| | | | | Xuan | Grand classique (ou très bavard) | 18602 messages postés |
| Posté le 02-07-2023 à 16:26:08
| Je vais revenir sur cet ouvrage concernant la restauration du capitalisme en URSS, très documenté(1). https://editionsdelga.fr/produit/erreur-ou-trahison/ En attendant, un article de D. Bleitrach issu de cette lecture : Erreur ou trahison avec quelles conséquences : pourquoi la théorie marxiste reste indispensable ! par Danielle Bleitrach 2 JUILLET 2023 https://histoireetsociete.com/2023/07/02/erreur-ou-trahison-avec-quelles-consequences-pourquoi-la-theorie-marxiste-reste-indispensable/ Voici une référence inhabituelle aux concepts marxistes non pas pour jouer les pédantes mais au contraire pour tenter de voir en quoi ils nous aident à construire un raisonnement qui échappe à la domination de “l’idéologie dominante” qui est celle de la classe dominante. Mais comme je vais simplifier à l’extrême, certains pourront me le reprocher. Dites-vous bien que ce faisant je privilégie la pédagogie et que si vous relisiez Politzer ce serait mieux en matière de révision des fondamentaux. Donc il ne s’agit pas ici de faire l’équivalent d’un cours élémentaire des écoles du parti de jadis, mais de poursuivre une réflexion sur le “traumatisme” occulté de la chute de l’URSS et dans le cadre du travail de lecture d’Erreur ou trahison d’Ostrovski (qui devrait être entamé bientôt comme base commune en vous laissant le temps de lire les 150 premières pages). Donc si je propose ce retour aux concepts élémentaires du matérialisme historique et dialectique, cette tâche actuelle d’exploration du passé est illustrée par ce poème de Brecht ci-dessous : non seulement la défaite ne prouve pas la justice de l’adversaire mais elle devrait nous inciter d’abord à nous interroger : pourquoi avons-nous été si peu nombreux à défendre nos acquis politiques et théoriques ? Pourquoi dans le fond avons-nous cédé devant ceux qui ont confondu notre défaite dans la lutte contre l’injustice avec la preuve que notre cause n’était pas juste ? Peut être une image en noir et blanc de 2 personnes et texte qui dit ’gauche Bertolt Brecht t droite Walter Benjamin NOS DÉFAITES NE PROUVENT RIEN Bertolt BRECHT Quand ceux qui luttent contre l'injustice leurs meurtris Grande est| l'impatience Qui vivent sécurité. quoi vous plaignez-vous demandent-ils Vous avez lutté contre l'injustice! elle qui dessus, Alors taisez-vous Qui doit savoir perdre Qui cherche querelle expose danger! professe violence droit 'accuser violence! Ah! Mes amis N'a pas Pourquoi hostilité Sommes-nous Vos ennemis, qui sommes les ennemis l'injustice Quand ceux contre l'injustice sont vaincus injustice ? rien, sinon nous sommes peu nombreux lutter contre 'infamie, Et nous attendons ceux regardent Qu éprouvent au moins quelque honte.’ Tout de suite disons que cette hostilité aux vaincus qui a accompagné dans le PCF et d’autres partis dit “européens”, la chute de l’URSS a pu se faire au prix d’une régression théorique sur des bases diverses. Pour un au-delà du marxisme (après l’épisode althussérien et surtout ficalducien- Foucault) on a au meilleur des cas atterri sur Kant, un néo-kantisme, la rationalité subjective, et au pire le nihilisme. Pour percevoir la nature de la dérive il peut également être fait référence à une analyse du capitalisme qui passe de l’analyse du capitalisme par Marx et les marxistes à par exemple à Max Weber. Max weber est l’auteur de l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme dans une abondante production. Cette éthique, sous l’influence de laquelle se développerait le capitalisme en particulier anglo-saxon, telle que l’a décrite Max weber est « entièrement dépouillée de tout caractère hédoniste, son but étant de gagner de l’argent, toujours plus d’argent en se gardant des jouissances strictement de la vie ». « Le gain est devenu la fin que l’homme se propose, il ne lui est plus subordonné comme moyen de satisfaire ses besoins matériels. » Pour Max Weber le capitalisme a existé sous diverses formes avec sa soif du profit mais pour lui seul l’occident sous l’influence du protestantisme et du calvinisme va, dans un parallèle avec l’analyse de Marx aboutir au capitalisme moderne original et typiquement occidental, anglosaxon. Ce capitalisme est fondé sur le travail de salariés dirigés de façon rationnelle, qui correspond à l’ère bureaucratique de gouvernance, celui de la raison étatique, dirigé par des entrepreneurs, au sein d’entreprises qui sont organisées bureaucratiquement. C’est par l’utilisation de ce travail que les entrepreneurs cherchent à dégager un profit, et ainsi à accumuler du capital. Cette forme d’organisation économique est, pour Weber, la forme spécifique de la production économique de son époque. En