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 Les communistes au sein du P"C"F

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Xuan
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   Posté le 08-02-2013 à 11:31:55   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur Europe 1 :

Le PCF lâche la faucille et le marteau


…« Pour les cadres du parti, c'est un faux problème. Et beaucoup s'indignent que le débat se fasse sur ce terrain... et éclipse au passage les autres. "Je suis scandalisé. Le Congrès du parti s'ouvre par des interventions de salariés d'entreprises en crise, comme Petroplus, par des dirigeants internationaux qui viennent nous parler des militantes kurdes tuées à Paris, par des discussions sur l'avenir du parti et on parle de sujets comme ça. Je ne commenterai pas des problèmes d'intendance ", a ainsi réagi Patrice Bressac, le porte-parole du PCF, contacté par Europe1.fr. »


Sur le site "faire vivre et renforcer le pcf" :

Une étoile qui se vide de sa substance rouge
Recollons la faucille et le marteau sur nos cartes !


«Nous avons découvert la suppression du marteau et de la faucille en recevant nos nouvelles cartes. Les outils comme nous le disons avaient disparus, laissant place a l'étoile à moitié rouge, du PGE. Tout un symbole en somme.
Notre sigle est une étoile qui se vide de sa substance rouge.
Nous avons aussi découvert que cette carte nous faisait membre de la gauche européenne.
Tout cela a été décidé dans notre dos, n'a pas fait l'objet d'un débat avec les communistes.
Il y a une sorte de cabinet noir qui décide et nous met devant le fait accompli, raison pour laquelle nous pensons que la fusion-absorption dans le front de gauche se fera par la bande, sans que là non plus, nous en discutions vraiment.

Il me semble que la campagne de dénigrement dirigée contre ceux qui représentent et défendent un point de vu "orthodoxe" (condamnation de l'impérialisme, de son jumeau le sionisme, de l'Europe prison des peuples, du capitalisme en adoptant son contraire le socialisme, c'est a dire le processus de liquidation de la propriété privée des moyens de productions et d'échanges, le sociétal et ses corporatismes communautaires), vient en appui à ces grandes manœuvres, qui doivent interdire (j'entends d'un point de vue raisonnable, celui de la pensée) toute idée s'appuyant sur une volonté de sortir du capitalisme en dehors des voies admises par les institutions bourgeoises, entre autre par le recours a la violence, ce qu'a rappelé fermement hier le ministre de l'intérieur, autrement dit de tout ce qui pourrait permettre au peuple de sortir des formes construites par la société bourgeoise pour maintenir sa domination.

Une véritable police de la pensée existe, dont nous voyons concrètement cette semaine l'activité, mise en place par les appareils idéologiques d'état qui n'ont jamais été aussi puissants depuis qu'Althusser en a postulé les concepts dans son ouvrage "position", l'élément nouveau étant toutefois le ralliement à ce dispositif du parti communiste et de la presque totalité des organisations gauchistes d'hier ( le concept ne veux plus dire grand chose du point de vu de son acceptation post soixante huitarde mais reprend par contre tout son sens du point de vu développé par Lénine)

Pour notre part nous avons trouvé une formule qui détourne cette carte social démocrate pour la ramener à sa fonction d'origine, celle de membre d'un parti communiste de type léniniste, en fabricant des petites autos collants avec faucille et marteau.

Faites le savoir, et adressez vous à la section de Vénissieux ou par l'intermédiaire du site faire vivre le pcf pour vous en procurer ou fabriquez en vous même. Nous appellerons ce comportement la "désobéissance des communistes" ,
ce qui vaut mieux que ce "silence des communistes" faisant titre à un livre italien porté au théâtre qui noue son récit autour de la liquidation du pci et du courant politique qui en Italie le portait, traduisant par là la torpeur qui a saisi les hommes et les femmes du plus grand parti communiste d'Europe, ce grand parti de masses qui à la libération su mener des luttes de grandes porté pour tirer le peuple vers son émancipation et le progrès social mais qui s'est arrêté en chemin miné par le réformisme et l'opportunisme, livrant ce peuple à la démagogie fascisante et corrompue des Berlusconi et autres mercenaires du système bancaire mondial ( fmi,gordon brother et companie ).

Disons le par cet acte symbolique nous refusons de disparaître comme courant historique, émanation de la classe ouvrière révolutionnaire, nous gardons, pour nous distinguer le signe de cette fierté, celle qui symbolise sur font rouge l'alliance des travailleurs des villes et des champs, des hommes et des femmes (puisque la faucille est un instrument féminin: voir sur le site réveil communiste l'article sur l'histoire du marteau et de la faucille) »


Gilbert Remond


Edité le 19-02-2013 à 20:05:56 par Xuan




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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Eric
Jeune Communiste
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   Posté le 08-02-2013 à 13:56:20   Voir le profil de Eric (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Eric   

La suite logique de la social-démocratisation du parti avant sa disparition pure et simple .
Car le créneau social-démocrate est déjà occupé par un ps hégémonique .
Cà remonte à plusieurs années .
Interwiew de Thorez au Times , en 1946 , qui avant K admet la possibilité d'arriver au socialisme par la voie pacifique , les élections ; donc sans révolution violente .
Soutien au révisionniste K contre le PCC et le PTA .
Soutien au candidat unique de la gauche en 1965 .
Programme commun de gouvernement avec la bourgeoisie social démocrate en 1972 .
Abandon de la dictature du prolétariat en 1976 et du marxisme-léninisme en 1979 .
Participation au gouvernement social-démocrate en 1981 .
etc...


Edité le 08-02-2013 à 14:01:05 par Eric




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Xuan
Grand classique (ou très bavard)
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   Posté le 08-02-2013 à 15:15:08   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

La transformation du P"C"F en parti social-démocrate était engagée en effet depuis de longues années.
La lutte idéologique entre deux voies existe dans tout parti communiste, de sa naissance jusqu'à sa mort, et se manifeste dans ses actes et dans ses positions.

Pour nous la ligne révisionniste l'avait emporté de façon irréversible lors de la controverse sino-soviétique et n'a jamais pu être redressée malgré toutes les tentatives des communistes restés fidèles aux principes marxistes-léninisme, que ce soit à l'intérieur du P"C"F, ou dans la tentative de créer le PCMLF, ou dans les efforts de tous les groupes ou organisations qui ont lutté séparément pour un parti communiste authentique, et qui s'emploient à retrouver nos racines par l'étude du matérialisme-dialectique et son application à notre société.

Aujourd'hui la crise du capitalisme, le bellicisme des monopoles français à l'étranger, les coups qu'ils nous portent ici et à d’autres peuples d’Europe nous montrent que ce parti est indispensable pour réaliser la révolution prolétarienne et le socialisme.

La dissolution inévitable du P"C"F dans le Front de Gauche et la social-démocratie, à l'image de la LCR dissoute vainement dans le NPA, engendrera nécessairement son contraire.
Nous parviendrons à nous unir dans le Parti Communiste qui nous fait tant défaut en considérant à la fois nos divergences et nos points communs, avec franchise mais dans un débat "au sein du peuple" .

Ci-dessous un courrier adressé par Antoine Manessis, qui répond au premier :



Chers Camarades,

Il y a longtemps que la faucille et le marteau ont disparu du PCF, de l'Huma, des drapeaux..... L'escamotage des outils est allé de paire avec le reniement des principes communistes. Avec l'abandon d'un projet politique communiste. Avec la désertion de l'histoire communiste. Avec la démolition de l’originalité de l'organisation communiste.
La suppression des outils sur la carte du PCF-PGE n'est que l'aboutissement d'un long processus que nous communistes du PRCF dénonçons depuis des années.

Il ne s'agit pas en disant cela d'une remarque du genre "on vous l'avez bien dit !"....Non camarades ! Cela est un appel à nous unir, à unir les communistes, à l'unité d'action de tous les vrais communistes. Nous ne pouvons plus nous permettre l'éparpillement parce que nous avons des responsabilités historiques vis à vis de la classe ouvrière, du peuple et de la nation.

Unissons-nous comme le PRCF le propose dans une campagne commune sur des positions qui nous sont communes et de toutes les façons possibles.

Salut fraternel.


AM


Edité le 08-02-2013 à 15:18:19 par Xuan




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contrairement à une opinion répandue, le soleil brille aussi la nuit
Xuan
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   Posté le 19-02-2013 à 20:26:19   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Nous devons étudier avec attention les prises de positions des communistes sincères, qu'ils soient adhérents ou non du parti révisionniste, et quelle que soit la façon dont ils envisagent la lutte pour un authentique parti communiste, que nous partagions entièrement leurs vues ou pas.
Sur le fond notre objectif est le même et nous ne pourrons pas l'atteindre si nous ignorons ce qui nous sépare et ce qui nous unit.
Ci-dessous l'appel de la Cellule ouvrière du bassin minier ouest du Pas-de-Calais aux militants restés fidèles aux idéaux et aux valeurs du communisme :


___________________________


"C'est en lisant et en analysant les derniers écrits du PCF qu'il a été décidé de nous adresser aux adhérents sincères du PCF qui ont su conserver des valeurs marxistes et donc aussi aux communistes en dehors du PCF. D'où ce n°36 de nos cahiers."

Les Cahiers communistes du « Comité de Base » : comibase@gmail.com n°36/19-02-2013

A nos Camarades sincères de la base du PCF, fidèles aux idéaux et aux valeurs du communisme.


Ceci n’est qu’un simple message qui s’adresse aux adhérentes et adhérents sincères, fidèles et dévoués du Parti Communiste Français, pour leur dire que le combat des communistes, adhérents ou non du PCF, élus et non élus, est juste. Mais il s’adresse aussi et objectivement, aux –adhérents- opportunistes, élus et non élus du PCF, qui ont des intérêts personnels à défendre et qui trop souvent se cachent et se trouvent bien loin des préoccupations des masses populaires exposées à la vindicte du capital.

Notre cellule ouvrière est toute jeune puisque créée en septembre 2012 par des camarades ouvriers marxistes, aguerris dans la lutte des classes de terrain mais aussi à la réflexion révolutionnaire sur une base concrète [certains sont toujours adhérents du PCF sans que cela nous pose le moindre problème].

Nous n’avons pas l’intention d’être un parti mais nous constatons qu’on ne peut plus agir comme des moustiques, même nombreux et déterminés, voulant tuer un éléphant, car sa carapace est trop épaisse.

Un parti révolutionnaire est nécessaire, et même plus, il est indispensable dans une société capitaliste bâtie sur un principe de classes que tout oppose et qui ne subsiste que par l’exploitation des travailleurs et la spoliation des plus-values créées par le travail et le libre échangisme concurrentiel.

Un parti communiste est indispensable, [même si certains pensent qu’il y a d’autres solutions qui n’ont pas encore été pensées (la tête dans les étoiles) quand d’autres parlent de 3ème voie] puisqu’à un moment de notre histoire humaine au sein de l’espace-temps, ce sera soit la victoire des idéaux communistes tels que Marx, Engels et Lénine les ont scientifiquement définis, ou à l’inverse la pire des barbaries capitalistes comme l’ont anticipé des films de science-fiction qui avec le temps, deviennent des réalités.


Le PCF entend dans son dernier (au sens propre comme au sens figuré ) congrès, rallumer les étoiles, mais lesquelles ? Celles qui ornent le drapeau de l’Europe supranationale impérialiste qui pendant 40 ans a combattu le communisme pour détruire un espoir pour les peuples opprimés et livrés à la barbarie capitaliste paroxystique [en référence à la période d'une maladie dans laquelle les symptômes atteignent leur maximum]? Celles de la piste où les éléphants paradent vêtus de rose…, ou celles que l’on voit après avoir été assommé lors d’un combat inégal et truqué ?

Mais avant de rallumer les étoiles et d’explorer l’univers pour tenter de trouver des réponses et des solutions dans la stratosphère, il faut revenir sur Terre. Car ici-bas, la situation de notre classe sociale est de plus en plus préoccupante, elle est minée par la division et l’attentisme, elle est affaiblie par l’individualisme de survie et le sentiment d’être totalement impuissant pour faire face à une machine à broyer qu’elle soit actionnée par le pouvoir politique ou le pouvoir patronale, alliés de circonstance dans l’ultralibéralisme.

La philosophie, soit-elle de classe, est nourrissante pour les esprits intellectuels ou pour les experts formés à la pratique de la dialectique, mais elle ne nourrit ni les estomacs qui crient famine ni ne résout les problèmes concrets.

Or nous sommes atteints par une « philosophite » aigüe qui nous éloigne du réel, elle entend trouver des solutions en état d’apesanteur, ce qui fait que nous marchons sur la tête. Aussi, pour être dans la philosophie simpliste et accessible à tous, soyons plus terre à terre sur les problèmes concrets dans une situation concrète, mais quelle est-elle ?

Un parti communiste est le parti qui doit, pas à pas, en tenant compte des réalités concrètes, organiser politiquement la classe opprimée afin que celle-ci se débarrasse définitivement du capitalisme.

Et il n’y a ni « icône » ni « guide suprême » ni « mysticisme » dans le communisme, mais des révolutionnaires disciplinés, formés et aguerris à la réalité de la lutte des classes, qui ont la capacité d’entraîner les larges masses opprimées dans l’action politique afin de contraindre et de mettre en contradiction la classe dogmatique qui les opprime dans un régime capitaliste.

C’est donc par la présence centralisée sur le terrain et par l’action unifiée, organisée et disciplinée, mais aussi par la diffusion de tracts et le collage d’affiches en permanence, en se basant sur les problèmes concrets, que le parti renforce ses liens avec la masse la plus large de travailleurs.
Mais aussi, avec ce travail dans la masse, le parti renforce la confiance et la conscience de classe qui sont des éléments déterminants, notamment dans une période de grave crise économique et sociale.

En effet, quand les travailleurs subissent le chômage de masse et la réduction de leurs droits, il y a des conséquences directes : une aggravation de l’individualisme de survie qui mène à une concurrence entre travailleurs eux-mêmes, en commençant par les immigrés qu’ils soient avec ou sans papiers, puis avec les bénéficiaires des minima sociaux : mais aussi une augmentation de la colère tous azimuts, alimentée tactiquement par les partis politiques bourgeois et par les mouvements agitateurs de l’extrême-droite, qui trouvent des intérêts à cette division dans la classe sociale opprimée, et cette colère incontrôlée peut rapidement amener à une fascisation de l’Etat et à une forte répression au sein de cette classe même.

Toutes les sections et cellules communistes ont cette capacité de déploiement régulier dans les masses populaires [ce que certaines organisations syndicales de luttes de classes sont capables de mettre en œuvre localement] mais il est de constater que ces tâches pourtant prioritaires sont loin d’être réalisées, soit par manque de motivation ou d’intérêt à être liés à la classe, soit par manque d’organisation et de discipline communiste : ceci étant un signe de l’empreinte opportuniste et carriériste qui gangrène les avancées révolutionnaires. Pourtant, il n’y a pas de détail, chaque revendication est importante.

Voilà pourquoi dès le début de ce texte, nous nous adressions aussi aux éléments opportunistes qui ont adhéré et trouvé dans les sections ou les cellules, une forme de refuge, pour se protéger et défendre leurs propres intérêts, sans toutefois se lier avec la réalité des masses les plus déconscientisées et les plus opprimées. De plus, ils n’ont pas à exposer leur position personnelle souvent contraire aux principes.

Il est donc important de se débarrasser de cette tradition social-démocrate qui malheureusement sévit au sein même de nos organisations communistes, puisqu’elle empêche d’enrayer le mécanisme bien huilé de la machine étatique bourgeoise, et de rompre avec les institutions quasiment monarchistes toujours montrées comme des fleurons de la démocratie, alors qu’elles sont dirigées par des éléments bourgeois qui actionnent, au gré des majorités de l’alternance, les rouages de l’exploitation capitaliste.

Ainsi, en se débarrassant implacablement des obstacles que représentent les opportunistes [introduits au sein du parti communiste pour le réformer de l’intérieur] qui fricotent comme des nababs avec les opportunistes de la démocratie bourgeoise et nuisent directement aux intérêts de l’organisation communiste érigée en parti, il se crée de fait les conditions de l’aiguisement des rapports entre classes sociales antagoniques. Cet assainissement nécessaire permet l’épanouissement de l’avant-garde composée d’ouvriers avancés et aguerris à la lutte de classe, mais trop souvent étouffée par les compromis électoralistes de bas étage, qui ne permettent plus l’expression révolutionnaire dans la lutte historique de la classe ouvrière et de son parti, contre le capitalisme et pour le socialisme.

Tout cela ne veut pas dire qu’il faut rompre avec les élections, au contraire puisqu’elles permettent de dégager une plate-forme sur une ligne politique centralisée, organisée et disciplinée dans l’intérêt des masses populaires, et de la mesurer [théorie-pratique-théorie] avec la réalité concrète des masses, qui a été apprise, éprouvée et constatée par la présence sur le terrain, par l’action unifiée, organisée et disciplinée pour leurs revendications, par la diffusion permanente de tracts et par les collages d’affiches.

Nous prônons donc pour une discipline de travail basée sur la fraternité et l’humanité, mais qui met systématiquement en contradiction les pratiques gauchistes, les droitiers, les opportunistes et les différents éléments de la bourgeoisie, sociaux-démocrates-libéraux et fascistes.

Le Parti devient ainsi un instrument de lutte contre la droitisation et la fascisation des esprits mais aussi une tribune du Peuple pour rassembler les masses populaires exploitées et opprimées par le capitalisme, qu’elles soient au travail ou sans travail, françaises ou immigrées, et sans distinction de couleurs, de nationalités et même de religions. Une tribune populaire qui permet ainsi la solidarité locale et internationaliste, et le développement sous diverses formes de la culture qui fait cruellement défaut.

Ce minimum de travail organisé, permet de compter nos forces réelles et d’en attirer d’autres, afin d’exercer un contrôle démocratique des instances et des élus, mais aussi des militants professionnels entièrement dévoués au Parti Communiste et aux principes du léninisme.

Ce Parti est loin d’être « foutu » ou un Parti du passé avec de vieilles idées, comme la bourgeoisie voudrait le faire croire. Mais il a un travail à faire pour espérer conserver son titre de Communiste.

C’est ce que nous avons exposé par ce simple message qui s’adresse donc à l’ensemble des Communistes qui ont conservé les valeurs de la science marxiste-léniniste, tellement d’actualité.


Edité le 19-02-2013 à 20:53:28 par Xuan




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Xuan
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   Posté le 19-02-2013 à 20:39:09   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Ci-dessous une page du blog PCF du Jarnisy - Section Henri Bezon (Meurthe et Moselle) :

SYMBOLE DE LA REMISE DE CARTE 2013



Sous la Faucille et le Marteau qui est le symbole de classe de l’unité de tous les travailleurs et de tous ceux qui souffrent, le point historique de résistance contre la politique d’écrasement du capital, j’ai pris plaisir à remettre, en tant que Secrétaire de Section du Jarnisy, la carte 2013 qu’Evariste Vicini 88 ans, militant communiste depuis 1946, est venu chercher à la permanence.

Nous symbolisons ensemble l’union révolutionnaire de cette nouvelle génération de militants qui viendrait à l’ancienne, attachée à certains principes qu’ils ne veulent pas remettre en cause.


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Ce blog publie également l'appel d'Emmanuel Dang Tran :

36ème congrès du PCF : jusqu’où emporteront-ils leur « Front de gauche » ? Faire vivre et renforcer le PCF !


La phase finale du 36ème congrès du PCF a commencé le 7 février.
Les communistes auront attendu 4 ans et demi la tenue d’un congrès ordinaire, pourtant prévue statutairement tous les 3 ans. Ils auront eu le droit à un non-congrès, un congrès ficelé.
La vraie question stratégique, structurante, le « Front de gauche », sa nature, son bilan a été soigneusement esquivée.
Le seul moment où elle aurait pu être discutée, le vote sur les motions de congrès, a été escamoté. Les adhérents n’ont eu que quelques jours en décembre, au mieux, pour prendre connaissance des textes alternatifs, noyés dans des dizaines d’autres textes, avant d’être « consultés ».
Le lendemain de ce vote, parfois incrédules, les camarades peuvent découvrir le point d’arrivée du congrès. Les nouvelles cartes, décidées unilatéralement, commencent seulement à être remises. La faucille et le marteau ont disparu, remplacés par l’étoile du Parti de la gauche européenne dont nous ne sommes pas adhérents individuellement et par le slogan gentillet du Front de gauche, « l’Humain d’abord », titre d’un programme décidé hors des communistes.
Nous invitons tous les communistes à refuser ce coup de force et à demander le retour de vraies cartes du Parti.

Le texte de la direction « Rallumons les étoiles » a ensuite joué pleinement son rôle de diversion, diluant les sujets cruciaux dans des discussions sur formules oiseuses.
Quel contraste avec la clarté d’autres textes, discutés ailleurs et par d’autres, mais que l’on entend imposer aux adhérents du PCF ! Des résolutions, négociées avec les « partenaires » du Front de gauche, portant sur la stratégie commune et sur le développement de structures parallèles chapeautant le PCF, comité locaux, conseil national, secrétariat du Front de gauche etc. viennent d’être rendues publiques.

Au 34ème congrès, en 2008, on a fait approuver aux communistes le principe de « fronts de lutte ». Puis, 10 jours avant le congrès national, alors que tous les congrès départementaux étaient passés ou presque, l’alliance nationale est scellée avec Jean-Luc Mélenchon.
Rebelote cette année, 10 jours avant le congrès national, dans la discrétion d’un article de l’Huma, on annonce l’existence des textes structurants du Front de gauche, nouvelle organisation politique encadrant le PCF.
La ratification de cet accord devrait faire l’objet d’un vote national des communistes. Nous le demandons, au vu de sa gravité.

Comment admettre que les initiatives nationales futures, engageant le PCF et les communistes, soient décidées, par les partis, lobbys et groupuscules du Front de gauche, suivant la règle du « consensus » entre organisations.
Par exemple, l’avant-garde du processus de mutation-disparition du PCF, les « refondateurs », réunis maintenant dans la FASE, ont quitté le PCF par la porte : ils y rentrent par la fenêtre du Front de gauche, toujours pour faire disparaître le Parti qui a donné à certains de si bonnes positions de notables.
Si le Front de gauche était un « nouveau Front populaire », pourquoi esquiver le débat, se défier à ce point des communistes ?

C’est bien là le problème : la perspective politique portée par le Front de gauche!
Sur une posture gauchisante, il a bien joué le rôle d’appoint électoral du PS, semant des illusions dont ses leaders prétendent maintenant revenir. Aux millions qui ont manifesté et lutté ces dernières années, le Front de gauche a indiqué une perspective enfermée dans le cadre institutionnel des échéances électorales. Les positions communistes de rupture ont été abandonnées, notre organisation spécifique encore plus effacée.

Les élections passées, la logique du Front de gauche continue.
Qu’on le veuille ou non – cela fait partie des sujets évincés du congrès – le recours à Mélenchon pour réussir là où les collectifs antilibéraux avaient échoué en 2007, a mis notre Parti entre ses mains, tant qu’il y aura le Front de gauche.
Suivant sa logique politicienne, Mélenchon s’est d’abord reporté sur … les présidentielles de 2017. Maintenant, il se concentre sur une perspective plus proche : les élections européennes de 2014. Il part à la débauche d’amis Verts ou socialistes « de gauche », Maastrichiens comme lui. La constitution, avec le Front de gauche, d’un deuxième pôle social-démocrate, aux accents contestataires et tribuniciens, en concurrencer à « gauche » de la liste du PS en 2014. Et Mélenchon de revendiquer le poste de premier ministre de Hollande !
Dans le même temps, au sein du Front de gauche, reviendra au PCF l’image, notamment à l’occasion des municipales, de suppôt de ce PS. La stratégie du Front de gauche lui a déjà coûté la moitié de ses députés et de ses conseillers régionaux…

La poursuite de l’effacement du PCF, avec le Front de gauche, c’est un contresens par rapport aux luttes et à leurs aspirations.
En 2006, avec les collectifs antilibéraux, on a cherché à imposer une candidature non communiste aux présidentielles. Les communistes ont mis en échec cette opération. En 2007 puis 2008, ils ont mis en échec la remise en cause par la direction elle-même de l’existence même du Parti. Au lieu de changer de cap, l’équipe dirigeante a persévéré et trouvé, avec le Front de gauche, une nouvelle formule, pour continuer le processus de mutation-disparition de notre parti et de ses positions. En 2010, dans un congrès non statutaire, elle impose les candidatures, structurantes, de Mélenchon et du Front de gauche aux législatives. Tout cela, il faut absolument le rappeler, ici à l’occasion de ce 36ème congrès.

