Sujet :

Zemmour l'arbre qui cache la forêt

Finimore
   Posté le 16-10-2019 à 07:51:39   

Zemmour c'est l'arbre qui cache la forêt....


Pendant qu'hypocritement certains s'offusquent des propos racistes de Zemmour (cela fait quelques années d'ailleurs.... qu'il tient des propos violemment anticommunistes) la réalité c'est la présence bien réelle de journalistes et/ou éditorialistes plus ou moins proches des thèses de l'extrême-droite (toutes tendances confondues).

Les chaines infos accueillent régulièrement les Charlotte d'Ornellas, Geoffroy Lejeune, André Bercoff, Julie Graziani, Eugénie Bastié....

Dans un article récent le site de Médiapart revient et dénonce cette situation :
"Derrière Zemmour, l’irrépressible banalisation de l’extrême droite dans les médias" 14 OCTOBRE 2019 PAR LUCIE DELAPORTE
"En dépit des protestations des journalistes de la chaîne, Éric Zemmour officiera, à partir de ce lundi 14 octobre, quatre heures par semaine sur CNews. Derrière son cas, Mediapart a cherché à comprendre pourquoi et comment les rédactions ont participé à l'institutionnalisation de la parole d'extrême droite."
(...)
"La brève fronde anti-Zemmour, qui tient peu ou prou les mêmes propos depuis des années, est de toute façon arrivée bien tard, concèdent certains journalistes. « L’annonce de son arrivée nous a été faite avant l’été. C’était une volonté de la direction clairement pour booster l’audience. À l’époque, on ne s’y était pas opposé s’il y avait des contradicteurs », rapporte un journaliste."
(...)
"Inviter les plus extrémistes « à condition qu’il y ait du contradictoire » est devenu chez beaucoup de journalistes de ces chaînes d’info en continu parfaitement acceptable. Une version de plus en plus assumée de la formule de Jean-Luc Godard : « L’objectivité, c’est cinq minutes pour Hitler, cinq minutes pour les Juifs. » "
" De la banalisation de l’extrême droite, de ses thèmes comme de ses thèses, à l’œuvre depuis des années dans les médias, l’arrivée quotidienne de Zemmour sur la chaîne de Vincent Bolloré n’est bien sûr qu’une étape supplémentaire. À CNews, d’ailleurs, la droite de la droite a table ouverte depuis des années."
" Longtemps cantonnés à la marge, les journalistes adeptes de la « réinformation » ont désormais leurs entrées sur la chaîne où ils sont invités à déverser, le plus naturellement du monde, leurs obsessions identitaires. Charlotte d’Ornellas, égérie de la fachosphère, est devenue une habituée de la chaîne. Aujourd’hui rédactrice à Valeurs actuelles, après Boulevard Voltaire, celle qui a fondé en 2016 avec l’ancien membre de Génération identitaire Damien Rieu (récemment condamné pour son action anti-migrants dans les Alpes) l’éphémère magazine France, s'est appliquée à populariser l’œuvre de Renaud Camus et sa théorie du « grand remplacement » (lire notre dossier). Jeune et avenante, elle récite notamment ses classiques, sur les dangers du multiculturalisme ou l’islamisation rampante, dans diverses émissions. Elle avait même, un temps, réussi à être une invitée régulière de « 28 minutes » sur Arte, comme de France Info."
" Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef de Boulevard Voltaire, site d’extrême droite créé par Robert et Emmanuelle Ménard, a elle aussi son rond de serviette sur CNews où elle est invitée comme les autres à venir débattre de tout et de rien, dans les différents talk show qui font le cœur de la chaîne d’information en continu.

"L’émission de Laurence Ferrari « Punchline » fait aussi une large place à des personnalités connues pour leurs dérapages réguliers, comme Gilles-William Goldnadel ou André Bercoff, qui ont lancé ensemble La France libre, un média de « réinformation » qu’on pourrait situer à la droite du Rassemblement national."
(...)

"David Pujadas qui assure à France Inter que ce jour-là Zemmour « a pris tout le monde de court ».
"Une déclaration pour le moins surprenante dans la bouche de celui qui le connaît par cœur et ne semble ne plus concevoir un plateau sans un journaliste de Valeurs actuelles ou un membre du Rassemblement national."
" Sur le terrain de la course à la parole d’extrême droite, LCI sait se défendre. Tout comme sa concurrente CNews, elle accueille avec régularité et bienveillance toutes les voix de l’extrême droite. Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles et grand ami de Marion Maréchal – que son journal ne cesse d’encenser –, est ainsi devenu l’éditorialiste des matinées de LCI avant de basculer dans l’émission d’Arlette Chabot, « Le débat »."

https://www.mediapart.fr/journal/france/141019/derriere-zemmour-l-irrepressible-banalisation-de-l-extreme-droite-dans-les-medias?onglet=full


Edité le 16-10-2019 à 07:53:16 par Finimore


Xuan
   Posté le 16-10-2019 à 09:07:08   

C'est un autre aspect de la fascisation, sur le plan idéologique, qui bat en brèche la loi contre les propos racistes et xénophobes.
Et LREM n'est pas en reste dès qu'il s'agit de surnager aux municipales.

Mais rien de surprenant si on pense que les seuls "antiracistes" visibles et admis dans les médias expriment les vues de la social-démocratie et sont vomis par l'immense majorité du peuple.
Finimore
   Posté le 16-10-2019 à 15:23:19   

Xuan a écrit :

Mais rien de surprenant si on pense que les seuls "antiracistes" visibles et admis dans les médias expriment les vues de la social-démocratie et sont vomis par l'immense majorité du peuple.


