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 Erreur ou trahison

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Xuan
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   Posté le 03-08-2023 à 15:51:00   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

A propos du livre "Erreur ou trahison ? Enquête sur la fin de l'URSS" d'Alexandre Ostrovski

notes de lecture et commentaires sur le blog de D. Bleitrach

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   Posté le 03-08-2023 à 15:57:50   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Erreur ou trahison : l’épée abandonnée, par Xuan

23 JUILLET 2023

https://histoireetsociete.com/2023/07/23/erreur-ou-trahison-lepee-abandonnee-par-xuan/

Naturellement je partage tout ce que dit Frank sur l’impérialisme parvenu au stade hégémonique, et ses conséquences. Je voudrais revenir sur sa question concernant la lutte des classes et les principes nous dit Xuan. Il a raison, il faut se dégager des logiques politiciennes de sommet pour prétendre intervenir. Cette mise au point de Xuan est effectivement incontournable sur la nécessité de repenser “l’erreur” et pas encore la trahison qui sera celle de Rober Hue et de la quasi totalité de ceux qui seront nés dans cette période, l’erreur de la coexistence pacifique, qui n’est pas de rechercher la paix, mais de penser l’obtenir en désarmant unilatéralement l’Etat socialiste sur le plan militaire et plus encore idéologique par le désarment de la classe ouvrière de son parti révolutionnaire, de la conscience de classe, de la nécessaire lutte des classes. J’ajouterai que “l’erreur” est devenue encore plus “erronée” à la chute de l’URSS puisque ce qui était avancé comme possibilité de la fin du komintern et la possibilité de voies parlementaires tablant sur la coexistence pacifique supposait justement l’existence de l’URSS comme garantie d’un rapport de forces contraint à la paix. La question de la possibilité de surmonter les effets de trente ans et plus de cette impasse est devant nous parce qu’il n’y a pas que le PCF pour avoir été durablement marqué par cette orientation et je continue à penser que ceux qui se rassurent en faisant le bilan des errances des dirigeants de ce parti ont eux-mêmes fait la preuve de leur incapacité à proposer une issue qui soit autre chose qu’une situation à l’italienne ou des coalitions dans lesquelles le capital joue d’abord “la gauche” non communiste et ultérieurement s’en débarrasse y compris par le fascisme. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

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Lorsque le programme des jours heureux a été présenté, notre camarade Jean-Claude Delaunay n’avait pas dissimulé ses critiques.
Il y avait d’une part la nécessité de sauver le PCF de la liquidation pure et simple, et d’autre part le prolongement d’une tradition déjà ancrée bien avant Robert Hue, d’un parti de gouvernement, tradition issue de la théorie du passage pacifique au socialisme de Khrouchtchev.
Clouscard avait attiré l’attention des communistes sur le lien entre l’idéologie libertaire et le libéralisme, un peu moins sur le lien entre révisionnisme ou opportunisme de droite, et libéralisme. Pourtant c’est un cagoulard qui a été porté et maintenu au gouvernement, et avec l’appui de nombreux gauchistes d’ailleurs.

C’est donc un mal ancien. Mao Zedong dénonçait dans le rejet de Staline l’abandon d’une épée, épée aussitôt saisie par les impérialistes pour nous frapper. Et il ajoutait que l’épée de Lénine avait déjà suivi le même chemin … « A mon avis, elle l’a été dans une assez large mesure. La Révolution d’Octobre est-elle toujours valable? Peut-elle encore servir d’exemple aux différents pays ? Le rapport de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique dit qu’il est possible de parvenir au pouvoir par la voie parlementaire; cela signifie que les autres pays n’auraient plus besoin de suivre l’exemple de la Révolution d’Octobre. Une fois cette porte grande ouverte, le léninisme est pratiquement rejeté… » [1]

Restait l’épée du marxisme. On lit dans « Erreur ou trahison » le travail de sape d’A. Tsipko utilisant l’abandon de Staline pour éliminer le marxisme lui-même [p 349 – 350] :

A. Tsipko s’insurgeait contre l’idée séductrice d’une opposition simpliste par sa conception entre Staline et ses prédécesseurs et opposants politiques au sein du Parti: ” La tentation est grande de comparer la victoire de Staline sur tous ses opposants au Politburo du Comité central du PC(b)US au Thermidor de Napoléon, de la présenter comme un coup d’Etat contre-révolutionnaire, en rupture totale avec l’idéologie et les idéaux des prolétaires de Russie. Une fois que l’on est d’accord avec cette pensée séduisante, tous les problèmes sont résolus en un instant: Staline est condamné, la foi dans l’idéal est préservée, la “pureté” de la théorie est restaurée.”