Cette démarche d’effacement des partis communistes historiques, c’est aussi celle que coordonne le Parti de la gauche européenne. Parallèlement, dans le mouvement syndical, la Confédération européenne des syndicats fait le même travail.
Cette CES qui soutient avec enthousiasme l’accord que viennent de signer la CFDT et le MEDEF contre le monde du travail et contre lequel, tous ensemble, nous allons mobiliser d’ici mars, comme contre les crédits d’impôt au patronat.
Le décalage est béant avec la nécessité, l’attente des positions révolutionnaires, et de leurs déclinaisons immédiates, que beaucoup attendent vraiment du Parti communiste.
Face à la nouvelle attaque, de « gauche », contre la sécurité sociale et les retraites, plus que jamais défendons sans transiger la cotisation sociale, le retour aux 37,5 annuités pour les retraites !
Aux ouvriers de l’industrie en résistance contre la liquidation de leurs usines, pas question pour nous d’enfiler un casque de sidérurgiste comme un ex-futur-président enfilait les promesses et un actuel ministre enfile un pullover breton…
Il est pressant et actuel de défendre la nationalisation intégrale des constructeurs automobiles (gavés d’aides publiques) de la sidérurgie, complète, ni « temporaire et locale ».
Il est pressant et actuel de défendre la reconquête des grands services publics, la renationalisation intégrale et le retour aux monopoles acquis en 1946, même contre l’UE, surtout contre l’UE et ses directives.
Il est et actuel, en phase avec la grande majorité des travailleurs, de remettre en cause les traités européens, l’UE du capital et son instrument, l’euro.

Ce 36ème congrès est marqué par une participation particulièrement faible au vote et aux congrès locaux. Il traduit la nouvelle phase de l’affaiblissement du Parti, quantitatif et qualitatif avec notamment la pauvreté du texte « rallumons les étoiles ».
Et pourtant, il est urgent de renforcer le PCF pour ne pas laisser la colère des catégories laborieuses se désespérer et s’égarer dans les sinistres voies où veut les diriger l’idéologie dominante.
Et pourtant, le PCF attire plus de salariés, de militants syndicaux, de jeunes, de ceux qui savent ce qu’il a représenté, ce que le marxisme-léninisme ont représenté pour les travailleurs du monde entier, également contre le colonialisme et ses resucées au Mali ou en Syrie.

Le pays doit savoir que des communistes refusent la disparition de leur parti dans le Front de gauche, qu’ils entendent faire vivre et renforcer le PCF, localement et nationalement, sur une base de classe.

Sans renier les outils ! La faucille et le marteau !

Emmanuel Dang Tran, 7 février 2013


Edité le 19-02-2013 à 20:49:13 par Xuan




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Xuan
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   Posté le 22-02-2013 à 20:12:17   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Ci-dessous un texte paru dans sur "Réveil Communiste" sous la signature de Jean-Claude Delaunay

Vendredi 22 février 2013
pour JC Delaunay, le PCF actuel représente une frange de la petite bourgeoisie qui se croit représentative de "l'humain"
lepcf.fr




Hypothèses sur la sociologie du 36ème Congrès - Quelles conclusions ?

A l’occasion du 36ème Congrès du PCF, rien n’a évolué ou bougé dans le comportement de ses dirigeants. Je suis donc, comme beaucoup, désolé d’observer leur incapacité à élaborer quoique ce soit de sérieux pour la lutte sociale et révolutionnaire, tant de court que de long terme, dans ce pays et dans le monde. Mais leurs idées, je le crois, ne doivent pas être analysées selon une grille morale. Elles sont partagées par l’opinion communiste majoritaire et représentent une ligne . Voici quelques hypothèses, émises par un communiste de vieille génération, relatives à la base sociologique de cette ligne et aux conclusions que l’on peut déduire de cette analyse.

1) La qualité d’une décision est d’autant plus grande qu’elle est élaborée collectivement et sans malice. La nature collective de son élaboration n’en garantit pas la justesse. Mais elle contient les mécanismes les plus efficaces de sa reformulation dans tous les cas de figure (erreur initiale ou changement du contexte).

2) On ne peut pas dire que le dernier Congrès ait donné l’image d’un processus collectif de décision orienté par la transparence. Le communisme de nouvelle génération est un communisme du "coup tordu", et, comme me le confiait un ami : « Quand j’ai lu dans l’Humanité les articles rendant compte de ces journées, je me suis dit que, les journalistes et moi, nous n’avions pas assisté au même Congrès » . De ces torsions et distorsions, on a pu lire plusieurs témoignages convergents sur le site « Faire vivre le PCF ». Cela étant dit, mon hypothèse de départ dans ce texte est la suivante. Aussi tordu et verrouillé qu’ait été ce Congrès, il fut quand même en phase avec « une opinion générale » .

3) Selon moi, les délégués ayant voté les textes du Congrès se trompent lourdement. Cela dit, quoique je dise ou pense, le seul juge en dernier ressort de nos désaccords et de nos interprétations respectives sera l’histoire. Le marxisme présente cette différence avec la religion, que la sanction des analyses qu’il aide à produire n’est pas reportée au Ciel. Elle a lieu sur Terre. Dans le cas qui nous occupe, on verra. Et on verra assez rapidement .

4) Si l’objet de mon observation était une opération simple et secondaire de la vie courante, je pourrais me contenter de dire : « Les paris sont ouverts » . Ils le sont, évidemment. Mais je crois qu’il faut faire plus et autre chose que ricaner sur le bord de la route. L’enjeu actuel de ce Congrès est le pourrissement de la société française.

Je sais que les communistes de ce pays sont, pour une partie d’entre eux, passés maîtres dans l’art d’esquiver leur responsabilité dans cette évolution. Ce n’est pas la faute à Voltaire, mais c’est tout comme. C’est la faute à la crise, c’est la faute à la droite, c’est la faute aux socialistes, c’est la faute à la droitisation des idées. Et nous là-dedans ? C’est pourtant l’une de nos tâches, en tant que communistes, que de comprendre la situation politique dans sa profondeur .
Je suis donc conduit à me demander : derrière ces désaccords et différences d’idées, ne peut-on déceler des différences plus accentuées, d’âge, d’histoire individuelle et collective, de milieu social ? Quel est le sous-bassement sociologique du fonctionnement actuel du PCF ? Quelles conséquences en tirer au plan de l’action ?

5) Je crois qu’il existe deux lignes, distinctes et opposées,pour interpréter la crise en cours et en proposer des solutions de long terme. Lorsque Pierre Laurent a sorti son topo sur la nouvelle génération de communistes devant mettre au point, disait-il, un communisme de nouvelle génération, j’ai tout d’abord été choqué. Jadis (mais cela se passait dans des temps très anciens), nous aurions plutôt insisté sur « l’amalgame » . Je crois cependant que notre "Da Wang", quel que soit la maladresse de son propos, a néanmoins raison sur le fond. On observerait deux catégories de communistes. Il y aurait « les vieux schnocks » et « les jeunes » . Comme l’a rappelé récemment un grand penseur, les chats ne font pas des moutons. En sorte que, à chaque groupe correspondrait une certaine idée de la révolution. Essayons tout d’abord d’approfondir cette approche zoologique du communisme de notre temps par ce qui constitue désormais le phare de notre pensée, à savoir "l’humain".

6) Autrefois les communistes, qui faisaient déjà preuve d’une préoccupation écologique évidente, s’éclairaient, disaient-ils, « à la lumière du marxisme » . Aujourd’hui, les nouveaux communistes envisagent de s’éclairer « à la lumière de l’humain » .
Quelles sont les caractéristiques de l’humain dans le champ politique ? Je dois dire que je suis perplexe. La notion d’humain est-elle un guide mental infaillible ? D’une part, les hommes sont parfois très pervers, indépendamment de toute influence liée à la naissance et à la fortune. D’autre part, je ne vois pas très bien en quoi la référence à l’humain distinguerait la pensée communiste d’une autre pensée politique.
Car enfin, quel est le parti politique qui, par contraste avec les communistes, se glorifierait d’être « le parti de l’inhumain » ? Peut-on envisager, par exemple, que, pour creuser l’écart qui mène au succès, tel ou tel candidat de l’UMP se déclare « favorable à l’inhumain » ? Les financiers eux-mêmes défendent l’idée que la mondialisation capitaliste est au service de l’humain. Ils poussent la démagogie jusqu’à dire que les classes ouvrières des pays développés sont hostiles à la mondialisation pour des raisons égoïstes, des raisons contraires à l’humain.

7) Oui, bien sûr, j’exagère. Mais dès lors que l’on commence à dire qu’il y a "humain" et "humain", en quoi "l’humain" peut-il être un référentiel politique ? Certes, nous sommes des communistes occidentaux. Nous véhiculons donc dans nos pensées les idées religieuses qui sont au principe de notre entendement occidental. L’humain, ce n’est pas très loin du partage, la grande idée du communisme de nouvelle génération. Mais au plan de la précision nécessaire des concepts, l’humain c’est tout et rien, c’est la belle et la bête, c’est le bon et le truand, le zéro et l’infini. C’est le rond, le carré et le pyramidal, c’est un mouton à tête de chat comme dirait le camarade Bessac. Penser la politique par l’intermédiaire de la notion d’humain, c’est tout simplement nul.

8) Quel est donc le concept sur lequel une pensée communiste, fût-elle de nouvelle génération, devrait prendre appui pour récupérer ce qui peut être éventuellement récupéré de la notion d’"humain" ? A mon avis, la réponse est simple. Je l’ai trouvée en m’éclairant « à la lumière du marxisme » . Cette réponse, c’est LE TRAVAIL . L’homme n’est homme que par son travail, c’est Charles qui l’a dit, et sur ce point, il n’est pas dépassé.
Les communistes de la nouvelle génération, de concert avec ceux de la génération ancienne, et pour la raison qu’ils forment "le grand parti des travailleurs" devraient envisager de faire la révolution, au nom du travail, avec les travailleurs, en les écoutant et en luttant avec eux. Bernique ! La révolution informationnelle a effacé le travail de leur entendement.
9) Puisque la notion d’humain ne me permet pas de comprendre la rationalité du communisme de nouvelle génération, il me faut utiliser un concept réellement opératoire. Ce concept est le travail et le travail renvoie lui-même à la position dans la société de ceux qui travaillent. Quelques mots, donc, maintenant, sur la matérialité sociologique des producteurs du communisme de nouvelle génération. Beaucoup de choses ont déjà été dites à ce propos. Mais je pense qu’il faut encore creuser. Ce que j’avance est en partie hypothétique.

Quatre idées :
10) La première est que le capitalisme développé de notre temps n’est plus celui que connaissaient Marx et Engels. C’est un capitalisme ayant produit une société « plutôt aisée » en moyenne. Je ne dis pas que tout le monde est riche, loin de là. Car on observe aujourd’hui une société en voie de paupérisation comptant un grand nombre de pauvres absolus. Mais en moyenne , il y a plus de richesse qu’il y a un ou deux siècles, mais aussi une plus grande diffusion de cette richesse, même dans des catégories ouvrières et populaires.

11) La deuxième idée est que ces sociétés "riches" sont animées d’un double mouvement sociologique. D’une part, la petite bourgeoisie agricole, industrielle et commerçante (les petits et moyens propriétaires) tend à disparaître et à former un salariat majoritaire (environ 90% des actifs, en France). C’est un facteur d’unification . D’autre part, au sein des salariés, agissent des facteurs de forte différenciation [1]. Le concept de classes moyennes serait un moyen de rendre compte de cette dualité spécifique puisque d’une part, les membres de ces classes seraient peu distincts d’autres catégories de salariés, le critère du niveau de revenu salarial étant un critère flou. Mais d’autre part, les classes moyennes seraient différenciées de ces autres classes sociales par le niveau et la nature de leurs consommations.
D’un côté, le concept de classes moyennes serait, au plan de la production , une forme de négation de la division de la société en classes. Il aurait donc un usage idéologique. Utiliser le concept de classes moyennes pour interpréter la production aurait un effet fortement idéologique. Mais d’un autre côté, il existerait entre les salariés des différences dans la consommation finale , comme dans la nature et la quantité des actifs qu’ils détiennent. L’emploi de ce concept serait alors scientifiquement justifié. Un certain nombre des salariés constitutifs des classes moyennes modernes disposeraient de responsabilités dans le travail social et d’un salaire suffisant pour atteindre des niveaux de satisfaction professionnelle et de consommation finale qui les différencieraient de salariés d’exécution et plus généralement de ce qu’on appelle les couches populaires. Je ne suis pas en train de dire que les salariés des classes moyennes seraient des bourgeois et qu’il faut les traiter en ennemis. Ce que je crois est qu’ils constituent un groupe disposant d’une certaine stabilité et d’une certaine homogénéité et que l’analyse politique communiste doit en tenir compte.

12) Les classes moyennes seraient donc, dans les pays capitalistes développés, un concept significatif au plan de la consommation finale, accessoirement au plan de la responsabilité dans le processus de travail. Mais ils ne formeraient pas un groupe significatif au plan de la production. Ce sont des salariés dont le salaire ne serait pas suffisant pour leur permettre de former un capital économique et d’exploiter de la main-d’œuvre. Mais ce sont des salariés dont le salaire serait suffisant pour leur permettre de se différencier dans la consommation finale et d’accumuler un capital intellectuel. Les travaux de Bourdieu sur la distinction sont opérationnels sur ce plan. Ce sont, accessoirement des salariés dont le travail relèverait de « la double nature du travail » mentionnée par le principal fondateur de l’UGICT, Le Guen.

13) Les conséquences politiques de mon raisonnement sont les suivantes :
* Ce sont des salariés que les possibilités de consommation finale poussent vers l’individualisme , voire vers l’hyper-individualisme . Je rejoins ici l’une des cogitations récentes de Monsieur René [2].
* Ce sont des salariés qui voyagent , que ce soit en avion ou sur le web. S’ils sont membres d’une organisation révolutionnaire, peu leur importe de participer aujourd’hui à une réunion de cellule à Paris, mais la semaine prochaine à Florianopolis et le mois d’après à Bombay. Ils prennent place dans « la mondialité ».
* Ce sont néanmoins des salariés qui tendent à se radicaliser dans le contexte de la crise du capitalisme financier mondialisé. Le capitalisme mondialisé réduit leur champ d’action et leurs possibilités financières de diverses manières. C’est pourquoi ils envisagent l’idéologie communiste comme étant possible, à la condition de l’adapter à leurs préoccupations.

14) Mon hypothèse sociologique relativement au PCF est que « le communisme de nouvelle génération » prend sa source dans ces classes moyennes. Je sais bien qu’il faudrait une recherche beaucoup plus documentée pour donner force à mon hypothèse. Mais je note ici et là, des comportements. Il y a, par exemple, cette personne qui, confondant politique et communication a pour préoccupation majeure de "figurer sur la photo". Elle n’est pas membre du PCF mais elle me paraît représentative de ce milieu social. Il y a le refus de la direction communiste de donner la CSP (Composition Socio-Professionnelle) des membres de ses organes de direction. Il y a surtout le contenu des textes adoptés par ce Congrès.

15) Les membres de ces catégories sociales sont, évidement, violemment opposées à toute idée de socialisme révolutionnaire , qu’elles identifient à l’image qu’elles ont du socialisme de type soviétique. On l’a noté plusieurs fois, le concept de socialisme est le grand absent du nouveau communisme. Celui-ci aujourd’hui, se construirait sans qu’on y pense. Telle était la pensée d’André Gorz, l’auteur de Adieu au prolétariat .
J’ai souvenir d’une histoire que m’avait suggéré la lecture d’un texte de Gorz, texte dont j’avais rendu compte dans un numéro de La Pensée. Cette histoire est la suivante. Un haut dignitaire chinois est condamné par l’empereur à avoir la tête tranchée. Il s’adresse à son bourreau et lui dit : « S’il vous plaît, Monsieur le bourreau, quand vous me trancherez la tête, faites que je ne m’en aperçoive pas » . Et le bourreau de lui répondre : « Mais, que Votre Seigneurie se rassure, c’est déjà fait ».

16) J’ai déjà développé, dans un texte sur la Chine perçue à travers les travaux du 36ème Congrès du PCF, comment on pouvait appréhender les raisons de l’opposition « de fond » entre PCF et PCC. D’un côté, pour la Chine, le plus important serait le contenu du socialisme. D’un autre côté, pour les communistes français relevant du « communisme de nouvelle génération » , ce qui compterait avant tout serait la forme démocratique de la solution des contradictions de tous les jours , processus qui devrait déboucher un jour ou l’autre sur le Communisme. Je pense que les membres de cette catégorie sociologique ignorent ce que signifie le mot « travailler ». Ils savent prendre la parole et souhaitent jouir pleinement de cet exercice. Ils ont certaines connaissances scolaires. Ils ignorent le marxisme, idéologie qui serait dépassée. Ils ne sont pas concernés par les structures parce qu’ils occupent une certaine position en leur sein.

17) Les différences entre les systèmes de représentation de la société non-capitaliste, en Chine et en France, sont surdéterminées par les différences culturelles existant entre ces deux zones, historiquement séparées jusqu’à la mondialisation. Cela étant dit, au-delà des facteurs historiques, il existe bien, je le crois, deux approches de la révolution du capitalisme. Elles recoupent la distinction implicitement effectuée par Pierre Laurent. La crainte de la bureaucratie de type soviétique est, selon moi, le paravent derrière lequel ces classes moyennes radicalisées cachent leur peur des ouvriers. Elles semblent avoir accepté que le plus grand nombre et un nombre croissant de ces derniers se reconnaissent dans le Front national.
Les élites du Parti socialiste sont issues des classes moyennes et prétendent prendre appui sur la fraction des classes moyennes désireuse d’humaniser le capitalisme sans le changer. « Les communistes de la nouvelle génération » sont issus eux aussi des classes moyennes. Mais ses membres sont radicalisés relativement aux élites capitalistes, car leur position sociale, largement dépendante des dépenses de l’État, est menacée. Mais simultanément, ils ont peur du socialisme et des ouvriers.

18) Supposons que j’aie raison. Quelles conséquences puis-je tirer de cette analyse ? Il existe, selon, trois conclusions possibles :

a) La première consisterait à dire : « Puisque ces nouveaux communistes représentent les intérêts et les ambitions politiques d’un sous-groupe social particulier, distinct et même opposé aux ouvriers et aux petits paysans des débuts de l’action révolutionnaire organisée dans ce pays, créons une organisation distincte du PCF qu’ils ont complètement investi et perverti » .
b) La deuxième consisterait à dire : « Restons à l’intérieur du PCF dont il faut, coûte que coûte, garantir la pérennité. En effet, ces gens sont des liquidateurs. Essayons de limiter autant que possible les effets désastreux de leurs décisions » . Et puis, lorsque viendra le moment de l’échec, il faudra être présent pour limiter la débandade. Enfin, ces représentants des classes moyennes ont certainement des idées à apporter à la cause commune. Les ouvriers apportent au monde leur connaissance de la production matérielle. Les classes moyennes apportent, de leur côté, leur connaissance de la production non matérielle. Le 36ème Congrès aurait dû avoir pour fonction de resserrer les rangs entre les classes moyennes et les autres salariés. Ce devrait être le rôle des communistes que de favoriser la jonction des salariés de la production matérielle et de la production non matérielle.

c) Je tends à penser qu’il en existe une troisième, en raison du mal galopant qu’engendre et nourrit aussi, dans ce pays, la débilité relative de la stratégie et des décisions envisagées par l’actuelle direction communiste.
Je crois que, d’une part, il faut rester au sein de la structure existante pour les raisons que j’ai dites. Il faut poursuivre le dialogue avec les classes moyennes certes radicalisées mais ignorantes. En outre, même si personne ou presque ne prête désormais attention au PCF, son isolement relatif serait encore plus grand au sein d’une nouvelle structure.
Mais je crois d’autre part qu’il conviendrait d’agir, au sein de cette structure, de manière peut-être plus ouverte, quand bien même il s’agirait de faire autre chose que ce que dit la direction. Car je ne vois pas pourquoi il faudrait en respecter les décisions quand celles-ci sont élaborées de manière aussi peu démocratique.
Je vais essayer d’illustrer mon propos. Le site de « Faire Vivre le PCF » a récemment diffusé une collection d’interventions de travailleurs et responsables syndicaux appartenant à des entreprises actuellement menacées de liquidations. C’était intéressant et important non seulement en raison du contenu de chaque intervention, mais en tant que collection d’interventions. Puisque la direction communiste actuelle n’est pas capable de s’adresser aux salariés tout en les aidant réellement dans leurs luttes pour globaliser leurs objectifs, pourquoi les communistes partisans du communisme d’ancienne génération, jeunes et moins jeunes, ne prendraient-ils pas l’initiative de s’adresser à eux, globalement. En tant que groupe interne au PCF et distinct de sa direction, ils leur diraient, par exemple :
• que nous avons besoin d’écouter ce que la lutte leur a appris sur les solutions à apporter dans leurs entreprises,
• que nous soumettons à leur sagacité les thèmes suivants, que j’énonce ici sans ordre et sans réflexion collective préalable. En voici quelques exemples : Comment, de manière immédiate, sauver globalement leurs entreprises ? Que pensent-ils de leur nationalisation ? Ensuite, avec une vue de plus long terme, quelle politique industrielle et, simultanément, quelle politique de la production non matérielle, conviendrait-il de mettre en œuvre ? Pour quelle forme de travail ? Compte tenu des convergences, mais aussi des contradictions existant au sein du salariat, comment envisagent-ils la démocratie au sein de l’entreprise ? Quels seraient les territoires les mieux adaptés à ces projets de politique économique ? Est-il vrai, selon eux, que la nation n’existerait plus ? Que pensent-ils du combat à mener pour sortir de l’Union européenne ? Comment perçoivent-ils l’obstination des communistes que nous sommes à parler et à agir en faveur du socialisme ?
Jean-Claude Delaunay, février 2013

[1] Ceux et celles que cela intéresse pourront trouver, dans le livre écrit en collaboration avec Quynh Delaunay (Lire le Capitalisme contemporain - Essai sur la société du 21ème siècle, 2007), une analyse du concept de « classe moyenne », laquelle sert de point d’appui à ma présente réflexion. Dans ce texte, nous avons essayé de tenir compte de certains des auteurs du « marxisme analytique » américain. Même si on estime que cette branche de la théorie marxiste est très « insuffisante », il faut en lire attentivement les écrits.
[2] Je veux parler ici du « mystérieux Descartes ».

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Xuan
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   Posté le 24-02-2013 à 10:49:06   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Mon commentaire sur ce blog :


Bonjour,

Marx avait déjà tordu le coup à cet « humain » proprement inhumain inventé par la société bourgeoise. Il avait expliqué comment cette abstraction ne prend vie qu’à travers les rapports sociaux de production, il avait démonté pièce par pièce la machinerie complexe de ces rapports et exposé leur cinétique, l’attraction et la répulsion qu’exercent réciproquement les classes, et le produit final : le profit capitaliste.

Bien après qu’il eut mis un point final à la philosophie spéculative, certains penseurs stipendiés ont compté sur l’oubli, les trahisons, les restaurations intérimaires et l’opulence transitoire pour réinventer l’eau chaude et remettre des habits neufs au cadavre de « l’humain ». Par quel mystère des communistes ont-ils pu prendre cette eau saumâtre pour une cuvée millésimée ?

Marx écrivait dans le Manifeste du Parti Communiste « De toutes les classes qui, à l'heure présente, s'opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique. »
La domination acceptée des catégories intermédiaires dans le P « C »F est inséparable de la négation du rôle dirigeant de la classe ouvrière. On a tout dit à ce sujet, en commençant par prétendre que les contremaîtres et chefs d’atelier en faisaient partie (allez voir qui fait grève dans les usines), puis que la classe ouvrière déclinait, que d’autres prenaient sa place, etc.

Marx est dépassé, n’est-ce pas : « Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu'elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l'envers la roue de l'histoire. Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. » [Le Manifeste du Parti Communiste]

Je regrette, c’est la simple vérité, et qui s’applique aussi à la version relookée du travail à domicile et à l’auto entrepreneur, qui se shoote à la « liberté d’entreprendre » , junkie de l’auto exploitation.
J’ai personnellement participé à la transformation industrielle, appris puis jeté aux clous l’hydraulique, le pneumatique, l’électrique, l’électronique, les fibres optiques, l’assembleur, les versions Windows et les bases de données des générations successives, avec l’enthousiasme d’un enfant devant un sapin de Noël.
Passée l’excitation de la découverte et du bidouillage, il n’en reste plus qu’un travail d’OS, assorti des formulaires de rapports d’inspection et d’Assurance Qualité à remplir suivant le mode opératoire établi par la norme AQ estampillée saucisson de cheval.

Ce n’est pas tout, l’externalisation permet de transformer le technicien improductif en créateur de plus-value dans sa nouvelle société.
Par le biais des rapports de sous-traitance un tribut est reversé aux banques et aux donneurs d’ordre, écrasant l’ouvrier de ces sociétés sous la triple semelle du banquier et des patrons dominé et dominant. (Permettez-moi de ne pas développer mais de vous proposer cette étude )
Enfin, nonobstant les catégories de l’INSEE et son fourre-tout des catégories intermédiaires, la diminution relative du prolétariat industriel en nombre est inversement proportionnelle à l’accroissement de sa capacité de production, c’est-à-dire à son poids social.

Vous avez accepté l’enterrement sans fleur ni couronne de la dictature du prolétariat. Ce sont aujourd’hui des mots tabous, politiquement incorrects.
Demandez-vous si la dictature de la bourgeoisie a bel et bien disparu pour justifier cette autocensure.Un œil crevé par la police de Valls, assorti d’un licenciement immédiat, serait-ce une avancée démocratique comparée aux morts de Jules Moch le 4 décembre 1947 ?

