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 la deuxième droite

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Xuan
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   Posté le 01-01-2016 à 00:40:11   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Un exposé sans concession de JP Garnier sur l'autoproclamée "deuxième gauche".

Il déshabille les prétentions et les illusions de la petite-bourgeoisie intellectuelle, croyant s'affranchir de la vieille société gaulliste. Mais pour faire en définitive son "sale boulot" .

Un récapitulatif tout-à-fait opportun de Mitterrand à Hollande.
Une seule réserve c'est que le rôle du parti révisionniste est un peu oublié.

Voir également : la deuxième droite



présentation :

1 Ironie du titre, c’est l’élection de François Mitterrand et l’accession des socialistes au pouvoir en 1981 qui constituent le point de départ et l’objet principal du pamphlet co-écrit par Jean-Pierre Garnier et Louis Janover. L’idée-force de l’ouvrage réside moins dans la mise en exergue d’un certain nombre de renoncements idéologiques du Parti socialiste (PS) une fois arrivé au pouvoir suprême — dont le « tournant de la rigueur » en 1983 est souvent cité comme marqueur — que dans la présentation du parti comme une « deuxième droite », autrement dit comme « une droite authentique et pas seulement une gauche en toc » (p. 21). Écrit en 1986 et réédité en 2013, tout se passe comme si l’ouvrage devait amener son lecteur à admettre que si la thèse développée trouve aujourd’hui une seconde jeunesse, c’est parce que l’histoire se répète. Ainsi, dans l’avant-propos de la seconde édition, les auteurs nous appellent-ils à apprécier le quinquennat débutant de François Hollande en miroir de ce que la gauche au gouvernement a accompli 30 ans plus tôt. Une double conclusion s’impose donc ; d’une part, les erreurs commises hier n’ont pas servi de garde-fou et, d’autre part, l’avenir – sombre – de ce présent quinquennat est d’autant plus prévisible qu’il est pour une large part une redite du premier septennat de François Mitterrand dont l’ouvrage retrace les faits marquants du point de vue de la collusion des intérêts (économiques et politiques), et des idéologies (libéralisme et socialisme).

2 L’ouvrage est composé de trois parties qui constituent autant d’entrées propices à l’analyse de la pratique gouvernementale socialiste. La première, intitulée « du projet au produit », met l’accent sur les mutations de la gauche qui, sous l’apparence de la modernité, ont conduit à l’avènement du capitalisme. Les auteurs donnent à voir le processus par lequel la gauche gouvernementale s’est substituée à la droite. Si elle est qualifiée de « deuxième droite », c’est bien qu’elle entre dans une parfaite continuité chronologique avec la première, loin d’en être seulement une pâle imitation. Cet aggiornamento du PS — de l’idéologie socialiste à la pratique désidéologisée — s’accompagne d’un accroissement de la place accordée à la communication, en vue d’assurer une assise électorale capable d’octroyer au gouvernement une marge de manœuvre confortable autorisant la poursuite de la mise à mort du socialisme. Cette évolution médiatique vient parachever le privilège accordé au fard plutôt qu’au fond, et les auteurs de résumer : « maquillage et babillage sont les deux mamelles de la France socialiste » (p. 88).

3 Dans la deuxième partie, « De l’avenir, faisons table rose », Jean-Pierre Garnier et Louis Janover s’appliquent à énumérer les politiques menées, à l’aune du constat dressé dans la première partie de l’ouvrage. Les nationalisations, la décentralisation ou l’armée sont ainsi décryptées comme autant d’exemples de la déliquescence du socialisme français. Utile pour les jeunes générations, cette recension permet de décortiquer point par point les principales réformes mises en œuvre durant le premier septennat socialiste de la Cinquième République.

