Sujet : Décès d'Henri Alleg | | Posté le 18-07-2013 à 17:16:36
| Les Editions Prolétariennes saluent la mémoire d'Henri Alleg. Je publie ci-dessous l'article du PRCF. Henri Alleg journaliste franco-algérien, communiste et ancien directeur d'Alger républicain fut notamment un combattant anticolonialiste qui dénonça le premier l'usage de la torture par les militaires français. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d'interdiction du journal en Algérie. Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e D.P, au domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort. Il est séquestré un mois à El-Biar, où il est torturé lors de plusieurs séances, puis subit un interrogatoire mené après une injection de penthotal, utilisé comme « sérum de vérité ». Dans La Question, il raconte sa période de détention et les sévices qu'il y subit en pleine guerre d'Algérie. Tout d'abord publié en France aux Éditions de Minuit, l'ouvrage est immédiatement interdit. Nils Andersson le réédite en Suisse, quatorze jours après l'interdiction en France de mars 1958. Malgré son interdiction en France, ce livre contribue considérablement à révéler le phénomène de la torture en Algérie. Sa diffusion clandestine s'élève à 150 000 exemplaires. Trois ans après son arrestation, il est inculpé d'« atteinte à la sûreté extérieure de l'État » et de « reconstitution de ligue dissoute » et condamné à 10 ans de prison. Transféré en France, il est incarcéré à la prison de Rennes. Profitant d'un séjour dans un hôpital, il s'évade. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie grâce notamment à Alfred Locussol. [extraits de Wikipedia]
______________ Disparition de notre camarade Henri Alleg A l’occasion du décès d’Henri Alleg ,communiqué du PRCF 18 juillet 2013, 15 h. Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès de notre camarade Henri Alleg, membre du comité national de parrainage du Pôle de Renaissance Communiste en France, président d’honneur du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (ex-Comité Honecker), écrivain et journaliste communiste, ancien directeur d’Alger Républicain et ancien secrétaire général de L’Humanité, militant de la solidarité de classe avec les communistes persécutés dans les ex-pays socialistes, compagnon de Maurice Audin et héros de la lutte anticoloniale en Algérie. Henri fut aussi une figure des lettres françaises et un éclaireur de la conscience universelle dans la grande tradition de Voltaire et de Zola : son livre bouleversant La Question, le récit poignant préfacé par Sartre qui dénonça l’usage systématique de la torture en Algérie par l’armée coloniale, a beaucoup fait pour mobiliser contre la « sale guerre » : l’indépendance du peuple algérien et l’honneur du peuple français doivent beaucoup à cet homme modeste, souriant, mais inflexible sur ses hautes convictions humanistes. Henri fut par ailleurs de tous les combat en France et dans le monde pour le progrès social, l’émancipation des peuples, la paix et le socialisme. Alors que tant d’autres hurlaient avec les loups lors de la chute de l’URSS, Henri écrivit Le grand bond en arrière, qui dénonçait faits à l’appui la terrible régression qu’a constituée la restauration du capitalisme le plus barbare dans les pays de l’ex-camp socialiste. Nous rendrons ultérieurement hommage à ce lutteur hors pair qui était aussi un défenseur fidèle du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, ce qui lui valut, aux côtés de Georges Hage, de Rémy Auchedé et de Georges Gastaud, d’animer l’opposition communiste à la « mutation » (en réalité, à la dénaturation) du PCF dans le cadre de la première Coordination communiste, puis dans le cadre du Comité national d’unité des communistes (CNUC), puis de la Coordination des Militants Communistes du PCF. Pour l’heure, l’émotion nous étreint quand nous repensons avant tout à cet homme fraternel, toujours aidant, souriant et plein d’humour, qui rejoint dans notre souvenir Gilberte, son épouse disparue – elle aussi engagée avec détermination dans la lutte contre le colonialisme et pour la continuité du vrai parti communiste. A ses fils et à toute sa famille, à tous les camarades communistes membres du PRCF et/ou du PCF, à tous les communistes et patriotes algériens, à tous les membres du CISC, à tous ses amis et camarades de France et de l’étranger, nous exprimons notre profonde sympathie et notre grand chagrin. Georges Hage, ancien député, président d’honneur du PRCF Jean-Pierre Hemmen, vice-président du PRCF, directeur politique d’Etincelles. Désiré Marle, prêtre-ouvrier, président du CISC Léon Landini, président de Carmagnole-Liberté (ex-FTP-MOI), président du PRCF Vincent Flament, rédacteur-en-chef de « Solidarité de classe » Pierre Pranchère, vice-président du PRCF Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF Daniel Antonini, secrétaire de la commission internationale du PRCF Antoine Manessis, responsable du PRCF aux actions unitaires Madeleine Dupont, trésorière du CISC Odile Hage, secrétaire de la section de Douai du PCF
Edité le 18-07-2013 à 20:28:31 par Xuan |
| | Posté le 18-07-2013 à 18:17:47
| Ci-dessous le courrier rédigé par Gilbert Remond : je n'ai pas le temps d'écrire un texte plus fouillé sur l'histoire du militant hors paire qu'a été Henri Alleg, sinon pour recomander ses mémoires algériennes parues chez stock que j'avais diffusé au moment de leurs publications. Elles sont finalement le meilleurs témoignage de son histoire et le plus sur moyen pour prendre connaissance de son parcours. Henri Alleg n'a jamais abandonner la force d'engagement de ses vingt ans et il a toujours su garder confiance au destin de la classe ouvrière et a son expression organique le parti communiste. Il n'a surtout pas voullu faire choeur avec toutes ces girouettes qui pour un plat de lentille ont décrèté la mort du communisme en reprenant comme une litanie selon la partition écrite par les maitres du momentl'idée qu'il ne pouvait qu'être l'antichambre du goulag et des sytème totalitaires . Au contraire il a réafirmé a l'issue de sa vie ce qui avait été "sa première et lumineuse raison de vivre" en écrivant cet épilogue , cette profession de foie: " non ce n'était pas la fin de l'histoire comme ce ne l'était pas après la défaite de Sartacus ou de la commune de Paris. Sur tous les continents, des multitudes d'hommes et de femmes reprenaient et reprendraient encore victorieusement le flambeau, plus fort, plus expérimentés, plus unis, plus conscients encore que ceux qui les avaient précédés, aussi résolus et aussi confiants en l'avenir. le parcours restait inachevé. Son terme se révèlait seulement plus lointain, plus douloureux et plus difficile à atteindre que nous l'avions cru, mais nous savions aussi que nous ne pourrions jamais renoncer à ce qui avait été et demeurait notre première et lumineuse raison de vivre; poursuivre, avec des millions dautre la lutte séculaire des exploités, des opprimés, des damnés de la terre pour que naisse enfin un autre monde, un monde de vraie liberté, de vrai fraternité". Ce grand petit homme avait une détermination humaine qu'il savait communiquer par une expression qui forçait le respect. Elle posait un sourir sur les mots de la douleur, son sourir d'homme soumis a la question qui parvînt a écrire et faire sortir des murs le texte du défit, malgré la toute puissance de la force brutale des tortionnaires, le texte qui allait jeter une opprobe définitive sur les pacificateurs en tenues léopard et leurs mandataires colonisateurs. Henri Alleg restera un des grands nom de notre histoire . Gilbert Rémond
Edité le 18-07-2013 à 20:36:40 par Xuan |
| | Posté le 18-07-2013 à 20:30:00
| Communiqué des Editions Prolétariennes : Les Editions Prolétariennes saluent la mémoire d’Henri Alleg et adressent leurs condoléances attristées à sa famille ainsi qu’au PRCF. Militant communiste qui combattit le colonialisme français en Algérie, Henri Alleg subit la torture et fut condamné aux travaux forcés. En la dénonçant dans « La question » il contribua grandement à la prise de conscience anticoloniale dans notre pays et à la défaite du colonialisme français. Face à la restauration du capitalisme en Russie et dans les pays de l’Est, il déclarait : " non ce n'était pas la fin de l'histoire comme ce ne l'était pas après la défaite de Spartacus ou de la commune de Paris. Sur tous les continents, des multitudes d'hommes et de femmes reprenaient et reprendraient encore victorieusement le flambeau, plus fort, plus expérimentés, plus unis, plus conscients encore que ceux qui les avaient précédés, aussi résolus et aussi confiants en l'avenir. Le parcours restait inachevé. Son terme se révélait seulement plus lointain, plus douloureux et plus difficile à atteindre que nous l'avions cru, mais nous savions aussi que nous ne pourrions jamais renoncer à ce qui avait été et demeurait notre première et lumineuse raison de vivre; poursuivre, avec des millions d’autres la lutte séculaire des exploités, des opprimés, des damnés de la terre pour que naisse enfin un autre monde, un monde de vraie liberté, de vraie fraternité" . Fidèle à son idéal et à ses principes, il s’opposa aux "dérives social-démocrates" causées par les dirigeants révisionnistes dans le P « C» F et fut membre du comité national de parrainage du PRCF. |
| | Posté le 18-07-2013 à 20:39:50
| A lire également sur le blog de J. Tourtaux, lui-même combattant anticolonialiste, l'article d'Alger Républicain : DECES D'UNE GRANDE FIGURE DU COMBAT ANTICOLONIALISTE, LE CAMARADE HENRI ALLEG, ANCIEN DIRECTEUR D'ALGER REPUBLICAIN, AUTEUR DU TEMOIGNAGE "LA QUESTION" Notre frère et camarade de combat Henri Alleg vient de nous quitter Il est décédé suite aux conséquences d’un accident cérébral survenu l’an dernier. Henri Alleg, de son vrai nom Harry Salem, a été ancien directeur d’Alger républicain avant son interdiction par les autorités coloniales en 1955 et après l’indépendance jusqu’à sa suspension après le coup d’Etat du 19 juin 1965. Il a été membre dirigeant du Parti communiste algérien puis du PAGS. Fuyant la répression anti-communiste déclenchée après le coup d’Etat, il a dû rejoindre la France. Authentique internationaliste, il a été pris d’un immense sentiment de révolte contre l’oppression coloniale dès son premier contact avec l’Algérie en 1939. Il a adhéré au Parti communiste algérien réduit à l’action clandestine et pris fait et cause pour la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Durant la guerre de libération, il est activement recherché par toutes les polices. Il est arrêté en juin 1957 par les paras du sinistre Bigeard lors d’un traquenard qu’ils lui avaient tendu au domicile de son camarade Maurice Audin, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Henri Alleg est soumis à la torture comme tous les patriotes et les combattants anti-colonialistes pris dans les griffes de l’armée française. Il réussira à faire sortir de prison son retentissant témoignage "La Question" dans lequel il fera connaître au monde entier les atrocités commises par la soldatesque coloniales sur les patriotes. Notre camarade Henri sera inhumé le 29 de ce mois Alger républicain présente ses condoléances les plus attristées à la famille, aux amis et aux camarades du défunt. . Zoheir Bessa Directeur d’Alger républicain http://www.alger-republicain.com/ |
| | Posté le 21-07-2013 à 22:07:54
| Vous trouverez en pièce jointe le numéro d'El Watan daté du samedi 20 juillet 2013, avec en page 7 une page complète en hommage à Henri Alleg. Cet hommage rendu par le plus grand quotidien algérien francophone montre la place qu'a tenu Henri Alleg, et au delà de lui, le Parti Communiste Algérien, dans la lutte de libération nationale et l'histoire de l'Algérie contemporaine. Celles et ceux qui font l'effort de lire la totalité du numéro du samedi 20 juillet 2013, pourront, comme un clin d'œil de l'histoire, prendre connaissance de la fin d'une série d'articles qui pose la question du pouvoir en Algérie...du sens de la révolution, à mettre en regard des "révolutions dans le monde arabe" actuelles, et leur trahison par ceux qui ramassent la mise sans ou contre leur peuple. A noter que les militants du PCA, dont certains ont été torturés ou éliminés par les "vainqueurs" de la révolution algérienne, après être entrés en clandestinité, ont reconstitué une force communiste qui ne participe pas aux "élections", divisée en plusieurs groupes depuis la mort en 2005 de leur dirigeant charismatique EL HACHEMI Chérif : "Il est, en 1966, membre fondateur du PAGS et président du Mouvement démocratique et social qu'il fonde en 1996. Il a refusé de cautionner tous les processus électoraux initiés en Algérie depuis 1990, estimant ceux-ci biaisés et au bénéfice du pouvoir en place. Il a été l'opposant le plus radical à l'intégrisme et prônait la « double rupture », avec l'islamisme et le système rentier au pouvoir en Algérie" . cf Wikipédia. Le premier maire de Tipasa, chère à mon cœur, après l'indépendance était du PAGS : une des premières mesures prises aura été la construction de petites unités HLM pour y loger, de manière décente, les anciens indigènes de la République française, qui affiche si fièrement sa devise "Liberté, Egalité, Fraternité". Pour ceux qui voudraient mieux appréhender l'Algérie d'avant l'indépendance, il existe un nombre conséquent d'ouvrages historiques. Mais pour moi le choc aura été la lecture de "Ce que le jour doit à la nuit" de Yasmina KHADRA, édité en livre de poche Editions Pocket. Je conseille d'ailleurs la lecture de TOUS les ouvrages de Yasmina KHADRA, sans exception, à la fois pour les qualités littéraires et les thèmes abordés ("Les hirondelles de Kaboul" est également un choc, traitant de la place de la femme dans une société islamiste jusqu'auboutiste dans la haine de la femme, mais aussi de la lâcheté dont le commun des mortels peut faire preuve soumis à un système totalitaire). Un film a été réalisé l'année dernière tiré de "Ce que le jour doit à la nuit", dirigé par Alexandre Arcady. Mieux vaut voir le film en premier!!! Le thème traité est la vie d'une bourgade de l'ouest algérien, dans la région de d'Oran, jusqu'au déclenchement de la guerre de libération : un portrait sans complaisance avec l'Amour entre les êtres, aussi. Serge
