Sujet : Trotskisme : Brochure du CHB | | | | Posté le 11-08-2013 à 16:17:22
| C'est un travail intéressant, mais les méfaits du trotskisme n'expliquent pas la dégénérescence du P"C"F, et ce document fait l'impasse sur la ligne révisionniste dans ce parti. En particulier affirmer que le P"C"F était resté fidèle au marxisme-léninisme en 68 est une contre-vérité. De même les relations entre le social-impérialisme et ses satellites ne relèvent pas de la même situation que les révolutions colorées . |
| | Posté le 11-08-2013 à 23:01:03
| Je n'ai pas lu que le Pcf était encore ML en 68, ce n'est pas ce que dit le CHB. Il est juste rappelé que le Pcf et la Cgt était le seul et unique bastion ouvrier face à tous mouvements petits-bourgeois en face. Pour une analyse du révisionnisme et des tendances soc-dem au Pcf je te renvoie au livre que le CHB a sorti sur l'histoire du Pcf (la thèse principale fondée sur les archives du parti est la suivante : le Pcf n'a jamais achevé sa bolchévisation, ni réussi à isoler ou exclure toutes les tendances qui manifestaient du gradualisme jauressiste, du parlementarisme et de l'immobilisme guesdiste). Pour ma part je ne placerais pas 68 au rang des principales erreurs stratégiques du Pcf, la situation était beaucoup plus mûre en 45 car c'était une situation de double pouvoir, il ne fallait pas désarmer et il fallait suivre la voie des fronts anti-fascistes d'Europe de l'Est ( renforcement des comités de base de la résistance face aux gaullistes objectivement minoritaires dans la résistance et "salami" voire guerre civile) Et bien sûr les épisodes tragiques de 45, 47, 54 et 56 où leur stratégie parlementariste et gouvernementale a remplacé leur stratégie anti-impérialiste |
| | Posté le 12-08-2013 à 00:09:43
| A propos de mai 68 le texte tire à boulets « rouges » sur le gauchisme et reprend toute la rhétorique du P « C »F de l’époque sans poser la moindre question sur l’électoralisme ni sur la ligne d’Union de la Gauche, ni sur la division au sein du mouvement communiste international. « Un PCF qui se réclamait encore du marxisme-léninisme, défendait les acquis du camp socialiste et dirigeait les luttes de classe avec une expérience ouvrière de plusieurs décennies, un parti qui devançait à l’époque les socialistes et les radicaux aux élections et incarnait indiscutablement la classe ouvrière consciente et politisée de ce pays… » . Cela signifie que le P « C »F était l’avant-garde de la classe ouvrière et rien d'autre. C’est faux, son caractère d’avant-garde c’est son caractère révolutionnaire, qu’il avait précisément abandonné pour ce qui concerne sa direction. Sur la question de la bolchévisation : dans tout parti communiste et de sa naissance jusqu’à sa mort se déroule la lutte entre marxisme-léninisme et révisionnisme, et l’idée d’un parti communiste « pur » ne peut pas correspondre à la réalité de la société de classe, sauf chez les trotskistes précisément. Tout parti communiste commet donc des erreurs et les corrige, ou pas. Le PCF a eu une longue histoire jalonnée de faits glorieux également, mais lorsque la voie révisionniste l’emporte il peut bien diriger des millions d’ouvriers, il ne les mènera qu’à l’échec et les ouvriers quitteront ses rangs. C’est ce que nous avons effectivement constaté. Or en mai 68 il ne s’agit pas d’une erreur de la direction révisionniste mais de sa volonté de cantonner le soulèvement populaire au domaine économique, et de dévier les aspirations de transformation révolutionnaire vers le parlementarisme bourgeois, ce qui s’est alors soldé par un échec retentissant. Pour mémoire le 13 mai 1 million de manifestants scandaient "dix ans ça suffit" . Ce qui nous unissait ce n'était pas que le salaire à 1000 F mais la fin du pouvoir gaulliste, et lorsque De Gaulle a dénoncé la "chienlit" le parti révisionniste s'est écrasé parce qu'il avait passé son temps à dénoncer les "gauchistes" ... On peut tourner l'histoire comme on veut, je l'ai vécu et je n'en ai pas perdu une miette.
