des partis indépendants (et on note avec satisfaction les discussions entre Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement). Il faudra enfin, et ce n’est pas la moindre des taches, unifier la gauche radicale. Ces diverses taches n’ont plus été à l’ordre du jour depuis 1945 dans notre pays. La perte d’expérience est ici considérable, les réflexes sectaires sont largement présents mais, surtout, la prégnance d’une idéologie moralisante se faisant passer pour de la politique constitue le principal obstacle, et la force principale de nos adversaires. Les raisons de potentiels désaccords seront extrêmement importantes dans ce « front », s’il se constitue. Mais, la véritable question est de savoir si les femmes et les hommes qui composeront ce « front » sauront dépasser leurs désaccords, quels qu’ils puissent être et aussi justifiés puissent-ils être, pour comprendre que l’objectif de sortie de l’Euro, avec tout ce qu’il implique (et que je ne rappelle pas) impose de mettre provisoirement ces désaccords de côté. C’est à cette aune là que nous verrons si le camp des forces anti-Euro est capable d’affronter les taches de la période. [1] http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/08/21/31001-20150821ARTFIG00294-montebourgvaroufakis-sortie-de-l-euro-le-dessous-des-cartes-par-jacques-sapir.php [2] http://russeurope.hypotheses.org/4225 [3] Fassina S., « For an alliance of national liberation fronts », article publié sur le blog de Yanis Varoufakis par Stefano Fassina, membre du Parlement (PD), le 27 juillet 2015, http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/27/for-an-alliance-of-national-liberation-fronts-by-stefano-fassina-mp/ [4] Voir son éditorial d’Il Messagero du 8 aout 2015, http://www.ilmessaggero.it/PRIMOPIANO/ESTERI/europa_fermi_inaccettabile_blitz_tedesco/notizie/1507018.shtml [5] On retrouve ici la critique Trotskiste du Frente Popular lors de la guerre civile espagnole, ou des fronts de libération nationale constitués durant la seconde guerre mondiale, avec en particulier la critique portée à l’encontre du PCF et du PCI pour la phase qui suivit immédiatement la Libération.
Edité le 29-08-2015 à 20:02:48 par Xuan
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| Posté le 29-08-2015 à 20:29:15
| Toujours à propos de l'article de Sapir "sur la logique des fronts", un article de Frédéric Lordon dans le blog du Monde Diplomatique du 26 août 2015, que nous communique G. Remond également :
_______________ Clarté La question de l’euro échappera-t-elle un jour à la malédiction du FN ? Sans doute tout la destinait-elle à y tomber, spécialement en une époque où se mêlent toutes les confusions et toutes les hystéries, au point de rendre presque impossible le moindre débat rationnel. Mais que dire quand ce sont certains des avocats mêmes de la sortie de l’euro qui ajoutent au désordre intellectuel et, identifiés à gauche, en viennent à plaider d’invraisemblables alliances avec l’extrême-droite ? Le FN, ce terrible fléau, cette bénédiction Sauf à vivre dans le monde des rêves habermassien, l’expérience élémentaire enseigne l’improbabilité du débat ordonné – qui appelle des prérequis institutionnels très particuliers, comme ceux des institutions scientifiques, pour avoir sa chance. Mais les défigurations qu’aura souffertes le débat sur l’euro resteront sans doute dans l’histoire contemporaine comme un cas extrême d’altération, et même d’aberration, offrant le spectacle d’un monde politique que toute rationalité argumentative semble avoir déserté. Il est certain que, prêts à tout pour défendre l’ordre social qui fait leur bonheur, les dominants sont notamment prêts aux travestissements les plus éhontés pour écarter toute alternative, invariablement présentée comme monstruosité. C’est bien pourquoi l’ordre dominant a impérativement besoin de ses monstres s’il veut soutenir – en y renvoyant systématiquement – le caractère monstrueux de tout ce qui n’est pas lui. Ainsi, par exemple, la Corée du nord est-elle moins l’anomalie de la mondialisation qu’elle n’est sa secrète bénédiction, sa monstrueuse, sa nécessaire altérité : comment mieux plaider l’irresponsabilité de la démondialisation qu’en l’enfermant dans l’unique figure possible de la Corée du nord (plaise au Ciel qu’elle dure encore longtemps), pour mieux asséner l’argument supposé rédhibitoire : « c’est ça que vous voulez ? ». Mutatis mutandis le FN est, pour le débat de l’euro, l’équivalent fonctionnel de la Corée du nord pour celui de la démondialisation. Car, bien sûr, on n’aura pas la maladresse de dire qu’il n’y pas d’alternative : on dira qu’il y a celle-là… La suite s’en déduira d’elle-même. Leur opposition « radicale » de surface masque alors la profonde solidarité structurale des deux termes supposément en conflit – le FN et le grand parti unique eurolibéral – qui sont, là encore, une bénédiction l’un à l’autre, au point de les faire vivre dans un parfait rapport de symbiose fonctionnelle : le FN prospère du monopole de singularité que lui abandonne le parti unique d’en-face, lequel, usé jusqu’à la corde, ne se maintient plus qu’en renvoyant au monstre tout projet de faire autrement. Car une chose est certaine, c’est qu’à part le terrorisme au FN, le parti eurolibéral – dans lequel on aura compris que PS et UMP sont deux parfaits substituts – n’a plus rien à dire. Il est rincé, à sec, lyophilisé, de la pensée en granules, du discours en poudre. À la vérité comment pourrait-on trouver