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| Posté le 18-08-2021 à 07:18:17
| lu sur : https://www.investigaction.net/fr/de-la-grande-bretagne-aux-etats-unis-en-passant-par-lunion-sovietique-lafghanistan-le-cimetiere-des-empires/ De la Grande-Bretagne aux États-Unis en passant par l’Union soviétique… L’Afghanistan, le cimetière des empires 17 Août 2021 GRÉGOIRE LALIEUMICHEL COLLON / MOHAMED HASSAN Les talibans ont pris Kaboul, mettant fin à la guerre lancée il y a vingt ans par les États-Unis. Ce n’est pas la première fois qu’une grande puissance se casse les dents sur les montagnes afghanes. Dans « La Stratégie du Chaos », Mohamed Hassan remontait l’histoire de ce cimetière des grands empires, depuis les expéditions britanniques pour protéger la colonie indienne ou le bourbier dans lequel ont plongé les Soviétiques en passant par les alliances troubles de la CIA avec les moudjahidines et Ben Laden… Un long extrait instructif pour mieux comprendre la situation d’aujourd’hui. Finalement, nous ne connaissons pas cette société, on présente les Afghans comme des « sauvages » sans une histoire particulière… Et c’est pourtant une histoire originale et instructive. Ainsi, les Pachtounes ont créé la « Loya Jirga » (en français : grande réunion) pour appliquer la démocratie. Des chefs de tribus viennent de tout le pays pour parler de la paix et de la guerre. Cette assemblée se rassemble chaque fois qu’il faut prendre de grandes décisions. En 1747, la naissance de l’Afghanistan s’est réalisée de l’intérieur. Ce n’était pas une création étrangère des puissances colonialistes. Son premier roi Ahmad Shâh Durrani, a collaboré avec la Jirga pour instaurer l’Afghanistan dans les limites qui sont encore les siennes. Un pouvoir féodal quand même, très concentré et centralisé… Attention, les Pachtounes ont su intégrer les différentes ethnies dans leur pays, ils ne les ont pas colonisées. Et dans ce système, certes féodal, les paysans ont des droits. On ne peut pas les tuer impunément. Bien sûr, il y a un État qui chapeaute le peuple. Mais c’est très différent de l’État bourgeois européen très centralisé avec son code napoléonien, sa police, son armée. L’État est basé sur un système qui découle de l’assemblée traditionnelle. Ici, l’armée est constituée de paysans. En cas de guerre, le pouvoir central lance un appel, et le peuple y répond en prenant les armes pour se défendre lui-même. Les Afghans avaient besoin en 1747 d’un État, ils l’ont donc créé. Et quelques années après sa création, il a joué un rôle très important lorsque les colonialistes se sont approchés… L’Afghanistan les intéressait ? Il faut bien garder en mémoire que l’Eldorado des pays colonialistes à cette époque est l’Inde et ses richesses contrôlées par les Britanniques. Or, l’impérialisme russe se renforce. Il bat l’Empire ottoman en 1840 et prend le contrôle du Caucase et de l’Asie centrale. Les troupes russes se dirigent alors vers l’Inde. Du coup, la Grande-Bretagne prend peur et veut protéger sa colonie. Ainsi, éclate la première guerre anglo-afghane de 1838 à 1842. Que veulent alors les Britanniques ? Utiliser les Afghans contre les Russes. Mais on ne peut pas manipuler les Afghans. Peu importe les sommes qu’ils reçoivent, ils ne se laissent pas influencer. Ils refusent le harcèlement des Britanniques et les traitent sur un pied d’égalité avec les Russes. Alors, la Grande-Bretagne envahit l’Afghanistan et parvient jusqu’aux portes de Kaboul. Mais les personnages qu’elle met au pouvoir n’ont aucun succès et les troupes britanniques se retrouvent encerclées et privées de ravitaillement. Leur défaite est cuisante. Seuls trois cents soldats parviendront à quitter le pays ! Mais cela n’empêchera pas Londres de déclencher la seconde guerre anglo-afghane en 1878 ? Toujours le même objectif : contenir l’expansion russe en Asie centrale afin de protéger les intérêts coloniaux anglais. Cette nouvelle guerre est menée par Sir Durand, un gouverneur britannique. Un corps de quarante mille hommes prend le contrôle de Kaboul et la Russie n’intervient pas. Mais un soulèvement populaire massacre le consul et relance les hostilités. Ne parvenant pas à éliminer cette résistance, Sir Durand va finalement se retirer. Mais en utilisant la traditionnelle stratégie britannique « diviser pour régner », il sépare le territoire pachtoune en deux. Cette ligne Durand sera la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, une frontière que les Pachtounes ne reconnaissent toujours pas. En 1947, la première nation qui s’opposera à la reconnaissance du Pakistan par l’ONU, ce sera l’Afghanistan. Le Pakistan actuel ne faisait pas partie de l’Inde ? Non, la plus grosse partie appartenait à l’Afghanistan. Il a été occupé par les Britanniques suite à la première guerre contre l’Afghanistan. Après la défaite de l’Allemagne en 1918 survient la troisième guerre