En effet dans les années 80 il y a eu l'opération "sos racisme" véritable escroquerie zappant la question d'une réponse politique du point de vue de la classe ouvrière.
Xuan
   Posté le 16-10-2019 à 20:16:30   

Opération récupérée par le PS on s'en souvient, à caractère purement humaniste et étrangère à l'unité de classe du prolétariat.
Xuan
   Posté le 17-10-2019 à 20:02:20   

Dans la veine fasciste semant la haine raciste au sein du peuple Laurent Obertone "la France va droit au chaos"


Edité le 17-10-2019 à 20:02:33 par Xuan


Finimore
   Posté le 18-10-2019 à 06:41:39   

Laurent Obertone n'est pas un perdreau de l'année. Il avait déjà écrit aux éditions Ring et La mécanique générale :
en janvier 2016 : La France Big Brother de Laurent Obertone et Philippe Verdier (préfacier) - éditions La Mécanique Générale
en novembre 2016 : Utoya - L'affaire Breivik - éditeur : La Mécanique Générale
en septembre 2017 : Le Diable du ciel - Le roman vrai du vol 9525 de la Germanwings - éditions Ring
en janvier 2018 : La France Orange Mécanique - éditeur La Mécanique Générale
en septembre 2018 : Guerilla - tome 1 Le jour où tout s'embrasa -éditeur La mécanique générale
en septembre 2018 : La France interdite -éditions Ring
en septembre 2019 : Guerilla - tome 2 Le temps des barbares -éditions Ring

Nicolas Bourgoin avait déjà sur son blog fait une analyse d'un bouquin de ce personnage : " La France interdite, de Laurent Obertone : tromperies sur l’immigration et embrouille idéologique."
https://bourgoinblog.wordpress.com/2018/10/15/la-france-interdite-de-laurent-obertone-tromperies-sur-limmigration-et-embrouille-ideologique/
Xuan
   Posté le 31-10-2019 à 19:43:09   

D'autres aspects, à propos de l'attentat d'un "déséquilibré" à Bayonne

Multiplicité et unité des violences islamophobes De quoi Claude Sinké est-il le nom ?


Publié le 31 octobre 2019par bouamamas

L’ancien militaire et ex-candidat du FN dans les Landes, Claude Sinké, a avoué être l’auteur des tirs contre la mosquée de Bayonne ayant grièvement blessé deux fidèles. Fan d’Éric Zemmour, il s’estimait selon un de ses post facebook, en « guerre contre les islamistes ». La plupart des articles de presse centrent leurs analyses sur la question de sa santé mentale et/ou de son passé au Front National. Peu abordent celle du lien avec le contexte de banalisation de l’islamophobie qui se déploie depuis plusieurs décennies et de son accélération depuis la rentrée . De quoi Claude Sinké est-il le nom ?




Deux grilles de lecture qui n’épuisent pas la question

Claude Sinké sera l’objet d’un examen psychiatrique et nul doute que l’on mettra à jour des incohérences et/ou des fragilités et/ou des troubles et/ou déséquilibre psychologiques. Le diagnostic pourra même conclure sans étonnement à une décompensation psychotique avec ses sorties du réel et ses bouffées délirantes. Rappelons que pour Freud la psychose répond à la définition suivante :
[i]« le fait pour un sujet d’échapper à des contraintes contextuelles inacceptables ou impossibles à intégrer, en créant une nouvelle réalité qu’il est le seul à percevoir et qui le protège tout en l’enfermant[ii]. »

Autrement dit la psychose a un sens et une fonction. Le sujet croit réellement à l’existence d’un problème qui le menace (lui, sa famille, son groupe social, sa société, etc.) et l’acte posé a pour fonction de résoudre ce « problème » ou au moins de se protéger en agissant. En s’attaquant violemment à une mosquée et à ses fidèles, Claude Sinké a ainsi expliqué qu’il voulait « venger la destruction de Notre-Dame de Paris » qui était selon lui imputable à la communauté musulmane.

Au-delà du cas Sinké, il convient d’expliquer pourquoi l’idée d’une communauté musulmane dangereuse, « inacceptable », « impossible à intégrer », « menaçante », etc., se répand dans notre société suffisamment pour devenir obsessive pour une partie des citoyens. Les cibles des obsessions nous en disent ainsi autant sur le sujet que sur la société dans laquelle il vit. Comment dès lors ne pas faire le lien avec plus de trois décennies de construction politique et médiatique de l’islam et des musulmans comme problème ? Depuis ladite « affaire de Creil » en 1989 la récurrence des polémiques agressives sur les marqueurs d’une appartenance à la religion musulmane (cultuelles, vestimentaires ou alimentaires) ne cesse d’augmenter. Ces polémiques empruntent les logiques de la dramatisation et de l’angoisse. La recherche de l’audimat médiatique pousse fréquemment ces logiques dans des dimensions paroxystiques. La compétence d’un chroniqueur se mesure désormais à sa capacité à accroître le sentiment d’une urgence à réagir face à un danger qui menacerait toutes les institutions et « acquis de la république » : la laïcité, l’école, le droit des femmes, les hôpitaux, etc.

L’introduction des champs sémantiques de l’identité dans le débat accroit encore le sentiment d’un péril appelant une réponse ferme et déterminée. Nous devons cette introduction dans le débat politique national à Nicholas Sarkozy en 2007 et sa caution « scientifique » à la démographe Michèle Tribalat. Ayant déjà introduit dans son livre « Faire France » la notion de « français de souche », Tribalat introduit le concept d’autochtonie dans son article au journal Le Monde du 14 octobre 2011. La démographe opère cette innovation en titrant son article « l’Islam reste une menace[iii] ». Le contexte d’angoisse et d’urgence étant posé, elle développe ensuite l’idée d’une religion étrangère :

C’est pourquoi l’islam est souvent présenté comme faisant partie intégrante des racines et de l’histoire de la France. Sa présence ne serait, en fait, que la reprise d’une histoire ancienne. C’est un argument d’autorité bien risqué, car il se réfère à des temps où la chrétienté, que l’on n’appelait pas encore l’Occident, a été acculée à la retraite, sous la force des armes. En réalité, cela fait plusieurs siècles que l’Europe a renversé ce rapport de forces. L’islam avait, jusque récemment, disparu des pays d’Europe occidentale. En France, la presque-totalité des musulmans sont des immigrés ou des enfants d’immigrés. Le développement de l’islam y est donc lié à l’immigration étrangère. On pourrait en dire autant de la plupart des autres pays d’Europe occidentale. L’islam y est bien une nouveauté.

