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sur Staline : une entrevue avec Grover FURR (2005)

Xuan
   Postι le 27-03-2016 ΰ 18:45:07   

Sur Staline, une entrevue avec Grover FURR (2005)


14 Février 2016 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Front historique



Signalé par Alain Rondeau
par Carl MILLER

J'ai eu récemment l'opportunité d'avoir une entrevue avec le professeur Grover Furr. David Horowitz, dans son nouveau livre, l'avait attaqué parce qu'il avait défendu Staline. J'ai cru bon donc d'avoir le point de vue du professeur Furr.

Je ne suis pas totalement d'accord avec ce qu'il dit, mais en même temps je lui suis très reconnaissant de m'avoir accordé cette entrevue. Des gens comme lui, tout au moins pour ce qui me concerne, peuvent être utiles pour mettre les choses au point concernant l'Union soviétique.


> Question: Ce que vous faites, soutenir Joseph Staline, il n'y en a pas beaucoup qui le font même parmi les gauches dans le monde. Pourquoi croyez-vous que ce soit si important?

Réponse: Avant de commencer, je voudrais vous remercier de m'avoir demandé de répondre à ces questions. Ce sont des questions importantes. Elles devraient être le souci de tous ceux dégoûtés par le capitalisme qui veulent étudier l'expérience de ceux qui ont lutté pour un monde libre d'exploitation.

Je ne «soutiens pas Staline» en tant que tel. J'essaie de soutenir la vérité.

Dans le Manifeste communiste, Marx et Engels avaient dit que le prolétariat «n'avait rien à perdre que ses chaînes». J'entends par là que nous ne pouvons pas permettre à nos préjugés, préférences personnelles ou penchants, etc. d'entraver notre quête de la vérité.

Nous ne pouvons pas espérer surmonter le capitalisme sans nous baser sur la réalité objective – chose que le capitalisme est incapable de faire, car il exposerait sa terrible exploitation et brutalité. Par conséquent j'essaye d'être objectif et étudier l'histoire de l'URSS à la lumière des meilleures preuves disponibles.

Q: La perception courante de Joseph Staline est qu'il était un assassin de masse paranoïaque, assoiffé de pouvoir. Ceux qui s'y opposent Staline remarqueront que les purges et la «grande peur» le prouvent. Quelle est votre attitude par rapport à cette période?

R. Si les preuves à propos de Staline étayaient cette opinion, je l'aurai acceptée. Mais ce n'est pas du tout le cas, au contraire. Cette opinion sur Staline provient de deux sources, et ni l'une ni l'autre méritent confiance:

Trotsky et Khrouchtchev, le dernier ayant de loin le plus d'influence. Tous les deux ont menti à un degré à peine imaginable! Des documents provenant des archives soviétiques, publiés depuis la fin de l'URSS (ou, en fait, un peu avant) nous permettent maintenant d'en être certains, toutefois beaucoup le suspectaient depuis bien longtemps.

En Russie depuis le renversement de l'URSS, il y a eu une immense résurgence d'intérêt concernant Staline. Pour la première fois des études objectives ont commencé à paraître. Les preuves montrent que Staline était un homme véritablement remarquable – chose qu'un grand nombre de ses contemporains reconnaissaient aussi.

L'image de Staline faite par Trotsky-Khrouchtchev et popularisée lors de la guerre froide, n'est autre est une fabrication complète, mais reste toujours l'opinion dominante, pour ne pas dire exigée, de l'histoire soviétique,

Elle ne peut être maintenue que par un travail parfaitement malhonnête qui ne mérite pas d'être qualifié de scientifique.

En ce moment je termine une longue étude de l'infâme «rapport secret» de Khrouchtchev au XXe Congrès du Parti le 25 février 1956. Dans son allocution il a fait beaucoup de déclarations accusant Staline de crimes terribles. Ce discours a brisé le mouvement communiste et, évidemment, réjoui les anticommunistes et les trotskistes.

Au cours des deux dernières années de recherche j'ai découvert un fait choquant, chaque «révélation» faite par Khrouchtchev à propos de Staline et de Lavrentii Beria était mensongère! Jusqu'à présent je n'ai pas trouvé une seule occurrence où il disait la vérité.

Récemment j'ai écrit un peu à ce propos dans un article intitulé «Une lecture (non)critique et le discours de l'anticommunisme» que les éditeurs de The Red Critique (la critique rouge) m'ont fait la générosité de publier malgré le fait que leur journal est essentiellement théorique, et mon article principalement historique. On le trouvera sur internet à :
http://www.redcritique.org/WinterSpring2006/uncriticalreadingandthediscourseofanticommunism.htm

Mon étude détaillée des mensonges de Khrouchtchev dans le «rapport secret» devrait être publié avant la fin de 2006.

