Sujet :

sur le terrorisme et ses causes

Xuan
   Posté le 08-01-2015 à 08:21:29   

source solidarite-internationale-pcf

2011, la France livre des armes aux islamistes en Libye. 2015, la Libye est une place forte du terrorisme islamiste


Article AC pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/



La France est en guerre. C'est la bonne résolution de 2015. A coup d'indignation humanitaire, le gouvernement a préparé l'ingérence en Syrie et en Irak. Elle prépare les conditions d'une seconde guerre en Libye. L'occasion de rappeler comment la France porte une responsabilité majeure dans le développement du terrorisme dans la région.

Depuis un mois, le Ministre de la Défense français Le Drian ne cesse de presser pour une intervention française en Libye , avec cherchant l'aval des pays africains. Des frappes aériennes, tandis que la France établit la base militaire de Madama à la frontière entre le Niger et la Libye.

Le Drian avance comme prétexte à l'intervention : la Libye devient un centre de formation pour djihadistes, un sanctuaire du terrorisme international.

La Libye, sanctuaire du terrorisme islamiste. A qui la faute ?


A qui la faute ? Il y a trois ans, la France sonnait l'hallali contre la Libye de Kaddafi. Le pays qui disposait de l'Indice de développement humain le plus élevé d'Afrique a sombré en quelques mois dans la barbarie que l'instauration de la Charia et la féodalisation du pays illustrent.

L'hypocrisie de la rhétorique sur les droits de l'Homme, sur la mission humanitaire de la France ne tient plus quand les libérateurs d'hier se révèlent sur leurs vrais visages : chefs de gang tribaux véreux, anciens bureaucrates kaddafistes corrompus, seigneurs de guerre islamistes.

La France n'a pas seulement envoyé plus d'un millier de missiles sur la Libye dans le cadre de l'opération Harmattan. Elle a aussi contribué à l'armement des forces rebelles, largement dominées par les forces islamistes , faisant basculer la situation sur le terrain.

Notre ami le Qatar, premier bailleur de la rébellion islamiste à Benghazi


Rappel rapide : le foyer de la rebellion contre Kaddafi venait de l'est, de Benghazi. Fief des islamistes radicaux, elle rassemblait aussi une bourgeoisie locale, issue pour partie de l'appareil d'Etat kaddafiste et du commerce international dans le principal port du pays.

Le Qatar a ouvertement soutenu la rébellion, d'abord en étant les premiers à reconnaître le gouvernement rebelle du CNT (Conseil national de transition) établi à Benghazi.

La monarchie absolue du Golfe l'a surtout armée. Les armes étaient convoyées en avion à Benghazi, puis redistribuées par bateau jusqu'à la ville encerclée de Misrata.

Après plusieurs mois de conflit, malgré les bombardements, le gouvernement de Kaddafi continue de résister tandis que la désorganisation des milices – plus attirées par le butin des pillages que structurées par la discipline militaire – fait craindre une débandade générale.

Les parachutages français : kalach et missiles anti-char Milan


C'est là où la France, en coordination avec le Qatar, a joué un rôle décisif. En juin 2011, selon une révélation du Figaro, elle organise plusieurs parachutages d'armes dites légères dans l'ouest et le sud du pays pour créer un nouveau front.

Ces armes « légères », ce sont des lance-roquettes, des fusils d'assaut, des mitrailleuses et des missiles anti-char Milan .

Officiellement, elles auraient été envoyées à des rebelles berbères – une minorité marginalisée culturellement, politiquement et prompte à la sécession – sur les hauteurs du Djebel Nafousa, aux portes de Tripoli.

L'émir Belhadj, le libérateur de Tripoli : d'Al Qaeda à la France


La réalité, c'est que le maquis passe rapidement sous contrôle d'Abdelhakim Belhadj et de sa « Brigade du 17 février ». Disciplinée, bien formée, au moral à toute épreuve, la Brigade de Belhadj va faire la différence et va prendre Tripoli en août 2011 marquant la fin du conflit.

La Brigade du 17 février est formée pendant trois mois au Qatar au début de la Guerre libyenne, financée et armée par le Qatar, les Emirats arabes unis et la France.

Belhadj n'est pas un inconnu. A seulement 45 ans, il est un vétéran de l'islamisme combattant . Ce libyen passé par l'Arabie saoudite s'est engagé fin des années 1980 dans le djihad contre l'URSS en Afghanistan – soutenu par les USA.

Il revient en Libye au début des années 1990, fonde le Groupe islamiste de combat libyen (GICL) qui mène de 1994 à 1998 une guérilla dans l'est du pays, tentant de renverser violemment Kaddafi . Après son échec, il trouve refuge en Afghanistan, chez ses amis talibans.

Passant d'Afghanistan au Pakistan, puis en Irak, il s'intègre aux cercles dirigeants d'Al-Qaeda, se rapprochant du chef de l'organisation dans ce pays, Moussab Al-Zarkaoui.

La CIA le traque, l'arrête en Malaisie en 2003, le passe à la « question » en Thailande dans une de ses prisons secrètes.

Il est ensuite livré à la Libye de Kaddafi – revenu en grâce au milieu des années 2000 dans le camp occidental. Nul ne sait si Belhadj a été retourné dans les prisons de la CIA. Promis à la mort, Belhadj est libéré en 2010 sur un ultime coup de poker de Kaddafi, espérant calmer ainsi les islamistes.

Mauvais calcul. Feignant le repenti, Belhadj prend la balle au bond et rejoint l'insurrection dès le début de l'année 2011 dans l'Ouest, sur les montagnes berbères. Il devient entre-temps l'agent privilégié du Qatar sur le terrain, le meilleur allié de l'Etat-major français.

Ce seigneur de guerre expérimenté se fait passer pour un homme de paix, cet islamiste matois pour un modéré incompris. De fait, il est l'homme le plus puissant de l'ouest libyen , contrôlant un ensemble de milices sur la base de l'islamisme, ainsi que du clientélisme et d'un certain charisme.

Le général Haftar, un agent de la CIA corrompu à la tête de la Libye


Un rôle qu'il partage avec le maître de l'Etat libyen, le Général Haftar. L'actuel chef de l'Etat-major libyen est capturé par les Tchadiens en 1987. Les Etats-unis le retournent, envisagent d'utiliser ses troupes pour lancer une attaque contre le régime de Kaddafi .

En fin de compte, il s'exile aux Etats-unis en 1990. Formé par la CIA, il tente d'organiser une insurrection en Libye au milieu des années 1990 (en même temps que le GICL de Belhadj), un échec.

Son retour en 2011 le conduit – après 25 ans d'absence – à reprendre immédiatement la tête de l'armée libyenne, grâce au parrainage américain.

Des militaires français au Mali face aux armes françaises parachutées en Libye
!

Pour revenir à la France, le conflit au Mali pose un certain nombre de questions. L'armée française a pu constater que les djihadistes étaient bien armées, dotés d'un armement moderne. Des armes qui proviennent pour bonne partie de Libye.

Les rebelles islamistes ont pillé les arsenaux capturés du régime, notamment ceux situés dans le Djebel Nefoussa à l'ouest, et dans la banlieue de Tripoli. Mais ils sont aussi profité des 40 tonnes d'armement – lance-roquettes, fusils mitrailleurs, explosifs – parachutés par la France.

Selon des sources convergentes maliennes, dès août 2011, les touaregs maliens avaient mis la main sur une partie des armes parachutées par les forces françaises dans les montagnes de l'ouest libyen.

Depuis la fin de la guerre en 2011, la Libye est devenue une plaque-tournante du trafic d'armes dans la région avec jusqu'à 1 million d'armes légères en circulation dans un pays qui compte à peine 3 millions d'habitants.

Soumise à la loi des milices locales, des brigades islamistes, la Libye est sans doute déjà devenue un camp d'entraînement régional pour les djihadistes, en particulier ceux de l'Etat islamique (EI). Des combattants qui ne viendraient pas de l'étranger mais auraient été recrutés sur place, parmi nos anciens alliés. Leur bastion se trouve à Benghazi, point de départ de la dite Révolution de 2011.

A l'heure où les pires crimes ciblés peuvent servir de prétexte pour les crimes de masse à venir, où la barbarie dont l'islamisme combattant est un visage, il est bon de rappeler ce que les médias gomment délibérément : la conscience historique des origines de la Terreur. Et de ses responsables qui sont parmi nous, et nous commandent.


Edité le 08-01-2015 à 08:58:31 par Xuan


Xuan
   Posté le 08-01-2015 à 10:17:46   

DECLARATION DES EDITIONS PROLETARIENNES



La rédaction de Charlie Hebdo est décimée par un attentat fasciste organisé par des fondamentalistes religieux .

Le 7 janvier 2015 : Des fondamentalistes religieux, organisent un carnage (12 morts) dans les locaux de Charlie Hebdo , lors de la conférence de rédaction, assassinant Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Philippe Honoré, Bernard Maris (connu sous le pseudonyme d’oncle Bernard)…

Cet attentat fasciste et l’émotion qu’il a provoqué ne doit pas nous faire oublier la responsabilité de l’impérialisme français (de Sarkozy à Hollande) dans les conditions qui ont permis cet attentat. Car ce crime fasciste est bien la conséquence d’une politique de déstabilisation et d’ingérences pratiquées par la France au Moyen Orient avec notamment son soutien aux fondamentalistes religieux qui fomentaient la subversion dans ces régions de la Libye à la Syrie. Les ingérences de la France en Syrie, entretenue par une propagande intense ont provoqué le renforcement de groupes terroristes comme Daesch.

Les crimes fascistes du 7 janvier 2015, sont pour certains, l’occasion à travers une « union nationale » d’idéaliser le journal Charlie Hebdo ou de passer sous silence la politique militaire de l’impérialisme français, alors que c’est bien celle-ci couplée avec une campagne de propagande notamment sur la Syrie qui a renforcé le fondamentalisme religieux. Il ne faut pas non plus taire dans ce contexte les conséquences des deux interventions militaires en Irak en 1991 et en 2003 sous l’égide de l’impérialisme américain qui ont déstabilisé la région et ouvert en grand la boite de Pandore des intégristes religieux.

Le Front National à travers Marine Le Pen essaie en se revendiquant de l’union nationale pour Charlie Hebdo de nous faire oublier que l’AGRIF organisation intégriste d’extrême-droite dont Bernard Anthony membre du FN jusqu’en 2008 est le président, avait intenté cinq procès, tous perdus, contre Charlie Hebdo .
L’union nationale proposée par Hollande est un rideau de fumée, pour faire oublier les responsabilités de l’Etat français dans l’éclatement de la Libye et dans le renforcement des groupes terroristes en Syrie.

Il faut se rappeler ce que disait le 13 septembre 2013 le Quotidien du Peuple au moment ou la France voulait intervenir ouvertement en Syrie :
" La Grande-Bretagne a abandonné l'idée de l'usage de la force contre la Syrie. Il s'agit là d'une décision responsable dont il faut se féliciter. Mais quid de la France ? Face à l'initiative " les armes chimiques contre la paix ", une partie des réactions françaises sont allées dans le sens contraire du courant qui se dessine. Le 11 septembre, le président français François Hollande a ainsi persisté à dire que, bien que la communauté internationale essayait de résoudre la crise en Syrie par des moyens diplomatiques, la France était toujours prête à user de la force contre la Syrie. Il semble que la France n'ait pas renoncé à son ancienne façon de penser, trouver une solution aux problèmes par la guerre.

La France, se souvenant probablement des lauriers faciles de l'action punitive en Libye, pense qu'il en ira de la Syrie comme de la Libye, que ce sera aisé. La France commettrait alors une grosse erreur. Comme nous le savons tous, la Syrie est la poudrière du Moyen-Orient. C'est le point de rencontre de toutes sortes de contradictions et de divers intérêts. Un proverbe chinois dit " tirez un cheveu, et le corps entier bougera ". Si la guerre civile continue en Syrie, non seulement le peuple syrien continuera à souffrir, mais la tranquillité des pays voisins sera rompue, et les intérêts français auront à en pâtir.
"

Il faut oser le dire clairement, et reconnaître que dans la situation : La lutte effective contre le terrorisme implique de renoncer à la déstabilisation de la Syrie et de coopérer avec son gouvernement pour éradiquer Daesh.
Elle implique aussi la sortie de l’OTAN et l’arrêt de toute forme de collusion avec le principal fauteur de guerre et de trouble dans le monde, les USA.



Edité le 08-01-2015 à 18:32:45 par Xuan


Xuan
   Posté le 08-01-2015 à 18:05:09   

LA POSITION DE DRAPEAU ROUGE SUR LA TUERIE DE CHARLIE HEBDO : FACE A TOUS LES REACTIONNAIRES, UNITE REVOLUTIONNAIRE !


source
également sur le blog de J. Tourtaux

Aujourd'hui, le 7 janvier 2015 au matin, deux personnes armées entrent à la rédaction du journal Charlie Hebdo et tirent à la kalachnikov sur les personnes présentes dans les locaux. Plusieurs journalistes et dessinateurs sont assassinés, ainsi qu'un ouvrier ou une ouvrière innocente chargée de la maintenance de l'immeuble. Au total les médias annoncent 12 victimes.

Selon les informations dont nous disposons à l'heure actuelle, l'attaque contre Charlie Hebdo aurait été effectuée par des réactionnaires religieux agissant au nom de l'Islam, plusieurs vidéos le laissent penser même si on ne peut exclure une manipulation.