anglo-afghane… Les Afghans veulent leur indépendance totale, mais 14-18 permet un saut qualitatif dans l’art de la guerre. Le pétrole est devenu pour la première fois un élément décisif dans les combats. Très « primitifs », les Afghans n’avaient jamais vu d’artillerie lourde, de chars, ni d’avions. La Grande-Bretagne avait rassemblé 740.000 hommes. Malgré cette supériorité en nombre et en armes, la Grande-Bretagne sera vaincue, surprise par la stratégie de guérilla des Afghans. L’indépendance est enfin acceptée. Londres ouvre une ambassade et instaure des relations diplomatiques avec son ancien ennemi. En 1919, les Afghans se retrouvent donc indépendants. L’Empire de Russie a disparu et l’Union soviétique se met en place. C’est un voisin totalement différent ! Quelles sont les relations des Afghans avec l’URSS ? Dans un premier temps, les Anglais tentent de manipuler les Afghans et de les monter contre les Soviétiques. Mais les Afghans se rapprochent de leur voisin communiste, les relations s’améliorent et, pour la première fois, l’Afghanistan se modernise. Des routes sont construites, on ouvre des écoles et des universités. Des étudiants partent en URSS. En fait, l’Afghanistan et l’Union soviétique font face à des problèmes semblables. Les deux pays possèdent de multiples ethnies dont certaines sont opprimées. Le modèle soviétique internationaliste est attractif aux yeux de nombreux Afghans et les liens entre les deux pays deviennent très forts. L’influence des Soviétiques dans la modernisation et le développement de l’Afghanistan sera plus importante que celle des Occidentaux. Quelles sont alors les relations entre l’État afghan et les pays occidentaux ? Il existe des liens diplomatiques. Les Occidentaux y ont des ambassades. À cette époque, des éléments de modernisation et de développement capitaliste apparaissent à l’intérieur du pays. La leçon des guerres précédentes est claire : on ne peut pas jouer avec le destin des Afghans et on ne peut pas les utiliser comme des pions pour servir des puissances extérieures. Si vous voulez les asservir, vous serez combattu. Par contre, vous pouvez marchander et faire du commerce avec eux. Ils acceptent que les pays étrangers construisent leurs ambassades à Kaboul, mais entendent rester maîtres chez eux. Et quelles sont les relations avec le reste du monde ? Toute l’Afrique et l’Asie étaient encore sous régime colonial. Seuls quelques pays d’Amérique du Sud avaient acquis leur indépendance. L’Afghanistan constitue alors une exception dans la région avec son régime indépendant. Il noue des relations diplomatiques avec de nombreux pays. C’est un membre fondateur de la Société des Nations en 1919, puis de l’ONU en 1945. Vous dîtes que la société afghane se modernise ? Oui, elle évolue au contact de ces courants intérieurs et extérieurs. Une petite classe ouvrière apparaît, et des classes éduquées émergent, mais le pays reste essentiellement rural. Cette classe éduquée va étudier en Union soviétique, en France, en Angleterre… Une bourgeoisie marchande et compradore se forme. Les agents commerciaux étrangers apportent de nouvelles technologies. Enfin, une armée moderne est créée. Elle deviendra un pilier de l’État. En effet, l’armée regroupe dans un même cadre des personnes provenant de toutes les ethnies et de toutes les classes sociales : en ce sens, elle contribue à former le peuple afghan. En 1965, est créé le Parti Démocratique du Peuple Afghan (PDPA), un parti communiste qui va bouleverser la situation… Oui, la création du premier parti politique moderne est un événement crucial pour le pays. Il a été créé par la petite bourgeoisie, pas par la classe ouvrière. Cependant, bien qu’il ait donné l’image d’une structure unique, il a toujours été divisé en deux camps politiques avec le Khalq d’une part et le Parcham d’autre part. Pour aboutir à une révolution démocratique, le premier affirmait que la classe ouvrière devait jouer le rôle d’avant-garde tandis que le second préconisait une alliance sur pied d’égalité de toutes les classes sociales favorables à la révolution. Cette dissension, analogues à de nombreux mouvements communistes, n’empêcha pas le Khalq et le Parcham de faire front commun lors d’élections organisées en 1965 et en 1969 sous la monarchie de Zaher Chah. Mais les divergences se cristallisèrent dans la stratégie élaborée par ces deux tendances pour obtenir un changement en Afghanistan. Alors que le Khalq, fidèle à sa vision orthodoxe, se constituait une base sociale dans les milieux populaires en veillant à tenir l’élite à l’écart, le Parcham cherchait à noyauter le pouvoir en recrutant des membres parmi la hiérarchie militaire et les bureaucrates. Le Parcham arriva à ses fins en se rapprochant du prince Daoud. En août 1973, la monarchie était renversée et le prince devenait le président de la nouvelle république. Cependant, le nouveau