Q: Une autre des attaques contre Staline consiste à dire qu'il a provoqué une famine en Ukraine qui a causé des millions de morts. Est-ce que cela, de quelque façon que ce soit, reflète la réalité de cette période?

R. Cela est totalement faux. Cette histoire, en fait, provient à l'origine des Nazis qui l'ont répandue au milieu des années 30'. Aux États-Unis elle a été reprise par les journaux, extrêmement anticommunistes, de Hearst.

Feu Doug Tottle a bien démontré ces faits dans son livre "Fraud, Famine and Fascism. The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard" (Fraude, Famine et Fascisme. Le mythe du génocide ukrainien de Hitler à Harvard) (Toronto: Progress Books, 1987). Tottle était membre du Parti communiste canadien. Quelques-unes de ses affirmations sont défensives, mais il a quand même fait son travail sur la nature frauduleuse de ce mythe.

Après la Seconde Guerre mondiale le mythe de la «famine provoquée en Ukraine» est devenu le credo des groupes pro-nazis nationalistes ukrainiens.
Beaucoup de leurs dirigeants ont été installés aux États-Unis et financés par la CIA pour continuer leur propagande anti-soviétique. Jusqu'au début des années 60 ces groupes fascistes nationalistes ukrainiens avaient aussi des cellules terroristes à l'intérieur de l'URSS.

Aujourd'hui ce mythe fait partie intégrante de l'idéologie nationaliste de l'État ukrainien. Les capitalistes réactionnaires et anciens membres du PCUS qui dirigent l'Ukraine sont obligés de construire une histoire qui légitime le nationalisme ukrainien. Ce mythe de la «famine causée par l'homme» fait partie du projet de formation historique de l'Ukraine. Étant donné que le nationalisme ukrainien a été fasciste dès sa création, sa seule manière de se «légitimer» est d'être férocement anticommuniste. Il y a quelques très bons livres écrits par des anticommunistes de la guerre froide – néanmoins des bons historiens – qui démontrent combien a toujours été fasciste le nationalisme ukrainien. Je recommande:

• John A. Armstrong. «Ukrainian Nationalism» (Le nationalisme ukrainien): NY: Columbia University Press, 1963.

• Alexander Motyl. «The turn to the right: the ideological origins and development of Ukrainian nationalism, 1919-1929» (Le tournant vers la droite: Les origines idéologiques et le développement du nationalisme ukrainien, 1919-1929). NY: Columbia U.P. 1980.

• Une excellente recherche par le Prof. Mark Tauger, de l'University of West Virginia, et d'autres, qui explose totalement le mythe nazi de la «famine causée par l'homme». Ses travaux sont disponibles sur son site web,:http://www.as.wvu.edu/history/Faculty/Tauger/

En plus je recommande l'article suivant écrit par deux démographes professionnels:

• Barbara Anderson and Brian Silver, «Demographic Analysis and Population Catastrophes in the USSR» (Analyse démographique et catastrophes de population en URSS) Slavic Review 44, 3 (Autumn, 1985), pp. 517-536. Disponible à JSTOR.

Robert Conquest, le plus fameux des «érudits» charlatans anti-soviétiques du dernier demi-siècle, avait été payé $80.000 par des groupes nationalistes ukrainiens pour écrire Une Récolte de Désespoir («A Harvest of Despair»), le principal livre en anglais qui véhicule cette notion. Il s'est appuyé lourdement sur la propagande nazie et ses soi-disant «preuves».

Il y a quelques bonnes critiques de son livre, et de cette question. Ce sont: Jeff Coplon, «In Search of a Soviet Holocaust» (À la recherche de l’holocauste soviétique), Village Voice jan. 12, 1988. Sur http://chss.montclair.edu/english/furr/vv.html

• Jeff Coplon, «Rewriting History: How Ukrainian Nationalists Imposed Their Doctored History on our High-School Students» ( En réécrivant l'histoire: Comment les nationalistes ukrainiens ont imposé leur histoire trafiquée à nos étudiants du secondaire ). Capital Region Magazine (Albany, NY), mars 1988. http://chss.montclair.edu/english/furr/essays/coplonrewriting88.pdf

• «The Hoax of the Man-Made Ukraine Famine of 1932-33» (Le canular de la Famine ukrainienne provoqué par l'homme de 1932-33). Une série de six articles publiés à l'origine par Challenge-Desafio, le journal du Parti progressiste du Travail, commençant le 25 février 1987. Sur http://www.plp.org/cd_sup/ukfam1.html and following.

