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 Le capitalisme d'Etat en Chine

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Xuan
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   Posté le 18-10-2014 à 13:44:07   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Les effets du capitalisme d'Etat en Chine



Un article de Challenges décrit la faillite de deux entreprises chinoises fabriquant des éléments photovoltaïques et pénalisées par la baisse des commandes.

L’auteur note que l’Etat - en fait le PCC - a sanctionné les risques pris par les entrepreneurs privés et relancé l’activité dans d’autres entreprises.

Ce fait économique et politique indique que l’Etat chinois domine le secteur privé tout en le laissant se développer.

On peut rappeler à ce propos cette citation de Mao Tsé-toung qui pointe le caractère spécifique de la construction du socialisme dans un pays sous-développé et non industrialisé comme la Chine :
« Certains s'imaginent qu'on pourrait éliminer le capitalisme et pratiquer le socialisme plus tôt, une telle vue est erronée ; elle ne correspond pas aux conditions de notre pays. »
[Pour une amélioration radicale de la situation luttons pour une amélioration radicale de la situation financière et économique du pays - Rapport écrit du camarade Mao Tsetoung distribué à la troisième session plénière du Comité central issu du VIIe Congrès du Parti communiste chinois. (6 juin 1950)]

Sous réserve de connaître le taux d’imposition actuel de ces entreprises et son calcul, cette courte définition du capitalisme d'Etat précise la nature des relations entre le secteur privé et l'Etat socialiste :

SUR LE CAPITALISME D'ETAT*

L'économie capitaliste telle qu'elle existe actuellement en Chine est, pour la plus grande partie, une économie capitaliste, placée sous le contrôle du gouvernement populaire, liée sous diverses formes avec l'économie socialiste que représente le secteur d'Etat et soumise à la surveillance des ouvriers. Ce n'est donc plus une économie capitaliste ordinaire, mais une économie capitaliste particulière, une économie capitaliste d'Etat d'un type nouveau. Si elle existe, c'est surtout pour satisfaire les besoins du peuple et de l'Etat, et non pas pour permettre aux capitalistes de réaliser des bénéfices. Certes, le travail des ouvriers procure encore une part de profit aux capitalistes, mais cette part est faible et ne représente qu'environ le quart du profit global ; les trois quarts restants sont destinés aux ouvriers (fonds de bien-être), à l'Etat (impôt sur le revenu) ainsi qu'à l'accroissement des équipements de production (une petite partie du profit qu'ils rapportent revient aux capitalistes). Ainsi, cette économie capitaliste d'Etat d'un type nouveau revêt, dans une très grande mesure, un caractère socialiste et offre des avantages aux ouvriers et à l'Etat.

* Annotation écrite par le camarade Mao Tsetoung sur un document de la Conférence nationale sur le Travail des Finances et de l'Economie, tenue dans l'été 1913.

Jean-François Dufour conclut : « …derrière cette mise en scène financière, une réalité fondamentale de la politique économique chinoise ne change pas: celle d’un pays qui considère son outil industriel comme prioritaire, et qui se donne les moyens de le préserver. »

En fait l'anarchie de la production dans un pays sous la dictature de la classe capitaliste, comme le notre, et particulièrement dans une période de crise, ne permet pas d'empêcher les capitaux de s'évader d'un secteur moins rentable pour s'accumuler dans un secteur à risque mais plus juteux.
Et on constate que la crise de 2008 n’a pas vacciné les capitalistes des opérations financières à risque.


______________


Quand la Chine met en scène des faillites pour l'exemple


Par Challenges.fr

Publié le 17-10-2014
TRIBUNE Jean-François Dufour, directeur de DCA Chine-Analyse donne l'exemple du photovoltaïque.
Jean-François Dufour DR


Surendettée et victime de l’effondrement de ses marchés à l’exportation, l’industrie des équipements photovoltaïque chinoise s’est retrouvée en première ligne des sanctions financières censées corriger ces errements dans la Chine réformiste.