quoi que ce soit à dire quand l’accablant spectacle donné depuis 2010 ne peut que réduire à rien, ou bien à un scandale supplémentaire, la défense d’un ordre européen qui s’est rendu haïssable, et sous tous les rapports : la catastrophe économique y est effrayante, les exigences même les plus formelles de la démocratie y sont foulées au pied, plusieurs pays ont été conduits à la crise humanitaire – en Europe ! Par l’Europe ! Par bonheur, quand il n’y a plus rien, il y a encore le FN. Et voilà aussi par quoi l’euro se maintient. Pour que le monstre remplisse son office cependant, il importe de lui faire absorber toute altérité possible, et de confondre toutes les alternatives en une seule, la sienne – monstrueuse. C’est bien pourquoi les idéologues eurolibéraux, journalistes embedded en tête, n’ont jamais rien eu de plus urgent que d’assimiler ainsi toute idée de sortie de l’euro au nationalisme xénophobe du Front National, d’égaliser strictement les deux termes, opportunément soudés dans la même indignité. Qu’importe les projets de gauche en cette matière : s’ils sont rouges, c’est qu’ils sont rouges-bruns – dans une expérience de pensée oulipienne, il faut imaginer le désarroi, peut-être même le sentiment d’impossibilité radicale, de Jean-Marie Colombani et Jean Quatremer invités à objecter à la sortie de l’euro sans dire une seule fois « rouge-brun » (ou « repli nationaliste », ou « tentation xénophobe »). Des signifiants disputés Le drame politique se noue véritablement quand la confusion n’est plus seulement alimentée par ce qu’on appellera la droite générale – où le PS se trouve évidemment inclus – mais depuis la gauche également, et sous deux formes diamétralement opposées : l’entêtement de la gauche alter-européiste à « changer l’euro », la perdition d’une autre gauche dans la tentation, pour le coup, oui, monstrueuse, de l’alliance avec le Front national. À sa manière à elle, la gauche alter-européiste aura ajouté foi au discours eurolibéral de la droite générale en rabattant, exactement comme cette dernière, tout projet de sortie de l’euro sur le fléau du « nationalisme ». C’est qu’en des temps de vacillation intellectuelle, la catastrophe idéologique était vouée à se nouer autour de deux signifiants disputés : « nation » et « souveraineté ». Disputés en effet puisque, pour chacun de ces termes, l’unicité nominale masque une dualité de lectures possibles qui soutiennent des mondes politiques radicalement antinomiques. Entre la nation substantielle, confite en ses mythes identitaires et éternitaires, et la nation politique, rassemblant les individus dans l’adhésion à des principes, sans égard pour leurs origines, bref entre la nation de Maurras et celle de Robespierre, il n’y a pas qu’un gouffre : il y a une lutte inexpiable. Et de même entre la souveraineté comprise comme apanage exclusif des élites gouvernementales et la souveraineté conçue comme idéal de l’auto-gouvernement du peuple. « Nation » et « souveraineté » ne disent rien par eux-mêmes, ils ne sont que des points de bifurcation. Ils ne parlent que d’avoir été dûment qualifiés, et alors seulement on sait vers quoi ils emmènent. Dans ces conditions, la faute intellectuelle de l’alter-européisme est triple : il a manqué à voir la dualité du signifiant « nation souveraine », abandonné à la droite d’en imposer sa lecture, et par cet abandon même trahi son propre legs historique : car en France la nation souveraine naît en 1789, elle se constitue comme universalité citoyenne, elle exprime le désir de l’autonomie politique, désir d’un peuple en corps de se rendre maître de son destin, bref elle est de gauche. Et par l’effet d’une incompréhensible démission intellectuelle, elle n’est désormais plus que de droite... Il est vrai qu’un internationalisme mal réfléchi n’a pas peu contribué à faire méconnaître [1], en réalité à faire oublier, que la souveraineté comme auto-gouvernement suppose nécessairement la clôture relative – relative, car toujours ouverte à quelque degré sur son dehors – d’une communauté sur un ressort fini. Le genre humain unifié n’existe pas, il ne soutient aucune politique possible, ou bien à un terme (hypothétique) bien fait pour éternellement différer tout retour de la politique – essence du jacquattalisme et de ses rassurants messages : la mondialisation est notre horizon indépassable, certes elle nous a un peu débordés, mais le gouvernement mondial nous permettra d’en reprendre le contrôle… dès qu’il sera advenu ; en attendant : patience… et courage. On dira que l’Europe se présente précisément comme une solution accessible de régulation de la mondialisation néolibérale. Sans même discuter qu’en cette matière l’Union européenne n’est pas faite pour réguler, mais pour relayer et amplifier, il faut avoir l’étroitesse de vue de l’européisme le plus béat, mais aussi bien de l’alter-européisme le plus angoissé, pour ne pas voir ce paradoxe élémentaire que le projet européen est national-souverainiste dans son essence ! Ne se propose-t-il pas de fonder sur un périmètre fini – car « l’Europe » s’arrêtera bien quelque part – une communauté politique souveraine, et par là une citoyenneté d’appartenance – européenne ? Soit, non pas du tout le « dépassement de l’Etat-nation », comme le bredouillent Habermas et ses épigones français, mais le simple redéploiement, éventuellement sous une autre forme, de son principe à une échelle étendue… Et les Etats-Unis d’Europe ne seront que le reflet transatlantique