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 Le capitalisme entre dans sa phase sénile

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Xuan
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   Posté le 23-10-2012 à 23:58:04   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Cet interview de Samir Amin paru sur Pambazuka apporte quelques précieuses indications sur la crise du capitalisme dans les métropoles impérialistes.


Le capitalisme entre dans sa phase sénile

Samir Amin
2012-10-23, Numéro 257
http://pambazuka.org/fr/category/features/84928

« La pensée économique néoclassique est une malédiction pour le monde actuel. » Samir Amin n’est pas tendre pour plusieurs de ses collègues économistes.
Et encore moins pour la politique des gouvernements. « Economiser pour réduire la dette ? Des mensonges délibérés » ; « Régulation du secteur financier ? Des phrases creuses. »
Il livre son analyse au scalpel de la crise économique dans cette interview avec Ruben Ramboer

Oubliez Nouriel Roubini, alias Dr Doom, l’économiste américain devenu célèbre pour avoir prédit en 2005 le tsunami du système financier.
Voici Samir Amin, qui avait déjà annoncé la crise au début des années 1970.
« A l’époque, des économistes comme Frank, Arrighi, Wallerstein, Magdoff, Sweezy et moi-même avions dit que la nouvelle grande crise avait commencé. La grande. Pas une petite avec des oscillations comme il y en avait eu des masses auparavant, rappelle Samir Amin, professeur honoraire, directeur du Forum du Tiers Monde à Dakar et auteur de très nombreux livres traduits dans le monde entier.
On nous a pris pour des fous. Ou pour des communistes qui prenaient leur désir pour des réalités. Tout allait bien, madame la marquise… Mais la grande crise a bien commencé à cette époque, et sa première phase a duré de 1972-73 à 1980. »



Parlons d’abord de la crise des cinq dernières années. Ou plutôt des crises : celle des subprimes, celle des crédits, des dettes, de la finance, de l’euro… Qu’en est-il maintenant?

Samir Amin : Quand tout a explosé en 2007 avec les crise des subprimes, tout le monde est resté aveugle. Les Européens pensaient : « Cette crise vient des Etats-Unis, nous allons l’absorber rapidement » . Mais si la crise n’était pas venue de là, elle aurait débuté ailleurs. Le naufrage de ce système était écrit, et dès les années 1970. Les conditions objectives d’une crise de système existaient partout. Les crises sont inhérentes au capitalisme, qui les produit de manière récurrente, à chaque fois plus profonde. Il ne faut pas appréhender chaque crise séparément, mais de manière globale.

Prenez la crise financière. Si on se limite à celle-ci, on ne trouvera que des causes purement financières, comme la dérégulation des marchés. En outre, les banques et institutions financières semblent être les bénéficiaires majeurs de cette expansion de capital, ce qui rend plus facile de les pointer comme uniques responsables. Mais il faut rappeler que ce ne sont pas seulement les géants financiers, mais aussi les multinationales en général qui ont bénéficié de l’expansion des marchés monétaires. 40 % de leurs profits proviennent de leurs opérations financières.

Quelles ont été les raisons objectives au déclenchement de la crise ?

Samir Amin : Les conditions objectives existaient partout. C’est la domination de « oligopoles ou monopoles généralisés » qui a mis l’économie dans une crise d’accumulation, qui est à la fois une crise de sous-consommation et une crise de la profitabilité. Seuls les secteurs des monopoles dominants ont pu rétablir leur taux de profit élevé, mais en détruisant la profitabilité et la rentabilité des investissements productifs, des investissements dans l’économie réelle.

« Le capitalisme des oligopoles ou monopoles généralisés » est le nom que vous donnez à ce qui est, selon vous, une nouvelle phase de développement du capitalisme. En quoi ces monopoles sont-ils différents de ceux d’il y a un siècle ?

Samir Amin. : La nouveauté est dans le terme « généralisé » .
Depuis le début du 20e siècle, il y a eu des acteurs dominants dans le secteur financier et le secteur industriel comme la sidérurgie, la chimie, l’automobile, etc. Mais ces monopoles étaient des grandes îles dans un océan de PME réellement indépendantes.
Or, depuis une trentaine d’années, nous assistons à une centralisation du capital sans commune mesure. Le magazine Fortune mentionne aujourd’hui 500 oligopoles dont les décisions contrôlent toute l’économie mondiale, dominant en amont et en aval tous les secteurs dont ils ne sont pas directement propriétaires.

Prenons l’agriculture. Autrefois, un paysan avait le choix entre plusieurs entreprises pour ses activités. Aujourd’hui, une PME agricole est confrontée en amont au bloc financier de banques et à d’énormes monopoles de production des engrais, des pesticides et des OGM dont Monsanto est l’exemple le plus frappant. Et, en aval, il est face aux chaînes de distribution et grandes surfaces. Par ce double contrôle, son autonomie et ses revenus se réduisent toujours plus.

Est-ce pour cela que vous préférez parler aujourd’hui d’un système basé sur « la maximalisation d’une rente monopolistique » plutôt que de la « maximalisation du profit » ?

Samir Amin : Oui. Le contrôle assure à ces monopoles une rente prélevée sur le bénéfice total du capital obtenu par l’exploitation de travail.
Cette rente devient impérialiste dans la mesure où ces monopoles opèrent dans le Sud.
La maximalisation de cette rente concentre les revenus et les fortunes dans les mains d’une petite élite au détriment des salaires, mais aussi des bénéfices du capital non monopolistique.
L’inégalité grandissante devient absurde. A la limite, c’est comparable à un milliardaire qui posséderait le monde entier et laisserait tout le monde dans la misère.

Les libéraux avancent qu’il faut « agrandir le gâteau » en réinvestissant les bénéfices. C’est seulement après que l’on peut opérer le partage.