4 Enfin, « Un enterrement de troisième classe » constitue la dernière partie de l’ouvrage. Celle-ci privilégie une analyse de la formation de la « petite-bourgeoisie », nouvelle classe sociale occupant une position intermédiaire entre les dominés et les dominants et à laquelle les socialistes ont accordé une place centrale. La génération soixante-huitarde et les Tiers-mondistes sont placés au premier rang de cette catégorie. Censée assurer les tâches de médiation entre les classes sociales, cette « troisième classe » complexifie de fait une lecture binaire — de type marxiste — de la société française. La personnalisation, déjà très marquée dans les chapitres précédents, est ici portée à l’acmé, comme si cette évolution doctrinale du PS ne devait se lire que comme un effet de la duplicité d’une poignée de dominants qui s’assumeraient enfin comme tels à l’heure mitterrandienne, au lendemain d’une jeunesse aux expressions faussement gauchistes.

5 Jean-Pierre Garnier et Louis Janover livrent une critique acerbe et ad hominem visant les protagonistes qui ont pris le pouvoir en 1981 et qui, selon eux, n’ont de socialiste que le nom qu’ils veulent bien se donner pour mieux tromper l’électeur et faire passer des politiques que la « première droite » (l’UDF et le RPR) ne renierait pas. Moins morale que la première car plus insidieuse et donc plus dure à combattre, cette bête bicéphale qu’est la deuxième droite accuse la confusion entre gauche et droite, non seulement du fait de ses connivences avec les acteurs économiques mais par la complicité dont elle se rend coupable face au déclin des syndicats et du Parti communiste. L’ouvrage est d’une lecture facile et les nombreuses citations et exemples la rendent vivante. Toutefois, on pourra regretter que les très nombreux jeux de mots — parfois un peu faciles, tels que « Maotterrand » (p. 76) — jonchent un texte déjà très vif, quitte à en dénaturer le propos. Ainsi en est-il notamment du titre de la deuxième partie « de l’avenir, faisons table rose », quand la thèse de l’ouvrage vise au contraire à montrer que les roses ne sont plus si rouges dans le champ socialiste.

6 La personnalisation excessive des mutations du PS laisse ici trop peu de place à une analyse des transformations sociologiques plus sourdes qu’a connues le parti, de sa création à la suite de la SFIO jusqu’à la première publication de l’ouvrage en 1986. Rémi Lefebvre et Frédéric Sawicki ont en effet mis en évidence les processus exogènes — « présidentialisation » des institutions de la Ve République, transformations syndicales, multiplication des sondages d’opinion — et endogènes — professionnalisation des membres du PS, dévitalisation de ses filières traditionnelles de recrutement, pragmatisme électoral — qui ont contribué à structurer le parti socialiste français et à l’éloigner des catégories populaires(1). Une plus grande prise en compte du poids des institutions et des réseaux d’influence aurait mis en lumière les règles selon lesquelles les acteurs ici évoqués ont pu — et dû — jouer ce jeu gouvernemental, et ce que cette participation a fait en retour à l’institution partisane et à ses membres. Ces derniers sont en effet pour partie conditionnés par des enjeux extérieurs à leur seule volonté et étrangers à leurs prédictions. Privilégier une histoire sociale du socialisme à l’aune de l’accession au pouvoir de son candidat en 1981 permettrait de montrer avec force les mutations idéologiques — plutôt dans le sens d’une désidéologisation à vrai dire — sans toutefois céder aux sirènes du complot d’une « troisième classe ». Les effets de la composition sociale de l’organisation partisane dans le sens d’un accroissement des capitaux de ses membres — ou d’une partie d’entre eux — sur les orientations idéologiques et la difficulté croissante de représentation des catégories populaires ne sont d’ailleurs pas à déplorer dans le seul cas du Parti socialiste mais sont également repérables au Parti communiste(2). De même, les trajectoires post-soixante-huitardes évoquées dans la troisième partie sous l’angle d’un opportunisme émanant d’intellectuels dépourvus « du sens de l’autocritique » (p. 206) sont en réalité plus clivées et hétérogènes qu’il n’y paraît et méritent à ce titre d’être objectivées au prisme d’une sociologie de l’événement « Mai 68 » et de ses conséquences biographiques(3) plurielles. Toutefois, ces remarques auraient abouti à un ouvrage d’une autre nature. Or, puisque les auteurs ont privilégié la forme du pamphlet, on retiendra surtout qu’ils ont réussi leur coup et que sa réédition en 2013 arrive à point nommé, alors que François Hollande est au plus bas dans les sondages d’opinion.