quoi cette problématique se distingue-t-elle de celle de Marx? Il devrait être évident que transformer le rapport social d’exploitation en management dominé par une rationalité de nature religieuse constitue une base théorique et politique totalement différente, mais la différence concerne également la manière dont Weber fait du profit le moteur de ce capitalisme, une soif du profit, basée sur une éthique religieuse puritaine qui lie le salut à la réussite de l’entreprise, une angoisse qui culmine chez les calvinistes en prédestination, l’échec est la damnation. Alors que le profit, l’accumulation parait rapprocher les deux analyses c’est là que la distinction est maximale. Ce qui est frappant, si l’on est conscient du caractère non conciliable de ces deux théories (2), c’est à quel point l’abandon du marxisme a rapproché non seulement l’ensemble des universitaires d’une définition du capitalisme à la Weber dans le dévloppement de leurs recherches: une organisation rationnelle du travail dans lequel le management est effectivement l’aspect “scientifique”, et ses conséquences négatives deviennent un simple problème moral, ce qui va orienter toutes les analyses vers des aspects fragmentés considérés comme plus scientifiques puisque susceptibles d’analyses sur le modèle des sciences de la nature(3). Mais la véritable étrangeté est quand on voit la même approche non marxiste gouverner d’une manière empirique la plupart des analyses du PCF, aujourd’hui, depuis l’immoralité de l’évasion fiscale jusqu’au profit devenu le moteur du mode de production capitaliste, en passant par l’analyse des révoltes urbaines. Pourtant la dérive vient de loin, l’aspect politique précède le champ des recherches en sciences humaines à l’université où il a toujours subsisté le primat du positivisme et de l’idéalisme . On peut considérer en effet que c’est dans la même logique anti-marxiste, que l’échec de l’URSS a été transformé au plan politique en sanction morale d’un prolétariat qui se serait montré indigne de gouverner. Et cela a débuté très tôt, alors que le PCF lors du dernier scrutin législatif de la IVe République a un score de 26% qui en fait de loin le premier parti de France en 1956, avec 150 députés, vont intervenir une série d’événements en quelques mois : le rapport Khrouchtchev qui demeure secret mais dont Thorez a connaissance et dont il mesure les conséquences et qu’il ne partage au point on le sait maintenant au point de se rapprocher de Chou Enlai et d’aller voir Togliatti pour envisage une opposition commune. Mais il va y avoir également le vote des pleins pouvoirs à Guy Mollet pour faire la paix en Algérie (le dirigeant de la SFIO enverra le contingent pour 27 mois) et la fuite en avant dans le proposition d’une union de la gauche avec programme commun. On peut considérer qu’à cette époque là un PCF assez unanimement opposé au rapport Khrouchtchev mais qui n’ose pas rompre avec l’URSS, va mener une stratégie ambiguë à la fois vers l’eurocommunisme comme une émancipation droitière par rapport à Moscou, et une stratégie d’Union de la gauche qui entérine le rôle dirigeant de la social démocratie parce que le PCF serait trop déconsidéré pour revendiquer le socialisme ne jouissant plus à ce titre du droit au pouvoir, à l’état, abandon de la “dictature du prolétariat”, le concept politique marxiste par excellence devient de moins en moins une question de vocabulaire. La dérive théorique s’accompagne toujours de censure, au nom d’un dogme. L’interdiction même d’analyser la fin de l’URSS, le stalinisme, dont le prolétariat aurait dû payer les crimes avec une facture de plus en plus lourde au point de devenir l’équivalent du nazisme, s’est accompagné d’une censure “bigote” et ça continue, celui qui ose remettre en cause le dogme et la faute fait peser sur la communauté le péché initial. Je dois dire que le texte du 39e congrès est un chef d’œuvre dans le genre dans l’analyse des péchés de l’URSS et de tout autres expérience réelle avec la rédemption communiste pour horizon. Le tout en raflant au passage un solide anti-socialisme inspiré par les “trahisons” social démocrates. Ce congrès qui est celui de tous les opportunismes face en particulier à la question ukrainienne, culmine à la fois dans les petits arrangements de sommet et le refus d’aborder les questions essentielle en se réfugiant dans le mythe – au vu dela situation réelle- du Front populaire avec une conception de plus en plus moralisatrice du capitalisme auquel on oppose un communisme utopique et défini simplement par son opposition à un socialisme doublement failli, à la fois sous sa forme social-démocrate et sous sa forme soviétique. L‘ORIGINALITÉ DU MARXISME C’est pourquoi je crois qu’il faut impérativement comprendre