Sujet : Le P"C"F, les ML et le Vietnam | | Posté le 30-06-2006 à 15:35:31
| Voici un extrait d'une brochure éditée en mars 1979 par le PCML et intitulée "23e Congrès du PCF - Parlons-en - le point de vue du Parti communiste marxiste-léniniste" La brochure datant de 1979, aborde la question de l'invasion du Cambodge par le Vietnam et l'amalgame pratiqué par les révisionnistes servant à justifier l'intervention du Vietnam. Cet extrait aborde la question du soutien du P"C"F et des ML pendant la guerre de l'impérialisme américain au Vietnam . « Le PCF, les marxistes-léninistes et la lutte du Vietnam contre l'agression Afin de justifier la politique d'agression de l'actuel gouvernement vietnamien, les dirigeants du PCF la présentent comme le prolongement de la lutte menée autrefois par le peuple vietnamien contre l'agression américaine. Ils prétendent que leur soutien actuel serait la continuation de leur " solidarité de toujours " avec le peuple vietnamien. Il est bon de rappeler ce que fut ce prétendu soutien dans les années où le Vietnam menait une juste guerre. Quant à notre parti, ce sont les mêmes raisons qui, hier, lui ont fait soutenir le combat du peuple vietnamien et qui, aujourd'hui, lui font combattre la politique suivie par le gouvernement vietnamien: le refus de toute politique d'agression et le soutien à l'indépendance des peuples. Année 1964 : Kennedy, l'homme qui a déclenché l'agression des impérialistes américains contre les patriotes vietnamiens, tombe sous les balles d'un homme de main américain au cours d'un règlement de compte entre clans de la bourgeoisie monopoliste yankee. Naturellement, sa mort n'a absolument rien à voir avec les crimes dont il est le premier chef de file contre le Vietnam. Il reste bel et bien un impérialiste. Dans toute la France, les dirigeants du Parti communiste français, par Mouvement de la paix interposé, organisent des manifestations au cours desquelles sont exigées des " minutes de silence " à la mémoire de ce Kennedy, dont sont prononcés des éloges funèbres. C'est ce que les dirigeants du PCF baptisent à l'époque, en bon élèves de Khrouchtchev, la pratique de la " coexistence pacifique " A cette occasion, à Marseille, notre camarade Jacques Jurquet est encadré par quatre " gros bras " du service d'ordre du PCF sur directive du nommé Roger Donadio, permanent bien connu. Ils ont ordre d'empêcher notre camarade de " troubler la minute de silence " à Kennedy. En juillet 1964 , les délégués vietnamiens à la Conférence mondiale contre les bombes A et H à Tokyo révèlent à notre camarade François Marty que " les Soviétiques, ayant Khrouchtchev à leur tête, n'ont pas livré un seul fusil, une seule arme au Vietnamiens pendant plus de huit mois ". Les bombardements violents de l'aviation américaine sur le Vietnam du Nord ne sont suivis d'aucune mesure de protestation ou réprobation conséquente de la part du gouvernement et du parti révisionniste d'URRS". Année 1965 : Les Vietnamiens sont suspectés par les révisionnistes du monde entier, qui leur reprochent d'avoir refusé de signer le fameux " traité de Moscou" passé notamment entre les gouvernements soviétique et américain. En France, les dirigeants du PCF essayent d'empêcher la diffusion du journal vietnamien Le Courrier du Vietnam . Les marxistes-léninistes assurent sa diffusion. Les dirigeants du PCF lancent toutes sortes de calomnies contre ce journal, allant jusqu'à faire courir le bruit "qu'il est imprimé à Limoges par les " pro-Chinois ". ! Au mois de mars 1965 , plusieurs manifestations d'étudiants afro-asiatiques d'une part, chinois d'autre part, sont organisées à Moscou devant l'ambassade des États-Unis. La police soviétique déchaîne contre eux une répression d'une extrême violence. Il y a des blessés sérieux du côté des étudiants. Les Soviétiques lancent des calomnies odieuses et grossières contre le parti chinois, qu'ils accusent de vouloir une troisième guerre mondiale et de pousser les Vietnamiens à des provocations qui nuisent à la coexistence pacifique ! Année 1966 : En France, les dirigeants du PCF interdisent tout autre mot d'ordre que " Paix au Vietnam ". En particulier, ils brutalisent tous les manifestants qui à l'occasion de défilés divers (1er Mai ou autres ! ou meetings, se mettent à scander: " FNL vaincra ! "ou " yankees, assassins, hors du Vietnam ! ". Ils se déchaînent lorsqu'ils entendent " Johnson assassin ! ". Ils expliquent à leurs militants qu'il ne faut rien faire qui entrave les efforts déployés pour faire triompher la " coexistence pacifique " avec les Américains. Ils sabotent, toujours la diffusion des journaux vietnamiens, ainsi que de certains livres et brochures vietnamiennes qui ne leur conviennent pas, car ils exaltent l'esprit de résistance