Outre le fait que la colonisation a eu comme effet depuis plus d’un siècle d’enraciner en France les musulmans et l’islam, l’argumentaire de Tribalat construit l’islam comme une religion étrangère, une foi d’étrangers (quand bien même il serait juridiquement français). Il met surtout en opposition cette religion et l’autochtonie, la première menaçant de faire disparaître la seconde. La thèse du « grand remplacement peut on le voit se couvrir d’un habit de pseudo-scientificité. L’auteure n’hésite pas pour ce faire à utiliser son statut de démographe : « L’islam bénéficie d’une dynamique démographique plus favorable que le catholicisme : un taux de rétention élevé de la religion parentale, une endogamie religieuse forte, une fécondité plus élevée et une immigration qui va sans doute perdurer. »

Dans un excellent article l’anthropologue Laurent Bazin a mis en évidence le cap idéologique et politique franchit par Tribalat avec cette théorisation :

« De quoi est donc faite cette autochtonie ? L’idée est amenée par l’auteure en préambule pour définir l’islam comme extérieur à l’espace français et européen : l’islam, argumente-t-elle, n’est pas « autochtone » en Europe, il a été amené par les immigrants. Le texte se termine sur l’affirmation que l’islam affecte bel et bien « nos » modes de vie, et qu’il dégrade d’ores et déjà la république et la démocratie, par des pressions qui restreignent la liberté d’expression. L’ensemble de l’article est parcouru de part en part par un « nous », toujours opposé aux musulmans qu’il exclut ; un « nous » comme schème itératif, qui tisse un lien entre la population autochtone et la république, excluant les musulmans. La population autochtone n’est donc plus définie ici comme étant des « Français de souche » – à l’instar de la catégorie « ethnique » qu’elle revendiquait dans Faire France – mais elle est définie doublement par opposition à l’islam et par son lien avec la république et la démocratie[iv]. »

La comparaison avec des processus similaire d’introduction du concept d’autochtonie dans le débat politique en Ouzbékistan et en Côte d’Ivoire qu’effectue Bazin est particulièrement éclairante des enjeux actuels. Nous sommes ni plus, ni moins en présence d’une affirmation d’une « Francité » (comparable à l’idéologie de l’ivoirité qui a justifié la chasse violente à l’étranger en Côte d’Ivoire) menacée par un ennemi hier étranger mais devenue aujourd’hui de l’intérieur. Propulsée par la droite, cautionnée par Tribalat, l’idée d’une menace et d’un péril musulman sort dès lors du périmètre d’extrême-droite dans laquelle elle était jusque-là cantonnée.

Il restera au parti socialiste à apporter sa pierre à l’édifice par le biais du thème de la « défense des valeurs républicaines » dans le contexte de peur suscitée par les attentats terroristes. Manuel Valls et François Hollande et plus largement tous ceux qui ont repris le discours de « valeurs républicaines » comme n’étant pas des acquis de luttes sociales mais des caractéristiques identitaires d’une pseudo-francité essentialisée d’une part et comme étant menacées par le « communautarisme » et/ou l’islam d’autre part, importent à « gauche » la logique d’opposition d’un « eux » identitaire menaçant un « nous » tout aussi identitaire. La logique identitariste de l’extrême-droite se déploie désormais dans un spectre allant jusqu’au « Printemps républicain » et parfois au-delà. C’est cette logique qui explique que la cible des obsessions et, des passages à l’acte qu’elles suscitent et susciterons inévitablement, soit la figure du musulman. Celui-ci est en effet au sein de cette logique le porteur du « communautarisme » menaçant ces « valeurs républicaines » et plus particulièrement la « laïcité » :

« L’islam incarnerait dès lors une menace pour l’ « ordre républicain ». Les attentats qu’a connus la France en 2015 n’en seraient que la confirmation : le passage à l’acte de djihadistes français sur le territoire national serait la conséquence directe, du « laxisme » à l’égard du « communautarisme » rampant qui gangrénerait les banlieues[v] » résument les chercheurs Julien Talpin, Julien O’Miel et Frank Frégosi.

Ce qui fait la nouveauté de notre séquence historique n’est pas l’expression du vieux racisme d’extrême-droite hiérarchisant l’humanité et en déshumanisant une ou plusieurs de ses composantes mais l’extension de sa logique sous un vernis de respectabilité (de défense de la Laïcité, de la République et des droits des femmes) à un spectre politique beaucoup plus large.

La fonction d’autorisation

Dans l’avant-propos à mon livre sur « l’identité nationale » datant de 2011, j’insiste sur la notion de « verrou idéologique ». Les appels incessants que nous avons aujourd’hui à « casser les tabous » à propos de l’immigration, de l’islam, des quartiers populaires, etc., à « rompre avec le politiquement correct », à « parler vrai », etc., ne sont rien de moins qu’une tentative de re-légitimer la parole raciste. Ces appels reflètent sur le plan des idées la transformation du rapport des forces entre classes sociales qui caractérise l’offensive ultralibérale actuelle. Le verrou idéologique qui a été brisé peut se résumer comme suit :

La prétention de l’Etat à définir une identité nationale a, à juste titre, été considérée depuis 1945 comme appartenant à une logique de pensée fascisante et à une pratique étatique assumant et revendiquant une xénophobie d’Etat. Il y a donc une dimension de rupture dans l’introduction officielle de l’identité nationale comme prérogative de l’appareil d’Etat. Il ne faut jamais sous-estimer les effets de l’éclatement d’un verrou idéologique quand bien même celui-ci se limiterait à la sphère symbolique. La disparition d’un verrou idéologique libère et autorise, invite et incite, légitime et rend utilisable, des termes et des concepts, des logiques de pensées et des modes de raisonnement, jusque-là prohibés par l’état du rapport des forces. Un tel processus est en œuvre, bien entendu, autant dans l’éclatement de « verrous réactionnaires » que dans l’éclatement de « verrous humanistes et démocratiques[vi].

Que ce soit sous la forme du discours sur les « valeurs de la République » définies comme caractéristiques d’une Francité essentialisée ou sous la forme de la thèse du « grand remplacement », c’est bien « d’identité nationale » dont il est question. C’est pourquoi on ne peut réduire la montée de l’islamophobie actuelle comme relevant uniquement d’une logique de bouc-émissaire conjoncturelle. Cette dimension existe indubitablement comme en témoigne les moments des polémiques qui coïncident quasi-systématiquement avec des luttes sociales importantes mettant en difficulté les gouvernements. Si l’islamophobie comme diversion est bien une réalité, elle ne peut se réduire à cette dimension. Plusieurs décennies de polémiques libérant la parole raciste ont ajouté au « bouc émissaire » la qualité d’ «ennemi de l’intérieur ». La seule réponse à un « ennemi de l’intérieur » est la guerre totale et c’est effectivement ce que comprennent de plus en plus de Claude Sinké.