Dans tous les cas, nous condamnons fermement la réaction religieuse, qu'elle massacre à Kobané, qu'elle soit un prétexte à la colonisation de la Palestine, ou qu'elle défile dans les rues en France pour lutter contre le mariage homosexuel. Nous savons que les institutions religieuses sont des forces réactionnaires qui ont toujours servi les intérêts des puissants.

Face à la misère sociale, au racisme et à la faiblesse du camp révolutionnaire, de nombreuses personnes en révolte et désabusées par cette société cherchent une réponse violente ou non dans la religion. Cependant, nous ne devons pas nous tromper de colère, ni de solution. L'exploitation et l'oppression sont des réalités matérielles fruits d'un système économique fonctionnant selon la loi du profit maximum. C'est la bourgeoisie qui crée la misère et personne d'autre. Nous ne devons pas attendre qu'une solution arrive d'ailleurs car face à l'exploitation, la seule solution est que celles et ceux qui font marcher la société, c'est à dire les travailleurs et travailleuses, prennent le pouvoir.

Suite aux crimes commis aujourd'hui, il y a eu de nombreuses réactions, beaucoup d'indignation ce qui est une bonne chose, cependant, un acte, aussi barbare et injustifiable soit il, ne doit en aucun cas nous embarquer vers une voie sans issue.

Non, il n'existe pas en France une grande union nationale derrière les valeurs républicaines qui transcenderaient les classes. Cela est d'autant plus faux que la bourgeoisie au pouvoir a une responsabilité dans les moments que nous vivons. L'impérialisme français, en exploitant les peuples du monde et intervenant militairement dans les pays du moyen-orient est responsable de la misère des peuples qui y vivent. Elle a également joué un jeu dangereux en soutenant certains groupes dans l'affrontement inter-impérialiste ayant eu lieu sur le sol syrien, ou encore en armant les mêmes qu'elle prétend combattre en Libye. Tous cela a engrainé la haine contre la France symbole d'oppression et a conduit à cette action armée. Ce sont les impérialistes qui créent les terroristes !

A cela s'ajoute le racisme ambiant et la montée des forces fascistes en France. Il est certes juste de se révolter contre ce racisme et le fascisme mais cette colère peut être instrumentalisée par des forces féodales réactionnaires. Charlie Hebdo qui est aujourd'hui visé par l'attaque n’est pas innocent sur cette question. Comme l'ensemble des médias français, il a participé à la montée de l'islamophobie en France en mettant de l'huile sur le feu au moment du soi-disant « débat sur l'identité nationale » à caractère islamophobe. Faire cela, au nom de la liberté de la presse, c'est mettre l'ensemble de la communauté musulmane ou personnes assimilées en danger face aux agressions racistes. Cependant, l'attaque pas plus que le racisme n'est justifiable. Le racisme alimenté au quotidien sert à diviser la classe et à maintenir la paix sociale. Nous ne combattons pas au nom d'une quelconque religion mais bien au nom de notre classe, la classe ouvrière multiculturelle et internationale. Ceux qui cherchent à nous diviser, qu'ils soient religieux ou bien politiques, sont des criminels.

Face à l’attentat contre Charlie Hebdo, il est certain que nous allons entendre hurler les loups. Le Front National et les réactionnaires vont profiter de ce crime pour accentuer un peu plus leur campagne raciste et chercher à jouer sur les sentiments d'indignation justes pour faire pénétrer ses idées fascistes dans les masses. La chasse au faciès menée par la police va s’intensifier. Marine Le Pen a annoncé qu'il fallait « libérer notre parole face au fondamentalisme islamique », ce qui sonne dans sa bouche comme étant « libérer la parole contre les musulmans » après les innombrables campagnes racistes, xénophobes et antimusulmanes dont son parti a fait preuve. Nous devons redoubler notre vigilance antifasciste car il y a fort à parier que les fascistes vont tenter de s'emparer de cet événement pour approfondir leur mobilisation réactionnaire, dans un climat où un rassemblement sous le mot d'ordre « islamistes hors de France » à l'appel de Riposte Laïque et Résistance Républicaine et soutenu par les fascistes de la Ligue de Défense Juive avait déjà été appelé le 18 janvier prochain à Paris, s'appuyant sur le mouvement similaire Pegida en Allemagne, reprenant le mot d'ordre des néo-nazis... ; où les fascistes de Lyon annoncent vouloir organiser par eux-mêmes la riposte ; où des « intellectuels » comme Finkielkraut, Zemmour et autres Houellebecq nous servent du discours en prime-time qui rappelle à nos anciens les années sombres précédant la 2ème guerre mondiale ; où le PS au gouvernement, en poursuivant les politiques racistes du précédent gouvernement ainsi que les politiques garantissant à la bourgeoisie ses profits basés sur l'exploitation toujours accrue des prolétaires, creuse le lit du fascisme ; et où les divers partis, organisations et groupes fascistes -FN en tête- poursuivent leur développement.

Nous devons donc accentuer notre vigilance antifasciste et nous opposer à leurs manoeuvres, car une fois encore les fascistes agissent en toute conscience, leur but est de nous diviser, de nous soumettre à l'ordre capitaliste, au diktat du patronat. Il est juste de rejeter le féodalisme religieux, il est juste d’être indigné par ces crimes, mais le fascisme est tout aussi criminel, et les islamophobes sont des barbares réactionnaires, tout autant que les terroristes ayant fait feu sur Charlie Hebdo. Cependant, les fascistes sont bien plus dangereux car ils se placent comme proposition stratégique pour la bourgeoisie dans sa lutte contre le prolétariat. L'exemple de lutte contre le féodalisme religieux qui doit nous inspirer est celui que nous montrent nos camarades Communistes à Kobané aux côtés des combattants et combattantes kurdes, démontrant ce qu'est en définitive la lutte contre les réactionnaires religieux féodaux : la lutte révolutionnaire ! D'autre part, nous ne devons pas confondre le sentiment religieux des masses et les fascistes qui s'appuient sur ce sentiment pour asseoir leur domination sur le peuple.

Nos mots d'ordre doivent donc être :
Pas d'union nationale derrière la république des bourgeois fauteurs de guerres et de misère !
Ne cédons pas à la propagande fasciste qui instrumentalise la barbarie pour faire le compte du patronat !
Dénonçons les réactionnaires religieux criminels qui servent à affaiblir nos luttes, à diviser le peuple et à propager des idées féodales dangereuses dans les masses populaires !
Solidarité avec les masses populaires musulmanes qui vont de nouveau subir une vague islamophobe après cette attaque !
Serrons les rangs autour de la classe ouvrière, seul rempart face à toutes les barbaries !

A BAS LES REACTIONNAIRES RELIGIEUX !

A BAS L'IMPERIALISME ET LE FASCISME !

FACE A LA REACTION, LA REVOLUTION !


Bloc Rouge (Unification des maoïstes)


Edité le 08-01-2015 à 18:32:27 par Xuan


Xuan
   Posté le 08-01-2015 à 23:34:15   

Enterrement de première classe

Ce qui se passe s’appelle un enterrement de première classe.
Charlie se voulait le poil à gratter des faibles contre les puissants. Au fil du temps son combat de la "démocratie" contre la "dictature" et de l'impertinence contre l'obscurantisme a fini par coïncider avec les injonctions des puissances impérialistes aux nations dominées. Charlie battait de l’aile pour s’être comme Icare frotté de trop près aux dominants.

Hier des terroristes ont détruit physiquement ses plumes, mais le coup de grâce viendra d'en haut : à présent les puissants achètent sa relique à coups de millions.
Que restera-t-il de l’esprit frondeur ?

On se souvient de la Une « bal tragique à Colombey : un mort »
La liberté d'opinion s'est arrêtée là. Elle n'ira pas plus loin avec les socialos, car elle s'arrête là où commence celle de la bourgeoisie.
Xuan
   Posté le 09-01-2015 à 13:44:42   

Soyons vigilants envers le risque de pogroms anti arabes et de fascisation


L'action terroriste a déjà eu pour conséquence des agressions contre une mosquée et un jeune arabe.
Simultanément une manifestation islamophobe est prévue à Paris.
Une pétition circule sur les réseaux sociaux afin de s'y opposer :


http://www.avaaz.org/fr/petition/A_ceux_qui_refusent_la_stigmatisation_des_musulmanes_Non_a_la_manifestation_islamophobe_du_18_Janvier/?toumYbb

Dimanche 18 janvier 2015, une manifestation anti-Islam au slogan « Islamistes hors de France » en plein cœur de Paris est organisée par deu x groupuscules : Riposte Laïque et Résistance Républicaine.

Il ne faut pas se laisser duper : ces organisations ne sont ni laïques, ni républicaines et encore moins résistantes. Coutumières des scandales racistes et islamophobes, ces groupuscules d'extrême-droite étaient notamment à l'origine des « apéros saucissons-pinards » et des « assises contre l'islamisation » en 2010. Ici le message de la manifestation de dimanche est clair : « Pegida-Zemmour-Houellebecq-Paris 18 janvier… En avant pour la Reconquista ! ». Les références sont claires : désir d'organiser des manifestations anti-Islam similaires au mouvement Pegida en Allemagne, adhésion aux thèses d'Éric Zemmour et Michel Houellebecq, volonté d'organiser une « Reconquista » c'est à dire combattre les musulman-e-s de France.

Bien qu'elle soit prévue de longue date, cette manifestation raciste entend surfer sur l'attentat meurtrier du 7 janvier qui a fait 12 morts à la rédact ion de Charlie Hebdo, comme le démontre un tweet paru le jour-même et relançant l'appel à manifestation.

Alors que des lieux de culte et un kebab ont déjà été ciblé par des réactions violentes et racistes suite à l'attentat du 7 janvier, alors que les amalgames entre les responsables présumés de l'attentat et la communauté musulmane vont bon-train, alors que la grande majorité des musulman-e-s de France dénoncent la démesure des personnes qui tuent au nom d'Allah, il nous paraît important de nous mobiliser contre la tenue du manifestation nauséabonde et islamophobe le dimanche 18 janvier.

Parce que nous sommes solidaires de tout cœur avec les musulman-e-s de France, victimes directes du racisme et victimes collatérales des attentats commis en leur nom, parce que nous serons toujours là pour nous opposer à un déferlement de haine et d'islamophobie dans nos rues, nous appelons à la mobilisation contre la manifestation raciste du 18 janvier !


Article sur StreetPress à propos de la manifestation en question : http://www.streetpress.com/sujet/1420627373-des-islamophobes-appellent-au-rassemblement-en-plein-coeur-de-paris

Brève sur Paris-Luttes.info recensant les actes islamophobes commis depuis le 7 janvier : http://paris-luttes.info/deferlante-raciste-et-islamophobe-2397


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Le risque de fascisation au prétexte du terrorisme menace réellement les libertés politiques et syndicales car les médias ont déjà évoqué l'application en France du Patriot Act.
Une loi dans ce sens était déjà en discussion en septembre 2014



Edité le 09-01-2015 à 13:47:54 par Xuan


Finimore
   Posté le 09-01-2015 à 16:55:22   

lu sur http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/communiques/article/contre-un-attentat-barbare-et

Contre un attentat barbare et contre ceux qui l’exploitent au nom de « l’unité nationale »


Lutte Ouvrière partage la profonde indignation provoquée par l’attentat commis le 7 janvier à Paris. Nous exprimons notre émotion et notre solidarité avec la rédaction de Charlie Hebdo et avec les proches des victimes, que pour certaines nous connaissions, ce qui nous touche d’autant plus.

Cet attentat est un acte ignoble. Il a visé des journalistes pour ce qu’ils ont dessiné et écrit, ainsi que ceux qui les protégeaient. Ceux qui emploient de telles méthodes ne sont pas seulement des ennemis de la liberté d’expression et de la liberté de la presse, ils sont par là même des ennemis des travailleurs, de leur liberté de s’exprimer et de s’organiser. Quelle que soit l’idéologie dont ils se réclament, leurs méthodes visent à imposer la dictature sur une population ou une fraction de population. Le terrorisme, qu’il soit employé par les États ou par des groupes cherchant à constituer un pouvoir d’État, vise à faire taire toute expression divergente, et il frappe toujours et surtout la liberté des opprimés de lutter contre l’exploitation qu’ils subissent.

En même temps, nous ne pouvons qu’être choqués par l’exploitation politique qui est faite maintenant de cet évènement par différents partis politiques et surtout par le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls. En appelant à l’unité nationale à partir de cet événement, il cherche à restaurer dans l’opinion un crédit qu’il a largement perdu de par toute sa politique. Il veut en particulier justifier, par cet attentat attribué à ce qu’on appelle des « djihadistes », les interventions de l’armée française en Afrique et au Moyen-Orient.

En agissant ainsi et alors qu’il prétend les défendre, le gouvernement trahit la mémoire des journalistes assassinés eux-mêmes. Ils étaient non seulement des ennemis irréductibles des idéologies religieuses, mais aussi des anti-militaristes opposés à toutes les expéditions militaires. Mais de plus, par une opération qui au fond est symétrique de celle que voudraient faire les « djihadistes », le gouvernement voudrait imposer sa politique comme la seule possible. Or les manœuvres et les opérations militaires des puissances impérialistes, menées en Afrique et au Moyen-Orient pour faire prévaloir les intérêts des grandes sociétés occidentales, portent elles-mêmes une lourde responsabilité dans le développement de bandes armées sans contrôle qui agissent dans ces pays, mais qui cherchent aussi à agir ici.