chef d’État ne se révéla pas à la hauteur des espoirs mis en lui. À la démocratisation tant voulue, il répondit par la répression de ses opposants. Considérant dans un premier temps le putsch de 1973 comme un moindre mal, le Khalq conclut rapidement qu’il devait reprendre le combat pour une révolution démocratique. De son côté, le Parcham, qui avait participé à la montée au pouvoir du prince Daoud, considéra l’opération comme un échec. Les deux courants décidèrent de faire à nouveau cause commune pour renverser le régime : la réunification du PDPA s’opérait en 1977. Un an plus tard, le prince Daoud fut renversé et le PDPA prit le pouvoir avec Mohamed Taraki à sa tête. Ceci fut la meilleure période pour le peuple afghan. Ce gouvernement procéda à de vastes réformes agraires pour aider les paysans pauvres. Il construisit des routes, des écoles, des infrastructures de santé. Ce fut également la meilleure période pour les femmes, avec un grand programme d’alphabétisation. Évidemment, ces réformes suscitaient une forte opposition des couches les plus réactionnaires du pays. On dit souvent que le problème a commencé avec l’invasion soviétique, en 1979, qui a soudé la population… Non, le problème a commencé plus tôt. Avant même que l’URSS ne soit entrée en Afghanistan pour soutenir le gouvernement, les États-Unis ont utilisé les Afghans. Pour contrer la révolution, la CIA a armé différents chefs de guerre locaux grâce à des financements saoudiens. Chaque dollar US était complété par un dollar saoudien. Quels chefs de guerre ont été armés et financés ? Le Pachtoune Hekmatyar, le Tadjik Massoud, le général kazakh Dostom et Ismail Khan de Herat. Tous des représentants de la vieille société féodale et tribale. Les éléments les plus réactionnaires, voilà sur qui se sont appuyés les États-Unis ! Ce faisant, les États-Unis ont-ils tendu un piège à l’URSS ? Oui, et d’ailleurs Zbigniew Brzezinski qui gérait alors la politique internationale des USA sous la présidence de Jimmy Carter, s’en est vanté plus tard… Les États-Unis venaient de subir une lourde défaite au Vietnam après deux décennies de guerre coûteuse et impopulaire. Brzezinski développa la théorie du « piège à ours » : profiter de l’occasion pour enliser l’URSS dans son Vietnam à elle. Les Étasuniens ont donc envoyé les « moustiques » pour aller déranger l’ours. Qu’ont fait les États-Unis et les « moustiques » en pratique ? Durant les années 70, ces gens étudiaient à l’université de Kaboul. La plupart d’entre eux devinrent anticommunistes, opposés au parti. Après la révolution de 1979, ils prirent la fuite vers le Pakistan où ils furent recrutés par le service de renseignements pakistanais ISI qui leur fournit des armes via la CIA et l’argent saoudien. Le Pakistan voisin était alors dirigé par le général Zia-ul-Haq qui venait de faire pendre le Premier ministre Bhutto (le père de Benazir). Le Pakistan devint un État fantoche des USA et il servit à organiser l’encadrement et le soutien aux moudjahidines. Pourquoi les USA voulaient-ils cette guerre ? L’Occident traversait une grave crise économique depuis 1973. Pour s’en sortir, il cherchait à ouvrir de nouveaux marchés et à battre l’Union soviétique. De plus, les États-Unis venaient de perdre le contrôle de l’Iran en 1979. Pour toutes ces raisons, ils devaient donc se montrer très agressifs. Vous dites « l’Occident ». Cette volonté de battre l’Union soviétique était partagée par d’autres puissances ? Il existait à l’époque un front anticommuniste mondial qui soutenait le programme du président Reagan. Tous les partis chrétiens-démocrates européens s’y sont engagés pleinement, ainsi que des ONG comme Médecins Sans Frontières. Mais un rôle majeur a été joué par les Saoudiens qui voulaient répandre leur contre-révolution islamique. Ils utilisèrent cette situation qui existait en Afghanistan. Ils embauchèrent de jeunes Arabes et Africains dans les pays européens pour aller faire la guerre en Afghanistan. Même à Bruxelles, à cette époque, les Saoudiens recrutaient ouvertement dans les mosquées pour soutenir les moudjahidines. Il fallait être « solidaire avec les musulmans » et « battre l’Empire du mal ». L’ennemi à abattre était l’Union soviétique. Cette Ligue anticommuniste comprenait aussi les services secrets sud-coréens, la secte Moon, des organisations islamiques radicales créées par les Saoudiens, le Mossad israélien et la CIA. Pourquoi le Pakistan s’est-il retrouvé impliqué dans ce conflit ? Depuis la fin de la deuxième guerre anglo-afghane, le territoire pachtoune est scindé en deux. N’ayant jamais accepté cette frontière, l’État afghan se retrouva en lutte contre son voisin pakistanais. Après l’indépendance du Pakistan, en 1947, l’Afghanistan conclut une alliance avec l’Inde pour combattre ce nouveau pays. La bourgeoisie pakistanaise, quant à elle, souhaitait pouvoir s’étendre sur le marché