Dans ce passage du « bouc émissaire » à « l’ennemi de l’intérieur » le moment législatif revêt une place essentielle. La loi n’étant que l’expression d’un rapport des forces sociales, ce moment souligne des basculements stratégiques. La loi sur les signes religieux à l’école de 2004 et celle de 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public accréditent l’idée d’un problème et d’un danger qui menaceraient la laïcité en France. Ce danger supposé désigne officiellement ainsi un ennemi à combattre à tout prix. Depuis la loi de 2004 nous assistons de fait à une inflation de demandes législatives visant à élargir la sphère des interdictions (piscines, hôpitaux, sorties scolaires, espaces publics, etc.). La loi de 2004 apparaît ainsi comme la matrice de la guerre contre l’« ennemi de l’intérieur » qu’il s’agit de cantonner de plus en plus. L’extrême-droite a parfaitement saisie cette fonction matricielle et ne prive pas d’appeler à la cohérence avec elle en exigeant un élargissement de la sphère des interdictions vestimentaires.

Pour des raisons multiples que nous avons déjà exposées ailleurs la « gauche » a non seulement été incapable de s’opposer à ces lois mais en a accepté la logique et les a approuvées. Ce faisant, elle autorisait, consciemment pour certaines de ses composantes et piégées idéologiquement pour d’autres, le déploiement de la construction de « l’ennemi de l’intérieur. C’est pourquoi l’abrogation de ces lois reste une revendication à porter même si le rapport des forces actuel rend cet objectif inaccessible à court terme. Il n’y aura pas de recul significatif de la logique de l’ « ennemi intérieur » tant que subsistera la matrice législative qui l’autorise. Tous les faux débats qui ont marqués la dernière décennie (procès contre le terme d’islamophobie, refus indigné du concept de « racisme d’Etat », confusion entretenue entre la dénonciation de l’islamophobie et le droit de critiquer l’islam, déni de l’existence même de l’islamophobie en France, etc.) soulignent l’ampleur des obstacles idéologiques à une reprise de l’initiative antiraciste conséquente. Ce n’est pas la force de l’adversaire seule qui détermine l’issue d’un combat idéologique mais aussi les confusions, contradictions et reniements que l’on porte.

Les violences islamophobes

L’attentat contre la mosquée de Bayonne ne survient pas subitement sans signes annonciateurs. Depuis de nombreuses années des associations, des collectifs et des victimes de l’islamophobie dénoncent sa banalisation. Ils sont en retour accusés de victimisation quand ce n’est pas d’avoir une stratégie visant à faire taire toute critique de l’Islam et/ou à intimider un contradicteur. Dès 2003, Caroline Fourest et Fiammietta Venner formalisent dans leur livre « tirs croisés[vii] » cet argumentaire de silenciation. Résumant leur livre pour leur revue « Prochoix » elles expliquent : « Le mot “islamophobie” a été pensé par les islamistes pour piéger le débat et détourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphème. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre à nouveau le racisme et non la critique laïque de l’islam[viii]. » En dépit de travaux attestant de l’utilisation du terme dès le début du siècle dernier[ix], l’argumentaire de silenciation est repris par Éric Zemmour, Pascal Bruckner, Régis Debray, Manuel Valls, etc. Il reste à passer le cap d’une critique du terme à la négation explicite de la réalité. C’est ce que fait un Pascal Bruckner dans son livre au titre évocateur : Un Racisme imaginaire : islamophobie et culpabilité[x] . Sous-estimée et euphémisée au mieux, niée au pire, l’islamophobie s’est largement banalisée sans susciter de réactions significatives.

Une telle silenciation et une telle banalisation n’a été possible et n’est explicable qu’en prenant en compte une autre dimension de notre réalité sociale : le décalage ou la distance entre de nombreuses forces politiques et associations et la partie des classes populaires héritière de l’immigration postcoloniale (non prise en compte ou sous-estimation des discriminations systémiques à l’embauche ou au travail, sur le marché du logement, dans la scolarité ou la formation, etc.; des violences policières, des contrôles aux faciès et des humiliations qui les accompagnent, etc.). Ce décalage rend impossible la saisie de la condition des noirs ou arabo-berbères de France. Il débouche sur une cécité vis-à-vis de la réalité d’oppression vécue et subie dont la silenciation et la banalisation ci-dessus évoquées ne sont qu’un des aspects.

Dès 2004 ce décalage a conduit à ne pas saisir la dimension d’humiliation et de violence que constituait l’obligation pour des jeunes filles de choisir entre leur scolarité et leur voile. Quel que soit le choix effectué, il a eu un prix qui se mesure en sentiment de négation et d’illégitimité. Clamer comme le font beaucoup que la loi a été un succès revient tout simplement à occulter ces dégâts qui pour être invisibilisés médiatiquement non sont pas moins réels. Dans un excellent article le chercheur Julien Beaugé tente de restituer la subjectivité d’une jeune fille confrontée à cette interdiction à l’époque. Le témoignage recueillis plus de dix ans plus tard est encore lourd de la violence subie :

Eux, ils ne s’en rendent pas compte […] ils croient que c’est un petit truc comme ça que t’as sur la tête. Tu l’enlève aussi facilement qu’un chapeau. Je suis désolée mais c’est pas pareil. Ça n’a rien à voir. […] J’avais trop de la gueule, je montrais que j’étais pas intimidée ; […] Lorsqu’il me convoquait c’était pour me mettre la pression et me faire la morale. […] Je me souviens qu’après ces entretiens, je sortais en pleurant. […] En face de lui, je me retenais pour pas lui montrer que son jeu marchait. Je faisais la meuf forte qui en avait rien à foutre, mais en fait, ça soulait, surtout quand tu étais traquée de partout[xi].

Le sentiment de traque qu’évoque cette jeune fille est une des premières formes qu’a prise la violence islamophobe au début de notre siècle. Toute une génération a grandi en se voyant régulièrement l’objet de discours médiatiques et politiques stigmatisant. A l’âge particulier pour la construction identitaire qu’est l’adolescence, cette génération a été confrontée à une mise en scène récurrente dans laquelle elle occupait les figures du danger, de l’obscurantisme, de la menace. Au moment où elle avait le plus besoin de calme et de sérénité pour se construire, on lui a imposé le bruit permanent accusateur et l’injonction permanente à se justifier. Les débats médiatiques polémiques récurrents ont instaurés une violence symbolique prégnante qui a marqué le devenir-adulte de cette génération. Si certains (et surtout certaines car ce sont les femmes qui ont été les plus exposées) ont pu grâce aux ressources de leurs environnement résister aux effets destructeurs de cette violence, d’autres ont empruntés les chemins de la dévalorisation de soi et/ou de l’autodestruction. La non perception et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de ces effets destructeurs est à elle seule un indicateur de l’ampleur du décalage ci-dessus évoqué.