C’est pourquoi Lutte Ouvrière ne participera pas à des manifestations visant à faire prévaloir une unité nationale dans laquelle pourront se retrouver différentes forces politiques, du Parti socialiste à la droite et au Front national. L’instrumentalisation de l’attentat à Charlie Hebdo de leur part, pour des objectifs auxquels les journalistes assassinés eux-mêmes étaient opposés, est indécente, sans oublier la façon dont certains de ces partis chercheront à l’exploiter dans un sens raciste et xénophobe. Il n’est pas question de nous retrouver au côté de partis qui portent une grande part de responsabilité dans la situation de crise et dans la montée de la barbarie à laquelle on assiste et dont l’attentat à Charlie Hebdo n’est qu’une manifestation de plus.

Lutte Ouvrière exprime encore une fois toute son indignation, sa solidarité avec les victimes et leurs proches, et continuera à lutter pour la liberté d’expression et de critique, à commencer par la liberté des travailleurs et de tous les exploités de lutter contre cette société capitaliste d’exploitation et d’injustice, que toute la politique de ce gouvernement vise à maintenir.
Xuan
   Posté le 09-01-2015 à 18:36:12   

Je publie ici le témoignage de Jacques Cros sur le site faire vivre le pcf, commentant l'article de D. Bleitrach "A des amis qui ne mesurent pas l’importance de ce qui se passe en France" :

"Quand je suis arrivé peu avant 18 h sur la place de la mairie ce jeudi 8 janvier elle était noire de monde, Il faisait déjà sombre et il était difficile de retrouver les connaissances, pourtant nombreuses, dans la foule, C’est qu’à Béziers comme partout en France l’émotion est forte après l’attentat perpétré la veille lors de la conférence de rédaction de Charlie Hebdo,

Les orateurs qui se sont succédé ont souligné leur attachement à la liberté d’expression, Ils ont condamné le terrorisme qui s’est manifesté dans l’acte insensé qui s’est soldé par l’assassinat de douze journalistes ou policiers et les blessures graves infligées à d’autres,
Nous avons apprécié l’allocution d’Aimé Couquet qui a mis en exergue le climat de violence que développe la crise économique et sociale que nous vivons, Cette donnée ne peut pas être évacuée dans le débat, On ne peut pas, sous prétexte d’union nationale, faire l’impasse sur toii ce qui nourrit le terrorisme, A noter que son intervention a été coupée par des applaudissements,

Evidemment on était dans l’attente un peu inquiète du discours de Ménard, On sait que son idéologie xénophobe le positionne mal pour appeler à la fraternité avec les musulmans pourtant présents dans l’assistance, Ses propos sur Beyrouth ou Kaboul ont été mal reçus et des huées se sont fait entendre, De même ses allusions à l’infiltration dans nos villes et nos villages d’e populations étrangères étaient mal venues Mal placées également de vanter les opérations militaires dans lesquelles la France s’est engagée, notamment en Afghanistan, Ce n’est pas sans conséquences que le maire de Béziers se réclame du colonialisme et va se recueillir sur la stèle aux factieux de l’OAS,

Après la minute de silence que j’ai observée en solidarité avec les victimes j’ai préféré quitter la place plutôt que de faire chorus avec ceux qui ont chanté La Marseillaise dans un esprit qui m’est pas le mien, celui du règlement par les armes des contentieux,
Alors non au terrorisme mais pas seulement à celui qui émane du dévoiement de l’Islam, Les Palestiniens connaissent un terrorisme d’une autre nature et en Irak ou en Syrie les musulmans sont les premières victimes du djihadisme"


Jacques Cros



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Egalement le commentaire de Andres.bryant

La seule chose qui n’est pas juste c’est de tomber dans le panneau de l’ "unité nationale", de l’ "union sacrée", de l’ "union nationale", où l’on côtoierait les responsables de cette dérive - la droite décomplexée et le droite camouflée en rose, celle qui a été à l’Elysée avec Sarkozy et celle qui y est encore avec son collègue Hollande, ces gens qui ont créé les conditions pour que se produise une telle horreur, et qui en profiteraient pour occulter leurs responsabilité et pour se refaire une virginité de républicanisme sur le dos des victimes !

Pour info
http://www.sitecommunistes.org/ch385union.htm

Nous saluons les victimes de l’attentat criminel du 7 janvier contre « Charlie Hebdo ».
Nous condamnons cet attentat contre un organe de presse. Seul le combat politique contre les idées et les mots d’ordre véhiculés par les médias permettra d’établir dans notre pays l’indispensable liberté de la presse pour laquelle nous luttons.
Nous enregistrons que cet attentat a été condamné par les responsables de la religion musulmane de France et du monde.
Nous dénonçons l’utilisation politique de cet assassinat. Le Président de la République et son gouvernement, le patronat et son MEDEF, les partis politique de Mélenchon au Front National, des « personnalités » etc., appellent ensemble à l’ « union nationale ».
Nous dénonçons cette nouvelle version de l’union sacrée qui efface une réalité sur laquelle nous reviendrons. « La France est le pays le plus engagé militairement derrière les Etats-Unis. 8.000 soldats français sont déployés en opération extérieure principalement en Afrique et au Moyen-Orient » indique le journal « Les Echos ».
Nous dénonçons cette Union sacrée qui veut rassembler, une fois de plus, les exploiteurs ces grands industriels et financiers, leurs gouvernements et celles et ceux qu’ils exploitent, les travailleurs et le peuple.
Une réalité demeurera toujours tant que le capitalisme existera, celle de la lutte des classes.
Xuan
   Posté le 09-01-2015 à 20:40:18   

Rohani:"Iran condamne le terrorisme que ce soit "au PO, en Europe et aux USA"


Al Manar



Le président iranien Hassan Rohani a déclaré que l'Iran condamnait "la violence et le terrorisme" que ce soit au Proche-Orient, en Europe ou aux Etats-Unis, ont rapporté vendredi les médias iraniens.

"La violence et le terrorisme est condamnable que ce soit dans les pays de la région, en Europe ou aux Etats-Unis" , a déclaré le président Rohani 48 heures après l'attentat mortel contre le magazine satirique français Charlie Hebdo.

"Ceux qui, injustement au nom du jihad, de la religion et de l'islam, assassinent et mènent des actions violentes et extrémistes, provoquent l'islamophobie qu'ils le veuillent ou non" , a déclaré le président Rohani.

Il a affirmé que l'Iran soutenait "tous les peuples qui combattent le terrorisme" en ajoutant que son pays était "très satisfait que les peuples musulmans de la région, que ce soit en Irak, en Syrie, au Liban, en Palestine ou encore au Pakistan et en Afghanistan résistent face au terrorisme et l'extrémisme" .

L'Iran a dénoncé mercredi l'attentat contre Charlie Hebdo estimant que "tout acte terroriste contre des innocents est étranger à la pensée et aux enseignements de l'islam" .

L'imam de la prière du vendredi de Téhéran, l'ayatollah conservateur Ahmad Khatami, a également condamné "fermement l'attaque terroriste en France" .

"L'islam ne permet pas qu'on tue un innocent que ce soit à Paris, en Syrie, En Irak, au Yémen, au Pakistan ou en Afghanistan" , a-t-il déclaré.


Mercredi, lors d'une conférence sur l'unité islamique entre les chiites et les sunnites à l'occasion de l'anniversaire du prophète Mahomet, le président Rohani avait affirmé qu'il fallait présenter au monde le "vrai visage" de l'islam face aux actions des extrémistes.

"L'islam n'est pas une religion extrémiste et violente, c'est une religion de tolérance, de miséricorde et de modération" , avait-il déclaré.


Source: AFP

09-01-2015
Xuan
   Posté le 10-01-2015 à 00:02:49   

Ci-dessous plusieurs déclarations que nous ne partageons pas dans leur intégralité, mais qui ne chantent pas la Marseillaise.
Celle de Bibeau a déjà été publiée ici par ses soins.



___________________


Association des Amis du Manifeste

Exécutions à Charlie Hebdo. Contre tous les réactionnaires : Nous Sommes Révolutionnaires





Nous reproduisons ci-dessous la déclaration de l’OCML-Voie Prolétarienne (Organisation Communiste Marxiste Léniniste) qui va beaucoup plus loin dans l’analyse politique que la plupart des organisations officielles.

Cette déclaration est suivie de celle du syndicat CNT-SUB et d’un article de notre camarade Robert BIBEAU.

Nous ne pensons pas que le terrorisme quel qu’il soit et d’où qu’il vienne puisse être une voie d’émancipation. En l’occurrence, si la piste de l’islamisme politique se confirme, il s’agit d’une des pires idéologies réactionnaires, un fascisme religieux parmi d’autres prônant l’asservissement individuel et collectif.

Les organisations terroristes sont souvent des jouets entre les mains des Etats impérialistes destinées à terroriser les populations et permettre à ces mêmes Etats de renforcer la dictature du Capital autour de l ‘Etat, de l’unité nationale et du consensus républicain.

Les moyens policiers et militaires mis en œuvre témoignent de ce renforcement et l’on peut parier qu’ils donnent de l’eau au moulin fasciste.

L’état bourgeois dans un système en crise n’a pas d’autre choix que de recourir à la violence. Ainsi, si le capitalisme a développé un certain universalisme, il l’a fait contradictoirement dans les plus extrêmes violences, destructions et désappropriations.

Les guerres mondiales, coloniales et néocoloniales actuelles sont les fruits de cette mondialisation mais aussi du pourrissement des Etats bourgeois qui n’hésiteront pas à recourir à des moyens dictatoriaux pour écraser les prolétaires qui sont en plein désarroi.



Alors il n’y a qu’une solution : transformer les luttes sans lendemain en luttes générant une force organisée de classe capable d’en finir avec le règne de la bourgeoisie.

C’est au regroupement et à l’offensive des communistes que nous appelons dès aujourd’hui.

Bureau de l’AAM – 8 janvier 2015 Association des Amis du Manifeste


Edité le 10-01-2015 à 00:18:35 par Xuan


Xuan
   Posté le 10-01-2015 à 00:03:35   

Déclaration de l’OCML Voie Prolétarienne, le 07 janvier 2015


Ce qui vient de se produire à Charlie Hebdo est terrible. Nous sommes consternés par ces morts tragiques et l’assassinat des journalistes et des employés de Charlie Hebdo. Nos premières pensées vont aux familles, aux proches, et leurs collègues.

Nous sommes incrédules et choqués par cette exécution. Nombre d’entre nous se souviennent des débuts de Wolinski dénonçant les réactionnaires gaullistes ou d’un Cabu raillant les « beaufs » machos et racistes. Pour autant nous ne partageons pas la ligne de Charlie Hebdo, servant des stéréotypes racistes, sexistes et homophobes. Ce glissement est l’un des symptômes du repli « communautaire blanc » d’une partie des Français, particulièrement de la petite-bourgeoisie, qui, déboussolée par l’instabilité du monde, cultive le repli sur soi et la peur de l’autre.

Nous sommes incrédules et choqués par le climat d’agitation, largement entretenu par les médias, autour des thèmes favoris de l’extrême droite de la prétendue « islamisation » de l’Europe. Nous condamnons les récupérations racistes, qu’elles soient anti-arabes, antimusulmanes ou anti-immigrés.

Nous sommes incrédules et choqués par les appels à « l’Union Nationale » pour la défense de la République, main dans la main, toutes tendances politiciennes confondues. Aucune union n’est possible quand la démocratie n’existe que pour les dominants et les exploiteurs, aujourd’hui rassemblés dans la lutte contre le « terrorisme ».


L’Union Sacrée


Nous sommes incrédules et choqués du silence sur la responsabilité de l’impérialisme, dans le développement actuel de groupes réactionnaires terroristes, qui profitent de la déstabilisation des occupations et interventions militaires impérialistes en Afrique et au Moyen-Orient.

Incrédules et choqués, nous restons déterminés à dénoncer tous les crimes réactionnaires, et les morts tombés sous les coups des racistes, des fascistes et des balles policières, à Kobané, à Gaza, à Ferguson comme à Paris. Car nous n’avons pas l’indignation sélective.

Incrédules et choqués, plus que jamais, nous affirmons que la seule alternative à la barbarie est la lutte pour la révolution socialiste ! La crise mondiale de l’impérialisme s’aggrave sur tous les plans. La guerre économique mondialisée s’intensifie. Mais c’est aussi une crise des idées, des projets, du futur. Nous vivons une période de confusion où les peuples cherchent une issue. Pour nous, le futur est du côté des luttes populaires et révolutionnaires, comme en Inde, aux Philippines, mais aussi en Europe sous des formes différentes, en Grèce et en Espagne, dans les pays arabes, au Kurdistan…

Les responsabilités de toutes celles et ceux qui se disent communistes, révolutionnaires, antifascistes ou progressistes est de ne pas laisser le champ libre à toutes les variantes réactionnaires, qu’elles que soient leur étiquette.

L’attentat à Charlie Hebdo n’est qu’un moment de l’accentuation de cette crise, et il faut s’attendre à d’autres éclats et soubresauts tragiques. Pour ne pas les subir seuls, pour mieux comprendre la situation actuelle (et les enjeux qu’elle porte), il nous faut plus que jamais nous regrouper.

Pour construire un autre futur, Nous Sommes Révolutionnaires
Xuan
   Posté le 10-01-2015 à 00:05:46   

http://www.cnt-f.org/subrp/spip.php?article696


FrédéricFrédéric Boisseau, 42 ans, agent d’entretien


Frédéric Boisseau, 42 ans, agent d’entretien, employé de Sodexo, a trouvé la mort hier dans l’attentat meurtrier contre le comité de rédaction du journal Charlie Hebdo.