l’originalité du marxisme et la force de sa dimension “critique”. Les concepts marxistes ont ceci de particulier qu’ils ne peuvent être isolés les uns des autres, il faut non seulement les penser ensemble mais dans leur mouvement, leur dialectique et ceci justement parce qu’ils sont aussi concrets, pratiques et donc sont confrontés à la complexité et au mouvement de ce qui nous entoure. Pour analyser un mode de production comme le capitalisme, considéré comme une totalité historique dont ils sont les determinants en dernière instance, il faut mettre en évidence : les rapports de production en contradiction avec les forces productives. Un mode de production capitaliste dont de ce fait le but immoral n’est pas le profit mais une accumulation qui nourrit un développement objectif des forces productives et qui à un moment entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ceux de la classe capitaliste dans sa relation avec l’exploitation de la classe productive. Mais ces développements contradictoires doivent être analysés à travers la Totalité, la médiation, essence, processus, sauts qualitatifs si on veut comprendre leur mise en mouvement et ce que l’on peut considérer comme les catégories d’un savoir dialectique face au réel historique. Ainsi Franck et moi nous avons dit que la Chine communiste était la seule non pas seulement à avoir choisi le progrès (Cuba et d’autres dans des conditions terribles ont fait le même choix, mais ils ont tout au plus réussi à limiter les dégâts ce qui est un exploit) mais d’être en mesure de l’imposer. Mais qu’est-ce que le progrès pour un marxiste, ce n’est pas la même chose que pour un positiviste. Pour le marxiste c’est l’anticipation du développement de la totalité historique, c’est un savoir de classe qui ne peut se mettre en œuvre qu’en cherchant le point de liberté ouvert à la transformation pour la classe sociale. Si l’on abandonne la totalité et le processus on va vers la fragmentation actuelle des sciences humaines qui prétendent singer les sciences de la nature alors même que celles-ci dénoncent leur fragmentation. Weber en donnant à l’exploitation capitaliste un “esprit” qui aurait engendré son propre bourreau le profit, semble suivre Marx qu’il connait très bien et qui lui-même dans le livre I du capital sur la fétichisation de la marchandise note cette adéquation entre le capitalisme et le protestantisme, mais parce que, dit-il, c’est un homme abstrait qui correspond donc à la “fétichisation” de la marchandise. Ce phénomène dans lequel la plus-value extorquée va disparaître dans le contrat d’achat et de vente de la force de travail entre pseudo-égaux, le capital propriétaire des moyens de production et celui qui n’a que sa force de travail à vendre pour une durée déterminée, un travailleur libre mais obligé d’aliener sa liberté dans cette vente. Ce que le capitaliste achète ce n’est pas le travail, mais la force de travail qui a la particularité de produire plus de valeur qu’il ne lui en faut pour se reproduire, d’où la plus-value. Il n’y a pas moralité ou immoralité, il y a un rapport social qui n’est ni l’argent, ni le profit mais ce rapport qui a totalement disparu chez Weber. Je signale simplement ces bases élémentaires du marxisme qui semblent avoir totalement disparu pour régresser vers un moralisme(1) qui horripilait Marx en particulier chez Proudhon et chez pas mal de Français. Sur cette pente théorique au plan politique, on retourne au meilleur des cas à une critique “républicaine” (en philosophie kantienne) et au pire des cas à des nihilismes suspects où tout devient équivalent. C’est dans ce mode de pensée que nous sommes pris en France au niveau intellectuel et le fait qu’il n’existe plus de forces politiques se référant au marxisme ne cesse de nous enfermer dans des débats qui créent des divisions artificielles entre ceux qui devraient être unis. L’expérience est d’autant plus aisée à faire que nous y sommes désormais confrontés tous les jours face par exemple ce qui s’est passé à Nanterre : si vous n’adoptez pas un point de vue marxiste, celui de classe vers “le progrès” vous êtes incapables de penser les contradictions, le monde est dispersé, fragmenté et ces contradictions opèrent un retour sur le terrain moral dont le fondement est formel où on accepte un point de vue désenchanté sur le “progrès possible” qui est la pluralité des choix de valeur possible, mais sans déboucher sur aucune transformation pour et par le prolétariat qui en se libérant libère l’humanité, sans cette libération non seulement la liberté est illusoire mais elle a toute chance de régresser en son contraire(4). Pour Marx, le progrès a un but “la liberté humaine” (la référence à Hegel est manifeste puisqu’il ne s’agit plus de la subjectivité