Sujet :

La résistible ascension de buzzemmour

Xuan
   Posté le 02-10-2021 à 19:09:54   

Les médias ont gonflé Zemmour avant même sa candidature. Il rattrape Le Pen, laminée depuis les dernières élections, et il bénéficie très probablement de soutiens financiers chez Bolloré, ce qui n'était pas le cas du FN.
Il pourrait la remplacer avantageusement comme faire-valoir de Macron, mais il essaie aussi de grappiller les voix de la droite classique, de sorte que sa candidature peut encore gonfler.

A présent le père Le Pen le trouve rafraichissant , tandis que les jeunes de Dupont Aignan ont lâché leur dirigeant en déclarant "Ni Marine Le Pen, ni Les Républicains, ni Nicolas Dupont-Aignan ne peuvent incarner l’alternative. Seul un homme, aujourd’hui, parvient à rassembler au-delà des lignes partisanes et à redonner espoir aux abstentionnistes qui ne croient plus en la politique; un homme qui rompt avec l’établissement politique actuel, qui réincarne enfin la droite et peut opérer la synthèse entre les toutes les forces profondes du pays. Cet homme, c’est Éric Zemmour"
Voir leur communiqué dans Valeurs Actuelles :https://www.valeursactuelles.com/politique/les-jeunes-de-debout-la-france-rejoignent-zemmour-et-quittent-dupont-aignan/
pzorba75
   Posté le 02-10-2021 à 20:42:20   

Cette candidature est-elle plus sérieuse que celle tentée avec Coluche en 1981?

Après les présidents jetables depuis Sarkozy, Holland et Macron, Zemmour peut devenir le président guignol, un peu à la Ronald Reagan il y a 40 ans déjà.
Xuan
   Posté le 02-10-2021 à 22:32:04   

Pas tellement guignol je dirais, plutôt famille Adams.
Finimore
   Posté le 12-10-2021 à 08:38:48   

Lu sur https://www.contretemps.eu/zemmour-fascisme-racisme-symptome-morbide-palheta/

De quoi Zemmour est-il le symptôme morbide ?Ugo Palheta 11 octobre 2021

Face à la progression sondagière d’Éric Zemmour, certain-es sont enclin-es à gauche à penser qu’il n’y a là qu’une bulle médiatique et à faire le dos rond en attendant, ou en espérant, qu’elle explosera d’elle-même. On pourrait aussi se contenter d’y voir une énième manifestation de ce « pétainisme transcendantal » dont parlait Alain Badiou : une « forme historique de la conscience des gens, dans notre vieux pays fatigué, quand le sourd sentiment d’une crise, d’un péril, les fait s’abandonner aux propositions d’un aventurier qui leur promet sa protection et la restauration de l’ordre ancien ». Le problème, c’est que cette caractérisation développée par le philosophe à propos de Sarkozy pourrait s’appliquer à de nombreux hommes politiques qui posent en sauveurs, aussi bien à Macron qu’à Zemmour et Le Pen. Elle ne nous aide donc guère à saisir le sens spécifique de l’ascension résistible – du moins à ce stade – d’Éric Zemmour.

Notre point de vue, c’est qu’elle exprime certaines des grandes tendances de la politique française. Or, celles-ci préexistaient à Zemmour, ne sont pas prêtes de disparaître (comme certains imaginaient que la progression de l’extrême droite avait été stoppée par les mauvais scores du FN/RN aux dernières élections régionales) et il nous faudra bien les affronter, quoi qu’il advienne de sa probable candidature à l’élection présidentielle. La transformation (en cours) du capital médiatique de Zemmour en capital politique pose toutefois de nouveaux problèmes – et crée de nouvelles menaces – comme on va le voir. Le succès qu’elle rencontre actuellement rappelle en outre – dans le contexte spécifique à la France – des dynamiques que l’on a vues à l’œuvre ces dernières années dans d’autres pays, en particulier les États-Unis et le Brésil, où des personnages aussi grotesques que dangereux (Trump et Bolsonaro) sont parvenus à bousculer les organisations de droite et à conquérir le pouvoir par la voie électorale.

On se propose donc ici de fournir quelques clés de lecture du « zemmourisme », étant entendu que – contrairement aux prétentions du « grand homme » et à ce qu’imaginent ses adorateurs – ce n’est pas dans sa personnalité, son esprit ou son talent qu’il faut chercher la source du succès sondagier que l’on observe actuellement. Au contraire, la nullité du personnage nous ramène en quelque sorte à l’énigme que Marx avait cherché à éclairer dans son 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte : comment un être aussi médiocre peut-il occuper le devant de la scène médiatique et bousculer le jeu politique dans l’une des principales puissances capitalistes ? L’hypothèse défendue ici, c’est que Zemmour n’est que le nom privé d’un processus de fascisation et, en tant que tel, il doit d’abord être interrogé comme symptôme ou, pour reprendre l’expression de Gramsci, comme « symptôme morbide ».



1 – Des médias asservis à la logique du profit
L’aspect le plus évident du problème, c’est que Zemmour est une construction médiatique. Celle-ci ne date pas de la constitution de l’empire Bolloré, qui a fait de l’idéologue – pourtant condamné deux fois pour incitation à la haine raciale – son principal produit d’appel sur la chaîne d’ « information » en continu CNews.

Rappelons qu’avant d’officier sur celle-ci, il fut lancé il y a près de 20 ans sur ITélé (il est vrai l’ancêtre de CNews), pour un débat quotidien qu’on imagine hautement conflictuel avec Christophe Barbier, puis surtout par Laurent Ruquier qui, en érigeant Zemmour en tête de gondole de son émission de grande écoute « On n’est pas couché », a joué dans cette affaire le rôle du docteur Frankenstein. Ruquier peut bien aujourd’hui regretter d’avoir contribué à créer le « phénomène Zemmour » ; il n’interroge pas les raisons pour lesquelles lui et la productrice de l’émission (Catherine Barma) ont choisi Zemmour et l’ont maintenu plusieurs années à l’antenne, à savoir la logique du buzz et de l’audimat à tout prix, donc du profit (empoché par la société de production de Barma et par Ruquier sous la forme de salaires mirobolants).

Il faudrait même faire remonter la fabrication du personnage médiatique à la publication du Premier sexe, manifeste masculiniste pour lequel Zemmour a pillé certaines « idées » développées avant lui par l’idéologue néofasciste Alain Soral, notamment concernant la « féminisation des sociétés » ou encore la « dévirilisation des hommes ». Livre dans lequel il affirmait l’infériorité congénitale des femmes et la nécessaire domination des hommes (d’ailleurs désirée secrètement par les femmes, selon la psychanalyse de bazar que développent Zemmour et Soral).

On pourrait sans doute montrer que la publication de ce livre fut parfaitement et délibérément calibrée par Zemmour, moyennant outrances et provocations évidentes, pour favoriser une large appropriation médiatique. À l’aube des années 2000, Zemmour était un journaliste politique du Figaro encore assez obscur mais, en quête d’ascension sociale rapide, il a su jouer habilement le jeu médiatique – comme l’a montré Gérard Noiriel – et devenir ce qu’on nomme un « bon client » : clivant il est vrai mais on n’a rien sans rien…

Zemmour comme construction médiatique donc, et l’essentiel a été dit sur ce point par Pauline Perrenot pour Acrimed. Mais cela va plus loin : Zemmour est l’expression de l’anéantissement presque total du débat public à une époque où se sont pourtant multipliées les émission dites « de débat » mais où les conditions d’un véritable débat rationnel et pluraliste ne sont jamais (ou presque) réunies. Si nombre d’éditorialistes et d’hommes politiques peuvent s’exclamer bien haut que Zemmour représente une élévation du débat public, c’est que celui-ci est tombé si bas que quelques vagues références historiques (qui relèvent d’ailleurs davantage du « roman national » que de l’histoire à proprement parler), quelques chiffres généralement faux, et quelques citations apprises par cœur suffisent à faire d’un cuistre un « grand intellectuel ».

Il y a ici des tendances lourdes et anciennes : bien sûr la faiblesse du pluralisme politique et idéologique dans des médias privés (tous aux mains de milliardaires) et dans les médias publics ; mais aussi le fait que des éditocrates et des intellectuels médiatiques (BHL, Finkielkraut, Comte-Sponville, etc.), autrement dit des intellectuels devant intégralement leur renommée aux médias et non à une œuvre qui aurait été plébiscitée dans le champ intellectuel, définissent pour l’essentiel l’agenda médiatique (ce qui doit être débattu), en collaboration avec les partis dominants, et sont appelés dans les médias à dire le « vrai » concernant les transformations de la société française (marginalisant très largement les chercheurs/ses universitaires et les revues intellectuelles).