L’une des idées les plus importantes de cet article était la suivante : le « stalinisme » est « une sorte d’extrémisme de gauche*», « les origines du stalinisme sont à rechercher dans les traditions du radicalisme de gauche russe » , caractéristique de tout le mouvement révolutionnaire en Russie. Et bien qu’A. Tsipko ne l’ait pas écrit directement, il ressort de son article qu’il n’y avait pas de différence fondamentale entre Staline et Lénine.

En même temps, l’auteur abordait un autre problème: « Nous avons le droit et même le devoir de nous demander: qu’est-ce qui, dans la théorie de Marx, a été confirmé et que nous devons suivre ? Qu’est-ce qui, dans sa doctrine, n’était vrai que pour son époque, pour le XIXe siècle ? En quoi Marx et Engels se sont-ils trompés ? » Se demandait-il.

Sans donner une réponse exhaustive à ces questions, A. Tsipko indiquait à ses lecteurs que l’une des principales erreurs de K. Marx et F. Engels était l’idée de la possibilité de créer une société socialiste non marchande. V.I. Lénine fut convaincu du principe de l’impossibilité de combiner le marché et le socialisme jusqu’au début des années 1920. Cette idée était à la base du socialisme qui a été créé dans notre pays sous la direction de Staline.

En conséquence, l’auteur formulait la conclusion suivante : « Staline en tant que personne a été formé dans un environnement marxiste, il a assimilé comme il l’a pu en vertu de ses capacités et de sa formation l’héritage des classiques » ; en définitive, il « n’est jamais allé au-delà des vérités de l’ABC du marxisme » , et par conséquent « la pensée de Staline et ses idées sur le socialisme étaient typiques des marxistes de l’époque » .


En effet, Staline était marxiste, et au fond c’est à ce titre qu’il a été déboulonné. Il ne restait plus alors à Robert Hue qu’à geindre et battre sa coulpe à « la Marche du Siècle »

Je reviens donc sur la lutte des classes dont parle Frank. Toujours dans le cadre strictement parlementaire, la lutte des classes a été balayée par la lutte entre « droite et gauche » , entre un « peuple de droite » et un « peuple de gauche » . Et nous voici bien embarrassés pour retomber sur nos pieds après tant de trahisons.

Les idéologues de la bourgeoisie se sont saisi de cet autre abandon pour remplacer la lutte des classes par celle des « citoyens » opposés aux « élites et au capitalisme mondialisé ».

Pour ajouter la confusion à la confusion, on voit même certain « marxiste » remplacer la lutte de classe contre la bourgeoisie monopoliste par celle contre « oligarques et apatrides dont la recherche de leur intérêt et du profit se fait en dehors des frontières nationales » mais aussi « toutes les nouvelles couches moyennes supérieures plutôt hautes et souvent urbaines » et pour finir « tout ce qui relève de ce lumpen proletariat que je définis comme l’économie parallèle des racailles du bas et d’en haut. »

Face à cet « ennemi principal », la « lutte de libération nationale doit être conduite avec tous ceux qui ont envie de sortir du joug qui pèse sur nous à l’heure actuelle » , et il s’affiche avec Dupont Aignan .

Sur ce terrain-là aussi la confusion est la plus extrême.

Il n’est pas nécessaire de s’étriper des jours durant sur la définition du prolétariat pour savoir qui sont les amis et qui sont les ennemis de la révolution. La meilleure solution consiste à partir de la réalité sociale, enquêter sur place sur la situation matérielle et les besoins matériels des masses, observer simplement lors des conflits sociaux qui se bat réellement contre le capital, qui hésite, et qui le soutient. Les cellules d’entreprise seraient sûrement un excellent outil pour ce faire, et c’est un acquis du dernier congrès, s’il est bien utilisé.

Un des principaux outils du marxisme c’est de partir des intérêts du peuple, et partir des faits.

