Sujet :

les vautours au "chevet" de la Grèce

Xuan
   Posté le 23-07-2011 à 23:51:39   

L’Europe supranationale ce sont les banques franco-allemandes


Le second « plan de sauvetage » de la Grèce montre une nouvelle fois que ce sont la France et L’Allemagne qui prennent en amont les décisions européennes , et non la BCE ou on ne sait quel Parlement, ou technocrates de Bruxelles , ou encore quelque volonté supranationale dominant d’on ne sait où l’ensemble des nations d’Europe.
La réunion « au sommet » du 21 juillet n’a servi qu’à entériner un plan déjà établi, avec la bénédiction des principales banques présentes elles-aussi.

Si on tient compte du fait que la France et l’Allemagne sont les principaux créanciers de la Grèce, et que les organismes prêteurs sont les principales banques et compagnies d'assurance de ces pays, il s’avère que ce sont en réalité les banques françaises et allemandes qui ont décidé des modalités de ce plan et envoyé leurs pantins Sarkozy et Merkel négocier devant la presse.

Sauver les profits des banques et des assureurs

A tout saigneur tout honneur, le plan français avait été mijoté par Pébereau de la BNP, engagée pour 15 milliards* en Grèce et 22 en Italie.
Mais il avait aussi l’aval des loustics de la Société Générale, d’Axa (quatrième assureur mondial) et du Crédit Agricole, tous les vautours perchés sur le robinet des remboursements et attentifs à récupérer leur mise de 50 milliards (selon la BRI) et les intérêts (intérêts des emprunts d’Etat supérieurs à 17 % en juin).
Et François Pérol (Banque populaire - Caisse d'épargne - maison mère de Natixis) déclarait le 20 juillet : "On est en Europe, donc il est très probable que la solution au problème soit un impôt" , et "les banques ont eu une attitude parfaitement responsable depuis le début."
On comprend pourquoi la France ne voulait surtout pas mettre les investisseurs privés à contribution ni taxer les banques, ce qui aurait mis « l’Euro en danger » selon nos ministres.

Côté allemand :
Selon l’agence de notation Moddy's, Commerzbank, publique à 25 %, est engagée pour 2,9 milliards d'euros.
Le groupe Deutsche Bank, 8e banque européenne par capitalisation en 2011, est engagé pour le même montant par l’intermédiaire de sa dernière acquisition la Deutsche Postbank.
L’ensemble de l’exposition des banques allemandes se monterait alors à 11,6 milliards d’euros.
Mais d’après la Banque des Règlements internationaux (BRI) les engagements non souverains de Deutsche Bank, Postbank, Commerzbank et de la plupart des Landesbanken en Grèce s’élèveraient en fait à 29,5 milliards d'euros.

Ces spécificités permettent d’éclairer un peu la nature des âpres négociations franco-allemandes : endetter davantage l’ensemble des pays européens suivant le plan Sarkozy ou obtenir des délais de paiement des investisseurs privés suivant le plan Merkel.

Que le parti révisionniste ait pris partie pour la première solution dans cette querelle de chiffonniers n’est pas pour nous étonner :
« Il s'agirait d'engager un rééquilibrage des rapports économiques intra-européens, vers une nouvelle solidarité confédérale à l'écoute des pays en difficulté et non pour les dominer. »
De quelle nouvelle solidarité confédérale pourrait-il être question dans l’Europe capitaliste, sinon une répartition de la dette sur l’ensemble des peuples européens ?
Et en quoi cette proposition s’écarte-t-elle de celle de Laurence Parisot en faveur d’une « forme de fédéralisme économique » ?


Ces banques se sont donc arraché un œil en remettant 10% de leurs prêts antérieurs sur le tapis avec un taux un peu moins usuraire de 3,5 %, et en rééchelonnant la dette de 7,5 à 15 voire 30 ans.
Soit un rollover ou « roulement de dette » de 3,2 milliards pour les banques allemandes par exemple, et envers lesquelles Wolfgang Schäuble a exprimé sa « gratitude » .
Tous ceux qui ont eu l'occasion de faire ainsi racheter leur dette ont déjà compris à quel sacrifice se livre en pareil cas l'usurier qui les tient à la gorge.