On fera remarquer également que le « phénomène Zemmour » fait exploser l’illusion selon laquelle les médias web et les réseaux sociaux auraient rendu caducs les médias dits traditionnels (presse écrite, télé et radio), ce qui nous épargnerait la nécessité de leur transformation radicale. Zemmour est un pur produit de ces médias traditionnels (Le Figaro et RTL notamment, et même France 2 pendant un temps), et l’on voit à travers son exemple qu’une grande partie de ce qui est promu, partagé et discuté sur les réseaux sociaux ou les médias web provient d’émissions de télévision et de radio, les « nouveaux médias » (déjà plus si nouveaux) jouant un rôle de caisse de résonance de ce point de vue.

Enfin, il faut insister sur le fait que si les sondages mesurent essentiellement à ce stade l’exposition médiatique des candidat·es (voire, dans le cas de Zemmour, de quelqu’un qui ne s’est pas encore déclaré candidat), ils constituent en quelque sorte une prophétie auto-réalisatrice : l’omniprésence médiatique de Zemmour lui permet de voir sa cote sondagière monter, et en retour cette montée le fait exister politiquement comme une possibilité tangible, le faisant encore progresser dans les sondages et justifiant après coup sa sur-médiatisation (d’autant que cette montée peut le faire apparaître comme le « vote utile » du « camp des patriotes », c’est-à-dire de l’extrême droite et de la droite extrêmisée). Dans tous les cas, la responsabilité des « grands » médias est ici maximale.



2 – Une solution de rechange pour la bourgeoisie
Zemmour n’est pas qu’un artefact médiatique et sondagier ; il représente aussi pour certaines franges de la bourgeoisie une possible solution de rechange. Les patrons n’aiment pas l’incertitude, et ils ne mettent jamais tous leurs œufs dans le même panier. Aux États-Unis, la bourgeoisie finance – généralement selon les intérêts spécifiques de chacune de ses fractions – aussi bien le Parti républicain que le Parti démocrate (Clinton et Biden ont même reçu plus de fonds que Trump). De même, dans l’Allemagne des années 1930, les capitalistes allemands finançaient l’ensemble des partis de droite et d’extrême droite, dont les nazis.

Or, dans l’état de crise de représentation politique que connaît la France (qui signifie une rupture du lien entre représentants et représentés, manifestée par la disparition de ces partis politiques solidement implantés socialement que constituaient auparavant le Parti socialiste, la droite gaulliste ou encore le Parti communiste), les possédants cherchent à faire en sorte qu’existe une variété d’agents capables de défendre l’ordre social et de favoriser l’accumulation du capital, par tous les moyens nécessaires. Cela peut passer par le fait de favoriser l’émergence de figures qui appartiennent indéniablement aux classes possédantes et en défendent les intérêts, mais dont la réputation n’est pas entachée par l’appartenance à des partis discrédités.

Macron est l’un de ces agents, à l’évidence, et l’on sait de quelle mobilisation médiatique mais aussi patronale il a bénéficié en 2016-2017 et sans laquelle il n’aurait eu aucune chance de l’emporter. Au fil de son mandat, il s’est d’ailleurs affiché de plus en plus clairement comme l’incarnation politique du parti de l’Ordre, en particulier en réprimant férocement les mouvements sociaux (les Gilets jaunes surtout). Cela a impliqué pour lui de transformer profondément son électorat en attirant à lui des segments de la clientèle de la droite traditionnelle (qui avait voté Fillon) tout en conservant les segments les plus droitiers de l’ancien électorat PS. Cela a fonctionné jusqu’à maintenant, et rien n’indique pour l’instant que son pari sera perdu en 2022.

Le problème, c’est qu’en unifiant la droite décomplexée (de Darmanin et Blanquer) et la « droite complexée » (pour reprendre l’expression de Frédéric Lordon) de Collomb, Rugy ou Valls, Macron a aboli l’alternance gauche/droite qui avait si bien réussi à la bourgeoisie française depuis 1981 pour imposer les politiques néolibérales et éloigner toute perspective de rupture, dans un pays pourtant marqué par de larges contestations sociales et une aspiration forte à maintenir les conquêtes sociales d’après-guerre.

Et même si la bourgeoisie n’a fondamentalement rien à craindre du FN/RN (Marine Le Pen n’ayant cessé de lui donner des gages de bonne conduite économique pour attirer l’électorat de LR : remboursement de la dette publique, pas de sortie de l’euro, pas d’augmentation du SMIC, etc.), les grands patrons français n’ont jamais considéré le FN/RN comme un candidat sérieux à l’alternance, et encore moins comme « leur parti ». Pour Bolloré et d’autres secteurs de la classe possédante (Zemmour compte de plus en plus de soutiens du côté de grands patrons), celui-ci constitue donc une opportunité de faire émerger une solution de rechange à Macron qui ne soit pas associée au nom Le Pen (considéré comme trop sulfureux, donc davantage susceptible de susciter des mobilisations, donc de l’incertitude, etc.), même si l’actuel locataire de l’Élysée tient assurément encore la corde pour la majorité de la classe capitaliste française.

De ce point de vue Zemmour fait tout ce qu’il peut pour afficher une politique bourgeoise offensive qui ne diffère en rien de ce que propose LREM et LR : recul de l’âge de la retraite, baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés, baisse des cotisations, etc. L’autre volet de sa politique « sociale », qui n’apparaît pas encore précisément, concernera évidemment les immigré·es puisque Zemmour dit d’ores et déjà qu’il financera les baisses de recettes fiscales en privant ces derniers de toute aide sociale, en supprimant l’AME, etc., ce qui ne se distingue nullement ici de ce qu’avance le FN/RN. Une fusion du néolibéralisme et du néofascisme en somme.



3 – La montée d’un racisme conspiratoire
On a beaucoup dit ces vingt dernières années que la parole raciste s’était banalisée dans les médias dominants et parmi les « responsables » politiques. Cela paraît indéniable : les obsessions autoritaires, xénophobes et racistes de l’extrême droite, autour de l’insécurité, de l’islam et de l’immigration, ont pris dans les deux dernières décennies une place médiatico-politique qu’elles n’avaient pas auparavant, notamment concentrée autour de la question des quartiers dits « sensibles » à propos desquels est martelée la rhétorique néocoloniale – sinon celle des Croisades – de la « reconquête » (républicaine nous dit-on…).

La nouveauté des cinq dernières années, c’est l’apparition dans les « grands » médias – chaînes d’ « information » en continu et radios commerciales – d’une nuée de pseudo-journalistes d’extrême droite (issus de Valeurs actuelles, de Causeur, de L’Incorrect, etc.) et la présence quasi-permanente des porte-parole du FN/RN, aux côtés de vieux briscards de la droite réac et raciste (Rioufol, Thréard, etc.) qui, au contact de cette jeune garde, ne cesse de se radicaliser eux-mêmes. Cela est vrai dans les chaînes de Bolloré mais cela ne s’y réduit en aucune manière ; qu’on prenne le temps de visionner BFM ou LCI, ou qu’on ait en tête l’arrivée de Devecchio sur France Inter.

À cette évidente banalisation des discours autoritaires et racistes, favorisée par le pouvoir politique quand par la voix de ministres on part en guerre contre la « subversion migratoire », le « séparatisme » ou l’ « islamogauchisme », quand un ministre de l’Intérieur justifie une loi ciblant les musulman·es en se réclamant de propos antisémites tenus par Napoléon en 1806, ou encore quand un président de la République donne une interview exclusive à Valeurs actuelles (d’ailleurs récemment condamnée par la justice pour injure raciste), s’ajoute une radicalisation dont Zemmour est à la fois le vecteur et le produit. Deux exemples suffiront.

Dans les années 1980-90, la dénonciation du prétendu « racisme anti-Blancs » était uniquement le fait de Jean-Marie Le Pen et du FN. À partir des années 2000, certains idéologues – autour de Jacques Julliard, Pierre-André Taguieff ou Alain Finkielkraut – ont diffusé l’idée selon laquelle existerait, à côté d’autres formes de racisme (antisémitisme, racisme anti-Arabes, etc.), un tel « racisme anti-Blancs ». Il semble que nous soyons entrés dans une nouvelle étape : au « racisme anti-Blancs » comme forme de racisme parmi d’autres (ce qui n’avait déjà pas plus de sens que de parler de sexisme anti-hommes) a succédé l’idée que nous vivrions dans « un régime communautariste et racialiste anti-blanc, un apartheid inversé » (les mots sont de Michel Onfray)[1].

