Sujet :

Décès du camarade Jacques Jurquet

Finimore
   Posté le 22-11-2020 à 15:40:02   

C'est avec une grande tristesse que nous venons d'apprendre le décès du camarade Jacques Jurquet le 21 novembre 2020.
Nous nous associons à la douleur de sa famille.
Finimore
   Posté le 22-11-2020 à 16:22:49   

Article d'Alain Ruscio :

À la mémoire de Jacques Jurquet

Alain Ruscio


Jacques Jurquet, militant communiste, né à Marseille en 1922, est décédé ce dimanche 21 novembre . Communiste, Marseille, on devra ajouter Algérie et Chine (rouge) pour tenter de résumer une vie de luttes.

Il s’engagea dès le Front populaire, à 14 ans, dans les combats antifascistes. Fin 1941, donc à 19 ans, il adhéra au Parti communiste, alors en totale clandestinité. Il fut maquisard, puis engagé dans les rangs de la Première armée française (France libre). À la Libération, il milita au PCF. Non sans un début de nets désaccords, commencés lors de la guerre d’Algérie, en particulier en s’opposant au vote des pouvoirs spéciaux par le groupe parlementaire communiste (mars 1956). Un moment clé fut pour lui l’année 1959 : il fut écarté du comité fédéral des Bouches-du-Rhône pour avoir refusé de rompre avec sa compagne, Baya Allaouchiche-Bouhoune, qui avait des activités clandestines au sein du FLN algérien. Lors du conflit idéologique entre l’URSS et la Chine, il prit rapidement parti pour la seconde, exactement à l’inverse de ce que fut la position de la direction du PCF. S’ensuivit, dans la logique de cette époque, une exclusion de ce Parti. Membre des Amitiés franco-chinoises, il fit dès lors de nombreux voyages en Chine. Une délégation dans laquelle il figurait fut reçue par Mao en 1964. La suite fut pour lui marquée par la fondation d’un hebdomadaire, L’Humanité nouvelle, puis l’unification d’une partie des maoïstes français au sein d’un Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF), dont Jacques Jurquet fut le premier secrétaire général. Après mai 1968, ce Parti fut dissous, dans la vague de la répression opérée par le ministre Marcellin.

Dans les années qui suivirent, Jurquet participa à toutes les activités politiques (y compris clandestines) de son Parti, manifestations contre l’extrême droite, pour le soutien à la lutte du peuple vietnamien, pour la Palestine, etc., mais aussi engagea un combat frontal, sans nuances, avec le « révisionnisme soviétique ». Il resta, en dépit des évolutions à Pékin après la mort de Mao et, surtout, l’avènement de Deng Xiaoping, un soutien à la Chine, jusque dans le soutien de Pékin au régime des Khmers rouges.

L’aventure du PCMLF (devenu un temps Parti pour une alternative communise - PAC), en France, tourna court. Les déchirement internes affaiblirent un peu plus un Parti qui n’avait jamais connu une militance - et encore moins une audience - de masse. Jacques Jurquet annonça en 1986 sa démission du PAC.

Il consacra ses dernières années, tant que ses forces le lui permettaient, à participer à des activités politiques et sociétales, notamment dans les rangs du MRAP, à Marseille.

Jacques Jurquet trouva le temps de rédiger un grand nombre d’ouvrage, dont certains d’Histoire. Son attachement particulier à l’Algérie l’amena à publier notamment une somme sur La Révolution nationale algérienne et le PCF (4 volumes), mêlant reproductions de nombreux documents et commentaires acerbes, parfois violents contre ce qu’il considérait comme le « révisionnisme » de ce Parti.

D’aucuns pourraient ergoter sur les aveuglements successifs (… ou parfois simultanés) d’une génération, sur les désillusions des maoïstes ou ancien maoïstes de par le monde face aux évolutions de la Chine, inimaginables il y a encore une ou deux décennies. D’autres, c’est le cas de l’auteur de cette notice (qui pourtant fut continûment méfiant, voire hostile à cette Chine-là préférera garder le souvenir d’un homme qui resta toujours fidèle à une certaine idée de la Révolution. Ce n’est pas si fréquent.
Finimore
   Posté le 22-11-2020 à 16:27:53   

Une petite vidéo tournée lors de son 90e anniversaire

https://www.youtube.com/watch?v=oDrZWaX_RG4
Xuan
   Posté le 22-11-2020 à 18:37:27   

Cette vidéo en famille est très émouvante



Jacques Jurquet et Chou En lai

Dans une interview aux Editions Prolétariennes il y a une dizaine d'années il déclarait contre vents et marées "la Chine est socialiste".