Edité le 12-08-2013 à 00:17:37 par Xuan |
| | Posté le 12-08-2013 à 09:19:58
| L'extrait signifie juste que le Pcf et la Cgt représentaient encore en 68 la majorité du mouvement ouvrier, et qu'il se réclamait du ML quelqu'ait été sa version ou sa spécificité (Khrouchtchev aussi se réclamait d'un marxisme-léninisme "orthodoxe" !). Sur la version et la spécificité du ML français, on peut trouver exactement les mêmes tendances légalistes bourgeoises et parlementaristes sous Thorez en 36 et en 45 et sous Waldec Rocher en 68. Ce n'est donc pas, en ce qui concerne cette période, une question de recul de la ligne ML face à la ligne révisionniste. Le révisionnisme au Pcf c'est la période Marchais-Hue puis le centrisme mutant Buffet-Laurent (qui n'est pas un révisionnisme au sens moderne du terme puisqu'il n'y a même plus de marxisme, juste du keynésianisme) Sur la question de la bolchévisation, les dirigeants bolchéviques des autres pays eux-mêmes parlaient des spécificités- je cite les PV du Komintern- "de droite" des mouvements communistes français (avant et après guerre) et italiens (après guerre) qui avaient une stratégie similaire d'alliance parlementaire anti-droite avec la social-démocratie et le centre malgré les politiques impérialistes de ces gouvernements. Le Kominform dénoncera cette stratégie inédite chez des partis communistes à plusieurs reprises en 47 et en 54. Il s'agit donc bien d'une spécificité, tout comme Mao revendiquait -sous une autre forme- la "spécificité chinoise" contre les dirigeants bolchéviques chinois qui ne voulaient pas d'alliance avec la bourgeoisie compradore ni nationale Sur la question des aspirations révolutionnaires tournées par les directions vers les voies institutionnelles bourgeoises. Je pense que 68 était une erreur stratégique et non le signe d'un révisionnisme, et que c'était surtout l'application de ce qui a toujours fait la particularité du mouvement ouvrier français : un manque de travail sur les perspectives révolutionnaires (Thorez lui-même en parlait sur 36, l'absence d'approfondissement des comités de FP par ex.). Après le "constat" de Grenelles comme on disait à l'époque à la Cgt, je crois que c'était 4 millions de grévistes dans les rues. Bref, je reste persuadé que le Pcf a fait des erreurs d'évaluations en 36 et en 68, mais que 45 est clairement un échec de la perspective révolutionnaire dans un contexte subjectif qui s'y prêtait. Cela dit Xuan, faire ce constat est une chose, mais les mouvements de la petite-bourgeoisie radicalisée anar-trotsk et "mao" à l'occidentale avaient encore moins à proposer -dans la pratique- en termes de perspectives révolutionnaires. On peut bien pousser la phrase révolutionnaire pour se faire plaisir tant qu'on veut, mais quand on est petit-bourgeois et coupé du mouvement ouvrier il n'y a aucune perspective pratique si ce n'est d'aider -de l'extérieur- au travail de division ( d'ailleurs on a assisté à une séparation de fait après quelques tentatives d'unions entre ouvriers et étudiants)
Edité le 12-08-2013 à 09:49:19 par AllXS |
| | Posté le 12-08-2013 à 13:37:01
| Malgré tous les aspects positifs de cette brochure concernant le trotskisme ainsi que le courant anarchiste petit-bourgeois autoproclamé "mao", la présentatin qui est faite c'est : > d'une part le parti communiste "majoritairement ouvrier" > d'autre part le gauchisme Cette présentation est fausse. Elle laisse entendre que le P"C"F suivait alors une voie juste. Encore une fois, que les adhérents du P"C"F soient majoritairement ouvriers ne signifie pas que sa ligne politique soit révolutionnaire. En fait il s'agissait des fruits de la ligne révolutionnaire dans le PCF et de ses succès. Tu as dû remarquer que les trotskistes ne parlent jamais de révisionnisme mais d'un "parti ouvrier bureaucratisé". Cette définition ne permet pas de comprendre l'évolution historique d'un point de vue de classe, ni de nous prémunir ou de rectifier. Je t'ai déjà précisé que la scission du mouvement communiste avait déjà eu lieu à l'échelle internationale. Elle s'est produite aussi dans notre pays et ceci