des Etats-Unis d’Amérique, dont on aura du mal à dire qu’ils dépassent quoi que ce soit en cette matière : ne sont-ils pas connus comme l’une des réalisations les plus agressives du souverainisme statonational ? – on mesurera par là le degré de confusion conceptuelle qui, de tous bords, afflige la question européenne. Misère du mono-idéisme La faute intellectuelle de l’alter-européisme est considérable mais, dans son errance, elle a sa part de dignité, et ce au nom de quoi elle a erré n’a jamais mérité que le respect. Celle de la gauche en perdition est inexcusable. Car, si on ne peut pas excuser la gauche de devenir de droite – à l’image du « parti socialiste » –, on le peut encore moins de dériver vers la droite de la droite, et jusqu’à se rapprocher de l’extrême-droite. Il est inutile de le dissimuler car l’évidence est là : il y a dans certains secteurs de la gauche, et depuis longtemps, une réelle disposition à ce dévoiement-là. L’union des « républicains des deux bords » appelée par Chevènement en 2002 en a été la première manifestation visible dans le champ politique. Logiquement, le durcissement de la crise a accéléré toutes les tendances, desserré toutes les retenues, et poussé au franchissement de tous les seuils. Il y a bien des lignes de pente pour se perdre à l’extrême-droite, mais l’une d’entre elles vaut qu’on s’y arrête qui est moins immédiatement « politique », plus pernicieuse, et par là plus dangereuse : l’aveuglement du mono-idéisme. Le mono-idéisme, c’est l’empire de l’idée unique, le despotisme mental de la Cause au singulier absolu qui, affranchie de toute idée contradictoire, c’est-à-dire de toute régulation intellectuelle, imposera son primat et déploiera sans résistance ses conséquences jusqu’à l’aberration. Tout pour l’Idée unique, et cap au pire s’il le faut, voilà la devise implicite du mono-idéisme. Férocement appliqué sur les bords les plus opposés d’ailleurs. Car il y a évidemment un mono-idéisme européiste. Dont la Cause est l’Europe, quelle qu’en soit la forme et quels qu’en soient les contenus – soit, littéralement, l’Europe à tout prix. Quel que soit le mouvement, il est déclaré bon s’il fait avancer l’Europe, et peu importe absolument dans quelle direction. L’Europe fait régner la concurrence libre et non faussée ? Peu importe puisque le droit de la concurrence est un droit européen, et qu’un droit européen en soi signifie un progrès de l’Europe. L’Europe soumet les économies à l’omnipotence des marchés financiers ? Peu importe puisque c’est le moyen de construire une monnaie européenne qui, par là, se justifie d’elle-même. L’Europe n’est plus qu’un empilement de traités austéritaires ? Mais ça n’est pas la question : l’essentiel est que l’Europe avance – et la direction de l’avancée est tout à fait secondaire. L’Europe intransitive, l’Europe pour l’Europe, sans considération de quelque autre chose, voilà la figure du mono-idéisme européiste. Les socialistes et les écologistes français votent le TSCG : parce qu’« il faut continuer de construire l’Europe ». Et l’on se demande immanquablement jusqu’où il faudrait aller dans l’ignoble pour déclencher enfin un réflexe de reprise, une fissure dans le mono-idéisme, le retour d’une autre idée. Soit l’Europe rétablissant le droit du travail des enfants – formellement une nouvelle avancée du droit européen, donc un progrès de « l’Europe » – : stop ou encore ? En face, le mono-idéisme symétrique : sortir de l’euro quelles qu’en soient les voies. Si la sortie de l’euro a à voir avec la restauration de la souveraineté, peu importe de quelle souveraineté l’on parle. Et en avant pour le front indifférencié de « tous les souverainistes ». Nicolas Dupont-Aignan est « souverainiste » : il est donc des nôtres. Et puis après tout Marine Le Pen aussi, ne le dit-elle pas assez. Alors, logiquement, pourquoi pas ? Car voilà la tare majeure du mono-idéisme : il est conséquent sans entraves. Il suivra sa logique unique jusqu’où elle l’emmènera par déploiement nécessaire des conséquences qui suivent de la prémisse unique. Peu importe où puisque, l’Idée posée, on ne peut qu’avoir confiance dans la logique qui, ancillaire et neutre, vient simplement lui faire rendre tout ce qu’elle porte. On l’a compris puisque la chose entre dans son concept même : le mono-idéisme suppose l’effacement radical de toutes les considérations latérales – de tout ce qui n’appartient pas à son Idée. Que, par exemple, le Front national – ses errances idéologiques en matière de doctrine économique et sociale l’attestent assez – ait pour seul ciment véritable d’être un parti raciste, que la xénophobie soit l’unique ressort de sa vitalité, la chose ne sera pas considérée par le souverainisme de la sortie de l’euro quand il se fait mono-idéisme. Puisque la Cause, c’est la sortie de l’euro, et que rien d’autre n’existe vraiment. On envisagera donc l’âme claire de faire cause commune avec un parti raciste parce que « raciste » est une qualité qui n’est pas perçue, et qui ne compte pas, du point de vue de la Cause. Voilà comment, de l’« union des républicains des deux bords », en passant par « le front de tous les souverainistes », on se retrouve à envisager le compagnonnage avec le Front national : par logique – mais d’une logique qui devient folle quand elle n’a plus à travailler que le matériau de l’Idée unique. Le jugement de l’histoire Il faut avoir tout cédé à une idée despotique pour que quelqu’un comme Jacques Sapir, qui connaît bien