jusqu'au bout à l'agression américaine. Année 1967 : La hargne des dirigeants du PCF ne cesse de monter à l'encontre des marxistes-léninistes et de tous ceux qui veulent agir avec conséquence pour apporter un soutien politique aux patriotes vietnamiens. Sur le seul thème " Paix au Vietnam "; ils entendent conserver l'exclusivité de toute activité en France en faveur du combat poursuivi par les Vietnamiens. Mais partout naissent des initiatives justes pour permettre aux masses françaises de soutenir activement et politiquement le peuple frère. Le Centre Information Vietnam, créé par le Mouvement communiste français (marxiste-léniniste), et les Comités Vietnam de base, créés par l'Union des jeunesses communistes (marxistes-léninistes), redoublent d'activité. En particulier, les CVB, impulsés par la jeunesse, débordent d'activité sur de justes positions. Le 5 mai 1967 , un meeting, organisé par le MCF (ml) à la Mutualité, est attaqué par 500 membres du PCF, armés de bâtons et de barres de fer. Ils saccagent tout, déchirent de nombreux exemplaires du " Courrier du Vietnam ", détruisent de façon ignoble un grand portrait du président Ho Chi-Minh, brutalisent de nombreux militants marxistes-léninistes. Notre camarade André Druesne, blessé, devra rester trois jours à l'hôpital. Périodiquement, comme un leitmotiv, les révisionnistes de Moscou lancent des accusations mensongères contre les communistes chinois pour faire croire qu'ils s'opposent au passage des armes destinées aux patriotes vietnamiens à travers le territoire chinois. Mais ces accusations ignobles sont démenties par les organismes habilités vietnamiens. Naturellement, ces assertions scandaleuses sont vite reproduites par le PCF mais les démentis vietnamiens, sont systématiquement jetés à la poubelle! Exemple: Hanoi, le 19 juin 1966 : l'agence vietnamienne d'information communique: " Récemment, un certain nombre d'agences d'information occidentales ont propagé la rumeur prétendant que le matériel de l'aide militaire soviétique à destination du Vietnam rencontre actuellement des difficultés l'entravant dans le transit à travers la Chine. L'Agence vietnamienne d'information est autorisée à faire la déclaration suivante: " Le gouvernement de la République démocratique du Vietnam a, à plusieurs reprises, affirmé que tout le matériel de l'aide de l'Union soviétique, aussi bien que des autres pays frères en Europe orientale, a reçu une assistance dévouée de la Chine dans le transit à travers la Chine, conformément au plan prévu. Les sus-dites informations ne sont qu'une fable inventée de toutes pièces, suscitée par de mauvaises intentions de provocations "". Finimore |
| | Posté le 30-06-2006 à 15:40:37
| Voici 2 articles du QDP sur l'évolution du Vietnam. Le Quotidien du Peuple organe central du PCRml (n°865 du vendredi 2 mars 1979) L'ÉVOLUTION DU -VIETNAM 1- La victoire d'une ligne révisionniste Dès le lendemain de la libération de Saïgon, en avril 75, et alors que l'impérialisme américain. battu dans les trois pays d'Indochine, était contraint de plier bagages ; les dirigeants vietnamiens se sont consacrés à renforcer leur potentiel militaire. Ils l'ont fait en s'appuyant sur les moyens considérables acquis au cours de la guerre de libération, notamment le matériel de guerre, d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, abandonné à la hâte par les Etats-Unis, et en mobilisant d'importantes ressources humaines, matérielles et financières. Le choix fait ainsi, d'une militarisation à outrance du pays alors que celui-ci devait surmonter d'énormes difficultés économiques et sociales, au sortir de la guerre, a reçu l'appui croissant de l'URSS, au fur et à mesure que les autorités de Hanoï confirmaient leur alignement sur Moscou. La position désormais adoptée vis-à-vis de l'URSS, aussi bien que l'orientation de l'ensemble de la politique du parti communiste vietnamien, sur les plans intérieur et extérieur, de 75 à 78, vont sanctionner la consolidation des positions révisionnistes au sein de ce parti, la victoire d'une ligne révisionniste. Durant la guerre de libération et ensuite, la lutte de lignes au sein du parti communiste vietnamien s'est reflétée dans les positions adoptées à l'égard de l'URSS et de la politique du parti révisionniste soviétique. Lorsque le rapport politique adopté par le 4e Congrès du parti vietnamien, en décembre 1976, rendant hommage à part égale à l'URSS et à la Chine, les mettant sur le même plan, appelle à restaurer la cohésion du "mouvement communiste", c'est-à-dire à réconcilier le PCUS et le P.C.C, il adopte formellement le même point de vue que Ho Chi Minh, dans son testament de mai 1969. " Ayant consacré toute ma vie au service de la révolution, disait celui-ci, plus j'éprouve