Samir Amin : Mais on n’investit pas dans la production, puisqu’il n’y a plus de demande.
La rente est investie dans la fuite en avant sur les marchés financiers. L’expansion depuis un quart de siècle des investissements sur les marchés financiers est du jamais vu dans l’histoire.
Le volume des transactions sur ces marchés est de plus de 2 500 000 milliards de dollars, alors que le PIB mondial est de 70 000 milliards de dollars.

Les monopoles préfèrent ces investissements financiers à ceux dans l’économie réelle. C’est la « financiarisation » du système économique.
Ce type d’investissement est la seule issue pour la poursuite de ce « capitalisme des monopoles généralisés » . Dans ce sens, la spéculation n’est pas un vice du système, mais une exigence logique de celui-ci.

C’est sur les marchés financiers que les oligopoles – pas seulement les banques – font leurs profits et se concurrencent entre elles pour ces profits. La soumission de la gestion des firmes à la valeur des actions de la Bourse, la substitution du système de retraites par capitalisation au système par répartition, l’adaptation des changes flexibles et l’abandon de la détermination du taux d’intérêt par les banques centrales en laissant cette responsabilité aux « marchés » doivent tous être compris dans cette financiarisation.


Cette dérégulation des marchés financiers est dans la ligne de mire depuis quelques années. Les dirigeants politiques parlent de « moralisation des opérations financières » et d’ « en finir avec la capitalisme-casino » . La régulation serait donc une solution à la crise ?

Samir Amin : Tout ça, c’est du blabla, des phrases creuses pour tromper l’opinion publique.
Ce système est condamné à poursuivre sa course folle à la rentabilité financière.
La régulation aggraverait encore davantage la crise. Où irait alors le surplus financier ? Nulle part ! Il entraînera une dévaluation massive du capital qui se traduirait entre autres par un krach boursier.

Les oligopoles ou monopoles (les « marchés » ) et leurs serviteurs politiques n’ont donc pour autre projet que de restaurer le même système financier.
Il n’est pas exclu que le capital sache restaurer le système d’avant l’automne 2008.
Mais cela nécessitera des sommes gigantesques des banques centrales pour éliminer tous les crédits toxiques et pour rétablir la profitabilité et l’expansion financière.
Et la facture devra être acceptée par les travailleurs en général, et les peuples du Sud en particulier.
Ce sont les monopoles qui ont l’initiative. Et leurs stratégies ont toujours donné les résultats recherchés, c’est-à-dire les plans d’austérité.

Justement, ces plans d’austérité se succèdent, soi-disant pour réduire les dettes des États. Or on sait que cela aggrave la crise. Les dirigeants politiques sont-ils des imbéciles ?

Samir Amin : Mais non ! C’est sur l’objectif qu’il y a mensonge. Lorsque les gouvernements prétendent vouloir la réduction de la dette, ils mentent délibérément.
L’objectif n’est pas la réduction de la dette mais que les intérêts de la dette continuent à être payés, et de préférence à des taux encore plus élevés.
La stratégie des monopoles financiarisés, au contraire, a besoin de la croissance de la dette – le capital y gagne, ce sont des placements intéressants.

Entre-temps, les austérités aggravent la crise, il y a clairement contradiction. Comme le disait Marx, la recherche du profit maximal détruit les bases qui le permettent. Le système implose sous nos yeux mais il est condamné à poursuivre sa course folle.


Après la crise des années 1930, l’Etat a tout de même pu surmonter partiellement cette contradiction, et une politique keynésienne de relance a été menée.

Samir Amin : Oui, mais quand cette politique keynésienne a-t-elle été introduite ?
Au début, la riposte à la crise de 1929 a été exactement la même qu’aujourd’hui : des politiques d’austérité, avec leur spirale descendante.
L’économiste Keynes disait que c’était absurde et qu’il fallait faire le contraire.
Mais ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale qu’on l’a écouté. Pas parce que la bourgeoisie était convaincue par ses idées, mais parce que cela lui a été imposé par la classe ouvrière.
Avec la victoire de l’Armée rouge sur le nazisme et la sympathie pour les résistants communistes, la peur du communisme était bien présente.

Aujourd’hui, quelques-uns – ils ne sont pas très nombreux – des économistes bourgeois intelligents peuvent dire des mesures d’austérité qu’elles sont absurdes. Et alors ? Tant que le capital n’est pas contraint par ses adversaires à mettre de l’eau dans son vin, cela continuera.

Quel est le lien entre la crise surgie voici quelques années et celle des années 1970 ?

Samir Amin : Au début des années 1970, la croissance économique a subi une chute.
En quelques années, les taux de croissance sont tombés à la moitié de ce qu’ils avaient été lors des trente glorieuses : en Europe, de 5 à 2,5 %, aux États-Unis, de 4 à 2 %.
Cette chute brutale était accompagnée d’une chute de même ampleur des investissements dans le secteur productif.

Dans les années 1980, Thatcher et Reagan ont réagi par des privatisations, la libéralisation des marchés financiers et une très dure politique d’austérité.
Cela n’a pas fait remonter les taux de croissance, mais les a maintenus à un très bas niveau. Par ailleurs, le but des libéraux n’a jamais été le rétablissement de la croissance, quoi qu’ils en disent.
Le but était surtout de redistribuer les revenus vers le capital. Mission accomplie. Et maintenant, quand on passe en Belgique de -0,1 % à + 0,1 % de croissance, certains jubilent : « La crise est terminée !» C’est grotesque.


Vous comparez les années 1990 et 2000 avec celles d’un siècle auparavant : une sorte de deuxième « Belle Epoque ».

Samir Amin : J’ai fait le parallèle entre les deux longues crises parce que, c’est très curieux, elles commencent exactement avec cent ans d’écart : 1873 et 1973. En plus, elles ont les même symptômes au départ et la réponse du capital a été la même, c’est à dire trois ensembles de mesures complémentaires.