L’autre exemple, connecté au précédent, c’est celui de l’islamophobie. Si certain·es ont commencé dès les années 1980 mais surtout à partir du début des années 2000 – et si nombre d’idéologues et d’hommes ou de femmes politiques continuent – à dénoncer l’islam et les musulmans au prétexte qu’ils menaceraient le « vivre-ensemble » par leur « communautarisme » ou leur « séparatisme », on a vu se développer à partir de là une version beaucoup plus agressive de l’islamophobie, selon laquelle les musulmans aspireraient à soumettre la société française, à détruire la République, la France ou l’Occident (il y a des variantes), à dissoudre l’identité nationale ou civilisationnelle, etc.

Ce discours, autrefois confiné dans les marges (c’est-à-dire à l’extrême droite), s’est banalisé à tel point qu’un écrivain aussi central dans le champ littéraire français que Michel Houellebecq a pu en faire un livre à succès (intitulé Soumission), évidemment considéré comme salutaire et visionnaire par les islamophobes de tout poil (en France et ailleurs).

Rappelons que ce livre imaginait la victoire d’un candidat musulman lors de l’élection présidentielle de 2022, et la transformation consécutive de la France en République islamique. Étrange prédiction alors que toute une industrie médiatique et éditoriale de l’islamophobie s’est développée au cours des 20 dernières années en France et que les principaux candidats à la présidentielle de droite et d’extrême droite ne cessent de faire de la surenchère sur ce terrain depuis des mois. Rappelons que le livre de Houellebecq s’était vendu au bout d’un mois à près de 350 000 exemplaires, et il fut en tête des ventes en France, en Allemagne et en Italie (où on avait déjà vu les livres de Fallaci, violemment racistes, se vendre à plusieurs millions d’exemplaires !).

Ces mythes d’un complot islamique visant à soumettre l’Europe ne sont pas nouveaux. L’extrême droite s’en nourrit depuis les années 1970 : depuis le Camp des saints de Jean Raspail (l’un des livres favoris de Marine Le Pen), défendant un génocide préventif face à des non-Blancs soupçonnés de vouloir commettre un « génocide blanc », jusqu’à Renaud Camus et son « grand remplacement. Avec quelques différences, ils fonctionnent de manière similaire et jouent un rôle analogue aux mythologies antisémites du « complot juif mondial ». Il s’agit en réalité de deux variétés de racisme conspiratoire[2].

Dans un livre important publié récemment, Reza Zia-Ebrahimi a bien montré la fonction de cette forme de racisme : pour se préserver nous dit-on de la « guerre civile », du « délitement de la nation française », d’une « destruction de la civilisation occidentale/européenne », d’un « génocide blanc » (selon la variante choisie par tel ou tel courant d’extrême droite), il s’agirait d’employer préventivement les grands moyens, en rompant avec le « droit-de-l’hommisme » (donc en déshumanisant certaines populations considérées comme menaçantes) et en remettant en cause l’État de droit : non seulement stopper toute forme d’immigration en provenance du Sud global (supprimer une fois pour toutes le droit d’asile quand il concerne certains pays et certaines populations, abroger le droit au regroupement familial, etc.), refuser d’accorder des droits aux migrant·es qui sont ici (amplifiant ce qui est déjà à l’œuvre depuis des années), mais aussi « nettoyer les quartiers » (expression plusieurs fois utilisée par Zemmour) et engager une « remigration » (c’est-à-dire une déportation de masse).

Nul hasard si Zemmour a pu envisager explicitement la déportation de millions de musulman·es. Quand un journaliste italien lui demandait en 2014 si c’est bien ce qu’il suggérait, voici sa réponse : « Je sais, c’est irréaliste mais l’histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu’un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d’Algérie pour revenir en France ? ». Mais cela n’a rien de surprenant puisque Zemmour considère les migrant·es venu·es du Sud global comme des voleurs, des violeurs et des assassins. Qu’on ne prétende pas d’ailleurs que Marine Le Pen n’irait pas aussi loin, puisque celle-ci pouvait affirmer en meeting en 2012 : « Combien de Mohamed Merah dans les bateaux, les avions, qui chaque jour arrivent en France remplis d’immigrés ? Combien de Mohamed Merah parmi les enfants de ces immigrés non-assimilés ? ».

Il importe d’être aussi clair que possible sur ce point : la victoire politique de ce racisme conspiratoire nous amènerait à terme bien au-delà des discriminations systémiques que subissent d’ores et déjà les musulman·es en France, et au-delà même d’une institutionnalisation de ces discriminations. Ce qui se trouve au bout du chemin, c’est une vaste opération de nettoyage ethnique (dont l’histoire du XXe siècle a abondamment montré qu’elle pouvait prendre la forme d’une déportation de masse mais aussi de massacres à caractère génocidaire), ainsi qu’une répression tous azimuts de la gauche sociale et politique (dans toutes ses composantes, des plus radicales aux modérées), des mouvements antiracistes, féministes et LGBTQI+, dans la mesure où ces derniers constitueraient selon les néofascistes un « parti de l’étranger », complice de la destruction de la France, de l’Occident, des Blancs mais aussi des hommes.

Les attentats commis par des militants d’extrême droite – en particulier Breivik en 2011 contre des militant·es de la jeunesse socialiste de Norvège ou celui de Tarrant en 2019 contre des musulman·es en Nouvelle-Zélande (qui ont fait dans chaque cas plusieurs dizaines de morts), de même que les tentatives d’attentats d’extrême droite régulièrement déjoués en France ces dernières années – illustrent clairement où mène ce catastrophisme paranoïaque et raciste que constitue le conspirationnisme islamophobe, et quels en sont les cibles logiques.



4 – Un backlash idéologique anti-égalitaire
On se rassure parfois à bon compte en imaginant que Zemmour et ses semblables n’incarneraient que le dernier sursaut d’un vieux monde en train de périr. On suit alors la pente d’un progressisme naïf selon lequel l’Humanité irait nécessairement – même de manière quelque peu chaotique – vers davantage d’égalité et de respect des droits humains fondamentaux.

C’est d’ailleurs ainsi que se campe l’idéologue néofasciste et que le perçoivent ses partisans, comme résistant à des forces immenses et au rouleau-compresseur d’une idéologie qui briserait les valeurs traditionnelles et les identités héritées. Il suffit pourtant de comparer la très faible présence de militant·es ou d’intellectuel·les antiracistes dans les « grands » médias et la place croissante qu’y occupent les idéologues d’extrême droite ou de la droite extrêmisée, pour mesurer à quel point ce récit est grotesque. Dans ce courant politique, on tend sans cesse à exagérer la puissance de l’adversaire pour mieux justifier une politique extrémiste de restauration ou, pour être plus précis, de contre-révolution.

Reste qu’il y a à l’évidence un élément de vérité ici : Zemmour apparaît bien en France comme la version la plus agressive d’une réaction de défense des privilèges – en particulier de genre et de race – face à la montée des idées et des mouvements féministes et antiracistes. Difficile par exemple de ne pas constater que l’intensification de l’islamophobie médiatico-politique depuis deux ans est consécutive à la plus importante manifestation – numériquement et politiquement – qui ait eu lieu en France au cours des vingt dernières années contre le racisme ciblant spécifiquement les musulman·es, à savoir la manifestation du 10 novembre 2019.

Dans la mesure où cette manifestation avait été appelée non seulement par des organisations musulmanes et de défense des musulman·es mais aussi par l’essentiel de la gauche sociale et politique, il s’agissait pour le pouvoir politique et l’extrême droite d’affaiblir le pôle autonome dont le Collectif contre l’islamophobie en France était le fer de lance (ce fut fait avec la dissolution sans aucun motif sérieux de cette organisation fin 2020) et de disqualifier cette gauche qui avait (enfin !) décidé de participer à une mobilisation contre l’islamophobie, en la traînant dans la boue des accusations de communautarisme mais aussi d’antisémitisme, de complicité avec le terrorisme, etc.[3].