de fierté à voir grandir le mouvement communiste et ouvrier international, plus je souffre de la mésentente actuelle entre les partis frères ! Je souhaite que notre Parti oeuvre de toutes ses forces et contribue de façon efficace au rétablissement de l'union entre les partis frères sur la base du marxisme-léninisme et de l'internationalisme prolétarien, selon les exigences de la raisons et du coeur. Je suis fermement convaincu que les partis frères et les pays frères s'uniront nécessairement à nouveau ". La continuité dans les propos, entre le testament d'Ho Chi Minh et le congrès de 1976, ne doit pas cacher les différences considérables qui prévalent dans la situation internationale entre ces deux moments. Ho Chi Minh disparaît à la fin des années 60, c'est à dire à la fin d'une période où, sans conteste, l'impérialisme américain était l'ennemi numéro un des peuples, et où le social-impérialisme soviétique ne faisait qu'apparaître en tant que tel sur la scène mondiale. Dans cette période, la position du parti communiste vietnamien consistant à oeuvrer énergiquement à la constitution et la consolidation d'un front uni mondial, le plus large possible, contre l'impérialisme américain, était donc conforme à l'intérêt des peuples et des forces révolutionnaires dans le monde. Dans ce contexte, et en relation directe avec les nécessités de la guerre de libération vietnamienne, l'unité avec l'URSS, dans les années 60, n'avait évidemment pas du tout le même sens qu'aujourd'hui. A ce moment-là c'est notamment sur l'attitude de plus ou moins grande fermeté à l'égard de l'impérialisme américain, c'est-à-dire l'acceptation ou non des conceptions de Krouchtchev concernant la "coexistence pacifique", que se mène la lutte au sein du parti communiste vietnamien * . C'est ainsi qu'en 1963, année où s'affirmait publiquement la scission du mouvement communiste international, opérée par le parti de l'Union soviétique, s'exprimait nettement au sein du parti vietnamien la défense sur de nombreux points de positions révolutionnaires, marxistes-léninistes. C'était le cas, par exemple. dans l'allocution de clôture du 9e plénum du Comité central du parti vietnamien, prononcée en décembre 1963 par le premier secrétaire de ce parti, Le Duan, aujourd'hui un des principaux artisans de l'alignement du Vietnam sur le social-impérialisme de l'URSS. Dans cette allocution qui condamnait avec vigueur le révisionnisme moderne comme " un terrible fléau pour le mouvement révolutionnaire " (qui menaçait aussi le parti vietnamien, était-il dit), les positions de la direction soviétique étaient systématiquement condamnées. -Ainsi, la position de Khrouchtchev comme quoi les luttes de la classe ouvrière et des peuples devaient être subordonnées à la coexistence pacifique entre le camp socialiste et le camp impérialiste, était stigmatisée. Il en allait de même de la position de Khrouchtchev selon laquelle la résolution mondiale dépendait non du développement des luttes des peuples mais seulement de la suprématie économique et militaire que le camp socialiste devait acquérir vis-à-vis du camp impérialiste. Selon cette conception, il fallait "geler" les contradictions de classe au sein des pays impérialistes et les contradictions entre ceux-ci et les peuples opprimés. C'est d'ailleurs au nom de ces conceptions révisionnistes que le PCF, en France, jusqu'à la veille de la libération de Saïgon, s'en tenait au mot d'ordre de "Paix au Vietnam !", et agressait physiquement les militants progressistes qui manifestaient aux cris de « FNL vaincra ! ». C'est au contraire, en se dressant contre ces conceptions, malgré les pressions de l'URSS dans les années 60, que le parti communiste vietnamien impulsa la guerre populaire, faisant du peuple vietnamien le facteur décisif de sa propre libération. Mais en se référant explicitement au 9e plénum du comité central de décembre 1963, et aux analyses qui avaient été formulées, pour les reprendre telles quelles, le 4e congrès du parti communiste vietnamien, en décembre 1976, montrait que ce parti s'en tenait d'une façon rigide, à une vision tout à fait dépassée de la situation internationale. Il concluait à la nécessité de diriger toujours le fer de lance de la lutte des peuples exclusivement contre l'impérialisme américain, comme si la situation internationale n'avait pas évolué depuis 63, comme si l'impérialisme US n'avait pas depuis battu en retraite, en Indochine et ailleurs, été contraint à la défensive, tandis que le nouvel impérialisme soviétique tentait de le supplanter. Cette vision figée de la part du parti vietnamien, constituait nécessairement un point d'appui d'une évolution allant dans le sens d'un alignement sur les positions soviétiques. Cette vision des choses pouvait