Premièrement, une énorme centralisation du capital avec la première vague des monopoles, ceux analysé par Hilfirding, Hobson et Lénine. Dans la deuxième crise, ce sera ce que j’appelle les « monopoles généralisés » qui se sont constitués dans les années 1980.

Deuxièmement, la mondialisation . La première grande crise est l’accélération de la colonisation, qui est la forme la plus brutale de la mondialisation. La deuxième vague, ce sont les plans d’ajustement structurel du FMI, que l’on peut qualifier de recolonisation.

Troisième et dernière mesure : la financiarisation .
Quand on présente la financiarisation comme étant un phénomène nouveau, cela me fait sourire.
Qu’est-ce qui a été créé en réponse à la première crise ? Wall Street et la City de Londres en 1900 ! Et cela a eu les mêmes conséquences. D’abord, une période courte ou ça semble marcher, parce qu’on pompe sur les peuples, surtout ceux du Sud.
Ce fut de 1890 à 1914, la « Belle Epoque ». On a tenu les mêmes discours sur la « fin de l’Histoire » et la fin des guerres. La mondialisation était synonyme de paix et de colonisation pour une mission civilisatrice.

Or, a quoi tout cela a-t-il mené ? A la Première Guerre mondiale, la Révolution russe, la crise de 1929, le nazisme, l’impérialisme japonais, la Deuxième Guerre mondiale, la révolution chinoise, etc. On peut dire qu’après 1989, il y a eu une sorte de deuxième « belle époque », jusqu’en 2008, bien qu’elle ait, dès le début, été accompagnée de guerres du Nord contre le Sud.
Le capital a, dans cette période, établi les structures afin que les oligopoles puissent bénéficier de leur rente.
Et, comme la globalisation financière a mené à la crise de 1929, elle a récemment mené à la crise de 2008. Aujourd’hui, on a atteint un même moment crucial qui annonce une nouvelle vague de guerres ou de révolutions.


Pas très riant, comme image d’avenir… Vous écrivez qu’ « un nouveau monde est en train de naître, qui peut devenir encore bien plus barbare, mais qui peut aussi devenir meilleur » . De quoi cela dépend-il ?

Samir Amin : Je n’ai pas de boule de cristal. Mais le capitalisme est entré dans sa phase sénile, qui peut amener d’énormes bains de sang.
Dans une telle période, les mouvements sociaux et les protestations amènent des changements politiques, pour le meilleur ou pour le pire, fascistes ou progressistes.
Les victimes de ce système réussiront-elles à former une alternative positive, indépendante et radicale ? Tel est aujourd’hui l’enjeu politique.

_______________


Note : version raccourcie d’une interview de Samir Amin parue dans Etudes marxistes n° 99. Par Ruben Ramboer - Lire aussi Samir Amin, Sortir de la crise du capitalisme ou sortir du capitalisme en crise?, Le Temps des cerises, 2009.

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Xuan
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   Posté le 18-12-2012 à 18:36:11   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Sur ce graphique les liens entre les dirigeants du CAC 40 :

http://mai68.org/spip/IMG/swf/1274372604_cac40_3.swf

...illustre parfaitement la concentration dont parle Samir Amin.


Info sur Vive la révolution!

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   Posté le 19-01-2013 à 15:27:38   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Le capitalisme « concurrentiel d’Etat » nouveau vient d'arriver



Cet article a été publié récemment par l’institut Gabriel Péri.
Ammar Belhimer en fait un résumé le 9 janvier dans l’hebdomadaire algérien La Nation.
Il ne s’agit pas d’une étude économique marxiste, contrairement à ce que laissent imaginer le laïus et le cadre de la publication.
L’auteur, Laurent Zylberg, docteur en science politique et présenté comme « directeur d’une grande entreprise dans le sud-est asiatique », était DRH à France Télécom, en poste lors des suicides en septembre 2009.

Son étude traduit une certaine inquiétude des capitalistes occidentaux devant la baisse tendancielle de leurs taux de profits, face aux pays émergents et face aux progrès de la Chine, en dépit de la crise mondiale du capitalisme.
Il y a des observations intéressantes, mais de là à gober une théorie sur l’évolution du capitalisme monopoliste en capitalisme « concurrentiel d’Etat » et un modèle asiatique, c’est beaucoup demander.
D’une part l’auteur ne fait aucune différence entre la propriété d’Etat en système socialiste et en système capitaliste.
Selon lui le confucianisme serait à l'origine de ce modèle asiatique. On fera donc abstraction de l'Inde...
D’autre part si globalement le PIB de l’Asie progresse plus vite qu’ailleurs, on ne peut pas faire un lot avec la Chine, le Vietnam et le Japon. Le graphique ci-dessous montre par exemple que le Japon file un très mauvais coton (évidemment la dette US est abyssale mais ici c’est un ratio) :


La dette publique de différents pays en nombre de mois de recettes publiques (4) - Source : LEAP / European Commission, ONS, FRB
[source GEAB ]

_______________________


DU CAPITALISME MONOPOLISTE D’ÉTAT AU CAPITALISME CONCURRENTIEL D’ÉTAT


par Laurent Zylberberg
Docteur en science politique, Directeur d’une grande entreprise française dans le Sud-est asiatique