Dans l’aveuglement et la folie guerrière qui a poussé deux hommes à s’attaquer, armes en mains, à l’hebdomadaire satirique qui voulait opposer aux fanatismes religieux la seule force de la dérision, Frédéric Boisseau a lâchement été abattu, par ceux-là même qu’il aurait pu croiser au pied d’une cité de banlieue, au rayon poissonnerie d’un supermarché, ou reconnaître dans le livreur de la pizza qu’il aurait commandé.

Car il semble bien qu’en cette affaire, ce sont des meurtriers issus des classes populaires qui ont tué ce travailleur destiné à l’oubli.

> Frédéric Boisseau ne participait pas au comité de rédaction du mercredi de Charlie Hebdo,
> Frédéric Boisseau ne passera pas à la postérité pour les dessins ou articles qu’il aura produits,
> Frédéric Boisseau n’aura sûrement pas non plus l’hommage posthume réservé aux policiers tombés en service commandé.
> Frédéric Boisseau demeurera invisible comme le sont aujourd’hui l’ensemble des travailleurs qui œuvrent à la maintenance des bureaux, des immeubles, des rues de nos villes.

Pourtant comme chacune des victimes, il avait sûrement une famille qui l’aimait, des amis qui goûtaient sa présence, des collègues qui l’appréciaient.

C’est vers eux que se tournent nos condoléances de ce triste jour.

Dans le mouvement citoyen qui a mis hier, sur les places publiques, de nombreux français pour la défense de la liberté d’expression, notre syndicat ne peut faire que l’amer constat d’une désespérance sociale qui crée au sein de la classe ouvrière des antagonismes communautaires, ethniques ou religieux.

Dans cette situation, les syndicats, comme organisations de classe, ont toute leur responsabilité, mais aussi tous leurs devoirs pour y remédier.

CNT-SUB-RP .Paris, le 8 janvier 2015.


Edité le 10-01-2015 à 00:06:21 par Xuan


Xuan
   Posté le 10-01-2015 à 00:31:59   

La Syrie condamne vivement l’agression terroriste contre le Journal Charlie Hebdo à Paris

08/01/2015

source Sana

Damas / Une source officielle au ministère des Affaires étrangères a condamné vivement l’agression terroriste contre le journal Charlie Hebdo à Paris qui a fait un grand nombre de victimes.

La source a présenté ses vives condoléances aux familles et aux collègues des victimes.

La source a déclaré que cet acte terroriste démontre clairement le danger que représente le terrorisme takfiriste qui compromet la stabilité et la sécurité de tout le monde, et confirme de nouveau le besoin de politiques sérieuses pour éradiquer ce phénomène.

La source a ajouté que la Syrie a tant averti des dangers du soutien du terrorisme qui reviendra à ses souteneurs et que les menaces et les événements survenus dans plusieurs pays européens confirment le manque de discernement des politiques européennes qui assument la responsabilité des sangs qui s’étaient coulés en Syrie.

La Source a réitéré l’appel de la Syrie à corriger les politiques erronées et à s’engager à la lutte contre le terrorisme sous ses différentes formes suivant la légalité internationale.

A noter que 12 personnes ont été tuées, dont deux policiers, et des autres ont été blessés hier par une attaque armée contre le journal français /Charlie Hebdo/ au centre de Paris.

R.B.
Xuan
   Posté le 10-01-2015 à 20:01:54   

Attaques fascistes : riposte de masse et populaire !



Drapeau Rouge

Dans notre précédent communiqué, nous mettions en garde contre une poussée d'actes racistes, islamophobes et d'attaques fascistes.

Malheureusement, nos analyses se sont avérées justes. en effet, de nombreuses actions islamophobes se sont déroulées depuis. A Villefranche-sur-Saône un Kebab à proximité d'une mosquée a été la cible d'un attentat à la bombe ; au Mans, à Port la Nouvelle (Aude), à Saint Juéry (près d'Albi – Tarn), à Vendôme (Loir et Cher) il y a eu des tirs sur la moquée, ainsi que contre un commerce (Vendôme) ; à Aix les Bains, la mosquée a subi un incendie ; à Poitiers, « Mort aux Arabes » a été tagué sur la mosquée ; à Bayonne, c'est « Assassins » et « Sales Arabes » ; à Rennes, c'est « Er Maez Arabed » (« Arabes Dehors » ) ; à Béthune, sur le chantier de la mosquée, c'est « Dehors les Arabes » qui a été tagué ; à Liévin, ce sont des croix gammées et des slogans nazis qui ont été tagués, et une tête de cochon déposée sur le chantier ; à Corte (Haute Corse), une tête de sanglier a été accrochée à la salle de prière et des viscères répandus dans cette dernière ; à Caromb (Vaucluse), une voiture appartenant à une famille musulmane a été criblée de balles ; à Bourgoin-Jallieu (Isère), un jeune de 17 ans a été passé à tabac en marge de la minute de silence après avoir subi des injures racistes ; sans compter les innombrables tags racistes et islamophobes qui ont fleuri partout en France, ou les simples lettres « FN » marquées sur la route à l'entrée de nombreux villages.

Les attaques qui existaient déjà avant, se multiplient et celles dont les médias parlent ne constituent que la partie émergée de l’iceberg car les masses n’ont aucune confiance en l’Etat et bien souvent ne portent pas plainte.

Ces attaques ne sont pas des faits anodins, ce ne sont pas des réactions extrêmes face à un acte extrême, ce sont des attentats fascistes qui ciblent les masses musulmanes ou assimilées.

Pourquoi ces attaques fascistes sont-elles possibles ?

Premièrement, la société française est fondamentalement raciste. La ségrégation sociale et économique des minorités le prouve. On retrouve une autre preuve dans le fait que les medias puissent penser et présenter les musulmans comme représentant un groupe homogène.

On voit aussi le soupçon porté sur tous les musulmans, ou ceux et celles identifiés comme tels, dans la volonté des medias de sommer les musulmans de s’exprimer sur l’attaque de Charlie Hebdo avec cette idée qu’il n’y a pas d’alternative : tu dois aimer la France telle qu’elle est et en plus le crier ou alors tu es un « terroriste » !

C’est cela qui permet aux fascistes de désigner les « musulmans » comme coupables dans leur totalité.

Ensuite, il faut voir le lien avec les discours des politiciens.

Marine Lepen appelle à « libérer la parole sur l'islam radical », ce qui signifie dans sa bouche encourager les discours racistes tout en sachant bien que les actes suivront. Aujourd'hui c'est chose faite,les chiens sont lâchés, la parole est débridée et le racisme d'autant plus décomplexé. Ce phénomène n'est pas spontané mais est le fruit d'un processus de progression du fascisme en France, mais également dans d'autres pays d'Europe ; citons l'exemple des manifestations islamophobes en Allemagne.

Dans le même temps, Marine le Pen est récompensée en étant reçue par Hollande à l’Elysée.
L’antiracisme débile de la gauche bobo à la SOS racisme, pour qui le racisme est limitée à de l’impolitesse, vole en éclats. Forts de tout cela, les fascistes s'appuient sur l'indignation populaire pour diviser le peuple en montant les communautés les unes contre les autres. Il font une propagande visant à déclencher une guerre raciste contre une partie du peuple. Et passant de la parole aux actes, commencent à commettre des attentats racistes.

Face à la montée du fascisme qui se fait de plus en plus pesante aujourd'hui, la classe ouvrière doit serrer les rangs derrière ses propres intérêts et ne pas tomber dans le piège de la division. Nous devons rester soudés avec nos sœurs et frères de classe sans distinction d'origine ou de confession religieuse et prendre notre place dans l’autodéfense de celles et ceux qui seront attaqués.

Aujourd'hui, la montée du fascisme est une menace bien plus dangereuse que les réactionnaires religieux, car il se place comme proposition stratégique au service de la bourgeoisie pour continuer à opprimer le peuple. Les féodalistes peuvent commettre des attentats, ce qui est bien sûr dramatique, mais il ne peuvent être une perspective politique pour la bourgeoisie et donc accéder au pouvoir. Les fascistes eux, par contre peuvent faire bien pire que des attentats en France, ils ont la possibilité de mettre en place une dictature terroriste ouverte et entièrement dirigée contre la classe ouvrière, cela pour assurer la défense des intérêts du capital financier, c'est à dire de la branche la plus réactionnaire de la bourgeoisie.

Dans cette période trouble, il est plus que jamais nécessaire de ne pas se tromper d’ennemi et de ne pas céder aux discours racistes des partis fascistes comme le Front National. La lutte qui se mène est bien une lutte classe contre classe et non un combat « race contre race » ou un pseudo « choc des civilisations » ! Les fascistes sont nos ennemis, ils sont les soutiens et les défenseurs du patronat, les troupes de choc prêtes à faire rentrer dans le rang la classe ouvrière pour assurer la pérennité de la loi du profit maximum pour les exploiteurs.

Ne tombons pas non plus dans le piège de l'union nationale prônée par le gouvernement. Il n'y a aucun intérêts communs entre exploités et exploiteurs, et leur république c'est celle du profit, celle qui pille la planète et asservi les peuples, et non celle des travailleurs. C'est l'union nationale qui a poussé la classe ouvrière dans les massacres de la première guerre mondiale, enchaînant les prolétaires aux intérêts du patronat. Les valeurs de la républiques sont avant tout les valeurs de la bourgeoisie. Non nous ne nous unirons pas avec les fauteurs de guerres qui ont créé la situation actuelle par les différentes interventions impérialistes. Non nous ne nous unirons pas derrière le racisme d'état, ni derrière un gouvernement anti populaire étant à la pointe des attaques contre les travailleurs et travailleuses ces dernières années.

Contre les attaques fascistes et l'offensive de la bourgeoisie qui voudrait nous enchaîner par l'unité nationale, organisons nous derrières nos propres intérêts, et opposons leur l'unité de la classe ouvrière. Développons un large front antifasciste et prolétarien !

Solidarité avec les masses populaires musulmanes ou assimilées qui subissent de plein fouet la vague islamophobe !

LUTTONS CONTRE LES ATTENTATS FASCISTES !
A BAS L'UNITE NATIONALE !
VIVE L'UNITE DU PROLETARIAT !


Nous appelons d'ores et déjà à rejoindre l'initiative « Face aux islamophobes, autodéfense populaire ! » le 18 janvier 2015 (plus d'informations suivront).

Bloc Rouge (Unification des maoïstes)


Edité le 10-01-2015 à 20:02:19 par Xuan


Xuan
   Posté le 11-01-2015 à 00:19:17   

Coordination Communiste 59/62




Communiqué suite à l'attentat contre Charlie Hebdo


La Coordination Communiste 59/62 dénonce la barbarie qui a frappé le journal Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier. Elle présente toutes ses condoléances aux familles des victimes et à leurs proches.

Cet attentat a frappé de stupeur des centaines de milliers de nos concitoyens qui se sont rassemblés dès le premier soir dans de très nombreuses villes. Il plonge dans l’inquiétude les musulmans de France, et au-delà toutes les populations d’origine maghrébine qui, instruits par l’expérience, savent que vont repartir de nouveau les amalgames et les stigmatisations.

Au-delà en effet des 12 victimes de ce carnage, nous pensons aux victimes « collatérales » : les musulmans, cibles privilégiées d’une islamophobie galopante dont un Zemmour ou un Houellebecq sont l’expression les plus récentes, et de façon générale tous les « arabes » vite désignés à la vindicte publique par cette frange raciste de la population française chauffée à blanc par le FN depuis 30 ans.

Sur le plan politique, le FN ne peut que tirer profit de cette situation : non seulement parce qu’il surfe sur ce climat réactionnaire de rejet du bouc-émissaire musulman « naturellement intégriste », mais parce que le climat d’« Union sacrée » va aujourd’hui jusqu’à intégrer le FN qui peut, lui aussi, proclamer que « il est Charlie ».

La Coordination Communiste met en garde contre les risques d’aggravation du mal que l’on veut combattre si la nécessaire et légitime expression de l’émotion et de la solidarité avec les victimes se mue en un vaste front républicain d’Union Sacrée au lieu de rechercher les causes profondes de ce drame afin d’éviter qu’il ne se reproduise.

Or rechercher les causes profondes, c’est nécessairement s’interroger sur le contexte de la montée de l’islamophobie, forme moderne de l’arabophobie, et ses conséquences.

A la lutte des classes, les idéologues du capitalisme voudraient substituer le « choc des civilisations », la soi-disant guerre des cultures. L’islamophobie est ainsi une arme pour la division des travailleurs.

Cette islamophobie est largement nourrie par un racisme d’Etat : depuis Peugeot dans les années 80 quand les grévistes étaient traités de « terroristes » en passant par l’interdiction de porter le voile dans les années 90. Parallèlement, la religion musulmane est présentée comme un frein à l’intégration de ses jeunes pratiquants et même l’explosion des banlieues de 2005, issue de la misère croissante qui y règne, est désormais présentée comme un problème culturel provoqué par les difficultés d’intégration des jeunes musulmans dans la société française.

Par cette stigmatisation, certains jeunes les plus fragiles sont ainsi, par réaction, offerts en pâture par le gouvernement aux extrémistes obscurantistes qui mènent le combat contre le PKK et Bachar El-Assad au Kurdistan et en Syrie.

Pourtant, l’impérialisme français n’est plus du tout regardant sur ces pseudos incompatibilités culturelles quand ces mêmes musulmans obscurantistes sont des dirigeants politiques bourrés de pétro dollars comme au Qatar ou en Arabie Saoudite. Le droit des femmes n’a pas le même poids en Iran et dans ces deux pays.