elle-même se nourrir de positions antérieures présentes au sein du parti vietnamien, dans les années 60, - non pas simplement l'alignement de certains sur les positions soviétiques d'alors, stigmatisées en 63 par Le Duan -, mais des positions d'appui aux initiatives "dures" de l'URSS. C'est ainsi, rappelons-le, que l'occupation le la Tchécoslovaquie par les tanks soviétiques, en août 68, qui sanctionnait la mutation de l'URSS -pays ayant restauré le capitalisme -, en une nouvelle superpuissance, fut saluée par le parti vietnamien, comme une juste mesure de " fermeté à l'égard de l'impérialisme ", de " sauvegarde du socialisme ". Cette prise de position, alors circonscrite, secondaire par rapport à l'effort héroïque du peuple vietnamien pour sa libération, s'est révélée finalement annonciatrice des approbations futures, en 75-76, de l'intervention soviéto-cubaine en Angola et dans la Corne de l'Afrique, annonciatrice de l'appui accordé ultérieurement à toutes les initiatives de l'URSS, notamment ses pressions et attaques contre le mouvement des non-alignés. On assistera ainsi, depuis 75, à un glissement très rapide de la position du Vietnam qui coïncide avec une militarisation du régime à l'intérieur et une attitude agressive et expansionniste à l'extérieur, dont l'occupation du Cambodge par les chars vietnamiens a marqué un développement décisif . Jean-Paul Gay . * Dénommé alors PTV : Parti des travailleurs du Vietnam. Le Quotidien du Peuple organe central du PCRml (n°866 SAM. 3. DIM. 4. LUN 5 mars 1979) L'ÉVOLUTION DU VIETNAM La victoire d'une ligne révisionniste (suite) Le quatrième congrès du parti communiste, en décembre 1976, a sanctionné une nouvelle étape de la lutte entre de la lutte entre deux lignes au sein de ce parti, marquée par la consolidation des positions révisionnistes. L'apparente continuité qui s'exprimait à travers l'appréciation portée sur la situation internationale, faisait en fait la part belle au rôle de l'Union soviétique à l'heure où celle-ci affirmait de plus en plus nettement ses ambitions mondiales et son agressivité contre les peuples. La reprise, telle quelle, d'analyses qui avaient été formulées par le parti vietnamien, dans les années 1960, dans un contexte tout â fait différent, marqué alors par l'existence d'une seule superpuissance : les Etats-Unis, constituait une caution apportée à la politique du social-impérialisme. Les points de vue qui sous-tendent cette position sont antérieurs au Congrès de 1976, ils sont constitutifs d'une ligne révisionniste dont l'une des manifestations perceptibles fut sans doute le soutien très net accordé à l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie. La caution apportée au social-impérialisme en 1976, n'a pas trait seulement à son rôle dans le monde, elle réside aussi dans la référence faite au modèle soviétique du développement. Il est significatif qu'à l'heure où l'URSS confirmait de manière spectaculaire, tant par sa politique extérieure que par l'oppression croissante des masses à l'intérieur, qu'elle avait acquis tous les traits caractéristiques d'un impérialisme, le quatrième congrès du parti communiste vietnamien ait adopté un rapport qui souligne notamment: " L'Union soviétique intensifie actuellement l'édification de la base matérielle du communisme ", continuité là encore d'une affirmation qui n'avait cessé d'être répétée par le parti vietnamien depuis les années 60. LA SOI-DISANT "COOPÉRATION SOCIALISTE" La référence ainsi proclamée au modèle soviétique va d'ailleurs de pair avec l'affirmation renouvelée d'une "nécessaire division du travail entre pays frères". " La coopération économique , déclare devant le quatrième congrès, Nguyen Duy Trinh, ministre des Affaires étrangères du Vietnam, est devenue un aspect très important des rapports entre notre pays et les pays socialistes. Nous devons élargir nos rapports économiques, participer progressivement à la coopération et à la division du travail entre les pays frères, créer des conditions nous permettant d'édifier notre pays avec nos propres forces et de contribuer au renforcement du système socialiste ". L'entrée du Vietnam dans le COMECON en juillet 1978 est venue préciser de façon inquiétante la conception présidant à cette "coopération" et cette "division du travail" puisqu'il s'agit de l'entrée dans un "marché commun" soumis à l'URSS et à ses intérêts, marché qui a déjà fait ses "preuves" contre les pays Est-européens. Une telle conception va à l'encontre de l'affirmation proclamée dans le même Congrès et selon laquelle il fallait « édifier un Vietnam indépendant avec ses propres forces ». CONVERGENCE DANS LA MILITARISATION Le modèle soviétique c'est, aussi celui d'une puissance engagée dans la militarisation à