L’action de l’État dans la sphère économique est bien moins lisible aujourd’hui qu’il y a quelques années. Certains pays, la Grèce notamment mais pas seulement, annoncent des privatisations pour réduire leur dette, d’autres, en Afrique par exemple, privatisent pour moderniser leur économie et investir dans les besoins en développement. Ailleurs, en Asie ou encore au Moyen-Orient, des entreprises, souvent publiques, se développent à l’international. À titre d’exemple, ce sont plus de 10 milliards de dollars pour les seules entreprises vietnamiennes qui ont été investies à l’étranger en 12 ans. La crise financière a aussi amené des prises de participation publiques dans les pays où on les attendait le moins. C’est la nationalisation de la banque Northern Rock en Grande-Bretagne. Plus spectaculaire encore, l’acquisition de 80% du capital d’AIG par l’État américain en 2008. Cette compagnie d’assurances était en 2007 la 10ème plus grande entreprise mondiale par chiffres d’affaires [1].
Ce désordre était inimaginable il y a quarante ans, lorsque Paul Boccara [2], alors responsable économique du PCF développait la notion de « Capitalisme Monopoliste d’État ». Selon cette théorie, la baisse des taux de profits des entreprises privées venait, à un certain stade de l’économie capitaliste, à être contrebalancée par, d’une part, des commandes publiques massives aux grandes entreprises privées et par, d’autre part, la sous-capitalisation du secteur public, ainsi qu’un taux de rendement très faible de ce dernier. On assistait à une collectivisation des investissements non directement rentables ou dont la rentabilité était à plus long terme. Plus globalement les restructurations de l’industrie dans les pays occidentaux se sont appuyées sur des aides massives des fonds publics [3].
À la suite de cela, dans les années 1980, dans un contexte de crise économique liée au « chocs pétroliers », on assistait à la montée en puissance d’un renouveau du libéralisme avec le Reaganisme et le Thatchérisme. Vite théorisée et en s’appuyant sur des politiques monétaristes strictes, cette vision libérale devenait ultra dominante, dans une mondialisation qui ne disait pas son nom. Le libéralisme triomphait sans réserve aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe Occidentale mais aussi dans une partie importante de l’Amérique Latine sous l’impulsion des « Chicago Boys » chiliens formés par Milton Friedman.
L’Asie, globalement, restait à l’écart de ce mouvement. Les structures étatiques restaient dynamiques et interventionnistes dans tous les domaines y compris dans l’action économique. Pourtant « au cours des années 70 et 80, les travaux à dominante néolibérale se sont caractérisées par une tendance généralisée à minimiser le rôle de l’État dans les économies asiatiques » [4]. Dans cette partie du monde, l’action de l’État prenait différentes formes suivant que les pays faisaient, ou non, partie des « pays socialistes » . Mais c’est bien dans l’ensemble du bloc Asie que l’État restait un moteur-acteur majeur de l’économie. Pour Pierre Judet [5], « l’État asiatique est un État "pro", à la fois Producteur, Protecteur, Programmateur, Prospecteur » . Qu’il s’agisse de Singapour, du Japon, de la Corée du Sud, de la Chine, de la Malaisie, ces pays se caractérisent par une présence interventionniste de l’État sous des formes variées. Sur les dix plus grandes entreprises mondiales par chiffre d’affaires, quatre sont détenues ou contrôlées par l’État, elles sont toutes en Asie. Trois sont chinoises (Sinopec Group et China National Petroleum Corporation –dans le secteur du pétrole et de la pétrochimie- et State Grid –dans l’électricité), une est japonaise (Japan Post Holdings).
En Europe et en Amérique du Nord, l’État perdait peu à peu de sa légitimité dans toutes ses fonctions tant régaliennes qu’économiques. Parallèlement, les modèles économiques keynésiens ou néolibéraux, souvent imbriqués dans la pratique, n’arrivaient pas à endiguer l’affaiblissement des processus de légitimation de l’État. Dans les économies keynésiennes, celui-ci avait de plus en plus de difficultés pour intervenir directement. Les politiques interventionnistes montraient leurs limites quel qu’en soient les instruments : politiques industrielles volontaristes ou puissantes entreprises publiques. La désindustrialisation de ces pays s’accentuait rapidement comme le démontre le graphique ci-dessous. Le déclin de l’emploi industriel débutant dans les années 1970-1980.



Source : Olivier Marchand et Claude Thélot, " Deux siècles de travail en France ", INSEE 1991, complété par les résultats des derniers recensements [6]
Les entreprises publiques ouvraient leur capital pour trouver de nouvelles ressources et répondre à de nouveaux besoins. Parmi ceux-ci le développement international prenait une part importante.
Dans les économies néolibérales, le désengagement de l’État qui devait permettre de faire face aux dysfonctionnements économiques et redonner à l’autorité publique l’agilité et la légitimité nécessaires. Pour ne prendre que les exemples américains et britanniques, cela n’a aucunement empêché les phénomènes de désindustrialisation et de financiarisation.

http://www.gabrielperi.fr/IMG/jpg/graph2.jpg

USA [7]


Employment in UK Manufacturing : 1841-1991 [8]