[1] Mao Tsé-toung – « deux épées » discours à la deuxième session plénière du Comité Central issu du VIIIe Congrès du Parti Communiste Chinois – 15 novembre 1956

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Une "maison commune européenne"



En moins de trois pages, le livre ‘Erreur ou trahison’ fait entrevoir les conséquences du projet de Gorbatchev d’une « maison commune européenne », annoncé fin 1985 à F. Mitterrand.
Notamment le « démembrement de la Russie ».

On comprend alors que l’expansion de l’OTAN vers l’est en était le développement inévitable, et avec lui le conflit actuel en Ukraine.


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La première visite étrangère dans ses nouvelles fonctions de M.S. Gorbatchev, a eu lieu en France les 5 et 6 octobre.
"Après la première rencontre et un long entretien avec Gorbatchev au Palais de l'Élysée en octobre 1985 ", écrit A.S. Gratchev, "le président français François Mitterrand a déclaré à ses plus proches conseillers : "Cet homme a des projets passionnants, mais est-il conscient des conséquences imprévisibles que peut avoir une tentative de les mettre en œuvre ?"

Qu'a dit M.S. Gorbatchev à F. Mitterrand ?

L'une des idées avec laquelle Mikhail Sergueïevitch, de son propre aveu, se rendit en France était de créer une « maison commune européenne ». Il l’a exprimée pour la première fois le 18 décembre1984, au Parlement britannique (« L’Europe, disait-il alors, est notre maison commune. Une maison, et non le théâtre d’une action militaire » ), puis il a répété dans son discours à la télévision française le 30 septembre 1985, avant de partir pour Paris ; « Nous vivons dans la même, bien que certains y entrent par une entrée et d’autres par une autre, dit-il. Nous devons coopérer et établir une communication dans cette maison" .

Pour comprendre le sens de ces déclarations, il faut tenir compte du fait que, dans son discours devant le Parlement européen le 14 janvier 1985, le nouveau président de la Commission européenne, J. Delors, a déclaré que le principal objectif de la Commission qu'il présidait était de créer d'ici 1992 un "marché intérieur de l'Union européenne " , En mars 1985, le Conseil européen a commencé à élaborer un programme spécial pour traiter cette question, qui a été approuvé en juin de la même année. En février 1986, l'Acte unique européen a été signé, qui prévoyait la création progressive de l' «Espace unique » à partir du 1er janvier 1987, dans lequel les frontières intérieures entre les États seraient supprimées et la libre circulation des capitaux, des biens et des personnes serait assurée.

Ainsi, M.S. Gorbatchev a eu l'idée d'une "maison paneuropéenne " au moment même où le processus d'intégration de l'Europe occidentale était entré dans sa phase décisive. Dans ces conditions, comment le chef de l'État soviétique se représentait-il la réalisation de son idée ?
La réponse à cette question fait défaut jusqu'à présent. Cependant, s'il voulait vraiment participer à la création d'une " maison paneuropéenne ", il devait comprendre qu'il y avait de nombreux obstacles sur le chemin.

Tout d’abord, elle concernait l’existence de deux blocs politico-militaires : l’OTAN et l’Organisation du pacte de Varsovie. L’élimination de la confrontation militaire en Europe signifiait non seulement la réduction des armées, mais aussi l’une des trois options possibles pour l’élimination de la confrontation militaire :
a) l’élimination des blocs mentionnés,
b) leur transformation en organisations politiques et
c) l’absorption d’un bloc par un autre.

Deuxièmement, il faut tenir compte du fait que le Conseil d'assistance économique mutuelle (l'Union soviétique et les pays d'Europe de l'Est qui se trouvaient dans son orbite) l'emportait sur la Communauté économique européenne (Union économique européenne) en termes de population et de potentiel économique. Dans ces conditions, la CEE ne pouvait autoriser ses voisins de l'Est à entrer dans la " maison commune européenne " qu'à trois conditions:
a) la désintégration du CAEM,
b) la liquidation de l'URSS et
c) le démembrement de la Russie.

Troisièmement, l'intégration de l'URSS et de ses alliés dans l'" Europe commune " se heurtait à l'obstacle des spécificités de ces pays:
a) le monopole de la propriété de l'État et, par conséquent, l'absence de développement des rapports marchands ;
b) la direction administrative de la gestion ;
c) l'idéologie commune.