outrance. C'est en effet une caractéristique du social-impérialisme soviétique que de miser largement sur le déploiement d'un gigantesque appareil militaire, d'orienter tous les efforts de la production et l'avancée technologique vers le domaine militaire, en vue de réaliser ses ambitions, ceci en sacrifiant notablement la production des biens de consommation nécessaires aux masses. Ceci fondait une convergence possible avec la politique des dirigeants vietnamiens dès lors qu'ils s'engageaient dans des choix conduisant à un expansionnisme vietnamien. Alors que l'économie vietnamienne était confrontée, au sortir d'une guerre de trente ans, à d'énormes difficultés, les autorités vietnamiennes ont imposé une tension extraordinaire des forces vives du pays pour développer le potentiel militaire. Au lendemain de la libération de Saïgon, elles se trouvaient en effet en possession d'un énorme arsenal combinant les prises faites aux Américains et l'aide reçue au fur et à mesure de la guerre de libération, un arsenal qui faisait du Vietnam une des plus grandes puissances militaires du monde, avec une des aviations de guerre les plus modernes, qui a largement servi depuis contre le Kampuchéa. Fortes de cette puissance, les autorités vietnamiennes ont affirmé leur prétention à 1'hégémonie dans le Sud-Est asiatique. Si les dirigeants vietnamiens estimaient avoir désormais les moyens d'une telle politique, il reste que celle-ci n'a pu prendre corps là aussi que sur la base d'un certain héritage, notamment des traits chauvins qui semblent s'être manifestés au sein de la politique du Parti du Travail du Vietnam, en plusieurs occasions, au cours même de la guerre de libération des peuples indochinois. L'HÉRITAGE DU PASSÉ Il paraît établi par exemple que le projet de "fédération indochinoise" englobant les trois pays d'Indochine sous l'autorité du Vietnam ne date pas d'hier et que la tendance par exemple à ne voir dans la lutte cambodgienne qu'une simple annexe de la lutte vietnamienne, ait été présente de longue date dans le parti communiste vietnamien. Le processus même de la colonisation française, s'appuyant sur des Vietnamiens pour coloniser le Laos et le Cambodge, a pu d'ailleurs servir historiquement de point d'appui au développement d'une telle tendance. Les propos de Hoang Tung, rédacteur en chef du Nhan Dan , quotidien du "Comité central du parti communiste vietnamien, sont d'ailleurs assez significatifs à cet égard. Celui-ci ne déclarait-il pas début septembre à propos de !a guerre contre le Cambodge: " De nombreuses divisions vietnamiennes se trouvaient à cette époque (en 1970 - 1972), au Cambodge, alors que les forces cambodgiennes étaient limitées. Si nous étions intervenus, la situation aurait évolué différemment. Peut-être payons- nous aujourd'hui cette erreur ». La tournure qu'ont pris ensuite les événements, les dirigeants vietnamiens passant de la multiplication des pressions dès 1976 pour obtenir du Cambodge des relations "spéciales" -équivalentes à une annexion - à l'agression ouverte et l'invasion de ce pays, ne s'explique que par la conjugaison de divers facteurs. S'y retrouvent l'évolution interne au Vietnam et le contexte international nouveau, marqué par le développement de l'offensive de l'URSS avec laquelle les dirigeants vietnamiens avaient développé de longue date des liens importants. L'ABOUTISSEMENT D'UN PROCESSUS La réalisation du quadrillage du Vietnam par des " comités pour le service militaire obligatoire ", en 1978, tandis que le gouvernement de Hanoi affirmait que le " renforcement des capacités de combat " serait « la tâche principale pour les deux années à venir », est l'aboutissement du processus développé au lendemain de la libération de Saigon, en avril 1975. A cette date, une fois l'impérialisme américain battu et contraint de se retirer de toute l'Indochine, qui menaçait sérieusement et directement le Vietnam ? A la vérité, l'effort militaire ainsi entrepris par les dirigeants de Hanoi leur a permis rapidement d'intervenir sur plusieurs fronts à la fois. Ils ont pu ainsi maintenir au Laos une armée de plusieurs dizaines de milliers d'hommes qui, sous prétexte de faire face à des incursions de commandos de la droite laotienne, opérant à partir de la Thaïlande, a servi d'instrument au renforcement de l'intervention vietnamienne dans la gestion des affaires de ce pays. Dans le même temps, les dirigeants de Hanoï ont pu lancer contre le Cambodge souverain 150 000 hommes, équipés d'un matériel considérable, bénéficiant dans le cadre du traité Vietnam- URSS de novembre, du dernier cri de la technique militaire soviétique. Ils ont pu aussi simultanément masser plusieurs divisions à la frontière avec la Chine, multipliant contre celle-ci les provocations armées. Jean-Paul GAY |