En fait, partout l’État ne trouvait plus les marges nécessaires à remplir ses fonctions comme le montrait, de manière prémonitoire, James O’Connor dans « Fiscal Crisis of State » dès 1973 [9]. Il expliquait que l’État devait remplir deux fonctions essentielles : maintenir un niveau élevé de profits pour les acteurs privés et légitimer le système lui-même en réduisant les inégalités et injustices les plus insupportables. Il ajoutait que ces deux fonctions devenaient de plus en plus lourdes financièrement et se traduisaient par un accroissement des dépenses à un niveau difficilement soutenable sur le long terme. C’est d’ailleurs pour essayer de remplir ces fonctions de manière concomitante que les États se sont endettés de plus en plus au point d’aboutir à la crise que nous connaissons actuellement qui en est la résultante. Augmentation des besoins d’un côté, réduction des capacités de l’autre, l’effet de ciseaux est allé en s’amplifiant.
Ces changements de paradigme dans les économies occidentales se produisaient alors que la globalisation ou plus simplement l’internationalisation des économies en était à ses balbutiements et n’avait pas encore pris l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui. La mondialisation allait changer la capacité des économies asiatiques à agir et leur ouvrir de nouvelles possibilités. Alors que la croissance des économies occidentales se produisait dans un contexte relativement fermé, celle des pays d’Asie est marquée par la globalisation et la vitesse de circulation des marchandises et des capitaux. En Asie, contrairement aux États occidentaux, la puissance publique, sous toutes ses formes, ne se désengage pas mais agit au sein même du secteur marchand [10] . Cette capacité à agir dans la sphère économique qui contraste avec les économies occidentales s’explique sans doute par deux raisons. En premier lieu, le mode de formation et la notion même d’État-Nation ne reposent pas sur les mêmes fondements qu’en Europe. Les différents modèles analysés par Bertrand Badie et Pierre Birnbaum dans leur livre « Sociologie de l’État » [11], ne trouvent pas de correspondances en Chine ou au Japon et encore moins dans les pays du Sud-est asiatique. Dès lors, ce qui affaiblit l’État en Occident n’a pas le même impact dans cette région du monde. En second lieu, la puissance publique en Asie est d’abord une fonction d’autorité et de respect hiérarchique avant d’être garant de l’équité. Il est clair que le modèle confucéen joue un rôle important de légitimation de l’État. Pour Araya Kebede [12], “Ce sont les valeurs confucéennes qui sont le plus souvent associées au développement de l’État dans l’Asie Orientale. Une de ces valeurs confucéennes qui est le plus souvent identifiée au développement de l’État est l’idée que « les sociétés asiatiques ont toujours été plus concernées par le bien-être du groupe que par celui de l’individu. »

On s’aperçoit que les économies actuellement en forte croissance dans le monde sont marquées par le rôle de l’État, plus précisément des entreprises d’État ou encore des entreprises liées à la sphère publique. Comme le souligne The Economist dans son numéro du 21 janvier 2012, nous sommes face à un phénomène nouveau et ancien. Si les économies occidentales ont connu et connaissent encore une forte présence des entreprises d’État, globalement la croissance des Trente Glorieuses s’est faite dans les secteurs marchands de l’économie. Ceux-ci s’appuyaient sur des infrastructures publiques mais la dynamique économique était d’abord assurée par des entreprises privées. A titre d’exemple, les interactions entre le secteur automobile, dominé par les entreprises privées et la construction des autoroutes sont une assez bonne illustration de ces synergies. A l’inverse, la croissance asiatique s’appuie largement sur les entreprises liées à l’État. Celles-ci peuvent être publiques ou simplement ayant des liens structurels forts avec l’appareil étatique. Dans ces pays, le secteur marchand autonome reste relativement marginal et les infrastructures publiques sont souvent incorporées verticalement dans de vastes conglomérats privés en Corée ou au Japon, à l’image de Samsung ou de Toshiba, ou publics comme en Chine ou au Vietnam.

Dans une économie globalisée, ces grandes entités privées se sont développées à l’international. Jusqu’à une date récente, le développement international des entreprises publiques restaient relativement mineur, depuis quelques années cela n’est plus le cas, comme le montre le rapport annuel des Nations Unies sur l’investissement international [13] . Ce même rapport souligne que sur les 653 entreprises publiques transnationales, plus d’un quart sont situées en Asie (en excluant les pays de la péninsule Arabique). Bien évidemment, la situation varie suivant les pays ainsi les grandes entreprises chinoises sont moins intégrées dans la globalisation que leurs homologues des pays de la région. Ceci ne signifie pas qu’elles sont moins actives à l’international, mais met simplement en évidence la taille gigantesque du marché domestique chinois.



Résultats sur les 100 plus grandes entreprises de chaque pays (2006) [14]

Nombre d’entreprises publiques asiatiques se développent à l’international tout en étant en concurrence sur leur propre marché domestique. Cette internationalisation est à la fois un débouché pour des surplus de capitaux publics et une construction géopolitique. D’autres moteurs existent pour cette internationalisation. Ainsi, la monographie [15] de Mr. Boya Wang and Dr. Lutao Ning de l’Université de Durham à propos de « China Life », entreprise d’assurances chinoises, montre que cette internationalisation vise aussi à s’extraire des rigidités du cadre national et à mettre en place un management d’entreprise plus adapté tout en s’assurant des financements nécessaires aussi bien au développement domestique qu’à l’international.

Progressivement se met en place en Asie ce que l’on pourrait appeler le « Capitalisme Concurrentiel d’État ».
Les cinq principales caractéristiques de ce système sont :

• un environnement économique national en forte croissance qui permet à des sociétés nationales d’accumuler des capitaux
Le Capitalisme Monopoliste d’État visait à palier la baisse du taux de profit du secteur marchand dans un contexte de ralentissement de la croissance économique. Le « Capitalisme Concurrentiel d’État » s’inscrit dans un contexte totalement différent marqué par une croissance économique forte. Celle-ci ne se répartit pas de manière uniforme parmi les différents acteurs économiques. Les bénéficiaires de cette croissance économique sont les grandes entreprises nationales et les petits acteurs économiques. On trouve une myriade de petits acteurs économiques souvent familiaux et de proximité et, à l’autre bout du spectre, de très grandes entreprises autonomisées mais en lien direct avec l’appareil d’État. Les entreprises de taille moyenne sont largement sous-représentées dans ce paysage.

• une structure étatique forte présente bien au-delà des aspects régaliens
Dans tous ces pays, l’État ne se réduit pas aux simples appareils idéologiques d’État pour reprendre la terminologie Althussérienne mais est fortement prégnant dans la sphère économique. On constate que de Singapour à la Chine Populaire en passant par le Vietnam ou la Malaisie, l’activité économique est dirigée et régulée par l’État bien au-delà de ce que l’on connait dans les pays occidentaux. Le plus souvent cette structure étatique est à plusieurs niveaux partant des acteurs économiques directs pour aller jusqu’au régulateur. C’est la conjonction de leurs actions qui crée la dynamique économique et empêche l’éclosion d’acteurs concurrentiels externes. C’est cette logique qui est mise en œuvre lorsque l’on constate la forte présence des collectivités locales dans le système bancaire chinois ou la multiplication des sociétés qui dépendent des Ministères de la Défense dans d’autres pays de la région. La présence de l’État empêche les entreprises privées étrangères d’investir massivement dans les secteurs concernés sans passer par ces mêmes acteurs. Ainsi on pourrait se retrouver dans des situations où des entreprises publiques d’un pays étranger fassent alliance avec un acteur local public lui-même en concurrence avec d’autres acteurs publics locaux !