Je recommande aussi la revue de Arch Getty sur le travail de Conquest de la «London Review of Books», janvier 22, 1987, pp. 7-8. Je n'ai pas la permission de le mettre sur internet, mais je serais heureux de l'envoyer sous forme PDF à qui me le demanderait.

Le livre de Doug Tottle analyse aussi bien le travail de Conquest que le film nationaliste ukrainien frauduleux «Harvest of Despair» (La récolte du désespoir). Il mérite bien d'être lu. Comme il est épuisé depuis longtemps je suis prêt à fournir une copie en PDF à qui me le demanderait.

Q: David Horowitz, l'intellectuel de droite, vous a récemment mentionné dans son livre «The Professors» (Les Professeurs). Qu'est que cela signifie pour vous? Que pensez-vous de la situation ici aux États-Unis?

R: Ce n'est pas une surprise, Horowitz est un apologiste de l'exploitation, comme tous les conservateurs – et, bien entendu, les libéraux aussi. Ce qui est considéré comme «conservatisme» est simplement le soutien idéologique d'une variante plus ouverte, autoritaire et violente de l'exploitation capitaliste. Chaque position idéologique que les «conservateurs» préconisent – et Horowitz parmi eux – est une justification rude de l'autoritarisme, de la main d'ouvre à bon marché, de la réduction des salaires et des services sociaux, du renforcement du pouvoir des employeurs et de la réduction du pouvoir des employés réduits à l'impuissance.

Il y a quelque temps j'ai écrit deux courts essais qui expliquent brièvement comment cela fonctionne. On les trouve sur: http://chss.montclair.edu/english/furr/conservatives1.html et http://chss.montclair.edu/english/furr/conservatives2.html

Avec toutes ses faiblesses le mouvement communiste a été durant le XXe siècle, de loin, la force principale pour la libération humaine et la prise de pouvoir par les travailleurs. Le mouvement communiste était le seul point d'espoir dans ce siècle d'horreurs capitalistes.

Par conséquent il est axiomatique que tous les défenseurs de l'exploitation capitaliste et des diverses idéologies qui la soutiennent, soient fortement anticommunistes, et qu'ils n'hésitent pas à mentir concernant l'histoire du mouvement communiste – comme, en fait, ils mentent à propos de tout le reste.

Horowitz ne fait que défendre ce que lui demandent ses sponsors de droite – qui essaient de dévier l'attention de l'énorme diminution du financement de l'éducation supérieure aux États-Unis avec la prétention absurde que la «gauche» aurait conquis les campus!

Q: Quelle est votre opinion sur Trotski, sur son criticisme de Staline et l'attitude générale des trotskistes en général envers l'Union soviétique?

A: Trotski était un homme très intelligent, mais en même temps très limité. Ces idées combinaient les positions bolcheviques et mencheviques. Il se situait au pôle droit – déterministe économique – du Parti bolchevique.

Ceci en soi, n'aurait pas suffit à son expulsion. Après tout, le débat parmi les teneurs des diverses positions était sain et fort dans les années 1920. Mais Trotski était malhonnête. Comme ses idées étaient constamment battues aux Congrès et aux conférences du Parti bolchevique dans les années 20, il n'a pas cessé de former des factions pour arriver à ses fins par d'autres moyens. Après son exil de l'URSS en 1929, il a passé sa vie à comploter pour revenir au pouvoir.

Des documents figurant dans les archives ex-soviétiques fournissent des preuves fiables quant aux accusations portées contre Trotski dans les trois procès de Moscou de 1936-38 et montrent qu'elles étaient justifiées. Les adeptes de Trotski avaient clairement formé un «bloc» avec les droitiers pour renverser le gouvernement soviétique et assassiner Staline et d'autres.

Il y a des preuves indiscutables quant aux relations entre Trotski et les dirigeants militaires allemands et japonais, comme le stipulaient les accusations. Par «preuves», je n'entends pas les témoignages au procès – que je crois véridiques et précis – mais des preuves supplémentaires provenant des archives ex-soviétiques. Ces preuves confirment les accusations fondamentales de conspiration contre les accusés et Trotski, ce dernier étant absent.

Trotski était extrêmement arrogant et dictatorial. Il écoutait rarement les critiques même de ses adeptes les plus proches. Il avait créé un «culte» autour de lui-même, qui caractérisait le mouvement trotskiste de son vivant, et continue à le caractériser encore.