A cette violence symbolique se sont progressivement ajoutées les micro-agressions dans la vie quotidienne (dans le métro, dans la rue, aux bureaux des diverses administrations, etc.). Le concept de micro-agression fait désormais l’objet de nombreuses études. Il désigne « des indignités quotidiennes, brèves et banales, de nature verbale, comportementale ou environnementale qui communiquent, de façon intentionnelle ou non-intentionnelle, des manquements de respect ou des insultes à l’égard d’une personne ou d’un groupe cible[xii] » . Si chacune de ces micro-agressions est insignifiante prise isolément, leur récurrence ne l’est pas. Regards, remarques désobligeantes sur le port du foulard, bousculements dans les transports publics, etc., ressurgissent à chaque polémique médiatique sur l’islam, le port du foulard, les attentats, la déradicalisation, l’immigration, le communautarisme, la laïcité, etc. Le fond de l’air est ainsi devenu violent pour les musulmans (et particulièrement les musulmanes) de France.

La multiplication des discriminations liées à l’appartenance religieuse réelle et supposée est la troisième force de violence qui a connu un accroissement exponentiel ces dernières décennies. Du refus d’une location de vacance en raison du port du foulard à celui de s’inscrire à une brocante en passant par l’interdiction de certains restaurant, le même message d’une illégitimité de présence fait désormais partie de la quotidienneté des musulmans de France ou supposés tel. Cette multiplication des discriminations a été accompagnée par une hausse des passages à l’acte contre des lieux et des espaces liés au culte musulman : dépôt de tête de porc devant une mosquée, saccage de tombes musulmanes, dépôts de charcuterie dans les rayons halal des supermarchés, etc.

Le passage à l’acte de Claude Sinké ne survient pas brusquement dans un ciel serein. Il signifie le passage d’un seuil qualitatif dans un processus lent de violences cumulatives s’étendant désormais sur plusieurs décennies. La banalisation de ces violences, leur sous-estimation, leur euphémisation, etc., par crainte de faire le jeu des « islamistes », par peur des conséquences électorales d’une prise de position, par volonté de se protéger de l’accusation « d’islamo-gauchistes », par peur que cela détourne des véritables combats de classe, etc., sont le terreau de ce passage à l’acte et de ceux qui le suivront si nous ne donnons pas à la lutte contre l’islamophobie la place correspondant à la gravité de la situation.

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Le fascisme n’est pas un phénomène irrationnel et imprévisible. Il est le résultat des besoins d’un système de domination économique dans certaines conditions (crise économique, paupérisation et précarisation massive, montée et radicalisation des luttes sociales, crise de légitimité de l’idéologie dominante, etc.). Il prend des formes différentes selon les contextes historiques. Il prend les contours liés à la réalité présente qui lui assure l’efficacité la plus grande. Il ne prendra donc pas les mêmes visages que ceux qu’il a pris dans les années 30. L’islamophobie est indéniablement un des visages clefs de la fascisation en cour. Claude Sinké est le nom de cette fascisation qui pour ne pas être encore « le fascisme » en annonce déjà la possibilité si notre classe dominante en avait besoin pour préserver ses intérêts sonnants et trébuchants et si nous ne reprenons pas l’initiative.

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Sans être exhaustif rappelons les plus importants : un « droit d’être islamophobe » revendiqué par un orateur à l’université d’été de la France Insoumise ; un Éric Zemmour comparant islam et nazisme ; un président Macron appelant à une « société de vigilance » visant à [i]« repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement d’avec les lois et valeurs de la République » ; un ministre de l’éducation nationale Blanquer déclarant que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société » après avoir critiqué l’association des parents d’élèves FCPE pour une de ses affiches défendant le droit des femmes portant un foulard d’accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires ; un élu du Rassemblement National prenant violemment à partie une femme portant le foulard lors d’une sortie scolaire au conseil régional de Franche Comté ; un projet de loi des Républicains portant sur « l’interdiction du port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires » débattu au Sénat ; etc. Chacune de ces déclarations est, bien entendu, l’objet de multiples polémiques médiatiques et de sondages demandant aux citoyens s’ils souhaitent l’interdiction du port du foulard lors des sorties scolaires, dans les lieux publics, dans l’espace public, etc.

[ii] Robert Neuburger, Préface à Sigmund Freud, Névrose et psychose , Actes Sud, Paris,

[iii] Michèle Tribalat, L’Islam reste une menace, Le Monde du 14 octobre 2011, https://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/13/l-islam-reste-une-menace_1587160_3232.html, consulté le 29 octobre 20149 à 19 h 30.

[iv] Laurent Bazin, Idéologies de l’identité nationale et formes de citoyenneté. Une réflexion comparative (Côte d’Ivoire, France, Ouzbékistan), in Tolan J., El Annabi H., Lebdai B., Laurent F., Krause G. (eds) :

Enjeux identitaires en mutations (Europe et bassin méditerranéen). Bern, éd. Peter Lang, 2013, p. 2.

[v] Julien Talpin, Julien O’Miel et Franck Frégosi, L’islam et la cité. Engagements musulmans dans les quartiers populaires , Presses Universitaires du Septentrion, Lille, 2017, p. 16.

[vi] Saïd Bouamama, La manipulation de l’identité nationale. Du bouc émissaire à l’ennemi de l’intérieur , Editions du Cygne, Paris, 2011, p. 5.

[vii] Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Tirs croisés. La laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman , Calmann-levy, Paris, 2003.

[viii] Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Islamophobie ? , Prochoix, n° 26-27, Automne-Hivers 2003,

[ix] Alain Gresh, A propos de l’islamophobie. Plaidoyer en faveur d’un concept controversé, http://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Flmsi.net%2Farticle.php3%3Fid_article%3D224, consulté le 30 octobre 2019 à 17 h 50 ou encore Abdellali Hajjat, Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman » , La Découverte, Paris, 2013.

[x] Pascal Bruckner, Un racisme imaginaire : islamophobie et culpabilité , Grasset, Paris, 2017.

[xi] Julien Beaugé, Résister au dévoilement à l’école. Une lycéenne face à l’application de la loi sur les signes religieux, in Julien Talpin, Julien O’Miel et Franck Frégosi, L’islam et la cité. Engagements musulmans dans les quartiers populaires , op. cit., p. 124.

[xii] Derald Wing Sue, « Racial microaggressions in everyday life: Implications for clinical practice », American Psychologist , n° 62/4, 2007, p. 271-286.