De même, le gouvernement français s’embarrassait de beaucoup moins de considérations éthiques sur les possibles incompatibilités avec les valeurs de la religion musulmane quand il s’agissait de faire la chasse aux dirigeants nationalistes d’Irak, de Libye, de Syrie en formant, en armant, en soutenant financièrement des groupes terroristes obscurantistes qui ne savent semer que le chaos et la mort. C’est tout de même la France officielle qui, la première, a reconnu en octobre 2011 le « Conseil National Syrien » à dominante intégriste.

L’Etat islamique (DAESH) à la frontière de la Turquie et de la Syrie est le dernier exemple médiatique. Le gouvernement français a beau jeu de dénoncer aujourd’hui ceux qu’il a contribué à nourrir pour déstabiliser le régime de Bachar El-Assad pas assez coopératif avec ses intérêts.

A l’inverse, quand en juillet 2014 on mourrait à Gaza sous les bombes et que des milliers de citoyens en France, très majoritairement de confession musulmane, voulaient exprimer leur colère, le gouvernement PS prenait la décision gravissime d’interdire une manifestation. Ce « deux poids deux mesures » dans la nécessaire compassion face aux victimes participe, aussi, d’une stigmatisation d’une partie de la population de ce pays.

La Coordination Communiste est attachée à la défense de la laïcité, fondement de notre République, mais d’une laïcité qui ne stigmatise pas les religions et en particulier la religion musulmane, religion de minorités opprimées en France.

La Coordination Communiste est également convaincue que le combat politique et social contre le capitalisme et pour une autre société plus juste, plus solidaire, implique une rupture nette avec le gouvernement PS, au risque sinon de servir de marche-pied au Front national.

L’union du peuple contre la barbarie terroriste ne signifie pas l’union sacrée politique.

La Coordination Communiste participe et continuera à participer aux hommages rendus aux victimes.
Xuan
   Posté le 11-01-2015 à 15:30:44   

Sur le blog de Saïd Bouamama

L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO : L’OCCULTATION POLITIQUE ET MEDIATIQUE DES CAUSES, DES CONSEQUENCES ET DES ENJEUX



Publié le 11 janvier 2015 par bouamamas


« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. »
Bertolt Brecht

L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non [1] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.
Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.

En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.




L’occultation totale des causes

Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ?

Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison » [2]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.

Regard sur le ventre fécond de la bête immonde

Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.
La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :

« La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. » [3]



Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater. [4] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires. [5] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.

Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.

Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël » . [6]

Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques.

Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.

Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).

Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.
Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ». [7]



La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq.
Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité.

Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.

Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches. A cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.

La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.). [8]

L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.

De quoi accouche un tel ventre ?

Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.

Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?).
Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».

A ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.

La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? » . [9]

Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.
L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche » .

Une formidable instrumentalisation politique

Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.

* Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques

Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ». [10]
Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.

* L’unité nationale

La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement.
Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.

* L’injonction à se justifier

Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.
Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.
Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.

* Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?

Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.
Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.
Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.
Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux.
Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.
Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes.
Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.
Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».
Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.

[1] Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même
[2] Sophie Wahnich, La révolution française, un évènement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.
[3] Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.
[4] Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.
[5] Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.
[6] Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.
[7] Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.
[8] Voir sur cet aspect mon dernièr article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, http://bouamamas.wordpress.com/
[9] Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer., consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.
[10] Le Parisien du 8-01-2015.


Edité le 11-01-2015 à 15:31:33 par Xuan


Xuan
   Posté le 11-01-2015 à 19:10:59   

La position du ROCML ici
Finimore
   Posté le 16-01-2015 à 09:52:16   

Ci dessous la réaction en date du 8 janvier, de Pierre Zarka ancien directeur de l'Huma et ancien membre du cc du PCF.
Il m'a autorisé à passer ce message sur internet.

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J’ai la rage.

Je suis déchiré. J’ai connu Charb, Tignious, qui ont œuvré à l’Humanité, Cabu, Bernard Maris à l’Université de Paris VIII et surtout Georges Wolinski avec lequel Josiane et moi avons passé de mémorables soirées entre discussions passionnées et rigolades. Leur mort est affreuse et injuste. Injuste car ils étaient des antiracistes. Georges était militant ; le combat des opprimés et de ceux qui étaient désignés à la vindicte était toujours le sien. Goguenard, ironique avec lui-même, ce qui frappait, c’était sa gentillesse mais aussi sa crainte de voir les valeurs de l’arrogance et de l’argent prendre le pas sur tout idéal.

Ce ne sont pas de simples amuseurs qui ont été massacrés mais des porteurs de symbolique de l’héritage de 68, de l’esprit critique et subversif.

Toute aussi injuste et indécente est cette tentative de récupération au nom de l’unité nationale. Jamais l’un d’entre eux n’aurait voulu être associé aux responsables des interventions militaires en Afrique ou en Orient, de la formation de quartiers de relégations, du chômage, des discriminations qui génèrent la rancœur, du refus obstiné que quiconque vive en France ne soit pas considéré comme citoyen à part entière. Loin de moi, la moindre mansuétude à l’égard de bourreaux aveuglés par la haine. Au contraire, ils servent à diviser les exploités et de paravent pour que tout continue.

Je ne puis m’empêcher de me souvenir qu’après la Révolution égyptienne, le combat populaire s’ était alors tourné contre les intégristes jugés cheval de Troie du libéralisme. A l’époque, « l’Occident »qui revendiquait lutter contre les intégristes a condamné les peuples concernés quand ils voulaient le faire eux-mêmes. Depuis la chute du Mur, ces gouvernants n’ont de cesse de fournir à leurs peuples des ennemis à redouter. Si possible de l’intérieur, ethnicisant le prolétariat pour renouer avec les « classes dangereuses ». Ces gouvernants n’ont aucun droit à porter le deuil. C’est le deuil de celles et ceux qui combattent racisme et amalgame, qui considèrent qu’un peuple ne se définit pas par sa « souche » mais par ses actions communes.

Pierre Zarka


Edité le 16-01-2015 à 09:53:41 par Finimore


Xuan
   Posté le 16-01-2015 à 13:46:15   

Pas d'accord avec Zarka. Ceci n'ôte rien à la nature raciste de la dernière couverture de Charlie. "tout est pardonné" ... à qui ?
La symbolique de mai 68 était une auberge espagnole où le pire côtoyait le meilleur, mais la ligne éditoriale de Charlie a dérivé bien loin de mai 68.
Que signifie ethnicisant le prolétariat pour renouer avec les « classes dangereuses » ?
Le prolétariat n'est pas ethnicisé , il est multiculturel.
Après que l'esprit de Charlie se fasse bouffer par le PS, c'est inéluctable si ce n'est déjà fait.
Finimore
   Posté le 16-01-2015 à 16:38:36   

Xuan a écrit :

Pas d'accord avec Zarka. Ceci n'ôte rien à la nature raciste de la dernière couverture de Charlie. "tout est pardonné" ... à qui ?
La symbolique de mai 68 était une auberge espagnole où le pire côtoyait le meilleur, mais la ligne éditoriale de Charlie a dérivé bien loin de mai 68.
Que signifie ethnicisant le prolétariat pour renouer avec les « classes dangereuses » ?
Le prolétariat n'est pas ethnicisé , il est multiculturel.
Après que l'esprit de Charlie se fasse bouffer par le PS, c'est inéluctable si ce n'est déjà fait.


Le texte de Zarka qui est plutôt une première réaction au lendemain du 7 (j'ai eu depuis l'occasion d'en discuter longuement avec lui et sa femme) est important (évidemment que j'ai des désaccords...) car il montre que le consensus et l'union nationale est loin d'être une réalité.
Xuan
   Posté le 16-01-2015 à 20:52:14   

Un article intéressant dans Vox, malheureusement en anglais.
Mais certaines images n'ont pas besoin de traduction :







Un sous-titre :
"CHARLIE HEBDO OFTEN FIGHTS ON BEHALF OF THE POWERFUL AGAINST THE WEAK"
Charlie Hebdo se bat souvent du côté des puissants contre les faibles.

"People of color are routinely portrayed with stereotypical features — Arabs given big noses, Africans given big lips — that are widely and correctly considered racist."
Les gens de couleur sont représentés avec des traits stéréotypés - les Arabes avec un gros nez, les Africains avec des grosses lèvres - qui sont largement et logiquement considérés comme racistes.

_____________


Voir l'Express Non, tout le monde n'est pas Charlie
Finimore
   Posté le 17-01-2015 à 06:44:09   

Voici deux déclarations publiées dans LE MONDE du 15 janvier 2015

L’une intitulée « Non à l'union sacrée ! » émane d’un collectif (les noms sont indiqués plus loin)
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/15/non-a-l-union-sacree_4557288_3232.html

et l’autre de Rony Brauman ancien président de MSF) « Ce qu’il y a de non Charlie en moi »

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/15/ce-qu-il-y-a-de-non-charlie-en-moi_4557224_3232.html

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Cette tribune publiée dans Le Monde (quotidien) est l’oeuvre d’un collectif: Ludivine Bantigny, historienne; Emmanuel Burdeau, critique de cinéma; François Cusset, historien des idées; Cédric Durand, économiste; Eric Hazan, éditeur; Razmig Keucheyan, sociologue; Thierry Labica, historien; Marwan Mohammed, sociologue; Olivier Neveux, historien de l’art; Willy Pelletier, sociologue; Eugenio Renzi, critique de cinéma; Guillaume Sibertin-Blanc, philosophe; Julien Théry, historien; Rémy Toulouse, éditeur; Enzo Traverso, historien.

Non à l'union sacrée !

La sidération, la tristesse, la colère face à l’attentat odieux contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier, puis la tuerie ouvertement antisémite, vendredi 9 janvier, nous les ressentons encore. Voir des artistes abattus en raison de leur liberté d’expression, au nom d’une idéologie réactionnaire, nous a révulsés. Mais la nausée nous vient devant l’injonction à l’unanimisme et la récupération de ces horribles assassinats.

Nous partageons les sentiments de celles et ceux qui sont descendus dans la rue. Mais ces manifestations ont été confisquées par des pompiers pyromanes qui n’ont aucune vergogne à s’y refaire une santé sur le cadavre des victimes. Manuel Valls, François Hollande, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Jean-François Copé, Angela Merkel, David Cameron, Jean-Claude Juncker, Viktor Orban, Benyamin Nétanyahou, Avigdor Lieberman, Naftali Bennett, Petro Porochenko, les représentants de Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine, Omar Bongo… : quel défilé d’abjecte hypocrisie.

Cette mascarade indécente masque mal les 5 000 bombes que l’OTAN a larguées sur l’Irak depuis cinq jours sur décision de ce carré de tête ; les milliers de morts à Gaza, où Avigdor Lieberman, le ministre israélien des affaires étrangères, imaginait employer la bombe atomique quand Naftali Bennett (économie et diaspora) se rengorgeait d’avoir tué beaucoup d’Arabes ; le million de victimes que le blocus en Irak a provoquées. Ceux qu’on a vus manifester en tête de cortège à Paris ordonnent ailleurs de tels carnages.

« Tout le monde doit venir à la manifestation », a déclaré M. Valls en poussant des hauts cris sur la « liberté » et la « tolérance ». Le même qui a interdit les manifestations contre les massacres en Palestine, fait gazer des cheminots en grève et matraquer des lycéens solidaires de leurs camarades sans-papiers expulsés nous donne des leçons de liberté d’expression. Celui qui déplorait à Evry, lorsqu’il était maire PS, de ne voir pas assez de « Blancos » nous jure son amour de la tolérance. Le même qui fanfaronne de battre des records dans l’expulsion des Roms se gargarise de « civilisation ».

En France, la liberté d’expression serait sacrée, on y aurait le droit de blasphémer : blasphème à géométrie variable, puisque l’« offense au drapeau et à l’hymne national » est punie de lourdes amendes et de peines de prison. Que le PS et l’UMP nous expliquent la compatibilité entre leur condamnation officielle du fondamentalisme et la vente d’armes à l’Arabie saoudite, où les femmes n’ont aucun droit, où l’apostasie est punie de mort et où les immigrés subissent un sort proche de l’esclavage.

Chantage

Nous ne participerons pas à l’union sacrée. On a déjà vu à quelle boucherie elle peut mener. En attendant, le chantage à l’unité nationale sert à désamorcer les colères sociales et la révolte contre les politiques conduites depuis des années.
Manuel Valls nous a asséné que « Nous sommes tous Charlie » et « Nous sommes tous des policiers ». D’abord, non, nous ne sommes pas Charlie. Car si nous sommes bouleversés par la mort de ses dessinateurs et journalistes, nous ne pouvons reprendre à notre compte l’obsession qui s’était enracinée dans le journal contre les musulmans, toujours assimilés à des terroristes, des « cons » ou des assistés. On n’y voyait plus l’anticonformisme, sinon celui, conforme à la norme, qui stigmatise les plus stigmatisés.

Nous ne sommes pas des policiers. La mort de trois d’entre eux est un événement tragique. Mais elle ne nous fera pas entonner l’hymne à l’institution policière. Les contrôles au faciès, les rafles de sans-papiers, les humiliations quotidiennes, les tabassages parfois mortels dans les commissariats, les Flash-Ball qui mutilent, les grenades offensives qui assassinent, nous l’interdisent à jamais.

Et, s’il faut mettre une bougie à sa fenêtre pour pleurer les victimes, nous en ferons briller aussi pour Eric, Loïc, Abou Bakari, Zied, Bouna, Wissam, Rémi, victimes d’une violence perpétrée en toute impunité. Dans un système où les inégalités se creusent de manière vertigineuse, où des richesses éhontées côtoient la plus écrasante misère, sans que nous soyons encore capables massivement de nous en indigner, nous en allumerons aussi pour les six SDF morts en France la semaine de Noël 2014.