d’Asie centrale. Elle avait donc besoin d’un État afghan faible et perméable à ses besoins. Zia-ul-Haq a alors désigné les Pachtounes comme seuls responsables de l’apport d’armes aux moudjahidines anti-gouvernementaux. Pourtant, les moudjahidines comportaient non pas un, mais quatre courants ethniques : Pachtoune, Kazakh, Tadjik et Persan. Encore « diviser pour régner »… Évidemment. L’élite pakistanaise ne pouvait se permettre de rassembler ces quatre courants dans un mouvement afghan unique. Elle a donc favorisé la politique de division et de balkanisation de l’Afghanistan pour rendre toute alliance entre eux impossible. Elle ne les a pas armés de manière similaire, mais au contraire elle a favorisé certains et affaibli d’autres. L’URSS quitte l’Afghanistan en 1988, les communistes proposent un gouvernement de coalition, que les moudjahidines refusent. Ces derniers poursuivent la guerre pendant quatre ans pour conquérir les villes. Finalement, le commandant Massoud s’empare de Kaboul, mais ce n’est pas le calme pour autant… La destitution du président Najibullah en 1992 est suivie de l’instauration d’un gouvernement islamique intérimaire. Les seigneurs de guerre se partagent le territoire en fonction de critères ethniques. Le président par intérim Rabbani et le commandant Massoud, à la tête des unités tadjikes, se battent contre le chef pachtoune Hekmatyar pour le contrôle de la capitale. En quatre ans, ces combats coûtent la vie à plusieurs milliers d’Afghans et provoquent l’exode de plus de deux cent mille civils. Pourtant, les chefs de guerre s’étaient mis d’accord pour assumer la présidence par rotation tous les six mois, mais ça ne marchait pas… Le premier président a été le Tadjik Rabbani. Le tapis rouge lui fut déroulé par Reagan à la Maison-Blanche. Il devait céder ensuite sa place au Pachtoune Hekmatyar. Mais après six mois à la tête du pays, il refusa. La guerre civile éclata et Kaboul fut détruite. La capitale d’Afghanistan se trouva durant plusieurs années sans eau courante, ni téléphone, ni électricité. Le bilan de cette grande croisade anticommuniste de l’Occident ne fut pas très positif sur le terrain… Ces chefs de guerre ont détruit douze mille écoles. Tout le système agraire a été désorganisé. Tous les services publics essentiels furent détruits, car c’était « du communisme ». En réalité, les Afghans ont détruit leur potentiel de développement en se lançant dans la croisade anti-communiste que les USA avaient favorisée. Et ça n’a pas fait du bien à la région non plus… Les États-Unis, après s’en être servis, ont jeté les seigneurs de guerre comme un préservatif usagé. Le Pakistan voisin était très affaibli. Détruit par la guerre et forcé d’accueillir de nombreux réfugiés, il n’a tiré aucun profit de la situation. Mais finalement, les États-Unis non plus… Oui, les impérialistes n’ont pas anticipé la création d’Al-Qaïda. Ils n’ont vu que ce qu’ils voulaient voir : leurs intérêts immédiats. Mais la situation mondiale a fortement changé après la chute de l’URSS, avec l’invasion de l’Irak et aussi par l’affaiblissement des économies occidentales… Comment se fait-il que dans cet « Afghanistan libéré », les talibans soient arrivés au pouvoir ? À cause du chaos créé par l’Occident. Les États-Unis avaient manipulé le Pakistan et l’Afghanistan, et ces deux pays étaient en ruine. L’Inde avait gagné en puissance. La bourgeoisie pakistanaise se rendit compte que le monde avait changé. Elle voulut développer son industrie et décréta que le nouveau marché d’Asie centrale lui revenait. Pour se renforcer, elle devait exporter plus de biens vers ces pays. Cela nécessitait un Afghanistan pacifié, car on ne peut pas faire du commerce dans un pays en guerre. Donc, ils ont soutenu les talibans. Qui étaient ces « talibans » ? Aujourd’hui, les États-Unis les combattent, mais en 1996, l’ancienne secrétaire d’État Madeleine Albright avait salué leur arrivée au pouvoir comme « un pas positif »… C’étaient de jeunes Afghans (« talibans » veut dire « étudiants » réfugiés au Pakistan à cause des conflits. Le peuple afghan était fatigué de la guerre et de la misère qu’elle provoquait. Il était lassé de ces chefs de guerre qui ne pensaient qu’à leurs intérêts égoïstes. C’est dans ce contexte que les talibans ont émergé, soutenus par différents acteurs. La Première ministre pakistanaise Benazir Bhutto résumait l’opération ainsi : « L’idée était anglaise, le financement saoudien, la supervision pakistanaise et l’armement américain. » Les talibans sont rentrés en Afghanistan, accueillis favorablement par la population qui leur demanda de faire partir les seigneurs de guerre. En très peu de temps, ils ont conquis 90% de l’Afghanistan. Leur idéologie est très primitive, mais ce sont de bons guerriers. Quels étaient les intérêts des puissances qui soutenaient les talibans ? Les Saoudiens pensaient qu’en soutenant