n'avait aucun rapport avec les "maos romantiques" décrits dans la brochure. La lutte entre les deux voies avait déjà entraîné au sein du parti révisionniste des exclusions et la naissance du premier mouvement marxiste-léniniste, puis du PCMLF en décembre 1967. Je t'invite à lire les premiers chapitres de "à contre-courant", où Jacques Jurquet raconte comment des communistes membres du PCF et anciens résistants n'ont alors pas eu d'autre choix que de tenter de créer un nouveau parti communiste. Si on s'en tient à l'opposition entre le P"C"F et les gauchistes et qu'on oublie le courant marxiste-léniniste naissant, la ligne du P"C"F apparaît comme la seule ligne juste à l'époque. En ce qui concerne la division des ouvriers et des étudiants elle est entièrement imputable aux dirigeants révisionnistes qui ont tout fait pour éviter le moindre contact. Dans leur immense majorité (et à la différence des Geismar et Cohn Bendit) les étudiants souhaitaient sincèrement rencontrer les ouvriers grévistes et se mettre au service de leur lutte, y compris Gilles Tautin assassiné par les CRS devant Renault. |
| | Posté le 12-08-2013 à 20:50:27
| A aucun moment le texte n'aborde les questions que tu soulèves sur le mouvement ML dans et hors Pcf. Il s'agit d'une brochure sur le trotskisme, à prétention théorique et déjà loin d'être exhaustive au niveau factuel sur le sujet ! Donc tu comprendras que le souci de clarté oblige à bien cadrer les positions exprimées et que les rédacteurs de la brochure n' ont du coup pas distinguer les "mao" petits-bourgeois (qui sont liés au sujet) de l'opposition ML pro-chinoise au sein du Pcf (hors sujet, car appartenant à la question de la reconstruction d'un PC) Enfin je te remercie de m'avoir transmis ce texte, cela faisait plusieurs années que j'essayais de le lire. Mais je suis déçu (des extraits du moins), je m'attendais à plus de sérieux de la part d'un militant ML comme Jurquet. J'ai bien compris le propos, c'est une biographie et pas un texte de positions politiques. Du coup je trouve que le ton plein d'amertume et l'affect évident desservent la clarté du propos. (le fait de qualifier le Pcf "Le Parti révisionniste" puis juste après de se défendre de lui être toujours fidèle et d'être mesuré vis-à-vis de la direction devant ses camarades de section en est un signe flagrant) Sur le fond je trouve qu'il manque de recul, même si les positions pro-chinoises étaient justifiées contre Khrouchtchev et ses relais occidentaux. Mais des questions internationales aussi pointues que les relations Chine-URSS-USA méritent-elles d'essayer de séparer la base militante de la direction fédérale ou centrale ? Je pense que les seules questions internationales qui méritent que les ML se démarquent du Pcf sont celles qui concernent l'impérialisme français et la politique étrangère de la France. . De ce point de vue le travail d'agitation interne était compréhensible et nécessaire en 45, 47, 54, 56 pour dénoncer l'absence de perspective anti-impérialiste et les faillites théoriques (maintien du concept d'"union des peuples" après la guerre anti-fasciste). Car sinon on peut toujours se diviser à l'infini sur toutes les positions internationales de tous les mouvements communistes et on devient illisible et pour les militants non formés et pour le peuple : c'est d'ailleurs ce qui s'est passé entre le Pcmlf et le Pcof qui suivait la voie albano-iranienne contre les maoïstes. Après bilan les 2 mouvements sont très largement méconnus, c'est donc un échec quelque soient les bâtons dans les roues qu'a pu mettre le Pcf Pour finir, je pense que les questions actuelles de démarcation des ML sont plus importantes à l'heure d'aujourd'hui où il n'y a plus de révisionnistes ni de PC, mais leurs héritiers soc-dem de gauche, bien plus nocifs. Quelles tactiques de front adopter avec eux, sachant leurs positions pro-guerre, pro-impérialiste et pro-UE ? J'aimerais aussi savoir comment tu vois les dernières Assises du Communisme à Gemenos et l'avenir de la reconstruction communiste
Edité le 12-08-2013 à 21:04:16 par AllXS |
| | Posté le 13-08-2013 à 00:07:34