Comme on le voit ce n’est pas la mer à boire pour BNP & Co tant que les dividendes continuent de rentrer, et que la supercherie peut continuer.
Bien évidemment il ne s’agit nullement de sauver la Grèce mais de continuer à l’essorer.
Quelques détails dans l’Expansion : « Les banques sont-elles perdantes avec le plan grec? »


Dissimuler la dette

Par ailleurs l’Allemagne et la France sont finalement tombées d’accord pour noyer le poisson de la dette grecque.
Le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) n'a pas d'argent en propre. Mais il peut lever à moindre coût de l'argent sur les marchés pour le reprêter ensuite aux Etats qui ne parviennent plus à se refinancer, ou alors trop cher. Comme le résume Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit Lyonnais, dans une interview à La Tribune, "le renforcement des attributions et des moyens du FESF va dans le sens de plus de fédéralisme. Par ce mécanisme, tous les citoyens européens se retrouvent de facto solidaires".
Par ce biais les emprunts dans l’Union Européenne ne sont plus individualisés mais auront recours à un organisme commun, chargé d’emprunter de l’argent sur les marchés.

Cette méthode présente l’immense avantage de dissimuler les parties honteuses aux agences de notation.
Or si celles-ci ont favorisé la spéculation sur la dette de certains pays, la dégradation de leur note correspond à la dégradation réelle des taux d’emprunt à 5 ans.
Si on compare la notation des agences US (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch) avec l’agence chinoise Dagong, il s’avère même que toutes les dettes occidentales sont surcotées.

Récemment Moody’s a dégradé la note de la dette publique du Portugal et d’un cran celle de l’Irlande. ). L’Italie et les États-Unis ont été mis sous “perspective négative” (= 50 % de risque de baisse à court terme).
José Manuel Barroso, a évidemment critiqué ces notations en rappelant que les agences de notation n’étaient ”pas infaillibles” et qu’il faudrait peut-être engager leur responsabilité devant les juridictions civiles.
Barnier a appelé les agences à “évaluer avec objectivité et lucidité la situation des pays qu’elles notent” , et le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble, a fustigé “l’oligopole des agences de notation” et plaidé pour qu’on “limite (…) leur influence” .
Angela Merkel a rejeté l’avertissement de Standard & Poor’s, qui verrait l’équivalent d’un défaut dans la proposition française de “roll-over” volontaire de la dette grecque par les banques. “Il est important que la troïka [UE, FMI et Banque centrale européenne] ne permette pas que sa capacité de jugement soit ignorée, a-t-elle dit. Je crois par-dessus tout au jugement de ces trois institutions.” [Source : Le Monde.fr]
D’ailleurs l’idée d’une agence de notation européenne a fait son chemin, jusqu’à son chiffrage (300 millions d’Euros). Avec un tel instrument les ardoises seront régulièrement remises à zéro.

On devine qu’en diluant les dettes les plus criantes les déficits européens ne seront plus pointés du doigt et les banques franco-allemands pourront poursuivre la tonte des coupons en toute impunité.
Cependant le défaut de paiement de la Grèce ainsi maquillé n’a échappé à personne et malgré les félicitations du CAC 40 et les cris de victoire des médias, l’agence Fitch a déjà mis la Grèce en « défaut partiel » .

Il résulte de cette opération un endettement généralisé et accru de 150 milliards en Europe, dont les groupes bancaires et les assurances dominantes franco-allemandes sont les bénéficiaires.


Faire payer la dette aux masses populaires

Compte tenu du fait que l’essorage de la Grèce comporte des limites, dont la moindre n’est pas la lutte acharnée du peuple grec lui-même, l’essentiel de l’opération consiste donc à faire payer les deux tiers de la dette par les peuples d’Europe.

« L’endettement de la France sera accru de 15 milliards d’euros d’ici à 2014 » a déclaré vendredi François Fillon.
Baisse des dépenses sociales dans l’enseignement, la culture et la santé, restrictions nouvelles sur les retraites, baisse des effectifs des fonctionnaires, etc.
Chacun est bien conscient des sacrifices qui seront exigés des masses populaires, et que les socialos on salué en ces termes :
"Je me réjouis qu'un accord ait été finalement trouvé à Bruxelles entre les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone Euro pour trouver une solution au financement de la dette grecque. Nous le devions au peuple grec, nous le devions à l'Europe" . Martine Aubry
"C'était un accord nécessaire mais il est aussi tardif qu'insuffisant" . Hollande