les talibans, ils pourraient exporter leur vision particulière de l’islam wahhabite en Asie centrale. Tandis que les États-Unis pensaient installer un pipeline entre le Pakistan et l’Afghanistan, un pipeline qui aurait amené le pétrole de la mer Caspienne vers le sud de l’Asie, en plein développement, et qui devait apporter de grands profits à la société texane Unocal. Mais pour développer un tel projet, la compagnie pétrolière avait besoin que le pays soit pacifié. Le Pakistan souhaitait également voir la stabilité revenir chez son voisin afghan pour s’ouvrir de nouvelles voies de commerce vers le marché de l’Asie centrale. Chacun avait donc ses propres motivations. Mais ces projets ne tenaient pas compte de l’esprit d’indépendance des Pachtounes et de l’impossibilité de les manipuler. Les talibans ont donc refusé les plans préparés par d’autres. Pourquoi ont-ils refusé la construction de ce pipeline ? Les USA voulaient leur donner 10%, les talibans réclamaient 90%. Ce sont des gens difficiles à approcher et têtus : en mai 2001, six mois à peine avant l’attaque du World Trade Center, le gouvernement US allouait sans aucun résultat une subvention de 43 millions de dollars au régime taliban dans l’espoir de faire aboutir le projet d’Unocal. Avec le 11 septembre, le projet tomba à l’eau et Washington employa la manière forte. Source: Investig’Action (Extrait de la Stratégie du Chaos)
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| Posté le 18-08-2021 à 07:21:00
| Lu sur : https://www.investigaction.net/fr/debacle-en-afghanistan/ Débâcle en Afghanistan 17 Août 2021 TARIQ ALI Le retrait précipité et spectaculaire d’Afghanistan ne doit pas éclipser le bilan nécessaire de l’occupation. En vingt ans, de trop nombreuses victimes, une explosion du trafic de drogue et de la prostitution, une misère endémique… Tariq Ali est là pour nous rappeler le résultat désastreux de l’opération Enduring Freedom dont l’issue n’a rien de surprenant quand on se rappelle les fuites des Afghanistan Papers. (IGA) La chute de Kaboul aux mains des talibans le 15 août 2021 constitue une défaite politique et idéologique majeure pour l’empire américain. Les hélicoptères bondés qui transportaient le personnel de l’ambassade américaine à l’aéroport de Kaboul rappelaient étonnamment les scènes qui se sont déroulées à Saigon – aujourd’hui Hô Chi Minh City – en avril 1975. La rapidité avec laquelle les forces talibanes ont pris d’assaut le pays a été étonnante ; leur perspicacité stratégique remarquable. Une offensive d’une semaine s’est terminée triomphalement à Kaboul. L’armée afghane, forte de 300 000 hommes, s’est effondrée. Beaucoup ont refusé de se battre. En fait, des milliers d’entre eux sont passés du côté des talibans qui ont immédiatement exigé la reddition inconditionnelle du gouvernement fantoche. Le président Ashraf Ghani, coqueluche des médias américains, a fui le pays et s’est réfugié à Oman. Le drapeau de l’émirat renaissant flotte désormais au sommet de son palais présidentiel. À certains égards, l’analogie la plus proche n’est pas Saigon, mais plutôt le Soudan du XIXe siècle, lorsque les forces du Mahdi ont envahi Khartoum et ont terrassé le général Gordon. William Morris célébra la victoire du Mahdi comme un revers pour l’Empire britannique. Pourtant, là où les insurgés soudanais tuèrent une garnison entière, Kaboul a changé de mains sans trop d’effusion de sang. Les talibans n’ont même pas tenté de s’emparer de l’ambassade des États-Unis, et encore moins de cibler le personnel américain. Le vingtième anniversaire de la « guerre contre la terreur » s’est donc soldé par une défaite prévisible et annoncée pour les États-Unis, l’OTAN et ceux qui ont pris le train en marche. Quelle que soit la façon dont on considère la politique des Talibans – j’en suis un critique sévère depuis de nombreuses années – on ne peut nier leur réussite. Durant cette période où les États-Unis ont détruit un pays arabe après l’autre, aucune résistance capable tenir tête à l’occupant n’a jamais émergé. Cette défaite pourrait bien être un tournant. C’est pourquoi les politiciens européens pleurnichent. Ils ont soutenu les États-Unis sans condition en Afghanistan, et ils ont eux aussi subi une humiliation – surtout la Grande-Bretagne. Mais Biden n’a pas eu le choix. Les États-Unis avaient annoncé qu’ils se retireraient d’Afghanistan en septembre 2021 sans avoir atteint aucun de leurs objectifs « libérateurs » : liberté et démocratie, égalité des droits pour les femmes et destruction des Talibans. Même si l’on considère que les États-Unis sont invaincus militairement, les larmes versées par les libéraux aigris confirment l’étendue des dégâts. La plupart d’entre eux – Frederick Kagan dans le New York Times ou Gideon Rachman dans le Financial Times – pensent que le retrait aurait dû être retardé pour tenir les talibans à