NOTES

1 R. Lefebvre, F. Sawicki, La société des socialistes. Le PS aujourd’hui, Bellecombe-en-Bauges, Editions du Croquant, 2006.

2 Nous renvoyons ici aux travaux de Julian Mischi sur le Parti communiste, notamment : « Pour une histoire sociale du déclin du Parti communiste », in F. Haegel (dir.), Partis politiques et système partisan en France, Paris, Presses de Sciences-Po, 2007.

3 Voir la thèse de Julie Pagis : Les incidences biographiques du militantisme en Mai 68. Une enquête sur deux générations familiales : des « soixante-huitards » et leurs enfants scolarisés dans deux écoles expérimentales (Vitruve et Ange-Guépin), thèse pour le doctorat de science politique, Paris, EHESS, 2009.


Edité le 16-01-2016 à 19:03:32 par Xuan




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Xuan
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   Posté le 16-01-2016 à 18:59:00   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Egalement sur le blog de Danielle Bleitrach. L'article provient d'un site réactionnaire mais le fond est juste.

L’histoire secrète et pas très propre de SOS Racisme succursale du Parti socialiste


15
JAN



De Gauchopedia, Wiki anti-gauche



Gauchopedia Wiki anti-gauche

Dans son livre, « Histoire secrète de SOS Racisme » écrit en 1990 Serge Malik nous livre l’arrière-plan de l’association « antiraciste » où se dissimule en réalité une manipulation politique au service du PS et de François Mitterrand.Serge Malik est l’un des fondateurs de SOS-Racisme. […] Serge Malik croyait au combat antiraciste comme moyen efficace pour vaincre l’intolérance, l’exclusion et les inégalités sociales. […] Sans la moindre hésitation, il laissa tomber son métier de comédien et s’engagea à fond dans SOS. […] Les pseudos antiracistes étaient essentiellement des organisateurs de spectacles politiques, médiatiques et musicaux. Ils ont triché et menti. Pire, ils ont contribué à la banalisation du fait raciste et ont apporté de l’eau au moulin puant de Le Pen et tout cela pour des besoins alimentaires et des ambitions personnelles. […]

Le grand patron et fondateur de SOS est Julien Dray. Au début des années 80, ce dernier était trotskiste ; il fonda le Mouvement d’action syndicale (MAS). Dans les facs et les cités, Julien Dray plus connu alors sous le sobriquet de Juju, brandissait fièrement son trotskisme pour donner l’image d’un révolutionnaire. Le MAS n’était pour lui qu’une passerelle ; en réalité il se sentait coincé dans les coulisses du monde politique, il voulait prendre un raccourci et éviter le long parcours du combattant comme n’importe quelle « limace » militante. Il troqua la casquette trotskiste peu rentable contre l’habit du militant socialiste en y apportant un formidable cadeau au PS : SOS Racisme, l’association championne de la jeunesse.

Mitterrand accourut pour donner sa bénédiction à la création de la nouvelle association. Il était heureux de rencontrer de « vrais » gauchistes et de « vrais » jeunes dont la présence à la cour témoignerait de son humanisme et montrerait à quel point ce dernier est à l’ « écoute du peuple et concerné par les problèmes sociaux » surtout qu’on était à l’époque des désillusions de l’après mai 81 et que les indicateurs socio-économiques du gouvernement Mauroy étaient catastrophi-ques.

Le Président mit alors tous les moyens matériels et humains du parti à la disposition de SOS. Avec le soutien de l’appareil du PS, il fallait pallier la carence médiatique et institutionnelle des mouvements beurs et vite récupérer la lutte des jeunes des cités. […]

Juju commença par annihiler ses concurrents potentiels. L’action entreprise par les beurs au début des années 80 fut réduite à néant. Sans appareil national pour les soutenir, les associations beurs ont vite été mis K.O. par SOS. […]

SOS fut hiérarchisée en trois niveaux. Le premier était le « palier des beurs » constitué de tâcherons : ménage, préparation des victuailles, gardiennage, tri des badges, réception, etcetera. L’échelon d’au-dessus fut composé des « fondateurs » formant le bureau national (BN) où figuraient certains « beurs officiels ». Enfin la tête de pyramide, triée sur le volet par Dray, fut constituée principalement par la garde prétorienne ayant fait le même parcours que Juju : la fac, la ligue, le MAS, le PS et enfin SOS.