De même, il n’est pas contradictoire de constater à la fois une progression du mouvement et des idées féministes, marquée en France par le succès des manifestations contre les violences sexistes et sexuelles mais aussi d’importants succès de librairie pour les publications féministes, et l’attrait que suscite un idéologue dont le masculinisme forcené est bien connu. Là encore, Zemmour est l’incarnation d’un backlash anti-égalitaire qui accompagne comme son ombre la quatrième vague féministe : en dénonçant une prétendue « tyrannie des minorités », il ne s’agit pas simplement pour lui et ses comparses de dissimuler le maintien des structures de la domination masculine mais de faire taire une bonne fois les mouvements qui déstabilisent l’ordre hétéro-patriarcal.

Les forces réactionnaires ne sont donc pas restées l’arme au pied face aux puissantes mobilisations féministes à l’échelle mondiale ou face à l’énorme mouvement, lui-aussi mondial, contre les violences policières à caractère raciste. Et l’on ne devrait pas considérer que la guerre culturelle qu’elles mènent ne constituerait qu’un soubresaut sans lendemains : elle a des visées d’anéantissement et ne s’arrêtera que si elle est stoppée. Doit-on rappeler qu’aussi bien dans le cas de l’antisémitisme que de celui de la suprématie blanche, c’est suite à des conquêtes démocratiques, précisément dans une logique de backlash et de ressentiment, que sont nés et se sont développés certaines des idéologies et certains des mouvements les plus violemment racistes et réactionnaires (en particulier aux États-Unis le Ku Klux Klan et en Allemagne le mouvement Völkisch dont les nazis sont l’un des prolongements) ?

La politique que Zemmour cherche à populariser ne se contente pas de dénoncer les théories (et les pratiques) antiracistes et féministes développées au cours des dernières décennies. Dans son viseur se trouve l’idée même d’égalité et de droits humains fondamentaux. Nul hasard si Zemmour cite régulièrement l’un des principaux idéologues contre-révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, Joseph de Maistre, notamment pour justifier son refus de toute forme d’universalisme au profit d’un nationalisme ethniciste (« Moi je suis comme Joseph de Maistre, je ne connais pas l’homme, je n’ai rencontré que des Italiens, des Français, des Anglais, etc. »).

Zemmour n’est donc pas seulement obsédé par Mai 68, ce fétiche qu’a tant agité l’ancien président Nicolas Sarkozy, mais par 1789 et la Révolution française, dont procéderait selon lui le déclin français. Cette obsession l’inscrit pleinement et indéniablement dans toute une tradition des anti-Lumières que l’historien du fascisme Zeev Sternhell a parfaitement identifiée et qui vise aussi bien l’universalisme abstrait propre à la modernité bourgeoise et à la démocratie libérale que l’humanisme révolutionnaire porté depuis le XIXe siècle par le mouvement ouvrier dans toutes ses composantes mais aussi la plupart des mouvements anticoloniaux de libération nationale. Doit-on rappeler que ce point de convergence entre les extrêmes droites fasciste et traditionnaliste avait été résumé par Goebbels quelques mois après l’arrivée au pouvoir des nazis, celui-ci affirmant que les nazis avaient « effacé 1789 de l’histoire » ?



5- L’extrémisation de la droite
Comme on l’a dit plus haut, la parole raciste n’a cessé de se banaliser au sein du personnel politique et dans les « grands » médias. La chose n’est pas nouvelle : Jacques Chirac avait pu être élu Président de la République (en 1995) quelques années seulement après avoir disserté en plein meeting – à grands renforts de rires gras – sur « le bruit et l’odeur » des familles immigrées. De même un ancien président – Valéry Giscard d’Estaing pour ne pas le citer – pouvait en 1991 assimiler l’immigration à une « invasion » et proposer de substituer le « droit du sang » au « droit du sol » dans l’acquisition de la nationalité française.

Mais il est vrai que l’appel de Sarkozy à « décomplexer » la droite a amené la droite à aller plus loin et il a été entendue par ses troupes et d’omniprésents éditocrates : alors même que Chirac s’était fait élire en s’érigeant en rempart contre l’extrême droite, ce sont bien les « idées » et le langage de celle-ci qui ont infusé profondément au sein de la droite à partir de 2002, année qui a marqué l’arrivée de Sarkozy sur le devant de la scène politico-médiatique.

On a pris l’habitude à gauche de ne traiter que par l’ironie ou le mépris celui qui vient d’être condamné à un an de prison ferme par la justice pour le financement illégal de sa campagne de 2012. Il faut pourtant insister sur le fait que Sarkozy a été le principal acteur de l’extrémisation de la droite et l’on ne comprendrait rien au succès de Zemmour à droite, dans toutes ses franges (y compris le macronisme, sous l’autorité d’ailleurs de Macron lui-même dont on a appris récemment qu’il aurait commandé un rapport sur l’immigration à Zemmour), sans l’action de Sarkozy pendant dix années de vie politique durant lesquelles il fut en permanence au centre de l’attention (entre 2002 et 2012). Avant que Macron ne s’engage dans cette voie, Sarkozy a été le principal introducteur en France d’un populisme néolibéral-autoritaire qui se rapproche en grande partie du thatchérisme (tel qu’il fut analysé brillamment par Stuart Hall).

Il importe d’y insister parce qu’avec l’ascension de Zemmour sont sans doute en train de tomber les derniers obstacles qui s’opposaient à la synthèse politico-électorale entre une droite extrêmisée et une extrême droite avec laquelle la plupart des barons de la droite (et une partie au moins de son électorat) rechignait encore à faire alliance. Si Zemmour s’installe durablement devant LR et le FN/RN dans les sondages, il a toutes les chances de rafler des soutiens venant de ces deux organisations, et d’être en capacité dans un éventuel 2nd tour de cumuler les reports de voix de leurs électeurs·rices respectifs·ves. Ce n’est pas simplement que l’opportunisme est structurel chez des gens dont la politique est la profession ; c’est aussi que le terrain a été préparé par une dérive idéologique de la droite depuis deux décennies, ce qui nous renvoie au sarkozysme[4].

Si des philosophes pour médias peuvent appeler à tirer à balles réelles sur les Gilets jaunes ou confesser qu’ils voteraient plus volontiers pour Marine Le Pen que pour Jean-Luc Mélenchon (ce qui n’est pas pour surprendre quiconque a une connaissance de la faillite absolue d’une grande partie de l’intelligentsia durant l’entre-deux-guerres), si un porte-parole de LR peut tranquillement affirmer que les Blancs subiraient une « épuration ethnique » dans les quartiers populaires et d’immigration, ou encore si des parlementaires de droite peuvent appeler à la dissolution de l’UNEF, on voit mal ce qui pourrait conduire la droite à ne pas s’offrir corps et âme – c’est-à-dire organisationnellement et idéologiquement – à Zemmour.

Qu’on ne s’illusionne donc pas : dans un scénario cauchemardesque qui verrait l’élection de Zemmour, celui-ci n’aurait aucun mal à former un gouvernement composé de ténors de la droite et à rassembler une majorité parlementaire. Là encore, il n’y a pas de quoi surprendre quelqu’un qui connaît l’histoire des gouvernements fascistes au XXe siècle, ces derniers ayant toujours compté initialement plus de ministres de droite que d’extrême droite.

Il est vrai qu’une victoire électorale ne permet pas tout et que l’opposition de secteurs importants de l’État peut amener ces gouvernements à en rabattre sur leur programme ou leurs ambitions putschistes (qu’on pense aux tentatives de Trump de se maintenir au pouvoir). La présence à la tête de l’État d’un néofasciste ne lui donne pas nécessairement les moyens politiques de fasciser l’État, comme en témoigne – au moins pour l’instant – l’exemple de Bolsonaro au Brésil. Néanmoins, ce qui se joue dans les appareils répressifs depuis plusieurs années – les initiatives factieuses des syndicats de police, l’impunité dont jouissent les crimes policiers, comme les tribunes de militaires appelant à affronter les « hordes de banlieue » pour éviter le « délitement de la France » – signalent que des pans significatifs de l’État sont disposés à aller encore beaucoup plus loin dans une direction ultra-autoritaire et dans l’institutionnalisation du racisme.

*

Ignorer Zemmour n’est malheureusement pas une option pour les anticapitalistes et les mouvements sociaux. Si celui-ci est bien le produit de deux décennies au moins de transformations politiques et idéologiques, et en grande partie un monstre créé de toutes pièces par les médias dominants, il est à présent un acteur central de la fascisation, qu’il nous faut impérativement combattre en tant que tel. Reste que, comme dans le cas de Trump ou de Le Pen, le « tout sauf Zemmour » est une impasse.