l’histoire, ait à ce point perdu tout sens de l’histoire. Car la période est à coup sûr historique, et l’histoire nous jugera. Si l’on reconnaît les crises historiques à leur puissance de brouillage et à leur pouvoir de déstabilisation – des croyances et des clivages établis –, nul doute que nous y sommes. Nous vivons l’époque de toutes les confusions : celle de la social-démocratie réduite à l’état de débris libéral, celle au moins aussi grave de révoltes de gauche ne se trouvant plus que des voies d’extrême-droite. Or on ne survit au trouble captieux de la confusion qu’en étant sûr de ce qu’on pense, en sachant où on est, et en tenant la ligne avec une rigueur de fer. Car en matière de dévoiement politique comme en toute autre, il n’y a que le premier pas qui coûte – et qui, franchi, appelle irrésistiblement tous les suivants. C’est pourquoi l’« union de tous les souverainistes » mène fatalement à l’alliance avec l’extrême-droite. C’est pourtant une fatalité résistible : il suffit de ne pas y mettre le doigt – car sinon, nous le savons maintenant à de trop nombreux témoignages, c’est le bonhomme entier qui y passe immanquablement. Ici la rigueur de « ne pas mettre le doigt » n’a pas de meilleures armes que la robustesse de quelques réflexes – où en est-on sur la question du racisme –, et le décentrement minimal qui, ne cédant pas complètement au mono-idéisme, permet d’identifier les périls. La fermeté des concepts aussi : en l’occurrence ceux par lesquels on fait sens des signifiants « nation » et « souveraineté », faute desquels on est voué aux sables mouvants de la confusion puisqu’ici ce sont la droite et l’extrême-droite qui tiennent la lecture dominante, à laquelle on succombera nécessairement si l’on n’a pas une autre lecture à leur opposer fermement. Mais on ne tient jamais si bien la ligne qu’en reconvoquant les leçons de l’histoire, notamment les souvenirs de quelques tragiques égarements du passé. C’est qu’on ne surmonte les emprises du présent et la difficulté à savoir ce qu’on y fait vraiment, c’est-à-dire l’absence de recul pour se juger soi-même à l’aune d’un sens de l’histoire qui n’a pas encore été délivré, on ne surmonte tous ces obstacles, donc, qu’en rapportant son action aux dilemmes que d’autres avant nous ont eu à trancher – certains bien, d’autres mal. Non pas que leur situation ait été en tous points semblables à la nôtre – elle ne peut pas l’être –, mais pour y puiser un sens accru du danger, de l’auto-examen, et de l’anticipation d’une histoire qui délivrera ses verdicts. Il faut être inconscient pour ne pas mesurer le péril : si la période actuelle n’est pas l’exacte réplique des années 1930, elle lui emprunte suffisamment pour faire redouter que des causes semblables entraînent des effets semblables. On sait assez que l’extrême-droite profite du pire. Et, à part la nef des fous éditoriale qui, répétant en boucle « la réforme », n’en finit pas de demander plus du même, on sait aussi que la période n’engendre plus que du pire – mais il allait sans dire que, comme bras armé « intellectuel » du parti unique eurolibéral, l’appareil médiatique [2] est décisivement impliqué dans la symbiose fonctionnelle qui fait prospérer le FN. De ce terrible enchaînement, qui ne créé pas d’autre devoir que de s’y opposer – quoiqu’on voie de moins en moins ce qui pourrait venir le contrarier… –, chacun devra savoir ce qu’il y a fait, et quelle place il y a tenue. Il est bien certain que la polémique livre son lot de mises en cause à la truelle : pour l’alter-européisme, en cela confondu avec l’européisme tout court, c’est d’envisager seulement la sortie de l’euro qui soutient un cas d’accusation… On pourrait bien plutôt soutenir que c’est d’en refuser la possibilité qui, abandonnant la question au FN et fixant les peuples dans une catastrophe eurolibérale en réalité inexpiable, livre à l’extrême-droite une ressource politique sans équivalent. La querelle cependant ne souffre plus aucune équivoque lorsqu’il devient explicitement question de faire cause commune, ou bout de chemin, ou n’importe quoi d’autre, avec le FN – et peu importent les codicilles tout à fait secondaires dont on enrobe l’idée : l’essentiel est dit. Egaré pour rien Mais il y a pire que l’égarement : l’égarement pour rien. Car voici la tragique ironie qui guette les dévoyés : le FN, arrivé au pouvoir, ne fera pas la sortie de l’euro. Il ne la fera pas car, sitôt que la perspective de sa réussite électorale prendra une consistance sérieuse, le capital, qui ne se connaît aucun ennemi à droite et aussi loin qu’on aille à droite, le capital, donc, viendra à sa rencontre. Il ne viendra pas les mains vides – comme toujours quand il a sérieusement quelque chose à réclamer ou à conserver. Aussi, contre quelques financements électoraux futurs et surtout contre sa collaboration de classe – car, comme s’en aperçoit, pour sa déconfiture, le pouvoir actuel avec son pacte de responsabilité en bandoulière, le capital a bel et bien le pouvoir de mettre l’économie en panne par mauvaise volonté [3] – contre tout ceci, donc, le capital exigera le maintien de l’euro, son vrai trésor, sa machine chérie à équarrir le salariat. Croit-on que le FN opposera la moindre résistance ? Il se fout de l’euro comme de sa première doctrine économique – et comme de toutes les suivantes. Le cœur de sa pensée, s’il y en a une, est bien ailleurs : il est dans une sorte de néocorporatisme vaguement ripoliné pour ne pas faire trop visiblement