En mars 2013, l’ancien numéro un mondial SunTech déclarait une faillite retentissante ; et en mars 2014, le fabricant plus modeste Chaori enregistrait le premier défaut d’une entreprise chinoise sur des obligations domestiques. Pourtant, un an et demi après sa faillite SunTech se porte suffisamment bien pour annoncer un retour en force en Europe. Et Chaori paraît sur le point de trouver, comme SunTech un an avant, un repreneur qui assurerait le maintien de son activité.

SunTech devait être un exemple. En mars 2013, l’ancienne étoile du photovoltaïque chinoise, endettée (pour plus de 2 milliards de dollars) à hauteur de deux fois son chiffre d’affaires -qui s’était lui-même effondré à la suite des réactions américaine et européenne pour protéger une industrie dont elle avait contribué à laminer les prix- était déclarée en faillite.

De l’exemple au sauvetage

Mais en octobre 2013, à la veille du IIIè Plenum du XVIIIè Comité central du Parti communiste chinois, SunTech trouvait un repreneur.

Le groupe Shunfeng, basé comme lui dans la province du Jiangsu, bénéficiait de l’accord implicite des banques chinoises créditrices de SunTech pour renoncer à 70% des sommes qui leur étaient dues, pour empocher les capacités de production de l’ancien numéro un mondial pour 490 millions de dollars.

Intégration en amont et retour en Europe

Shunfeng, petit producteur de cellules et panneaux, venait de se diversifier dans l’aval, et l’installation de centrales solaires, au moment opportun où la Chine, pour contrebalancer les difficultés à l’export, lançait un plan d’équipement photovoltaïque national sans précédent.

Sa reprise a manifestement profité à Wuxi SunTech – le nom désormais de la filiale de Shunfeng. Suffisamment en tout cas pour que le groupe annonce, en septembre, un nouveau débarquement sur le marché européen, comme fournisseur exclusif d’un ambitieux projet britannique appuyé sur un installateur et une société de financement allemands.

Bis repetita

Chaori devait être lui aussi un exemple. En mars 2014, ce producteur plus modeste, basé à Shanghai, était le premier à faire défaut sur des obligations domestiques, signalant que les banques chinoises avaient refusé de le refinancer, pour faire face aux échéances sur 150 millions de dollars émis deux ans plus tôt.

Mais là aussi, à la veille du IVè Plenum, cette fois, du Comité central du PCC, les choses semblent se débloquer.

C’est ici l’une des structures financières publiques spécialisées dans la gestion d’actifs douteux, mises en place en 1999 par les autorités pour "nettoyer" les bilans des grandes banques chinoises, qui a été sollicitée. Great Wall Asset Management vient en effet de se porter garante de 90% des obligations de Chaori.

Intégration en aval

Avec un objectif clair: convaincre les détenteurs des titres de dette de Chaori d’accepter un plan de restructuration, porté, là aussi, par un autre acteur géographiquement voisin, puisqu’il s’agit de la filiale au Jiangsu (province frontalière avec Shanghai) du groupe GCL.

Le repreneur pressenti (qui s’était déjà positionné sur le dossier SunTech) opère cette fois en amont de l’activité de fabrication. GCL, basé à Hongkong, est en effet le premier producteur mondial de silicium, le principal composant des cellules photovoltaïques. La logique de diversification se ferait ici vers l’aval, puisque GCL, avec Chaori, intègrerait toute la chaîne de production.

Continuité derrière les apparences

SunTech, comme Chaori, étaient considérés comme des exemples du changement de donne dans la Chine réformiste. Entreprises privées sanctionnées pour l’exemple, la mise en faillite de la première, et le défaut de paiement de la seconde, sont apparus comme des avertissements contre les risques pris par les investisseurs trop peu regardants sur le risque.

Mais derrière cette mise en scène financière, une réalité fondamentale de la politique économique chinoise ne change pas: celle d’un pays qui considère son outil industriel comme prioritaire, et qui se donne les moyens de le préserver.

Par Jean-François Dufour, Directeur de DCA Chine-Analyse.

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