On reviendra dans un prochain article sur quelques pistes politiques pour affronter le danger mais disons d’emblée que le néofascisme ne pourra être vaincu sans que se développent des bastions de résistance antifasciste dans le corps social, sans que s’unissent les mouvements d’émancipation autour d’objectifs tactiques atteignables, permettant d’obtenir des victoires (même partielles) et de reprendre confiance dans la lutte collective, sans que l’antiracisme politique imprègne bien davantage qu’actuellement le sens commun et les pratiques militantes, et sans qu’émerge une alternative de gauche capable d’engager une rupture politique avec le néolibéralisme autoritaire. La barre est haute, mais avons-nous d’autres choix que de relever le défi ?

*

Ugo Palheta est sociologue, maître de conférences à l’université de Lille et membre du Cresppa-CSU. Il est l’auteur de nombreux articles pour Contretemps, de La Possibilité du fascisme (La Découverte, 2018) et, tout récemment avec Ludivine Bantigny, de Face à la menace fasciste (Textuel, 2021).



Notes
[1] On notera qu’à l’inverse, dans les médias dominants, quiconque tient un discours conséquent ciblant le racisme systémique que subissent immigré-es et descendant-es d’immigré-es extra-européen-nes se trouve instantanément l’objet d’accusations de développer une « pensée victimaire », voire de succomber à une forme de « racisme inversé ». D’autres mots ont d’ailleurs émergé qui, dans la bouche de celles et ceux qui les emploient, ont à peu près la même signification et surtout la même fonction (interdire tout débat à propos du racisme systémique) : « indigénisme », « décolonialisme », « intersectionnalisme », « wokisme ».

[2] Ces deux conspirationnismes peuvent d’ailleurs s’imbriquer chez certains idéologues et mouvements néofascistes, imaginant que ce sont les Juifs, à travers des figures comme George Soros, qui seraient les artisans en sous-main du « grand remplacement » ou du « génocide blanc » (notamment à travers la défense des droits des migrant·es). Reste que, dans les récits les plus populaires à l’extrême droite (mais aussi dans une partie des médias mainstream), les Juifs et la lutte contre l’antisémitisme sont généralement utilisés à l’appui des mythes de la domination mondiale de l’islam, celui-ci étant considéré comme une essence malfaisante, intangible et oppressive, intrinsèquement antisémite et fondamentalement intolérant.

[3] Alors que la gauche est si fréquemment accusée de complaisance avec l’antisémitisme, il est frappant de constater que Zemmour peut faire l’objet d’une hyper-médiatisation tout en n’ayant cessé de déployer une rhétorique négationniste consistant à absoudre Vichy, et en particulier Pétain, de sa responsabilité dans la déportation de dizaines de milliers de Juifs·ves (sans même parler de sa défense de l’idéologue antisémite Maurras et de bien d’autres déclarations).

[4] Le gaullisme n’a plus de réalité depuis longtemps : il n’existe plus que de manière fantomatique, comme une référence vide et il n’y a d’ailleurs pas vraiment de quoi le regretter. Néanmoins, il peut paraître ironique que les héritiers de ce mouvement né dans le combat contre la collaboration pétainiste soit à ce point attiré par un idéologue qui a fait de la défense de Pétain un élément cardinal de sa « pensée ». Il faut toute la reformulation de la présence de millions de musulman·es comme « occupation » (voire comme « colonisation à l’envers » pour s’imaginer que cette politique serait en continuité avec l’appel du 18 juin…
pzorba75
   Posté le 12-10-2021 à 10:15:29   

Conclure avec "sans qu’émerge une alternative de gauche capable d’engager une rupture politique avec le néolibéralisme autoritaire" est nullissime, tout juste à la hauteur des trahisons des dirigeants des gouvernements dits de l'union de la gauche, Front Populaire et de l'union socialo-communiste de 1981 à nos jours. Certes c'est de l'histoire qu'il ne faut pas oublier non plus si l'on veut éviter le fascisme en France.
Xuan
   Posté le 12-10-2021 à 16:17:14   

pzorba75 a écrit :

Conclure avec "sans qu’émerge une alternative de gauche capable d’engager une rupture politique avec le néolibéralisme autoritaire" est nullissime, tout juste à la hauteur des trahisons des dirigeants des gouvernements dits de l'union de la gauche, Front Populaire et de l'union socialo-communiste de 1981 à nos jours. Certes c'est de l'histoire qu'il ne faut pas oublier non plus si l'on veut éviter le fascisme en France.


D'autant plus nullissime que "La barre est haute" .
Cela dit l'intérêt de l'article se trouve dans la présentation de Zemmour. Il oublie la responsabilité de la social-démocratie dans l'émergence du fascisme et du racisme, qui a remplacé l'unité du peuple par la condescendance envers les immigrés.
Finimore
   Posté le 13-10-2021 à 07:32:44   

L'article fait aussi l'impasse sur le rôle de Ruquier et surtout d'Eric Naulleau.
Naulleau qui depuis depuis 2011 débat amicalement avec Zemmour sur Paris Première.

Il faut aussi rappeler que Eric Naulleau à publié en 2013 un livre avec Alain Soral, intitulé "Dialogues désaccordés" (Soral y indique sa défense du national-socialisme). Une vidéo fut même tournée après la publication de ce livre : Dialogues Désaccordés entre Eric Naulleau et Alain Soral
https://www.youtube.com/watch?v=D6rREdDK9fo

Dernièrement dans Balance Ton Post ! Eric Naulleau se fait verbalement critiqué par un humoriste (Yassine Belattar)
https://www.youtube.com/watch?v=CUWT_KdMYkg
Le débat se poursuit : https://www.youtube.com/watch?v=_mSjixNi4R0
Le lendemain TPMP revient sur le débat de la veille (Eric Naulleau répond à Yassine Belattar qui l'a traité de "facho" :
https://www.youtube.com/watch?v=fbsj7VoWLsw
Eric Naulleau dans sa réponse (à 1.05 dans la vidéo) indique un point intéressant quand il dit "je suis le représentant ... d'une gauche laïque ... républicaine et antitotalitaire).
Xuan
   Posté le 20-10-2021 à 22:38:46   

L'Obs sur la caution philosophique de Zemmour :
https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20211019.OBS50033/michel-onfray-ou-le-philosophe-de-l-infame.html?fbclid=IwAR2zMYITYWaN7bdCu2OcZe14kI6-XegBkF-fK919sVKmL2FWo91IsrnKpyk


Edité le 20-10-2021 à 22:38:56 par Xuan


Xuan
   Posté le 25-10-2021 à 00:14:43   

Zemmour versus Le Pen


D'après les sondages non seulement Zemmour rattrape Le Pen mais il est donné présent au second tour, c'est-à-dire qu'il fait un meilleur score.

Echec de Le Pen
Si on laisse les sondages de côté, je m'étais posé plusieurs fois la question de la candidature Le Pen :
> Cette famille avait été propulsée par Mitterrand pour lui servir de faire valoir.
> Le grand capital a matériellement intérêt à l'union européenne et Le Pen voulait en sortir
> Le grand capital monopoliste ne l'a jamais soutenue financièrement et elle a dû se financer en Russie
> Au débat du dernier second tour Le Pen s'est placée en opposante et non comme un candidat à la présidentielle
> A ce même débat elle s'est faite carboniser par Macron sur sa proposition de double monnaie euro/franc
> Après ces élections Le Pen a renoncé au Frexit

Il résulte qu'elle a subi un échec sur toute la ligne et qu'elle a dû reculer sur le Frexit, trahir ses électeurs souverainistes. De fait depuis la crise sanitaire, et même pendant les gilets jaunes, elle est peu intervenue


Un chef de file pour la fascisation
Inversement Zemmour n'a pas défendu la théorie du Frexit. Il est souverainiste dans le cadre de l'UE. Par conséquent sur tous les autres sujets il peut dire à peu près n'importe quoi, il a le soutien d'une partie de grand capital.
Et de fait Bolloré le soutient financièrement et lui offre ses médias.
C'est un candidat convenable pour le grand capital par rapport à Le Pen, non pas pour ses propos racistes dont la grande bourgeoisie se contrefout, mais pour ses positions sur l'Europe et sur la remise en ordre des quartiers et de l'afflux de main d'œuvre réfugiée.