Avant même le plan de sauvetage, Fillon avait annoncé que le SMIC ne dépasserait les 9 € au 1er août, sous le prétexte que l’inflation de juin n’aurait pas franchi les seuils.
Or depuis le début de l’été, les augmentations se sont succédé (gaz, électricité, immobilier, hébergements de vacances, hôtellerie, restauration).
En particulier la hausse des carburants a plombé les départs en vacances, que plus de la moitié de la population ne peut plus se payer.
D’autres indices montrent que la situation financière des masses populaires continue de se dégrader.
Selon l’OFCE « Tout laisse à penser donc que le contrecoup de la fin de la prime à la casse interviendra au deuxième trimestre 2011 » .
Par ailleurs le mois de juin a confirmé la nette diminution des créations d’entreprises.

Toutes les conditions se trouvent réunies pour faire éclater une nouvelle grave crise de surproduction, plus grave que celle de 2008.

Mais dans le même temps, la bourgeoisie n’a pas hésité un instant à prolonger la guerre d’agression contre la Libye.
Les masses populaires sont ulcérées de voir l'oppression capitaliste s’accumuler comme des nuées d’orages sur leur tête tandis que les « économies » servent à bombarder d’autres peuples.

La classe ouvrière n’a pas d’autre issue que de s’opposer avec la dernière énergie aux plans des capitalistes, s’unir à ses frères d’Europe, rejeter le chauvinisme de grande puissance ainsi que le réformisme et les directions traitres des syndicats.


* Unité de la classe ouvrière et des peuples d’Europe contre les monopoles européens.
Xuan
   Posté le 25-07-2011 à 17:39:46   

La paupérisation des masses, produit du capitalisme, conduit à la crise.


Le Parisien consacre une série d’article aux difficultés économiques de la population :
chèques à encaisser plus tard, visites chez le médecin reportées, chariots de supermarchés à peine remplis, baisses de fréquentation dans les restaurants, où les clients se partagent les plats, boivent de l’eau et se privent de dessert.

« Dans les supermarchés et les hypermarchés, les clients ne remplissent plus qu’un chariot en début de mois. On a constaté aussi dans les deux dernières semaines que les paiements en espèces étaient plus fréquents, ce qui correspond à des volumes de courses moins élevés ».
« En fin de mois, nombreux sont ceux qui partagent une pizza à deux, car cela leur revient moins cher. Ou alors, ils mangent dans des fast-foods quand leur budget est vraiment trop maigre. »
« Je guette les promotions. Et puis, je n’achète plus de viande, de poisson, ou même certains fruits. On ne peut pas se le permettre tant qu’on n’a pas touché notre salaire »une fois arrivés en caisse, ils s’aperçoivent qu’ils n’ont pas assez d’argent et renoncent à certains produits
« Je vis avec 600 € par mois et à partir du 20, ma famille m’aide, reconnaît Stéphanie, seule avec deux enfants. Je remplis un chariot de 200 € en début de mois et ensuite j’achète le minimum. »
« On vit avec moins de 2 000 € par mois. Pour nous, la deuxième quinzaine du mois est très dure. Dès qu’on paie le loyer, il ne nous reste plus que 200 ou 300 €. On ne fait pas d’excès, on n’achète pas de marques, pas de plats préparés. On va plutôt chez les hard discounts, pour faire le plein. Mais, même dans ces supermarchés, les prix flambent. Avant je payais 110 € pour un chariot plein, maintenant je paie 180 ou 200 € pour exactement le même volume »
« Je travaille dans une cafétéria, et en fin de semaine je ramène les restes à la maison, avant qu’ils ne soient jetés »
« Sur les deux dernières semaines du mois, nous enregistrons une baisse de notre chiffre d’affaires, qui peut aller de 20 à 30% ».


Ce ne sont que quelques éléments visibles de la réelle paupérisation de la classe ouvrière et du peuple, que chacun d’entre nous peut observer et qui alimentent les conversations de la vie courante.

Cette paupérisation est la conséquence de la course aux profits.
Le chômage accroît la concurrence entre les salariés et provoque la baisse absolue ou relative des salaires du chômage.
La bourgeoisie encourage cette paupérisation en s’opposant à la hausse du SMIC.

Dans ces conditions les remèdes apportés le 21 juillet à la crise grecque ne peuvent qu'accélérer la prochaine crise économique.


Edité le 25-07-2011 à 17:55:07 par Xuan