• un interventionnisme étatique qui privilégie les sociétés publiques sur les structures gouvernementales
On constate aussi que l’État tend à agir de moins en moins directement par ses structures bureaucratiques et de plus en plus par la création des structures intermédiaires qui prennent souvent la forme d’entreprises. Si des raisons prosaïques, et difficilement avouables, comme une répartition « orientée » des marges vers des acteurs individuels expliquent en partie ce phénomène ; d’autres raisons en sont aussi la cause. La souplesse induite par ces sociétés publiques permet aussi d’entrer dans une logique de service et de rapports marchands. L’appareil administratif d’État se cantonne à celui d’État stratège, voire d’État modeste pour reprendre l’expression de Michel Crozier [16], mais là où ce dernier pensait qu’il agirait dans un monde économique dominé par les acteurs privés, ce sont les acteurs publics qui régentent l’ensemble.

• des sociétés publiques gérées sur la base de critères privés et agissant dans un environnement concurrentiel parfois au sein même de la sphère publique

On retrouve dans ce « Capitalisme Concurrentiel d’État », des sociétés publiques qui sont souvent en concurrence les unes avec les autres. Les critères de gestion qui s’y appliquent sont identiques à ceux du secteur marchand. Les équipes de direction de ces entreprises peuvent aussi bien être issues de l’ancienne administration que des écoles de management reconnues internationalement. Ce qui est caractéristique de ces nouvelles entreprises publiques est le fait qu’elles agissent dans un environnement concurrentiel où se côtoient des acteurs privés mais aussi d’autres acteurs publics. Ces derniers peuvent être des entreprises publiques issues d’autres secteurs. On retrouve régulièrement des anciens monopoles de l’électricité, du gaz, des télécommunications mais aussi du transport dans ces marchés concurrentiels. Chacun va sortir de sa spécialisation pour aller concurrencer d’autres entreprises publiques. Autonomes de l’État, elles mettent en œuvre des stratégies spécifiques en s’appuyant sur des personnels qui lui sont attachés et sur des capitaux publics. Les économies occidentales connaissent bien des phénomènes similaires (en France, la concurrence entre EDF et GDF Suez ou entre La Poste et Orange-France Télécom par exemple) mais cela s’inscrit dans un contexte de privatisation.

En Asie, il s’agit moins de privatisation que de concurrence entre différentes entités de l’État ou entre ministères. C’est dans ce contexte global que les États organisent leurs entreprises publiques. Ainsi, en Chine, le choix a été fait de diminuer leur nombre et, dans le même temps, de les renforcer. Les deux graphiques suivants montrent le mécanisme [17] :





• un développement à l’international de ces sociétés publiques.
Un autre élément spécifique de ces entreprises est leur implication dans la mondialisation et partant leur développement à l’international. Dans les économies occidentales, la plupart des entreprises publiques, à l’exception notable pour des raisons évidentes, des sociétés pétrolières, se limitaient à des activités nationales avec quelques incursions internationales sur la base de partenariats. La réalité des puissantes entreprises publiques en Asie est autre. Nombre de ces entreprises se positionnent sur les marchés dans d’autres pays. Cela peut aller au-delà des pays limitrophes, la présence chinoise en Afrique est, à cet égard, assez remarquable. Mais on peut aussi trouver d’autres exemples dans les télécommunications où un acteur comme Viettel, société du Ministère de la Défense Vietnamien, est présente en Asie, en Amérique Latine et en Afrique. Ce dernier exemple est d’autant plus intéressant que d’autres sociétés publiques vietnamiennes s’essaient aussi au développement à l’international dans le même secteur des télécommunications. On retrouve ainsi des sociétés publiques venant d’un même pays et qui se retrouvent, potentiellement, en concurrence à l’étranger.

Ce « Capitalisme Concurrentiel d’État » interroge sur de nouvelles réalités dans le cadre de la mondialisation. Alors que les grands groupes occidentaux se sont forgés et appuyés sur une logique de marché à base de capitaux privés, ils se retrouvent en concurrence avec des acteurs issus du public mais dans le cadre de compétition à critères marchands. Cette dualité est elle durable ? Les entreprises occidentales privées ont-elles les moyens de faire face à la concurrence des sociétés publiques de ces pays ? De manière générale, on retrouve ici la problématique de l’asymétrie des régulations suivant les pays. A ces nombreuses interrogations, on peut ajouter le cas particulier, mais important financièrement et stratégiquement des entreprises occidentales privées issues du secteur public. Leur lien avec l’État est certes distendu mais il continue à exister. Ces entreprises publiques occidentales ont des logiques différentes de celles de leurs homologues asiatiques. En effet, elles se situent dans une dynamique d’autonomisation de la sphère publique qui ne se retrouve pas en Asie.

On le voit le challenge pour les entreprises des économies occidentales, qu’elles soient privées ou publiques, est de définir des stratégies d’investissement durables dans les pays asiatiques alors que tout incite à penser que le modèle du Capitalisme Concurrentiel d’État va perdurer en Asie, et peut-être s’étendre dans d’autres régions du monde. Sans doute est-ce là aussi un des enjeux de la redéfinition à venir du rôle de l’État dans les pays occidentaux.