Si on fait le bilan du quinquennat de Macron, du point de vue de la grande bourgeoisie, il est vide, et son charisme a l'épaisseur d'une feuille de Job.
Bilan tellement vide qu'il annonce de grands projets à la veille des élections.
Macron s'est manifesté par son impopularité pendant les manifestations des gilets jaunes, le report de la réforme des retraites et l'échec de la politique sanitaire, avec trois confinements foirés et une inflation record. A part l'ISF Macron n'a pas rempli son contrat pour le CAC 40 et n'a pas cessé de louvoyer en flattant les bobos.
Par conséquent les élections pourraient servir à le virer.

D'autre part la situation sociale se dégrade de plus en plus vite, avec une délinquance croissante, une inflation galopante et des salaires bloqués.
Mais la "gauche" est divisée, ce qui correspond non à des ambitions personnelles mais à des lignes opposées. Il n'y a pas un parti communiste révolutionnaire suffisamment lié aux masses et capable des les organiser actuellement. La candidature de F. Roussel constitue certainement un progrès par rapport à P. Laurent et les prédécesseurs mais sa ligne est encore inspirée par le réformisme de la clique Hue-Buffet sur le terrain économique, et sur celui de la géopolitique il est toujours prisonnier de la clique atlantiste de la commission internationale, qui soutient mordicus les "droits de l'homme" contre les pays émergents, et range la Chine socialiste dans le même camp que celui des USA.

Cette situation est favorable à un tournant réactionnaire et raciste pour diviser le peuple.
Xuan
   Posté le 25-10-2021 à 18:20:05   

Chat échaudé craint l'eau froide. Pour ne pas subir l'échec de Le Pen, Zemmour ne défend pas le Frexit :

https://www.youtube.com/watch?v=c6QfgPBcF_E
Finimore
   Posté le 30-10-2021 à 11:25:45   

Les Grandes Gueules: Eric Naulleau, "Dialogues désaccordés" écrit avec Alain Soral
https://www.youtube.com/watch?v=2lXrIOFWQkY
Xuan
   Posté le 31-10-2021 à 00:26:20   

Intéressant, un peu ancien déjà et Zemmour hante les plateaux.
Pour info il faut signaler qu'un des financiers de Zemmour est Charles Gave
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Gave


Edité le 31-10-2021 à 00:26:41 par Xuan


Xuan
   Posté le 25-11-2021 à 07:26:34   

Le soufflé retombe

Depuis peu le buzzemmour s'essouffle et perd ses soutiens.
Charles Gave retire son financement pour lequel il ne voit pas de retour sur investissement.
JM Le Pen le laisse tomber, puis Ménard. Son soutien à Pétain l'a catalogué définitivement révisionniste.
Il ressort que la campagne orientée uniquement sur l'immigration ne répond pas aux besoins et ne prend pas.
Xuan
   Posté le 30-11-2021 à 20:41:57   

Les partis bourgeois dézinguent Zemmour maintenant. Il a circulé dans Marseille au milieu de l'hostilité ou de l'indifférence, s'est singularisé avec un geste infantile, en pompant des images sans respect pour les droits d'auteur, Philippe de Villiers l'a lâché, etc.
De fait sa campagne ne comporte pas de programme de gouvernement à part l'immigration.

Reste la fascisation de l'Etat.


Edité le 30-11-2021 à 20:44:19 par Xuan


Xuan
   Posté le 01-12-2021 à 20:08:49   

L'Humanité et F. Roussel demandent l'inéligibilité de Zemmour
https://www.humanite.fr/presidentielle-zemmour-candidat-plus-jamais-ca-729411

Présidentielle. Zemmour candidat, plus jamais ça

Mercredi 1 Décembre 2021
Julia Hamlaoui

Condamné pour ses déclarations racistes, le polémiste d’extrême droite a déclaré sa candidature pour 2022. Jeudi, une proposition de résolution des députés PCF sera débattue à l’Assemblée nationale pour encourager le recours aux peines d’inéligibilité dans de tels cas.

Des mois de précampagne à grand renfort de propos plus outrancièrement emplis de haine les uns que les autres, et une déclaration ce mardi : Éric Zemmour est candidat à l’élection présidentielle pour « reprendre (le pouvoir) aux minorités qui ne cessent de tyranniser la majorité, et aux juges qui substituent leur férule juridique au gouvernement du peuple » (sic). Il s’est ainsi fait prétendant pour 2022, au moins potentiellement puisque l’incertitude demeure quant à la collecte des parrainages nécessaires. Mais une autre question s’impose, plus urgente pour la démocratie : est-il normal qu’un condamné pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale puisse prétendre à l’Élysée ?

Cette question, par le hasard du calendrier, se posera dès jeudi à l’Assemblée nationale. Une proposition de résolution visant à mettre un coup d’arrêt à la banalisation de tels discours dans le débat public y sera débattue. « Nous réclamons, dans le prolongement de la loi sur la liberté de la presse et de la loi Gayssot, qui réprime l’incitation à la haine raciale et la négation des crimes contre l’humanité, que soit rendue inéligible toute personne condamnée pour racisme » , explique Fabien Roussel. Le candidat communiste à la présidentielle s’en fera le promoteur dans l’Hémicycle et rappelle que ces « délits portent atteinte à l’unité de la nation, menacent l’ordre public et les droits et libertés d’autrui » .

Concrètement, le texte invite le ministre de la Justice, « dans le cadre de sa responsabilité de conduite de la politique pénale, à préciser aux juridictions compétentes les conditions d’application de la loi » contre les coupables des délits visés par l’article 24 de la loi sur la liberté de la presse, et « à examiner la possibilité de retenir la peine complémentaire d’inéligibilité si le délit s’avérait particulièrement odieux ou répété ». « La loi prévoit déjà des peines d’inéligibilité pour différents délits tels que la corruption, le blanchiment d’argent, le détournement de fonds… C’est aussi le cas pour les auteurs de propos racistes, antisémites, discriminants en fonction du sexe. Sauf que c’est très peu appliqué. Ma résolution demande d’appliquer la loi, toute la loi, rien que la loi », résume le secrétaire national du PCF.

« Des propos qui ne sont pas des opinions, mais des délits »
« Nous partageons le constat d’une progression des idées de haine dans le discours public, et partageons le fait qu’il y a assez peu de peines d’inéligibilité prononcées »
, abonde Ugo Bernalicis. Le député FI, dont le groupe votera la résolution, ne souhaite cependant donner aucun « faux espoir » quant à l’éligibilité d’Éric Zemmour. Car, dans son cas, une traduction concrète immédiate semble compromise : les dispositions législatives ne sont pas rétroactives, et même s’il était condamné lors de son procès en cours pour ses propos sur les mineurs migrants, dont le délibéré est attendu le 17 janvier, il pourrait faire appel. « Je ne sais pas si ça l’aurait empêché de prétendre incarner la plus haute fonction de la République. Mais cela permet de porter un discours politique fort sur notre attachement à ce que les institutions de la République ne soient pas entachées par ce type de propos, qui ne sont pas des opinions, mais des délits, je le rappelle » , estime la députée PS Lamia El Aaraje.

Derrière le polémiste, qui de Londres à Marseille voit son début de campagne se heurter à une certaine résistance (lire ci-contre), ce sont également les conséquences de telles candidatures sur le climat politique et les passages à l’acte qui sont en cause. « La résolution que je défends ne vise personne en particulier, assure Fabien Roussel. J’appelle simplement à ce que le débat public à l’occasion d’une présidentielle puisse être mené sans ces propos. » Et rappeler la règle républicaine au bon souvenir des prétendants. Car, en matière de banalisation, les dégâts vont bien au-delà du seul Zemmour. Sa candidature et celle de Marine Le Pen se font la courte échelle : « Certains ont cette croyance que ce ne serait pas plus mal qu’ils cohabitent car cela divise les voix, mais on sait pertinemment que les deux se confortent » , note Joséphine Delpeyrat, secrétaire générale de l’Observatoire de l’extrême droite.

« Comparer la primaire de 2017 et de 2022 de la droite est un bon test de la fascisation d’une partie du monde politique, car elle s’est, cette fois, tenue sur les bases de l’extrême droite avec son langage et ses obsessions. De ce point de vue, Zemmour a déjà gagné » , ajoute le sociologue Ugo Palheta. « Toute une série de censures sont tombées au fil des vingt dernières années » , constate ce spécialiste de l’extrême droite, qui estime que « l’islamophobie a joué un rôle fondamental comme porte d’entrée pour toutes les autres formes de racisme » . Tout comme le soutien d’un « secteur très minoritaire mais assez virulent du capital, autour de Vincent Bolloré » . Un climat dont la Macronie n’est pas non plus exempte de responsabilité, entre projets de loi en série sur les thèmes chers à l’extrême droite et multiplication des attaques contre les « islamo-gauchistes » ou le « wokisme » .