Edité le 31-10-2019 à 19:46:19 par Xuan


Xuan
   Posté le 02-11-2019 à 16:40:11   

Plusieurs organisations et une cinquantaine de personnalités appellent à manifester contre l'islamophobie le 10 novembre à Paris


https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/religion-laicite/plusieurs-organisations-et-une-cinquantaine-de-personnalites-appellent-a-manifester-contre-l-islamophobie-le-10-novembre-a-paris_3684647.html


Les hommes politiques Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon figurent notamment parmi les signataires de cet appel, tout comme le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Une femme porte une pancarte \"Stop à l\'islamophobie\" lors d\'un rassemblement contre la stigmatisation des musulmans à Paris, le 27 octobre 2019.Une femme porte une pancarte "Stop à l'islamophobie" lors d'un rassemblement contre la stigmatisation des musulmans à Paris, le 27 octobre 2019. (MICHEL STOUPAK / AFP)

publié le 01/11/2019 | 19:01

"Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie !" Dans un texte publié vendredi 1er novembre par Libération, plusieurs organisations et une cinquantaine de personnalités appellent à manifester "contre la stigmatisation des musulmans de France" , dans un contexte notamment marqué par l'attaque de la mosquée de Bayonne et les débats au sein de la classe politique sur le port du voile, notamment par les accompagnatrices scolaires.

"Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l'espace politique et médiatique français" , écrivent les signataires de cette tribune.

"Une criminalisation de la pratique religieuse"


Outre "l'attentat contre la mosquée de Bayonne" et "l'humiliation d'une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté", ils dénoncent l'"exclusion progressive" des femmes voilées "de toutes les sphères de la société" ainsi que les "délations abusives" et la "surveillance de masse" qui vise selon eux les musulmans, et "conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse."

L'appel a été initié par l'élu municipal de Saint-Denis Madjid Messaoudene et plusieurs organisations, dont le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), l'Unef, mais aussi le Comité Adama ou encore le NPA.

Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et celui de Génération.s, Benoît Hamon, figurent dans la liste des signataires, aux côtés du secrétaire général de la CGT Philippe Martinez ; d'Assa Traore, la sœur d'Adama Traoré ; de Jérôme Rodriguez, une des figures des "gilets jaunes" ; des journaliste Rokhaya Diallo, Aïda Touihri et Edwy Plenel ; ou encore de l'humoriste Yassine Belattar, qui a récemment annoncé sa démission du Conseil présidentiel des villes.

Le 27 octobre, déjà, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées à Paris pour dénoncer "l'islamophobie" et la "stigmatisation des musulmans" par des responsables politiques et dans les médias.

_________________



Plus de cinquante personnalités appellent à manifester le 10 novembre à Paris contre la stigmatisation des musulmans de France.

Le 10 novembre, à Paris, nous dirons STOP à l’islamophobie !
Tribune. Depuis bien trop longtemps, les musulmanes et les musulmans en France sont la cible de discours venant parfois de «responsables» politiques, d’invectives et de polémiques relayés par certains médias, participant ainsi à leur stigmatisation grandissante.

Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français, sans que soit prise la mesure de la gravité de la situation.

Depuis des années, les actes qui les visent s’intensifient : qu’il s’agisse de discriminations, de projets ou de lois liberticides, d’agressions physiques de femmes portant le foulard, d’attaques contre des mosquées ou des imams, allant même jusqu’à la tentative de meurtre.

L’attentat contre la mosquée de Bayonne le 28 octobre, en est la manifestation la plus récente et les services de l’Etat savent que la menace terroriste contre les lieux de culte musulmans est grande.

Il a fallu que cette violence jaillisse aux yeux de tous, à travers l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté, pour que tout le monde réalise ce que des associations, des universitaires, des personnalités, des syndicats, militants et au-delà, des habitants, dénoncent à juste titre depuis des années : l’islamophobie en France est une réalité. Quel que soit le nom qu’on lui donne, il ne s’agit plus ici de débats d’idées ou de critique des religions mais d’une forme de racisme explicite qui vise des personnes en raison de leur foi. Il faut aujourd’hui s’unir et se donner les moyens de la combattre, afin que plus jamais, les musulmanes et les musulmans ne puissent faire l’objet de tels traitements.

Puisque les discours et déclarations d’intention ne suffisent plus, parce que l’heure est grave : le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire :

- STOP aux discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale et le silence complice des institutions étatiques chargées de lutter contre le racisme.

- STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société.

- STOP aux violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés, faisant d’eux des terroristes potentiels ou des ennemis de l’intérieur.

- STOP aux délations abusives jusqu’au plus haut niveau de l’Etat contre des musulmans dont le seul tort serait l’appartenance réelle ou supposée à une religion.

- STOP à ces dispositifs de surveillance de masse qui conduisent à une criminalisation pure et simple de la pratique religieuse.

Les conséquences, notamment pour des salariés licenciés et des familles déstabilisées, sont désastreuses et ne peuvent plus être tolérées. Cette criminalisation se fait au détriment des libertés fondamentales et des principes les plus élémentaires d’égalité censés guider notre pays.

Nous, musulmans ou non, disons STOP à l’islamophobie et nous serons nombreux pour le dire ensemble le 10 novembre prochain à Paris.

Nous appelons toutes les organisations, toutes les associations, tous les collectifs, toutes les fédérations de parents d’élèves, tous les partis politiques, toutes les personnalités, tous les médias, toutes les personnes solidaires à se joindre à cet appel solennel et à répondre présent à la marche du 10 novembre prochain.

Il en va des libertés fondamentales de tous. Il en va de la dignité et de l’intégrité de millions de concitoyens. Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France.