Ainsi, si M.S. Gorbatchev a vraiment pensé à créer une « maison commune européenne», cela impliquait que cela devait être précédé par des changements radicaux dans le système des relations internationales, dans le bloc soviétique et en Union soviétique elle-même.

A cet égard, il convient de noter qu'en 1985, le livre intitulé La qualité humaine d'un des organisateurs et dirigeants du Club de Rome, A. Peccei, a été réédité en URSS, contenant la justification de la nécessité d'une gestion unique de la société au niveau planétaire.
Lorsque j’ai demandé à V.A. Medvedev le 9 juin 2008 si l'idée d'une " maison commune européenne " avait été discutée au Politburo en 1985, il a répondu: "Non. " De plus, selon lui, à l'époque il n'y avait ni projet de cette " maison " ni calendrier pour sa construction, et il n'était considéré que comme un certain idéal auquel il fallait aspirer en poursuivant la voie tracée par l'Acte d'Helsinki de 1975.

En supposant que cette affaire ne concernât que la reprise du processus d'Helsinki, cela pouvait signifier qu'appelant à la construction d’une « maison commune européenne », l’Union soviétique offrait de renoncer à une nouvelle escalade des tensions internationales et se déclarait prête à respecter les engagements pris en 1975 pour démocratiser la société.

Ainsi, Mikhaïl Gorbatchev a présenté au président français ses projets de réforme de l’URSS. « Mitterrand » , écrit Gorbatchev, « était clairement impressionné par le détermination du nouveau dirigeant à revoir de manière critique tous les principaux mécanismes du système soviétique ». « La principale chose qui a frappé et "enthousiasmé" le socialiste Mitterrand, peut-être même plus que la super conservatrice Thatcher, était le plan d'émancipation interne de la société soviétique » .
Après avoir entendu ces révélations, F. Mitterrand a déclaré :
« Si vous parvenez à réaliser ce que vous avez prévu, cela aura des conséquences mondiales ».

[« Erreur ou trahison » p 57 et suivantes]


Mis en ligne par D. Bleitrach https://histoireetsociete.com/2023/08/04/xuan-le-projet-de-gorbatchev-de-la-maison-commune-europeenne/?fbclid=IwAR1dpcHjd0HaDUWheVUXGjmLD6F9m39KCaaIliu1f8W_wNpT_otPJmWhUgI


Edité le 04-08-2023 à 20:39:08 par Xuan




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   Posté le 04-08-2023 à 20:53:39   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

« Erreur ou trahison » : Quatre principes


Chaque pays possède des particularités dues à son histoire, sa culture, ses religions et ses philosophies, sa démographie, ses institutions, la centralisation de l’Etat… mais aussi à sa géographie, à son niveau de développement des échanges commerciaux, de ses forces sociales productives, et à le degré de leur socialisation.

La révolution socialiste se présente différemment selon ces conditions et se développe aussi différemment. Le Manifeste indique « Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l'Etat, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la quantité des forces productives »

Il paraît évident que dans la société socialiste, le degré de collectivisation progressive du capital relève de ces particularités historiques et des spécificités nationales de chaque pays, tandis que la suprématie politique du prolétariat organisé en classe dominant e constitue le caractère commun, général, absolu du socialisme.

Lors de son voyage dans le sud le 18 janvier 1992, Deng Xiaoping déclara :
"Une économie planifiée n'est pas synonyme de socialisme, le capitalisme a aussi des plans ; une économie de marché n'est pas synonyme de capitalisme, le socialisme a aussi des marchés. La planification et le marché sont tous deux des instruments économiques. L'essence du socialisme est de libérer les forces productives, de les développer, d'éradiquer l'exploitation, d'éliminer la polarisation et de parvenir finalement à une prospérité commune."