___________________ Un ardent défenseur de la cause nationale Henri Alleg n’a jamais renié ses idéaux l Il a beaucoup fait pour la cause nationale, sans le claironner sur tous les toits et sans revendiquer le moindre mérite. De Abdelkader Guerroudj, moudjahid ancien dirigeant du PCA, à Annie Steiner, moudjahida, en passant par Abdelmadjid Azzi, syndicaliste, ou encore de simples militants visiblement marqués, il y a de l’émotion et de la reconnaissance après l’annonce de la mauvaise nouvelle de la mort d’Henri Alleg, qui nous a quittés à l’âge de 91 ans, après une vie pleine de luttes. Né à Londres, de parents juifs russo-polonais, Henri Alleg s’installe en Algérie en provenance de Paris, en 1939, et milite au sein du Parti communiste algérien. En 1946, il épouse Gilberte Serfaty, qui deviendra comme lui une ardente militante communiste. ENGAGEMENT PRECOCE En 1951, il est directeur du quotidien Alger républicain. Il entre dans la clandestinité en 1955, date d’interdiction du journal en Algérie. Il continue cependant à transmettre des articles en France, dont certains sont publiés par l’Humanité. Il est arrêté le 12 juin 1957 par les parachutistes de la 10e DP au domicile de Maurice Audin, son ami, arrêté la veille et qui sera torturé à mort. Torturé, Alleg sortit vainqueur de ces épreuves qu’il sut transformer en combat. Ce que Alleg voulait nous faire comprendre, la «réponse» qu’il donne à «la question», c’est précisément qu’une victoire est possible et que le bourreau peut devenir dès maintenant le vrai vaincu. Ses tortionnaires n’ont pu le transformer ni en cadavre ni en traître. Ils en ont fait, malgré eux, le témoin de leur ignominie et surtout de leur échec. C’est là où s’est crié le philosophe anticolonialiste Jean-Paul Sartre avec son célèbre : «Nous sommes tous des assassins» en concluant que «la France n’épouvante personne, elle n’a même plus les moyens d’intimider, elle commence à faire horreur, c’est tout» . La torture, Henri la connaît pour l’avoir subie dans sa chair. C’est pourquoi, dès qu’on évoque le nom d’Alleg, surgit des entrailles La Question témoignage implacable sur la torture pendant la guerre d’Algérie interdit de parution et qui eut un formidable retentissement auprès de l’opinion internationale. Dans son hommage, François Hollande a affirmé qu’«effectivement La Question a éveillé la conscience des Français». L’ALGÉRIE AU CŒUR Rien que pour cela, Henri mérite tous les égards, lui qui a côtoyé la lutte, aimé l’Algérie et épousé sa cause. Mais ce n’est là qu’une facette de l’homme engagé et enragé contre toutes les injustices et les inégalités qu’il a combattues de toutes ses forces. Tout jeune débarqué à Alger en 1939, il tombera amoureux de cette ville qui devient sa ville. Très vite, il se révolte contre le régime colonial et s’engage comme journaliste au quotidien Alger républicain et comme militant au Parti communiste algérien. William Sportisse, son ami des bons et mauvais jours, qui était avec lui au front et face aux rotatives, dresse de lui un portrait plein de tendresse, où les deux hommes liés par une complicité sans faille étaient aussi liés par pratiquement le même destin. Dans ses mémoires, Henri signale qu’Alger républicain était le seul à échapper au monopole de la presse quotidienne détenue par la grosse colonisation. Le seul, qui chaque jour pouvait dire l’effroyable réalité qui se cachait sous l’hypocrite appellation des «trois départements», le seul à dénoncer «la responsabilité de l’administration et du pouvoir colonial dans l’asservissement et l’arriération du pays» . Après le coup d’Etat de Boumediène en 1965, Henri a été conseillé par ses amis Bachir Hadj Ali et Sadek Hadjeres, secrétaires du PCA, de rejoindre la France pour éviter les ennuis qui se profilaient. A Paris, il avait pour tâche d’activer au sein de l’ORP et de représenter le PAGS, héritier du PCA. «J’avais accepté la tâche mais à vrai dire, sans grand enthousiasme, car elle signifiait qu’il faudrait quitter le pays sans qu’il soit possible de prévoir une date de retour. Chaque éloignement nous était toujours apparu comme un arrachement douloureux sans que nous ayons pourtant jamais douté un instant que, quels qu’en soient les détours, le chemin nous ramènerait vers cette Algérie enfin libérée où nous voulions vivre.» En France, Henri et ses camarades éditeront une revue Révolution socialiste qui, pour l’essentiel, reprenait des textes diffusés en Algérie par des militants, qui comme Sadek Hadjeres, Boualem Khalfa et Abdelhamid Benzine, avaient pu échapper à l’arrestation. Ceux qui étaient restés avaient été arrêtés, subi des tortures et que Bachir Hadj Ali avait fidèlement décrites, de manière irréfutable, dans L’Arbitraire publié aux éditions de Minuit. COMMUNISTE CONVAINCU «Pour moi, rien ne pouvait être plus révoltant, je retrouvais avec une sorte de nausée la caricature d’un passé abject qui semblait ressusciter.» Après une période de doutes, Henri poursuivra son travail de journaliste à l’Humanité en s’engageant dans l’édition d’une Histoire de la Guerre d’Algérie, avec la complicité de son épouse Gilberte et de quelques amis. En février 2002, Henri se retrouve dans le vieil immeuble qui servait de siège à Alger républicain près de la Grande Poste, avec une cinquantaine de vieux camarades pour réaliser «la grande aventure d’Alger Républicain» . C’était l’un de ses ultimes voyages. Depuis, il vivait diminué chez lui dans la région parisienne, ayant peu de contacts avec l’extérieur. Un ami commun, Kamel Kidji, nous avait arrangé un rendez-vous au mois de juin dernier, mais fatigué, Henri a fini par le différer. Nous devions nous revoir, mais le destin en a décidé autrement Kamel raconte qu’Henri «était très attentif aux autres. D’ailleurs, j’ai décelé un tic chez lui : quand il parle avec une personne il le prend toujours par la main, il était très tactile, la première fois que j’ai su qu’il était né en Angleterre, à Londres, c’était au milieu des années 1980. J’étais en compagnie d’une amie anglaise, ce qui fut le prétexte de parler de sa naissance anglaise, Henri adorait la vie et les figues». On ne peut que s’incliner devant cet homme au parcours exceptionnel, miné par l’exil involontaire. Ami d’Aragon qu’il appréciait beaucoup, Henri de là où il est pourrait se délecter à nouveau de ces vers sublimes du célèbre poète : «Rien n’est jamais acquis à l’homme/Ni sa force ni sa faiblesse/Et quand il croit serrer son bonheur, il le broie/Sa vie est un étrange et douloureux divorce/Il n’y a pas d’amour heureux…»
______________ Egalement : http://www.elwatan.com/actualite/un-grand-ami-des-progressistes-algeriens-20-07-2013-221766_109.phpUn grand ami des progressistes algériens |
| | Posté le 23-07-2013 à 08:54:26
| A propos de l’hommage à Henri Alleg L’Humanité du 22/07/2013 page 16 rubrique Tribunes & idées - La mémoire est aussi un combat Sylvain Boulouque, cet « historien de la gauche radicale », dont le blog est hébergé par Le Nouvel Observateur, épuise les clichés –pourtant éculés- et explique qu’Heuri Alleg, le militant anticolonialiste, « devient communistes (…) en pleine période d’alliance germano-soviétique ». Le pseudo-expert se révèle en tout état de cause un bon élève d’un autre historien anticommuniste, Stéphane Courtois, qui aime faire de tous les résistants communistes des nazillons en puissance. Evoquer seulement l’immense apport d’Alleg à la lutte anticoloniale relève, selon lui de « l’hémiplégie ». Il préfère évoquer son appel à la mise en place de « démocraties populaires » post-indépendance, sans rappeler le contexte de l’époque-et des ouvrages « dans la lignée stalinienne et brejnévienne » (sic), parcequ’ils dénoncent les Etats-Unis. Pas étonnant venant de quelqu’un qui collabore au think tank libéral Fondapol emmené par le très droitier Dominique Reynié (LS) L’article de Boulouque ([url] http://leplus.nouvelobs.com/contribution/910217-mort-d-henri-alleg-mon-hommage-a-celui-qui-a-revele-le-stalinisme-a-la-francaise.html[/url] ) dont fait mention très justement LS (dans l’Huma d’hier) est tout à fait significatif sur la forme et le fond de la récriture de l’Histoire par des anticommunistes (Boulouque, Reynié, Courtois etc… A propos des hommages à Henri Alleg, Sylvain Boulouque dit « Derrière ces hommages se cache également la construction de la mémoire communiste et en grande partie son succès auprès de l’opinion qui en retient sa face lumineuse, alors que la mémoire entre souvent en concurrence avec la réalité de l’Histoire. » il poursuit par « Il devient communiste au cours de l’année 1940 voir début 1941 en pleine période d’alliance germano-soviétique. » Là encore parler d’alliance germano-soviétique est tout à fait mensonger et tendancieux. Boulouque poursuit son flot haineux contre Henri Alleg en passant par le stalinisme, l’URSS, Georges Boudarel… et aussi il écrit à propos d’un des derniers livre d’Henri Alleg « Il déplorait, dans un de ses derniers ouvrages, republié depuis par l’une des dernières maisons d’édition stalinienne, les éditions Delga, la fin de l’URSS en critiquant fermement la politique gorbatchévienne » puis pour enfoncer le clou il dénonce le rôle d’Henri Alleg dans la fondation du Comité Honnecker en 1992 et « Alleg a aussi participé aux activités du pôle de renaissance communiste en France qui condamne le tournant pris par le PCF et veut recréer un parti marxiste-léniniste, fonctionnant sur le modèle tel que l’a mise en place le modèle bolchevique en 1902 et perpétué par Staline dans la première moitié du siècle. » pour finalement conclure par « Pilotée et pensée de Moscou, la radicalité de cet engagement se trouve magiquement exonéré de ce qui lui est consubstantiel. » Sylvain Boulouque n’est pas un inconnu. J’avais déjà démontré dans un message sur le forum de C dans l’air en mars 2012 comment Dominique Reynié reprenait les allégations de Sylvain Boulouque à propos de Mélenchon et du PCOF. Je concluais mon message par « Sylvain Boulouque est donc un menteur et Dominique Reynié un âne qui reprend bêtement ce que dit Boulouque. » En fait, Reynié sait très bien ce qu’il dit et fait, sa présence très régulière dans cette émission n’est pas un hasard. Voici pour mémoire ce que j’avais posté le –29-03-2012 sur le forum de c dans l’air http://forums.france5.fr/cdanslair/Politiqueinterieure/melenchon-campagne-affole-sujet_1729_1.htm « Voici quelques petites précisions : -Jean-Luc Mélenchon à été trotskiste à l'OCI (ancêtre du POI) -Le Parti Communiste des Ouvriers de France qui soutient la candidature de Mélenchon dans le Front de Gauche n'est pas et n'a jamais été maoïste comme le prétend frauduleusement Dominique Reynié dans C dans l'air du 28/03/2012. Dominique Reynié fait référence à un article de Sylvain Boulouque dans le Nouvel obs : http://actualite.nouvelobs.com/maoistes/ et aussi : http://tempsreel.nouvelobs.com [...] auche.html Un peu d'histoire : Dans les années 1975, le comité de strasbourg du PCMLF (Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France -interdit depuis 1968-) se regroupe autour de son journal L'Humanité Nouvelle d'Alsace puis rompt totalement avec le soutien à Mao. L'ORPCF -Organisation pour la Reconstruction du Parti Communiste de France- est fondée dans les années 77 puis plus tard devient le PCOF (journal La Forge) -Parti Communiste des Ouvriers de France- fondé en 1979 Dans la division suivant la polémique sino-albanaise (notamment autour de la théorie des trois monde) l'ORPCF puis le PCOF ont soutenu les thèses des albanais et du PTA d'Enver Hoxha. Le PCOF se réclame du marxisme-léninisme, mais absolument pas de Mao ni du maoïsme. site du PCOF http://www.pcof.net/ Sylvain Boulouque est donc un menteur et Dominique Reynié un âne qui reprend bêtement ce que dit Boulouque . » Il faut aussi montré comment cette émission déroule le tapis à l’anticommunisme : j’avais déjà indiqué quelques éléments ici : https://humaniterouge.alloforum.com/dans-propagande-anti-communiste-t3801-1.html « Les médias notamment télévisés font toujours, même dans les émissions qui a priori ne sont pas "politique" des petites piquures de rappel anti-communiste. C'est évidemment le cas pour l'émission C dans l'air de France 5. Emission C dans l’air du Lundi 15 octobre 2012 : Présentée par le remplaçant d'Yves Calvi : Laurent Bazin sur France 5 Le thème de l’émission « La paix est-elle durable en Europe ? » En fin d’émission, Laurent Bazin présente les questions internet, sms des téléspectateurs, dont celle-ci : Pour recevoir le prix (du Nobel de la paix de l’UE) pourquoi pas un survivant de la Shoah est ce que ce ne serait pas le plus beau symbole ? Pascal Bonniface répond que oui et rappel que L’Europe s’est construite sur le « plus jamais ça ». Puis Bazin se tourne vers Jean-Dominique Giulani http://www.jd-giuliani.eu/biographie.php Depuis 2000, il préside la Fondation Robert-Shuman, http://www.robert-schuman.eu/ « [i]Oui oui, mais vous savez heu, heu, la Shoah est incontestablement ce qu’a marqué le 20e siècle, mais il y a eu d’autres choses aussi, n’est-ce pas heu la dictature communiste, il y a eu les deux idéologies les plus totalitaires de la planète ont été inventés sur le sol européen, elles sont différentes mais elles ont fait autant de morts l’une que l’autre. » Voilà comment une émission de pseudo-débats qui est en fait un pilier du matraquage médiatique de l’idéologie dominante, fait passer innocemment le venin, le mensonge, la haine anticommuniste. Nous avons dans l’intervention de J-D Giuliani tout ce que les Courtois et compagnie diffusent vis-à-vis de la « dictature communiste », à savoir : l’équivalence entre nazisme et communisme « les deux idéologies les plus totalitaires » qui « ont fait autant de morts l’une que l’autre[/i] ». |
| | Posté le 23-07-2013 à 11:24:15
| voici l'article de Boulouque. Un bon moment de l'anticommunisme. "Mort d'Henri Alleg : le militant au parcours stalinien aura marqué l'Histoire Par Sylvain Boulouque Historien de la gauche radicale Henri Alleg, journaliste communiste, est décédé à l'âge de 91 ans mercredi 17 juillet à Paris. Figure incontestée du Parti communiste français, ce militant avait révélé l'usage de la torture lors de la Guerre d'Algérie dans son livre "La Question". Sylvain Boulouque, historien de l'extrême gauche, revient sur son parcours. Henri Alleg est mort. Les hommages se sont multipliés rendant compte pour l’essentiel de son action pendant la guerre d’Algérie et de sa dénonciation de la torture. Derrière ces hommages se cache également la construction de la mémoire communiste et en grande partie son succès auprès de l’opinion qui en retient sa face lumineuse, alors que la mémoire entre souvent en concurrence avec la réalité de l’Histoire. Un communiste qui grimpe vite les échelons politiques Harry John Salem devenu Henri Alleg est né dans une famille juive communiste installée en Angleterre qui vient à Paris au début des années 1920. En 1939, Alleg quitte la capitale pour Marseille puis Alger. Il devient communiste au cours de l’année 1940 voir début 1941 en pleine période d’alliance germano-soviétique. L’invasion de l’URSS par l’Allemagne simplifie le jeu politique et permet aux communistes de lier action politique, antifascisme et anticolonialisme. Il anime à partir de cette période les différents groupes de jeunes communistes. Très vite, il grimpe dans le cursus honorum communiste et est nommé instructeur du PCA, chargé par les instances communistes de vérifier la bonne application de la ligne du Parti et de pratiquer le cas échéant des mises au point, de faire faire des autocritiques, voire d’exclure du Parti. En 1946, le stalinisme triomphant atteint des sommets dans la dénonciation des adversaires supposés infiltrés dans le Parti – comme l’expliquera notamment Edgard Morin dans "Autocritique" quelques années plus tard. Ainsi il participe à l’exclusion d'Amar Ouzegane et de ses proches en 1947 en raison de leurs prises de positions nationalistes. Henri Alleg intègre l’ensemble des instances directionnelles supérieures du parti algérien en 1949, siégeant au bureau politique. "La Question" lève le voile sur la torture Il devient parallèlement éditorialiste puis directeur d’"Alger républicain". Dans le journal, les articles soutenant l’émancipation des colonisés et dénonçant la colonisation cohabitent avec des apologies de la mise en place des démocraties populaires, de la politique stalinienne de collectivisation des usines et de l’agriculture, et de l’élimination de tous les opposants. Avec la guerre d’Algérie "Alger républicain" est interdit. À la demande du Parti, Alleg met en place une structure légale tentant de faire repaître le journal alors que les cadres du PCA passent dans la clandestinité. Arrêté en juin 1957, il est torturé, livrant le récit des exactions qu’il subit dans "La Question". Il s’en suit un deuxième livre sur l’enfermement en Algérie :"Prisonniers de guerre". Alors qu’il est transféré à Rennes pour témoigner au procès sur la disparition de Maurice Audin, un militant communiste assassiné par l’armée, il s’évade et rejoint Prague, la "Genève communiste", qui accueille les militants des PC du monde entier menacés par les autorités de leurs pays. Une partie des organisations communistes internationales, comme l’association internationale des juristes démocrates, la fédération mondiale de la jeunesse ou le conseil mondial de la paix, a son siège dans la ville et emploie ces révolutionnaires professionnels. Les secrétariats des partis communistes s’adressent directement à l’ambassade tchèque pour la demande d’accueil des militants. C’est ainsi qu’Henri Alleg croise dans les rues et les bureaux de Prague Georges Boudarel, l’ancien déserteur devenu instructeur politique auprès des soldats français prisonniers en Indochine. Alleg revient en Algérie après l’indépendance, tentant pendant plusieurs années de construire un parti communiste. Après le coup d’État de 1965, il quitte l’Algérie et s’installe en France. Immédiatement, la direction du PCF le prend en charge, lui donnant un travail et un appartement. Henri Alleg, commis voyageur et militant En même temps qu’il pratique le journalisme politique à "Démocratie Nouvelle" puis à "L’Humanité", il est également un commis voyageur du mouvement communiste international, participant à de multiples réunions en vue de concerter l’action du mouvement. Il est l’un des plus ardents. En effet, Alleg publie entre 1965 et 1991 plusieurs ouvrages dans la lignée stalinienne et brejnévienne, dénonçant les États-Unis ("SOS América", "Requiem pour l’oncle Sam" à la gloire de Cuba ("Victorieuse Cuba" surtout de l’URSS parmi lesquels "Étoile rouge et croissant vert et l’URSS et les juifs" de justification de la politique soviétique [dans lesquelles il justifie tous les aspects de la politiques soviétiques] à l’égard notamment des minorités, expliquant, ainsi que la situation des Juifs sous le communisme est [a été] "globalement positive". Il déplorait, dans un de ses derniers ouvrages, republié depuis par l’une des dernières maisons d’édition stalinienne, les éditions Delga, la fin de l’URSS en critiquant fermement la politique gorbatchévienne. Dans le même temps, Alleg a poursuivi son action militante. Il participe en 1992 à la fondation du Comité Erich Honecker défendant l’ancien militant du KPD, qui, dans l’entre-deux-guerres, fit ses études à l’École léniniste internationale à Moscou, avant de devenir, après la Seconde Guerre mondiale, l’un des principaux puis le principal responsable de la RDA. Alleg a aussi participé aux activités du pôle de renaissance communiste en France qui condamne le tournant pris par le PCF et veut recréer un parti marxiste-léniniste, fonctionnant sur le modèle tel que l’a mise en place le modèle bolchevique en 1902 et perpétué par Staline dans la première moitié du siècle. Le stalinisme à la française La vie et les combats d’Henri Alleg illustrent les modalités de la construction de la mémoire communiste dans la société française révélateur de ce qu’a été le stalinisme à la française. L’attention est seulement portée sur le combat anticolonialiste d’Henri Alleg et son statut de victime de la torture française. Ils ne constituent qu’un aspect du puzzle. Certes, les communistes ont été parmi les plus virulents opposants à la torture, mais ils n’ont pas été les seuls. Au début de l’année 1955, des voix s’élèvent, comme celle de François Mauriac, pour dénoncer la violation des droits humains ou comme un Albert Camus qui en 1956 dénonçant "la torture aussi méprisable à Alger qu’à Budapest". La mémoire de cette "solidarité internationale", globalement acceptée par les sphères intellectuelles sous couvert de générosité de l’engagement, est en réalité hémiplégique. Elle permet de passer sous silence les participations et les soutiens aux éléments coercitifs des régimes communistes et à l’immense appareil des cadres de la révolution mondiale. Pilotée et pensée de Moscou, la radicalité de cet engagement se trouve magiquement exonéré de ce qui lui est consubstantiel." |
| | Posté le 23-07-2013 à 23:23:33
| Tout aussi réactionnaire et anticommuniste mais dans un autre registre, Pierre Miquel dans le blog Descartes : « J'apprends avec une grande tristesse la mort d'Henri Alleg, etc. » et se paie le luxe de rappeler à Pierre Laurent qu’Henri Alleg « s'est opposé aux dérives des dirigeants du PCF » . Le procédé utilisé par Pierre Miquel consiste à utiliser la critique communiste des révisionnistes et des sociaux-démocrates pour discréditer la bourgeoisie de gauche et valoriser a contrario l’UMP ou le FN. |
| | | | Posté le 30-07-2013 à 13:10:39
| Le sens et l'actualité du combat de notre camarade Henri Alleg, par les communistes algériens du PADS Communiqué du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS) La vie de notre camarade disparu Henri Alleg, de son nom d'état-civil Harry Salem, a été l'incarnation du courage, de la lucidité et de la fidélité aux idéaux communistes, du rejet du reniement et du révisionnisme. Pour toutes les générations de révolutionnaires présentes ou à venir, elle représente un parcours exemplaire dans le combat pour un monde débarrassé de l'exploitation capitaliste et de la domination impérialiste, un monde communiste. Décédé à 92 ans, Henri a assumé jusqu'au bout et avec détermination depuis son plus jeune âge toutes les responsabilités que sa conscience de révolutionnaire internationaliste lui dictait. Né en Angleterre de parents juifs russo-polonais chassés par les pogroms anti-sémites, il prend vite conscience que les discriminations racistes ou religieuses sont sécrétées par les systèmes exploiteurs pour diviser les travailleurs et les peuples, les empêcher de s'unir dans leur combat pour construire une société nouvelle sans classes permettant pour la première fois de réaliser les aspirations à une véritable fraternité entre les hommes. Révolté par l'oppression colonialiste, Henri Alleg adhère au communisme Arrivé en Algérie en 1939, poussé par le besoin irrépressible d'aller à la rencontre des autres peuples de la planète, il découvre la condition misérable infligée par l'oppression coloniale à l'immense majorité du peuple algérien, à l'exception d'une petite minorité de féodaux enrichis par l'expropriation de la paysannerie en récompense pour sa trahison et sa collaboration avec les colonialistes. Il est frappé par la vue de la richesse insolente d'une poignée de gros colons et de l'effroyable misère des "indigènes", notamment des enfants en haillons, ne mangeant pas à leur faim et interdits d'école par le système colonial. Au contact des réalités de la colonisation, sa tendance internationaliste s'affirme. Il est révolté par la négation des droits les plus élémentaires de ses derniers par le colonialisme: droits aux même avantages sociaux et économiques, droits à l'eau potable, aux soins, droits à l'école, droits à s'organiser librement dans des partis et syndicats, droits à élire ses représentants, droits à s'appeler Algériens et non "indigènes". Il palpe du doigt le racisme inhérent au système colonial, son besoin intrinsèque de dresser à l'aide de sa presse et de ses institutions les travailleurs européens contre le peuple algérien afin de préserver l'ordre exploiteur et oppresseur des Cent seigneurs de la colonisation, ceux qui contrôlaient toutes les richesses du pays: les terres les plus fertiles, les nappes alfatières, les mines, les banques, les ports et les navires, de même que toutes les institutions, des mairies jusqu'aux préfectures en passant par les chambres de commerce, etc. Il découvre très vite que le mythe colonial cachait une cruauté sans limite des oppresseurs. Son esprit critique, son humanisme concret inné, sa vigilance intellectuelle aiguisée par son attrait pour l'idéologie prolétarienne et