années trente, et s’il est une seule chose à laquelle il croit vraiment, elle est sans doute à situer du côté du droit du petit patron à être « maître chez lui » (éventuellement additionné d’une haine boutiquière pour l’impôt qui nous étrangle). Tragique destin pour tous ceux qui auront cru voir en lui la dernière église des vrais croyants et qui finiront à l’état de recrues scientologues, essorées et refaites, rendus par-là à avoir partagé, quoique depuis le bord opposé, la même croyance que les propagandistes eurolibéraux, la croyance du FN qui chamboule tout, quand il est si clair qu’il ne chamboulera jamais rien (à part les vies des immigrés, ou des fils d’immigrés, qui vivent en paix sur notre sol et qui, elles, seront bel et bien dévastées) : car enfin a-t-on jamais vu le parti de l’ordre perturber l’ordre ? Et croit-on que le parti des hiérarchies ait à cœur de déranger les hiérarchies – en l’occurrence celles du capitalisme ? Au moins les eurolibéraux ont-ils, pour ce qui les concerne, leurs intérêts obliques à entretenir cette effarante bêtise : c’est qu’il faut bien que le FN soit assimilé à une sorte de révolution pour mieux éloigner le spectre de toute révolution – soit encore et toujours le travail de la symbiose fonctionnelle, et l’éditorialisme, empressé d’accorder au FN sa revendication la plus centrale et la plus frauduleuse (« il va tout bousculer ! »), lui rend sans même s’en rendre compte le plus signalé des services. À gauche, et à gauche seulement Lire aussi Baptiste Dericquebourg, « Syriza et les chausse-trapes du pouvoir », Le Monde diplomatique, septembre 2015.Ceci d’ailleurs de toutes les manières possibles. Car on n’en revient pas du rassemblement parfaitement hétéroclite des visionnaires en peau de lapin occupés à déclarer caduc le clivage de la droite et de la gauche – jamboree de la prophétie foireuse où l’on retrouve aussi bien l’extrême-droite (mais c’est là une de ses scies de toujours) que l’extrême-centre, de Bayrou à Valls, pour qui la raison gestionnaire permet enfin de faire l’économie d’inutiles querelles (« idéologiques » disent les parfaits idéologues de « la fin des idéologies »). Malheureusement pour eux, le déni du réel s’accompagne immanquablement du retour du refoulé. « Ça » revient toujours. C’est même déjà revenu : en Grèce, sous le nom de Syriza – avant qu’un incompréhensible Tsipras ne sombre dans un tragique renoncement. Le tsiprasisme n’est plus qu’un astre mort, mais certainement pas la gauche en Grèce – et partant en Europe. Or cette persévérance suffit à ruiner et les imputations immondes de l’européisme et les dévoiements d’une « gauche » qui croit pouvoir passer par la droite de la droite. Car de même qu’on ne prouve jamais si bien le mouvement qu’en marchant, on ne démontre pas plus irréfutablement la possibilité d’une sortie de gauche de l’euro… qu’au spectacle d’une incontestable gauche qui se propose de sortir de l’euro – drame de l’insuffisance intellectuelle : à certains, il faut le passage au concret pour commencer à croire vraiment à une possibilité que leur esprit ne parvient pas à embrasser tant qu’elle demeure simplement abstraite. Dieu sait qu’il fallait être ou bien de la dernière mauvaise foi ou bien intellectuellement limité pour ne pas concevoir une sortie de gauche de l’euro – c’est-à-dire une vision de gauche de la souveraineté. Mais maintenant elle est là : une grosse minorité de Syriza, défaite par la trahison de Tsipras, mais décidée à continuer de lutter sous les couleurs nouvelles de la Gauche Unie, établit désormais in concreto l’existence de la « sortie de gauche » : une sortie que rien n’entache à droite, ni « repli nationaliste » puisque nous avons là affaire à des gens dont les dispositions internationalistes sont insoupçonnables, ni « dérive xénophobe » puisque pour le coup le seul point d’accord, mais absolu, au sein de Syriza, touche à la question de l’immigration, de son accueil et de sa régularisation. Et seuls les deux neurones de Jean-Marie Colombani, la haine incoercible de Quatremer pour tout ce qui est de gauche, mais aussi les préventions affolées de l’alter-européisme, pourront trouver justifié de s’exclamer au repli identitaire. La gauche est là. Même réduite au dernier degré de la minorité institutionnelle, elle ne mourra pas. Elle vit en Grèce. Elle revivra ailleurs en Europe, et spécialement en France, pour peu qu’on s’y aperçoive, l’échec de Tsipras enfin médité, qu’elle n’a de salut qu’hors de l’euro – et bien sûr qu’en en sortant par son côté à elle. Mais il faut être en proie au fétichisme de la sortie pour ne plus désirer sortir que pour sortir, c’est-à-dire pour se préparer à sortir accompagné n’importe comment. Et avoir sérieusement oublié de se poser la seule question qui vaille, la question de savoir pour quoi faire, et par suite avec qui ? – la seule qui ramène quelque clarté et fasse apercevoir certaines improbables alliances pour ce qu’elles sont : aberrantes, dévoyées, et promises à la perdition, au double sens de l’égarement moral et de l’échec assuré.
_______________ Notes [1] Voir à ce sujet « Leçons de Grèce à l’usage d’un internationalisme imaginaire (et en vue d’un internationalisme réel) », 6 avril 2015. [2] Dont, à quelques exceptions minoritaires près, les différenciations internes sont tout à fait secondaires. [3] Pour un développement un peu plus substantiel à propos de cette question, voir Les entreprises ne créent pas l’emploi », 26 fevrier 2014.