Les jeunes instruits croient encore à la liberté de la société capitaliste ? Ils ne voient pas les crocs des requins s’enfoncer dans leurs tweets ? Il n’y a pas assez de pop-up publicitaires pour les avertir ? Ils apprendront vite.

Mais ils ne pourront pas s’en sortir sans un parti communiste authentique. Pensons à l’avenir, faites ce que vous jugez utile pour le moment mais n’oubliez pas de récupérer la faucille, le marteau, le titre de communiste et avec eux tout le passé glorieux de votre parti et de ses sacrifices, avant qu’il ne sombre sans rémission dans la social-démocratie avec ses dirigeants.

Ne leur laissez ni l’héritage ni la gloire.

Salutations fraternelles


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Xuan
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   Posté le 26-03-2013 à 23:36:30   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Un article paru sur le site de la section de Vénissieux du PCF mis en ligne sur "faire vivre et renforcer le pcf" par PAM :


Après le silence des communistes...
Et la parole nous revint !



Ce texte paru sur le site de la section de Vénissieux du PCF faisait partie d’un projet collectif de nouvelle "réponse à Vittorio" (en fichier attaché). Il peut être utilement relu aujourd’hui... Ce "silence des communistes" qui conduisait à proposer de créer un "nouveau parti", n’a pas été assez pesant pour aboutir en France au même résultat qu’en Italie. Mais au moment ou le PCF vient de se réaffirmer comme parti à son congrès, il apparait de plus en plus à travers le Front de Gauche, qui devient le nom politique principal, ce qui peut conduire à une autre forme de silence, parler au nom d’un autre...
Il est donc essentiel que les communistes prennent la parole... en leur nom propre !



Vittorio,
j’apprends ta mort alors que je me suis enfin mis à écrire pour tenter de sortir de ce silence dont tu parles avec raison, un silence étourdissant dans ces années de guerre sociale et impériale menée contre les peuples, contre le monde du travail, contre toute forme de résistance. Vingt après la chute du mur, dix ans après ta première lettre à Miriam et Alfredo, nous redécouvrons que « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes » . Et c’est avec en tête la violence de ces luttes en 2009 que je veux te répondre enfin, et tenter d’éclairer cette histoire qui nous a conduit de l’invasion de la Tchécoslovaquie à l’effondrement du mur, avant de retrouver en Amérique Latine des pays annonçant construire le « socialisme du XXIème siècle ».

Le silence ?

Tu évoques en introduction le silence, "leur passé est effacé de la mémoire" . Tu l’évoques pour les communistes italiens. Est-il de même nature en France ? Le communisme italien a été dès la libération plus vite confrontée au compromis républicain, plus vite en recherche d’une réponse "eurocommuniste" au stalinisme, radicale dans la décision de dissolution du PCI dans la "cosa". Le communisme français est resté plus divisé sur la réponse au stalinisme, entre l’humanisme de Garaudy et l’anti-humanisme théorique d’Althusser, et encore plus longtemps divisé par sa mutation, qui n’en finit pas de s’éterniser... Est-ce que ces différences viennent de leurs conditions de naissance ? de leur dirigeants ? des conditions nationales Les différentes histoires grecques, portugaises, espagnoles, montrent en tout cas que les trajectoires des partis n’étaient nulle part pré-écrites.

Dans les deux situations, ce silence me semble être d’abord une incapacité de "lire aujourd’hui" ce passé qui s’efface pour transmettre ce qu’a été notre engagement à de nouvelles générations.

Quand Miriam évoque ces "vieux communistes, qui habitent dans les immeubles populaires, qui diffusaient l’Unita tous les dimanches... () ils me demandent ce qui est arrivé, pourquoi nos dirigeants se disputent, pourquoi Berlusconi a gagné () je confesse ma honte de ne pouvoir donner une réponse convaincante" ... elle en situe une cause dans les "divisions anciennes et jamais résolues". Je crois effectivement que c’est une clef pour comprendre ce silence, mais non pas comme l’évoque Miriam, en cherchant dans les critiques de l’ancien PSI, du vieux Nenni ou de Craxi, ou encore comme l’évoque Alfredo en relisant Bernstein, mais au contraire en cherchant à comprendre pourquoi notre point de vue communiste s’est dilué sur sa gauche et sur sa droite.
La guerre sociale qu’est toujours le capitalisme a besoin d’une guerre des idées, d’une bataille idéologique permanente dans laquelle le communisme est toujours soumis au risque du gauchisme et du réformisme, parfois a son corps défendant, quand nous n’arrivons pas à « comprendre le monde pour le transformer » .

Devant l’effort gigantesque que demandait l’analyse du stalinisme, du socialisme réel, de cette situation jamais prévue d’un socialisme partiel, national, hétérogène en permanence plongé dans une domination capitaliste mondiale, devant les contradictions entre socialismes, nous n’avons pas construit collectivement le point de vue communiste capable de comprendre les luttes de classe dans le socialisme, nous n’avons pas vu la contre-offensive s’organiser idéologiquement dans les suites de Mai 68 et de la reconversion des nouveaux philosophes. Ce point de vue communiste était pourtant toujours plus nécessaire pour comprendre le retour de la guerre derrière le masque de l’humanitaire, l’arrogance et la fragilité de la domination Étasuniennes, la force potentielle de la décolonisation dans les résistances du sud après la chute du mur, l’incroyable révolution permanente cubaine, phare pour une Amérique latine se libérant des dictatures et montrant la force d’intervention des peuples... C’est en creux ce que dit en fait Alfredo qui écrit "il y a quelque chose de tragique dans cette histoire et dans la figure de Togliatti qui () fit ce que l’ancien parti socialiste ne réussit pas à faire. Il réconcilia pour la première fois en Italie, les classes pauvres avec la Nation, il les amena au seuil du pouvoir, mais en même temps il condamna le PCI à la marginalisation, étant de fait un des plus grands chefs non seulement du Kominterm, mais de l’Union Soviétique" . Ce qui nous a manqué était bien la capacité, dans le contexte de l’existence du socialisme réel, à porter la perspective de la transformation révolutionnaire en France comme en Italie à partir du rapport de forces réel dans nos pays, en se dégageant de tout modèle, de toute contrainte, mais sans rompre avec l’internationalisme nécessaire des prolétaires.

Le silence des communistes français

Les derniers congrès du PCF sont plein de ce silence sur le passé, le vieux passé communiste qui est considéré dans les textes comme un boulet dont il faut se libérer, et le passé récent de la mutation qui est résumé à des erreurs normales quand on cherche... En quelque sorte, en France, le silence n’est pas total. Le PCF n’étant toujours pas dissous, malgré de nombreuses tentatives, la question est rediscutée à chaque congrès. Faut-il enfin en finir ? Faut-il enfin une métamorphose, nom français de la "cosa". A chaque congrès la direction pose la question, et la base militante bien qu’affaiblie, vieillie, souvent aigrie, émiettée, désorganisée... répond invariablement "nous voulons le parti communiste français" . Ces divisions sont bien celles qui ont marquées l’histoire du PCF sur des décisions clefs, notamment la place du rassemblement populaire par rapport aux alliances électorales de gauche, la référence au marxisme, la conception de la transformation sociale et son caractère révolutionnaire, la différence entre l’Italie et la France est que la direction du PCI a pu dissoudre le parti en un seul congrès, quand les directions du PCF successives n’ont pu le faire, malgré les tentatives.

Mais le point commun est que nous nous sommes divisés et le résultat a été partout un affaiblissement rapide ou progressif. Note que si certains partis se sont dissous ou métamorphosés comme le PCI rapidement, ou le PCF lentement, d’autres partis sont restés "orthodoxes", comme le PCP ou le KKE. Il n’y avait aucun "automatisme" dans les transformations des partis communiste, mais bien partout des décisions politiques de directions, qui, appuyées partout sur une pratique de centralisme peu démocratique, ont mis en œuvre des stratégies dont on peut désormais tirer les leçons. J’ai toujours le souvenir de ce merveilleux film de Moretti sur la "cosa", film qui donne à voir cette incroyable parole communiste, individuelle et collective, engagée et à l’écoute, passionnée et raisonnée.

Je veux donc te répondre que le silence dont tu parles n’est pas la trace du deuil que nous n’arriverions pas à faire de notre utopie, d’un deuil qui demanderait un franc renoncement pour être dépassé. Au contraire, il est la trace du deuil difficile de la parole que tant de dirigeants portaient pour nous, dont ils étaient l’incarnation, petit pères des peuples qui tant de fois, ont désertés les peuples. Le communisme était tout entier dans l’action, et avait remis sa parole à ses dirigeants. Quand ceux-ci, à Moscou, Rome ou Paris, ont déserté les luttes de classe par intérêt, renoncement ou pragmatisme, nous nous sommes trouvés littéralement sans voix. Et c’est de ce silence que nous sortons enfin, quand les luttes nous réveillent, quand les répressions nous font crier, quand des résistances s’organisent, cherchent des alliances, quand de nouveaux dirigeants apparaissent et portent de nouveau les luttes de classes, car nous réapprenons à parler par nous mêmes, communistes, n’ayant renoncé à rien, les yeux grand ouverts sur notre passé, fiers et lucides, engagés et en recherche, car nous recommençons à nous organiser patiemment, à reconquérir le parti communiste indispensable aux prolétaires des temps modernes.

Le monde change ?

Cette phrase au cœur de ta première lettre, est reprise par Alfredo qui parle "d’une véritable césure politique, car il s’agit d’un changement très profond, non seulement des choses mais des esprits et aussi de toutes les formes (l’Etat-nation, les classes, l’industrialisme) dans lesquelles a été pensé la politique" .

Au début des années 90, comme beaucoup, devant l’accélération de l’histoire, j’ai cherché à comprendre ce qui semblait "nouveau". Et il faut reconnaître qu’on était "dans la panade". Lors du 150ème anniversaire du Manifeste en 1998, je me suis mis à relire des textes de Marx, et dans le choc de l’arrivée de Le Pen au 2ème tour en 2002, j’ai recommencé à lire Lénine. Et je n’ai pas suivi Negri nous parlant de "multitudes" et d’Empire remplaçant les classes sociales et les états, ni Sève nous parlant de luttes d’une classe au singulier contre l’humanité désormais mise en cause dans son ensemble. Nous avons été sensibles à ces discours du nouveau, à ce déferlement médiatique des "nouvelles" technologies, "nouvelles" économies, "nouvelles" théories qui défaisaient tous nos repères. Nous avons cédé à une formidable bataille idéologique dont, vingt ans plus tard, nous mesurons à quel point elle avait pour but de masquer que le monde change en apparence pour mieux rester ce qu’il est, un capitalisme profondément dominé par les intérêts immédiats d’une classe sociale capable de piller, tuer, détruire pour continuer à "se gaver".

Cette question émerge clairement dans le 34ème congrès du PCF dont la direction continue à répéter cette maxime du nouveau. Le monde, les classes, la science, la vie, tout est nouveau, et bien entendu, il ne faut donc pas s’intéresser au passé, il faut de "nouvelles" réponses, un "nouveau" communisme, un "nouveau" parti. Mais dans leur grande diversité, les forces sociales qui luttent reconnaissent un pouvoir arrogant dans la tradition de cette droite française pétainiste, que Marx analyse dans la révolution de 48 et Napoléon III. Et la crise de 2009 vient brutalement éclairer cet ancien qui demeure dominant, le capitalisme !

On ne peut plus en 2009 regarder la mondialisation comme un caractère nouveau du monde, malheureusement « pilotée par un capitalisme financier et ultralibéral » , comme le dit la direction du PCF, alors qu’elle est déjà étudiée par Marx, Lénine et tant d’autres ! Nous avons toute l’expérience de la mondialisation du 19ème siècle, qui a produit le colonialisme, puis la première guerre mondiale, et enfin le nazisme ! Cette mondialisation était déjà financière ! elle était déjà le support de guerres impérialistes, du pillage du sud par le nord, et en même temps, d’un formidable développement des forces productives, de la transformation de millions d’emplois agricoles en emplois industriel poussant à l’urbanisation...

La mondialisation, que ce soit en 1900 ou en 2000 n’est pas seulement « pilotée » par le capitalisme, elle est la forme dans laquelle il se reproduit en expansion pour satisfaire les exigences toujours plus démesurées de la classe sociale qui le domine ! La croissance des échanges, de leurs possibilités techniques ne fait qu’accélérer un mouvement très ancien qui est celui par définition du capital !

Par contre, s’il y a du nouveau dans la fin du 20ème siècle, c’est bien que quelque chose né dans la furie de la première guerre mondiale a disparu ! le socialisme des pays de l’Est, issu du choc de la révolution d’octobre et de ses suites... et cet effondrement a révélé et libéré un rapport de forces très en faveur du capitalisme ! C’est ce qui a permis la déferlante "libérale", la revanche sociale, le retour de la guerre.

Mais l’effondrement n’est pas complet. Cuba résiste encore, la Chine est un mélange de socialisme et de capitalisme dont personne ne peut prévoir qui sera dominant dans le futur. En tout cas, l’état chinois souverain continue à maitriser sa monnaie et ses institutions financières ! L’Amérique Latine réinvente un socialisme du XXIème siècle. Parler de faillite du socialisme en passant sous silence les réalités passées et actuelles du socialisme ne permet pas de comprendre le monde d’aujourd’hui .

Et ne nous cachons pas la difficulté la plus grande, parler d’un échec communiste ne permet pas de comprendre les causes et les conséquences de l’effondrement de l’URSS. Car l’URSS restera d’abord et avant tout une extraordinaire victoire de la révolution d’octobre qui transforme en un demi-siècle un pays paysan moyenâgeux en grande puissance.

L’échec communiste ?

On plaisante souvent des tares du soviétisme, mais on oublie le plus souvent les incroyables avancées scientifiques, techniques, culturelles qu’ont produites les suites de la révolution d’octobre.... même dirigée par Staline ! Un seul exemple peu connu et représentatif. Un thème de recherche est réapparu en France depuis 2000, la "méthode TRIZ", méthode qui aide à la résolution de problèmes par analogie, méthode née en URSS dans les années 70. Elle présente la particularité de reposer sur la formalisation d’un problème comme un ensemble de "contradictions"... On l’utilise en 2008 pour résoudre des problèmes de méthodologies en ingénierie.. Ce n’est pas une anecdote. On ne peut rien comprendre de l’URSS sans considérer ses réussites. Les travaux récents d’historiens montrent combien l’URSS a toujours été en guerre, et si elle a effectivement perdu cette guerre, si le stalinisme a évidemment freiné son développement, le socialisme soviétique a démontré un formidable potentiel, tout comme le socialisme chinois dans des drames et des contextes très différents, mais tout aussi "extraordinaires".

Nous n’avons pas su, pas pu porter une lecture critique communiste du socialisme réel, coincé dans une sujétion idéologique et politique dont Fidel Castro parle comme le plus grand drame du socialisme ! L’expression de "bilan globalement positif" ne permettait pas de porter une critique dialectique, solidaire des forces communistes, mais claire sur les contradictions et les forces conservatrices. Quelle était la réalité de l’URSS ? Ce n’était à l’évidence pas le communisme, personne ne l’a d’ailleurs prétendu. Ce n’était pas non plus le socialisme que nous espérons dans nos pays ! Alors, quelles luttes de classe en URSS ? Quelles contradictions ? Quels moteurs socialistes et quels freins capitalistes ? quels caractères nationaux, universels ?

L’analyse que fait Losurdo de la situation chinoise comme une NEP généralisée de grande durée esquisse un autre point de vue. IL y a un échec de l’idéalisme communiste, celui qui fait dire aux trotskystes encore aujourd’hui que la nation est un cadre bourgeois, que la révolution doit être internationale ou ne pas être... Dans nos hésitations entre réformisme et révolution, n’avons-nous pas manqué d’une lecture du socialisme comme un long processus ouvert par une rupture de nature révolutionnaire, conduisant à de longues luttes de classes continues...

La défaite soviétique n’est pas l’échec du communisme du XXième siècle. Elle nous demande une analyse serrée de ce qu’a été le stalinisme, mais aussi et surtout de comprendre comment gérer le conflit avec le capitalisme au niveau international. On ne peut ni se contenter d’une attitude "Allende" ou on finit pas se faire tuer, ni faire la course militaire pour "rattraper" le capitalisme comme l’espérait les soviétiques.. je ne suis pas sûr que le cousinage socialiste/capitalisme à la chinoise ne soit pas aussi risqué... C’est cette question difficile pour les marxistes que le "discours du nouveau" masque.

Très loin de la conclusion de Miriam qui considère que "notre tâche, au niveau mondial, est de guider, corriger, civiliser, la globalisation" , on peut voir 10 ans plus tard toute l’importance du cadre national pour l’expression d’un pouvoir populaire, pour permettre la diversité des stratégies de transformation, pour ne pas donner à la bourgeoisie l’arme de l’identité et du racisme. pour que "mille fleurs socialistes s’épanouissent" dans chaque histoire nationale. On mesure l’importance de protéger les économies locales du marché mondialisé pour permettre de réelles coopérations. On redécouvre la célèbre phrase de Jaurès "un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup en rapproche"

L’abandon du marxisme...

Ce qui me frappe à la lecture des réponses de Miriam et Alfredo, c’est l’absence totale du marxisme, ni comme référence, ni comme outil de compréhension du monde. Or, je fais partie de la génération de communistes "sans formation", engagé dans la vie politique après 1980 dans un parti qui cherchait déjà du "nouveau". Je me suis mis à lire Marx 20 ans plus tard, peu de temps avant que tu n’écrives ta première lettre, et c’est ce qui m’a permis de reconstruire une confiance, une capacité à mener des batailles politiques dans ce monde si violent.

C’est pourquoi je lis la conclusion d’Alfredo comme un idéalisme, centré sur la "volonté humaine". « L’important est le choix que nous voulons faire. si nous voulons que les choses s’améliorent, nous devons penser qu’elles peuvent s’améliorer : le choix est entre un monde des possibles et un monde de l’échec » . Le matérialisme historique a disparu totalement de sa réflexion, mais depuis quand ? La force extraordinaire du marxisme dans les situations brulantes des deux premières guerres mondiales, c’était bien d’aider à comprendre le monde pour le transformer, partir de l’analyse du réel, notamment des rapports sociaux et du mouvement du capital... C’est ce qu’il me permet aujourd’hui. Pourquoi ne nous en sommes nous pas servi dans les années 80 ?

Pire, Alfredo réduit le communisme au dogme social-démocrate « la réponse du passé consistait essentiellement dans la lutte pour la redistribution du revenu » . Il oublie comment Marx a montré le lien profond entre la propriété privée des grands moyens de production et d’échange et la domination de l’état par la bourgeoisie. Il sépare même puissance économique et pouvoir politique « l’écart croissant entre la "puissance" et le "pouvoir". Par puissance, j’entends la puissance des marchés financiers ; des entreprises globales (...) Et par pouvoir, j’entends justement la politique... » , et en conclut que « la politique n’est plus le lieu ou se prennent les grandes décisions » .

C’était certes une idée très répandue encore récemment, mais là encore, l’expérience récente nous montre a quel point ce sont bien les états, comme outil de domination de classe, qui restent le bras armé du capital pour résoudre les crises intrinsèque du capitalisme au profit des mêmes. Oubliées les grandes déclarations de principes sur l’état qui ne doit pas s’occuper de ce qui ne le regarde pas ! De fait, ce sont les états qui dérégulent ou régulent, serrent la vis ou lâchent la bride monétaire, affectent les ressources pour telle ou telle stratégie de développement, c’est à dire de reproduction du capital !

Je peux donc te répondre plus précisément encore. Le silence des communistes s’est construit par la lente prédominance dans le discours communiste d’un point de vue idéaliste, par une défaite du marxisme, le communisme perdant toute capacité à éclairer le capitalisme, ses crises et les voies de son dépassement. Alfredo peut ainsi dire il y a 10 ans que « la puissance productive est concentrée dans la partie la plus riche du monde » , quand tout le monde constate qu’une des caractéristiques de la crise de 2009 est justement la nouvelle répartition des forces productives dans le monde, crées par les stratégies l’abandon de secteurs industriels entiers au nord, au profit des activités financières, commerciales, touristiques, quand le sud profitait largement des investissements des multinationales pour chercher les voies d’un développement qui fait de la Chine, l’Inde ou le Brésil de nouvelles puissances souveraines.

Il n’est pas utile de chercher à conclure, mais plutôt d’éclairer le sens du mouvement depuis de ce sentiment de défaite, de délitement, de honte parfois, qui a vu des milliers de militants souvent aguerris disparaitre, renoncer, se reconvertir dans l’associatif, l’humanitaire, certains devenir réformistes, écologistes ou même démocrates à l’américaine, qui a surtout muré des militants dans un silence douloureux. Dix ans après ta lettre, le mouvement prend forme et sens, retrouve progressivement la nécessité de s’affirmer sans ambigüité, de s’organiser, et, enfin de dire de quoi il est le nom, de quoi le communisme a été, est et sera le nom.

Nous, communistes, sommes le prolétariat organisé pour comprendre le monde en le transformant, par une révolution nécessaire au renversement du rapport de forces entre capital et travail, puis par une longue aventure du socialisme construisant dans les luttes de classe, un développement humain durable, une société libérée de toute aliénation, une société sans classe.


Edité le 26-03-2013 à 23:37:58 par Xuan




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Le site "faire vivre et renforcer le pcf" publie deux articles :

les communistes et l'Etat - 1e partie
les communistes et l'Etat - 2e partie

Notre point de vue diffère en ceci que, même si la littérature marxiste-léniniste continuait d'y être diffusée, la direction révisionniste du P"C"F n'appliquait plus le marxisme-léninisme depuis de longues années sur la question de l 'Etat, en affirmant que de nouvelles conditions permettaient le passage pacifique au socialisme.

Le texte cité n'échappe pas lui-même à certaines ambiguïtés propices à de tels revirements.
On verra ainsi dans la seconde partie qu'il fait à peine allusion (le mot ne figure qu’une fois) à la nécessité non pas de s’emparer de la machine d’Etat toute prête, mais de briser l’Etat bourgeois et le remplacer par un Etat de type nouveau.

On lit ainsi :


"Briser l’Etat bourgeois ne peut donc signifier que disparaissent les fonctions sociales publiques qu’il remplit, ni même telle ou telle forme que l’Etat leur a donnée, mais qu’il faut les transformer en les dépouillant de leur caractère de classe actuel."

Les fonctions sociales de l’Etat bourgeois ont-elles simplement un caractère de classe bourgeois ou bien sont-elles elles-mêmes de nature bourgeoise ?
Les transformer permet toutes les interprétations : suffirait-il par exemple de qualifier la police, l’armée et les grands corps d’Etat de "démocratiques" et leur donner d’autres objectifs pour réaliser une telle transformation ?
Que deviennent la fonction présidentielle et la séparation des pouvoirs de la République bourgeoise ? Suffit-il de décréter un Parlement « démocratique » ou un Sénat « démocratique » ou bien reconstituer de fond en comble la représentation populaire à partir de l’expression démocratique créée par les masses révolutionnaires ?

La nécessité de briser l’Etat bourgeois est évidemment liée à la dictature du prolétariat puisque c’est la condition indispensable à l’exercice d’une démocratie mille fois plus large. Figure-t-elle davantage dans une autre partie de cet ouvrage ou bien les prémices du revirement y sont-elles déjà présentes en creux, sous forme d’omission ?

Cette tâche que Lénine qualifie d’essentielle est le fruit de l’expérience de la lutte de classe postérieure au Manifeste communiste mais déjà du vivant de Marx :


« Traitant de la question de l’Etat, qui nous préoccupe ici, Marx fait le bilan de la révolution de 1848-1851, dans son 18 Brumaire de Louis Bonaparte ,
[...]
Dans ce remarquable aperçu, le marxisme accomplit un très grand pas en avant par rapport au Manifeste communiste , où la question de l’Etat était encore posée d’une manière très abstraite, dans les notions et termes les plus généraux. Ici, la question est posée de façon concrète et la déduction est éminemment précise, définie, pratiquement tangible : toutes les révolutions antérieures ont perfectionné la machine de l’Etat ; or il faut la briser, la démolir.
Cette déduction est le principal, l’essentiel, dans la doctrine marxiste de l’Etat. Et c’est cette chose essentielle qui a été non seulement tout à fait oubliée par les partis social-démocrates officiels dominants, mais franchement dénaturée (comme nous le verrons plus loin) par le théoricien le plus en vue de la IIe Internationale, K. Kautsky. »
[Lénine - l’Etat et la révolution - Le bilan d’une révolution]



Mais cet article manifeste avant tout la réflexion en cours de militants communistes sur les principes marxistes-léninistes et l'analyse rétrospective de leur révision, et constitue un élément indispensable pour la reconstruction du parti communiste.
Pour s'en convaincre il suffit de lire les éditos de l'Huma consacrés à la théorie marxiste, où l'on voit que les thèses de Marx lui-même sont jetées au panier. Un exemple parmi d'autres dans
Rêve et cauchemar : retour sur Marx et le capitalisme :

..."Le vrai problème, c'est qu'une classe dominée transformée en classe dominante est une contradiction dans les termes ! Le prolétariat est défini par sa soumission à la domination. La « dictature du prolétariat » est aussi impossible à concevoir qu'un cercle carré.
...
Si le jugement de Marx sur le mode de production capitaliste est validé au contraire de ses prédictions sur la création d'un véritable sujet révolutionnaire, il faut admettre que les traces d'un futur communiste ne sont pas inscrites dans les pores du réel. Comment, dans ce cas, entamer la transition au communisme sans les présupposés envisagés par Marx ?"...