Sur le forum des éléments bibliographiques :
https://humaniterouge.alloforum.com/jacques-jurquet-t3168-1.html


Edité le 22-11-2020 à 18:56:03 par Xuan


Finimore
   Posté le 23-11-2020 à 16:36:46   

Rectificatif : Jacques Jurquet est décédé le dimanche 22 novembre 2020 (et non le 21 indiqué par erreur).
Xuan
   Posté le 23-11-2020 à 22:42:46   

Sous le titre "l’itinéraire engagé d’un militant anticolonialiste
L’hommage d’Alain Ruscio
à la mémoire de Jacques Jurquet (1922-2020)"




Jacques Jurquet est décédé à Marseille le 22 novembre 2020 à l’âge de 98 ans au terme d’une longue vie militante. Issu d’une famille socialiste et engagé très jeune lors du Front populaire, il s’est impliqué à 19 ans dans la Résistance pendant laquelle il devint membre du Parti communiste clandestin. Ses responsabilités fédérales au sein de ce parti s’achevèrent en 1959, pendant la guerre d’Algérie, en raison de son désaccord avec le vote des « pouvoirs spéciaux » par le groupe parlementaire communiste qui ont plongé les deux pays dans la guerre. De même que sa compagne, Baya Allaouchiche-Bouhoune, qui militait au sein de la Fédération de France du FLN algérien clandestin, il a pris fait et cause pour la guerre d’indépendance algérienne. C’est au sein du groupe maoïste, Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF), dont il fut le premier secrétaire général, qu’il a rencontré Jean-Luc Einaudi, qui a publié une biographie de Baya et a nourri ses propres recherches sur la guerre d’Algérie des travaux de Jurquet sur « la Révolution nationale algérienne et le PCF ».

A lire sur Histoire coloniale : l'hommage d'Alain Ruscio à la mémoire de Jacques Jurquet.









Note : Jean-Luc Einaudi, qui a préfacé "à contre-courant" , fut confronté au préfet Papon pour avoir dénoncé sa responsabilité dans le «massacre» du 17 octobre 1961, perpétré «sous les ordres de Maurice Papon». Papon fut débouté.
Xuan
   Posté le 06-12-2020 à 16:31:07   

DÉCÈS DE JACQUES JURQUET : LE MRAP A PERDU L’UN DES SIENS

Le MRAP présente à la famille de Jacques Jurquet ses plus sincères
condoléances et tient à rendre hommage à ce militant antiraciste et
internationaliste décédé le 22 novembre 2020.

L’engagement de Jacques, notamment contre le fascisme, commence très
jeune et durera jusqu’à sa mort. En 1936, il essaie de s’engager
dans les Brigades internationales pour défendre la République
espagnole mais il sera refusé en raison de son âge : il n’a que 14
ans ! Il participe alors à des collectes au profit des enfants
espagnols. Ses parents seront honorés comme « Justes parmi les nations
» pour avoir sauvé quatre enfants et adolescents juifs en 1943 et
1944, à Poligny dans le Jura.

Réquisitionné pour le STO, Jacques s'évade du train qui le
conduisait en Allemagne et rejoint la Résistance où il prend le
pseudonyme de Jourdan et devient en 1944 membre de l'État-major FFI/FTP
dans le Jura.

Militant du MRAP des Bouches du Rhône, il est présent à Paris pour
accueillir la Marche pour l’égalité, le 3 décembre 1983. Il
participe à Marseille à plusieurs manifestations antiracistes et
antifascistes, dont celle contre la venue à Marseille de Jean-Marie Le
Pen, le 20 février 1985.

Il s’était marié, en 1978, avec Baya Bouhoune, ancienne membre du
comité central du Parti communiste algérien, militante féministe,
antiraciste et anticolonialiste. Elle avait milité notamment pour
l'émancipation des femmes en Algérie et pour le droit à
l'autodétermination des peuples en particulier vietnamien, algérien,
palestinien. Baya et Jacques Jurquet, ont reçu chez eux, pendant la
guerre d'Algérie, les mères et les fiancées des soldats emprisonnés
parce qu'ils refusaient de combattre contre le peuple algérien.

En 1970, Baya devient membre du bureau national du MRAP,
responsabilité qu'elle assume pendant plus de 20 ans, et présidente du
MRAP de Marseille.

Le meilleur hommage que nous puissions leur rendre est de s’engager
à poursuivre leur combat contre toute forme de racisme, pour un monde
de fraternité et de liberté.

Paris, le 1er décembre 2020


et Hommage du M.R.A.P. - 13 :