Il y a un assez bon article concernant Trotski dans le journal du Parti progressiste du travail, Communist, de printemps 2004, à http://www.plp.org/communist/communistspg04.pdf

Q: Considérez vous l'Union soviétique post-stalinienne comme révisionniste, social-impérialiste, socialiste, social-fasciste, ou quelque chose de similaire, et dans ce cas pourquoi? Sinon, le capitalisme a-t-il été restauré en Union soviétique avant la Perestroïka?

R: Tous les États post-soviétiques ont des régimes capitalistes, d'une espèce particulièrement prédatrice. Depuis la fin de l'URSS les nouveaux dirigeants se sont assurés que le niveau de vie des ouvriers et des employés en général – la vaste majorité de la population – baisse de manière catastrophique.

Cela était évidemment la motivation principale de Gorbatchev, d'Eltsine et des dirigeants du PCUS qui ont privatisé le patrimoine produit par le peuple soviétique de façon à augmenter de manière drastique le taux d'exploitation de la main-d’œuvre et fournir ainsi d'immenses richesses à une poignée de capitalistes.

Ce processus avait déjà commencé sous la vieille URSS. L'introduction flagrante du capitalisme et de la privatisation était un pas qualitatif dans un processus en rapide accélération.

Q: Quels écrits, recommanderiez-vous à ceux qui veulent connaître la vérité concernant ce qui se passait lors de l'époque de Staline?

R: La vérité continue d'émerger. Il y a un grand nombre de travaux de qualité en russe, mais seulement très peu en anglais. Pour une liste de ce que j'ai trouvé à ce jour, voir la bibliographie et les notes de mon article en deux parties «Stalin and the Struggle for Democratic Reform» (Staline et la lutte pour la réforme démocratique) sur le journal internet Cultural Logic in 2005:http://eserver.org/clogic/2005/furr.html et http://eserver.org/clogic/2005/furr2.html

<>Vous pouvez trouver des liens à mes propres études sur mon site http://chss.montclair.edu/english/furr/

Q: Quel est le groupe politique aux États-Unis que vous considérez avoir la ligne la plus correcte à propos de Staline?

A: Le Parti progressiste du travail – http://www.plp.org/ Bien qu'elle soit un peu vieillie, ils ont une bonne série d'écrits – en quatre parties: «Review of PBS Series: Stalin (May – June 1990).» Elle commence à http://www.plp.org/cd_sup/pbsstal1.html.

Q Que pensez-vous du projet «Set the Record Straight» (Mettre les pendules à l'heure)?

A: Je voudrais répondre en disant quelque chose à propos du «culte de la personnalité».

L'histoire des révolutions bolchevique et chinoise est un grand livre pour tous ceux qui veulent se battre pour un monde communiste égalitaire. Mais il dépend de nous d'en apprendre les leçons. Précisément, nous devons reconnaître les erreurs qu'ils ont commises – des erreurs qui ont eu pour conséquence les défaites, de l'intérieur, de ces révolutions. Parmi ces erreurs il y avait le «culte» de dirigeants particuliers. La leçon du mouvement communiste est sans équivoque. Les cultes des «grands dirigeants» sont fatalement incorrects. Il ne peut y avoir de progrès tant qu'ils ne sont pas rejetés de manière décisive.

Une des choses qui me font respecter le Parti progressiste du travail est qu'ils ont fait cela. Ils ont studieusement évité de bâtir un «culte» autour de leur dirigeant. Ni le président du Parti, ni les autres membres dirigeants ne sont jamais nommés dans leur littérature. Ils n'ont pas de «porte-parole». Chaque membre du Parti doit apprendre à représenter l'organisation.

Staline s'était toujours opposé aux louanges et à l'adulation exagérées [souligné par nous – NdlR – BIP] qui allaient éventuellement empoisonner chaque aspect de la politique et de la culture soviétique. Il a souligné à de nombreuses reprises que c'était une notion «social-révolutionnaire» et non pas marxiste et qu'elle devait être rejetée.

S'il avait été un «dictateur tout puissant», comme les anticommunistes le prétendent faussement, il s'en serait débarrassé. Bien entendu, il n'a jamais été un «dictateur tout puissant», et il n'était pas en mesure de se défaire de ce «culte» dégoûtant.

Ce «culte» a causé un énorme mal. Il a permis aux carriéristes, aux saboteurs et aux conspirateurs de rester cachés. Khrouchtchev avait malhonnêtement dénoncé le «culte» dans son «rapport secret» de 1956, mais tout ce qu'il a dit à ce sujet était faux.