__________________


Les communistes et l’Etat (1)




Pascal Brula

Dans les années soixante-dix, le PCF raisonnait encore largement à partir de son socle idéologique, économique et politique originel, à savoir le marxisme-léninisme. J’ai connu, jeune adhérent, ce temps où des camarades du Livre Club Diderot démarchaient les communistes pour leur vendre les œuvres complètes de Lénine [1].

Pourtant, c’est l’époque à laquelle on peut dater les revirements fondamentaux qui ont entraîné la direction de notre parti dans les abîmes du réformisme que l’on connaît aujourd’hui. C’est en effet à ce moment que le programme commun est signé (accord de sommet réhabilitant la social-démocratie), que le XXIIème congrès s’achève (abandon de la dictature du prolétariat) et que les directions s’installent dans l’illusion que la clef de la révolution se trouve dans les institutions bourgeoises (triomphe du "communisme" municipal en 1977 avec Saint-Etienne, Reims, Nîmes, Le Havre…). Malgré tout, au sein du PCF, s’exerce encore une grande effervescence de la pensée, toujours en rapport avec l’héritage des auteurs et acteurs révolutionnaires de l’histoire du mouvement communiste. Et puis, le PCF de l’époque était encore profondément enraciné dans la classe ouvrière.

Et c’est ainsi qu’en 1977, s’appuyant sur les toutes récentes décisions du XXIIème congrès et sur l’imminence de l’avènement au pouvoir de l’union de la gauche et de son programme commun, trois communistes, Jean Fabre, économiste, François Hincker, historien et Lucien Sève, philosophe, font paraître aux défuntes Editions sociales , un ouvrage de réflexion sur l’Etat, certainement commandité par la direction : Les communistes et l’Etat . Nos Assises du communisme étant programmées pour la fin juin 2013, et pour apporter de l’eau au moulin de ce futur brassage d’idées, c’est avec ce titre que je propose aux lecteurs de ce site, quelques articles amenant à la réflexion sur le rôle de l’Etat dans la société capitaliste, sur les illusions portées par le réformisme à son sujet et donc aussi sur son rôle dans la société socialiste pour laquelle nous luttons. Bien sûr, il y a l’inévitable ouvrage de Lénine, L’Etat et la révolution (1917). Et je renvoie à sa lecture. Il y a aussi toute la réflexion de Marx et d’Engels sur le sujet ; Lénine s’en est d’ailleurs nourri au point de commencer L’Etat et la révolution par cette citation d’Engels qui selon lui, « exprime en toute clarté l’idée fondamentale du marxisme sur le rôle historique et la signification de l’Etat » :

« L’Etat, dit Engels en tirant les conclusions de son analyse historique, n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société ; il n’est pas davantage "la réalité de l’idée morale", "l’image et la réalité de la raison", comme le prétend Hegel. Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l’"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’Etat » Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, 1884.

Pour en revenir aux années soixante-dix, concernant la question de l’Etat, on peut réellement parler d’une importante réflexion, puisqu’en farfouillant les tréfonds de ma bibliothèque, j’ai aussi dégoté un autre ouvrage des Editions sociales consacré à l’Etat, L’Etat du changement de Jean-Pierre Delilez, paru également en 1977.
Il faut dire qu’à l’époque, le programme commun et l’Union de la gauche avaient soulevé un tel mouvement de fond, qu’il y avait l’illusion que le socialisme était à portée de main et que cela valait bien quelques révisions du "dogme" marxiste-léniniste. En tous cas, il fallait redéfinir la position du PCF vis-à-vis de l’Etat, la confronter au réel, en réalité, la revisiter en fonction des prises de position du XXIIème congrès et de la participation évidente du PCF dans le futur gouvernement d’Union de la gauche. Mais à cette époque en 1977, la direction, voire la majorité des adhérents, s’imaginaient encore hégémoniques ; peu se doutaient que cette politique avait d’ores et déjà déroulé le tapis rouge du pouvoir à la social-démocratie, et que la participation du PCF au gouvernement ne serait qu’anecdotique. Surtout, qui aurait cru à l’époque, que c’était le PS qui allait mener l’équivalent de la révolution conservatrice des Reagan et Thatcher en France ? D’ailleurs, je pense qu’aujourd’hui, la direction actuelle du PCF n’en a toujours pas conscience…

Les communistes et l’Etat (1977) nous montre en tous cas un visage du PCF dont on n’a plus l’habitude, celui d’un PCF dont la culture profonde était encore marxiste-léniniste, même de la part de Lucien Sève qui, pourtant, ces dernières années, reniera "l’horrible" Lénine, soi-disant porteur d’une sorte de péché originel totalitaire, et jusqu’à certaines analyses de Marx, notamment concernant l’analyse du rôle de l’Etat. A propos de cette question de l’Etat, nous sommes bien au cœur du débat, de la réflexion qui va repousser une partie du mouvement communiste dans les cordes de l’autophobie [2], allant jusqu’à rejeter l’engagement communiste sur la base de l’échec de l’URSS et donc de la manière dont les partis communistes auraient exercé le pouvoir d’Etat, à savoir une sorte de "totalitarisme" qui serait intrinsèque à l’analyse théorique de l’Etat par Marx et Lénine, pour faire court.

Il n’en reste pas moins que cette effervescence théorique au sein du PCF sur la question de l’Etat à la fin des années soixante-dix en restera là. Les deux ouvrages évoqués semblent bien être les derniers sur le sujet en provenance de la direction du PCF ou de son environnement proche. Et je dirais même que toute la réflexion politique théorique, quelque soit le sujet, va aller petit à petit en s’éteignant pour faire place au vide sidéral de la période Robert Hue, puis aux élucubrations réformistes de la période actuelle.

En évoquant cet ouvrage théorique, Les communistes et l’Etat , il ne s’agit pas de lancer le débat sur les conséquences du XXIIème congrès ou les impasses du programme commun, encore que pour avancer, il faudrait pouvoir se retourner un jour sur ces évènements de notre passé. Non, il s’agit simplement de reprendre peut-être le débat là où il en était resté, et très modestement, de se réapproprier ce qui semble être aujourd’hui un sujet tabou, ou en tous cas complètement passé sous silence, mais pourtant fondamental pour les communistes : le rôle de l’Etat.

Il y a beaucoup de choses à prendre dans cet ouvrage et notamment l’acquis historique des communistes concernant le rôle de l’Etat, acquis qui est parfaitement présenté dans ces pages. L’objectif n’est pas d’en retranscrire littéralement les 250 pages qui peuvent être pour certaines datées, mais de donner à lire quelques extraits essentiels susceptibles de repositionner notre compréhension de la société capitaliste et de la manière dont la bourgeoisie exerce sa domination au travers de l’Etat, afin d’ouvrir au débat. Pour commencer, je propose cet extrait du préambule du livre qui pose les bases de la définition de l’Etat tel qu’il était vu par ses auteurs en 1977 et qui me semble également convenir à la situation actuelle :

« Traiter de l’Etat, c’est aborder un ensemble de problèmes immense, historiquement mouvant, où la plupart des points appellent encore l’approfondissement, où le vocabulaire même recèle des pièges. Précisons donc d’emblée, dans la mesure du possible, la terminologie que ce livre s’emploiera à éclaircir et à concrétiser. Dans la France d’aujourd’hui, la grande bourgeoisie monopoliste a, au sens le plus large et le plus global du terme, le pouvoir , c’est-à-dire que, possédant les grands moyens de production et d’échange, ce qui fait d’elle la classe économiquement dominante, elle dispose de moyens essentiels, privés et publics, pour faire prévaloir en tout domaine ses intérêts de classe, assurer la reproduction de l’ensemble des rapports sociaux où s’enracine sa domination politique et idéologique. Le principal de ces moyens est la maîtrise de l’appareil étatique, c’est l’exercice du pouvoir d’Etat .

Grâce au pouvoir d’Etat, dont les dimensions sont politiques, économiques, sociales, idéologiques, elle n’est pas seulement la classe dominante, elle dispose d’un pouvoir de décision et de contrainte qui garantit son hégémonie sur la collectivité nationale. L’Etat , c’est le dispositif à travers lequel s’élabore et se met en œuvre la politique qui répond aux intérêts globaux de la classe dominante, à travers lequel son pouvoir s’exerce sous les formes de l’autorité publique. C’est par excellence l’instrument grâce auquel la classe possédante maintient et reproduit sa domination. Ses formes, ses structures, ses organes sont essentiellement déterminés par son contenu de classe. La tête en est constituée par le pouvoir politique proprement dit, les hommes et les institutions clefs qui prennent les décisions essentielles – présidence de la République, gouvernement, direction des partis politiques de la majorité intégrés au plus haut niveau de l’appareil d’Etat, direction des grands corps d’Etat – intimement liés, y compris derrière la scène, aux dirigeants des grands monopoles, et appuyés sur la majorité réactionnaire qui en est le support politique, et qui sert de relais à leur emprise sur une partie des masses.

Pour faire appliquer ses décisions, le pouvoir politique dispose de tout un appareil d’Etat étendu, ramifié, historiquement mobile : administrations, forces répressives, organismes publics ou semi-publics, centraux ou locaux, collectivités territoriales. La politique qui s’élabore et se met en œuvre à travers ce dispositif rencontre des obstacles : contradictions d’intérêts entre fractions du capital que l’autonomie relative de l’Etat a pour rôle de subordonner aux intérêts globaux de la caste dominante, résistance et lutte des masses exploitées et de leur organisations, dont elle est contrainte de tenir compte pour devenir une réalité effective. L’Etat, sa politique, ses formes, ses structures traduisent donc les intérêts de la classe dominantes non de façon mécanique, mais à travers un rapport de forces qui en fait une expression condensée de la lutte des classes en développement. Tel est schématiquement, l’ensemble des réalités que, dans le langage ordinaire, on comprend de façon plus ou moins confuse sous la notion générale d’« Etat ».

En se proposant de développer les idées des communistes français sur l’Etat à la fois dans leur formation historique et dans leur actualité politique, les auteurs de ce livre, qui ne prétendent attribuer à leur démarche aucun caractère exemplaire, ont conscience de la complexité de l’entreprise, dès lors qu’on est soucieux de l’aborder de façon authentiquement marxiste. Mais qu’est-ce que traiter de l’Etat en marxiste ? Question qui a elle-même un double aspect : celui de la fidélité aux enseignements de portée universelle que le marxisme-léninisme a dégagés de toute l’expérience passée, et celui de l’attention aux traits spécifiques de la situation concrète, de l’aptitude aux développements inédits qu’elle réclame dans l’ordre de la théorie comme de la pratique. Car le marxisme est inséparablement savoir constitué et méthode d’analyse, bilan théorique de l’expérience passée et guide pour l’action présente et future. »


______________


Notes :

[1] Ce n’était pas non plus aussi idyllique qu’il peut paraître, car plusieurs années après, j’ai aussi connu le reflux, à savoir la revente ou la mise au rebut de ces mêmes œuvres de Lénine, dont la plupart des tomes n’avaient jamais été ouverts…

[2] Cf. le livre de Domenico Losurdo Fuir l’histoire, éditions Delga et Le Temps des Cerises, 2007.


Edité le 02-04-2013 à 17:42:34 par Xuan




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Les communistes et l’Etat (2)


Dans l’extrait ci-dessous, les auteurs du livre "Les communistes et l’Etat" [1] nous exposent comment la conception du rôle de l’Etat dans la société capitaliste s’est forgée au fil de la propre histoire des auteurs et acteurs révolutionnaires que sont Marx, Engels et Lénine, dans leur rapport avec la réalité sociale, politique, économique de leur époque.

Pour ces derniers, l’Etat est non pas un compromis neutre de gestion de la société, qui aurait été créé par les hommes de manière bienveillante, mais bien un instrument de dictature de la classe dominante, la bourgeoisie capitaliste, lui permettant d’empêcher que la contradiction antagonique Capital/Travail générée par la propriété des moyens de production et l’exploitation de l’homme par l’homme, se règle en sa défaveur.

Posé comme cela, la transformation socialiste de la société passe obligatoirement par la résolution de ce problème de fond. C’est une question que se sont posés de tous temps les communistes, y compris bien sûr les communistes français… sauf de nos jours. Dans l’article précédent, j’ai daté les dernières réflexions au PCF sur le sujet vers la fin des années soixante-dix avec le XXIIème congrès et le "Programme commun". Depuis, c’est le néant. Le congrès des "étoiles" nous a même entraînés dans une nuit permanente : la direction du PCF n’évoque plus ce problème depuis longtemps, elle l’ignore ! Et je ne parle même pas du Front de gauche et de son programme "L’Humain d’abord" dont la revendication d’une VIème république n’est qu’un slogan d’une vacuité insondable, en tous cas sans rapport avec le rôle réel joué par l’Etat.

Face à ce déni de réalité, il est urgent de réarmer les militants communistes et de rappeler que l’Etat n’est pas une structure technique qui devrait être gérée par des techniciens, mais qu’il s’agit d’un instrument de coercition dont la logique doit être renversée. Il faut donc s’y préparer : c’est un devoir politique.

Comme je l’ai signalé, il n’est pas question de publier les 250 pages du livre ; j’ai notamment éludé la partie consacrée à la question centrale à laquelle amène toute réflexion communiste sur le rôle de l’Etat : pour répondre à la dictature de la bourgeoisie, doit-on préconiser à l’inverse la dictature du prolétariat ou non ? Et qu’est-ce que le concept de dictature du prolétariat ? Ce sujet pourrait faire l’objet d’un développement ultérieur, d’autant plus que le débat est loin d’être clos et qu’il demande encore de nombreux échanges. En tous cas, l’analyse du rôle de l’Etat est bien au cœur de la réflexion qui a amené notamment la direction du PCF à rejeter Marx (en tous cas une partie de ses travaux) et Lénine. Et refuser de prendre ce problème à bras-le-corps, correspond à un refus de remettre en cause le capitalisme. En cela, il serait urgent d’analyser comment s’insère cette superstructure qu’est l’Union européenne au profit de la dictature de la bourgeoisie capitaliste, dans les mécanismes étatiques.

Considérer l’Etat pour ce qu’il est, revient également à s’interroger sur l’utilisation à outrance du mot libéralisme en lieu et place du mot capitalisme. Cela n’est pas innocent, l’idéologie dominante est celle de la classe dominante ; que le libéralisme corresponde à une philosophie ne signifie pas qu’il puisse être confondu avec un système, le système capitaliste… Un des trois coauteurs (ironie, est-ce Lucien Sève ?) du bouquin, dans une partie non publiée ici, nous dit que la « non-intervention dans la sphère de la production et des échanges économiques, tarte à la crème de l’idéologie libérale, est pure fiction » … On ne peut qu’être d’accord. Il faut également rapprocher cette fausse notion de "libéralisme" de la réalité de l’appareil répressif d’Etat, de plus en plus violent et sophistiqué ; c’est une contradiction totale. Il est alors légitime de s’interroger sur l’absurdité dans laquelle l’idéologie dominante a acculé le débat : la gauche et à fortiori les communistes seraient forcément pour plus d’Etat et donc moins de liberté, alors que la droite portant le libéralisme, serait forcément moins interventionniste et donc pour plus de liberté. Il est grand temps de réhabiliter le véritable rôle de l’Etat, et de remettre d’aplomb notre système de pensée : nous ne sommes pas antilibéraux, nous sommes communistes !

Pascal Brula

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Les communistes et l’Etat, 1977, p.19 à 37 :

Marx, Engels, Lénine sur l’Etat et la révolution


L’un des apports décisifs du marxisme à la pensée socialiste et à l’action révolutionnaire, c’est la théorie scientifique de l’Etat. En découvrant la nature historique et le contenu de classe de l’Etat, Marx et Engels ont fait apparaître la nécessité de la lutte et de l’organisation politiques de la classe ouvrière pour en faire la conquête avec l’appui des plus larges masses, lui substituer son propre pouvoir d’Etat, créer ainsi les conditions d’une société sans classes où l’Etat lui-même dépérira. Cette découverte, fruit de la réflexion la plus profonde sur l’expérience des premières luttes prolétariennes et leurs échecs, si elle a une portée universelle et plus que jamais actuelle, n’en est pas moins historiquement datée. La mettre en œuvre dans les conditions d’aujourd’hui présuppose son assimilation exacte, c’est-à-dire à la fois la compréhension de ses enseignements fondamentaux et la connaissance des situations historiques concrètes auxquelles ils se rapportaient : idéologies en rupture avec lesquelles le marxisme s’est constitué en la matière, formes de domination politique bourgeoise qu’il a dû affronter, rapport des forces de classe auquel il a dû adapter sa stratégie.

L’idéologie bourgeoise et l’Etat

Au début des années 1840, deux courants de pensée dominent les représentations idéologiques de l’Etat. Le premier, prépondérant en Allemagne, fait de l’Etat un absolu qui s’impose d’en haut à la société et dont la source est la volonté divine ou le mouvement d’une "idée" qui n’a d’autre fondement qu’elle-même. C’est cette théorie de Hegel, variante raffinée de l’« Etat de droit divin », justification de la monarchie prussienne, que Marx, très jeune, est conduit à critiquer. La seconde conception, reflet de la pratique des gouvernements parlementaires et libéraux d’Angleterre, des Etats-Unis et de France, produit déjà abâtardi au milieu du XIXème siècle de la pensée politique des Lumières, est encore très vivace dans la France d’aujourd’hui, où le réformisme aussi bien que les forces conservatrices la véhiculent à leur manière et où souvent dès l’école, elle se présente comme l’évidence même. Selon elle, les individus isolés, préexistent à la société et à l’Etat. Celui-ci résulte d’un libre contrat passé entre les hommes, convaincus par leur expérience que la vie sociale ne peut échapper à l’anarchie et à la violence si elle n’est pas réglée par une loi. L’Etat serait donc l’expression de l’intérêt général s’imposant aux intérêts particuliers, la chose de tous. Ces deux courants idéologiques s’accordent sur un point capital : présenter l’Etat bourgeois comme incarnant l’intérêt supérieur de la société dans son ensemble.

Partant d’une réflexion critique de philosophe et d’une expérience de journaliste politique en Allemagne, puis de révolutionnaire exilé en France, où les luttes politiques sont plus vives que partout ailleurs, et aussi grâce à l’apport d’Engels, qui a étudié sur place la situation et les luttes du prolétariat anglais. Marx découvre que ce n’est pas l’Etat qui produit la société, mais au contraire la société qui produit l’Etat, et plus précisément que la structure de l’économie, les rapports de production déterminent fondamentalement la structure de l’Etat, les rapports juridiques et politiques. Il découvre qu’en réalité dans les régimes mêmes qui prétendent plus ou moins à la démocratie, – la monarchie constitutionnelle, la république parlementaire – l’Etat, loin d’être la chose de tous, sert les intérêts des propriétaires fonciers et des capitalistes. Lorsque ses recherches économiques commencèrent à lui dévoiler le secret de l’exploitation capitaliste et que la fréquentation des prolétaires parisiens lui eût fait reconnaître la force sociale capable d’abolir cette exploitation et l’Etat qui la sanctionne, les pièces maîtresses du matérialisme historique se trouvèrent mises en rapport les unes avec les autres et le socialisme scientifique fut fondé dans ses grandes lignes. Son acte de naissance est le Manifeste du Parti communiste , qui ne donne pas seulement la clef d’une compréhension de la société et de son histoire, mais trace le programme de sa transformation révolutionnaire. On y trouve déjà esquissée la réponse au problème contemporain de l’Etat et de la révolution : « Le premier pas dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie » [2].

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Essence et formes de l’Etat

Qu’est-ce donc que l’Etat dans la société capitaliste, comme plus généralement dans toute société de classes ? C’est « un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas, elles et la société, en une lutte stérile, le besoin s’impose d’un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l’"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d’elle et lui devient de plus en plus étranger, c’est l’Etat ». « Comme l’Etat est né du besoin de réfréner des oppositions de classe, mais comme il est né, en même temps du conflit de ces classes, il est, dans la règle, l’Etat de la classe la plus puissante, de celle qui domine au point de vue économique et qui, grâce à lui, devient aussi classe politiquement dominante et acquiert ainsi de nouveaux moyens pour mater et exploiter la classe opprimée » [3].

Ainsi l’Etat, loin d’exprimer une nécessité éternelle, de l’ordre de la nature ou de l’Esprit, est un produit historique transitoire, lié à la division de la société en classes antagonistes : né avec elle, il disparaîtra avec elle. Il est dans la société dont il traduit la structure de classe, concentre les rapports économiques, qui ne pourraient se reproduire jusqu’au bout sans lui et au sein desquels il intervient activement pour le compte de la classe dominante ; et, en même temps, il est jusqu’à un certain point hors de la société, non seulement pour la conscience des hommes auxquels il apparaît spontanément comme ce qu’il n’est pas : incarnation de principes supérieurs , arbitre au-dessus des classes , mais aussi dans les faits, pour autant qu’il se constitue en réalité relativement autonome , intervenant sous des formes spécifiques, ce dont justement il tire sa puissance d’illusion et une part importante de son efficacité : si tous les opprimés voyaient clairement la nature de classe de l’Etat, ses jours seraient rapidement comptés.

Il importe au plus haut point d’être en garde contre deux interprétations fausses de ce rapport entre l’Etat et la base économique de la société. L’Etat, c’est « l’organisation que les classes dominantes – propriétaires fonciers et capitalistes – se sont données pour défendre leurs privilèges sociaux » [4]. Il n’est donc pas, comme se l’imaginent les anarchistes, le fondement de la domination des classes exploiteuses : ce fondement, il faut le chercher dans les rapports de production, et une révolution politique qui ne révolutionne pas ces rapports n’a aucune chance de mettre fin à l’oppression de classe. « Bakounine prétend que l’Etat a créé le capital, que le capitaliste ne détient son capital que par la grâce de l’Etat » . En conséquence, il suffirait de supprimer l’Etat « et le capital s’en irait alors de lui-même au diable. A l’opposé, nous disons, nous : abolissez le capital, l’appropriation de l’ensemble des moyens de production entre les mains de quelques-uns, alors l’Etat s’effondrera de lui-même » [5]. Mais l’Etat n’est pas davantage, comme se l’imaginent les réformistes bourgeois, un organisme neutre par vocation, indépendant des classes sociales, qui ne viendrait à se trouver du côté des possédants que par l’effet d’une mauvaise administration, d’une mauvaise politique, de mauvais gouvernants : il suffirait donc de les remplacer par d’autres pour le ramener à son "vrai" rôle d’arbitre impartial. L’Etat, c’est au contraire, par essence, le « résumé officiel de l’antagonisme dans la société civile » [6], le garant de l’exploitation.

Ce qui est décisif dans l’Etat, c’est, par conséquent, le pouvoir d’Etat de la classe économiquement dominante, c’est sa maîtrise effective sur l’ appareil d’Etat , c’est-à-dire l’ensemble historiquement mouvant des forces et des formes socialement organisées dont elle dispose comme classe au pouvoir pour réprimer, administrer, intervenir dans toutes les sphères de la vie sociale selon les besoins de sa politique , dont le but fondamental est toujours de maintenir et de reproduire, en fonction de la conjoncture, sa domination et les rapports d’exploitation qui la fondent. Rien de plus aisément mystificateur à cet égard que le vocabulaire des fonctions et des "appareils" d’Etat, qui risque de masquer derrière la spécificité de choses et de mécanismes, l’unité d’ensemble et le fond de classe de l’Etat et du pouvoir. Si les classes successivement dominantes n’ont fait que développer et perfectionner l’appareil d’Etat à travers l’histoire, cela ne signifie pas que chaque pouvoir de classe se superpose simplement à des appareils ou des fonctions qui existeraient à titre plus ou moins indépendant. On a coutume de dire que, si les gouvernements passent, les administrations demeurent. Mais si les administrations demeurent, c’est que le pouvoir d’Etat est resté fondamentalement celui de la même classe à travers la succession des gouvernements. Il n’y a pas, par exemple, d’appareil militaire en soi, quoi qu’en dise l’opportunisme de droite ou de gauche, qui tend à "naturaliser" les formes actuelles de l’appareil d’Etat – que ce soit pour les légitimer ou pour en appeler à leur destruction pure et simple – comme si le budget ou l’armée étaient naturellement ce qu’ils sont. En réalité, c’est de la nature de classe du pouvoir d’Etat que la machine d’Etat reçoit sa configuration et son extension, sa nature et son rôle politiques, le caractère de ses organes, et c’est la lutte révolutionnaire pour la transformation, puis le dépérissement de ce pouvoir qui permettra de les modifier, ou selon les cas, de les abolir.