la lutte des forces révolutionnaires en France, en Espagne ou ailleurs, sa méfiance instinctive de la domination des détenteurs de richesses, l'amènent à rejeter spontanément la propagande sur la prétendue mission civilisatrice de la France dans les colonies et, en particulier, en Algérie. Il fait partie de ce petit nombre de citoyens français qui ne se sont pas laissés intoxiquer par la propagande orchestrée par la bourgeoisie impérialiste pour justifier l'exploitation des richesses naturelles des colonies. Il ne s'est pas laissé duper non plus par les discours trompeurs des socialistes qui prétendaient que grâce à l'expansion coloniale ils allaient aider les peuples "arriérés" à accéder au progrès. Spontanément, Henri mettait en application les mots d'ordre de l'Internationale communiste sur le soutien inconditionnel au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et que les socialistes refusaient obstinément dans leur tendance à "gérer loyalement" les intérêts des capitalistes. La propagande colonialiste menée dès l'école jusqu'à l'Université, développée par la presse aux mains des magnats, la radio, l'Eglise, les partis et organisations de la bourgeoisie, avait conditionné en profondeur l'immense majorité des Français, y compris une bonne partie du prolétariat. Henri fait partie de ces révolutionnaires intransigeants que les idées dominantes de la classe dominante n'avaient pas réussi à asservir et qui ont su percer et combattu de toutes leurs forces les mensonges de cette propagande. C'est un exemple à méditer et à suivre aujourd'hui. De larges secteurs de l'opinion qui prétendent se situer dans le camp du progrès, y compris parmi les peuples anciennement colonisés, se laissent prendre, comme ceux qui les ont précédés à l'époque des colonies, par la propagande de la presse impérialiste. Cette presse qui a atteint aujourd'hui un degré inimaginable de concentration et qui dispose d'un réseau international tentaculaire à travers les télévisions satellitaires, les réseaux internet, continue comme jamais à intoxiquer les peuples pour maintenir leur asservissement. Cette fois-ci le travail de "formatage" est mené sous le mot d'ordre hypocrite de la promotion de la démocratie, des "droits de l'homme" et des minorités. Etre fidèle au parcours militant de Henri, c'est avoir constamment à l'esprit cette thèse fondamentale que les idées dominantes sont celles de la classe dominante, celle qui possède les moyens de production, les banques et l'argent et donc des moyens de propagande colossaux pour tromper les travailleurs. C'est n'accorder absolument aucune confiance à la propagande et au soi-disant travail d'information des médias tenus par les oligarchies capitalistes. C'est manifester son mépris pour l'armée des chiens de garde, pseudo journalistes exécutant les ordres de leurs maîtres pour faire passer au sein des peuples les mensonges de leurs exploiteurs. C'est obéir à des choix de classe en combattant sans répit les mensonges propagés, défendre le droit de la classe ouvrière, des couches populaires exploitées à lutter pour abolir par tous les moyens le capitalisme, instaurer le socialisme. C'est s'inspirer de son exemple en dévoilant aujourd'hui sans répit les véritables objectifs des puissances impérialistes dont l'agressivité, proportionnelle à la gravité de la crise qui mine le système capitaliste, se manifeste par leurs manœuvres et agressions criminelles en Afrique et dans les pays arabes, Irak, Libye, Syrie, Mali, par leur soutien aux régimes moyenâgeux du Golfe, aux forces réactionnaires d'Amérique latine, etc. Abhorrant le colonialisme et l'arrogance de la bourgeoisie, notre camarade Henri a tout naturellement adhéré au seul parti qui incarnait à la fois le rejet de la domination coloniale et le combat pour une société socialiste dirigée par la classe ouvrière et ses alliés, fondée sur la socialisation des grands moyens de production. Il l'a fait tout en ayant tissé des liens de sympathie avec les militants nationalistes et exprimé son soutien à leur juste cause sans pour autant partager toutes leurs analyses. Il a adhéré au Parti communiste algérien à un moment où il était réduit à l'action clandestine après sa dissolution par le gouvernement français, avec l'appui de la droite et du parti socialiste, à un moment où pratiquement tous ses dirigeants et un grand nombre de ses militants avaient été arrêtés. En un mot, il a choisi d'adhérer à ce parti à un moment où il était dangereux de le faire, quand le communiste courrait le risque d'être assassiné par les fascistes de Vichy ou de se retrouver en prison où il pouvait être emporté par la faim et le typhus comme Kaddour Belkaïm, son secrétaire général jeté dans les geôles de la sinistre prison Barberousse. Il a montré que le vrai communiste est celui qui ne se laisse pas abattre par les défaites enregistrées dans la lutte pour l'émancipation des exploités, pour le renversement du pouvoir des exploiteurs. Le vrai communiste est celui qui ne court derrière aucun privilège, celui dont le devoir permanent est de poursuivre inlassablement son combat quelles que soient les circonstances, celles du travail légal comme celles du travail clandestin, celui qui accepte de militer même dans les conditions les plus difficiles, qui ne recule pas devant les sacrifices et la perspective de la prison, de la torture, de la mort. Henri ne s'était pas laisser ébranler par la propagande furieuse de la bourgeoisie métropolitaine et coloniale après la signature en 1939 par l'URSS et l'Allemagne nazie du pacte de non-agression. Instinctivement il avait compris que cet accord déjouait les plans des puissances impérialistes françaises, anglaises tendant à orienter la puissance de feu nazie contre la patrie socialiste naissante du prolétariat mondial. Bien que sa formation idéologique et politique fût encore balbutiante, il sut distinguer le vrai du faux et comprendre que le rempart contre le fascisme était représenté par l'URSS et les partis communistes. Jamais Henri ne céda à la propagande bourgeoise et ne se déjugea sur cette question malhonnêtement utilisée par la réaction mondiale et les révisionnistes de toutes tendances dans leurs tentatives d'assimiler le communisme au nazisme . Henri Alleg anime le travail d'Alger républicain pour le pain, la liberté, la solidarité internationale et le socialisme Ses qualités personnelles, ses convictions idéologiques, son dévouement, sa fermeté, son esprit de discipline et sa rigueur, furent à la base du choix effectué par la direction du PCA pour lui confier en 1951 la direction du quotidien Alger républicain dont la majorité des actionnaires avait évolué vers le soutien aux idées communistes. Dans le contexte du renforcement de l'URSS, du camp socialiste, du mouvement communiste et ouvrier mondial, de leur prestige immense, de la montée irrésistible du mouvement de libération nationale, des premiers fruits politiques et organiques de la rectification de la ligne du PCA sur la question nationale, Alger républicain allait pouvoir s'engager avec encore plus de résolution dans le combat anticolonialiste, le cap fermement tenu vers le grand objectif stratégique du socialisme. Une pléiade de nombreux jeunes militants dévoués avait embrassé les idéaux communistes et était disposée à prendre en main le journal pour répandre les appels à la mobilisation et au soutien des travailleurs et du peuple algériens dans leurs luttes contre le régime colonial. Sous sa direction, avec Boualem Khalfa et Abdelhamid Benzine, épaulés par une multitude de jeunes journalistes militants et de collaborateurs de différentes origines ethniques qui se dépensaient sans ménagement, comme Kateb Yassine, Zanettacci, Salort, Alger républicain devient vite le principal organe algérien de lutte anti-impérialiste. Il apporte une contribution de premier plan à la propagation des positions du mouvement national, au ralliement de l'immense majorité du peuple algérien à la nécessité de rompre avec l'ordre colonial. Le journal acquit une renommée nationale et internationale parce qu'il liait étroitement entre elles les luttes anticolonialistes, les luttes sociales des travailleurs agricoles, des ouvriers de l'industrie du tabac, des paysans spoliés par les colons, des dockers refusant de charger les armes sur les navires à destination du Vietnam, le soutien au combat du peuple vietnamien, des peuples marocain et tunisien pour se libérer du colonialisme, au peuple coréen agressé par l'impérialisme américain sous la bannière de l'ONU, la dénonciation de l'exécution des époux Rosenberg accusés mensongèrement d'espionnage au profit de l'URSS, sa solidarité avec les victimes du maccarthysme aux USA, la défense du socialisme et de l'URSS, la lutte pour la paix, etc. Sa ligne éditoriale partait implicitement de l'idée que la libération nationale devait être une première étape dans le grand combat, de portée mondiale, pour le socialisme. Sans faire de concession sur la question coloniale, Alger républicain déploie avec énergie un travail politique destiné à gagner les travailleurs d'origine européenne à la nécessité de reconnaître au peuple algérien le droit à décider de son destin. Il s'efforçait d'isoler la minorité des gros colons, d'unir dans un même combat les exploités de toutes origines contre leurs ennemis de classe communs, la bourgeoisie impérialiste, de tenter de préparer les conditions politiques d'une Algérie nouvelle qui bannisse les distinctions de race, de religion ou d'origine, tournée vers l'abolition de toutes formes d'exploitation et d'oppression externe ou interne. Alger républicain devient la "bête noire" des colons, des bachaghas, leurs collaborateurs indignes, de la bourgeoise métropolitaine, des fascistes ultra-colonialistes, de toutes les forces impérialistes en France ou aux USA. Le déclenchement de l'insurrection armée pour la libération nationale bénéficia naturellement du soutien sous des formes multiples d'Alger républicain. A la violence des colonialistes, le peuple algérien avait le droit d'opposer sa violence pour se libérer. Ce n'est jamais de gaité de coeur que les révolutionnaires et les communistes se décident à passer de l'action politique à l'action armée, lorsque l'exploiteur ou l'oppresseur ne veut pas entendre raison et que toutes les formes de luttes pacifiques sont épuisées. Les classes exploiteuses recourent systématiquement à la violence quand leurs privilèges sont sérieusement menacées, y compris dans les pays capitalistes "démocratiques" où la bourgeoisie peut abolir la démocratie formelle et passer au fascisme afin de mater le mouvement ouvrier. Cette loi de la lutte des classes, les communistes éduqués par la théorie marxiste-léniniste l'avait assimilée. Pour le faire taire, pour l'empêcher de révéler les crimes commis par l'armée coloniale, les colonialistes intensifièrent leurs mesures répressives. Une pluie de condamnations à de lourdes peines de prison ou de fortes amendes, sans parler de la censure impitoyable, s'abattit sur le journal. Les autorités coloniales décident de l'interdire en 1955 en même temps qu'elles interdirent le PCA. Henri est contraint à mener une vie clandestine périlleuse. De nombreux journalistes rejoignent le maquis où ils tombèrent au champ d'honneur. Collaborateur du journal, Henri Maillot tombe à son tour sous la mitraille des forces répressives après s'être emparé d'un camion d'armes en avril 1956 dans le cadre d'une opération organisée par les groupes armés du PCA, les Combattants de la Libération, sous la direction de Bachir Hadj Ali et de Sadeq Hadjerès. Ces armes furent remises à l'ALN et aux CDL. Henri Alleg affronte dans la clandestinité la répression colonialiste Henri Alleg est quant à lui chargé par son parti d'informer l'opinion française en envoyant des articles au journal l'Humanité pour continuer à dénoncer la répression qui s'abat sur l'ensemble du peuple algérien et de ses forces patriotiques et à faire connaître les objectifs du combat armé entamé par le Front de Libération Nationale le 1er novembre 1954. Il fait l'objet d'une traque impitoyable. Il ne fut capturé que deux longues années après par les sinistres parachutistes de Bigeard et de Massu, couverts par le socialiste Robert Lacoste, gouverneur général d'Algérie, exécutant zélé des pouvoirs spéciaux, obtenus du parlement par le gouvernement de Guy Mollet sur la base de la promesse mensongère d'instaurer la paix en Algérie. Il est arrêté en juin 1957 sur le seuil du domicile de Maurice Audin, lui aussi membre du PCA, professeur de mathématiques à l'Université d'Alger, arrêté et torturé à mort, le corps enterré dans un lieu tenu secret jusqu'à aujourd'hui. Henri est affreusement torturé. Pas un mot ne sortit de sa bouche, sauf pour fustiger ses bourreaux. Grâce à son attitude courageuse exemplaire, l'armée coloniale ne réussit jamais à mettre la main sur les dirigeants du PCA. Leur organisation clandestine put poursuivre son travail de coordination de la lutte des communistes et son soutien politique