Le choix du président n’a posé aucun problème pour Juju ; Harlem Désir possédait toutes les qualités : il est black, sérieux, combatif et surtout malléable, obéissant et très dévoué au boss. […] Si le choix du président fut facile, le recrutement des beurs au sein de SOS s’avéra un vrai casse-tête et tournait carrément au casting. Il fallait que les beurs sélectionnés ne soient pas politisés et fassent « banlieues », ou, si ce n’est pas possible, il convenait de les choisir parmi les fidèles du PS d’Ile-de-France. […] En tant qu’association du PS supervisée par l’Elysée, SOS a systématiquement utilisé les implantation locales du PS et de la Ligue en combattant durement les initiatives provenant du PCF, parti pour lequel Dray voue une haine viscérale (d’ailleurs c’est l’une des raisons pour lesquelles Dray déteste le MRAP, association proche du PC). […] Les francs-maçons furent parmi les premiers alliés de SOS. Il y avait aussi des grands industriels proches du PS comme Christophe Riboud ou Pierre Bergé ; ils firent des dons et introduisirent SOS dans le monde des affaires. Mais l’aide la plus précieuse fut celle des trois organisations proches du PS : la MNEF, la FEN et la CFDT.

Les principaux collaborateurs de l’Elysée à SOS étaient Jean-Louis Bianco, Jacques Attali, Jack Lang et d’autres. Ils fournirent à SOS les « parrains » : Guy Bedos, Yves Simon, Simone Signoret, Coluche, Pierre Bergé, et cætera. De plus, SOS avait profité largement des services offerts par Gérard Colé et Jacques Pilhan, principales figures de communication de Mitterrand.

Dès le début, Le Matin de Paris et le Nouvel Obs étaient acquis à la cause. Le mensuel Globe a été le plus fervent supporter des potes. Dirigé par Georges-Marc Benamou, un proche de Bernard Henry Levy (BHL), le mensuel a lourdement fardé l’assoce pour l’aider à ne pas être perçue comme une officine du PS.

BHL fut l’un des tout premiers à se précipiter pour proposer « spontanément » ses services aux potes. Le « philosophe » et Marek Halter ont joué un rôle décisif dans la médiatisation en profondeur de SOS. BHL parrain, puis initiateur de l’agence de presse SOS, a ouvert l’association sur d’autres mondes de la politique et a provoqué sa rencontre avec beaucoup d’intellectuels. […]

Le premier concert fut produit par Sylvain Moustaki et Eric Basset. Le choix n’était pas un hasard ; en effet, Erik Basset était socialiste et ami de Jean-Marie Le Guen, alors premier secrétaire de la fédération de Paris du PS. Pour la réussite du concert, le Président de la République et son Premier ministre vont faire intervenir leurs collaborateurs auprès des grands donateurs potentiels : des entreprises publiques et certaines grosses sociétés privées furent sollicitées d’apporter leur aide à SOS. […]

Les fanfaronnades de SOS contre le FN n’ont jamais empêché ce parti de prospérer ; au contraire l’assoce fut un tapis rouge emprunté par le parti d’extrême droite pour passer de l’ombre à la lumière. L’émergence du FN dans le champ politique a affaibli le RPR ce qui facilita la réélection de Mitterrand. […] Dray, Harlem, Boutih et toute la garde prétorienne furent largement récompensés : des postes et des prébendes furent distribués par le PS sans compter. Par contre, les beurs sur le dos desquels ce mirage s’est monté, moisissent toujours dans leurs cités délabrées et se débattent encore dans leurs problèmes récurrents.


Edité le 16-01-2016 à 19:00:23 par Xuan




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