__________________________


Un appel initié par Madjid Messaoudene (élu de Saint-Denis), la Plateforme L.e.s. Musulmans; Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA); le Comité Adama; le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF); l’Union communiste libertaire (UCL); l’Union nationale des étudiants de France (Unef), Taha Bouhafs (journaliste). Premiers signataires: Action Antifasciste Paris Banlieue (AFA); Arié Alimi , avocat; Pouria Amirshahi , directeur de publication de Politis; Manon Aubry, eurodéputée; Étienne Balibar , universitaire; Ludivine Bantigny, historienne; Yassine, Belattar, humoriste; Esther Benbassa, sénatrice EE-LV de Paris; Olivier Besancenot, NPA; Saïd Bouamama, sociologue; Leïla Chaibi, eurodéputée LFI; André Chassaigne, député, président du groupe GDR; David Cormand, secrétaire National d'EE-LV; Laurence De Cock, enseignante; Caroline De Haas, militante féministe; Vikash Dhorasoo, ancien de joueur de foot, parrain d’Oxfam et président de Tatane; Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice ; Pierre Jacquemain , rédacteur en chef de Regards; Éric Fassin, sociologue; Elsa Faucillon, députée PCF; Fédération syndicale unitaire (FSU); Fianso, artiste; Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP); Geneviève Garrigos, féministe, militante des Droits humains; Vincent Geisser, politologue; Alain Gresh, journaliste; Nora Hamadi, journaliste; Benoît Hamon, Génération.s; Yannick Jadot (député europééen EELV); Mathilde Larrère, historienne; Mathieu Longatte (Bonjour Tristesse); Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT; Jean-Luc Mélenchon et l'ensemble du groupe parlementaire La France Insoumise; Marwan Muhammad, auteur et statisticien; Younous Omarjee, eurodéputé; Stéphane Peu, député PCF; Edwy Plenel, journaliste; Maryam Pougetoux et Mélanie Luce, Unef; Jérôme Rodrigues, gilet jaune; Julien Salingue, docteur en science politique; Pierre Serne (porte-parole de Génération.s); Michèle Sibony et l’Union juive française pour la paix (UJFP); Laura Slimani, élue de Rouen, direction nationale de Génération.s; Azzédine Taibi, maire PCF de Stains; Sylvie Tissot, sociologue; Aida Touihri, journaliste; Assa Traoré, comité Adama; Aurélie Trouvé, porte-parole d'Attac; Union syndicale Solidaires; Dominique Vidal, journaliste et historien.
Plaristes
   Posté le 04-03-2020 à 12:21:58   

Xuan a écrit :

C'est un autre aspect de la fascisation, sur le plan idéologique, qui bat en brèche la loi contre les propos racistes et xénophobes.
Et LREM n'est pas en reste dès qu'il s'agit de surnager aux municipales.

Mais rien de surprenant si on pense que les seuls "antiracistes" visibles et admis dans les médias expriment les vues de la social-démocratie et sont vomis par l'immense majorité du peuple.


Sans parler de toute la nouvelle droite qui colonisent les sources "d'information alternative".

Que vous jugez dérisoire, alors qu'elle accompagne la fascisation de l'état en justifiant les violence policières.


Après le NPA a soutenus que daesh et les frère musulmans étaient de gentils révolutionnaires tout mignon....


https://npa2009.org/content/r%C3%A9volution-syrienne%E2%80%89-une-solidarit%C3%A9-n%C3%A9cessaire

https://www.contretemps.eu/la-syrie-entre-revolution-et-contre-revolutions/

ET gare au réticence à ce soutient inconditionnel :

https://www.contretemps.eu/pactiser-ennemi-gauche-mondiale-discours-antiguerre/

ISLAMOPHOBE !!!!!!

Nous n'avons pas su faire face et même voir ce nouveau fascisme qui complète celui que nous connaissons que trop bien.

https://img.over-blog-kiwi.com/1/44/00/64/20171005/ob_257cd7_1qrdhb.gif


Bon quand même certains articles :
https://npa2009.org/content/la-contestation-fait-h%E9siter-le-pouvoir-syrien

Comme celui-ci ont été effacés.
Mais certains restes :
https://www.contretemps.eu/la-region-arabophone-entre-changement-progressiste-et-barbarie-entretien-avec-gilbert-achcar/

Voir même certaines vidéos :
https://youtu.be/rkHEeTf9YGg



Nous devons aussi condamner ces actions et prises de position car il y a un jeu dialectique intrafascisant entre ces gauchistes et fachos plus traditionnels.


Edité le 04-03-2020 à 12:46:58 par Plaristes


Xuan
   Posté le 04-03-2020 à 16:16:24   

Que vous jugez dérisoire

Non ce n’est pas le cas. Mais il faut désigner la fascisation d’Etat comme le danger principal, entre autre parce qu’il se sert des bandes fascistes comme repoussoir.
D’un autre côté les bandes fascistes pourraient très bien collaborer avec l’appareil officiel de répression, ce n’est pas une hypothèse quand on voit le comportement de certains flics et de Castaner.

Le NPA s’est rangé depuis longtemps dans le camp atlantiste. Lis les fils sur la Libye et la Syrie, tu verras que tu enfonces des portes ouvertes. Nous avons ici dénoncé depuis longtemps les « révolutions de couleur » et les guerres impérialistes contre les "dictateurs" , mais sans nous fondre dans les positions souverainistes, pour lesquelles nous avons tracé une nette démarcation.
Plaristes
   Posté le 04-03-2020 à 18:28:23   

Oui Mais je les enfonce en reconstitution d'un angle différent.

Sous l'angle du jeu dialectique entre cette attitude gauchiste et la fascisation ambiante.
marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 19:54:29   

A propos de la connivence entre l islam radical et LFI. https://www.marianne.net/politique/exclusion-france-insoumise-militants-paris-communautarisme
marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 19:57:12   

L entrisme islamiste dans le parti trotskyste de JLM. https://www.lefigaro.fr/vox/politique/non-madame-obono-l-islamisme-n-est-pas-une-race-20200227
marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 20:06:13   

A remarquer que les débiles mentaux de la Cnt ont collé leurs affiches sur celles des membres de LFI qui dénonçaient la critique de l entrisme islamiste dans leur parti....alors que ces frondeurs étaient d origine algérienne...mettant en garde contre le fascisme vert car ils ont connu la décennie noire des années années 90 en Algérie.une fois n est pas coutume,le Monde Libertaire défendait le G.i.a en 1997-1998,au plus fort de ses crimes abominables!


Edité le 04-03-2020 à 20:19:09 par marquetalia


marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 20:08:07   

https://www.marianne.net/debattons/tribunes/pourquoi-je-quitte-la-france-insoumise-djordje-kuzmanovic


Edité le 04-03-2020 à 20:12:57 par marquetalia


marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 20:16:52   

Le fait que Kuzmanovic a créé République Souveraine ne doit occulter les soucis qu il a eu au sein de LFI avant de mettre au jour un parti chauviniste de gauche-souverainiste-.


Edité le 04-03-2020 à 20:18:25 par marquetalia


Plaristes
   Posté le 04-03-2020 à 20:26:01   

Il a aussi des origines Yougoslaves donc bon ---->

http://rebellion-sre.fr/et-revoila-les-gaucho-humanitaristes-dans-la-rue/

http://rebellion-sre.fr/la-guerre-contre-la-serbie-laboratoire-des-guerres-humanitaires/

http://rebellion-sre.fr/du-kosovo-au-donbass/


Edité le 04-03-2020 à 20:26:22 par Plaristes


marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 20:27:34   

Les Serbes ont été diabolises depuis 1991 par ces connards d Anglo Saxons de mes deux qui leur ont fait la guerre-et continuent.