du sujet rationnel comme chez Kant mais bien d’un processus par lequel se produit dans une sorte d’absolu une conscience sachante historique, simplement Marx lui donnera un caractère objectif dans le prolétariat, la classe émancipatrice). La liberté humaine est donc cette anticipation du développement conscient et dans le même temps objectif qui réside dans la relation que les êtres humains entretiennent avec la nature, et ce faisant leur propre nature. Le progrès qui était celui des positivistes et du XIX e siècle consistait à croire qu’il suffisait de développer les sciences et les techniques pour vaincre la plupart des antiques malédictions qu’affrontait l’être humain. D’où le choc de ses résultats, l’exploitation des enfants, le colonialisme et cerise sur le gâteau l’extermination nazie chez qui l’assassinat prend des allures d’usine sans paraitre directement lié au profit donc totalement irrationnel. D’où la question d’Adorno, de Walter Benjamin et tant d’autres : comment se fait-il que quand l’être humain est proche d’atteindre l’émancipation par rapport au travail conçu comme une torture au lieu de déboucher sur la liberté il débouche sur la pire des barbaries? Même constat à propos de l’État dans lequel Hegel voyait la rationalité de la pensée humaine et qui devient facteur de domination et d’aliénation ? Si Adorno s’interroge sur le “sujet” produit par la pensée occidentale et y compris par les Lumières et reste sur la séparation entre le maitre et l’esclave ou sur les conditions de la “conscience”, non pas d’un point de vue moral mais bien de celui des rapports sociaux, commence à se faire jour une identification (le terme de totalitaire en sera la traduction propagandiste) entre les nazis et le socialisme. Cela passe pas la négation de la dimension de classe et on passe donc d’une analyse en terme de classes sociales à ce que Marx détestait le plus un espèce de moralisme qui aboutit toujours au constat : ce qui est n’est pas bon mais le reste est pire A cela Marx propose justement une lutte consciente, effectivement si la classe bourgeoise qui a accompli un travail d’émancipation non seulement n’a pas intérêt à se connaitre mais n’existe que dans l’hypocrisie de ses buts, la marchandisation et l’exaltation de la liberté qu’elle apporte, la classe ouvrière, le prolétariat doit impérativement se connaître en tant que classe pour s’organiser et accomplir un autre travail sur la nature et sa propre nature (d’où la nécessité d’un parti).Ce mode de connaissance est tel qu’il est la somme des savoirs accumulés vers l’émancipation, donc même dans le puzzle incohérent fragmenté d’aujourd’hui, il arrive qu’une remarque y compris de l’adversaire vous aide à percevoir un aspect essentiel du réel que vous ignoriez. Mais cet aspect là vous incite à retravailler l’ensemble à partir de la mise en mouvement. C’est en ce sens que l’on peut citer la fameuse phrase comme le “communisme mouvement”. Si Marx partage certains aspects de la foi en l’industrialisation, parce qu’elle crée les conditions de la collectivisation, donc de l’organisation et de la conscience, il recuse les illusions d’un mouvement qui ne nécéssiterait pas l’intervention consciente, il faut la lutte, il faut que la classe ouvrière passe de la classe en soi à la classe pour soi, sujet conscient ce qui n’a rien de spontané. Je rappelle assez grossièrement ces fondamentaux pour que l’on mesure la nature de la dérive : nous sommes en plein moralisme et là les bourgeois nous battent de cent coudées, c’est pourquoi je considère que le 39e congrès est exactement ce qui n’aurait pas dû être fait. Donc vous voyez que quand Franck et moi, et bien d’autres dans ce blog nous constatons que les Chinois sont les seuls non pas à proposer “les jours heureux”, mais à inviter à une tout autre totalité historique qui privilégierait les coopérations sur les concurrences, il ne s’agit pas d’une “utopie” mais bien d’une autre articulation de la relation forces productives rapports de production, la médiation en reste le parti et l’État avec sa planification et ses modes de contrôle, avec la nécessité à la fois de s’emparer du pouvoir d’État mais aussi de laisser les modes de production poursuivre leur mode de développement dans le socialisme. Nous assistons à un saut qualitatif dont la guerre en Ukraine fait partie. Tout cela pour vous dire que je ferais une petite remarque au texte très clair de Franck : d’accord sur tout mais je crois que nous ne pourrons avoir une pensée marxiste que quand à la description des obstacles ce que fait excellemment la bourgeoisie nous saurons montrer les potentialités, non pas parce qu’il faut être “optimiste” à tout prix mais parce que nous sommes réellement aujourd’hui dans une telle situation