L’illusion de l’Etat-arbitre

S’il a été difficile de découvrir, s’il demeure difficile de faire saisir par tous ce caractère de classe de l’Etat, c’est qu’il est sous le masque, sous plusieurs masques.

D’abord, la classe dirigeante de la société et de l’Etat a en règle générale bénéficié du soutien ou de la neutralité d’une grande partie des masses pour accéder au pouvoir. Evoquant l’appui apporté par le peuple des villes et de la campagne à la bourgeoisie française contre la noblesse et le clergé pendant la Révolution de 1789, et transposant l’idée aux perspectives de la révolution ouvrière elle-même, Marx écrivait en 1844 : « Pour que la révolution d’un peuple et l’émancipation d’une classe particulière de la société civile-bourgeoise coïncident, (…) il faut qu’une sphère sociale particulière personnifie le crime notoire de toute la société, en sorte que se libérer de cette sphère apparaisse comme se libérer soi-même de toutes chaînes » . Et aucune classe ne peut jouer ce rôle sans connaître « un moment où elle fraternise et converge avec la société en général, où celle-ci sent et reconnaît en elle son représentant universel , où ses revendications et ses droits sont véritablement les droits et les revendications de la société elle-même, où elle est réellement la tête et le cœur de la société » [7]. Remarque très forte : une classe ne peut diriger une révolution durablement victorieuse si elle n’est pas reconnue par les autres couches opprimées comme porteuse de l’intérêt général, et la plus capable de le faire prévaloir face à la faillite historique de l’ancienne classe dominante. C’est pourquoi le pouvoir d’Etat de la bourgeoisie devait d’emblée apparaître avec force et durablement passer pour un pouvoir exercé « au nom du peuple ».

Deuxième remarque : le rôle de l’Etat est d’assurer la domination de la classe exploiteuse dans son ensemble , les conditions les plus générales de la reproduction des rapports de production. Or, la classe exploiteuse est composée de couches diverses aux intérêts différents, et même divergents, elle est animée par le souci prioritaire, sinon exclusif, de l’intérêt privé. Dans Le Capital , Marx montre, par exemple, comment l’Etat bourgeois a dû adopter une législation de fabrique – les premières « lois sociales », à vrai dire élémentaires et bien peu respectées par les capitalistes – sur la durée, la sécurité, l’hygiène du travail et sur l’éducation, pour endiguer quelque peu la tendance du capital à pousser l’exploitation jusqu’à mettre en péril la reproduction même de la force du travail dans son ensemble. Faire prévaloir l’intérêt général de la classe exploiteuse dans sa totalité suppose donc que l’Etat n’hésite pas à léser des intérêts bourgeois particuliers, jugés par lui secondaires. De plus, il lui faut passer des compromis temporaires avec les masses populaires si la situation engendrée par leur lutte vient à l’exiger. Autant d’illusions sont ainsi créées sur son apparence d’arbitre.

D’ailleurs, troisième remarque, rien ne serait plus erroné en principe que d’isoler abstraitement et d’opposer rôle de classe de l’Etat et accomplissement de tâches mises à l’ordre du jour par le développement général de la nation. C’est au contraire, dans la mesure même où il a effectivement ces tâches en charge que l’Etat remplit le mieux sa fonction de classe, et, s’il en devient incapable, c’est le sûr indice de sa crise, de la crise de la domination de cette classe. C’est ce que note Engels : « Partout une fonction sociale est à la base de la domination politique ; et la domination politique n’a subsisté à la longue que lorsqu’elle remplissait cette fonction sociale qui lui était confiée » [8]. Briser l’Etat bourgeois ne peut donc signifier que disparaissent les fonctions sociales publiques qu’il remplit, ni même telle ou telle forme que l’Etat leur a donnée, mais qu’il faut les transformer en les dépouillant de leur caractère de classe actuel.

« Quelle transformation subira l’Etat dans une société communiste ? Autrement dit : quelles fonctions sociales s’y maintiendront analogues aux fonctions actuelles de l’Etat ? Seule la science peut répondre à cette question ; et ce n’est pas en accouplant de mille manières le mot Peuple avec le mot Etat qu’on fera avancer le problème d’un saut de puce » [9]. La polémique avec les anarchistes devait conduire Marx et Engels à souligner ce double aspect de la transformation révolutionnaire de l’Etat et de son dépérissement futur : « Tous les socialistes sont d’avis que l’Etat politique et avec lui l’autorité politique disparaîtront à la suite de la prochaine révolution sociale, et cela signifie que les fonctions publiques perdront leur caractère politique et se transformeront en simples fonctions administratives qui seront les gardiennes des vrais intérêts sociaux » [10]. On comprend comment la conscience plus ou moins confuse de ce double aspect de l’Etat contribue à son tour à brouiller les pistes et à masquer son essence de classe.

Etat et société : un rapport variable

D’autan que, dernière remarque capitale, l’Etat bourgeois ne remplit pas sa fonction permanente de classe de la même manière aux diverses phases de développement du mode de production capitaliste. Marx a analysé de façon remarquable les deux grandes étapes historiques de sa constitution – et son analyse a sans doute une portée beaucoup plus générale. Dans une première phase, les rapports capitalistes ne peuvent se déployer qu’en bouleversant les conditions économiques et sociales préalables, héritées des modes de production précapitalistes, afin de les mettre en accord avec ses exigences. Il y a, par exemple, à transformer la masse des petits producteurs marchands en "travailleurs libres", en prolétaires n’ayant à vendre que leur force de travail, et cette transformation ne peut guère se faire que par l’intervention despotique, voire sanguinaire de l’Etat, par la violence directe : c’est là le secret de l’accumulation primitive du capital. De même, il vient un moment où l’Etat bourgeois doit bouleverser de façon voyante l’ensemble des rapports sociaux, juridiques, idéologiques préexistants. Ce n’est pas un hasard si c’est précisément au plus fort de cette période que le secret du caractère de classe de l’Etat a pu être percé à jour.

Mais une fois créées les conditions sociales générales de son fonctionnement et de son développement, le mode de production capitaliste tend à se reproduire et à s’étendre par son mouvement propre, et l’intervention de l’Etat peut se faire, hors les périodes de crise, beaucoup moins directe, beaucoup moins visible pour les masses. « Dans le progrès de la production capitaliste, il se forme une classe de plus en plus nombreuse de travailleurs qui, grâce à l’éducation, la tradition, l’habitude, subissent les exigences du régime aussi spontanément que le changement des saisons. Dès que ce mode de production a acquis un certain développement, son mécanisme brise toute résistance ; la présence constante d’une surpopulation relative maintient la loi de l’offre et de la demande du travail, et, partant, le salaire dans des limites conformes aux besoins du capital, et la sourde pression des rapports économiques achève le despotisme du capital sur le travailleur. Parfois, on a bien encore recours à la contrainte, à l’emploi de la force brutale, mais ce n’est que par exception. Dans le cours ordinaire des choses, le travailleur peut être abandonné à l’action des "lois naturelles" de la société, c’est-à-dire à la dépendance du capital, engendrée, garantie et perpétuée par le mécanisme même de la production » [11]. C’est justement lorsqu’il peut se permettre de prendre ainsi du champ par rapport à la réalité quotidienne de l’exploitation, que l’Etat de classe obtient avec le moins de difficultés un assentiment plus ou moins général, un consensus populaire – qu’on pense à la longue stabilité de la IIIème République en France après la période tumultueuse qui va de 1848 à la Commune de Paris – et qu’il atteint, si l’on peut dire, son rendement de classe optimum.

Voila pourquoi, en définitive, l’Etat de la classe dominante, qui n’est au service réel que de la minorité exploiteuse, parvient à se concilier durablement des soutiens de classe beaucoup plus larges : des prolétaires exploités peuvent appuyer de plus ou moins bon gré, mais parfois de bon gré, l’Etat de classe qui les opprime sans leur apparaître sous ce jour. Cette mystification idéologique, on le voit, n’est pas une simple illusion de la conscience subjective, mais le reflet tronqué de rapports réels. C’est pourquoi rien n’est plus nécessaire que la lutte politique et idéologique pour faire coïncider la conscience de classe et le comportement politique des travailleurs avec la lutte économique qui est leur pain quotidien.

Cela ne veut pas dire que l’essence de classe commune à toutes les sortes d’Etat bourgeois doive faire négliger la variété de ses formes, qui traduit dans une certaine mesure les changements dans le rapport des forces de classe. « C’est toujours dans le rapport immédiat entre le propriétaire des moyens de production et le producteur direct (…) qu’il faut chercher le secret le plus profond, le fondement caché de tout l’édifice social et, par conséquent, de la forme politique que prend le rapport de souveraineté et de dépendance, bref, la base spécifique que revêt l’Etat à une période donnée. Cela n’empêche pas qu’une même base économique (la même, quant à ses conditions fondamentales) sous l’influence d’innombrables conditions empiriques différentes, de conditions naturelles, de rapports raciaux, d’influences historiques extérieures, etc… peut représenter des variations et des nuances infinies que seule une analyse de ces conditions empiriques pourra élucider » [12].

Ce qui varie et ce qui ne varie pas

Cette variété de formes de l’Etat bourgeois est loin d’être indifférente à la classe ouvrière et à son combat. D’une manière générale, tout progrès démocratique qu’elle réussit à imposer avec l’appui des larges masses, pour limité qu’il soit, toujours dans le cadre du capitalisme, favorise les développements ultérieurs de ses luttes, et c’est pourquoi le combat pour les libertés est partie intégrante du combat pour le socialisme. La République démocratique, dont le suffrage universel et le parlement sont les aspects caractéristiques, est le régime le plus favorable pour le mouvement ouvrier : les travailleurs peuvent y transformer le droit de vote « de moyen de duperie qu’il a été jusqu’ici en instrument d’émancipation » , parce que l’élection est un moyen d’apprécier le rapport des forces, facilite la propagande, permet aux députés des ouvriers de s’adresser aux masses avec une plus grande audience. La légalité démocratique aide le parti ouvrier à se faire « des muscles fermes et des joues roses » [13]. Engels va même jusqu’à écrire de la République démocratique qu’elle « est même la forme spécifique de la dictature du prolétariat, comme l’a montré la grande Révolution française » [14]. Phrase que reprend Lénine tout en lui donnant un sens plus limité : « Engels reprend ici, en la mettant tout particulièrement en relief, cette idée fondamentale qui marque comme d’un trait rouge toutes les œuvres de Marx, à savoir que la République démocratique est le chemin le plus court conduisant à la dictature du prolétariat » [15].

Mais la variété des formes de l’Etat bourgeois, pour importante qu’elle soit, ne doit susciter aucune illusion quant à sa nature profonde : « L’Etat n’est rien d’autre qu’une machine pour l’oppression d’une classe par une autre, et cela, tout autant dans la République démocratique que dans la monarchie » [16]. Idée que Lénine formule ainsi dans L’Etat et la révolution : « Les formes de l’Etat bourgeois sont extrêmement variées, mais leur essence est une : en dernière analyse, tous ces Etats sont d’une manière ou d’une autre, mais nécessairement, une dictature de la bourgeoisie » [17]. C’est là le cœur de la conception marxiste de l’Etat dans la société de classes, dans la société capitaliste.

Quelle est donc, dans ces conditions, la tâche historique du prolétariat ? Le Manifeste l’exposait ainsi : « Le premier pas dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante, la conquête de la démocratie. Le prolétariat se servira de sa suprématie politique pour arracher peu à peu à la bourgeoisie tout capital, pour centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’Etat, c’est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante, et pour augmenter au plus vite la masse des forces productives. Cela ne pourra se faire naturellement, au début, que par une intervention despotique dans le droit de propriété et les rapports bourgeois de production (…). Les différences de classes une fois disparues dans le cours du développement, toute la production étant concentrée dans les mains des individus associés, le pouvoir public perd alors son caractère politique. Le pouvoir politique, à proprement parler, est le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Si le prolétariat, dans sa lutte contre la bourgeoisie, se constitue forcément en classe, s’il s’érige par une révolution en classe dominante et, comme classe dominante, abolit par la violence les anciens rapports de production, il abolit en même temps que ces rapports, les conditions de l’antagonisme des classes, il abolit les classes en général et, par là même, sa propre domination de classe. A la place de l’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous » [18].


[1] Jean Fabre, François Hincker, Lucien Sève : Les communistes et l’Etat , Ed. sociales, 1977, 250 p.

[2] K.Marx, F.Engels : Manifeste du Parti communiste , 1848, Ed. sociales, p.56.

[3] F.Engels : L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat , 1884, Ed. sociales, p.178.

[4] K.Marx, F.Engels : Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt , 1875, Ed. sociales.

[5] Ibid.

[6] K.Marx : Misère de la philosophie , 1847, Ed. sociales, p. 179, 1968.

[7] K.Marx : Critique du droit politique hégélien , 1843, Ed. sociales, p. 208-209, 1975.

[8] F.Engels : Anti-Dühring , 1878, Ed. sociales, p.208.

[9] K.Marx, F.Engels : Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt , 1875, Ed. sociales, p.43.

[10] F.Engels : De l’autorité , Marx-Engels Werke, Dietz Verlag, t.18, p.308 (Trad. Cl. Prévost).

[11] K.Marx : Le Capital , Ed. sociales, livre I, t.III, p.178.

[12] K.Marx : Le Capital , Ed. sociales, livre III, t.III, p.172.

[13] F.Engels, Introduction à K.Marx : Les luttes de classes en France , 1850, Ed. sociales, p.25 et 34.

[14] K.Marx, F.Engels : Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt , 1875, Ed. sociales, p.103.

[15] Lénine : Œuvres , t.25, p.481.

[16] F.Engels, Introduction à K.Marx : La guerre civile en France , 1871, Ed. sociales, p.301.

[17] Lénine : Œuvres , t.25, p.446.

[18] K.Marx, F.Engels : Manifeste du Parti communiste , 1848, Ed. sociales, p.56 et 57.


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Sur le blog faire vivre et renforcer le pcf


La transformation continue à dissoudre...


samedi 10 avril 2010
par pam




L’affiche imaginée par la direction du PCF pour faire vivre le "Front de Gauche" était (inconsciemment ?) éclairante... un cachet rouge se dissout dans un verre d’eau...
On ne pouvait pas mieux dire qu’il s’agissait non plus de mettre de l’eau dans son vin, mais carrément de tout dissoudre dans un breuvage qui pour faire des bulles quelques temps, ne laisse finalement aucune force aux communistes !


Dans une "contribution pour la commission transformation du parti" Patrice Cohen-Seat un des organisateurs et penseurs des stratégies suivies par le PCF depuis 20 ans, reconnait indirectement ce que cette affiche annonçait...
Constatant que ce "nouvel acteur politique" qu’est le FG ne "perce pas dans les couches populaires" , il conclut que "nous n’inversons pas la tendance" , et même affirme que "cette démarche de rassemblement n’apporte pas de réponse à la question de la place propre du parti..."

Cohen-Seat rappelle que c’était la question posée aux derniers congrès après 30 ans de déclins et les gifles de 2002 et 2007... et que c’était pourquoi le PCF avait décidé "d’engager un important travail de refondation de nos analyses et de notre projet" car le coeur du problème est que "nous ne sommes pas identifiés à un projet d’avenir" . Cet important travail a mobilisé les trois derniers congrès pour redéfinir notre projet, notre fonctionnement, notre stratégie...

Résumons nous... nous sommes confrontés à une difficulté, nous avons décidé d’une stratégie, le résultat montre que ca ne répond pas à la difficulté... Qu’en conclut Cohen-Seat ?

> Qu’il faut revoir les analyses qui ont conduit à cette stratégie ?
> Qu’il faut apporter des modifications à la direction qui a porté ces analyses et cette stratégie ?
> Que l’urgence est de repenser notre rapport à ces couches populaires qui nous désertent, le FG ne "progressant que dans les catégories supérieures" ?

Pas du tout !

En tout bonne logique réformiste, Cohen Seat confirme qu’il faut accélérer la "transformation du PCF" dont il est porteur avec la direction depuis 20 ans et qui nous a conduit dans cette situation terrible pour les militants bien sûr, mais qui surtout laisse les quartiers populaires et le monde du travail désarmés dans la violence de la crise.

Il répète les analyses qui ont conduit à l’échec qu’il constate
> "nous débarrasser de l’image qui nous colle à la peau d’une force de passé" , bref, rompre avec l’histoire communiste du PCF
> "les réponses d’hier ne sont plus efficaces" , bref, le marxisme et l’analyse de classe de la société est périmée, vive les sondages et le "regard" médiatique.
> "les couches populaires les moins qualifiées se sont senties abandonnées notamment par la gauche" ... le problème ce n’est pas que la gauche et le PCF les ont abandonnés, non, c’est qu’elles l’ont "senties" !!!

Au lieu de conclure de l’échec que la direction doit changer de regard sur la société, Cohen-Seat cherche encore la recette miracle pour tenter de "changer le regard que la société porte sur nous"

On est pas loin de "le peuple n’est pas d’accord avec notre stratégie, changeons le peuple" !

D’ailleurs, Cohen Seat est tellement intégré dans sa représentation du monde qu’il en vient à justifier nos difficultés en affirmant que ce sont celles de toute la gauche, et même de tous les partis communistes d’Europe. Il est vrai qu’il ne connait que ceux qui accompagnent cette dérive "de gauche", que ce soit en Allemagne ou en Italie. Pas la peine de lui dire qu’il y a des partis communistes qui résistent, dans des situations diverses et qui démontrent qu’il est possible pour les communistes de choisir une autre stratégie.. En Grèce, au Portugal, en Tchéquie, à Cuba, au Vénézuela, au Brésil...

Mais chut, il ne faut pas déranger les transformateurs, ils réfléchissent à leur prochaine migraine... que vont-ils dissoudre maintenant après les cellules, les sections récalcitrantes, le groupe PCF à l’assemblée.. ? Au tour des fédérations peut-être, du parti lui-même [1] ?

La suite n’est bien sûr que redite de la ligne politique qu’il défend malgré tous ses échecs successifs.. il faut "un nouveau projet" , de "nouvelles formes politiques" ... ce que les communistes ont entendus depuis des années et qui les a affaibli d’échéance en échéance...

C’est aux militants de décider. Il y a une leçon urgente à tirer de l’expérience. Il faut bousculer cette direction, redonner la parole aux communistes tentant de faire vivre le PCF dans leur diversité, et travailler avec humilité et ténacité à reconstruire un parti de combat dans le monde du travail.
Le "signal fort" que cherche Cohen Seat pourrait le surprendre...



[1] pas encore, les communistes seraient capables de le faire vivre sans eux !

source : PCF : communistes de Vénissieux

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Cynthia Fleury chroniqueuse d'avant-garde dans l'Humanité


A la manif du 1er mai, on me remit un tract du Collectif Roosevelt intitulé « Même sans croissance, il y a des solutions » .
Avec 5 millions de chômeurs, était il écrit, miser sur le retour de la croissance n’est plus possible. Afin d’en finir avec le chômage, il était proposé de partager le travail et les salaires.

Le Collectif Roosevelt est composé de personnalités sociale-démocrates, Jean Marc Ayrault, Arnault de Montebourg, maintenant au gouvernement, du défunt Stéphane Hessel, de Jean Daniel (fondateur du Nouvel Observateur,) de Michel Rocard (que l’on ne présente plus) de Susan George (fondatrice d’Attac dont elle a été vice présidente) de Roland Gori (président de l’association Appel des appels), d’Aurélie Trouvé (coprésidente d’Attac), Joël Decaillon représentant la CGT à la CES dont il a été le Secrétaire général adjoint, Gilbert Mitterrand, Jean Gadrey (théoricien de la décroissance), et bien d’autres encore dont…..

Cynthia Fleury, chroniqueuse au journal l’Humanité !


Madame Cynthia Fleury est professeur de philosophie politique à l’Université américaine de Paris chercheur au Museum d’Histoire naturelle, maitre de conférences à l’Institut Politique de Paris et chargée d’enseignement à l’Ecole polytechnique. Voilà pour le coté professionnel ! (référence Wikipédia).

Hormis de militer pour le partage du temps de travail au sein du Comité Roosevelt, Madame Cynthia Fleury, est membre du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot. Fondation sous la tutelle du capital et de l’Etat puisqu’à son conseil d’Administration siègent notamment la société l’Oréal, TF1 et Véolia environnement, en tant que membres fondateurs, le gouvernement est représenté par le ministère de l’écologie.

Ce lien étroit entre la fondation et les forces dominantes s’est traduit par la nomination comme « envoyé spécial du président de la République pour la planète » de Nicolas Hulot.
Le président du Conseil scientifique est Pierre André Gouyon, membre fondateur du CRIIGen et conseiller de Corinne Lepage.
Les scientifiques membres de ce conseil ne font pas partie de ceux qui s’opposent à l’assujettissement des organismes de recherche et des universités au pouvoir politique et au patronat.
C’est donc fort logiquement que la Fondation s’est transformée cette année en think tank, en groupe de pression, donnant une caution scientifique à l’idéologie des forces dominantes sous couvert du développement durable.

Mme Cynthia Fleury est aussi membre du comité exécutif et présidente du Conseil d’orientation d’un autre think tank social démocrate intitulé « Europa Nova » .
Au Conseil d’administration, nous trouvons Jean d’Arthuis membre du comité exécutif du Fonds stratégique d’investissement, de Louis Dreyfus PDG du groupe de négoce multinational éponyme, de Matthieu Pigasse, directeur général délégué de la banque Lazard, ainsi que propriétaire du magazine Les Inrockuptibles , et actionnaire du journal Le Monde et du Huffington Post etc…

Dans un très récent article paru dans « la Croix » intitulé « Nous, Européens, unissons-nous politiquement et socialement » , Madame Cynthia Fleury prône une Europe fédérale en se réclamant de Jacques Delors et de Michel Rocard !

Alors, la chronique de madame Cynthia Fleury à l’Humanité, une erreur de casting ou une ligne éditoriale ?


dim. 12/05/2013
Gilles Mercier



Edité le 13-05-2013 à 13:28:42 par Xuan




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J. Tourtaux met en ligne un article paru également sur "faire vivre et renforcer le pcf". Cet article est intéressant ainsi que les commentaires dont celui de J. Tourtaux.

LE FRONT DE GAUCHE, C'EST QUOI ? COMMENTAIRE DE NICOLAS ET MA REPONSE A SON COMMENTAIRE


Article rédigé par Nathanaël Uhl, militant du PG
lundi 8 juillet 2013





Après la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot, des interrogations et doutes légitimes se font entendre au sein du Front de gauche, suscitant un débat sur les réseaux sociaux. La tribune que nous publions en est un reflet.

On ne gagne rien avec la méthode Coué. Pour le Front de gauche, les élections législatives partielles qui se suivent, se ressemblent et ne portent guère à l’optimisme. Certes, cet ensemble de formations politiques enregistre des frémissements de pourcentage à la hausse en profitant de l’abstention qui caracole. Mais en fait, non seulement, il ne progresse pas en voix mais il en perd dans la plupart des cas. A qui veut bien se montrer lucide, le Front de Gauche est dans une mauvaise passe.

D’aucun pourra toujours se dire, pour se faire plaisir, qu’il stagne ou qu’il recule moins vite en voix que les autres. La réalité est bien différente : malgré son activisme, le Front de gauche ne capitalise pas le mécontentement croissant et surtout pas celui des classes populaires. Non seulement il peine à élargir sa base électorale mais, plus grave, il a le plus grand mal à la conserver. Il y a plusieurs raisons à cela.

En premier lieu, et cela ne fera pas plaisir à beaucoup, le Front de gauche est assimilé au Parti socialiste. Les envolées sur le « parti solférinien », sur sa politique « objectivement de droite », ne servent guère à se démarquer. 90 % des citoyens de ce pays considèrent que le PS reste un parti de gauche et, ce faisant, tirent un trait d’égalité, conscient ou inconscient, entre le parti majoritaire et le Front de Gauche. Le rejet du Parti socialiste est vécu par bon nombre comme un rejet de la gauche, dont il serait la principale composante, qui affecte donc la gauche alternative.

La défaite des socialistes aux municipales – défaite annoncée par 8 revers consécutifs lors des élections législatives partielles – peut s’accompagner aussi d’un recul du Front de gauche et, singulièrement, d’un recul du PCF. Ce, quel que soit le scénario choisi : autonomie conquérante ou alliance avec le PS. Très certainement, les deux scenarii vont coexister générant un manque supplémentaire de lisibilité politique à l’échelle nationale accentuant encore la désaffection probable d’une partie de l’électorat vis-à-vis du Front de gauche.

Ce manque de lisibilité alimente également le manque de crédit que les citoyens accordent aux propositions de cet ensemble mouvant. Le Front de gauche dans son ensemble n’est pas jugé capable de présenter une alternative crédible à gauche face au Parti socialiste. Beaucoup le considèrent sympathique, humain, volontaire ; on voit ses militants dans les luttes et ils sont appréciés pour cela. Mais la capacité du Front de gauche à aller au-delà du seul témoignage reste, par contre, circonscrite à un cercle très restreint de membres des catégories socio-professionnelles moyennes supérieures conscientisées. Bref, le même cercle que celui qui compose le gros des bataillons du NPA.