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 30-08-2015 à 00:37:20
| Il semble que cette question des « fronts » reprise par Sapir sous le titre A nouveau sur les « fronts » (en fait il s’agit d’un front national contre la « domination européenne » ) fasse couler beaucoup d’encre, et c’est une bonne chose. C’est l’occasion pour nous de clarifier nos idées sur la nature d’un front uni mais aussi sur les priorités actuelles. Gilbert Remond a déjà commenté l’article précédent Sur la logique des “fronts” . Je ne veux donc pas reproduire ce qu’il a écrit ci-dessus, mais présenter le sujet, ou plutôt les trois sujets suivants différemment : > Les objectif d’un front uni > Les alliances des classes > La direction de ce front
____________ > Sur les objectifs, notre ennemi principal est la bourgeoisie monopoliste française et notre but est son renversement pour établir une société socialiste. Ce combat se déroule dans le cadre des institutions européennes et des alliances impérialistes comme l’OTAN auxquelles notre bourgeoisie a souscrit. Naturellement ces accords impérialistes doivent être brisés et ceci fait partie de nos objectifs. Par là-même ils sont inséparables de la confrontation entre les BRICS et l’impérialisme occidental, et inséparables des luttes des peuples d’Europe contre la domination franco-allemande. Sur ce point il convient de distinguer les pays européens dominés et ceux dominateurs comme le notre, et non de tous les présenter comme les victimes d’un pouvoir financier cosmopolite venu d’on ne sait où (éventuellement d’Allemagne, pas d’ici en tous cas) comme s’y prêtent allègrement Sapir et l’ensemble des souverainistes. > Sur les alliances de classes (et non les alliances entre groupes et partis à moins de les considérer avant toutes choses comme des représentants de classes et de catégories sociales) : elles concernent les classes et catégories sociales qui ont un intérêt matériel à s’affranchir du capitalisme monopoliste. Par exemple les paysans modestes ruinés ou quasi salarisés, les petits commerçants, les artisans, les employés, les techniciens, etc. dont l’intérêt bien compris est de soutenir le combat de la classe ouvrière pour renverser le capitalisme et établir une société socialiste. Nous savons aussi que des patrons de TME ou PME sont malmenés par les monopoles capitalistes et qu’ils peuvent sous certaines conditions s’y opposer ou rester dans la réserve. Lorsque ces catégories intermédiaires s’opposent aux règles anti populaires édictées à Bruxelles, nous devons dénoncer la responsabilité de notre bourgeoisie comme partie prenante et co-responsable de ces décisions dans le cadre européen, afin de rester cohérent avec la réalité et avec nos objectifs. > Sur la direction de ce front. Sapir écrit : On discerne immédiatement qu’aucun parti ou mouvement ne pourra à lui seul porter le programme concernant « l’après » . Justement, si le programme d’un front uni est nécessairement partagé, un front uni sans direction de classe est un front uni abandonné à la direction de la classe dominante. On discerne immédiatement que seule la classe ouvrière , et son parti indépendant des autres formations bourgeoises , peut mener à son terme toute forme d’alliance de classe adaptée à son objectif révolutionnaire. L’histoire du mouvement ouvrier montre que les révolutions prolétariennes ont réussi lorsque la classe ouvrière a pris la direction d’un front uni accordé aux conditions du pays et du moment, celui de la révolution démocratique défini par Lénine dans « deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique », et celui de la révolution de « Démocratie Nouvelle » anti féodale et anti coloniale, défini par Mao Tsé-toung. A l’évidence et pour ce qui nous concerne, une révolution dans le cadre de la dictature impérialiste franco-allemande ne peut avoir d’autre finalité que la société socialiste. A l’inverse les alliances de classe avec un parti de la bourgeoisie (gaulliste ou socialiste) - et sous sa direction -, destinées à arracher des réformes dans le cadre du capitalisme ont échoué à plus ou moins long terme.
____________ Sur les priorités : A propos de cette indispensable direction, ceci n’a un sens que si le parti de la classe ouvrière, son parti communiste « indépendant des autres formations bourgeoises » a pour but le socialisme et à terme la société sans classe communiste. Ce parti doit se fixer pour objectif le renversement du pouvoir bourgeois des monopoles, la dénonciation des accords et des alliances impérialistes, l’établissement d’une nouvelle forme de démocratie pour le peuple, assortie des mesures de rétorsion adéquates contre les anciennes classes exploiteuses. Or un tel parti n’existe pas. Il n’existe pas à l’extérieur du PCF et ce dernier ne remplit pas aujourd’hui les conditions pour conduire une telle révolution. C’est justement notre objectif du moment de reconstituer ce parti révolutionnaire, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur du PCF. C’est aussi notre priorité. Je vous invite à lire une nouvelle contribution sur ce sujet du ROCML L'unité des communistes-proposition de discussion, mise en ligne sur le forum humanité rouge et que nous avons commentée. Elle reflète principalement la volonté de nous unir dans un seul parti communiste. On voit que nous avons encore des conceptions différentes sur plusieurs sujets, nous sommes d’accord sur d’autres. Il importe que nous prenions connaissance des points de vue des uns et des autres, ceux que nous partageons et ceux que nous ne partageons pas, afin de formuler des critiques constructives ou de corriger notre point de vue. C’est la seule façon d’avancer à la lumière des faits.
Edité le 30-08-2015 à 00:49:32 par Xuan
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| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 01-09-2015 à 15:00:24
| Pour répondre à Sapir de façon plus détaillée :
Sur l’objectif du front uni Sapir écrivait dans Sur la logique des “fronts” « Toute réflexion sur la stratégie politique s’enracine dans une analyse de la période tant politique qu’économique. Celle que nous vivons a pris naissance dans le basculement qui s’est produit dans les années 1970 et 1980 et qui a produit la financiarisation du capitalisme. Non que la finance ait été chose nouvelle. Mais, à travers les processus d’innovations financières qui se sont développés à partir de 1971-1973, la finance s’est progressivement autonomisée des activités productives dans une première phase, puis elle s’est constituée en surplomb par rapport à ces dernières. » Marx signalait déjà le rôle dominant du capital financier, mais parler d’ autonomisation est abusif. Si le capital financier siphonne le capital industriel, il n’y a pas d’autonomie entre les deux. Puis il reste à démontrer que le capital financier soit capable de créer par lui-même de la plus-value et non de la bulle spéculative. Enfin le circuit de ce capital financier ne s’arrête pas aux métropoles occidentales et à leur désindustrialisation, mais peut se nourrir de plus-values créées dans les pays émergents. Ce qu’on appelle finance mondialisée recouvrant à la fois le capital financier des états impérialistes et celui des pays devenus indépendants. Je