| | Posté le 30-06-2006 à 15:42:47
| Le Quotidien du Peuple organe central du PCRml n 868 mercredi 7 mars 1979 L'ÉVOLUTION DU VIETNAM - Militarisation et dictature (1) le chauvinisme au sein du parti communiste vietnamien, la référence croissante à l'URSS, puis l'alignement pur et simple sur cette superpuissance, ont poussé le Vietnam sur la voie des aventures militaires contre ses voisins. Ses dirigeants, en s'engageant ainsi, en maintenant, après la victoire sur l'impérialisme américain, leur pays sur le pied de guerre, puis en concentrant de plus en plus en Asie du Sud-Est, ont non seulement méprisé les difficultés de l'économie nationale à reconstruire mais les ont aussi aggravées, avec toutes leurs conséquences néfastes pour la vie quotidienne des masses. Après trente années de guerre, de ravages causés par les impérialistes, les plaies à panser, dans tous les domaines, étaient considérables. Si sont ajoutées les calamités naturelles, avec des sécheresses et des inondations exceptionnelles, notamment au Sud, dans le delta du Mékong, le "grenier à riz". Recevoir en guise de réponse à ces problèmes, un ordre de départ pour une guerre menée contre des peuples et des pays avec lesquels on luttait hier côte à côte, contre l'impérialisme, est de nature à susciter un mécontentement grandissant dans la population. Le fait que ceux qui ont engagé le Vietnam sur cette pente soient des hommes comme Pham Van Dong, Giap, Le Duan, et d'autres encore qui avaient, aux côtés d'Ho Chi Minh, participé à la direction de la résistance vietnamienne, n'y change rien. Aussi, pour prévenir le mécontentement populaire, dû à des disfonctionnements croissants de l'économie, à la pénurie de biens de première nécessité dont la production est sacrifiée au profit des efforts de guerre, les autorités de Hanoï se sont efforcées d'intensifier l'encadrement de la population, en tirant parti pour ce faire, de la militarisation du pays. Ainsi, les mesures de mobilisation prises pour développer des guerres d'agression dans la péninsule indochinoise et au-delà, servent-elles également au gouvernement vietnamien, pour imposer sa dictature aux masses, à l'intérieur du Vietnam. LA REUNIFICATION Cela est vrai notamment au Sud, qui fut réunifié dès avril 1976, avec le Nord. Cette réunification s'est effectuée de façon expéditive, dans le cadre d'une opération qui semble avoir surtout consisté en une mainmise pure et simple du Nord, alors socialiste, sur le Sud. La population du Sud avait consenti de très grands sacrifices dans la guerre de libération et fourni à celle-ci de nombreux cadres. Nombre de cadres de valeur du Front national de libération furent tués dans la lutte; l'extermination systématique de ces cadres avait d'ailleurs fait l'objet de plans spéciaux des Américains, tels le plan "Phoenix" ; souvent, compte tenu des liens entre ces cadres et la population locale, les impérialistes n'avaient eu d'autre recours, pour tenter de détruire l'infrastructure de la résistance, que de déporter et de massacrer massivement la population elle-même. C'est dans ce contexte qu'au lendemain de la libération de Saïgon, les autorités de Hanoï ont étendu leur pouvoir sur le Sud. La réunification du Vietnam, historiquement divisé en deux par la politique impérialiste, française et américaine, était une aspiration fondamentale du peuple vietnamien, inscrite au programme de la lutte de libération. Mais, bien entendu, elle ne justifiait en rien la création de nouvelles inégalités. Or, hormis les postes attribués à des responsables de premier plan du GRP ("gouvernement révolutionnaire provisoire" du Sud-Vietnam), de nombreux cadres patriotes du Sud se sont vus fréquemment mis sur la touche par les administrateurs venus du Nord. Cette façon de résoudre la contradiction Nord-Sud -léguée par l'occupation impérialiste -ne paraît pas sans lien de parenté avec la politique de Hanoï vis-à-vis des pays voisins où il a tenté par la "diplomatie" et par la force, d'imposer son administration. D'ailleurs, comme la suite des événements l'a prouvé, la hâte mise pour réaliser la "réunification" était motivée pour les dirigeants vietnamiens, par la volonté de constituer rapidement une grande puissance régionale, forte du potentiel militaire légué par la guerre, dans les deux parties du Vietnam. Les dirigeants de Hanoï se donnaient ainsi une base pour développer leur politique hégémoniste dans la région, avec l'aval de Moscou décernant au Vietnam le titre d'"avant-garde sûre du socialisme dans le Sud-Est asiatique". Le Quotidien du Peuple organe central du PCRml n°869 jeudi 8 mars 1979 L'ÉVOLUTION DU VIETNAM - Militarisation et dictature (2) La militarisation du Vietnam, engagé par ses gouvernants dans des