Les actes de violences antimusulmans en hausse
Fabien Roussel alerte : « Quand Zemmour parle de grand remplacement en dénonçant nos compatriotes musulmans, il lâche la bride à des mouvements d’extrême droite violents. » « Cette banalisation, rappelle-t-il, se traduit déjà par une augmentation d’actes violents : l’année 2020 compte 53 % d’actes antimusulmans de plus que 2019, et 2019 compte 27 % de faits à caractère antisémite de plus que 2018. » Le candidat PCF à la présidentielle entend mettre chacun face à ses responsabilités, à commencer par la majorité. Au moment d’examiner la loi « pour la confiance dans la vie politique » en 2017, celle-ci a voté un amendement approuvé par l’exécutif pour élargir les cibles de la « peine complémentaire obligatoire » d’inéligibilité instituée par le texte. « En sus des infractions les plus graves que constituent les crimes et les atteintes à la probité et à la confiance publique, le dispositif proposé concerne les faits de discrimination, injure ou diffamation publique, provocation à la haine raciale, sexiste ou à raison de l’orientation sexuelle. Le gouvernement est favorable à cette démarche, qui (…) intègre des infractions nous semblant porter atteinte aux valeurs républicaines que tout élu doit partager » , arguait la garde des Sceaux de l’époque, Nicole Belloubet.

Une disposition finalement retoquée concernant les délits de presse par le Conseil constitutionnel, qui y a vu « une atteinte disproportionnée » à la liberté d’expression. Le député LaREM Roland Lescure préfère aujourd’hui rappeler que « le juge peut déjà prononcer une telle peine » et qu’ « on combattra Zemmour dans les urnes plutôt qu’avec des dispositions de ce type ». « Ce n’est pas au législateur d’automatiser les peines » , insiste-t-il.

Pour éviter cet écueil, la résolution débattue entend laisser la main aux juges. Néanmoins, « si la liberté d’expression est l’une des libertés les plus précieuses en démocratie, elle ne saurait servir de paravent aux discours de haine, au risque de saper le pacte républicain au motif de la défendre » , arguent les députés PCF. « En réalité, dans l’espace public et médiatique actuel, la liberté d’expression est bien davantage en faveur de la ribambelle d’idéologues d’extrême droite qui passent leur temps à cracher sur les minorités. On est dans une situation particulièrement asymétrique » , observe Ugo Palheta.

De quoi renforcer un constat assez largement partagé : mettre au ban de la campagne les idées du candidat délinquant devra être un combat de tous les instants pendant les quatre mois et demi à venir.

Une manifestation contre la «grand-messe fasciste »
Ne pas céder d’un pouce : «Nous ne pouvons pas laisser un leader fasciste s’exprimer dans notre ville sans construire une riposte politique et sociale » , écrivent les trois organisations (UD CGT Paris, Solidaires et la Jeune Garde Paris), à l’origine de l’appel à une grande manifestation antifasciste, en riposte au meeting d’Éric Zemmour au Zénith de Paris ce 5 décembre. Il s’agit de marquer l’opposition à son « discours de haine » , mais également aux « groupes fascistes (qui) se sentent pousser des ailes et multiplient les exactions ». Le rassemblement est prévu à 13 heures à Barbès-Rochechouart (18e arrondissement).
Finimore
   Posté le 14-12-2021 à 07:07:44   

https://www.programme-television.org/news-tv/Vous-avez-ete-toute-votre-carriere-dans-la-roue-de-l-Extreme-droite-Eric-Naulleau-critique-dans-TPMP-VIDEO-4680677

Le masque d'Eric Naulleau, tombe !

ÉRIC NAULLEAU : FAUX HOMME DE GAUCHE, VRAI PROMOTEUR DES FACHOS

https://www.youtube.com/watch?v=KDbsOEGFu88


Edité le 14-12-2021 à 07:10:29 par Finimore


Finimore
   Posté le 15-12-2021 à 07:48:41   

TPMP est un laboratoire de l'idéologie fascisante. Sous prétexte d'infos et de pluralisme, l'émission d'Hanouna faisait innocemment la promotion des thèses d'une certaine Marie-Estelle Dupont
https://www.youtube.com/watch?v=Rk05S_HL3cM
Cette personne est également mise en avant par le site anticommuniste et fascisant d'Epoch Times :
https://www.epochtimes.fr/crise-sanitaire-sacrifier-la-vie-pour-eviter-la-maladie-cest-absurde-estime-marie-estelle-dupont-1744616.html

https://www.epochtimes.fr/marie-estelle-dupont-on-fait-du-mal-aux-gens-on-les-meprise-on-les-divise-on-les-culpabilise-1897233.html
Xuan
   Posté le 15-12-2021 à 13:19:11   

Attend, Hanouna se vante déjà de promouvoir un nouveau projet de politique-spectacle : "face à baba"
Dont le premier invité sera ... Eric Zemmour !
https://www.programme-tv.net/news/tv/289425-face-a-baba-cyril-hanouna-devoile-le-nom-des-premiers-contradicteurs-de-lemission-avec-eric-zemmour/
Xuan
   Posté le 19-12-2021 à 17:23:12   

Quelques réactions hostiles à "face à baba".
Elles restent en deçà de la position juste de F. Roussel demandant l'invalidation de la candidature de Zemmour.
D'autre part le bruit autour de Zemmour vise aussi à détourner la campagne électorale de l'appauvrissement des masses, de la domination US et du risque de guerre.



HANOUNA : HERROU ET KHERFI REFUSENT DE DÉBATTRE AVEC ZEMMOUR

Le premier invité de sa nouvelle émission "Face à Baba" n'est autre qu'Éric Zemmour. Cyril Hanouna a prévu de faire défiler des contradicteurs devant le désormais candidat… mais certains, tels que Cédric Herrou ou Yazid Kherfi, ont refusé tout net, craignant autant Hanouna que Zemmour, expliquent-ils à "Arrêt sur images".
Pour lancer sa nouvelle émission de direct sur C8, dont il prenait soin de préciser qu'elle n'était pas "politique", Cyril Hanouna a néanmoins choisi de faire venir, ô surprise, Éric Zemmour. Dans un communiqué diffusé le 23 novembre, sa société H2O Productions annonçait qu'y seraient invitées "les personnalités qui font l'actualité du moment", notamment autour des "questions que se posent les Français". Le soir même, dans son émission 6 à 7, Hanouna expliquait qu'il allait animer Face à Baba "avec deux ou trois éditorialistes", tout en promettant à son premier invité "un exercice un peu particulier pour lui, qui va le sortir un petit peu de ce qu'il fait habituellement". Sans donner la moindre information supplémentaire.

Ceci n'est pas une émission politique
Communiqué de presse, C8, 23 novembre 2021
Selon ce qui a été dit à de potentiels invités de cette émission de lancement que nous avons interrogés, Hanouna compte faire défiler les problématiques devant Zemmour, une toutes les dix minutes : sa vision des femmes, la place de l'islam dans la République, l'immigration, les quartiers populaires ou l'économie devraient faire l'objet de séquences. Jusque là, rien d'incroyablement nouveau… si ce n'est que chaque thématique devrait être abordée, jeudi 16 décembre, avec un contradicteur par sujet survolé.