Dernière raison de l’incapacité du Front de gauche à rassembler durablement : les accents gauchistes de bon nombre de discours tenus par ses porte-paroles. Ils sont certes à la hauteur de la colère qu’éprouve le monde du travail face à l’absence de rupture politique entre le quinquennat Sarkozy et le début de mandat de François Hollande. De l’adoption du TSCG sans renégociation à la réforme des retraites telle qu’elle est annoncée, le gouvernement semble bien avoir choisi le camp du patronat. Certes. D’aucuns, à la gauche du PS le disent aussi et appellent à un changement de cap « pour tenir les promesses du candidat Hollande ». Nombreux sont les militants des diverses composantes du Front de gauche à avoir des discussions avec de simples électeurs socialistes faisant part de leur désarroi. Et face à ces appels à l’aide, la réponse du Front de gauche ressemble souvent aux coups de poing dans la gueule.

Pendant ce temps-là, élection partielle après élection partielle, le Front national progresse et en voix et en pourcentage. Mardi 18 juin, un nouveau sondage accorde 40 % d’opinions favorables à Marine Le Pen. Elle est certes bien aidée par les médias dans son opération de « dédiabolisation » quand ses nervis tuent. C’est que l’oligarchie a besoin d’ordre à l’heure où il faut parachever la dérégulation du travail, la casse des solidarités collectives, la libéralisation des derniers pans de l’économie qui échappent encore à la main invisible du marché… De même, une partie des révoltés trouvent dans le vote FN une issue qu’ils jugent le Front de gauche incapable de lui proposer. Marie-Noëlle Lienemann ne dit pas autre chose quand elle déclare : « Nous avons un réel problème : (il y a) un basculement de notre électorat vers le Front national. Une partie de nos électeurs, qui a l’impression que nous ne lui offrons pas une sortie de crise lisible, bascule dans les fausses solutions » .
La main tendue plutôt que la main dans la gueule

Alors, comme disait Lénine, « que faire ? ». La force du Front de Gauche, durant la campagne présidentielle, a été sa capacité à rassembler autour de propositions concrètes autant que clivantes : SMIC à 1 700 euros, salaire maximum, nationalisations. Il faut revenir aux fondamentaux du rassemblement et que le Front de gauche s’adresse en priorité à ces centaines de milliers de militants, sympathisants, électeurs du Parti socialiste qui ne se retrouvent pas dans la politique menée par le gouvernement. Le Front de gauche n’a rien à gagner à instruire leur procès en mensonge. Au contraire, le Front de gauche aurait tout à gagner à retrouver le souffle de la présidentielle quand il s’est montré capable d’aller au-delà de lui-même dans son adresse. Plutôt que la main dans la gueule, qu’il pratique la main tendue.

Il gagnerait aussi travailler à partir des schémas imposés par l’oligarchie : faire des propositions rigoureuses, argumentées et chiffrées que ses militants pourront défendre pied à pied auprès de celles et ceux qu’il entend faire siens. C’est résolument marxiste que de partir du réel pour aller vers l’idéal. C’est certes le chemin le plus ardu, le plus difficile. Face à l’irrationalité en politique – laquelle a généré des phénomènes aussi aberrants que Ségolène Royal ou Beppe Grillo –, il faut remettre les mains dans la glaise pour enraciner un corps de propositions adapté au temps présent mais utilisant les méthodes qui sont celles de l’adversaire. C’est aussi cela l’éducation populaire politique, c’est bien cet outil que le Front de gauche a choisi d’utiliser prioritairement depuis ses débuts. Avec succès dans un premier temps. Le choix de l’intelligence c’est d’assumer la complexité de la situation politique et des solutions pour en sortir.

L’auteur : Nathanaël Uhl est membre du Parti de gauche ; il anime un blog personnel Le Cri du peuple.

Commentaires :

Christian Creveseur :
"Si je peux me permettre, la stratégie confuse de Mélenchon n’est pas non plus étrangère à cette désaffection. On ne peut pas un jour dire "ce gouvernement fait n’importe quoi", et le lendemain dire "je veux devenir premier ministre de ce gouvernement qui fait n’importe quoi". Aussi j’ai le sentiment que la stratégie qui a visé à se faire la peau du FN et de Marine Le Pen en particulier, a vite trouvé ses limites. Mélenchon et le FdG ont-ils seulement vocation à être les chiens de berger de la gauche qui ramènent les brebis égarées ? En devenant l’ennemi juré du FN, le FDG donne matière à cet ennemi. Cette stratégie est contreproductive."

Brigitte Pascall :
"Christian, je partage tes critiques 5 sur 5. Simultanément, que de chemin parcouru en un an, depuis la mauvaise stratégie, ni majorité, ni opposition !!!! Je suis d’accord avec ce texte, quand il dit que nous devons poursuivre notre travail de contre propositions, et je complèterai, en insistant sur des propositions contre le chômage et la misère... "

Commentaire de Nicolas

Pourquoi cette personne ne cite que les sondages favorables au Fhaine ? Surtout si l'on sait que Philipot a travaillé à l'IFOP.
Pourquoi ne pas parler du sondage d'il y a un mois d'une agence anglaise pour itélé et le Huffington Post qui à la question: "Pour qui voteriez vous en cas d'élections européennes" ont répondu: 19% UMP 18%FN 15% FdG et 15% PS
Donc on voit que le Fhaine progresse de 0,1 % depuis les présidentielles Le FdG lui passe de 11 à 15 %
Sur Villeneuve les militants locaux du FdG ont commis une grande "bourde" Ils ont fait circuler un tract en arabe s'imaginant que des français d'origine arabe ne savaient pas lire notre langue.
Ils ont fait un meeting où ils ont passé la chanson Lili de Pierre Perret très belle au demeurant mais pas très adaptée dans le contexte actuel anti-immigré.
Enfin les candidats locaux n'ont bénéficié d'aucun soutient national au contraire du Fhaine du PS et de l'UMP où les leaders se sont déplacés.
D'autre part si le FdG ne dénonce pas le Fhaine qui va le faire ? Pour moi il faut taper dedans à fond et dénoncer tous ces fascistes et xénophobes.
Commentaire n°1 posté par Nicolas aujourd'hui à 08h14


Ma réponse à Nicolas

• Salut mon camarade Nicolas, comme tu le sais, depuis des décennies, je suis un militant communiste, désormais désencarté depuis le 1er janvier 1999, et ce, après 40 années de militantisme au sein du PCF.

Comme tu le sais également, depuis plusieurs scrutins, je boycotte les élections. En effet, je refuse de choisir entre la peste et le choléra.

Je ne me désinteresse pas pour autant de l'actualité politique nationale et, je dois dire qu'elle est si décevante qu'elle me conforte dans ma volonté de boycott et, pour qui connait le vieux sanglier, je suis un tenace qui va toujours au bout de ce qu'il entreprend.

Je ne connais pas la personne qui a écrit cet article mais je connais le camarade qui me l'a adressé pour l'avoir côtoyé l'an dernier aux Assises du Communisme à Marseille et à la fête de l'Huma, en septembre dernier.

Je suis effaré de voir le désert politique dans lequel se trouve la France d' "en bas" dont les traditions révolutionnaires et de combat ne sont plus à démontrer et qui désormais, se vautre dans l'attentisme, préjudiciable aux masses populaires, les plus vulnérables.

Je n'ai pas confiance en cette "gauche" qui a perdu ses lettres de noblesse et fait ainsi fuir l'électorat populaire, électorat traditionnel du PCF.

Un simple coup d'oeil sur les résultats de Villeneuve sur Lot me suffit pour comprendre l'état dans lequel se trouve cette "gauche" en décrépitude.

L'important, me semble-t-il, n'est pas le résultat calamiteux attendu de cette élection partielle mais le pourquoi de cette montée de l'abstentionnisme, du boycott, nettement vainqueur à chaque scrutin désormais.

Venir aboyer comme ils le font tous après les socialistes est déplacé, inacceptable de la part de tous les adeptes de la politique politicienne de "gauche" et du syndicalisme réformiste de rassemblement, qui ont appelé et fait voter pour le PS. Parmi les pourvoyeurs de voix pour le PS, les organisations politiques se réclamant de la "gauche" comme le "Front de gauche" de Bonaparte Mélenchon, qui s'est précipité pour appeler au vote Hollande, je trouve que c'est se moquer du peuple.

Concernant Mélenchon, j'ai déjà maintes fois dit ce que je pense de cet individu, plus enclin à regarder son nombril qu'à se préoccuper de la défense des citoyens. Je suis de ceux qui pensent, sans faire d'excès d'ouvrièrisme, qu'il aura la "gueule usée avant les bras".

J'ai également souvenance que lors des présidentielles, le prétention Mélenchon a dit que s'il était élu président, il formerait un gouvernement de cadres supérieurs alors, s'il voulait donner la nausée à l'électorat prolétaire, il ne pouvait mieux dire.


Jacques Tourtaux
Communiste


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Xuan
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   Posté le 06-03-2014 à 22:38:59   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Gilbert Remond sur le P"C"F et le "juste milieu" :

À force de refuser de voir que le monde n'est pas sous la botte des politiques impérialistes et de découper ses problèmes selon la nouvelle liturgie des droits de l'hommistes, en ne considérant les choses que du point de vu des méchants dictateurs corrompus, face à leurs peuples privés de démocratie, on finit par se comporter comme des cloportes, ce qu'attendent de nous les impérialistes, pour enfin nous écraser d'un coup de talon, sans tambour ni trompette.

Kafka se rirait de cette métamorphose, car il savait l'emprise de ces procès poisseux et permanents qui instruisent la culpabilité des sujet et les font ramper devant le défiler d'un pouvoir invisible, présence de tout instant dans un espace oppressant. La pire des polices est celle qui s'est insinué dans nos têtes.

S'il y a toujours des "prédicateurs" pour les invoquer, il nous faut savoir les contredire et les chasser sans faiblesse. Oui, l’ennemie a pris rang chez nous, il s'y sent tellement à l'aise qu'il laisse tomber les masques sans honte, ni retenue. Bon élève sans imagination, il récite avec empressement et sans distance ce que lui souffle son maître à la cantonade, à savoir le texte d'une vérité unique que relais docilement l'appareil médiatique, comme il souhaite l'entendre de chacun.

Hier soir nous en fût donné un bon exemple au comité de section du PCF à Vaulx. Après la position équilibrée donnée par la direction, il n'est plus besoin de connaissances historiques, ni d'analyse de classe. Il suffit de s'en remettre à la rumeur des places publiques, à la doxa européenne qui les inspire, à l'opinion de celui qui dit ce qu'il a vu ou de ce que d'anonymes témoins ont pu lui rapporter.

Maintenant la juste ligne passe toujours par le milieu. Les révolutionnaires sur toutes questions se doivent être des médiateurs non des partisans. Ils exigent la bonne entente et la négociation pour y parvenir, autant dire la soumission devant la terreur et la force instituée. Tout manifestant qui proteste dans un pays insoumis à l'ordre occidental, devient un démocrate et se trouve justifié a priori dans sa colère, comme si les nazis eux-même n'avaient pas compter dans leurs rangs des gens spoliés par d'abominables profiteurs, toute une caste de comploteurs cosmopolites, d'agents de l'étranger agissant pour le compte de Moscou, ce qui est exactement ce que nous disaient ceux de la place Maïdane.

Décidément la réaction nous sert toujours les mêmes plats . Ils ne sont pas de résistance mais de connivence. Ils ressassent une idée fixe: les peuples doivent être conduits, ils ne peuvent avoir d'autres maîtres que ceux du libre commerce, de la libre concurrence et donc du monde qui en promeut les valeurs. L'OTAN bien sûr est le bras armé de leur organisation, mais aussi le faux nez de la domination d'un impérialisme sur le monde, l'impérialisme U S, pourvoyeur de dictatures sanglantes. Il est significatif que ce système d’alliance se soit perpétué et élargi alors que sont objet officiel, contenir les visées expansionnistes de l'URSS avait disparu.

Il est troublant de voir comment un grand parti comme le PCF qui s'est construit sur le refus de la guerre impérialiste et de ses avatars coloniaux, puisse à ce point baisser ses étendards, et les déposer aux pieds de l'adversaire le plus acharné des peuples du monde au nom d'une fiction post -Marchall, celle de l'union européenne qui nous le voyons à l'occasion de chaque crise internationale se prosterne devant le pouvoir États-unien et s'aligne sur toutes ses décisions .

Il est aussi troublant de voir que les mêmes organisent systématiquement la dilution du PCF dans le Front de Gauche qu'ils font passer en priorité sur l'expression communiste, comme s'il devenait urgent d'en faire disparaître les analyses au moment où le peuple en a besoin pour se mettre en mouvement. Je trouve donc éminemment instructif que ceux qui exigent des communistes qu'ils se fondent dans le front de gauche sont les mêmes qui demandent à ce que nous soyons nuancé sur les événements de Kiev, défendent les putschistes au nom de la démocratie et des intérêts populaires, veulent nous mobiliser pour des élections, sur des listes partisanes qui entretiennent l’illusion d'une alternative européenne, devenue impossible depuis le traité de Lisbonne.

Gilbert Rémond


Sa lettre en introduction à l'article de commun commune :
La politique extérieure néoconservatrice d’Obama d’isoler la Russie est un échec.
et à l'article de J. Lévy :
QUAND L'HISTOIRE EST INVOQUÉE POUR TENTER DE JUSTIFIER LE REMODELAGE DES ÉTATS AU PROFIT DE L'IMPÉRIALISME...


Edité le 06-03-2014 à 22:43:04 par Xuan




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   Posté le 08-03-2014 à 08:28:17   Voir le profil de Finimore (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Finimore   

Xuan a écrit :

[#800000]Le site "faire vivre et renforcer le pcf" publie deux articles :

les communistes et l'Etat - 1e partie
les communistes et l'Etat - 2e partie


Le n°1 (nouvelle série) de Front Rouge en juillet-août 1977 avait publié un article précis concernant le livre du P"C"F "les communistes et l'Etat"
cet article est dispo sur le site des Editions Prolétariennes "A propos du livre : "Les communistes et l'Etat" La dictature du prolétariat est-elle dépassée ?

http://editions-proletariennes.org/Dochml/presse/articles/frontrouge/Frt1/Frt1p55.htm




Edité le 08-03-2014 à 08:28:42 par Finimore




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Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO)
Xuan
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Bernard Trannoy (PCF Bassin d'Arcachon) écrit dans faire vivre et renforcer le pcf :


Arrêtons de prendre les classes populaires pour des demeurées auxquelles nous devons apporter la lumière

A propos d’un débat ouvert dans l’Humanité sur la séquence électorale écoulée.
vendredi 2 mai 2014


par Bernard Trannoy

Première remarque, pour l’essentiel ceux qui produisent des contributions aux débats, limitent leur champ de réflexions au seul champ institutionnel. Il y a là, le résultat d’une lente, mais certaine dérive du PCF en parti d’élus. Pour ceux-ci, la place dans l’institution prend inévitablement le dessus sur les enjeux des affrontements de classes. Ce qui conduit très vite à limiter son champ d’interrogations aux seuls paramètres d’un rassemblement politicard, préoccupé par les seules constructions d’appareils, de prébandes, de sommets où ne peuvent que s’affronter les "egos" où le seul enjeu est la place dans le système institutionnel existant, donc de fait sans véritable volonté de le mettre en cause.

Et si notre dérive en dégénérescence n’était pas à rechercher ailleurs que dans le système des alliances, mais bien plutôt, dans notre incapacité ou absence de véritable volonté de prendre en compte les attentes sociales des classes populaires ?

Et arrêtons de dire que ce divorce n’est que le résultat d’une incompréhension de leur part, et de la notre un manque de pédagogie. Arrêtons de prendre les classes populaires pour des demeurées auxquelles nous devons apporter la lumière. Et mettons-nous plutôt à leurs écoutent. Ce n’est évidemment pas la bouillie à chats servi par la tribu Boccarra qui nous aidera à avancer ; Tribu, mais pas qu’elle, qui est dans une recherche effrénée d’une réponse technocratique à un problème fondamentalement politique.

Mauriac déclarait au lendemain à la libération "Seule dans sa masse, la classe ouvrière est restée fidèle à la France profanée" . Ce constat reste plus que jamais d’actualité, car c’est bien la question de la souveraineté qui est au cœur des interrogations et la trahison des "élites" sur cette question, y compris dans son versus dit "communiste" est évidente.

Le refus des dirigeants actuels du PCF de répondre à cette attente, fait UN, le jeu inespéré du FN, pour ne pas dire, ses alliés de fait, pour cause de désertion. DEUX nous conduit à l’inutilité pour le monde du travail qui préfère se réfugier dans l’abstention. Abstention qui est un fait politique majeur.

Ce qui dans un scénario à l’italienne ne peut que conduire le PCF à sa disparition justifiée pour cause d’inutilité pour les classes populaires. Les stratégies dite de Front, d’états généraux de la gauche ne sont que des raccourcis. Rassembler, en bas, et d’abord sur les lieux de travail, ouvrir une véritable perspective de sortie du capitalisme, être porteur d’un projet, d’une véritable visée, voilà autant de moyens de produire du rassemblement.

Il est à remarquer que dans cette phase nous voyons proliférer ce que Paul-Vaillant Couturier appelait à son époque les jeteurs de mots, où l’incantatoire tient lieu de ligne politique substitut à l’absence de véritable visée stratégique.


Edité le 03-05-2014 à 15:24:50 par Xuan




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Eric
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   Posté le 03-05-2014 à 23:46:49   Voir le profil de Eric (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Eric   

Bonjour ,

Comme on dit il y a longtemps que le ver était dans le fruit .
Dès 1945 il y avait des possibilités de prendre le pouvoir afin d'instaurer une république socialiste soviétique en France .
Au lieu de cela Thorez a préféré désarmer les milices patriotiques et a demander aux prolétaires de retrousser leurs manches afin d'engraisser la bourgeoisie .
Ensuite il y a eu la rupture sino-soviétique autour de 1963 , suite au 20 ème congrès du PCUS ou le P"C"F s'est rangé derrière le révisionnisme Khrouchtchevien .
On continue avec le soutien à la candidature de Mitterrand en 1965 , dès le premier tour .
En 1972 c'est la signature du programme commun avec la social-démocratie .
En 1976 c'est l'abandon de la dictature du prolétariat .
En 1979 , le P"C"F décide qu'il n'est plus marxiste-léniniste .
Et la descente aux enfers continue ....
Alors la pédagogie ...
En vérité il n'existe plus de parti communiste en France depuis longtemps .
Le prolétariat français n'a donc plus de parti politique pour le représenter .
Or , la nature a horreur du vide .
Cet espace vacant est dorénavant occupé par le Front National .
C'est le seul parti qui ose encore parler aux ouvriers de leurs problèmes concrets et qui se situe clairement contre le système et le parti socialiste .
Le meilleur moyen de lutter contre la montée du Front National ce n'est pas de stigmatiser les ouvriers en les traitant de racistes ou de fascistes mais c'est de recréer un véritable Parti Communiste Marxiste-léniniste .

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Xuan
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   Posté le 04-05-2014 à 11:37:57   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

C'est en effet l'objectif, je publie à cet effet les déclarations positives qui proviennent de militants sincères du parti révisionniste, y compris si je n'en partage pas la totalité des affirmations.

A l'extérieur du P"C"F aussi et parmi les marxistes-léninistes il existe des points de vue et des idéologies différents.

Effectivement seul un nouveau parti communiste peut s'opposer au fascisme et nous devons faire confiance aux masses.

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Lichtenthal
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   Posté le 14-05-2014 à 19:18:15   Voir le profil de Lichtenthal (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Lichtenthal   

Je suis d'accord avec Eric sur quasiment tout, sauf sur le fait que le FN parle aux ouvriers de leurs problèmes concrets. Il faut rappeler que ce parti critique fortement les 35 heures et demeure profondément capitaliste. D'ailleurs, il n'y a pas que chez les ouvriers que le FN fait de bons scores, il en fait aussi chez les patrons et les CSP + ...

De nombreux petits-bourgeois ou bourgeois soutiennent ce parti car il défend leurs intérêts. Or, ceux-ci sont contraires à ceux des ouvriers. Donc l'aspect "opposition au système" du FN n'est pas totalement pertinent. J'ai plus l'impression qu'il ne s'agit que d'une image. Les bourgeois qui profitent le plus du système ne sont pas très loin de ce parti.

D'ailleurs, peu de temps après les élections législatives de 2012, les 2 ou 3 députés FN ont tenté de faire passer une proposition de loi (évidemment rejetée) permettant de faire travailler les chômeurs au prix des minima sociaux (le RSA le plus faible, soit 480 euros) !

De plus, les quelques municipalités dirigées par le FN retirent à tous les syndicats leurs locaux.

Enfin, de nombreuses études montrent que le premier parti ouvrier de France est actuellement l'abstentionnisme. En plus, selon ces mêmes études, il y a toujours eu une frange des ouvriers qui, en France, votait à droite (pour les gaullistes), voir à l'extrême droite, même à l'époque où le PCF obtenait plus de suffrages.

L'abstentionnisme, ce n'est pas du "vide". Les gens qui se sont détournés du PCF et de la politique en général ne se sont pas retrouvés dans le vide. Le prolétariat exprime, je pense, son désaccord avec tout le système politique en premier lieu, même si cette expression est complexe et ne passe pas toujours par un parti.

Par contre, je suis entièrement d'accord avec le fait que la nécessité d'un nouveau parti communiste est réelle, et qu'il doit être le fruit d'un mouvement ouvrier et populaire, ça c'est certain.

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Xuan
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   Posté le 14-05-2014 à 22:56:03   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Quelques mots à ajouter :

> l'abstentionnisme reflète un rejet mais pas un projet révolutionnaire, ni une position de classe, à moins d'être présenté comme tel par le parti communiste et lancé comme un mot d'ordre.

> Le FN a pour objectif en dernier ressort l'Union Sacrée entre le capital et le travail, mais sa démagogie repose aussi sur les contradictions au sein du peuple, sur des conceptions erronées exprimées par les masses, même chez les ouvriers.
Par exemple le rejet de ceux qui "profitent" des aides sociales, des fonctionnaires, ou bien la volonté de faire des heures supplémentaires pour "compenser" les bas salaires, le chauvinisme et la xénophobie, etc.
Il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit bien de problèmes concrets, dont la cause véritable est dissimulée et remplacée par un bouc émissaire.

Les communistes doivent s'attacher à désigner l'ennemi de classe, démontrer ses liens avec les fascistes, et unir tout ce qui peut être uni contre lui.

Sur la conclusion, nous sommes d'accord aussi.

Nous constatons que dans la période actuelle, et depuis un certain temps déjà, la tendance à l'unité l'emporte sur la tendance à la scission et à la liquidation, et l'esprit de parti sur celui de secte. Des groupes maoïstes se sont rapprochés ; dans le parti révisionniste des groupes d'opposition communiquent entre eux et nous communiquons aussi avec eux.

Ceci constitue un immense progrès, même si nous sommes parfaitement conscients des contradictions qui nous opposent encore.
Du reste la création du parti ne mettra pas fin à toutes les contradictions, qui constituent la force motrice du centralisme démocratique.
Il y aura encore un long chemin à parcourir, agir régulièrement de concert, pour atteindre un certain degré d'unité idéologique et politique, de discipline aussi, et ensuite pour traduire cette unité en organisation.
Nous ne savons pas encore quelle en sera la première forme (peut-être une fédération des groupes marxistes-léninistes), ni comment la volonté ouvrière et populaire la fera émerger, mais nous pouvons être convaincus que nos ennemis de classe en sont eux-mêmes les premiers artisans.

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   Posté le 09-11-2014 à 09:24:19   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Ci-dessous un texte émanant de l'opposition interne dans le pcf, visant au redressement de leur parti :

Conférence nationale des 8 et 9 novembre
Créer les conditions d’un renouveau réel du Parti Communiste


Samedi 8 novembre 2014, par lepcf.fr


Notre parti sort gravement affaibli des dernières périodes électorales. Nous avons perdu 5 députés en 2012 (s’ajoutant aux 12 perdu depuis 2002), 56 villes de plus de 9000 habitants en 2014, 1 député européen sur les 2 restants. Certains avaient espéré un sursaut après le résultat de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles. D’autres avaient alerté sur un score qui ne faisait qu’absorber les voix d’extrême-gauche et révélait un nouvel affaiblissement dans les régions ouvrières historiques du PCF.

La conséquence de cette stratégie électorale a été l’éloignement, puis la coupure avec la classe ouvrière, avec le monde du travail.

Face à la crise sociale et politique, que faire ?


Nous savons que la rupture entre le gouvernement et le peuple, entre les partis politiques et le monde du travail, avec l’affaiblissement du parti communiste et du mouvement social, sont un terreau pour la droite et l’extrême-droite.Des luttes sociales courageuses mais isolées ne renversent pas un rapport de forces dont les grandes journées de manifestation nationale démontrent toujours plus la dégradation pour le monde du travail. La droite et son extrême sont à l’œuvre dans le débat d’idées et sur le terrain pour en tirer profit, avec toutes ses variantes selon les situations, la droite institutionnelle, la droite populiste, l’extrême-droite devenue présentable, le fascisme qui a repris forme à Kiev et qui cherche en France sa route : Maurassisme, Pétainisme, populisme, disparition de la laïcité, de l’état, rives fascisantes favorisées par le vide et l’absence de perspectives politiques.