national et international à l'action du FLN. Henri n'échappa au sort qui attendait la plupart de ceux qui tombaient dans les griffes de leurs tortionnaires que grâce à l'action énergique de son épouse Gilberte, militante admirable elle aussi, et à la campagne d'information animée par l'Humanité avec l'appui des personnalités humanistes les plus courageuses que comptait la France. Dans la prison de Barberousse il ne s'avoue pas vaincu. Il continue le combat. Il rédige secrètement "La question" qu'il réussit à faire parvenir en France par l'entremise de son avocat. Il y décrit la pratique de la torture comme pratique érigée en système visant à la destruction physique violente des réseaux patriotiques et de la propagation de la terreur généralisée pour briser la résistance du peuple algérien, maintenir par la force un ordre colonial condamné par l'histoire. Cette pratique abominable des régimes exploiteurs, Henri s'était moralement et psychologiquement préparé depuis 1941, lors de son adhésion au PCA, à la subir un jour. Le livre de Henri eut un énorme retentissement en France et dans le monde. Ce livre servit puissamment la cause du peuple algérien en révélant le véritable visage des défenseurs du colonialisme et du monde dit "libre". En prison, Henri avait résisté non seulement aux menaces de ses geôliers colonialistes mais aussi aux pressions morales "amicales" de membres du FLN pour qu'il répudie ses idéaux communistes, rompe avec son parti au motif que la guerre de libération exigeait de tous les anti-colonialistes de se fondre en un mouvement unique. Comme la quasi-totalité des communistes algériens confrontés à ces pressions, Henri ne céda pas, convaincu que les travailleurs allaient avoir grand besoin dans l'Algérie indépendante d'un parti de classe résolu à transformer la révolution nationale-démocratique en révolution socialiste. L'indépendance ne pouvait être qu'une étape historique et non une fin en soi, sur le chemin long et ardu de l'émancipation des classes exploitées et le rapprochement sur des bases nouvelles entre les peuples enfin délivrés de l'intoxication idéologique de leurs exploiteurs. Condamné à 10 ans de prison il est transféré en France. Il s'évade de prison en 1961 avec l'aide de l'organisation du PCF. Il rejoint la délégation extérieure du PCA à Prague où il va déployer avec une énergie redoublée un travail de propagande intense pour contribuer à achever l'isolement sur le plan international de l'impérialisme français à la veille des négociations que le gouvernement français est obligé d'engager avec le FLN et qui seront consacrées par la signature le 18 mars 1962 des Accords d'Evian. Les nouvelles tâches des communistes dans l'Algérie indépendante Le 3 juillet 1962, l'indépendance est enfin proclamée. Une étape historique venait d'être franchie. Des centaines de milliers d'hommes et de femmes avaient offert leur vie pour que l'Algérie arrache son indépendance. Inévitablement le conflit qui avait opposé au colonialisme l'immense majorité du peuple algérien allait céder la place à des clivages de classe internes sur les objectifs à assigner à la construction d'un pays devenu indépendant. Le PCA et Alger républicain devaient jouer pleinement leur rôle dans la nouvelle situation historique pour éclairer les travailleurs sur le contenu socio-économique et politique des objectifs des nouveaux combats, la lutte pour la libération économique et sociale, la démocratie au profit des masses laborieuses, le socialisme. La question qui se posait était de savoir si l'indépendance devait apporter ses bienfaits à l'ensemble des couches laborieuses du pays ou profiter seulement à une minorité de nouveaux nantis. Henri et ses camarades s'engagent sans hésitation dans cette nouvelle bataille. Ils relancent Alger républicain. Ils durent pour cela affronter et surmonter avec courage et détermination l'opposition ouverte ou honteuse, les menaces de liquidation à peine voilées émanant de certains responsables FLN hostiles à l'action indépendante des communistes et à ce qu'ils allaient représenter dans le combat pour les choix fondamentaux de l'Algérie nouvelle. Il s'agissait de déjouer les plans de l'impérialisme français qui n'allait pas s'avouer vaincu dans ses tentatives de maintenir ses positions économiques et politiques dans son ancienne colonie. Il allait s'adapter au nouveau rapport des forces, prenant appui sur les classes couches sociales algériennes qui aspiraient seulement à remplacer les "Cent seigneurs de la colonisation" sans toucher aux intérêts économiques fondamentaux du grand capital français en Algérie. En même temps, il fallait mettre en échec les tentatives des couches possédantes ou privilégiées algériennes de s'ériger en classes au pouvoir et de prendre la place et les biens abandonnés par les Borgeaud et les bachaghas Boualem. L'action de Henri et de ses compagnons devait tendre surtout aux premiers jours cruciaux de l'indépendance à empêcher la transformation en guerre civile des divergences surgies à la réunion du CNRA à Tripoli entre les responsables du FLN. Elle devait soutenir le contenu positif du programme soumis au cours de cette réunion, appeler les travailleurs et la paysannerie pauvre à se battre pour son application, contribuer à organiser le mouvement spontané des travailleurs qui s'étaient dressés contre l'accaparement par une nouvelle bourgeoisie des terres et des usines abandonnées par les colons et les patrons capitalistes dans leur fuite vers la France et qui s'étaient mis à les gérer eux-mêmes. La situation politique était complexe. Le régime qui se mettait en place était hétérogène sur le plan des choix idéologiques. Il était traversé de contradictions profondes obscurcies par des querelles subjectives héritées du mouvement national. Une aile des nouveaux dirigeants proclamait dans les discours publics son attachement au socialisme. Mais d'autres franges ne pensaient qu'à s'enrichir et à s'emparer des biens laissés par les Européens évitant de s'opposer ouvertement à l'option socialiste proclamée formellement dans le Programme de Tripoli. Leur tactique consistait à saboter sournoisement l'application des choix officiels et à bercer les masses de fausses promesses en attendant de conquérir assez de poids économique et politique pour tourner la page du socialisme. Le PCA représentait à leurs yeux une menace pour leurs aspirations égoïstes. Ils surent tirer profit des contradictions des dirigeants de la petite-bourgeoisie qui n'acceptaient pas de laisser les travailleurs et le PCA jouer un rôle politique indépendant. Son interdiction en novembre 1962, au nom de l'unicité du FLN, soi-disant indispensable à l'unité du pays et de ses forces patriotiques, quatre mois à peine après l'indépendance, avait été approuvée, à de très rares exceptions, par toutes les tendances du nouveau régime. Elle laissait planer sur le journal co-dirigé par Henri un danger permanent de suspension, sous les motifs les plus fourbes, même s'il n'était pas l'organe du PCA. L'équipe dirigée par Henri, Boualem Khalfa et Abdelhamid Benzine, eut à défendre le droit du peuple à la parole contre les manoeuvres des arrivistes et réactionnaires camouflés, à soutenir les décisions positives du gouvernement, à appeler à des décisions radicales qui s'inscrivaient dans le processus d'achèvement de la révolution nationale-démocratique, telles que la réforme agraire, la nationalisation des hydrocarbures et des mines, la participation démocratique des masses populaires à la gestion du pays et au contrôle à tous les niveaux de leurs représentants. Elle avait par exemple dénoncé la caporalisation de l'UGTA lors de son premier congrès en 1963. Appliquant les orientations tactiques du PCA, elle tentait de favoriser les décantations au sein du régime et de la société pour faire mûrir l'union des forces révolutionnaires dans un parti d'avant-garde, socle d'un front patriotique dirigeant l'édification nationale. Sur le plan international, Henri déploya tout son talent pour que le journal contribue à l'expression de la solidarité effective de l'Algérie indépendante avec le combat des mouvements anti-colonialistes et anti-impérialistes en Afrique et dans le monde, au renforcement des liens avec le camp socialiste et l'URSS. "Victorieuse Cuba", le témoignage vibrant de Henri Alleg est publié dans Alger républicain. Ce livre joua un grand rôle dans le soutien au pays qui venait de se libérer de l'emprise des USA et de la dictature de Batista, sa marionnette. Ce travail contribua à sceller les rapports de solidarité nés depuis le renversement de cette dictature en 1959 entre Cuba et l'Algérie combattante. Cuba apportera un soutien concret à l'Algérie perfidement agressée par l'armée du monarque marocain en 1963. Henri mena au sein de son parti un combat ferme pour que, tout en soutenant les premières mesures progressistes du gouvernement de Ben Bella - nationalisation des terres des colons en octobre 1963, création d'entreprises publiques, telles que Sonatrach et SNS, et de centres de formation pour préparer la récupération des richesses naturelles et leur transformation en Algérie dans le processus de l'indispensable industrialisation - il ne cède pas à l'illusion que le FLN pouvait se transformer en parti capable d'exprimer l'idéologie de la classe ouvrière et de mener de façon conséquente la lutte pour le socialisme. Le risque de sabordage du PCA était devenu sérieux après l'adoption de la Charte d'Alger par le congrès du FLN d'avril 1964. Cette Charte se caractérisait par un contenu idéologique proche de idées du socialisme scientifique mais comportait en même temps la marque de l'hégémonisme petit-bourgeois réfractaire à l'action et à la mobilisation démocratiques indépendantes de la classe ouvrière. Dans la pratique, il existait un divorce grandissant entre les orientations décidées à l'initiative du courant socialisant et la nature socio-économique anti-socialiste d'un grand nombre de responsables très influents dans l'appareil administratif et militaire qui commençait à s'installer. Dans de telles conditions, la meilleure aide que le PCA pouvait apporter au processus de décantation et de différenciations était de préserver son indépendance, d'éviter de succomber à la tentation d'une fusion dont les conditions n'étaient en fait pas réunies. Une éventuelle fusion ne pouvait être qu'un leurre en raison notamment de la négation du droit à l'existence légale du PCA pour discuter sur un pied d'égalité avec l'aile progressiste du FLN, du refus de ce front-parti d'adhérer aux thèses du marxisme. Henri s'était opposé au sein du Bureau politique à l'auto-dissolution du PCA et à la dilution de ses militants dans le FLN. Il défendait la nécessité de préserver l'indépendance idéologique et organique du PCA, comme parti marxiste-léniniste de la classe ouvrière, ne se laissant pas duper par la phraséologie ultra-révolutionnaire du socialisme petit-bourgeois réfractaire à l'idéologie prolétarienne. Dans cette lutte difficile les défenseurs du capitalisme poussaient les différents courants petit-bourgeois à l'affrontement avec les communistes. Cela était visible en 1963 quand Alger républicain avait été censuré pour avoir condamné la sanglante répression anticommuniste opérée en Irak après le coup d'Etat du baath. Même si elles affichaient un penchant socialisant, de multiples franges de la petite-bourgeoisie pouvaient à tout moment basculer dans la tentation de réprimer par la violence le mouvement communiste. Alger républicain s'efforçait sous la direction conjointe de Henri et de Boualem Khalfa, en concertation étroite avec les dirigeants du PCA, de clarifier les enjeux, d'armer idéologiquement les travailleurs, de rapprocher les différents courants révolutionnaires. Dans les nouvelles conditions de l'Algérie indépendante, Alger républicain était à la fois le porte-voix des positions du PCA interdit et la tribune de discussions et de dialogue de toutes les forces, au sein ou en dehors du FLN, qui s'interrogeaient sur le moyen de créer un parti d'avant-garde unifié comme force dirigeante des transformations socio-économiques dans la perspective du socialisme et qui agissaient concrètement dans cette voie. Henri en avait pleinement conscience et assumait en connaissance de cause toutes les implications politiques qui en découlaient, y compris l'éventualité de dangereux retournements de situation. Après le coup d'Etat du 19 juin 1965 C'est ce qui se produisit à la veille et après ce coup d'Etat. D'abord, les dirigeants du régime, Ben Bella à leur tête, avaient décidé de faire disparaître le journal en le fusionnant avec Le Peuple à la veille de la commémoration du 3 ème anniversaire de l'indépendance du pays, soi-disant pour unifier toutes les capacités idéologiques dans la défense de la "révolution socialiste". En fait, la décision dissimulée sous la couverture de la création d'un organe unique chargé exprimer les orientations "socialistes" du FLN telles que définies dans la Charte d'Alger, camouflait de