Edité le 04-03-2020 à 20:28:35 par marquetalia


Plaristes
   Posté le 04-03-2020 à 20:42:14   

"En 1990 un rapport de la Cia prévoyait un éclatement de la Yougoslavie à court terme. Le mur de Berlin tombé, la phase soviétique de la guerre afghane terminée, les Américains et leurs alliés ciblent maintenant l’espace yougoslave. Pour plusieurs raisons.

L’Anglosphère entend profiter du reflux soviétique d’Europe de l’Est pour y étendre son emprise. Y exporter la démocratie et les droits de l’homme, y introduire son système économique « Free Market », y installer ses bases militaires. Y parrainer de nouveaux Etats. C’est ce que les Etats-Unis appellent « nation building. La Yougoslavie ne fait pas partie du bloc de l’Est sous la férule soviétique. Son expérience politico-sociale d’autogestion, sa doctrine du non alignement, l’idée d’une troisième voie entre l’Est et l’Ouest n’en sont que plus dangereux. La Yougoslavie devient un Etat à abattre.

Slobodan Milosevic a accédé au pouvoir en Serbie en 1989. En 1986, une étude de l’Académie Serbe des Sciences et des Arts (Sanu) avait été dévoilée, qui établissait un audit sur la condition des Serbes dans la Fédération yougoslave. Le texte de 60 pages analysait la crise économique et politique et en en évaluait les conséquences. Dans sa deuxième partie l’étude posait le problème de la situation difficile des Serbes au Kossovo. Rien d’autre. Dès le déclenchement des hostilités, ce Mémorandum sera dénoncé dans la presse occidentale comme un « manifeste du nationalisme grand serbe » de Slobodan Milosevic pour la « conquête de la Yougoslavie ». La mise en avant du Mémorandum et son interprétation fantaisiste permettent d’occulter un autre texte qui est, lui, un véritable manifeste, La Déclaration Islamique d’Alija Izetbegović4. Homme des Américains, Izetbegović qui deviendra le premier président de la Bosnie musulmane, est le seul leader yougoslave à n’avoir jamais appartenu à la Ligue des Communistes. Proche de la mouvance des Frères Musulmans, son orientation « panislamiste » en fait une recrue de choix pour les Américains qui, avec les Britanniques captent à leur profit et promeuvent le « revival islamique », se livrant à un intense travail d’infiltration et de manipulation: de l’Asie centrale aux Balkans en passant par le Caucase, l’Afrique du Nord et le Proche Orient, les services secrets anglo-américains vont aider, équiper et parfois fabriquer les groupes de la mouvance islamique mis sur orbite à leur profit ou dénoncés comme terroristes selon l’utilité, le lieu et la période. C’est ainsi que les « combattants de la liberté » afghans aidés par les services secrets séoudiens et pakistanais, ayant servi contre les Soviétiques, vont aussi servir en Bosnie et au Kosovo5 comme ils serviront sur d’autres théâtres d’opération dans le Caucase (Tchétchénie, Dagestan), en Irak, en Libye et aujourd’hui la Syrie. On peut suivre ce travail de manipulation d’islamistes, qu’ils soient affublés de l’étiquette d’Al Qaeda ou de celle de Frères Musulmans dans la série de crises et de guerres qui ont affecté ou affectent les points chauds de l’actualité. On a vu l’usage fait d’Al Qaeda et des Frères Musulmans dans ce que l’on a appelé le « Printemps arabe ». Il n’y a pas plus de Printemps arabe que de « révolutions colorées ». Dans la diversité des lieux et des cas, ces appellations ne recouvrent que des coups de force destinés à changer les régimes (« regime change » à imposer les intérêts occidentaux et à assurer la mainmise anglo-américaine sur les pays-cibles."



Sans parler des familles qu'on a payé pour qu'elles voilent leur femmes.

"R/ Pouvez-vous revenir sur l’origine du conflit qui a entrainé la situation actuelle des populations serbes du Kosovo ?

Les Serbes du Kosovo et de la Métochie connaissent le conflit de manière quasiment ininterrompue depuis le Moyen-Age. Peu de peuples en Europe ont une histoire aussi tragique mêlée de sang, de révoltes et d’un amour farouche de la liberté. La raison pour laquelle les Serbes sont devenus minoritaires sur leur terre est qu’au XVIIè siècle les Albanais ont commencé à apostasier et à se convertir à l’islam. Les Ottomans s’en sont servi pour exterminer les Serbes. Tous les occupants du Kosovo, que ce soient les Ottomans, les fascistes, les nazis, les communistes ou maintenant l’OTAN, se sont appuyés sur les Albanais pour gouverner localement. C’est le problème fondamental qui explique la situation actuelle."


Il n'est pas serbe mais là-bas l'Islam n'est pas super bien vu... J'ai des potes franchement serbes il haïssent la turquie comme si c'était le III° reich...


Edité le 04-03-2020 à 20:43:48 par Plaristes


marquetalia
   Posté le 04-03-2020 à 23:43:23   

Le dépeçage de l ex Yougoslavie n est pas terminé,les Anglo-saxons vont arracher la Voïvodine,le Sandjak de Novi Pazar,le Presevo et les territoires bulgarophones à la Serbie.
Finimore
   Posté le 05-03-2020 à 05:57:52   

Rébellion est une revue facho !
Plaristes
   Posté le 05-03-2020 à 15:38:13   

Dogmatisme/20.

Même si ce 'nest pas la meilleure revue qui soit.

Et merde !

Proudhon Marx et Kontre Kulture !

http://rebellion-sre.fr/le-faisceau-la-revolution-nationale-de-georges-valois/

J'avais pas pigé que c'était un article qui donnais une vision méliorative de l'anarcho-royalisme.

Bon Kontre Kulture ça se pardonne, les mutins de la Pangée on eu affaire avec une fois et ça reste une bonne source..... Et ils effacé l'article.


Pas étonné que martequila morde à l'hameçon 3 fois plus vite que moi.

C'était mes amis serbes qui m'avaient envoyé sur ces articles.


Bon là c'est du rouge noir fleur de lys.....
Sauf que contrairement à des nazbols style Dugin je ne suis pas convaincu que ça juste des fachos qui se déguisent en coco....
Je pense qu'il y a une fusion # anal Génocide.


Edité le 05-03-2020 à 15:39:41 par Plaristes