Il n’y aura de rassemblement efficace que par un renouvellement de l’ensemble de l’apport des communistes aux affrontements de classe bien au-delà des moments électoraux.

L’heure n’est pas à la recherche d’accord de sommet. L’avenir du Parti Communiste ne dépend pas de la gauche, c’est l’inverse !


Depuis les années 70, le PCF cherche à construire une « voie pacifique au socialisme », devenue une voie électorale, une recherche permanente d’alliances capables de devenir majoritaires dans les institutions. Après l’échec de l’union de la gauche, de la gauche plurielle, des collectifs anti-libéraux, les difficultés du Front de Gauche conduisent la direction nationale à chercher dans la gauche du parti socialiste une nouvelle formule électorale pour 2017.

Une orientation vers une nouvelle gauche plurielle serait mortifère. Le PCF est affaibli. Peut-être ne pourrait-il pas se relever d’une nouvelle expérience de type électoraliste.

Faisons vivre le pari de l’existence du PCF : Un parti populaire et de combat, un parti libre de ses choix se réappropriant l’intelligence historique du marxisme-léninisme.


Pour résister au capitalisme, reconstruisons l’unité de pensée et d’action des communistes, faisons de l’effort d’organisation « en bas » notre priorité avec les cellules dont à l’entreprise et de réelles responsabilités (politiques, financières, propagande, formation….) aux communistes. L’action collective doit être l’objectif premier et prioritaire du travail de terrain.

L’essentiel pour les communistes est de porter un projet politique pour inverser un rapport des forces en faveur de la classe ouvrière et du monde du travail. Un projet qui marque des ruptures, ouvrant une perspective politique.

Rien ne peut se faire sans l’action collective de résistance et un parti sur des bases de lutte de classe. Nous devons faire de la reconquête des milieux populaires notre priorité.

Le PCF doit privilégier l’activité de terrain, l’éducation populaire et la défense des intérêts populaires, travailler à faire reculer la division des exploités, à faire grandir la conscience de classe, favoriser le rassemblement de tous ceux qui ont intérêt au changement de société, construire l’unité du peuple.

C’est ainsi que nous ferons grandir à égalité les dirigeantes et dirigeants issus du monde populaire dont nous avons besoin pour mener le combat communiste aujourd’hui.
Nous devons travailler à construire des directions qui jouent pleinement leur rôle d’impulsion et d’appui à l’activité des communistes dans un esprit de rassemblement et de fraternité.

L’Union européenne et l’euro fers de lance du capital !


La France a, contre la volonté de son peuple (référendum 2005), perdu la maîtrise de sa monnaie, confié le crédit à la finance, livré ses entreprises et ses territoires à la loi du marché, abandonné ses travailleurs « à la concurrence libre et non faussée ». Elle s’est mise sous le joug des institutions européennes, elle a lié son armée à l’OTAN, et elle est maintenant sommée d’en finir avec ce qu’il reste de son modèle social.

L’UE et l’Euro posent un problème majeur pour conduire une politique souveraine face à toutes les directives européennes, le MES, le TSCG, à venir le TAFTA, etc…… Les communistes doivent avoir le débat car le glissement du PCF à la refondation pour une « Europe sociale » leur a échappé les conduisant sur les positions du PGE, très éloignées de décisions anticapitalistes et démocratiques.

Avec la réforme des collectivités territoriales, il s’agit de déstructurer des entités Etat-Nation, pour en semant le chaos, et le désordre, la perte des repères républicains, les mettre en morceau et mieux les soumettre au profit des multinationales .

L’heure est au changement de société. Il faut rompre avec le système capitaliste. Le PCF doit être à la pointe du combat pour la transformation sociale, vers le socialisme, le communisme.


Dans la période présente, nous voulons insister sur les propositions qui nous semblent essentielles immédiatement pour faire reculer la souffrance populaire et aller vers plus de justice :
- Nationalisation/socialisation des secteurs bancaires et financiers, des secteurs vitaux pour le pays
- Re-nationalisation immédiate d’EDF-GDF et de la Poste
- Plan de développement des services publics, en priorité école, santé, transports et postes avec les embauches statutaires nécessaires
- Remise en cause fondamentale de la dette publique
- Interdiction des licenciements et des délocalisations et appropriation par les salariés avec le concours de la force publique des entreprises désertées ou bradées par leurs actionnaires
- Augmentation significatives des salaires, des pensions et minima sociaux
- Rétablissement de la retraite à 60 ans à taux plein avec 37,5 années de cotisation et départ dès 55 ans pour les carrières longues
- Blocage des prix des produits de première nécessité
- Construction de logements sociaux à hauteur des besoins, blocage des loyers et interdiction des saisies et expulsions pour les familles en difficultés
- Non application des directives et traités européens
- Sortie de l’OTAN et l’alliance atlantique, refus de toute intervention militaire de la France dans un pays souverain

Ces propositions doivent se rapprocher des salariés qui résistent et favoriser les convergences des luttes et leurs débouchés. L’heure est au rassemblement sans compromission en s’adressant au peuple tout entier. Il y a une nécessité historique que le monde du travail prenne toute sa place dans la direction du pays pour la maîtrise de ses moyens de production et d’échanges, de ses conditions de travail et de vie.

Document joint : http://lepcf.fr/IMG/pdf/2014_conference_nationale_projet_declaration_reseau-final.pdf

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   Posté le 05-07-2017 à 13:42:36   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur le réseau faire vivre :


Quelle gauche reconstruire ?


Dimanche 25 juin 2017
Décidément,

Depuis des années, l’orientation du parti communiste tourne et retourne autour d’une seule question, la gauche... Comment peser à gauche, comment sauver la gauche, comment unir la gauche...

Bizarrement, plus la gauche réelle montre son incapacité à changer la vie, plus le mouvement social mesure la brutalité du rapport de forces et la division du peuple, et plus le discours communiste dominant insiste encore et encore....

La lourde défaite de la gauche qui atteint son plus bas historique aux présidentielles et législatives 2017 ne change rien et les annonces se multiplient.. Ainsi Espaces Marx ouvre le débat "Quelle gauche reconstruire et pourquoi faire ?"

Et si enfin, Espace Marx posait la question qui se cache derrière... Car faut-il reconstruire "la gauche" en oubliant 1920, ou faut-il reconstruire ce qui en 1920 a créé les conditions futures du Front Populaire, de la résistance, des luttes sociales et anticoloniales, c’est à dire le parti communiste ?

Pourquoi Espace Marx n’ouvre pas le débat "Quel parti communiste reconstruire et pourquoi faire ?"

La France insoumise a sa réponse. Le PS et le PC sont du passé, la gauche, ce sont les insoumis, c’est à dire une gauche d’avant 1920...

L’Humanité a sa réponse, ayant définitivement rompu avec l’histoire communiste, cherchant toujours plus à être le journal de "gauche" [1].

Au communistes de se mettre au travail !

[1] sa une du 19 Juin autour des 29 députés est éclairante

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   Posté le 07-08-2017 à 09:29:35   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Bernard Trannoy publie sur le site "faire vivre" :

PCF tabous, renoncements et interdits


Dimanche 6 août 2017, par Bernard Trannoy,


Je revendique pour moi et les autres le droit à l’erreur, s’aventurer dans le champ de la réflexion, de l’analyse, c’est courir le risque de l’erreur, j’assume ce risque. Cela vaut beaucoup mieux que ceux qui ne font pas « d’erreur » parce qu’ils ne courent aucun risque, qui se faisant nous paralysent parce qu’ils se limitent à ce qui descend de là haut tel les évangiles.

70% de nos concitoyens mettent en cause le capitaliste

Et pourtant : nous ne pouvons que constater, pour le déplorer, l’absence totale de toute offre politique se proposant d’engager un processus visant à s’émanciper de la domination du capital. Absence qu’il est dangereux de laisser vacante.

Avec Macron, c’est le capital en personne qui arrive aux affaires. Se passant de ses intermédiaires habituelles (Les républicains, parti socialiste et autres associés). Avoir appelé à voter Macron dans ces conditions, c’est une faute politique majeure qui ajoute au discrédit.

Alors que certains étaient tétanisés par le danger fasciste, largement phantasmé, que représente Marine Le Pen. Les mêmes n’ont pas voulu voir émerger un processus de fascisation bien réel celui-là, porté par Macron, mais aussi bien au-delà par l’U.E elle-même (voir par exemple la complicité de l’U.E avec les néo nazis ukrainiens, les islamistes au moyen orient ou « la démocratie ne peut rien contre les traités » de Junker).

Une autre société frappe à la porte et nous avons, de fait, un PCF qui lui aussi s’est mis aux abonnés absents par alignement, de fait, sur la doxa Euro-Atlantique. L’outil de transformation sociale qu’était le PCF, n’est-il pas devenu outil participant des dispositifs d’intégration du capital ?

Cette absence du PCF est la conséquence de 3 tabous et de renoncements en série :

- Premier tabou : La stratégie


L’incapacité à regarder dans le rétroviseur pour examiner collectivement la validité ou non de la stratégie suivie, la corrigée éventuellement, ou en changer si elle se révèle être une voie sans issue.

Une direction qui s’arc-boute sur ses choix stratégiques refuse contre vents et marées que cela fasse débats et examen critique de la part des adhérents, faisant y compris appel à des éléments extérieurs pour peser sur les débats serein que se doivent d’avoir d’abord entre-eux les communistes, voulant externaliser les débats, comme élément du refus de mener les débats et les réflexions avec les adhérents.

Considérant que le fin du fin en matière de démocratie est à rechercher dans un questionnaire avec des cases à cocher. (Questionnaires qui sentent le Terra Nova à plein nez) Même un QCM qui suggère la possibilité de choix multiples est à proscrire. La « démocratie ?? » limitée au OUI/NON.

Enfermer la réflexion et les débats dans le seul cadre que la direction espère maitrisée, par limitation au seul questionnaire, qu’elle seule élabore. Alors que nous sommes dans une situation où « Pas de mannequin dans le Parti, que les bouches s’ouvrent » est plus que nécessaire, il est indispensable.

Ces questionnaires descendants du « haut » ont le mérite d’éviter que soit posé les questions qui fâchent. Débattre sur l’accessoire, la forme, le nom, mais surtout pas sur le fond. En un mot pour la direction, veut justifier son existence et surtout ne pas rendre de comptes. Ces comptes qu’elle doit, par simple politesse aux adhérents. En fait l’échec trouverais sa source dans ceux « d’en bas ». C’est en fait parce que nous « en bas » nous n’avons pas compris le caractère subliminal du message envoyé par ceux « d’en haut ».

Ce refus d’examiner la stratégie masque mal, un refus de répondre aux attentes du monde du travail, des classes populaires. Cette direction reste emprisonnée dans des choix européens qui sont autant d’actes de soumissions, voire de compromissions, sinon de renoncements.

L’enjeu pour les communistes de construire leur stratégie d’aujourd’hui dans le monde tel qu’il est avec les yeux grands ouverts sur leur histoire, leurs racines. Il est urgent de sortir enfin pour les communistes Français de cette « autophobie », de cette « europhilie » que la mutation et ses suites ont diffusée et qu’on retrouve dans les positions internationales et historiques du PCF « PGE », qui au-delà des mots sont très Otano alignées.

- Deuxième tabou : L’Union européenne et l’Euro

« La réalité, c’est que l’euro ne peut pas fonctionner sous sa forme actuelle, peu importe que vous soyez pour ou contre. Il est inefficient. Si vous êtes pour et que vous voulez que l’euro fonctionne, alors il faut créer un État fédéral européen, abandonner toute notre souveraineté, avoir un droit fiscal et social unique qu’il nous plaise ou non, qu’il soit compatible avec nos « conquis ou pas », il faut un impôt européen (en plus de tous ceux que l’on paie aujourd’hui), il faut une union de transfert, donc accepter que les riches français payent pour les pauvres grecs (c’est valable pour les Allemands aussi), bref, il faut faire le grand saut fédéral, et au passage, pour ne donner qu’un exemple du big-bang nécessaire, imposer un RSA à 500 euros dans toute l’Europe ou… renoncer à notre RSA ! »

Croyez-vous donc un seul instant qu’un grand saut fédéral soit possible, et même souhaitable ?...

Pour faire vivre la démocratie, il faut qu’existe une communauté politique. (Communauté qui n’a pas d’existence au niveau européen). Cette communauté politique se définit par un espace délimité par des frontières au-delà desquelles existent d’autres communautés politique toutes aussi respectables que la nôtre.

L’U.E et l’€uro sont-ils de nature à satisfaire ce désir de démocratie ?

Proposer de changer l’UE en sachant pertinemment que c’est impossible dans le cadre actuel, c’est mentir. Devons-nous persister dans le mensonge, la négation ?

Proposer de changer notre modèle de société en France sans proposer de restaurer notre souveraineté populaire et nationale, c’est se moquer des électeurs. (Enfin peut-être pas, pas si dupe que cela, les électeurs refusent en s’abstenant de participer à ce qu’ils perçoivent, comme un dîner de cons).

Il faudra bien à un moment ou à un autre que nous réfléchissions à la nécessité de nous doter de nouveaux instruments de régulations des échanges internationaux, de coopérations. Coopérations qui n’ont de sens que si nous possédons tous les attributs liés à la nécessaire souveraineté.

Peut-être certains me traiterons de souverainiste ? Formule commode avec bien d’autres pour évacuer le débat en jetant la stigmatisation sur celui qui porte une autre approche. Il en va de même avec le mot identitaire et bien d’autres encore. Voilà autant de marqueur destinés à clore tous débats. C’est le règne du « circuler il n’y a rien à voir ».

La stratégie d’intégration de la direction du PCF à l’U.E (PGE) place celle-ci sur une trajectoire fédéraliste acceptant de fait la liquidation des états nation. Laissant ainsi le monde du travail à la merci des prédations du FN. En effet celui-ci tel un coucou essaie d’occuper les espaces et les territoires que nous avons abandonné. (Notons que tant le « FN » que les « insoumis » se sont alignés sur les questions européennes, c’est le sortir de l’U.E « mais vous n’y penser pas »).

Si on peut facilement constater que du point de vue de la paix, de la sécurité, des coopérations internationales l’OTAN n’est pas la solution, MAIS LE PROBLEME.

Il est tout aussi facile de constater, sauf à jouer les autruches. Que du point de vue des droits du monde du travail, des services publics, du respect et de la dignité du monde du travail et des souverainetés sans laquelle la démocratie est un vain mot. L’U.E ne constitue en AUCUN CAS la solution, MAIS LE PROBLEME.

Sur cette question européenne François Ruffin a le mérite de poser les questions qui fâchent. Le nouvel élu Picard (Ruffin a d’ailleurs décidé de verser les 37 000 euros de dotations publiques données à tout député pendant cinq ans au titre du financement des partis politiques… au PCF)

Troisième tabou : Le projet, la visée, le socialisme

Cette incapacité à porter projet n’est que la conséquence naturelle des 2 premiers tabous. Cette absence de projet est quelque part la marque d’une reddition, de renoncements.

L’objectif de Robert Hue, poursuivi par Marie-Georges Buffet et Pierre Laurent s’inscrit dans la volonté de faire du PCF un parti comme un autre. Problème, si celui-ci devient un parti comme un autre, il cesse d’avoir une quelconque utilité pour le monde du travail.

Etre un parti comme un autre c’est, qu’on le veuille ou non s’inscrire dans le système référentiel de l’adversaire de classe, du capital. C’est rester sur le terrain définit par le capital, c’est donc quelque part renoncer.

La question qui émerge aussitôt, avons-nous besoin d’une nouvelle mouture sociale-démocrate ?

C’est, en fait, par touches et dérives successives ce que nous sommes devenus, un parti social-démocrate comme un autre.

Conclusion provisoire :

Socialisme ou barbarie, oui mais, pour le moment, nous restons rivés au camp des barbares.

Faute de renverser et subvertir ces tabous la disparition est au bout du chemin par trahison de nos propres « élites », subjuguées par les délices de la course aux places, loin, très loin de la dureté de l’affrontement de classes.

Ces tabous et dérives n’ont elle pas aboutie, à nous transformer en simple vecteur d’intégration du monde du travail, et des classes populaires aux objectifs du capital ?

Dénoncer la démolition du code du travail, sans dénoncer sa matrice conceptuelle qu’est l’U.E c’est déjà là, au-delà de l’emballage des mots procéder d’une reddition en raz campagne.

Depuis des années, l’orientation du parti communiste tourne et retourne autour d’une seule question, la gauche... Comment peser à gauche, comment sauver la gauche, comment unir la gauche...

Bizarrement, plus la gauche réelle montre son incapacité à changer la vie, plus le mouvement social mesure la brutalité du rapport de forces et la division du peuple, et plus le discours communiste dominant insiste encore et encore....

La lourde défaite de la gauche qui atteint son plus bas historique aux présidentielles et législatives 2017 ne change rien et les annonces se multiplient. Ainsi Espaces Marx ouvre le débat « Quelle gauche reconstruire et pourquoi faire ? »

Et si enfin, Espace Marx posait la question qui se cache derrière... Car faut-il reconstruire « la gauche » en oubliant 1920, ou faut-il reconstruire ce qui en 1920 a créé les conditions futures du Front Populaire, de la résistance, des luttes sociales et anticoloniales, c’est à dire le parti communiste ?

Pourquoi Espace Marx n’ouvre pas le débat « Quel parti communiste reconstruire et pourquoi faire ? »

En fait Espace Marx est-il encore vecteur d’une pensée marxiste ? Le doute est de rigueur. Mais peut-être est-ce là, que la manifestation d’un Marx tendance « Groucho » ?

La France insoumise a sa réponse. Le PS et le PC sont du passé, la gauche, ce sont « les insoumis », c’est à dire une gauche d’avant 1920...

L’Humanité a sa réponse, ayant définitivement rompu avec l’histoire communiste, cherchant toujours plus à être le journal de « gauche ».

Faire un numéro spécial de l’Huma sur la révolution d’octobre en invitant Andréi Gratchev, c’est-à-dire un anti communiste notoire et patenté, tout en se gardant d’inviter Guennadi Ziouganov secrétaire du KPRF (Parti communiste de la fédération de Russie), il fallait le faire ? Eh bien l’« Humanité » l’a fait. L’« Humanité » qui tend à devenir tout aussi anti communiste que « Libération ».

D’ailleurs si on veut être un jour publié par L’« Humanité » il est fortement recommandé de ne pas être communiste.

Quelques repères :

1- C’est oublier que la crise est le mode normal de fonctionnement du capitalisme. On ne sortira pas de la crise du capitalisme sans emprunter, d’une manière ou d’une autre un chemin vers la sortie du capitalisme, vers le socialisme.

2- La crise est d’abord et fondamentalement la crise d’un mode de production, d’appropriation et d’échange des marchandises créés par le travail (Rappel le travail à un prix, le capital est un coût). Nous sommes à un moment où le capitalisme constitue une entrave au développement de l’ensemble des forces productives. (Matérielles et humaines). Ce qui est en cause, ce n’est pas le partage, MAIS L’APPROPRIATION, fondée sur la possession de l’outil de travail. C’est sur cette possession qu’est fondé l’accaparement des richesses produites par l’activité de TOUS. En effet, ne jamais oublier que c’est celui qui possède qui seul bat la mesure. C’est bien une appropriation socialisée des richesses produites qu’il nous faut remettre à l’ordre du jour (Socialisation qui d’ailleurs peut revêtir de multiples formes).

3- La crise est une crise de suraccumulation du capital (conséquence du point 2), c’est à dire que la masse des capitaux en circulation est, de loin, très supérieure à la capacité qu’a le secteur productif à rémunérer le dit capital circulant. La seule issue pour le capital : c’est de détruire du capital pour revaloriser le capital restant, c’est-à-dire le sien. (Privatiser les profits, socialiser les pertes, la dette publique est de ce point de vue une aubaine pour le capital). Ce qui conduit l’impérialisme dominant et ses vassaux à mener des guerres tout azimut. Mais aussi, pour les Etats-Unis, contraindre ses vassaux européens à sanctionner la Russie (eux-mêmes ont de très faibles relations économiques avec la Russie). Les USA n’ont pas d’alliés, ils n’ont que des vassaux. On croit élire un président de la République, en fait nous élisons le concierge de l’Elysée. Ne sommes-nous pas devenu une simple république bananière ?

Et ils font par-là, d’une pierre deux coups. Ils poursuivent l’objectif d’affaiblir la Russie (ils savent que cela aura peu d’effet sur la Russie, qui se réoriente vers l’Eurasie, les BRICS en construisant une alternative au système dominé par les seuls Etats-Unis (BCE, FMI, Banque mondiale). Mais surtout cela vise surtout à affaiblir son autre concurrent impérialiste qu’est l’Europe, qui n’a aucun moyen pour se retourner (Les marchés perdus en Russie seront définitivement perdus, d’autres auront pris la place).

4- Nous sommes à un moment où précisément il faut valoriser toujours plus, le travail vivant, alors que le capital est dans une course folle de destruction de ce même capital vivant.

A propos de l’Europe de l’Euro

Les concepteurs de l’Euro, monnaie unique l’avaient, dès le départ, conçu comme élément de base de la construction d’une Europe fédérale liquidant les états nation. C’est là que l’€uro trouvait toute sa cohérence (pour le capital).

Les peuples européens ne veulent pas de cette Europe du capital, (60% d’abstention en France aux européennes) Et ils savent bien qu’une Europe des coopérations ne peut passer que par la case sortie de cette U.E là. De ce point de vue il n’est pas exagéré d’affirmer que NOUS AUSSI, nous avons TRAHIS le NON populaire au TCE de 2005. Nous nous comportons depuis, comme si nous avions votés, OUI au TCE par alignement sur les poncifs libéraux, dès le lendemain nous nous sommes rangés du côté de ce que nous avons combattu la veille.

En fait la position du PCF sur l’€uro et l’U.E n’obéit à aucun principe, mais plutôt à un seul « impératif » NE PAS EFFRAYER LE « SOCIALISTE ! » NE PAS COUPER LES PONTS, y compris dans leur version, « Frondeurs, Fraudeurs ». Oui, ceux qui ont voté, l’ANI, le 4ème paquet ferroviaire et bien d’autres choses encore.

Les pays européens, et c’est une lapalissade, sont tous différents, culturellement, économiquement, historiquement, socialement, démographiquement. Et cela s’appelle UN FAIT.

Prétendre faire fonctionner cet ensemble, par nature disparate, sous la DICTATURE d’une monnaie unique est tout simplement une aberration.

Dans ce contexte, l’Euro n’est adapté qu’à l’économie dominante en Europe, c’est-à-dire, l’économie allemande. De ce fait l’Euro est devenu aux mains du capital allemand un instrument de domination impérialiste. Mme Merkel ne manque jamais de le rappeler vertement. C’est le grand capital Allemand qui bat la mesure. De fait, ce que la Wehrmacht n’a pas réussi l’Euro le permet.

L’échelon fédéral étant à exclure. Il faut que les différents pays à structures économiques, sociales, démographiques différentes disposent d’instrument d’adaptation, de régulations de leurs économies.

De ce point de vue l’action sur les taux de change reste pour un pays un outil nécessaire. La monnaie est un instrument fondamental de la souveraineté, faute de quoi, nous sommes dépossédés des moyens permettant de faire société, du vivre ensemble.

Faute de la nécessaire souveraineté monétaire le seul instrument de régulation restant disponible, c’est le coût du travail qui devient inévitablement la variable d’ajustement. C’est ce qui justifie la démolition du code du travail sur injonction européenne.

Quand l’extrême droite progresse dans les couches populaires, c’est d’abord sur lui-même que le PCF devrait s’interroger. Quand les couches populaires se mettent aux abonnés absents, (mais aussi, de plus en plus souvent, les adhérents même du PCF), c’est que quelque part, nous ne répondons pas à leurs attentes, à leurs questionnements.

Il ne sert à rien de mettre sous le tapis ce qui gêne. Les questions de l’Europe, de l’€uro, de la souveraineté, de la nation sont au cœur des interrogations, des préoccupations. Il nous faudra bien un jour, prendre en compte, sur le fond, ces questions, sauf à assumer le risque d’être balayé parce que devenu inutile pour le monde du travail.

Le rassemblement si nécessaire soit-il, n’est que second. C’est bien les attentes, le pourquoi, pour quels objectifs qui est la question première. Les « moulinets sur l’alternative » ne sont rien s’ils sont vides de contenu. Et à l’évidence ils sont vides de contenus.

Le rassemblement, c’est d’abord travailler au rassemblement du monde du travail sur la base de ses intérêts de classe, intérêts qui aujourd’hui se confondent avec l’intérêt de la nation, du peuple.