Nous sommes solidaires de celles et ceux qui se sentent en danger, depuis que se multiplient les appels à la haine, les « Mort aux Arabes », les incendies de mosquées. Nous nous indignons des incantations faites aux musulmans de se démarquer ; demande-t-on aux chrétiens de se désolidariser des crimes, en 2011, d’Anders Behring Breivik perpétrés au nom de l’Occident chrétien et blanc ? Nous sommes aussi aux côtés de celles et ceux qui subissent le regain d’antisémitisme, dramatiquement exprimé par l’attaque de vendredi 9.

Notre émotion face à l’horreur ne nous fera pas oublier combien les indignations sont sélectives. Non, aucune union sacrée. Faisons en sorte, ensemble, que l’immense mobilisation se poursuive en toute indépendance de ces gouvernements entretenant des choix géopolitiques criminels en Afrique et au Moyen-Orient et ici chômage, précarité, désespoir. Que cet élan collectif débouche sur une volonté subversive, contestataire, révoltée, inentamée, d’imaginer une autre société, comme Charlie l’a longtemps souhaité.
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Ludivine Bantigny, historienne; Emmanuel Burdeau, critique de cinéma; François Cusset, historien des idées; Cédric Durand, économiste; Eric Hazan, éditeur; Razmig Keucheyan, sociologue; Thierry Labica, historien; Marwan Mohammed, sociologue; Olivier Neveux, historien de l’art; Willy Pelletier, sociologue; Eugenio Renzi, critique de cinéma; Guillaume Sibertin-Blanc, philosophe; Julien Théry, historien; Rémy Toulouse, éditeur; Enzo Traverso, historien.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/15/ce-qu-il-y-a-de-non-charlie-en-moi_4557224_3232.html

Ce qu’il y a de non Charlie en moi

LE MONDE | 15.01.2015 Par Rony Brauman (Ancien président de Médecins sans frontières et professeur de relations internationales à Sciences Po Paris)

Je suis Charlie, je ne suis pas Charlie. Le Charlie en moi est accablé par l’assassinat de figures familières, chantres de la grivoiserie et de la dérision, il est bouleversé par la mort de ces bouffeurs de religion dont l’outrance et le mauvais goût rigolards étaient la marque de fabrique.

J’ai grandi avec eux depuis l’époque d’Hara Kiri et l’horreur de leur disparition me laisse un goût de cendres. Une horreur qu’amplifient encore la froide exécution des otages de l’épicerie casher et celle des policiers. Mais nous sommes ainsi faits que des sentiments distincts et même contradictoires coexistent en nous, se partageant notre esprit, et c’est de ceux-là que je veux parler ici.

Si l’exaspération que je ressens au vu de certaines des réactions n’éteint pas mon émotion, elle m’a retenu de rejoindre les défilés républicains de ces derniers jours, bien que je me reconnaisse sans la moindre hésitation dans nombre de marcheurs qui manifestent leur solidarité avec les victimes.


Le non-Charlie en moi se souvient que le dessinateur Siné en fut expulsé sans ménagement, sur une accusation infamante car injuste d’antisémitisme. C’est à ce moment, d’ailleurs, que j’ai cessé d’en être lecteur. Rappeler cet épisode en un moment si tragique n’est en rien fournir une excuse oblique aux tueurs mais inviter à quelques réflexions sur les « valeurs » que les terroristes veulent détruire.

Droit au blasphème

Je rejoins volontiers tous ceux qui considèrent le droit à l’outrance et au mauvais goût comme des marqueurs de liberté ; mais sous la condition expresse qu’ils soient appliqués à tous, faute de quoi se profilent des hiérarchies dans la satire qui en pervertissent le sens. En attaquant Charlie pour « venger le Prophète », ces impitoyables « justiciers » ne s’en prenaient pas à la liberté, que bien d’autres cibles pouvaient incarner, mais au droit au blasphème, ce qui n’est pas la même chose. Pas la même chose, vraiment ? Si, certainement, dans l’imaginaire républicain moderne à la française, comme l’attestent de nombreuses réactions qualifiant de « lâches » ou « hypocrites » les journaux anglo-saxons qui ont flouté les couvertures de Charlie brandies par des manifestants français.

Ceux qui tiennent ces propos font de l’insistance à republier les caricatures de Mahomet un acte de résistance, un geste de liberté. L’abolition du délit de blasphème, disent-ils en substance et avec raison, implique le droit à être de mauvaise foi, blessant. C’est également mon avis et c’est notamment pourquoi je suis opposé à toutes les lois mémorielles, lesquelles ne peuvent instituer qu’une hiérarchie de la souffrance, irrecevable par ceux qui s’en trouvent abaissés.

Comme d’autres, je me sens blessé par les faussaires de l’Histoire, mais je ne peux tenir ce sentiment pour le fondement d’un délit, qu’il s’agisse du génocide des juifs ou d’autres tragédies du passé. Or la loi Gayssot, en pénalisant la mise en doute et même l’irrévérence à l’égard de la Shoah, réintroduisait de fait un délit de blessure symbolique et de blasphème. Sûrs de leur bon droit à punir une catégorie de profanateurs et une seule, les voltairiens évoqués plus haut n’en semblent guère indisposés.

Ce qui apparaît comme un impératif moral ici est, bien entendu, perçu ailleurs comme une restriction de liberté, tant il est vrai que les contours de l’intolérable, loin d’être un absolu, varient selon les lieux et les moments et qu’il ne suffit pas de les proclamer universels pour qu’ils le deviennent. C’est aussi sous cette lumière-là que l’on peut examiner, avant de le condamner pour collaboration avec l’ennemi, le refus de publier à nouveau les fameuses caricatures initialement parues dans un journal d’extrême droite danois ou d’autres du même tonneau.

Rhétorique d’intimidation morale

Constatons en tout cas, pour ce qui concerne notre pays, que la rhétorique d’intimidation morale dont l’ « affaire Siné » fut une illustration parmi bien d’autres contraste singulièrement avec le droit largement utilisé de mettre à mal d’autres sacrés, comme en témoigne notamment l’omniprésence médiatique d’Eric Zemmour et de Michel Houellebecq. Si d’authentiques défenseurs de la liberté se regroupent sous le drapeau « Je suis Charlie », sous ce même drapeau « Je suis Charlie » (mais non du fait des journalistes de Charlie, je le précise) surgit la figure basanée d’un ennemi intérieur, résonnent des discours martiaux sur la « guerre au terrorisme » et la nécessité d’un Patriot Act.


Ce n’est pas manquer de respect aux victimes et à leurs proches, ni contester l’existence d’une menace terroriste que de s’en inquiéter. Et pas uniquement pour des raisons morales mais aussi et surtout parce qu’ils obscurcissent la réalité plutôt qu’ils ne l’éclairent, comme on l’a vu aux Etats-Unis et au Moyen-Orient sous la calamiteuse présidence George W. Bush.

Olivier Roy a indiqué dans ces colonnes (Le Monde daté du 10 janvier) pourquoi les appels lancés à la « communauté musulmane » à condamner le terrorisme islamiste étaient déplacés, contradictoires dans les termes et contre-productifs dans leurs effets.

Demandons-nous avec lui s’il faut inclure dans ces appels Lassana Bathily, l’homme qui a mis à l’abri les otages de l’épicerie casher de Vincennes et remis les clés du rideau de fer à la police, ou encore Ahmed Merabet, le policier abattu devant le siège de Charlie. Leur patronyme signale leur origine religieuse. Ils ne sont ni moins ni plus musulmans que les frères Kouachi, ils se sont comportés héroïquement. Saluer leur courage est aussi une façon de rendre hommage aux victimes de la terreur islamiste.

[url]En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/15/ce-qu-il-y-a-de-non-charlie-en-moi_4557224_3232.html#SqhvgcdPIlDWLIGc.99[/url]

http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/15/ceux-qui-ne-sont-pas-charlie_4557331_3224.html
Xuan
   Posté le 17-01-2015 à 09:07:45   

Le droit au blasphème " appliqué à tous " vaudrait dans une société sans classe et dans un monde sans impérialisme ni oppression.

On pourrait se poser une question sur le droit de se foutre du peuple :

Charlie / Dieudonné même combat ?



Edité le 17-01-2015 à 09:34:18 par Xuan


marquetalia
   Posté le 17-01-2015 à 14:32:43   

les sionistes ont aussi recours au terrorisme en Europe Occidentale www.lemonde.fr/europe/article/2014/01/01/republique-tcheque-l-ambassadeur-palestinien-blesse-a-prague-dans-une-explosion_4341855_3214.html
marquetalia
   Posté le 17-01-2015 à 14:35:05   

il faut savoir quye la république tchèque est,avec le Panama,le Canada et evidemment les Etats Unis,l un des derniers pays à s opposer à la reconnaissance de l Etat Palestinien.
Xuan
   Posté le 17-01-2015 à 23:48:59   

Une interview de Samir Amin.
Source :
contropiano.org
Mediapart


Samir Amin : "un acte odieux, mais la faute est à la France et aux Etats Unis"


9.01.15 - Nous avons rejoint Samir Amin par téléphone à Paris. Philosophe et économiste, directeur du Forum du Tiers Monde, basé à Dakar, il commente l'attaque à la rédaction deCharlie Hebdo.



propos recueillis par Giuseppe Acconcia

Pourquoi les terroristes ont frappé si durement au coeur de l'Europe ?

C'est une conséquence directe de la politique occidentale en Libye. En particulier le Sud du pays est devenu une base d'approvisionnement gigantesque. Cette région a été stratégique pour la France, sans elle l'armée française n'aurait pas pu intervenir au Sahel. Je dirai même plus. Je crois que l'exécution des attaques ait une relation avec l'avancée de l'armée française au Tchad ces derniers jours. Les jihadistes ont voulu réaffirmer que le Sud de la Libye doit rester leur base et une terre de personne. Evidemment tout ceci est ensuite la conséquence directe des attaques de l'Otan contre le colonel Muammar Khadafi en 2011.

Qui est donc le vrai responsable de ces actions. Est-ce peut-être le cas de mettre en discussion la politique occidentale au Moyen Orient ?

Il s'agit d'un odieux acte de terrorisme de soi-disant islamistes qui ont une compréhension très particulière de l'Islam et de la religion. Mais la responsabilité de ces attentats est de la France et des Etats Unis. Les puissances occidentales continuent à soutenir l'Arabie Saoudite, le Qatar et les pays du Golfe. Ils accordent tout à ces pays, qui donnent un soutien gigantesque au terrorisme. Pour être plus clair, les puissances occidentales considèrent l'alliance avec les pays du Golfe comme un fondement de la politique néo-libérale. La deuxième erreur occidentale est d'avoir combattu les autocrates qui ont cherché à mettre un frein à l'Islam politique, depuis Saddam Hussein à Muammar Khadafi . Par exemple en Iraq Saddam Hussein bien qu'il réussissait à assurer la coexistence entre chiites et sunnites a été brutalement destitué. Et Khadafi avait clairement contenu les dérives islamistes en Libye.

Y a-t-il des responsabilités spécifiques de la France ?

La France a une responsabilité de plus : avoir soutenu les islamistes en Algérie, en les présentant comme des victimes de la dictature de l'armée. Une partie de ces islamistes s'est réfugiée en Arabie Saoudite mais aussi en Europe : en Grande Bretagne encore plus qu'en France.

Pourquoi les puissances occidentales ont-elles intérêt à continuer de fomenter le terrorisme international ?

Le seul objectif des puissances occidentales est de faire avancer leur politique néo-libérale. Pour ceci, pour elles, le monde se divise en deux : les pays qui soutiennent inconditionnellement le néo-libéralisme sont les seuls amis de l'Occident, même s'il s'agit d'odieux islamistes ; les pays récalcitrants sont par contre des ennemis de la dictature du capital international. Dit autrement, les puissances occidentales ont un seul critère : le libéralisme absolu. A ceux qui le soutiennent on pardonne tout. Et la démocratie n'a rien à voir avec cela.

Parmi les terroristes certains auraient fait référence à Al Qaeda au Yemen pendant les attaques.

Ça ne m'étonne pas, au Yemen pendant des années les islamistes ont été soutenus par les Etats Unis en fonction anti-communiste, ensemble avec l'Arabie Saoudite . Dans ce cas la bataille était contre le "danger" national populaire de l'ex Yemen du Sud.


Une interview de Samir Amin


Est-ce plausible qu'il s'agisse de jihadistes avec des passeports européens, comment cela s'explique-t-il ?

Les puissances occidentales ont toléré que des citoyens européens partissent pour la Syrie pour combattre Bachar Al Assad. Ce mécanisme a été soutenu par la Turquie et par d'autres gouvernements occidentaux . Mais il faut faire attention à ne pas tomber dans l'islamophobie. La majorité écrasante des immigrés qui vivent en France, croyants ou pas, ne sont pas du tout fanatiques de l'Islam réactionnaire. Par contre il ne faut pas sousestimer que soient impliqués beaucoup d'athées et des convertis à ces mouvements radicaux. Les terroristes, comme d'habitude, sont bien préparés. La même chose advint avec les Talibans en Afghanistan qui avaient été entraînés par la Cia au Pakistan . Et ainsi ces "jihadistes européens" ne sont pas des amateurs, probablement ils se sont formés en Syrie et en Iraq. C'est pour cela qu'ils sont extrêmement efficaces.

Pourquoi c'est la presse qui a été choisie comme objectif ?