[1]http://money.cnn.com/magazines/fortune/fortune500/2007/index.html
[2] Paul Boccara, Études sur le capitalisme monopoliste d’État, sa crise et son issue, Éditions sociales, 1973.

[3] Anicet Le Pors, Les Béquilles du capital, Éditions du Seuil, 1977

[4] Mario Lanzarotti, « Le néo-libéralisme face à la croissance économique asiatique », Tiers Monde, 1999, Tome 40, n°157, p.52

[5] http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-3506.html

[6] Cité par Michel Volle,http://www.volle.com/statistiques/structuremploi.htm

[7] http://seekingalpha.com/article/179648-manufacturing-employment-falls-to-record-lows-but-productivity-soars

[8] http://endnotes.org.uk/articles/1 source : Brian Mitchell, International Historical Statistics : Europe, 1750-2005 (Palgrave Macmillan 2007)

[9] James O’Connor, The fiscal crisis of the State, Transaction Publishers, Nvlle ed. 2006

[10] La Banque Mondiale estimait que " la bureaucratie peut faciliter ou empêcher les réformes. Dans beaucoup de pays d’Asie du Sud-Est ayant réussi leur industrialisation, l’administration a été l’agent du développement. Les technocrates ont pris part au choix politique de la réforme. A Singapour, bureaucrates et responsables politiques ont travaillé main dans la main pour le programme national " . Cité dans le rapport de mission sénatoriale Rapport sénatorial d’information n° 248 (2000-2001) de M. Jean HUCHON, déposé le 3 avril 2001.

[11] Bertrand BADIE, Pierre BIRNBAUM, Sociologie de l’État, Hachette, coll. « Pluriel », 1982.

[12] Perspectives on East Asian economic development model : the roles of external economic assistance and timely government intervention. “It is the Confucian values that are most commonly associated with the developmental state in East Asia . One of the Confucian values that is identified with the developmental state is the idea that “Asian societies have always been more concerned with the welfare of the group over the individual…”

[13] Cf. World Investment Report 2011, UNCTAD,http://www.unctad-docs.org/files/UNCTAD-WIR2011-Full-en.pdf

[14] http://www.mckinseyquarterly.com/How_Chinese_companies_can_succeed_abroad_2131

[15]http://www.ceauk.org.uk/2010-conference-papers/full-papers/Boya-Wang-+-Lutao-Ning-final.pdf

[16] Michel CROZIER État Moderne, État modeste, Fayard, 1987

[17]http://blogs.worldbank.org/eastasiapacific/state-owned-enterprises-in-china-how-big-are-they

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Edité le 20-01-2013 à 16:53:48 par Xuan




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   Posté le 22-01-2013 à 00:24:02   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

le monde est dirigé par une "pentarchie"-union européenne,,inde,russie,japon,usa,à l image de la sainte alliance de 1815-prusse,angleterre,france,la russie et l autriche-qui se partagent le monde et s accordent pour réprimer les résistances populaires.


Edité le 23-01-2013 à 06:14:49 par marquetalia




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   Posté le 22-01-2013 à 18:17:12   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Affirmation gratuite et absurde : il n'y a pas de "confrontations interimpérialistes" dans une "pentarchie", à supposer qu'elle existe mais ça reste à démontrer.

Tu vas nous faire une prédiction chaque fois que tu trouves un mot nouveau ?

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   Posté le 22-01-2013 à 19:15:58   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Xuan a écrit :

Affirmation gratuite et absurde : il n'y a pas de "confrontations interimpérialistes" dans une "pentarchie", à supposer qu'elle existe mais ça reste à démontrer.

Tu vas nous faire une prédiction chaque fois que tu trouves un mot nouveau ?


si,puisqu en 1815 la "sainte alliance" se partageait le monde en sphères d influences.cette thèse,pour ne pas changer,je l ai lue dans le monde diplomatique.et effectivement,toutes ces puissances décrites s accordent pour écraser les séditions marxistes dans le monde,les naxalites,les zapatistes,les farc,le pkk,le front polisario,.....

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   Posté le 22-01-2013 à 19:17:02   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

le fait que l ezln soit plus libertaire que marxiste pose t il un problème?

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   Posté le 22-01-2013 à 23:06:18   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Tu n'as pas répondu à mon objection.
A part ça, le Dalaï Lama, c'est une sédition marxiste ?

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   Posté le 23-01-2013 à 06:13:34   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

non,je ne vais pas vous faire une prédiction quand je vais trouver un mot nouveau;quand au dalai lama,il ne représente pas une sédition marxiste,et de toute facon pas populaire,mais celle de la noblesse tibétaine qui a ete écartée du pouvoir par la chine .

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   Posté le 23-01-2013 à 06:16:34   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

concernant l ezln,tu m as répondu sur le sujet sur le mali ou j ai quelque peu dérapé...

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   Posté le 23-01-2013 à 09:56:41   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

On parle de sainte alliance quand l'unité l'emporte sur les divisions, mais aujourd'hui les divisions persistent et les rapports sont inégaux au sein de l'impérialisme occidental.

C'est la spécialité du Monde Diplomatique de lancer des théories bidon du type "pentarchie".
Au passage je te signale que les cinq "alliés" désignés par Serge Halimi ne sont pas ceux que tu as listés mais l'Europe, les USA, la Russie, la Chine et l'Inde comme puissances "conservatrices" du "Front anti populaire".
Les arguments qu'il présente pour défendre sa thèse ne reposent sur aucune donnée matérielle chiffrée et déforment les faits.

A l'origine de cette thèse il y a Perry Anderson, un des théoriciens du "marxisme occidental", qui n'a de marxiste que le nom et ne s'intéresse pas aux données économiques.
Tu remarqueras que les articles du Diplo abondent dans ce sens : quand on croit trouver un article documenté, il n'y a pratiquement rien de factuel sinon trois citations qui se battent en duel et avec ça ils font une pleine page.