Recréer de l’organisation sur les lieux même de l’affrontement capital/travail (cellules d’entreprises) nécessite de se doter d’une stratégie qui le permette. Et c’est bien cette stratégie qui nous fait défaut. La stratégie actuelle électoraliste et social démocrate ne nous le permet ABSOLUMENT pas, elle nous conduit même aux catacombes.

Bernard Trannoy Section PCF Bassin d’Arcachon


Textes annexes

Ce texte d’Engels du 17 septembre 1879 résonne curieusement dans la situation présente.

Le 17 septembre 1879, Engels rédige, en son nom et au nom de Marx, une lettre-circulaire adressée aux chefs du parti social-démocrate allemand ; dans la lettre d’accompagnement, Marx caractérise ainsi l’attitude de ses dirigeants :

Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer qu’ils sont au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté !

..... EXTRAIT

Quand on écarte la lutte de classe comme un phénomène pénible et vulgaire il ne reste plus au socialisme que de se fonder sur le - vrai amour de l’humanité et les phrases creuses sur la « justice ».

C’est un phénomène inévitable, inhérent à la marche de l’évolution, que des individus appartenant à la classe dominante viennent se joindre au prolétariat en lutte et lui apportent des éléments constitutifs. Nous l’avons déjà dit dans le Manifeste communiste, mais il a ici deux observations à faire :

Premièrement : ces individus, pour être utiles au mouvement prolétarien, doivent vraiment lui apporter des éléments constitutifs d’une valeur réelle. Ce n’est pourtant pas le cas de la grande majorité des convertis bourgeois allemands. Ni l’Avenir, ni la Société Nouvelle n’ont rien apporté qui eût fait avancer d’un pas notre mouvement.

Les éléments constitutifs d’une réelle valeur pratique et théorique y font totalement défaut. Au lieu de quoi, des tentatives pour mettre en harmonie les idées socialistes superficiellement assimilées avec les opinions théoriques les plus diverses que ces messieurs ont ramenées de l’université ou d’ailleurs, et dont l’une est plus confuse que l’autre, grâce au processus de décomposition que traverse actuellement ce qui reste de la philosophie allemande. Au lieu d’étudier sérieusement la nouvelle science, chacun préfère l’arranger pour la faire concorder avec ses opinions apprises, se fabriquant sans cérémonie une science privée et affichant aussitôt la prétention de l’enseigner aux autres. C’est pourquoi il y a parmi ces messieurs à peu près autant de points de vue que de têtes.

Deuxièmement : lorsque ces individus venant d’autres classes se joignent au mouvement prolétarien, la première chose à exiger est qu’ils n’y fassent pas entrer les résidus de leurs préjugés bourgeois, petits-bourgeois, etc., mais qu’ils fassent leurs, sans réserve, les conceptions prolétariennes [...]

Quant à nous, d’après tout notre passé, une seule voie nous reste ouverte. Nous avons, depuis presque quarante ans, signalé la lutte de classe comme le moteur de l’histoire le plus décisif et nous avons notamment désigné la lutte sociale entre la bourgeoisie et le prolétariat comme le grand levier de la révolution sociale moderne. Nous ne pouvons donc, en aucune manière, nous associer à des gens qui voudraient retrancher du mouvement cette lutte de classe. Nous avons formulé, lors de la création de l’Internationale, la devise de notre combat : l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même.

Nous ne pouvons, par conséquent, faire route commune avec des gens qui déclarent ouvertement que les ouvriers sont trop incultes pour se libérer eux-mêmes, et qu’ils doivent être libérés par en haut, c’est-à-dire par des grands et petits bourgeois philanthropes 1...1 »

Ces tabous valent bien sûr, pour les dirigeants du PCF, mais aussi largement pour les ’Insoumis’, mais cela c’est leur problème. Je respecte leur différence, mais sont-ils capables de respecter ma différence ?? Eux qui confondent rassemblement et soumission au nouveau kalif ?


Edité le 07-08-2017 à 09:29:57 par Xuan




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PCF : La fuite en avant devant chaque échec ne peut plus durer


Publié le : 1er septembre 2017

Bilan et stratégie, la direction s’enferme dans le refus du débat. Cela suffit !


Le Conseil national était réuni ce jour, vendredi 25 août, pour débattre de la préparation du Congrès extraordinaire.

Notre parti sort d’une période électorale difficile, la stratégie mise en place ces 10 dernières années nous a conduit d’échec en échec et la visibilité nationale du PCF est en chute libre. Alors que la rentrée s’annonce chargée, vu ce que veut nous imposer le capital avec Macron en passant à une nouvelle étape dans l’exploitation et la mise en concurrence des salariés, la casse de la protection sociale, la destruction des services publics et l’accaparement des richesses nationales, la domination de l’union européenne sur la France.

Dans ce cadre, l’exécutif a proposé un questionnaire censé permettre aux communistes de participer à l’élaboration de l’ordre du jour du Congrès.
Mais il s’agit surtout pour la direction de détourner les communistes des questions stratégiques et d’un bilan, et de corseter l’assemblée des animateurs de section prévue le 14 octobre.

Le questionnaire proposé mêlait indigence et évitement des questions stratégiques, ce qui nous a conduits à refuser de souscrire à une telle démarche. Il a finalement été rejeté en l’état par le Conseil National dont à peine la moitié était présente.
Une fois de plus la direction nationale n’est pas arrivée à convaincre sur sa copie et le CN est apparu divisé.

Mais la direction s’entête à produire un nouveau questionnaire et prend prétexte de cette réécriture pour repousser l’assemblée des animateurs de section.

Donc, non seulement elle veut une fois de plus parler de tout pour ne parler de rien et éviter les questions essentielles pour l’avenir du PCF et de notre pays, mais en plus, en modifiant la date elle remet en cause une des rares décisions qui fait l’unanimité chez les communistes, qui voient en cela un possible moment de débat fraternel et de rassemblement.

Aurait-elle peur que se reproduise ce qui s’était passé à l’Assemblée extraordinaire des animateurs de section en 2007 ? Cette assemblée avait en effet rejeté la perspective du changement de nom de notre parti et sa disparition au profit d’une nouvelle force de gauche.

Nous sommes d’autant plus alertés que le questionnaire proposé, comme les diverses déclarations du secrétaire national, vont toutes dans le sens de la poursuite de la "transformation" du PCF, transformation destinée en fait à justifier l’effacement de notre parti et le renoncement à notre identité communiste.

Le débat doit s’ouvrir vite et à partir du bilan depuis le 30ème congrès de Martigues qui reste la ligne directrice de la direction nationale. Il n y a pas d’issue ni d’unité des communistes possibles sans ce travail.

La fuite en avant devant chaque échec ne peut plus durer.

Nous appelons les communistes à ne pas se laisser paralyser. Ils doivent être les vrais maîtres de leur parti, des choix stratégiques et de leur destin militant et prendre sans attendre les initiatives permettant le débat nécessaire et urgent, en même temps que les initiatives adaptées à la situation politique et sociale, avec la première étape du 12 septembre.

Nous nous mettons à disposition de ce débat que nous avons déjà largement traité au travers de notre dernier texte de congrès et de nos 5 chantiers. Nous donnons rendez vous à tous au stand de la revue "Unir les communistes" à la Fête de l’humanité.

Caroline Andreani, Danielle Trannoy, Gilles Gourlot, Jean-Pierre Meyer, Jean-Jacques Karman, Paul Barbazange, Anne Manauthon, Marie-Christine Burricand, Michaele Lafontant, membres du Conseil National et Hervé Poly, secrétaire départemental du Pas-de-Calais
Michelle Bardot (67), Gilbert Rémond (69), Hervé Fuyet (92), Michel Dechamps (04), Robert Brun (26), Pierre-Alain Millet (69), Amandine Lampin (31), Danielle Bleitrach (13), Leila Moussavian-Huppe (67), Sandrine Minerva (34), Alain de Poilly (94), Olga Touitou (13)...

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   Posté le 23-09-2017 à 19:56:51   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur le site faire vivre, un article qui reflète l'état des débats dans l'opposition interne du parti révisionniste:

Congrès extraordinaire du PCF : les questions statégiques inévitables



Samedi 23 septembre 2017, par pam,

Si l’opération Macron a réussie, offrant une nouvelle étape de régression sociale au patronat, c’est que le rapport des forces global s’est encore dégradé, que la capacité de résistance au niveau local comme national s’est encore affaiblie depuis les derniers mouvements sociaux victorieux, CPE en 2006, réforme des retraites en 1995. Les transformations continues des entreprises et du travail ont certes bousculé les habitudes et les réseaux d’expression des résistances sociales, les divisions syndicales et politiques ont donné des opportunités tactiques au patronat, mais c’est au fonds la crise profonde de l’idée de changement de société qui est en cause, l’incapacité à penser ce que pourrait être une révolution dans un pays capitaliste développé qui est la première faiblesse du mouvement social, du camp progressiste.

Depuis des décennies, notre peuple fait l’expérience de l’échec, social, syndical, politique. La victoire de 1981 concrétisant la longue construction de l’union de la gauche n’a pas "changé la vie" comme le promettait François Mitterrand, au contraire, elle a généralisé la précarité, les privatisations, la baisse du coût du travail, c’est-à-dire des salaires, la fracture généralisée entre une France urbaine, éduquée, mondialisée, minoritaire mais dirigeante contre une France rurale, populaire, ouvrière, migrante.

Notre peuple a encore cru à la gauche plurielle de 1997, gauche qui a battu tous les records de privatisation jusqu’à se perdre dans le choc de 2002 et la forte progression du FN. Il a utilisé un vote présenté comme de gauche en 2012 pour virer Sarkozy. Bien que sans illusions, ce vote a encore été perverti par la trahison par Hollande de son message contre la finance. Comment ne pas en tirer la leçon qu’aucune stratégie électorale ne permet de "changer la vie" ?

En parallèle, nous avons vécu de grandes mobilisations sociales, des instituteurs en 2003, d’EDF en 2006, contre les retraites en 2010, contre la loi travail en 2016, de grandes journées de manifestations mettant en mouvement 2, 3 millions de personnes, avec une réelle difficulté à en maitriser l’organisation dans le cycle provocation-répression, et semblant sans effet sur des gouvernements décidé à passer en force.

Ce ne sont pas ces échecs en eux-même qui font un rapport des forces défavorables, mais l’incapacité à en comprendre les raisons. Ce sont les illusions de ceux qui ont été en mouvement et qui croyaient que leur action allait pousser au changement de société et qui ne comprennent pas ce qui a manqué.

De ce point de vue, le parti communiste porte une terrible responsabilité, car il a joué un rôle crucial dans cette illusion sur les conditions de la transformation sociale. Depuis des décennies, il affirme qu’on peut changer de société par le rassemblement électoral de la gauche, et cherche à chaque étape comment la réinventer. Union de la gauche, gauche plurielle, collectif anti-libéraux, Front de Gauche... Il va d’échec en échec sans jamais faire le bilan de ses stratégies de "rassemblement électoral". Ses militants sont fatigués, inquiets et surtout... ne comprennent pas pourquoi ils sont en difficulté.

Depuis des décennies, il a favorisé une conception des luttes sociales comme préparation des luttes électorales, le mouvement contre les retraites de 2010 devant créer les conditions de la victoire de la gauche en 2012, celle contre la loi El Khomri la victoire du Front de Gauche en 2017... Il n’a jamais organisé un vrai débat politique sur les leçons des contre-offensives capitalistes depuis 68, coup d’état au Chili, effondrement des pays socialistes, stratégies du chaos au Nicaragua, au Venezuela. Il n’a jamais analysé la "cosa" italienne et la dissolution du PCI. Au fonds, il a cessé de faire vivre l’idée de révolution, jamais mené de bataille d’idée pour reconstruire une conception moderne de la révolution, faire percevoir ce qu’est un mouvement de masse, non pas 1, 2 ou 3 millions de manifestants, mais 10, 15, 20 millions de grévistes, faire mesurer ce que veut dire s’opposer aux classes dirigeantes, les affronter dans la réalité des luttes de classe.
Alors qu’il perd pied depuis des années dans la classe ouvrière et les milieux populaires, il se met à parler aux "99%" qui ne sont pas dans les oligarchies sans rien dire des contradictions sociales, des conditions de l’unité du peuple, du rapport de forces réel. Bref, il a lui-même fait grandir les illusions et donc les désillusions, le fatalisme.

Ce n’est évidemment pas une orientation politique assumée, mais c’est la conséquence de stratégies qui ont progressivement rompu avec l’expérience révolutionnaire du parti communiste, la conséquence d’une succession de congrès qui ont cherché à se démarquer de ce qui était perçu comme une conception "soviétique" du communisme, et à inventer autre chose, un "euro-communisme" dans les années 80, un "nouveau communisme" a dit la mutation, une "refondation" pour certains, une métamorphose pour ceux qui ont fait le Front de Gauche. Or, toutes ces tentatives de "dépassement" de l’histoire communiste sont en échec, comme le mouvement altermondialiste coincé entre mouvementisme et anarchisme, comme le mouvement écologiste entre capitalisme vert et intégration institutionnelle...

Certains disent que la « force historique de la révolution d’octobre » est épuisée. Ce qui est sûr, c’est que les efforts soutenus de plusieurs partis communistes pour se dégager du modèle soviétique n’ont rien réinventé et les ont en fait "dégagé" de l’idée même de révolution... En Italie comme en France sous des formes différentes, c’est la tentative eurocommuniste qui signe la fin des partis communistes, quand au Portugal ou en Grèce, c’est l’affirmation communiste qui fait vivre des partis organisés, militants, présents dans l’histoire sociale de leur pays, porteurs d’une continuité historique, capable de redonner souffle à la force historique des révolutions.

Ces questions stratégiques sont au cœur de la reconstruction communiste, et de la perspective de victoires sociales. Bien évidemment, la résistance est d’abord affaire d’action dans l’entreprise, le quartier pour créer des solidarités, de l’unité, des capacités à agir, à s’organiser... Mais la manière dont chacun pense ce que peut être le changement de société, ce que peut être une autre société, pèse si lourdement sur les consciences qu’on ne peut espérer renforcer le monde du travail sans l’aider à se reconstruire des repères, sans un parti communiste qui porte des réponses claires au défi de la révolution dans un pays développé du capitalisme mondialisé au XXIème siècle.

- Faut-il une "révolution" ou peut-on changer une société petit à petit ?
- Comment nommer une autre société que le capitalisme ? socialisme ? communisme ?
- Une voie pacifique au changement de société est-elle possible ?
- Faut-il des "étapes" successives, comme le projet d’une "démocratie avancée" ou peut-on directement construire le socialisme, voire faire grandir le communisme ?
- Comment unir le peuple face à une bourgeoisie qui fait toujours tout pour le diviser ?
- Doit-on s’adresser aux "99%" des gens où y-a-t-il des classes sociales particulières pour les communistes ?
- Le communisme est-il invalidé par l’effondrement soviétique où faut-il au contraire reconstruire une histoire communiste des pays socialistes ?
- Comment construire la souveraineté politique d’un peuple face au capitalisme mondialisé en refusant le nationalisme dans la concurrence, en construisant aussi l’internationalisme des peuples ?


Ces questions sont ouvertes depuis longtemps, mais à chaque moment décisif de son histoire, le PCF a pris des orientations stratégiques qui devaient être des réponses à ces défis historiques, mais qui se sont toujours réduites à l’abandon de repères théoriques et politiques du mouvement communiste, à une forme de "normalisation" de ses positions politiques espérant le rendre "compatible" avec la domination du parti socialiste, sans reconstruire de fondations théoriques et d’affirmation politique solides, et donc sans apporter de réponses à ces questions stratégiques. Si le prochain congrès du PCF ne rouvre pas une lecture historique de ces défis, il ne fera que reproduire les précédents, c’est à dire l’échec.

Nation et internationalisme

A l’origine du mouvement ouvrier, la révolution ne peut être qu’internationale. Mais après 1917, le socialisme se construit dans un seul pays... et devient le modèle qui guide tous les communistes. L’internationalisme commence par le soutien à l’URSS assiégée. Dans les années 50, après la mort de Staline puis le rapport Khrouchtchev, puis la rupture entre l’URSS et la Chine, la question de la voie nationale au socialisme est fortement débattue par les communistes. Il faut bien prendre acte des diversités des situations politiques nationales, et après l’intervention en Tchécoslovaquie de la confusion entre intérêt national russe et intérêt internationaliste de classe. Les réponses des partis communistes européens sont diverses et conflictuelles, notamment entre le PCF et le PCI, avant la tentative eurocommuniste, qui se termine avec la mutation-dissolution du PCI...

C’est dans cette période que le PCF choisit le "socialisme à la française", affirmant l’existence d’une voie pacifique au socialisme en 1976, trois ans après le coup d’état fasciste au Chili, sans apparemment en tirer aucune leçon. Cette affirmation du "socialisme à la française" le conduit à dénoncer l’Europe capitaliste jusqu’au retournement de la campagne "Bouge l’Europe" qui conduira à l’acceptation de l’UE et à la recherche (désespérée !) de l’Europe sociale...

Rassemblement et union de la gauche

Dans la même période, le PCF choisit la stratégie de l’Union de la gauche, conceptualisée dès les années 60, soutient la candidature Mitterrand en 1965, pour lequel Waldeck Rochet présente un rapport expliquant les raisons du soutien mais aussi alertant sur les risques, puis la préparation du programme commun que Georges Marchais propose de soutenir en 1972 tout en... alertant sur les risques.

50 ans après, on ne peut que constater que les alertes des deux dirigeants du PCF étaient pertinentes, mais... insuffisantes pour y faire face ! Comme ils le craignaient tout deux, le PS est devenu dominant parce que le mouvement populaire n’a pas joué un rôle dirigeant, mais s’est progressivement rangé derrière l’attente électorale et donc, le candidat le plus "utile" pour battre la droite...

Le parti de tous ou le parti de la classe ouvrière ?

En 1968, le parti communiste est clairement le parti de la classe ouvrière et parfois en opposition au mouvement étudiant et aux revendication "sociétales" de milieux sociaux attirés par la "nouvelle gauche"... Pourtant, un an après, Jacques Duclos, peu représentatif de la modernité supposée de mai 68, fait le meilleur score historique du PCF à des élections présidentielles. 40 ans plus tard, Pierre Laurent, après le rockeur Robert Hue, tente de présenter le PCF comme le parti des 99%, pour aboutir au plus faible score historique du PCF aux élections législatives. La question de l’unité du peuple, de la capacité de rassemblement, n’est pas d’abord une question de slogan, mais une question d’enracinement social. En 1969, le PCF est fortement implanté dans les usines, certaines campagnes, de nombreuses villes populaires. Sa direction prend régulièrement l’avis de la commission des grandes entreprises qui regroupe des cadres communistes autant représentatifs de l’économie française que la direction du CNPF... Aujourd’hui, le PCF est dirigé par ses élus locaux, ses sections d’entreprises et cellules locales ont disparues, et il parle d’abord aux couches moyennes supérieures urbaines.

Organisation et unité d’action

Lucien Sève a critiqué l’organisation du PCF dans les années 80 en la présentant comme un "centralisme autocratique". Mais il en a tiré la conclusion que la forme parti était dépassée et qu’il fallait trouver de nouvelles formes de "mouvement". De fait, de l’altermondialisme à la "France insoumise" ou la "République en marche", le "mouvementisme" s’est répandu, mais on s’aperçoit vite du recul historique que cela représente, renvoyant le mouvement populaire à l’espoir d’un sauveur suprême, à l’émiettement des revendications... Au moment ou le mouvement social cherche difficilement le "tous ensemble", la question de l’unité et de l’organisation est essentielle.

En 1969, le parti communiste est encore cet "intellectuel collectif" qui aide à penser des centaines de milliers de militants autour de ce que certains appellent positivement ou négativement une "discipline de parti", mais qui de fait était aussi la base d’une "unité" des communistes dans l’action. Depuis la mutation, les communistes font à peu près ce qu’ils veulent là ou ils le veulent, et les décisions du conseil national restent pour l’essentiel sans effet à la base, la grandiloquence de certaines campagnes, comme "la parole au peuple", semblant faite pour singer Jean-Luc Mélenchon médiatiquement.

C’est en 1996 que le PCF abandonne sa forme d’organisation historique, le centralisme démocratique, préparant le congrès qui décidera que les cellules sont optionnelles, qu’un communiste peut militer avec ceux qu’il choisit en réseau et non pas avec les autres communistes de son lieu de travail ou son lieu de vie. Depuis, de congrès en congrès, la direction a pris acte de l’émiettement politique, incapable de reconstruire l’unité des communistes, tentant au contraire de "purger le parti", ou le laissant faire. Ce qui avait peu d’impact il y a 50 ans, les départs de personnalités n’entrainant que peu de départs militants, est devenu une composante de la crise du PCF, la direction s’enfermant dans un périmètre politique de plus en plus réduit, le dernier congrès soulignant encore ses propres divisions.

Sans principes, à quoi sert le parti communiste ?

Résumons, en 1976, le parti communiste abandonne le concept de "dictature du prolétariat", concept qui affirmait que le monde du travail devait se donner les moyens d’imposer le changement de société à la bourgeoisie, qui, elle, n’hésitait jamais devant la dictature quand elle lui était nécessaire. Mais depuis, face à la violence d’un capitalisme mondialisé mortifère, le parti communiste apparait comme incapable d’imposer quoi que ce soit aux puissants...

En 1996, le parti communiste abandonne le concept de "centralisme démocratique", concept qui organisait le centralisme pour l’action cohérente et unie, après le débat démocratique pour la compréhension du réel, et la construction de l’intellectuel collectif. Mais depuis, face à la redoutable efficacité d’un patronat centralisé et antidémocratique comme jamais, le mouvement social cherche comment être efficace, comment protéger ses manifestations des provocations, comment faire converger les luttes, tout en assurant la plus grande solidarité avec chacune.

En 2005, le parti communiste contribue au choc historique de la victoire du NON au référendum, un non populaire soulignant une fracture sociale profonde, bousculant tous les européistes de gauche et de droite. Au lieu d’en faire un repère politique central des batailles communistes, de s’affirmer comme le parti du NON à la dictature européenne, le parti des ouvriers, des paysans, le parti fier de son ancrage social historique, le PCF s’enferme dans la recherche désespérée de l’"Europe sociale", se concentre sur les couches urbaines pour continuer à parler à la "gauche", en fait à un parti socialiste menant des politiques toujours plus antisociales. Mais s’il ne porte plus un projet de changement de société pour la France populaire, à quoi sert le PCF ?

La recomposition politique de 2017 et le succès des "mouvements" renvoient les communistes à leur propre utilité. S’ils restent émiettés, divisés, "mouvementisés"... à quoi servent-ils ?

Les conditions d’existence d’un parti communiste

Dans un texte de 2001, Alvaro Cunhal, dirigeant du parti communiste du Portugal, évoque la situation du mouvement communiste international et liste 6 conditions d’existence des partis communistes... Ce texte est d’une grande actualité pour les communistes Français...

« Le cadre des forces révolutionnaires qui existent dans le monde a changé durant les dernières décennies du XXème siècle. Le mouvement communiste international et les partis le composant ont subi de profondes modifications suite à la chute de l’URSS et des autres pays socialistes et de la victoire du capitalisme dans sa rivalité avec le socialisme.
Il y a des partis qui ont nié leur passé de lutte, leur nature de classe, leur objectif d’une société socialiste et leur théorie révolutionnaire. Dans plusieurs cas, ces partis ont intégré le système et ont fini par disparaître.

Cette nouvelle situation au sein du mouvement communiste international a ouvert des espaces dans la société dans laquelle d’autres partis révolutionnaires ont assumé la relève et, dans les conditions concrètes de leur pays, se sont identifiés aux partis communistes sur des aspects importants et parfois avec leurs objectifs et leur action.
Ainsi, lorsque nous parlons aujourd’hui du mouvement communiste international, nous ne pouvons pas, comme dans le passé, tracer une ligne entre les partis communistes et tous les autres partis révolutionnaires. Le mouvement communiste a maintenant une nouvelle composition et de nouvelles limites.

Ces développements ne signifient pas que les partis communistes, avec leur identité propre, ne sont pas nécessaires à la société. Au contraire. Avec les éléments fondamentaux qui les caractérisent, les partis communistes sont nécessaires, indispensables et irremplaçables. Mais de la même manière qu’il n’y a pas de "modèle" de société socialiste, il n’y a pas de "modèle" de parti communiste.

Avec des réponses concrètes différentes à la situation concrète, il est possible d’identifier six caractéristiques fondamentales d’un parti communiste, qu’il ait ce nom ou un autre :
1 – Un parti qui est complètement indépendant des intérêts, de l’idéologie, des pressions et des menaces du capital.
2 – Un parti de la classe ouvrière, des travailleurs en général, des exploités et des opprimés.
3 – Un parti avec une démocratie interne et une direction centrale unique.
4 – Un parti qui est à la fois internationaliste et qui défend les intérêts de son pays.
5 – Un parti qui définit comme objectif la construction d’une société sans exploiteurs ni exploités, une société socialiste.
6 – Un parti avec une théorie révolutionnaire, le marxisme-léninisme, qui permet non seulement d’expliquer le monde, mais aussi de montrer la voie de sa transformation. »


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