distance. Toutefois, Biden n’a fait que ratifier le processus de paix initié par Trump, avec le soutien du Pentagone. Ce processus a conduit à la conclusion d’un accord en février 2020 en présence des États-Unis, des Talibans, de l’Inde, de la Chine et du Pakistan. L’establishment de la sécurité aux États-Unis savait que l’invasion avait échoué : les talibans ne pouvaient pas être soumis, quel que soit le temps qu’il restait. L’idée que le retrait précipité de Biden a en quelque sorte renforcé les milices d’en face est absurde. Le fait est qu’en vingt ans, les États-Unis n’ont pas réussi à construire quoi que ce soit qui puisse racheter leur mission. La Zone verte, éclairée de mille feux, a toujours été entourée d’une obscurité profonde que les Zonards ne pouvaient pas comprendre. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, des milliards étaient dépensés chaque année pour climatiser les casernes qui abritent les soldats et les officiers américains, tandis que la nourriture et les vêtements étaient régulièrement acheminés par avion depuis des bases situées au Qatar, en Arabie saoudite et au Koweït. Pas surprenant qu’un immense bidonville se soit développé à la périphérie de Kaboul. Les pauvres s’y rassemblaient pour chercher de la nourriture dans les poubelles. Les faibles salaires versés aux services de sécurité afghans n’ont pas réussi à les convaincre de se battre contre leurs compatriotes. L’armée constituée au cours de deux décennies a été infiltrée très tôt par des partisans des talibans. Des partisans qui ont donc été formés gratuitement à l’utilisation d’équipements militaires modernes et qui ont servi d’espions pour la résistance afghane. Telle était la misérable réalité de l' »intervention humanitaire ». Mais il faut rendre à César ce qui lui appartient : le pays a connu durant cette période une augmentation considérable de ses exportations. Durant les années où les talibans étaient au pouvoir, la production d’opium était strictement contrôlée. Depuis l’invasion américaine, elle a augmenté de façon spectaculaire et représente aujourd’hui 90 % du marché mondial de l’héroïne – ce qui amène à se demander si ce conflit prolongé ne doit pas être considéré, en partie du moins, comme une nouvelle guerre de l’opium. Des billions de dollars de profits ont été engrangés et partagés entre les secteurs afghans qui ont servi l’occupation. Les officiers occidentaux ont été grassement payés pour permettre ce commerce. Un jeune Afghan sur dix est désormais opiomane. Les chiffres concernant les forces de l’OTAN ne sont pas disponibles. En ce qui concerne le statut des femmes, rien n’a vraiment changé. Il y a eu peu de progrès sociaux en dehors de la zone verte infestée d’ONG. L’une des principales féministes d’Afghanistan en exil a souligné que les femmes afghanes avaient trois ennemis : l’occupation occidentale, les talibans et l’Alliance du Nord. Avec le départ des États-Unis, dit-elle, il leur en restera deux. (À l’heure où nous écrivons ces lignes, on peut peut-être dire qu’il n’y en a plus qu’un, car les avancées des talibans dans le nord ont eu raison de factions clés de l’Alliance avant la prise de Kaboul). Malgré les demandes répétées des journalistes et des militants, aucun chiffre fiable n’a été publié sur l’industrie du sexe qui s’est développée pour servir les armées d’occupation. Il n’existe pas non plus de statistiques crédibles sur les viols, bien que les soldats américains ont fréquemment eu recours à la violence sexuelle contre les « présumés terroristes », ont violé des civils afghans et ont autorisé les milices alliées à abuser des enfants. Pendant la guerre civile yougoslave, la prostitution a considérablement augmenté et la région est devenue le centre d’un trafic sexuel. L’implication des Nations unies dans ce commerce lucratif a été bien documentée. En Afghanistan, tous les détails n’ont pas encore été révélés. Plus de 775 000 soldats américains ont combattu en Afghanistan depuis 2001. 2 448 d’entre eux ont été tués, tout comme près de 4 000 contractants américains. Environ 20 589 ont été blessés au combat, selon le ministère de la Défense. Le nombre de victimes afghanes est difficile à calculer, car les « morts de l’ennemi », qui incluent des civils, ne sont pas comptabilisées. Carl Conetta, du Project on Defense Alternatives, a estimé qu’entre 4 200 et 4 500 civils avaient été tués à la mi-janvier 2002 à la suite de l’offensive américain. Il s’agissait soit de victimes directes de la campagne de bombardements aériens, soit de victimes indirectes dans le contexte de la crise humanitaire qui a suivi. En 2021, l’Associated Press rapportait que 47 245 civils avaient péri à cause de l’occupation. Les militants afghans des droits civils ont donné un total plus élevé, insistant sur le fait que 100 000 Afghans (dont beaucoup de non-combattants) étaient morts, et que trois fois