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   Posté le 23-01-2013 à 12:12:28   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Xuan a écrit :

On parle de sainte alliance quand l'unité l'emporte sur les divisions, mais aujourd'hui les divisions persistent et les rapports sont inégaux au sein de l'impérialisme occidental.

C'est la spécialité du Monde Diplomatique de lancer des théories bidon du type "pentarchie".
Au passage je te signale que les cinq "alliés" désignés par Serge Halimi ne sont pas ceux que tu as listés mais l'Europe, les USA, la Russie, la Chine et l'Inde comme puissances "conservatrices" du "Front anti populaire".
Les arguments qu'il présente pour défendre sa thèse ne reposent sur aucune donnée matérielle chiffrée et déforment les faits.

A l'origine de cette thèse il y a Perry Anderson, un des théoriciens du "marxisme occidental", qui n'a de marxiste que le nom et ne s'intéresse pas aux données économiques.
Tu remarqueras que les articles du Diplo abondent dans ce sens : quand on croit trouver un article documenté, il n'y a pratiquement rien de factuel sinon trois citations qui se battent en duel et avec ça ils font une pleine page.


pour rappel,en 1995,moscou livra des armes au mexique pour écraser l insurrection zapatiste,et,désormais,la russie,liée a l allemagne par gazprom,propose a la france d appuyer l intervention francaise au mali.d autre part,gardons de vue que le "diplo" est a moitié détenu par "le monde",proatlantiste et favorable a la social démocratie incarnée par francois hollande.


Edité le 25-01-2013 à 21:38:13 par marquetalia




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   Posté le 25-01-2013 à 20:37:52   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

"la russie,liée a l allemagne par gazprom,propose a la france d appuyer l intervention francaise au mali" : c'est faux.

Le Monde Diplo défend aussi des positions de la gauche bobo et ça ne dérange absolument pas l'impérialisme français.

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   Posté le 25-01-2013 à 21:35:08   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

Xuan a écrit :

"la russie,liée a l allemagne par gazprom,propose a la france d appuyer l intervention francaise au mali" : c'est faux.

Le Monde Diplo défend aussi des positions de la gauche bobo et ça ne dérange absolument pas l'impérialisme français.


c est faux que la russie propose d appuyer l intervention francaise au mali,mais la russie de poutine est vraiment liée à l allemagne par gazprom,et,par le passé,paris et berlin s opposèrent à l entrée de kiev et de tbilissi dans l otan pour ne pas froisser moscou-il s agit la de rivalités entre les impérialismes bruxellois et américain-


Edité le 25-01-2013 à 21:36:29 par marquetalia




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   Posté le 26-01-2013 à 17:12:23   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

Quels que soient les accords entre pays impérialistes, leur développement inégal et la concurrence aboutissent à la rivalité voire à la guerre et non à un super impérialisme mondial.
C'est la raison pour laquelle l'expression "sainte Alliance" ne correspond pas aux faits.
En ce qui concerne la France et l'Allemagne, leur relation est à la fois l'unité et la contradiction. L'Allemagne se tourne vers la Russie et l'Europe de l'Est, et la France vers ses anciennes colonies, et chacun d'eux pour le leadership européen.
Par conséquent le soutien de l'Allemagne à la guerre au Mali est un soutien de façade.

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   Posté le 26-01-2013 à 18:16:20   Voir le profil de marquetalia (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à marquetalia   

ce qui contredit les thèses du prcf,qui assimile l union européenne à un "bloc allemand".

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   Posté le 19-07-2013 à 16:36:53   Voir le profil de Xuan (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à Xuan   

LA CRISE ACCELERE LA CONCENTRATION MONDIALE DES MONOPOLES DE L’EXTRACTION DU FER


RFI publie :

JEUDI 18 JUILLET 2013

Les géants du fer accroissent leur mainmise sur un commerce moins juteux


Par Claire Fages

Les géants du minerai de fer n'ont jamais produit autant, alors que la demande ralentit. Leur stratégie : contrôler le marché.

Les trois géants du minerai de fer ne cessent d'augmenter leur production alors que la demande des aciéries européennes est au plus bas et que celle des aciéries chinoises n'augmente plus au même rythme.
Rio Tinto et BHP, les mastodontes australiens du fer, annoncent qu'ils ont dopé de 9% à 10% l'extraction de ce minerai entre juillet 2012 et juin de cette année, et qu'ils ne s'arrêteront pas là.
Rio Tinto prévoit de produire 265 millions de tonnes de fer en 2013, et BHP 220 millions de tonnes, en étendant toujours plus l'exploitation des gisements d'Australie occidentale.

Leur concurrent brésilien Vale, numéro un mondial du fer, a de son côté obtenu l'autorisation d'ouvrir une nouvelle mine brésilienne dont le développement va lui coûter près de 15 milliards de dollars. On risque d'aboutir à un surplus de minerai de fer au cours des six prochains mois, ce qui devrait encore précipiter les prix vers le bas, ils ont déjà perdu 15% depuis le début de l'année.

Ce qui paraît incompréhensible est en réalité une véritable stratégie de la part des géants du fer : accaparer la majeure partie du marché mondial, justement parce que ce marché cesse de croître, pour conserver leurs bénéfices !
Eux seuls peuvent se permettre cette expansion, ils sont déjà les plus rentables, avec des marges qui atteignent encore près de 70% au prix actuel (129 dollars la tonne).
En accroissant leur production, ils font des économies d'échelle, et donc préservent leurs marges ; ils évincent aussi les concurrents plus modestes, qui ne pourront pas tenir avec la chute des prix.


Illustration : Rio Tinto expédie des quais de Port Hedland, en Australie, un cinquième du minerai de fer échangé sur la planète. Le deuxième commerce de matières premières en volume après celui du pétrole.

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