Et puis ce n'était pas à Khrouchtchev de donner des leçons sur le «culte». Quand il a été démis de ses fonctions en octobre 1964, il l'avait été en raison de son propre «culte» par les membres du Comité central qui l'a destitué.

Les communistes chinois ont tiré la conclusion opposée. Ils ont délibérément bâti un «culte» autour de Mao qui avait de loin dépassé celui de Staline. Il a contribué énormément au renversement du pouvoir des travailleurs en Chine. Sous le couvert de la «loyauté au président Mao» les droitiers et les anticommunistes ont embrouillé et subverti les forces de gauche, et mis la main sur le PCCh avant la mort de Mao. Quand Mao mourut, il leur a fallu peu de temps pour s'accaparer du pouvoir et liquider tous les acquis de l'héroïque révolution chinoise.

La différence était celle-ci: Staline s'opposait à ce «culte». Nous pouvons le voir aujourd'hui, il aurait dû le faire avec plus de férocité, mais Mao encourageait délibérément le «culte» autour de lui.

Mao et le PCCh avaient âprement, et correctement critiqué la direction khrouchtchevienne de l'Union soviétique. Mais dans son cas, Mao avait choisi délibérément d'imiter un des pires aspects du socialisme soviétique, celui qui avait aidé Khrouchtchev à arriver au pouvoir et saboter la lutte pour le communisme.

Mao dans beaucoup de sens était un grand penseur et un grand dirigeant révolutionnaire – un des plus grands! Mais dans le cas du «culte de Mao» il n'a pas respecté les principes.

Il a fourni la déclaration suivante en guise d'introduction

L'auteur a fourni la déclaration suivante pour son introduction: «Je ne possède aucun titre formel qui me qualifierait pour la recherche sur l'histoire de l'Union soviétique à l'époque de Staline. Je ne saurais imaginer quels seraient ses titres!

Comme étudiant universitaire de 1965-1969, je m'étais opposé à la guerre des É-U contre le Vietnam. À un moment quelqu'un m'a dit que le Parti communiste vietnamien devait être mauvais parce qu'ils étaient des «staliniens», et que Staline avait tué des millions de gens innocents.

J'ai lu la première édition du livre de Robert Conquest, La Grande Terreur quand il avait été publié autour de 1974. J'étais ébranlé! Mais comme je lisais le russe, j'étudiais la littérature russe depuis longtemps. Par conséquent en étudiant attentivement le livre de Conquest, j'ai découvert qu'il était malhonnête dans l'usage de ses sources. Ses notes de pied de page ne soutenaient pas ses conclusions anti-staliniennes! À la base, il a utilisé n'importe quelle source hostile à Staline, digne de foi ou non.

J'ai, finalement, décidé d'écrire quelque chose à propos de la «Terreur». Cela m'a pris beaucoup de temps, et en 1988 j'ai publié «Une nouvelle lumière sur des vieilles histoires concernant le maréchal Toukhatchevski: Quelques documents réexaminés» ( New Light On Old Stories About Marshal Tukhachevskii: Some Documents Reconsidered ) http://chss.montclair.edu/english/furr/tukh.html

Dans les années 80' et 90' j'ai étudié les recherches faites par la nouvelle école d'historiens sur l'Union soviétique qui comprenait Arch Getty, Robert Thurston, Roberta Manning, Sheila Fitzpatrick, Jerry Hough, Lewis Siegelbaum, Lynne Viola, et d'autres. À l'époque on les nommaient souvent «jeunes Turcs» ou «révisionnistes».

En étudiant attentivement les documents disponibles et – très important – en essayant durement d'être objectifs, ils montraient déjà que toute «l'histoire» qui venait de Trotski, de Khrouchtchev et plus tard de Gorbatchev et d'Eltsine était fatalement compromise par la partialité politique. Ils ont démontré qu'il ne s'agissait pas d'histoire mais de propagande anticommuniste.

En 1999, un chercheur basé à Moscou. Vladimir Bobrov m'a contacté. Il m'a parlé de la publication de documents provenant des anciennes archives soviétiques, m'en a envoyé certains et m'a dirigé vers d'autres. Ces documents fournissaient les preuves qui exigeaient que l'histoire soviétique soit réécrite, y compris celle sur le rôle de Staline.

Depuis lors j'essaye de faire quelques petites contributions pour découvrir la vraie histoire de la période Staline. Cela me fait plaisir que vous pensiez que c'est un projet important

Je vous souhaite bonne réussite!

[http://mlmist.blogspot.com]
> [Traduction Alexandre MOUMBARIS]
> Editions Democrite No 124
> 3 février 2016