conflits avec les pays voisins, leur sert aussi pour encadrer les masses, faire face à leur mécontentement. Le martèlement d'une propagande nationaliste, chauvine, particulièrement au Sud, sur fond de mobilisation pour aller combattre les "ennemis héréditaires" khmers ou chinois -qui, selon la propagande de Hanoï, "menacent la patrie vietnamienne -doit contribuer, dans l'esprit des dirigeants vietnamiens, à "faire passer" la réunification en même temps qu'une politique intérieure, des mesures économiques peu populaires. Dans un Sud dévasté par la guerre, connaissant l'hypertrophie des villes où s'étaient développés la corruption et le clientélisme , vis-à-vis de l'occupant, des mesures révolutionnaires s'imposaient. Mais, sous couvert de "socialisation" rapide du Sud, les administrateurs du Nord ont largement profité de la situation pour acquérir des privilèges et aggraver les inégalités. SOUS COUVERT DE "SOCIALISATION" Comme en ont témoigné de nombreux ressortissants d'origine chinoise, expulsés du Vietnam, les décrets d'expropriation ont souvent été mis à profit par les fonctionnires de la nouvelle administration pour s'approprier y compris des biens de consommation des familles, particulièrement d'origine chinoise, qui, même de revenus modestes, se sont vu confisquer leurs biens dans les perquisitions. Ceci s'est déroulé avec en arrière-fond la pénurie des biens de consommation courante, les carences dans le ravitaillement, l'acuité de la contradiction ville-campagne, tandis que le marché noir se développait, encourageant l'inflation. Les entreprises spéculatives se sont multipliées aussi bien avec les denrées extorquées dans le cadre de la "socialisation" qu'avec les denrées rapatriées du Cambodge et du Laos, où selon des ressortissants de ce pays, la moitié de l'aide en provenance de pays tiers est automatiquement prélevée par les autorités vietnamiennes. Alors que le Sud-Vietnam comptait, au moment de la libération de Saïgon, plus de trois millions de chômeurs sur une population de dix-sept millions d'habitants, la "perspective" offerte à la jeunesse, à l'heure où les tâches de reconstruction sont négligées au profit de la guerre, est celle de s'engager dans l'armée. Dans les conférences de quartier, où l'on a "justifié" la mobilisation pour envahir le Cambodge, en mettant en avant le "sauvetage" du socialisme en Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques, on appelle à rejoindre une armée de plus en plus hypertrophiée, et détournée des tâches économiques que les discours officiels lui assignaient au lendemain de la libération. Encouragées par l'URSS à la guerre, enlisées au Cambodge, les autorités de Hanoï ont pour logique de s'enfoncer toujours plus avant dans la militarisation de leur pays, n'hésitant pas à recourir pour cela à une répression accrue des masses telles la chasse et l'enrôlement forcé des jeunes réfractaires, qui ont manifesté à plusieurs occasions, à Saïgon notamment, leur refus de partir pour la sale guerre que mène aujourd'hui leur pays. L'OPPRESSION DES MINORITES Un des aspects les plus spectaculaire, aujourd'hui, de l'oppression des masses du Vietnam, est celle que subissent les minorités nationales, particulièrement la minorité d'origine chinoise, qui a vu depuis la fin 77, plus de 200 000 des siens expulsés par les autorités vietnamiennes. Cette discrimination s'inscrit dans la politique d'hostilité à l'égard de la République populaire de Chine. Elle présente aussi d'autres aspects. Outre le chauvinisme qu'elle reflète, la mise en accusation de la communauté chinoise du Vietnam doit servir à détourner les masses vietnamiennes de la critique de leur régime. En effet, dans le cadre de sa politique de "socialisation" du Sud, le régime vietnamien a jeté l'anathème, n'hésitant pas à mener une campagne qui assimile la masse des citoyens d'origine chinoise à des "capitalistes". Prétextant de faits tels que le contrôle par quelques familles chinoises très riches, d'une large part de la production et de la distribution du riz, au Sud, durant l'occupation américaine, ou l'existence dans cette période, d'innombrables trafics, où étaient impliqués des commerçants de nationalité chinoise, les autorités vietnamiennes ont tenté de faire de la communauté chinoise leur bouc-émissaire. Faire porter à celle-ci, en tant que telle, la responsabilité de la pénurie et des carences d'aujourd'hui dans l'approvisionnement des masses est fort utile pour blanchir le régime de sa responsabilité dans les disfonctionnements de plus en plus graves de l'économie vietnamienne. Ainsi, c'est sous prétexte de "capitalisme" qu'une communauté de plus d'un million d'hommes et de femmes a dû subir des vexations, des expropriations brutales et systématiques, voir ses