| Le texte de Jurquet est autobiographique évidemment et c'est à prendre comme un témoignage. Il faut replacer dans le contexte la coupure au sein du parti révisionniste sur le plan politique, idéologique et organisationnel. Elle ne s'est pas faite d'un seul coup évidemment y compris pour ces militants. C'est naturel pour des camarades qui avaient sacrifié tant d'années dans ce parti, et ça l'est encore aujourd'hui d'une certaine façon (voir Gémenos justement). Les relations entre les partis communistes, faisaient encore peu auparavant l'objet de réunions ou de courriers, et c'était un reliquat du kominform où la ligne générale du mouvement communiste international était discutée. Aujourd'hui nous n'en sommes pas là, il est difficile de porter un jugement sur les partis communistes étrangers et sur leur action, excepté sur la scène internationale, et en particulier la notion de parti père a été remisée aux oubliettes. Concernant Gémenos, j'ai mis en ligne plusieurs textes qui reflètent l'esprit de cette réunion. Il me semble que la démarcation avec le P"C"F et le Front de Gauche s'approfondit. Tu parles de positions pro guerre et pro impérialistes. Lis attentivement l'Huma, tu as raison sur le fond mais c'est plus habile. Simultanément plusieurs sujets ont pris le pas à Gémenos : la question nationale, l'euro, l'Europe, le CNR... J'en parle ici : https://humaniterouge.alloforum.com/debat-t4198-1.html par exemple. Quelque chose a changé, dans le ton employé. Evidemment ces sujets sont loin d'être clos. Il faudra avancer jusqu'à un certain point dans l'unité avant d'envisager de faire un pas organisationnel. Mais la création du parti est d'abord l'affaire de la classe ouvrière. Elle ne peut pas être étrangère à ses luttes. De même l'activité de la bourgeoisie ou du P"C"F peut l'accélérer. |
| | Posté le 13-08-2013 à 05:46:19
| AllXS a écrit :
A aucun moment le texte n'aborde les questions que tu soulèves sur le mouvement ML dans et hors Pcf. Il s'agit d'une brochure sur le trotskisme, à prétention théorique et déjà loin d'être exhaustive au niveau factuel sur le sujet ! Donc tu comprendras que le souci de clarté oblige à bien cadrer les positions exprimées et que les rédacteurs de la brochure n' ont du coup pas distinguer les "mao" petits-bourgeois (qui sont liés au sujet) de l'opposition ML pro-chinoise au sein du Pcf (hors sujet, car appartenant à la question de la reconstruction d'un PC) |
Cette brochure a évidemment beaucoup de points positifs notamment ce qui touche en gros l'aspect historique jusqu'en 1960-68. Pour le reste comme le montre Xuan, la période 1968 à nos jours est très très discutable. Quand tu dis " les rédacteurs de la brochure n' ont du coup pas distinguer les "mao" petits-bourgeois (qui sont liés au sujet) de l'opposition ML pro-chinoise au sein du Pcf (hors sujet, car appartenant à la question de la reconstruction d'un PC) " tu donnes une "explication" qui pour moi est fausse. C'est volontairement et délibérément que le CHB dans sa brochure fait l'amalgame sur le sujet (d'ailleurs c'était déjà le cas dans une brochure un peu plus ancienne du CHB sur le Maoïsme). |
| | Posté le 13-08-2013 à 08:04:04
| AllXS a écrit :
A aucun moment le texte n'aborde les questions que tu soulèves sur le mouvement ML dans et hors Pcf. Il s'agit d'une brochure sur le trotskisme, à prétention théorique et déjà loin d'être exhaustive au niveau factuel sur le sujet ! Donc tu comprendras que le souci de clarté oblige à bien cadrer les positions exprimées et que les rédacteurs de la brochure n' ont du coup pas distinguer les "mao" petits-bourgeois (qui sont liés au sujet) de l'opposition ML pro-chinoise au sein du Pcf (hors sujet, car appartenant à la question de la reconstruction d'un PC) |
C'est un peu le reproche vois-tu, parce que le révisionnisme était devenu un facteur de division majeur au début des années 60. S'il s'agissait exclusivement du trotskisme, parler des groupes "maos" et de surcroît en oubliant la lutte contre le révisionnisme ne se justifiait pas. |
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