Sujet :

l'Ukraine interdit la presse étrangère

Xuan
   Posté le 17-09-2015 à 16:35:45   

source l'Obs

L'Ukraine bannit des dizaines de journalistes de son territoire


Le président ukrainien Petro Porochenko a signé un décret de sanctions contre la Russie. De nombreux journalistes se retrouvent interdits de pénétrer dans le pays, dont trois employés de la BBC.


Oles Buzyna, journaliste pro-russe, a été assassiné à l'arme à feu, à Kiev le 16 avril 2015 (VOLODYMYR SHUVAYEV / AFP)Oles Buzyna, journaliste pro-russe, a été assassiné à l'arme à feu, à Kiev le 16 avril 2015 (VOLODYMYR SHUVAYEV / AFP)

C’est une liste bien inquiétante qu’a publiée mercredi soir la présidence ukrainienne. Selon ce décret présidentiel, près de 400 personnes sont bannies du territoire national, pour une durée d’un an. Le motif ? "Menaces aux intérêts nationaux" ou promotion "d’activités terroristes".

Parmi les noms, on trouve des hommes politiques russes, accusés de soutien ou de participation à l’annexion de la Crimée par la Russie. C’est le cas du ministre de la Défense Sergueï Choïgou ou du président de la Douma Sergueï Narychkine, déjà frappés par des sanctions européennes.

Mais cette liste inclut également de nombreux journalistes.

Des journalistes de la BBC bannis

Selon le recensement du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 37 journalistes et 7 blogueurs sont présents dans la liste. Parmi eux, on trouve sans surprise des journalistes russes, ainsi que les chaines de télévision russes Perviy Kanal, Rossiya 24 ou NTV, à présent interdites. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les journalistes russes sont régulièrement arrêtés ou expulsés par le gouvernement ukrainien, qui leur reproche un traitement biaisé de la situation.

De manière plus surprenante, des journalistes occidentaux sont également interdits de territoire. C'est le cas de deux correspondants du bureau de Moscou de la BBC, Steve Rosenberg et Emma Wells. Tous deux travaillent au bureau de Moscou de la BBC et ont réalisé des reportages à de nombreuses reprises en Ukraine. Un cameraman de la BBC, Anton Chicherov, est également visé par les sanctions. Plus étonnant encore, on trouve parmi les journalistes visés les Espagnols Angel Sastre et Antonio Pampliega, disparus en Syrie depuis le mois de juillet.

Des sanctions non justifiées

Le document n'établit pas clairement les raisons de la présence des journalistes sur la liste de sanctions. L'Ukraine n'a pour l'instant pas émis de réaction officielle, le président ukrainien Petro Poroshenko s'étant contenté d'expliquer qu'il s'agissait d'une réponse aux annonces des autorités séparatistes de l'est de tenir des élections locales en octobre et novembre.

Le gouvernement peut ne pas aimer ou ne pas être d'accord avec la couverture de ces médias, mais qualifier des journalistes de menace potentielle à la sécurité n'est pas une réponse appropriée" , a dénoncé Nina Ognianova, la coordinatrice du programme Europe et Asie Centrale du CPJ.

Une hypothèse possible est que ces sanctions pourraient frapper des journalistes rentrant dans les territoires séparatistes depuis la Russie.

Classé 129e sur 180 au classement de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières, l’Ukraine est un terrain de travail de plus en plus difficile pour les journalistes. Un ministère de l’Information a été créé en 2014, et plusieurs projets de lois de contrôle de la presse ont été proposés. Depuis le début de l’année 2015, deux journalistes y ont été tués, six en 2014. Cette liste est une mauvaise nouvelle supplémentaire pour la démocratie en Ukraine.

Olivier Bories