biens confisqués, sans égard pour les familles aux revenus les plus modestes -la grande majorité. C'est dans tous les domaines que la discrimination s'est développée, qu'il s'agisse des salaires, des possibilités de promotion sociale, des possibilités d'expression, et qu'elle a abouti en de nombreux cas à l'expulsion manu-militari. Chasser ainsi une partie de ses citoyens, dès lors qu'ils ont une appartenance nationale déterminée, est une politique qui qualifie un régime. Dans des propos repris par leur ambassadeur en France, et par L'Humanité, les autorités vietnamiennes ont eu tôt fait de cataloguer tous ceux qui fuient le Vietnam sur des embarcations de fortune, d'anciens privilégiés, supportant mal le socialisme et regrettant la vie douillette du passé. Il s'agit ainsi de jeter le discrédit sur tout opposant au régime vietnamien et là encore sur la communauté chinoise, puisque la majorité de ceux qui fuient par la mer sont aussi d'origine chinoise. LE RENIEMENT DU PASSÉ La campagne d'"explications" menée globalement contre les citoyens d'origine chinoise par le gouvernement de Hanoï, est d'autant plus odieuse que ceux-ci ont pris une part éminente à la guerre de libération. Au Sud, ce n'est pas un hasard si la ville chinoise de Cholon, qui jouxte Saïgon, avait acquis, sous l'occupation américaine, la réputation d'être une des places fortes du FNL et au Nord. Là, où la politique d'expulsion massive a été menée le plus systématiquement, on voit mal comment pourrait jouer "l'argument" d'expropriation de capitalistes. Non seulement, les ressortissants d'origine chinoise ont occupé une place de premier plan dans la guerre anti-américaine, souvent à titre de soldats ou d'officiers de l'armée populaire vietnamienne, mais ils ont pris également une part très importante à l'édification socialiste du Nord-Vietnam, dans tous les domaines, en tant que membres de la paysannerie ou de la classe ouvrière. N'est-il pas significatif qu'en juin 1978, sur 100 000 Chinois expulsés alors du Vietnam, 98 000 étaient nés, avaient vécu et travaillé au Nord-Vietnam ? En pratiquant de la sorte, les autorités vietnamiennes ont bafoué. les engagements de respect des droits, de libre choix de la nationalité, qu'avaient pris hier le parti des travailleurs du Vietnam et le Front national de libération du Sud, à l'égard de la communauté chinoise. Ce faisant, elles ont renié sur ce point comme sur les autres les idéaux d'indépendance et de liberté pour lesquels le peuple vietnamien avait consenti tant de sacrifices. Jean-Paul GAY |
| | Posté le 16-09-2006 à 14:11:13
| Est-ce que tu as des textes sur l'histoire du parti communiste vietnamien de sa création à la mort d'Ho chi Minh? Je voudrais comprendre cette période et savoir ce que les trotskistes lui reproche à Ho chi minh |
| | Posté le 16-09-2006 à 16:16:56
| Sur Ho Chi-Minh il y a une brochure de l'HR. |
| | Posté le 19-09-2006 à 12:03:01
| il existe également une histoire de la révolution socialiste au Vietnam publiée en 1967 par les Editions en langues étrangères Hanoï "Sur la révolution socialiste au Vietnam" en trois tomes, écrits par Le Duân. Armenak |
| | Posté le 19-09-2006 à 15:51:58
| Et aussi une brochure de textes d'Ho Chi-Minh sur "Lénine et le Léninisme" |
| | Posté le 20-09-2006 à 13:56:22
| Ces brochures sont-elles numériques et disponibles sur un site? ----------------------- Cher OG Simpson, les trotskistes reproche tout simplement à Ho Chi Minh la purge qu'il a dirigé contre les trotskistes au sein de PCV... Tout communiste véritable du reste est voué à être un jour condamné par les trotskistes! ----------------------- Cher Finimore, en m'excusant par avance pour mon ignorance, qu'est ce que c'est une "brochure de l'HR"? |
| | Posté le 20-09-2006 à 15:42:09
| HR = humanité rouge non ? |
| | | | Posté le 28-09-2006 à 15:33:23
| En lien avec le sujet de l'invasion vietnamienne contre le Kampuchea Démocratique en 1979, il y a aussi la brochure "L'INVASION DU CAMBODGE PAR LE VIETNAM histoire - repéres" par Catherine Quiminal -diffusée par l'UCFML en 1979- et aussi le livre "LE KAMPUCHEA - Viet-nam - Cambodge - guerres et indépendance" par Catherine Quiminal -préfacé par Samir Amin- éditions anthropos - 1982 . De nombreuses infos sur l'histoire du Parti Communiste de Kampuchea sont dans ce livre. Dans sa préface Samir Amin dit " La lutte glorieuse menée pendant 30 ans par le peuple du Viet-Nam pour son indépendance, son unité et le socialisme, interdit encore le plus souvent tout jugement critique. " Cette remarque me parait tout à fait juste, et c'est justement ce point qui fût (qui est) mis en avant pour justifier l'absence de critiques contre le Viet-Nam dans cette période. |
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