façon grossière la liquidation du journal. Elle préludait à l'éviction de Henri notamment qui devait être désigné dans un premier temps au poste purement honorifique de rédacteur en chef de l'agence de presse officielle APS. Quelles qu'aient été les intentions des personnalités progressistes du régime, la résultante des rapports de force d'un régime hétérogène ne pouvait être que négative. Objectivement, le véritable but de l'opération était de faire taire la voix des communistes, la seule qui n'hésitait pas à se faire l'écho du mécontentement des masses populaires, à dénoncer les magouilles et tripatouillages de toute une faune de responsables occupés à utiliser leurs postes dans l'Etat pour s'enrichir de façon effrénée. Ensuite le renversement du chef de l'Etat a été accompagné de la fermeture du journal pour son refus de publier la proclamation des factieux. Réduite à un noyau sans base, suite à la décision unilatérale de quelques uns d'entre eux de dissoudre leur parti, les dirigeants en exercice du PCA n'était pas prêts à analyser avec rigueur la nouvelle situation et à donner de justes orientations aux nombreux militants dispersés depuis un an. Les erreurs d'analyse et d'appréciation du véritable rapport des forces dans la société, les illusions entretenues par les discours publics du président déchu, la surestimation du poids réel des fractions progressistes du régime, la sous-estimation de l'influence de son aile droitière et réactionnaire, la méconnaissance de la nature des contradictions internes d'un régime, issu de la guerre de libération et donc fondamentalement hétérogène sur le plan de sa structure sociale et de ses orientations idéologiques, avaient conduit à une opposition frontale irréfléchie au nouveau pouvoir, considéré en bloc comme un régime réactionnaire. Les courants réactionnaires du régime avaient exploité ces positions pour déclencher une féroce répression anti-communiste, affaiblir et opposer les uns aux autres les différentes composantes des forces progressistes et anti-impérialistes du pays. Au milieu d'un déchaînement de propagande anti-communiste, enveloppée sous un chauvinisme anti-européen indigne, Henri doit de nouveau poursuivre la lutte dans la clandestinité. C'est sur la décision prise par les dirigeants du PCA dans les semaines qui suivirent le coup d'Etat qu'il dût se résigner, à son corps défendant, à quitter le pays où il s'était battu contre l'oppression, l'exploitation et les injustices durant 27 ans. Il rejoint la France pour mener le travail que la direction du PCA lui avait confié: animer à l'étranger un travail d'information auprès du mouvement communiste international afin d'organiser la solidarité avec les communistes et progressistes algériens en butte à la répression et à la torture, organiser les travailleurs algériens dans l'immigration. Il était la personne la mieux indiquée pour mener à bien ce travail vital. Il assumera la direction de la représentation extérieure du PAGS. Ce n'est que sept ans après son départ que, coupé physiquement malgré lui de l'Algérie, mais convaincu qu'une nouvelle génération de cadres communistes algériens s'était formée pour diriger son parti, il décide avec l'accord de la direction du PAGS de s'engager au sein du PCF. Sa décision était dictée par le désir de donner le meilleur de lui-même dans la lutte contre le capitalisme en France. En tant qu'internationaliste il appliqua le principe de l'obligation de militer dans les rangs du parti communiste du pays d'accueil, comme il l'avait fait en 1941 en adhérant au PCA, comme il l'aurait fait ailleurs si les hasards de la vie n'avaient pas contrarié son projet d'aller en Amérique latine où il aurait certainement mené son combat avec les communistes de ce continent contre les dictatures à la botte de l'impérialisme américain. Henri rejoint l'Humanité. Il prolonge dans ce journal le travail du PAGS pour appuyer les mesures positives du régime de Boumediene tout en exprimant son rejet de la répression anticommuniste. Mais il n'approuvera pas les orientations prises par ce journal en direction de l'Algérie lorsque, fasciné par l'action progressiste et anti-impérialiste du régime de Boumediene, et passant sous silence ses contradictions, le PCF rompit avec le PAGS, établit des relations privilégiées avec le FLN. L'Humanité avalise le discours socialiste officiel et présente le FLN, au mépris des réalités, comme une organisation d'avant-garde révolutionnaire engagée dans la réalisation de la société socialiste. Henri ne pouvait tolérer de telles erreurs de jugement, encore moins accepter que le PAGS soit interdit de présence à la fête de l'Humanité au profit du FLN, jusqu'à ce l'explosion d'octobre 1988 et la répression sanglante qui s'en suivit montrèrent que ce parti n'incarnait en rien les aspirations des travailleurs. Parallèlement, Henri mène un travail titanesque pour décrire dans de nombreux ouvrages ce que fut le colonialisme et sa guerre en Algérie, pour montrer les réalités du capitalisme américain, pour faire connaître le travail d'édification d'une nouvelle société dans les républiques de l'Asie centrale de l'URSS, etc. Durant les journées d'octobre 1988, il appuie le travail mené en France sous la direction de Boualem Khalfa pour dénoncer les exactions commises par les forces répressives du régime de Chadli contre les jeunes. Il contribua à la rectification de la ligne de l'Humanité qui prit peu à peu ses distances vis-à-vis du régime algérien. Henri Alleg défend le socialisme face à la horde des revanchards après la contre-révolution en URSS A la fin des années 1980, la contre-révolution redressa la tête en URSS et dans les pays socialistes. Encouragée par le soutien des régimes capitalistes et de toutes forces rétrogrades dans le monde, exploitant les graves erreurs économiques commises sous la pression de couches sociales opposées à l'approfondissement du socialisme, ou les questions complexes et nouvelles surgies des progrès même de la construction du socialisme, elle s'empare du pouvoir avec l'aide de groupes dirigeants capitulards intimidés par les conséquences de la "guerre des étoiles" engagée par Reagan. L'humanité tout entière est plongée dans la régression. Cette victoire est le signal d'une contre-offensive générale de la bourgeoisie dans le monde. Les conquêtes sociales de la classe ouvrière et des travailleurs sont remises en cause. L'impérialisme longtemps tenu en respect par l'Union soviétique et contraint à reculer sur tous les continents, après avoir subi défaite sur défaite, se lance dans des agressions meurtrières, comme celle qui a ravagé l'Irak et celles qui ont mis à feu et à sang une bonne partie de l'Afrique. Les organes de l'impérialisme: FMI, Banque mondiale, OMC, OTAN, etc., s'ingèrent dans la gestion économique de tous les pays du monde pour dicter leurs recettes, casser les systèmes de protection sociale, ouvrir de force les frontières des pays pris dans leurs rets aux mouvements sauvages des capitaux de la bourgeoisie monopoliste. La défaite du mouvement communiste a provoqué un reflux. La réaction déclenche dans les anciens pays socialistes la chasse aux sorcières. En RDA les dirigeants demeurés fidèles à leurs idéaux sont persécutés devant les tribunaux revanchards montés de toutes pièces par l'impérialisme allemand sous l'instigation des USA. Les arrivistes de tout crin ont viré de bord et joint leur voix au concert de propagande sur l'échec "irrévocable" du socialisme. Dans tous les partis communistes, les courants opportunistes s'enhardissent et arrivent dans la plupart des cas à imposer l'abandon des principes révolutionnaires du marxisme-léninisme. Le plus souvent ils continuent à arborer l'étiquette "communiste" pour tromper les travailleurs et les jeunes attachés à la poursuite de leur combat en dépit de la défaite, ou utiliser ce qualificatif comme fonds de commerce et moyen de marchandage dans des alliances électorales sans principe. En Algérie même les renégats sabordent le PAGS et se font les agents de propagande d'un soi-disant capitalisme moderne, étape indispensable selon eux "au développement des forces productives". Nombre de ses cadres sont devenus des apologistes du "modèle" sud-coréen ou brésilien. Dans ce concert international de vociférations anti-communistes et de cris de joie de la bourgeoisie, les convictions de communistes comme Henri ne sont pas ébranlées. Des hommes comme lui ne sont pas venus au socialisme comme d'autres embrassent des effets de mode ou utilisent les résultats des luttes comme rampe de lancement pour assouvir leurs ambitions personnelles mesquines. Leurs convictions se sont forgées dans les plus dures conditions de l'affrontement avec les régimes bourgeois, quand la lutte côtoyait en permanence la perspective de la mort sous la torture. Elles sont assises sur une assimilation profonde des lois de la lutte des classes, des enseignements de la théorie scientifique élaborée par Marx, Engels, Lénine et leurs continuateurs. Loin d'abandonner la lutte ou de se laisser vaincre par le découragement, Henri a mené la bataille pour la défense du communisme sur plusieurs plans: -il a décrit et dénoncé les fruits pourris de la destruction du socialisme en URSS, montrant de façon concrète aux travailleurs du monde entier, matraqués par la propagande bourgeoise, comment les peuples de cette union fraternelle ont été dépossédés de leurs biens collectifs par une bourgeoisie rapace et réduits à une misère épouvantable inimaginable. -il a participé activement dans le Comité international Honecker à la défense d'un dirigeant révolutionnaire honnête et courageux, jeté en prison non par son peuple mais par la bourgeoisie de l'Allemagne de l'ouest revancharde qui n'avait rien d'autre à lui reprocher que le fait d'avoir participé à la construction d'une société bâtie sur d'autres bases que la propriété capitaliste. -il a mené en France jusqu'à son dernier souffle une lutte opiniâtre pour la reconstruction d'un parti communiste retournant aux sources du congrès de Tour et renouant avec les principes qui avaient fait de lui un grand parti de classe, puisant sa force dans sa résolution à abattre le capitalisme, à conduire le prolétariat français à la conquête du pouvoir et à la socialisation des grands moyens de production. -il a soutenu de toutes ses forces l'oeuvre difficile de reconstruction du parti communiste en Algérie en exprimant en permanence sa solidarité avec le PADS. Henri a réaffirmé lors de son dernier séjour en Algérie qu'il demeurait toujours "bolchiste", terme déformé utilisé par un colon réactionnaire pour fustiger les communistes. Parlant de la disparition de l'URSS dans les derniers paragraphes de "Mémoire algérienne", il nous a laissé en termes remarquablement condensés un message profondément optimiste: "Non, ce n'était pas la "fin de l'histoire" comme ce ne l'était pas après la défaite de Spartacus ou de la Commune de Paris. Sur tous les continents, des multitudes d'hommes et de femmes reprenaient et reprendraient encore victorieusement le flambeau, plus forts, plus expérimentés, plus unis, plus conscients encore que ceux qui les avaient précédés, aussi résolus et aussi confiants en l'avenir. Le parcours restait inachevé. Son terme se révélait seulement plus lointain, plus douloureux et plus difficile à atteindre que nous ne l'avions cru, mais nous savions aussi que nous ne pourrions jamais renoncer à ce qui a été et demeurait notre première et lumineuse raison de vivre : poursuivre, avec des millions d'autres, la lutte séculaire des exploités, des opprimés, des "damnés de la terre" pour que naisse enfin un autre monde, un monde de vraie liberté, de vraie fraternité". Le souvenir de Henri restera gravé à jamais dans la mémoire des communistes non seulement d'Algérie et de France, mais du monde entier. Les révolutionnaires poursuivront partout dans le monde son combat pour une société où les travailleurs délivrés de l'exploitation et de l'oppression de classe construiront un monde de coopération et de fraternité débarrassé des haines et des guerres engendrées par les régimes révolus. La rédaction du Lien-PADS Le 28 juillet 2013 source
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| | Posté le 02-08-2013 à 23:08:24
| Un courrier très opportun de Gilbert Remond, qui relie le combat anti colonialiste d'Henri Alleg à l'actualité de notre pays, souligne les liens étroits entre l'impérialisme français et la révolte des banlieues, et cite l'article de Youssef Boussoumah "Henri Alleg nous a quittés, vive le combat anti colonial !" publié par "les Indigènes de la République"