et parce qu’être dans les aspects concrets de la totalité historique en train de se constituer c’est les mettre en évidence. Danielle Bleitrach (1) Marx est souvent féroce face au moralisme et il faut lire l’analyse qu’il fait de la critique critique des Mystères de Paris d’Eugène Sue( la Sainte famille) , pour se rendre compte du mépris dans lequel il tient ce genre de dérive de l’hypocrisie bourgeoise… et ses conséquences sur les êtres humains concrets incapables de se développer dans un tel carcan… Il a des formules saisissantes du type “l’agneau de dieu ne reflète que la nature moutonnière du chrétien” tout en ayant beaucoup de compassion pour la crédulité des dupes… (2) Pierre Bourdieu lui va tenter d’établir la même démarche que celle de Marx non pas dans la production matérielle mais dans la production, l’échange, la consommation des biens symboliques et culturels, et le rôle joué par eux dans la légitimation de la domination (dictature bourgeoise). Malgré sa théorie des “champs” qui propose d’articuler chaque objet culturel ou symbolique dans sa propre cohérence mais en relation avec les rapports de classe, il connait une forme de désaveu tant concernant sa prétention à la totalité, que dans sa volonté d’une praxis des exploités et domines par la connaissance (la sociologie comme un sport de combat). La seule rationalité étant celle du management capitaliste… (3) Est-ce un hasard si c’est un démographe comme Emmanuel Todd qui avance a contrario dans l’analyse geopolitique sur le bilan réel du socialisme, en soulignant le rôle joué par l’éducation dans les sociétés socialistes qui produit un facteur de développement et de réduction des inégalités malgré le “libéralisme”. Si ce même démographe parce qu’il utilise les statistiques aboutit à des degré de certitude sur les faits sociaux liés à des phénomènes de masse, ce que l’on retrouve chez un Jared diamond, dans le rôle attribué aux forces productives dans les “effondrements”, ce qui produit l’effondrement est aussi ce qui peut les vaincre… Si aujourd’hui à partir des méthodes combinées de l’anthropologie- ethnologie et génétique on retrouve la démarche d’Engels sur l’origine de la famille, de la propriété et de l’Etat. Donc le renouveau d’une approche holiste avec retour à l’histoire remet en cause à la fois le post modernisme et le scientisme positiviste. Cette approche scientifique qui fait partie des forces productives se combine avec ce que avec la Chine on peut définir comme une nouvelle totalité historique, une nouvelle ère. (4) et pas dans les termes dans les faits. Tandis que pour protester contre la manière dont en Suède on a brulé un exemplaire du Coran, des manifestants dans des pays musulmans brulent le drapeau de l’OTAN et celui des LGBT tous deux caractéristiques selon eux des “valeurs” impérialistes immorales et oppressives,ce même premier juillet 2023, la Cour Suprême des Etats-Unis encourage les commerçants à ne pas servir les homosexuels. La cour suprême, plus haute instance judiciaire des États-Unis, a dans la même journée invalidé le plan de Joe Biden d’annulation de la dette étudiante et autorisé dans la sphère commerciale les discriminations basées sur l’orientation sexuelle. Avoir réussi à identifier la situation des femmes, des homosexuels, des minorités raciales à l’impérialisme et aux exploiteurs, les livre à la répression conservatrice et occulte l’atteinte matérielle aux droits de tous.
_____________________ (1) Erreur ou Trahison ? Enquête sur la fin de l’URSS représente une chronique en temps réel des événements qui ont mené à l’effondrement de l’Union soviétique. L’ouvrage cherche à établir si la chute de l’URSS a constitué, de la part de l’équipe au pouvoir, une erreur de stratégie ou une gigantesque manipulation, orchestrée de toutes pièces. L’auteur envisage l’une après l’autre les théories échafaudées jusqu’à présent de la chute de l’Union soviétique pour ensuite présenter la sienne, de façon tellement détaillée et documentée qu’elle ne peut qu’emporter l’adhésion du lecteur. Malgré sa taille conséquente, ce livre haletant, truffé d’anecdotes souvent teintées d’humour, se lit comme un roman, dont les conséquences sont néanmoins d’importance majeure autant pour comprendre l’histoire passée et présente que pour anticiper toute expérience socialiste future. « Le livre montre qu’en proclamant l’idée de créer un socialisme à visage humain, M.S. Gorbatchev et son entourage se sont fixé dès le début la tâche de la transition vers l’économie capitaliste privée, la fin du PCUS au pouvoir, le retournement idéologique de la société, la destruction de l’URSS. » Alexandre Ostrovski. 19 octobre 2013
Edité le 02-07-2023 à 16:52:33 par Xuan
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