Les terroristes ont choisi un objectif "intelligent". Leur but est de diffuser la terreur dans les médias. L'objectif, en dernière analyse, est celui d'obliger l'Occident à renoncer à la laïcité et à la liberté d'expression.


ilmanifesto.it

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Sur Romandie.com

"Des centaines de militaires américains pour entraîner l'opposition syrienne modérée"


A noter : les USA prévoient de former et entraîner des membres de l'opposition syrienne "modérée".
Théoriquement ils doivent combattre les djihadistes, en fait déstabiliser la Syrie et renverser Assad.
Les formateurs au nombre de plusieurs centaines, issus pour l'essentiel des force spéciales, seraient déployés dans 4 à 6 semaines.

D'autres formateurs proviendraient de l'Arabie Saoudite, du Qatar et de la Turquie, c'est-à-dire de pays qui ont déjà armé et financé les terroristes et qui continuent de le faire.
On aura donc compris que la chasse au terroriste n'est qu'un paravent destiné à dissimuler les ambitions expansionnistes des USA - et d'autres - en Syrie.



Edité le 17-01-2015 à 23:54:07 par Xuan


Xuan
   Posté le 22-01-2015 à 22:26:08   

Les premiers fruits amers de l’unité nationale : Guerres, peurs, humiliation, mises sous surveillance


Publié le 22 janvier 2015 par
Saïd Bouamama


La grande manifestation « Je suis Charlie » a été célébrée par l’ensemble de nos médias, par le gouvernement et par la quasi-majorité de la classe politique comme symbole d’une « unité nationale » présentée comme nécessaire face à la menace « terroriste ». Elle a également été mise en scène comme exemple d’une unité internationale contre ce même « terrorisme ». Les quelques voix discordantes appelant à s’intéresser aux causes, aux enjeux et aux conséquences prévisibles de cette injonction à l’unanimisme émotif ont été réduites à un soutien aux « terroristes » dans un raisonnement binaire martelé à longueur de journée : si tu n’es pas Charlie, tu soutiens les attentats. Les graines semées par cette « unité nationale » commencent à donner leurs fruits amers et empoisonnés. Le temps du premier bilan est arrivé.
« A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis ».
Martin Luther King





Une légitimation renforcée des guerres

Toutes les puissances de l’OTAN ainsi que leurs alliés étaient représentés dans la manifestation « Je suis Charlie » du 11 janvier 2015. Comprendre la signification et la fonction de cette photo de famille suppose de prendre en compte le contexte mondial et ses rapports de force.
Les guerres impérialistes pour le pétrole, pour les minerais stratégiques et l’affaiblissement des puissances émergentes se multiplient depuis plusieurs décennies. Guerres de pillages dont le seul but est le surprofit, les aventures militaires ne peuvent pas se présenter comme telles. Elles nécessitent pour se déployer sans résistance d’êtres fardées en « guerres justes » : contre l’obscurantisme et le terrorisme, pour l’émancipation des femmes, pour la défense d’une minorité opprimée, contre le génocide, etc. L’islamophobie est un des ingrédients idéologiques diffusés au moins depuis les attentats du 11 septembre 2001 pour préparer un « arôme idéologique immédiat (1) » favorable à la guerre.
La négrophobie (2) est un autre ingrédient correspondant aux nouvelles découvertes de pétrole, de gaz et de minerais qui se sont multipliées ces dernières années en Afrique s’ajoutant aux gisements déjà connus de ce continent surnommé « le scandale géologique (3) ».
La France est particulièrement engagée dans toutes les agressions impérialistes de ces dernières années. De l’Afghanistan à la Syrie en passant par l’Irak, du Mali à la Centrafrique en passant par la Lybie, l’armée française semble ne vouloir rater aucune guerre d’agression. La pression idéologique islamophobe et négrophobe y est d’autant plus forte qu’est important le besoin de légitimation d’interventions militaires dans des pays africains et/ou « musulmans ».

Le site de la Direction de l’information légale et administrative donne lui-même les données quantitatives suivantes :

La France est intervenue militairement à près de quarante reprises sur le sol africain dans les cinquante dernières années et une vingtaine de fois entre 1981 et 1995 sous les deux septennats de François Mitterrand. Certaines de ces opérations n’ont duré que quelques jours, d’autres ont donné lieu à des déploiements beaucoup plus longs (opérations Manta et Epervier au Tchad, par exemple). (4)



A ces chiffres ne concernant que l’Afrique il faut ajouter le Liban (1983), l’Irak (1990), la Bosnie (1992), le Kossovo (1999), l’Afghanistan (2001), la Syrie (2014), etc. Les interventions militaires françaises à l’étranger s’inscrivent elles-mêmes dans une stratégie globale de l’OTAN. Cette stratégie est définie dans un document intitulé « concept stratégique ». La dernière version de ce concept en 2010 comprend la capacité à intervenir sur plusieurs terrains simultanément, l’inclusion de l’Europe de l’Est dans les zones à surveiller, la possibilité d’une guerre nucléaire « limitée » et le « partage du fardeau stratégique » : « C’est l’esprit même du nouveau concept stratégique de l’OTAN que de sommer en quelque sorte les Européens de définir la nature et l’ampleur des obligations qu’ils sont prêts à assumer dans son cadre (5) ».

La multiplication des interventions militaires européennes en général et française en particulier s’inscrit dans le cadre nouvelle stratégie de l’OTAN.

Mais la séquence historique que nous vivons au niveau mondial est aussi celle des obstacles à la prise de contrôle états-unienne du monde. Ces obstacles sont certes de natures très différentes mais convergent pour mettre en difficulté le « nouvel ordre mondial » que « l’Occident » tente d’imposer au reste du monde et même à ses propres peuples. Partout les agressions militaires et les chantages à la guerre ou à la sanction économique piétinent. L’ALBA en Amérique du Sud expérimente de nouvelles solidarités et cohérence régionale permettant de desserrer l’étau du système capitaliste mondial. La Russie et la Chine freinent par leurs positions à l’ONU les tentatives de couvrir les agressions militaires d’une légitimité internationale. Les guerres menées font apparaître de plus en plus nettement leur seul résultat : le chaos.

L’instrumentalisation de l’émotion par le discours de « l’unité nationale » pour l’interne et de la « guerre mondiale contre le terrorisme » pour l’externe ont dans ce contexte un double objectif : Annoncer de nouvelles guerres impérialistes d’une part et légitimer celles-ci aux yeux des peuples et du peuple français en particulier. Il s’agit de remobiliser et de ressouder un camp, de lui donner une légitimité populaire, de le rassembler pour de nouvelles guerres.

C’est ainsi par 488 voix contre 1 que l’assemblée nationale approuve la prolongation des frappes aériennes françaises en Irak le 13 janvier. Le Sénat va dans le même sens le même jour par 327 voix et 19 abstentions. Le premier fruit amer de l’unité nationale c’est la guerre. Hier comme aujourd’hui, en 1914 ou en 2015, l’Union sacrée a toujours le même goût de guerre.

Réhabiliter des alliés assassins

Mais la grande instrumentalisation de l’émotion a aussi été l’occasion de renforcer les liens avec les « amis de l’Occident » et de réhabiliter ceux qui ont été discrédités aux yeux de l’opinion publique par leurs crimes. Citons les deux exemples démentant les discours d’une mobilisation pour la liberté d’expression et contre le terrorisme.

L’Etat d’Israël est représenté par trois ministres : le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le ministre des affaires étrangère Avigdor Lieberman et le ministre de l’économie Naftali Bennett. Après les massacres de palestiniens par un terrorisme d’Etat cet été, cette présence sonne comme une provocation pour les dizaines de milliers de manifestants français qui ont apporté leur soutien au peuple palestinien dans des manifestations quasi-quotidiennes. « La présence de ces ministres, résume le journaliste Alain Gresh, est une insulte à toutes les valeurs dont prétendent se parer les organisateurs de la manifestation, un hold-up qu’il est important de dénoncer (6) ».
Faut-il encore rappeler que 17 journalistes ont été tués cet été dans les bombardements sionistes sur la bande de Gaza ? Rappelons encore l’expulsion d’Israël du journaliste français Maximilien Le Roy, alors qu’il se rendait à un festival de Bandes Dessinées, en raison de ses dessins jugés pro-palestiniens :

« Ils m’ont expliqué, pour conclure, que si je pouvais critiquer Israël dans mon pays, je n’aurais plus le droit de le faire sur leur territoire. Je savais dès les premières minutes qu’ils allaient m’expulser, mais je ne m’attendais pas à une interdiction de séjour de dix ans. Ils m’ont traité comme si j’étais un terroriste » (7).



La « démocratique » Arabie Saoudite était également Charlie le 11 janvier dernier par la présence à la manifestation de son ministre des affaires étrangères Nizar al-Madani. Deux jours plus tôt, le bloggeur saoudien Raïf Badawi recevait ses 50 premiers coups de fouets. Il est en effet condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouets (50 tous les vendredis) pour avoir critiqué les dignitaires religieux du royaume. Les alliés du nouvel ordre mondial sont trop importants pour sa sauvegarde. Ils peuvent continuer à bafouer sans aucune crainte la liberté d’expression et financer des groupes qui déstabilisent les Etats voisins en couvrant leur agression du nom de l’Islam. Ces deux exemples suffisent pour démasquer l’hypocrisie en matière de liberté d’expression. Celle-ci n’est défendue que quand elle sert les intérêts des dominants et elle est oubliée dès qu’elle les remet en cause.

La réhabilitation des assassins et des financeurs de la mort, tel est le second fruit empoisonné de l’union sacrée qu’a tentée de construire l’instrumentalisation étatique de l’émotion.

La peur

Abordons maintenant les effets de « l’unité nationale » sur le territoire français. Le premier est évident : l’instauration d’un climat de peur porteur de tous les dangers. La couverture médiatique sous la forme d’une « information haletante, sommaire et invérifiée » fondée sur le « principe d’une amnésie récidivante (8) » pose les bases d’un climat anxiogène.
La prégnance du vocabulaire de guerre (du « Oui nous sommes en guerre (9) » de Valls au « la guerre a été déclarée à la France » de Sarkozy ) (10) dans les prises de positions politiques relayées par les journalistes, experts et chroniqueurs divers, renforce ce climat.

Le déploiement de 10 000 soldats à grand renfort de publicité médiatique enracine l’idée d’un danger permanent et omniprésent. La thèse d’une absence de frontière entre le terrain extérieur d’opération et le terrain intérieur développée par le ministre de la défense parachève la surenchère verbale guerrière productrice d’une peur sociale généralisée :

« C’est une véritable opération intérieure. Il y a les opérations extérieures qui se poursuivent, et c’est une opération intérieure qui va mobiliser 10.000 hommes, c’est-à-dire à peu près autant que ce qui mobilise aujourd’hui nos opérations extérieures » (11).
Or que produit le discours de guerre que nos politiques n’ont pas hésité à utiliser aussi fortement : « Une mise en guerre déclenche un discours simplifié ami-ennemi – ennemi de l’extérieur et ennemi de l’intérieur – la menace engendre la peur, la peur la haine, la haine pousse à l’action préventive. Les solidarités se resserrent : union et exclusion » (12).

Il n’est dès lors pas étonnant que le discours de guerre débouche logiquement sur la multiplication des actes islamophobes qui se sont rapidement comptés par dizaines en quelques jours. « Quelque 116 actes anti-musulmans ont été recensés en quinze jours (13) » évalue le journal Libération. Le chiffre réel est, bien entendu, beaucoup plus important. De nombreux actes ne sont en effet pas signalés dans le contexte délétère actuel. Il ne faut pas s’étonner dès lors qu’un climat de peur s’empare des populations issues de l’immigration postcoloniale. Cette peur n’est pas irrationnelle mais s’explique par la multitude des petits actes d’agressivité subis dans la quotidienneté qui s’ajoutent aux agressions ouvertes recensées ci-dessus : propos racistes, silence et atmosphère tendus dans les transports en commun, etc.
Les femmes portant un foulard sont encore plus touchées par cette peur envahissante. Ayant le 15 janvier une journée de travail avec un groupe de femmes maghrébines et noires de Blancs Mesnil, nous avons, nous mêmes, été effarés par le nombre de témoignages des agressions verbales et des comportements de rejet qu’exposaient ces trente femmes. Si les réactions sont diverses, une part importante de celles-ci sont d’ores et déjà lourdes de conséquences : « je ne sors plus de chez moi ou juste pour faire les courses », « pour la première fois je pense à enlever mon foulard car j’ai peur », « je ne laisse plus sortir ma fille, j’ai peur pour elle » , etc.

A l’origine de cette hausse des actes islamophobes et de la peur qu’elle suscite se trouve un certain nombre de thématiques récurrentes des médias et des discours politiques. Dans une France qui connaissait déjà une montée régulière de l’islamophobie depuis près de deux décennies, il est irresponsable de multiplier les propos : sur l’islam et « son lien ou non avec le terrorisme » , sur « la moindre présence de certains aux manifestions du « Je suis Charlie » » , sur « le soi-disant silence de certaines populations à l’égard des attentats » , etc.

La montée importante des violences islamophobes directes ou indirectes est le troisième fruit pourri de l’instrumentalisation politique et médiatique de l’émotion.

L’humiliation

Cette peur s’accompagne souvent d’un sentiment d’humiliation c’est-à-dire de « la perception d’un décalage entre la place revendiquée au nom de la qualité d’égal et la place à laquelle l’on est rabaissé (14) ». L’humiliation en tant que rabaissement de l’être humain attentant à sa dignité est lourde de conséquences. Le terme arabe de « Hoggra » est quotidiennement utilisé dans les conversations familiales et amicales. Nous l’avons également fréquemment rencontré dans les réunions que nous avons eues cette semaine avec plusieurs collectifs dans des quartiers populaires. Voici la définition que nous en donnions déjà en 2000 pour restituer le vécu de nombreux jeunes des classes populaires : « Ce terme employé par les jeunes exprime un mélange de négation de la réalité vécue, une impression d’être méprisé et rabaissé volontairement et une discrimination vécue comme permanente (15) ».
Exagérons nous ?