souligne aussi cette phrase parce qu’elle introduit en filigrane une autre autonomie de la finance . Désignée ainsi elle ne s’appelle plus BNP, Société Générale, Bundesbank, Axa et Cie, mais se constitue en surplomb par rapport aux nations, cosmopolite ou apatride selon certains slogans des années 30, ou mondialisée aujourd’hui, ce qui revient strictement au même. Il vient – et c’est le propos de Sapir - que cette finance, détachée de tout intérêt national, constitue une menace pour la nation à travers les institutions européennes, elles-mêmes supranationales, à la rigueur allemandes, mais pas françaises en tous cas. Par la même occasion, le capitalisme et l’affairisme français disparaissent du champ de vision, alors que les monopoles français sont le numéro deux du binôme dictatorial qui domine l’Europe, celui-là même qui a bafoué la démocratie grecque. Ce sont les monopoles français qui ont obtenu que l’on maintienne la Grèce dans les serres des usuriers, en s’opposant au grexit souhaité par l’Allemagne. De cette distorsion des faits découlent les objectifs et la nature du front qu’il préconise. Selon Sapir notre ennemi principal est un capitalisme supranational, contre lequel toutes les forces devraient se tourner. Et l’objectif du Front Uni – après la sortie de l’euro – est une réédition du CNR. « Il faut donc non pas se limiter à la seule destruction de l’Euro (qui est un préalable indispensable) mais aussi penser ce qui pourrait accompagner cette destruction et la reconstruction qui suivra. » (…) « la meilleure analogie pourrait être avec le programme du CNR qui ne visait pas seulement à la libération du territoire mais posait aussi des objectifs de réformes importants de la société française. » De notre point de vue, notre ennemi principal est la bourgeoisie monopoliste française et notre but est son renversement pour établir une société socialiste. Ce combat se déroule dans le cadre des institutions européennes et des alliances impérialistes comme l’OTAN auxquelles notre bourgeoisie a souscrit. Par là-même notre combat soutient celui des BRICS contre l’impérialisme occidental, ainsi que les luttes des peuples d’Europe contre la domination franco-allemande. Sur ce point il convient de distinguer les pays européens dominés et ceux dominateurs comme le notre, et ne pas confondre la France et la Grèce. Les accords impérialistes doivent être abolis, sans quoi aucun progrès n’est possible. Mais seul le socialisme peut briser le carcan de la dictature européenne dans des conditions favorables aux masses populaires. Qu’il s’agisse de la révolution prolétarienne ou de la sortie de l’euro, il n’y a pas d’autre issue que des mesures dictatoriales et de salut public à l’encontre des actionnaires, de la fuite des capitaux, et autres tentatives de sabotage bien prévisibles : la dictature du prolétariat.
Les alliances de classe dans le front Quant aux alliances de classes dans ce front uni, Sapir prend prétexte de l’expérience chinoise pour justifier la création d’un front uni au-delà du cercle des amis, c’est-à-dire jusqu’à Nicolas Dupont-Aignan, et à l’exclusion du Front National : L’alliance du Parti Communiste chinois avec le Guomindang dans le « front uni antijaponais » (1936-1937 à 1945) est au contraire un exemple de cette logique des « fronts de libération nationale » et avait impliquée que les communistes dissolvent (du moins formellement…) la « République Soviétique Chinoise » qu’ils avaient constituée […] Contrairement aux analyses de Trotski, des « fronts » larges, non limités à la formule du « front unique ouvrier », ont pu obtenir des victoires significatives, que ce soit dans la seconde guerre mondiale ou dans la période des luttes anticoloniales. Il est d’ailleurs significatif que le mouvement trotskiste se soit déchiré après-guerre quant à l’analyse des différents fronts de libération nationale. C’est donc implicitement à cette expérience générale, celle de la seconde guerre mondiales et des mouvements anticolonialistes, que fait référence la formule de Stefano Fassina. Inversement, ceux qui contestent la formule politique même du « front » devraient nous dire s’ils reprennent à leur compte l’analyse de Léon Trotski et comment ils intègrent la critique par la réalité de cette dite théorie. Rappelons que l’alliance du Parti Communiste chinois avec le Guomindang dans le « front uni antijaponais » faisait partie intégrante du Front uni mondial antifasciste. La seconde guerre sino-japonaise fut aussi une des conséquences du massacre de Nankin, où l’armée japonaise extermina des centaines de milliers de civils chinois et de soldats du Guomindang désarmés, dans des atrocités sans nom. Ce Front Uni anti japonais reposait sur une analyse de classe dans laquelle Mao Tsé-toung avait défini la bourgeoisie nationale comme un allié temporaire et inconséquent dans la révolution de Démocratie Nouvelle, parce qu’elle pouvait s’opposer au féodalisme et au colonialisme. (Section 4. Les forces motrices de la révolution chinoise – la bourgeoisie) Or il n’existe aucune bourgeoisie grande ou moyenne dans notre pays qui corresponde à cette bourgeoisie nationale, et qui puisse encore jouer un rôle de progrès dans notre société, en s’opposant même de façon inconséquente aux monopoles financiers. Peut-on prétendre que le capitalisme industriel puisse jouer un rôle progressiste aujourd’hui, alors qu’il est à l’origine de l’extorsion de la plus-value, qu’il a atteint le stade du monopole et que ses liens avec le capital financier relèvent des relations familiales, voire du mariage consanguin ? La théorie de la prétendue autonomisation du capital financier n’a-t-elle pas pour fonction de réhabiliter le capital industriel, en dressant des parois étanches fictives entre l’un et l’autre ? En réalité, capital industriel, financier et commercial se transforment l’un en l’autre dans le process de circulation. Cette loi n’a pas changé et ne changera pas avec le socialisme, qui ne supprime ni le capital ni une de ses formes, mais l’exploitation capitaliste. Il existe cependant des contradictions entre les monopoles capitalistes d’une part, les TPE et PME d’autre part, notamment dans les marchés de sous-traitance. Mais au même titre que les exploitants agricoles et les artisans, les patrons des TPE et PME, qui se défendent en réclamant la baisse des salaires, n’ont pas vocation à diriger l’économie de notre pays, ni à jouer un rôle progressiste. Les alliances de classes (et non les alliances entre groupes et partis à moins de les considérer avant toutes choses comme des représentants de classes et de catégories sociales), concernent donc pour nous les classes et catégories sociales qui ont un intérêt matériel à s’affranchir du capitalisme monopoliste. Par exemple les paysans modestes, ruinés ou quasi salarisés, les marins-pécheurs, les petits commerçants, les artisans, les employés, les techniciens, etc. Lorsque ces catégories intermédiaires s’opposent aux règles anti populaires édictées à Bruxelles, nous devons dénoncer la responsabilité de notre bourgeoisie comme partie prenante et co-responsable de ces décisions dans le cadre européen. La lutte contre les accords européens et pour le socialisme sont intimement liés.