plus avaient été blessés. En 2019, le Washington Post a publié un rapport interne de 2 000 pages que le gouvernement fédéral US avait commandé pour disséquer les échecs de sa guerre la plus longue: » The Afghanistan Papers « . Il était basé sur une série d’entretiens avec des généraux américains (retraités et en activité), des conseillers politiques, des diplomates, des travailleurs humanitaires, etc. La combinaison de leurs évaluations était accablante. Le général Douglas Lute, le « tsar de la guerre en Afghanistan » sous Bush et Obama, a avoué que « nous étions dépourvus d’une compréhension fondamentale de l’Afghanistan – nous ne savions pas ce que nous faisions… Nous n’avions pas la moindre idée de ce que nous entreprenions… Si seulement le peuple américain connaissait l’ampleur de ce dysfonctionnement ». Un autre témoin, Jeffrey Eggers, Navy Seal à la retraite et membre du personnel de la Maison-Blanche sous Bush et Obama, a souligné le vaste gaspillage de ressources : « Qu’avons-nous obtenu pour cet effort de 1 000 milliards de dollars ? Cela valait-il 1 000 milliards de dollars ? … Après l’assassinat d’Oussama ben Laden, j’ai dit qu’Oussama riait probablement dans sa tombe aquatique en pensant à tout ce que nous avions dépensé pour l’Afghanistan ». Il aurait pu ajouter : « Et nous avons quand même perdu ». Qui était l’ennemi ? Les talibans, le Pakistan, tous les Afghans ? Un soldat américain en service depuis longue date était convaincu qu’au moins un tiers des policiers afghans étaient toxicomanes et qu’une autre partie non négligeable était des partisans des talibans. Cela posait un problème majeur aux soldats américains, comme en témoignait en 2017 un haut gradé anonyme des forces spéciales : ‘Ils pensaient que j’allais venir les voir avec une carte pour leur montrer où vivent les bons et les méchants… Il a fallu plusieurs conversations pour qu’ils comprennent que je n’avais pas cette information entre les mains. Au début, ils ne faisaient que demander : « Mais qui sont les méchants, où sont-ils ? »‘. Donald Rumsfeld a exprimé le même sentiment en 2003. glal écrivait-il. « Je lis tous les renseignements provenant de la communauté, et il semble que nous en sachions beaucoup, mais en fait, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que nous n’avons rien d’exploitable. Nous sommes terriblement déficients en matière de renseignements humains ». L’incapacité à faire la distinction entre un ami et un ennemi pose un sérieux problème – non seulement sur le plan Schmittéen[1], mais aussi sur le plan pratique. Si vous ne pouvez pas faire la différence entre vos alliés et vos adversaires après un attentat à la bombe artisanale dans un marché bondé du centre-ville, vous réagissez en vous attaquant à tout le monde et vous vous créez ainsi davantage d’ennemis. Le colonel Christopher Kolenda, conseiller de trois généraux en exercice, a souligné un autre problème de la mission américaine. La corruption était omniprésente dès le début, dit-il ; le gouvernement Karzai s’était « auto-organisé en une kleptocratie ». Cela a sapé la stratégie de l’après 2002, qui consistait à construire un État capable de survivre à l’occupation. « La petite corruption, c’est comme un cancer de la peau, il y a des moyens de s’en débarrasser et vous vous en sortirez probablement très bien. La corruption au sein des ministères, à un niveau plus élevé, est comme un cancer du côlon ; c’est pire, mais si vous l’attrapez à temps, vous vous en sortirez probablement. La kleptocratie, en revanche, c’est comme un cancer du cerveau ; c’est fatal ». Bien sûr, l’État pakistanais – où la kleptocratie est ancrée à tous les niveaux – survit depuis des décennies. Mais les choses n’étaient pas si faciles en Afghanistan. Les efforts pour construire la nation étaient menés par une armée d’occupation et le gouvernement central n’y bénéficiait que d’un faible soutien populaire. Qu’en est-il des fausses informations selon lesquelles les talibans étaient mis en déroute et ne reviendraient jamais ? Un haut responsable du Conseil national de sécurité a réfléchi aux mensonges diffusés par ses collègues : « C’était leurs explications. Par exemple, les attaques [des talibans] s’aggravent ? « C’est parce qu’il y a plus de cibles sur lesquelles ils peuvent tirer, donc la multiplication des attaques est un faux indicateur d’instabilité. » Puis, trois mois plus tard, les attaques s’aggravent toujours ? « C’est parce que les talibans sont de plus en plus désespérés, donc c’est en fait un indicateur que nous sommes en train de gagner »… Et cela n’a pas cessé pour deux raisons: pour que toutes les personnes impliquées ne perdent pas la face, et pour faire croire que les troupes et les ressources avaient des effets bénéfiques tandis qu’un retrait entraînerait la détérioration du pays. » Tout cela était un secret de polichinelle dans les chancelleries