Humiliation lorsqu’on envisage de retirer un foulard uniquement par la peur suscitée par la multiplication rapide des actes islamophobes ?

? Humiliation lorsque l’on reçoit une injonction permanente à se « démarquer des attentats » ?

Humiliation lorsqu’un élève se fait exclure d’une classe parce qu’il ne veut pas être Charlie ?

Humiliation lorsqu’on refuse même d’écouter les raisons qu’invoque cet élève pour justifier son opinion ?

Humiliation lorsqu’on se fait arracher son foulard dans la rue devant des passants indifférents ?

Bien sûr, certains pourront toujours crier à la victimisation. Bien entendu, des « experts » pourront débattre à longueur d’antenne pour présenter ces humiliations comme anodines et secondaires. A l’évidence d’autres chroniqueurs y verront le signe d’une paranoïa sans aucune base objective. Il reste que, quand un sentiment subjectif est autant partagé, il mérite au moins une interrogation critique c’est-à-dire exactement l’inverse de ce que propose notre ministre de l’éducation nationale. Celle-ci considère comme « insupportable » les réactions d’une partie des élèves à l’injonction étatique à s’émouvoir :

« Même là où il n’y a pas eu d’incidents, il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves. Et nous avons tous entendu les « Oui je soutiens Charlie mais », les « deux poids, deux mesures », les « pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? » Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école, qui est chargée de transmettre des valeurs « (16).
Et nous qui pensions que l’école apprenait à nos enfants le débat contradictoire, la pensée critique, l’argumentation et le libre arbitre. Non, la réponse s’oriente vers la répression plutôt que la réfutation, vers le silence imposé plutôt que l’argumentation, vers l’exclusion plutôt que le débat contradictoire. Exprimant explicitement le sous-entendu de cette logique répressive, la journaliste Nathalie Saint-Cricq déclare sur France 2 : « il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie (17) ».

Mais à quoi mènent donc la peur, l’humiliation et le déni de parole ? D’abord à de la violence contre soi, ensuite tôt ou tard à une externalisation de cette violence. Tous les silences qui se font sur ce traitement des conduites des élèves renforcent les sentiments d’isolement et d’injustice sur lesquels peuvent émerger des conduites nihilistes allant de la destruction de soi ou des proches, aux révoltes collectives de quartiers en passant pour une infime minorité par le basculement vers les attentats.

La création des conditions d’une hausse des conduites nihilistes, tel est un autre fruit dangereux du contexte actuel.

Une répression « Hystérisée »

Nous empruntons le terme « hystérisé » au syndicat de la magistrature qui tire le bilan suivant des deux dernières semaines :
« C’est ainsi que depuis quelques jours s’enchaînent les procédures expédiées, où l’on a examiné et jugé le contexte, à peine les circonstances des faits, si peu l’homme, poursuivi pour avoir fait l’apologie du terrorisme. Non pas pour avoir organisé une manifestation de soutien aux auteurs des attentats, élaboré et diffusé à grande échelle des argumentaires, pris part à des réseaux, mais pour des vociférations, lancées sous le coup de l’ivresse ou de l’emportement : en fait, des formes tristement actualisées de l’outrage. Les lourdes condamnations pleuvent, assorties d’incarcérations à l’audience. Telle est la désastreuse justice produite par le recours à la comparution immédiate dont la loi du 13 novembre 2014 a fait une nouvelle arme de lutte contre le terrorisme. Comme si la justice pénale, devenue l’exutoire de la condamnation morale, pouvait faire l’économie d’un discernement plus que jamais nécessaire en ces temps troublés. Comme si certains de ses acteurs avaient brutalement oublié qu’elle doit être rendue avec recul, sur la base d’enquêtes approfondies, en se gardant des amalgames – entretenus jusque dans cette circulaire, qui englobe violences urbaines et apologie du terrorisme – et, surtout, des réactions hystérisées qui la délégitiment et la société avec elle » (18).



Les chiffres officiels de la chancellerie communiqués le 20 janvier nous donne ainsi les informations suivantes : 251 procédures depuis le 7 janvier, dont 117 pour « apologie de terrorisme, 77 jugements en comparution immédiate, 39 condamnations dont 28 à des peines de prison ferme dont 20 avec mandat de dépôt à l’audience, 22 autres convocations devant le tribunal correctionnel (19).
Le syndicat de la magistrature a raison de parler de la dérive d’une « justice de l’urgence ». Nous habituer, nous acclimater, nous accoutumer à un recul des libertés démocratiques au prétexte d’assurer notre sécurité, tel est le seul résultat possible de telles pratiques.

Déjà l’on nous annonce de nouvelles lois prises au nom de notre sécurité alors qu’une loi dite de « lutte contre le terrorisme » était déjà adoptée à l’automne dernier. Depuis 1986, ce sont ainsi 14 lois visant à nous protéger qui ont été votées. Nous y reviendrons ultérieurement mais nous pouvons d’ores et déjà goûter à un autre fruit amer de l’unité nationale : la création des conditions d’un consentement majoritaire à la remise en cause des libertés démocratiques .
Ce n’est pas par la guerre impérialiste, la peur, l’humiliation, la répression hystérisée et la remise en cause des droits démocratiques que fera reculer le « terrorisme ».

Les mesures annoncées par le gouvernement ne s’attaquent à aucune des causes structurelles de l’émergence de postures nihilistes dans notre société : les inégalités sociales massives, les discriminations racistes systémiques, l’islamophobie humiliante, les contrôles policiers au faciès, les guerres pour le pétrole et les minerais stratégiques. Pourtant, Il n’y a aucune autre solution sérieuse que celle de s’attaquer aux causes réelles car sans justice, il ne peut jamais y avoir de paix.

Notes :

1. Le concept d’arôme idéologique immédiat est proposé par Gramsci dans ses Cahiers de Prison au sein de son approche de l’idéologie. Voir dans notre Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Syllepse, Paris, 2012, pp. 46-49.
2. Sous la forme d’une présentation essentialiste des cultures africaines comme marquées par la non historicité, le tribalisme, l’ethinicisme et une « culture de la violence ».
3. Hubert Deschamps, L’héritage de Léopold, dans Jean Ganiage et Hubert Deschamps, L’Afrique au XXe siècle, Syrey, Paris, 1966, p. 453.
4.http://www.vie-publique.fr/chronologie/chronos-thematiques/du-tchad-au-mali-interventions-armee-francaise-depuis-1981.html, consulté le 18/01/2015 à 18 h 40.
5. Zaki Laïdi, Le Monde selon Obama, Stock, Paris, 2010.
6. Alain Gresh, D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour « Charlie Hebdo », Les blogs du diplo, http://blog.mondediplo.net/2015-01-12-D-etranges-defenseurs-de-la-liberte-de-la-presse, consulté le 18/01/2015 à 20 h 48.
7. Maximilien Le Roy, dessinateur, interdit de séjour en Israël, Interview de Lucie Servin, l’Humanité du 28 octobre 2014.
8. Jean François Tétu, Les médias et le temps, figures, techniques, mémoires, énonciation, in les Cahiers du journalisme, n° 7, juin 2000, p. 84.
9. Manuel Valls à l’assemblée nationale le 13 janvier 2015.
10. Le Figaro du 9 janvier 2015
11. Défense Jean-Yves Le Drian, déclaration du 12 janvier 2015.
12. Yves Ternon, Guerres et génocides au XXe siècle, Odile Jacob, Paris, 2007, p. 315.
13. Libération du 19 janvier 2015.
14. Dominique Vidal, Sentiment, moralité et relation d’enquête. Un regard sur les femmes domestiques, in Vincent Caradec et Danilo Martuccelli (dir.), Matériaux pour une sociologie de l’individu : perspectives et débats, Septentrion, Lille, 2004, p. 216.
15. Said Bouamama, Le sentiment de « Hoggra » : discrimination, négation du sujet et violence, in Les classes et quartiers populaires, Editions du Cygne, Paris, 2009, p. 51.
16. Najat Vallaud Belkacem, le 14 janvier 2015, cité dans Médiapart du 20 janvier.
17.http://www.youtube.com/watch?v=qc03SlaK_KA, consulté le 21 janvier à 22 h.
18. Communiqué du Syndicat de la magistrature du 20 janvier 2015, http://www.syndicat-magistrature.org/Apologie-du-terrorisme-Resister-a.html, consulté le 21 janvier à 23h 20.
19. Communiqué de l’AFP.
Xuan
   Posté le 23-01-2015 à 08:22:08   

source vive la revolution !

APOLOGIE DU TERRORISME





Pression militaire et succès diplomatique pour les rebelles syriens
LE MONDE - 13.12.2012

Extrait :
« En revanche, la décision des Etats-Unis de placer Jabhat Al-Nosra , un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne », a ajouté le ministre. »


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LE MONDE - 13.12.2012 Par Isabelle Mandraud (avec Gilles Paris)




Le ministre tunisien des affaires étrangères, Rafik Abdessalem, le vice-secrétaire d’Etat américain, William Burns et le chef du Foreign Office britannique William Hague à la conférence des Amis de la Syrie, le 12 décembre 2012 à Marrakech, au Maroc. | Abderrahmane Mokhtari/REUTERS


Les opposants au régime de Bachar Al-Assad ne cessent de marquer des points. Sur le terrain, alors qu’un attentat a frappé, mercredi 12 décembre, le ministère de l’intérieur, à Damas, leur pression semble contraindre l’armée loyaliste à recourir pour la première fois depuis le début du soulèvement, en mars 2011, à des missiles balistiques.

Le ministre tunisien des affaires étrangères, Rafik Abdessalem, le vice-secrétaire d’Etat américain, William Burns et le chef du Foreign Office britannique William Hague à la conférence des Amis de la Syrie, le 12 décembre 2012 à Marrakech, au Maroc.

C’est en tout cas ce qu’a déclaré, mercredi, le département d’Etat américain. « Je ne suis pas en mesure de confirmer quel type de missile, mais dis simplement que nous voyons actuellement que des missiles sont employés » , a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine, interrogée à propos d’une information du New York Times, affirmant que le régime de Damas avait tiré des missiles Scud sur les forces de l’opposition syrienne.

A Bruxelles, un responsable de l’OTAN, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a confirmé le recours à ces armes : « Les renseignements alliés, les équipements de surveillance et de reconnaissance ont détecté le tir d’un certain nombre de missiles balistiques sans guidage et de courte portée cette semaine à l’intérieur de la Syrie. » Plus précis, il a assuré que « les trajectoires et les distances parcourues indiquent qu’il s’agissait de missiles Scud » .

TOUTE UNE SÉRIE DE DÉCISIONS SUR LE PLAN HUMANITAIRE

C’est cependant sur le terrain diplomatique que l’opposition syrienne a engrangé cette semaine les résultats les plus probants. Réunis à Marrakech, mercredi, le groupe des « Amis de la Syrie » , qui rassemble plus d’une centaine de pays occidentaux et arabes, organisations internationales et représentants de l’opposition syrienne, a formellement reconnu la Coalition nationale de l’opposition syrienne comme « seule représentante » des Syriens, à la suite de la France, du Royaume-Uni, et des Etats-Unis.

Présent à Marrakech, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est félicité de cette décision : « Créée il y a un mois, la Coalition nationale syrienne, qui réunit l’opposition et que la France a été la première à reconnaître, est aujourd’hui reconnue par plus de cent pays comme la seule représentante légitime du peuple syrien. C’est très important pour le peuple syrien. » « En plus, il y a toute une série de décisions qui ont été prises sur le plan humanitaire avec des apports de fonds importants, notamment de l’Arabie saoudite, qui a offert 100 millions de dollars pour aider la population syrienne » , a précisé le ministre.

« Nous avons eu le témoignage du nouveau président de la Coalition nationale syrienne, qui a beaucoup insisté sur le fait que, dans le futur gouvernement, toutes les communautés syriennes, majoritaires ou minoritaires, seront respectées, a ajouté M. Fabius. C’est un jour important. Il reste encore beaucoup de souffrance et beaucoup de travail pour que M. Bachar Al-Assad « dégage », comme on dit maintenant. Je pense que c’est un jour d’espoir pour le peuple syrien. »

« EMBARGO MILITAIRE POUR TROIS MOIS, ET NON PLUS UN AN »

En revanche, la décision des Etats-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de l’opposition. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que « tous les Arabes étaient vent debout » contre la position américaine, « parce que, sur le terrain, ils font un bon boulot ». « C’était très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne » , a ajouté le ministre.

La reconnaissance de l’opposition va-t-elle s’accompagner d’un soutien militaire, comme cette dernière le demande depuis le basculement du régime dans une répression tous azimuts ? « La décision a été prise de l’embargo militaire pour trois mois et non plus pour un an, comme c’était le cas jusqu’à présent » , a précisé M. Fabius. Une réflexion va être engagée « en concertation avec les Britanniques (…), mais nous allons regarder ça de près, car il ne s’agirait pas non plus que ces armes se retrouvent ensuite au nord du Mali. Tout cela sera discuté avec le futur ministre de la défense, qui sera notre référent » , mais qui n’a pas encore été désigné.

La double pression armée et diplomatique va-t-elle précipiter la chute de Bachar Al-Assad ? « Certains disent qu’il n’a plus d’argent, mais moi je n’en sais rien » , a indiqué Laurent Fabius.


Edité le 23-01-2015 à 19:48:30 par Xuan