La direction du front uni Selon Mao Tsé-toung et le PCC, cette alliance devait être placée sous la direction du parti communiste et de la classe ouvrière : « La révolution démocratique est la préparation nécessaire de la révolution socialiste, et la révolution socialiste est l'aboutissement logique de la révolution démocratique. Le but final de tout communiste, et pour lequel il doit lutter de toutes ses forces, c'est l'instauration définitive d'une société socialiste et d'une société communiste. C'est seulement après avoir bien compris la différence et la liaison entre la révolution démocratique et la révolution socialiste que l'on peut diriger correctement la révolution chinoise. Seul le Parti communiste chinois, et aucun autre parti (bourgeois ou petit¬-bourgeois), est capable de conduire jusqu'à leur terme ces deux grandes révolutions: la révolution démocratique et la révolution socialiste. Dès le jour de sa fondation, le Parti communiste chinois s'est chargé de cette double tâche, et depuis dix¬-huit ans, il lutte avec acharnement pour l'accomplir. » [section 7] [la révolution chinoise et le parti communiste chinois] Sapir ne retient que ce qui l’intéresse, au point de prendre le contre-pied de l’exemple chinois dont il prétend s’inspirer : On discerne immédiatement qu’aucun parti ou mouvement ne pourra à lui seul porter le programme concernant « l’après ». Dans ces conditions un front uni sans direction de classe est un front uni inévitablement abandonné à la direction de la classe dominante, étiquetée gaulliste ou souverainiste pour l’occasion. En France, les catégories intermédiaires ont naturellement tendance à promouvoir l’anarchisme petit-bourgeois ou le réformisme, et passent de l’un à l’autre pour se retrouver dans les filets de la grande bourgeoisie. L’histoire de mai 68 à ce jour l’a amplement démontré. Elles ne peuvent pas prendre la direction d’un changement de société ni d’une révolution informationnelle que conduit finalement la classe dominante, et leur intérêt bien compris est de soutenir le combat de la classe ouvrière pour renverser le capitalisme et établir une société socialiste. On discerne immédiatement que seule la classe ouvrière , et son parti indépendant des autres formations bourgeoises , peut mener à son terme toute forme d’alliance de classe adaptée à son objectif révolutionnaire. L’histoire du mouvement ouvrier montre que les révolutions prolétariennes ont réussi lorsque la classe ouvrière a pris la direction d’un front uni accordé aux conditions du pays et du moment, celui de la révolution démocratique défini par Lénine dans « deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique », et celui de la révolution de « Démocratie Nouvelle » anti féodale et anti coloniale, défini par Mao Tsé-toung. A l’inverse les alliances de classe avec un parti de la bourgeoisie (gaulliste ou socialiste) - et sous sa direction -, destinées à arracher des réformes dans le cadre du capitalisme n’ont pas permis de progresser vers le socialisme, mais elles ont été rompues, parfois avec le sang des grévistes, et leur résultat détruit à plus ou moins long terme.
_____________ Qu'il s'agisse des objectifs du Front Uni, de ses alliances de classe ou de sa direction, le projet de Sapir n'aboutit qu'à mettre la classe ouvrière et les masses à la remorque de la bourgeoisie.
-------------------- contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit |
| Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 06-09-2015 à 22:37:00
| Curieux revirement de Sapir Médiapart faisait observer le 28 août : « Le 21 août, Jacques Sapir, directeur de recherche à l’EHESS passe le Rubicon. L’économiste, identifié de longue date à la gauche radicale et à l’opposition envers l’euro, écrit sur son blog (dans la version longue d’une interview accordée au site Figaro Vox) que dans la lutte contre l’euro, il lui paraît évident que la gauche doit se rapprocher des souverainistes, et surtout considérer une alliance avec le Front national . » Et effectivement Sapir écrivait bien le 21 août dans "réflexions sur la Grèce et l'Europe" : « A terme, la question des relations avec le Front National, ou avec le parti issu de ce dernier, sera posée. Il faut comprendre que très clairement, l’heure n’est plus au sectarisme et aux interdictions de séjours prononcées par les uns comme par les autres. La question de la virginité politique, question qui semble tellement obséder les gens de gauche, s’apparente à celle de la virginité biologique en cela qu’elle ne se pose qu’une seule fois. Même si, et c’est tout à fait normal, chaque mouvement, chaque parti, entend garder ses spécificités, il faudra un minimum de coordination pour que l’on puisse certes marcher séparément mais frapper ensemble. C’est la condition sine qua non de futurs succès. » Or le 27, un jour avant la publication de l'article de Médiapart, Sapir écrivait sur son blog dans "A nouveau sur les fronts" : « Très concrètement, et au-delà des raisons principielles telles qu’elles sont exposées dans le préambule de la constitution, toute segmentation du marché du travail sous la forme de l’application de la « préférence nationale » conduirait à des pressions inflationnistes importantes qui pourraient compromettre les effets positifs attendus de la sortie de l’Euro. C’est l’une des raisons pour lesquelles la participation du Front National à ce « front » n’est pas aujourd’hui envisageable » Si on comprend bien, la participation du FN au front uni contre l'Europe est remise en cause parce que cela conduirait à l'inflation...
Edité le 06-09-2015 à 22:40:07 par Xuan
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