_______________________ Le combat d’H. Alleg est toujours d’actualité digression sur un hommage rendu à henri Allegre rendu par un militant du pir mouvement se réclamant des indigènes de la république « Henri Alleg nous a quittés, vive le combat anticolonialiste » ! Je voulais faire connaître cet hommage rendu a Henri Alleg par le mouvement "les indigènes de la république" par soucis d'équité, envers tous ceux « qui reconnaissent en lui, le grand et courageux combattant anticolonialisme, un frère et un camarade » . Je voulais aussi le faire connaître parce qu'à l'heure ou nous voyons progresser les votes en faveur du front national dans les couches populaires, il est vrais avec un fort taux d'abstention ce qu'il faut à chaque fois rappeler, que s'affirme et s'affichent ceux qui veulent nous le présenter comme le seul vrai recours face à la mondialisation, oubliant soigneusement de lui adjoindre le qualificatif capitaliste , voir de nous proposer d'envisager comme le fît celui qui se cache derrière le nom du philosophe rationaliste Descartes, un nouveau CNR avec ce dernier, pour sortir de l’Europe et de ses impasses dans une patriotique alliance qui nous permettrait de reprendre notre liberté et de retrouver notre souveraineté, il est important de se rappeler quel est l’origine des cadres historiques de ce mouvement comme il convient de se souvenir de ceux qu'ils ont martyrisé et massacré au nom de « valeurs occidentales » . Je pense à "ces indigènes de la républiques" , évoqués dans un roman dont le cinéaste Bouchareb a fait l'adaptation récemment et dont une partie de la jeunesse issue de l’immigration a repris le titre, pour s'identifier dans le combat politique dont Henri Alleg est devenu l'illustre figure. C'est ce que l'un d'entre eux exprime dans cette chronique de leur publication électronique que vous trouverez ci dessous. S'il faut dénoncer l'usurpation du sigle pris par l'organisation fasciste et rappeler que le front national était l'organe politique des FTP, le titre "indigène de la République" , doit aussi nous rappeler la part prise par ces hommes d'outre mer contre le Nazisme, ce que certains d'entre eux comme nous le révèlent le roman puis le film assumaient en toute conscience, pensant que la suite logique de leur combat leur ouvriraient ces droits bafoués sous l’occupation dans la métropole dont ils ne profitaient pas, jusqu’alors et que l'humanité nouvelle, issue des combats pour la libération sauraient leur accorder comme à tous ceux pensaient-ils qui y prenaient part. Or nous savons comment la suite les décevront, mais nous savons aussi que le programme du conseil de la résistance ne leur reconnaissait pas cet avenir dans le texte, puisque en effet rien ne leur était consacré qui ne leur reconnaisse littéralement un statut de citoyen. Le programme du CNR qui se divise en deux parties l'une pour donner "un plan d'actions immédiate" l'autre pour indiquer des "mesures à appliquer dès la libération du territoire" voulait "en regroupant toutes les forces autour des aspirations quasi unanime de la nation" , que la France retrouve son équilibre moral et social et redonne "au monde l'image de sa grandeur et la preuve de son unité" Il déclarait, sans aucune forme d’ambiguïté : " Uni quant au but à atteindre, unis quant aux moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce but qui est la libération rapide du territoire, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques groupés au sien du CNR proclame qu'ils sont décidés à rester unis après la libération. 1) afin d'établir le gouvernement provisoire de la république formée par le général de Gaulle pour défendre l'indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle. Suivaient quatre autres chapitres qui prévoyaient le châtiment des traîtres, la confiscation de leur biens, les moyens à se donner pour l'établissement de la démocratie et les réformes indispensables à entreprendre sur le plan économique, le plan social et sur celui de l'éducation, mais rien en effet n'était prévu a leur endroit, rien ne discernait dans le texte ces populations annexées à l'empire, de celle de la métropole pour lesquelles ils se battront car s’il parlait de "l'union de tous les Français pour réaliser la libération du territoire et l’application du programme du conseil national" , aucune rubrique ne leur accordait une attention spécifique, ni ne détaillait de mesures particulières pour les considérer à égalité de ceux établis dans la citoyenneté. Rien n'était écrit de cela. Le vide, l'absence de prise en compte de ces populations dont de Gaulle avait appelé les fils à rejoindre le combat libérateur de la nation était la véritable tache aveugle de ce texte. Cette tache qui cache et ne voit rien de ceux qu'elle néantise révélait certes le manque de réflexion sur la question coloniale qui caractérisait l’ensemble des forces politiques engagée dans la résistance mais aussi les rapports de force et les compromis auxquels il lui fallait aboutir dans un contexte internationale ou la France pour établir sa souveraineté le plus tôt possible devais avoir si je puis m’exprimer ainsi un pied a terre, elle était aussi la révélation en creux du sort qui les attendrait plus tard et qui d’ailleurs, n'attendra pas le lendemain de l'armistice pour s'exercer. C'est hélas ce que nous révéleront les massacres de Sétif et de Guelma le 8 mai 1945, massacres qui introduiront plus tard à ceux de Madagascar puis à ceux de Haïphong, inaugurant dans la foulée un quart de siècle de guerre coloniales, dont nous ne parvenons aujourd’hui encore pas à sortir , et qui permettront a tous les nostalgiques du Reich et de la collaboration d'exercer leurs talents, rejoints dans ces taches enthousiasmantes par d'anciens acteurs de la France libre, à l'instar des Massues, Bigeard et Aussaresses, ou de ce colonel Henri Trinquer qui avec le capitaine léger (voir à la découverte « escadron de la mort, l'école française » de Marie-Monique Robin) s'imposeront comme les "héros de la bataille d'Alger" dont les hauts faits d'arme seront ces séances de torture à la villa Sérini et dont Henri Alleg sera l’un des bénéficiaires parce qu’ils avaient décidé après avoir eu carte blanche d’un gouvernement de gauche pour maintenir l’ordre, que la guerre contre la subversion devait être totale Pour le gouvernement général de 1945, ce qui sera qualifié « d’événements du Constantinois » se métamorphosera rapidement en incidents selon une prose qui va s’éprouver au fil du temps afin de la vider de toute dimension politique au contenu national, un communiqué laconique réglant la question dans ces termes « alors que l’Algérie participait avec enthousiasme aux cérémonies de l’armistice, des éléments troubles d’inspiration et de méthodes hitlériennes, se sont livrés à des agressions à main armée sur les populations qui fêtait la victoire dans la ville de Sétif et dans ses environs » . Deux jours plus tard le général de Gaulle s’adressant au « gouverneur général » d’Algérie sera catégorique. Sa fermeté donnant le contenu de sa vision sur la question il lui écrira : « veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l’Algérie. Veilliez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tous agissements anti-français d’une minorité d’agitateurs. Veuillez affirmer que la France garde sa confiance à la masse des musulmans d’Algérie » . La dernière phrase de cette communication nous donnes à voire ce qui conduira plus tard à tendre les rapports entres les différentes communautés présente sur le sol d’Algérie mais aussi plus tard dans nos quartiers populaires, faussant grandement la nature de ce qui les opposait mais apportant aussi le levain des divisions futures et des replis identitaires dont elles sont les vecteurs, et que justement les indigènes de là république pointent en prenant cette nomination. Les populations originaires du pays, celle qui étaient là avant la colonisation n’étaient reconnue et désignées que sous l’espèce de leur religion, discriminées de fait par l’esprit de la lettre qui les classait et les montrait. En effet étant donné la nature laïque et républicaine de cette France à laquelle de Gaulle se referait, il y avait dans cette classification une indication implicite de créer des sous catégories d’algériens car enfin parlait-on alors des chrétiens d’Algérie ? Le deuxième implicite de cette déclaration, était la manière insidieuse d’oublier de quelle époque et de quel régime politique la France évoquée venait de sortir et donc d’absoudre par avance tous ceux qui y avaient participé et qui n’avaient aucun intérêt à voir s’établir le nouveau régime, son programme et ses possibles évolutions vers des modifications institutionnelles aux contenus progressistes et émancipateurs, ce que d’ailleurs dénonçais l’humanité du 16 mai 1945 après que le ministère de l’intérieur eut mis en cause « le parti du peuple algérien » et des éléments du « mouvement des amis du manifeste » , en observant, que l’on persistait « à rejeter sur les musulmans la responsabilité des troubles qui se sont produits » . « En revanche, poursuivait l’article, fait très grave, l’intérieur « oublie » les vrais coupables, les vichystes et les fascistes français » . Henri Alleg qui disait avoir lu tout ce qu’il lui avait été possible de se procurer de littérature politique concernant le mécanisme colonial et en premier lieu l’ouvrage de Staline « le marxisme et les questions nationales et coloniales » [texte téléchargeable ici] qu’il qualifiait dans ses mémoires « de livre de référence sur tous ces problèmes » militait déjà dans le PCA , qui depuis sa création avait à la base de son programme l’indépendance de l’Algérie dans ce parti pour qui estimait alors que la seule stratégie valable exigeait une union étroite avec les forces de progrès qui en France, notamment à travers la résistance et l’action des communistes s’exprimait avec une puissance accrue et qui donc pouvait représenter une médiation entre les peuple de France et ceux d’Algérie pour un combat commun Malgré tout ce qui avait pu se dire au lendemain de ces journée, en particulier qu’il s’agissait « de politique fiction »quand ce parti dénonçât des provocations, les accusations qu’il avait formulées s’avéreront justifiées une fois les faits reconstitués dans leurs déroulements. En effet selon ces reconstitutions et leurs conclusions il sera démontré que : « La grosse colonisation avait souhaité les émeutes et même, avait aidé a les provoquer pour, après les avoir noyé dans le sang,pouvoir reprendre en main un peuple de plus en plus rétif à sa domination. » mais pour Henri Alleg déjà instruit par l’expérience des années de guerre, et par les rapports que lui-même avait pu avoir avec ces milieux, il n’y avait pas lieu de s’étonner de ceci, « ce machiavélisme- pour aussi difficile qu’il soit à l’opinion commune de l’admettre-n’ouvrait nullement un chapitre nouveau dans le comportement des maîtres de la colonisation. » C’est de cela que nous entretiendra à sa manière et depuis une place différente cet autre grande conscience surgi de l’empire coloniale qui s’appelait Frantz Fanon dans le désormais célèbre « les damnées de la terre » quand dans un chapitre nommée de la violence il écrivait : « Le monde colonial est un monde manichéisme. Il ne suffit pas au colon de limiter physiquement, c’est-à-dire à l’aide de sa police et de la gendarmerie, l’espace du colonisé. Comme pour illustrer le caractère totalitaire de l’exploitation coloniale, le colon fait du colonisé une sorte de quintessence du mal. La société colonisée n’est pas seulement décrite comme une société sans valeur. Il ne suffit pas au colon d’affirmer que les valeurs ont déserté, ou mieux n’ont jamais habité, le monde colonisé. L’indigène est déclaré imperméable à l’éthique, absence de valeurs,mais aussi négation des valeurs. En ce sens il est le mal absolu ». Aussi s’il lui arrive de manifester pour célébrer de son point de vue l’ère nouvelle ouverte par l’armistice sa démonstration est jugée par un de ces retournement dont la réaction à le secret « D’inspiration et de méthodes hitlériennes ! » . Aujourd’hui il serait dit « d’inspiration et de méthodes terroristes » , mais là aux sortir de la guerre il fallait à la fois frapper les esprits et ne laisser aucune issue à toute volonté de contestation, et d’indépendance, car tout ce qui s’opposait à la « volonté générale » dans la nation rétablie dans son intégrité territoriale était facilement assimilé à l’occupant d’hier et a son régime aux bandits qui les supportaient avant d’être muté dans la classification des monstres totalitaires adeptes de l’insurrection communiste. C’est en effet un peu plus tard, le temps mettant des distances avec l’histoire et ses acteurs, que le terme utilisé par l’occupant d’hier sera repris pour qualifier ceux qui menaient alors le combat émancipateur. Revenus a leurs caractéristiques premières, l’administration coloniale et les forces militaires mis a son service allaient utiliser tout l’arsenal qu’il convient a ceux qui sont dans la position d’occupant ou assimilés comme tels, ainsi donc les catégories et les appellations. Les indigènes gagnés a leur tours par les idées d’indépendance et de libération, tous comme ceux qui les soutiendrons seront qualifiés de terroristes Quels que soient les modalités de leurs luttes, ce qui permettra de leur appliquer des régimes spéciaux, la question et autres corvées de bois. Il serait