Il désignait par là la différence entre les caractéristiques particulières du développement dans un pays et les caractéristiques générales du socialisme.
Qu’on m’autorise à radoter en citant pour la nième fois cet extrait de l’Huma du 27/11/46 :
« Les nationalisations ne sont pas des mesures socialistes ... La première condition de l'introduction du socialisme dans un pays, c'est l'institution d'un État socialiste. »

Quant au degré de collectivisation progressive du capital :
"Les zones économiques spéciales appartiennent à la famille socialiste et non à la famille capitaliste, comme on le constate à Shenzhen. La propriété publique y est prépondérante, les investissements étrangers n'y représentent qu'un quart, mais n'oublions pas que de cette part de capitaux étrangers nous pouvons tirer parti à travers les impôts et la fourniture de main d'oeuvre par exemple ! Alors pour quelques entreprises de plus (entreprises "sanzi": soit les entreprises à capitaux étrangers, joint ventures et coopérations), nul besoin d'avoir peur, il suffit que nous gardions la tête froide et nous n'aurons rien à craindre. Nous sommes avantagés puisque nous détenons les grandes et moyennes entreprises publiques, les entreprises rurales, et surtout du fait que le pouvoir politique est entre nos mains."

C’est-à-dire qu’il existe aussi un seuil dans le rapport privatisation / collectivisation au delà duquel le socialisme est menacé dans sa base économique. La réforme et l’ouverture ont été payées cher par le prolétariat chinois, mais le système capitaliste n’a pas été rétabli.
L’année 1989 a marqué le changement d’aiguillage entre les deux pays, d’une part avec la chute du mur de Berlin d’autre part avec l’échec de la révolte libérale de Tien An Men.

Comment s’est traduite en Chine la suprématie politique du prolétariat organisé en classe dominante ?
Concernant le pouvoir politique, lors de la troisième session plénière du onzième comité central du Parti communiste chinois, tenue en décembre 1978, Deng Xiaoping souligna "Vous ne pouvez pas copier l'Occident et vous ne pouvez pas libéraliser » , puis le 27 mars 1979 quatre principes opposés à la libéralisation bourgeoise : la voie socialiste, la dictature du prolétariat, la direction du parti et les principes de base du marxisme-léninisme et de la pensée de Mao Zedong .
Ces quatre principes constituaient alors le caractère général, absolu du socialisme en Chine, en fait la suprématie politique du prolétariat dont parlait Karl Marx.

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La lecture d’ Erreur ou trahison expose comment ces quatre principes fondamentaux ont été abandonnés en URSS, particulièrement sous Gorbatchev.
Nous avons vu comment la théorie marxiste-léniniste avait été rejetée dans ‘l’épée abandonnée’. Le passage sur la « maison commune » démontre comment, suivant la perestroïka, l’URSS devait abandonner les principes fondateurs qui la séparaient du « monde libre » et de fait renoncer à son intégrité territoriale pour se fondre dans la « maison commune » européenne.


Je cite quelques extraits – et on pourrait relever encore d’autres parties significatives – concernant l’abandon des quatre principes énoncés par Deng Xiaoping, ou plus exactement leur rejet, par Gorbatchev.

Abandon de la voie socialiste
P 65 Préparation au congrès
L’une des décisions les plus importantes prises par le plenum d’avril 1985 fut de convoquer le prochain congrès du Parti le 25 février 1986
[...]
Lorsque, fin 1985, E.A. Chevardnadze a invité V.M. Faline et lui a proposé de diriger le département de la planification du ministère des Affaires étrangères, il a déclaré qu'il nourrissait des espoirs particuliers à son égard, car il fallait, déclarait-il, " sauver le socialisme" .
Comme le montrent les mémoires de Guéorgui Loukitch Smirnov, à cette époque, le slogan sur la nécessité de sauver le socialisme était déjà d’actualité. Le 13 novembre 1985, M. S. Gorbatchev l’a invité à occuper le poste d’assistant à l’idéologie. Après avoir accepté, Guéorgui Loukitch a dit: " Nous devons sauver le socialisme " et il a entendu une réponse qui l'a beaucoup étonné : "Nous devons sauver la Russie." Au départ, G.L. Smirnov n'a attaché aucune importance à ces mots, et ce n'est qu'ensuite, à la lumière de ce qui s'était passé, qu'il s'est rendu compte qu'il ne s'agissait pas d'un lapsus, mais d'une clarification essentielle.