et les ministères de la Défense des États européens membres de l’OTAN. En octobre 2014, le secrétaire britannique à la Défense Michael Fallon a admis que » des erreurs ont été commises sur le plan militaire, des erreurs ont été commises par les politiciens de l’époque et cela remonte à 10, 13 ans… Nous n’allons pas renvoyer des troupes de combat en Afghanistan, en aucune circonstance. » Quatre ans plus tard, la Première ministre Theresa May a redéployé des troupes britanniques en Afghanistan, doublant le nombre de combattants « pour aider à faire face à la situation sécuritaire fragile ». Aujourd’hui, les médias britanniques se font l’écho du Foreign Office et reprochent à Biden d’avoir fait le mauvais choix au mauvais moment. Le chef des forces armées britanniques, Sir Nick Carter, a même suggéré qu’une nouvelle invasion pourrait être nécessaire. Les députés conservateurs, les nostalgiques de la colonisation, les journalistes de service et les lèche-bottes de Blair font la queue pour demander une présence britannique permanente dans cet État déchiré par la guerre. Ce qui est étonnant, c’est que ni le général Carter ni ses relais ne semblent avoir reconnu l’ampleur de la crise à laquelle est confrontée la machine de guerre américaine, telle qu’elle est pourtant exposée dans « The Afghanistan Papers ». Alors que les planificateurs militaires américains se sont lentement éveillés à la réalité, leurs homologues britanniques s’accrochent toujours à une image fantasmée de l’Afghanistan. Certains affirment que le retrait mettra la sécurité de l’Europe en danger, car Al-Qaïda se regroupera sous le nouvel Émirat islamique. Mais ces prévisions sont fallacieuses. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont passé des années à armer et à aider Al-Qaïda en Syrie, comme ils l’ont fait en Bosnie et en Libye. De tels propos alarmistes ne peuvent fonctionner que dans un marais d’ignorance. L’opinion britannique en tout cas ne semble pas tomber dans le panneau. L’histoire impose parfois des vérités urgentes à un pays par une démonstration éclatante des faits ou une mise à nu des élites. Le retrait actuel est susceptible d’être l’un de ces moments. Les Britanniques, déjà hostiles à la guerre contre le terrorisme, pourraient durcir leur opposition aux futures conquêtes militaires. Que nous réserve l’avenir ? Reproduisant le modèle développé pour l’Irak et la Syrie, les États-Unis ont annoncé la création d’une unité militaire spéciale permanente, composée de 2 500 hommes. Cette unité sera stationnée sur une base koweïtienne, prête à se rendre en Afghanistan pour bombarder, tuer et mutiler si cela s’avère nécessaire. Entre-temps, une délégation talibane de haut niveau s’est rendue en Chine en juillet dernier, s’engageant à ce que leur pays ne soit plus jamais utilisé comme rampe de lancement pour des attaques contre d’autres États. Des discussions cordiales ont eu lieu avec le ministre chinois des Affaires étrangères, portant apparemment sur les liens commerciaux et économiques. Le sommet a rappelé des rencontres similaires entre les moudjahidines afghans et les dirigeants occidentaux dans les années 1980 : les premiers apparaissaient avec leurs costumes wahhabites et leurs barbes taillées de façon réglementaire dans le décor spectaculaire de la Maison-Blanche ou du 10 Downing Street. Mais aujourd’hui, avec la perte de vitesse de l’OTAN, les principaux acteurs sont la Chine, la Russie, l’Iran et le Pakistan (qui a sans aucun doute fourni une assistance stratégique aux talibans, et pour qui il s’agit d’un énorme triomphe politico-militaire). Aucun d’entre eux ne souhaite une nouvelle guerre civile, contrairement aux États-Unis et à leurs alliés après le retrait soviétique. Les relations étroites que la Chine entretient avec Téhéran et Moscou pourraient lui permettre d’œuvrer à l’instauration d’une paix fragile pour les citoyens de ce pays traumatisé, avec une aide continue de la Russie dans le nord. On a beaucoup insisté sur l’âge moyen en Afghanistan : 18 ans, pour une population de 40 millions d’habitants. En soi, cela ne signifie rien. Mais il y a un espoir que les jeunes Afghans s’efforcent d’avoir une vie meilleure après quarante ans de conflit. Pour les femmes afghanes, la lutte est loin d’être terminée, même s’il ne reste qu’un seul ennemi. En Grande-Bretagne et ailleurs, tous ceux qui veulent continuer à se battre doivent prêter attention aux réfugiés qui frapperont bientôt aux portes de l’OTAN. Au minimum, l’Occident leur doit bien un refuge… Source: New Left Review Traduit de l’anglais par Investig’Action Note: [1] Proche du parti nazi avant d’en être écarté, le juriste Carl Schmitt considérait que la distinction entre l’ami et l’ennemi définissait la politique. Selon lui, la guerre était ainsi l’acte politique par excellence. (NDLR)
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