trop long de faire ici le récit de cette histoire algérienne et de la guerre sans nom qui s’en est suivie, des traumatismes qu’elle a laissé, des faits qui l’ont constitué, d’autres l’on fait et d’abord Henri Alleg lui-même dans le célèbre opuscule « la question » puis plus tard au crépuscule de sa vie dans ses « mémoires algériennes » . Youssef Boussoumah du mouvement des indigènes de la république, après avoir raconté quelques anecdotes qui montrait comment Henri Alleg savait se situer dans le débat politique, instruit qu’il était de la complexité des parties qui se jouaient dans cette région du monde où les arrières pensées des acteurs qui prétendent être de la représentation ne sont jamais éloignée des événements rapportés et de leurs construction, donnait un condensé de cette lutte pour l ‘indépendance, en restituant la part prise a celle-ci par le mouvement ouvrier et les communistes sur place, en saluant en particulier la mémoire des Maurice Audin, Fernand Iveton, Henri Malliot, et Maurice Laban « tous tombés martyrs de la révolution » Enfin il terminait son évocation par cette phrase : « .Henri Alleg est digne de ces hommes exceptions, il est parti les rejoindre au paradis des martyres de la révolution, nous sommes fière et nous sommes éternellement reconnaissant de son de leurs sacrifice » . Le martyrologe qui ressort de ces lignes peut sembler d’une grandiloquence un peu dépassée, mais rappelons-nous comment au lendemain de la libération nous- même et le parti en tête célébraient ceux qui étaient tombés sous les coups du fascisme, l’importance qu’il y avait alors de désigner a la nation retrouvée ses héros, la place qu’ils ont gardé dans l’imaginaire collectif et l’idée qu’ils continuent de notre unité ! Youssef Boussoumah venait ainsi illustrer d’une manière singulière et contre toute attente, si l’on s’en tien a la doxa, dans cette époque où les idées communistes sont considérées en situation de déshérence dans les classes populaires, à quelle point au contraire l’action des communistes fait partie de l’héritage de nos peuples, à quel point des figures comme celle d’Henri Alleg et de ses camarades sont restées populaires dans les milieux issue de l’immigration du fait de la rigueurs des engagements exigés et de leur totale exécution, mais aussi de la preuve donnée en situation, d’une solidarité entière et radicale, dans des conditions où il fallait du courage et une conscience politique hors norme, qu’ils surent assumer pour l’honneur des générations futur, parfois dans la solitude mais aussi, il faut le dire, avec l’accord tacite d’une organisation qui était obligée dans les circonstances du moment à la pratique du secret c’est-à-dire à une certaine duplicité, pour se maintenir dans une légalité, qui est toujours préférable aux dures contraintes de la clandestinité et de la répression qui l’accompagne. La prise de position qui résulte de cet hommage vient confirmer cette idée que les braises sont toujours là, prêtes à se rallumer, parce qu’ainsi que l’avait si bien formulé Robert Linhart quand il avait voulu rendre compte de son passage chez Citroën parmi les ouvriers immigré « rien ne se perd, rien ne s’oublie dans la mémoire indéfiniment brassée de la classe ouvrière » Or brassée elle l’est actuellement toujours d’avantage selon cette loi du capital qui cherche toujours pour augmenter ses profits à utiliser des travailleurs qu’il peut sous payer grâce à la précarité de leur situation ou les divisions qu’il parvient à organiser. Divisions ethnique, divisions linguistiques, divisions religieuse, division par région, division par quartier, tout est bon pour y parvenir. C’est bien cela que révèlent les derniers événements survenus a Trappes. Alors que tout est mis en œuvre pour accréditer la fiction d’un mari mauvais coucheur qui ne supporte pas que des policiers contrôle sa femme voilée et d'une population hors contrôle qui se solidarise avec eux contre les fonctionnaires qui appliquent les lois de la république, ceux qui voudrons bien entendre dans quel état d’esprits se trouve la population concernée apprendront que les causes de la révolte qui s’ensuivit ne sont pas religieuses mais sociales Nous avions déjà été prévenu de cette genèse « des nouvelles classes dangereuses » par les travaux de deux sociologues Stéphane Beau et Michel Pialoux qui se penchant sur les émeutes urbaines survenues le 12 juillet 2000 à Montbéliard analysaient dans un ouvrage au titre évocateur paru chez Fayard « violences urbaines, violences sociales » les causes de ces dernières. Ils nous expliquaient l’émeute urbaine comme symptôme, qui met en scène des individus et des situations qui sont aujourd’hui bien connus et sont souvent l’objet de représentations stéréotypées : des quartiers en voie de paupérisation, de jeunes délinquants, d’autres issues de l’immigration poste-coloniales, une violence qui paraît gratuite ( mais dont la composante auto-destructrice est fondamentale), une opposition frontale entre jeunes police et justice » Mais la suite devrait nous intéresser encore davantage par les nouages que nous pouvons lui trouver avec ce que Fanon décrivait de la situation coloniale. En effet les auteurs constatent que le discours de la violence urbaine, qu’il soit tenu par les représentants des institutions ( police, justice, école) ou par les politiques s’attache presque toujours à la recherche et à la désignation des coupables-ceux qui ont participé directement aux événements (les casseurs ou les voyous comme on dit aujourd’hui)- qu’il conviendrait de neutraliser au plus vite. Nous retrouvons alors la vieille doctrine du maintien de l’ordre, celle qui avait cours a Alger ou dans ses suites en Amérique latine avec toute fois des méthodes moins expéditives, celles qui faisait par exemple dire à Jacque Hogard dans tactique et stratégie dans la guerre révolutionnaire : « le processus de la guerre révolutionnaire peut être bloqué d’autant plus facilement que l’on s’y prend plus tôt, cette bataille d’arrêt repose sur l’omniprésence des forces de l’ordre » les quartiers sont selon ce principe envahis par des légions bleu marine qui frappent un grand coup et se retirent après avoir réalisé leur lot symbolique d'arrestations, le tout sous le regard de caméra qui ramènent d’utiles images pour mater par procuration ceux qui seraient tentés de suivre le mouvement ou pour dé-crédibiliser les émeutiers par la production de quelques images choques aux actualités. Pourtant le mieux serait de reprendre cette théorie du symptôme et de nous demander comme nous invitent à le faire les deux sociologues de quoi ces événements en sont la marque. Nous pourrions alors comprendre qu’ils le sont d’un ensemble de phénomènes sur lesquels nous pourrions agir avec ces populations, nous organisant selon les tactiques du rassemblement en front pour constituer un véritable front populaire qui bien plus qu’une alliance ouverte a des secteurs de la bourgeoisie anti-européenne pourrait ouvrir une véritable alternative politique. Car enfin, comme nous l’indiquait déjà dans les années 2000 Nicolas Beau et Michel Pialoux, ces phénomènes qui affectent en priorité les classes populaires depuis une vingtaine d’année, sont ceux du chômage de masse, de la précarité, de l’affaiblissement des mécanismes de défense collective au travail, de l’effondrement d’une représentation politique proprement ouvrière, de la relégation spatiale des familles les plus pauvres dans des zones de résidence sur des bases ethno-raciales, etc. Il s’agit en sommes de processus que les auteurs regroupaient sous l’expression « déstructuration et décomposition du groupe ouvrier » , déstructuration de ce groupe qui « structurait et agrégeait autour de lui autour de ses acquis et de ses valeurs, de ses représentants syndicaux et politiques, les autres fractions des classes populaires » . Processus qu’il faut stopper pour repartir de l’avant dans un nouveau mouvement d’unification des classes populaires. De ce point de vue, « l’hommage rendu par « les indigènes de la république » nous indique quelles sont les figures dans lesquelles ces fractions peuvent se reconnaître, pour se rassembler et reprendre le flambeau de la lutte , "plus forts, plus expérimentés, plus unis, plus conscients encore que ceux qui les avaient précédés, " afin de poursuivre " avec des millions d’autres, la lutte séculaire des exploités, des opprimés, des damnés de la terre" pour que naisse enfin selon les vœux d’Henri Alleg « un autre monde, un monde de vraie liberté, de vraie fraternité » Gilbert Remond
_______________________ biblio 1) Mémoire algérienne, Henri Alleg , stock 2)Les damnées de la terre Frantz Fanon, maspéro 3)Violences urbaines,violence sociale Stéphane Beaud, Michel.pialoux, fayard 4)scadron de la mort, l’école française Marie Robin, la découverte 5)Les jours heureux, citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui, la découverte 6)L’établit Robert Linhart, édition de minuit.
_______________________ Ci-après l'article de Youssef Boussoumah
Edité le 02-08-2013 à 23:16:40 par Xuan |
| | Posté le 02-08-2013 à 23:12:17
| samedi 20 juillet 2013
Henri Alleg nous a quittés, vive le combat anti colonial !
par Youssef Boussoumah, membre du PIR * Nous apprenons avec douleur que notre frère et camarade Henri Alleg de son vrai nom Harry Salem, algérien d’adoption depuis 1939, militant communiste et anti colonialiste infatigable, contre l’avis même de son parti parfois, journaliste et ancien directeur d’Alger républicain, également membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine, nous a quittés mercredi17 juillet. Nous voulons ici lui rendre un hommage ému. Il s’en est allé l’homme au sourire d’enfant mais aux convictions plus fermes que la roche. Il s’en est allé le militant de toujours, l’éternel optimiste, la détermination et l’enthousiasme du révolutionnaire solidement chevillés au corps, l’espoir en l’avenir comme une bannière éclairant un visage serein. Le visage radieux de celui qui part avec la certitude du devoir accompli. Pour autant la détermination et le courage de l’auteur de l’ouvrage « La question » où il dénonçait l’usage industriel de la torture par la république française pendant la guerre d’Algérie et dont il était lui-même un rescapé, ne le cédaient en rien à la facilité. Il n’était pas de ces esprits étroits incapables de comprendre le mouvement du monde dés lors qu’il ne correspond pas à leurs catégories politiques traditionnelles. Dans les années 90, au cours d’un débat sur la guerre civile qui alors faisait rage en Algérie, suite à l’intervention d’un spectateur qui avait qualifié les militants islamistes algériens « d’alliés de l’impérialisme » et alors que le public constitué en grande partie de communistes dogmatiques, attendait de lui qu’il prenne fermement position dans cette guerre, Henri Alleg n’avait il pas eu cette répartie déconcertante à leurs oreilles, « Vous savez, si vous cherchez les alliés de l’impérialisme, vous les trouverez plutôt du côté de ceux qui exportent chaque mois, les revenus du pétrole algérien vers leurs comptes bancaires en Suisse » . A un moment où de ce côté-ci de la Méditerranée, beaucoup, à l’instar des « éradicateurs » algériens se contentaient de fustiger la barbarie islamiste tout en délivrant un chèque en blanc au coup d’Etat, lui, le communiste, sans pour autant soutenir le FIS, comprenait combien la partie qui se jouait alors en Algérie était beaucoup plus complexe et exigerait d’abord une solution politique démocratique. Il est mort le camarade d’un Maurice Audin torturé à mort par les paras de Massu et dont on ne retrouvera jamais le corps, d’un Henri Maillot qui s’abattit en s’écriant « vive l’Algérie indépendante ! » , d’un Fernand Iveton, militant de la CGT solidaire du FLN et qu’un ministre de la justice nommé F. Mitterrand livra à la guillotine, d’un Maurice Laban ancien des brigades internationales qui tombera les armes à la main dans un djebel algérien et de bien d’autres encore, tous communistes et tous assassinés par l’armée française en effectuant leur devoir patriotique algérien et internationaliste, tous tombés martyrs de la lutte anti coloniale. Henri Alleg est digne de ces hommes d’exception, il est parti les rejoindre au paradis des martyrs de la révolution. Nous sommes fiers et éternellement reconnaissants de son, de leur sacrifice. Par un curieux hasard du calendrier, c’est en ce jour anniversaire d’Henri Alleg, né un vingt juillet que nous adressons à sa famille nos condoléances attristées mais aussi l’expression de notre immense admiration pour l’œuvre accomplie par celui dont elle et le mouvement de libération international des peuples peuvent s’enorgueillir à tout jamais. Bon anniversaire Henri, honneur à toi ! Youssef Boussoumah, membre du PIR
_____________________ * PIR : Parti des Indigènes de la République, dont on trouvera les objectifs ici. Saïd Bouamama en est un des initiateurs.
Edité le 02-08-2013 à 23:24:24 par Xuan |
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