Remise en cause de la dictature du prolétariat
En octobre 1990, le Monde Diplomatique titrait sur la « fulgurante évolution de la presse soviétique » et citait Alexandre Tsipko :

Le lecteur le plus las de la « politique » ne saurait rester indifférent au travail fondamental du journaliste Alexandre Tsipko, qui pose, dans Novy Mir, cette question : « Nos principes sont-ils bons ? » (titre de l’article), et répond avec assurance : « Non, ils NE sont pas bons » . Alexandre Tsipko « enquête » sur le rôle des classiques du marxisme dans « nos malheurs actuels » , et juge « criminelle » (c’est son expression) la « doctrine de la révolution et de la dictature du prolétariat » .
Le tirage de ce numéro, comme du précédent, ayant été retardé, officiellement pour manque de papier, un responsable de Novy Mir regrettait ce retard et précisait que, « pour une partie des abonnés de la revue, ces audaces de Tsipko seront déjà devenues des lieux communs à la date où ils recevront ce numéro » [Literatournaïa Gazeta, Moscou, 13 juin 1990].


Ici on voit la remise en cause quasi officiellement la « doctrine de la révolution et de la dictature du prolétariat »

Abandon du marxisme-léninisme
P 71 d’Erreur ou trahison :
…après Genève, A.N. Iakovlev a rédigé deux notes dans lesquelles il expose sa conception de la perestroïka.
« Je me permets, écrit-il, de mentionner deux de mes documents datant de décembre 1985. L’un provient de mes archives, l’autre des archives de Gorbatchev. Le premier document a été dicté. »
La première note, datée du 3 décembre 1985, commence par une critique de la théorie "marxiste-léniniste", déclarant qu'elle n'est rien d'autre qu'une religion, ce qu'il est difficile de contester. Puis suivait une description du socialisme, qui était considéré comme une sorte
de système féodal - despotique, incapable de se développer. Il en a été conclu que seuls a) le rétablissement de la propriété privée, b) la transition vers une économie de marché, c) la démocratisation de la société, qui implique l’élimination du monopole du PCUS sur le pouvoir, pouvaient donner du dynamisme au pays soviétique.
[…]
« La réaction de Gorbatchev » , écrit Iakovlev en référence à sa note de décembre « a été calme, il manifestait de l’intérêt », mais n’a pas donné suite. Cela signifiait-il qu’il n’en partageait pas les idées principales ? Non, il ne s’opposait pas à ces idées, mais les considérait comme « prématurées ». « C’est trop tôt, Sacha, trop tôt » lui a répondu M. S. Gorbatchev , si l’on en croit I.N. Iakovlev.


Fin de la direction du parti communiste
pages 81 et 82 d’Erreur ou trahison :
Dans son rapport [au XXVIIe Congrès du PCUS, le 25 février 1986], M.S. Gorbatchev a d'abord soulevé avec beaucoup de prudence, mais néanmoins assez clairement, la question de la nécessité de " décharger " l'appareil du Parti.
"Le parti s'oppose fermement au mélange des fonctions des comités du Parti avec celles de l'État et des organismes publics."
"Le parti, a-t-il déclaré, réalise la direction politique, détermine la perspective générale de développement... Quant aux moyens et aux méthodes de résolution des problèmes économiques et socioculturels spécifiques, une grande liberté de choix est accordée à chaque organe de direction, à chaque collectif de travail, à chaque personnel économique".

En substance, cela signifiait la mise à l'écart du PCUS de la direction de l'état.


P 516 d’Erreur ou trahison :
Le 11 mars [1990] s’ouvrait le plénum extraordinaire du Comité central du PCUS qui non seulement approuva la création du poste de président de l’URSS, mais recommandait également la candidature de Gorbatchev.
Le lendemain se réunissait le troisième Congrès extraordinaire des députés du peuple, et ce jusqu’au 15 mars. ; Il amenda avant tout l’article 6 de la Constitution concernant le rôle dirigeant du PCUS et introduisit le poste de président de l’URSS.



Prélude au démembrement
p 492 d’Erreur ou trahison :
Le 31 décembre [1989 - à peine deux mois après la chute du mur de Berlin], le président français F. Mitterrand s’exprima à la télévision française sur le projet de confédération européenne. Selon lui, celle-ci devait inclure non seulement les pays d’Europe occidentale, mais également les « anciens pays communistes », y compris la nouvelle Union soviétique.

En ligne sur https://histoireetsociete.com/2023/08/07/erreur-ou-trahison-quatre-principes-par-xuan/?fbclid=IwAR1zLztnk-rNmL_-4vnFS5qHTjko5AtYbdp0AU-ksodKS2vo4BMwmZX9nAU


Edité le 07-08-2023 à 20:52:17 par Xuan




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