HANOUNA A-T-IL MENTI AUX INVITÉS POTENTIELS ?
Entre ce qui avait été annoncé aux potentiels invités de Face à Baba mentionnés dans cet article, et la réalité de l'émission du 16 décembre, il y avait finalement un gouffre. Dans un texto que nous nous sommes procuré, envoyé à l'un de ces invités le 6 décembre, un programmateur de Face à Baba décrivait ainsi l'émission : "Le concept est simple, Eric Zemmour sera l'invité principal et devra répondre à une longue série de contradicteurs, chacun venant débattre d'une problématique donnée durant dix minutes. L'idée étant non pas de lui donner une tribune mais bien de lui opposer de la contradiction sur les différents axes de son programme. […] Nous souhaiterions faire en sorte que Zemmour débatte dix minutes à chaque fois avec des personnalités qu'il n'a pas l'habitude d'avoir en face de lui. Cyril souhaiterait donc vous proposer d'être l'un de ces contradicteurs. Connaissant votre combat […] nous estimons que votre voix est importante face à un Zemmour toujours plus virulent sur ces questions." Sauf qu'au soir du 16 décembre, étaient présents sur le plateau cinq opposants… et cinq soutiens, tous ou presque habitués des passages télévisés et des joutes avec Zemmour. Un dispositif très différent de ce qui avait été annoncé quelques jours plus tôt pour appâter des invités de gauche.
À quelques minutes d'intervalle, le lundi 6 décembre, deux de ces potentiels contradicteurs ont annoncé très publiquement leur refus de participer à cette émission. Le premier, c'est l'agriculteur Cédric Herrou, défenseur des exilés qu'il accueille dans la communauté Emmaüs Roya. Déjà sollicité pour venir dans Touche pas à mon poste (TPMP), par exemple afin de débattre avec un porte-parole du groupuscule d'extrême droite dissous Génération identitaire, il avait toujours refusé. Cette fois-ci invité pour débattre d'immigration, il a de nouveau rejeté la proposition. "Son émission ne laisse pas de place au débat, ce n'est pas une émission journalistique, qui veut du bien à la population, ce n'est pas de l'éducation populaire, analyse-t-il auprès d'ASI. C'est du business : on fait de l'audimat, on fait de l'argent, on fait du buzz, on n'est pas là pour amener les gens à réfléchir mais pour exciter le cerveau des gens. […] Je ne vais pas faire Breil-Paris pour filer de la thune à Hanouna."

"On ne discute pas avec le néo-fascisme"
Cédric Herrou, Twitter, 6 décembre 2021
Méfiant envers le dispositif télévisuel de l'émission, Herrou l'est tout autant à propos de ce que Zemmour représente désormais, "reflet des émissions d'Hanouna, produit mercantile de l'audimat destiné à faire du buzz", lance-t-il. Avant de se faire plus précis, et surtout plus politique, à l'aide du film Brice de Nice : "Je compare la gauche à un surfeur niçois, sur une mer calme et plate, qui attend la vague pour surfer, exister, avancer. La gauche, depuis des décennies, surfe sur les vagues de droite et d'extrême droite pour exister, et si on passe notre temps à démontrer que nos adversaires ont tort, on perd du temps à ne pas montrer que nous avons raison." Bref, s'il se garde bien de blâmer ceux qui accepteraient de s'y rendre, lui estime que sa propre participation serait "faire le jeu de cette télé-poubelle et du racisme".
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TPMP : "HANOUNA A RENDU SYMPATHIQUES LE PEN ET MESSIHA"

Hanouna, porte-voix de l'extrême droite ?

Autre thème, "les banlieues", autre invité, Yazid Kherfi, ancien braqueur devenu médiateur nomade, visiteur de prisons et expert en prévention de la violence. S'il n'était de toute façon pas disponible le 16 décembre, il ne souhaitait pas venir "faire de l'audimat pour Zemmour", explique-t-il à ASI. Lui aussi craint le dispositif télévisuel et son invité d'extrême droite : "J'ai sûrement des choses à dire, mais je n'ai pas envie d'y aller. Ce sera une émission trop polémique, il va mettre en avant mon passé de délinquant plutôt que ce que je suis devenu aujourd'hui. J'ai une certaine crédibilité, je suis reconnu pour ce que je fais, je ne veux pas prendre le risque de perdre tout ça." Il a rendu public ce refus sur Facebook le 6 décembre, tout en invitant "un mec ou une femme de banlieue qui souhaite contredire Zemmour" chez Hanouna à le contacter pour le faire savoir à la production.

"Pour le contredire sur son discours détestable"
Yazid Kherfi, Facebook, 6 décembre 2021
L'un de ceux-ci est un éducateur spécialisé des quartiers Nord de Marseille : Mohammed Benmeddour avait notamment échangé avec Emmanuel Macron devant les caméras des chaînes info, le 1er septembre, lors de la visite à Marseille du président de la République. "Je suis partant pour confronter M. Zemmour à ses mensonges, le contredire et mettre la vérité sur la table, expliquer que non, la banlieue, les quartiers ne sont pas un terreau d'islamisme et de trafiquants, ni une zone de non-droit", assure-t-il à ASI. Si son expérience télévisuelle est limitée par rapport à Kherfi ou à Herrou – son parcours de réinsertion avait fait l'objet en 2014 d'un reportage de l'émission de France 2 Toute une histoire –, Benmeddour se montre plutôt confiant. "Je n'ai rien à perdre, contrairement à M. Zemmour." Vendredi 10 décembre, après publication de cet article, la production de Face à Baba lui avait confirmé son invitation. Mais ne l'a jamais rappelé comme il était convenu lundi 13 décembre, privilégiant manifestement des invités habitués des plateaux de télévision.

VENIR CHEZ HANOUNA ? "ASI" A HÉSITÉ AUSSI
Les trois témoins de cet article ne sont ni les premiers, ni les derniers à s'interroger sur la pertinence d'accepter une invitation dans l'une des émissions de Cyril Hanouna. Y compris la rédaction d'ASI récemment confrontée à la question. Suite à notre article à propos des allégations de séquestration formulées par un journaliste de Livre Noir envers l'humoriste Yassine Belattar, il nous a été proposé de venir sur le plateau de TPMP. Et nous avons hésité : la rédaction était divisée entre ceux qui estimaient vain autant que dangereux d'y venir (dont Daniel Schneidermann), et ceux qui se demandaient si, malgré tout, notre présence ne pouvait être utile à ASI ainsi qu'à la propagation des faits établis par notre enquête – à titre personnel, l'idée d'un reportage de l'intérieur, en tant qu'invité, me semblait une bonne raison d'y aller. In fine, nous avons refusé.
Sollicitée par ASI, la direction de la communication de C8 n'a pas répondu.


À l'heure de la candidature Zemmour, pour un militant, un politique de gauche ou un journaliste, accepter de venir débattre sur le plateau d'une chaîne "Bolloré" (CNews, C8), est-ce servir la soupe à un agenda d'extrême droite, ou au contraire se donner la chance de contrer un discours et de convaincre certains téléspectateurs ? Pour en débattre, Daniel Schneidermann reçoit le journaliste et essayiste Aymeric Caron, la chercheuse spécialiste des médias Claire Sécail (qui était venue chez nous analyser la banalisation des idées d'extrême droite chez Cyril Hanouna), le militant Cédric Herrou, et le socialiste et universitaire Eduardo Rihan Cypel, qui a accepté de participer à l'émission Face à la rue, de Jean-Marc Morandini avec Jordan Bardella, tournée dans le quartier de la Guillotière à Lyon.

"FACE À BABA", UN CAS D'ÉCOLE
La soirée du 16 décembre est un cas d'école. Dans le cadre de sa nouvelle émission, Face à Baba, Cyril Hanouna souhaitait mettre des contradicteurs face à Éric Zemmour, comme cela avait été présenté à plusieurs de ceux qui ont été sollicités, ainsi que nous le racontions ici. Certains d'entre eux avaient reçu ce mail : "Nous souhaiterions faire en sorte que Zemmour débatte dix minutes à chaque fois avec des personnalités qu'il n'a pas l'habitude d'avoir en face de lui. Cyril souhaiterait donc vous proposer d'être l'un de ces contradicteurs. Connaissant votre combat […] nous estimons que votre voix est importante face à un Zemmour toujours plus virulent sur ces questions."
Finimore
   Posté le 25-12-2021 à 06:07:35   

Une vidéo de Marie-Estelle Dupont est (comme par hasard !) visible sur le site de VA+ (Valeurs Actuelles +) https://www.youtube.com/watch?v=eqybV-8X8LY
Xuan
   Posté le 01-02-2022 à 18:57:27   

Je dois reconnaître que je me suis laissé influencer par les médias en annonçant "le soufflé retombe".
Ce n'est pas parce qu'un fasciste raconte des mensonges plus gros qu'une montagne qu'il sera discrédité. Croire cela c'est faire confiance au pouvoir de la persuasion et du bon sens, mais le passé montre qu'il n'en est rien.
La montée au pouvoir du fascisme repose avant tout sur la lutte des classes, l'incapacité de la bourgeoisie à poursuivre dans la voie "démocratique" et l'incapacité du prolétariat de l'en empêcher faute de parti révolutionnaire et faute d'organisation.

Il est à peu près certain que la bourgeoisie va écarter de façon définitive la social-démocratie, qui ne représente plus qu'elle-même et une fraction de la moyenne bourgeoisie.

Zemmour a rassemblé en quelques semaines 85 000 adhérents à 30 € et il est assuré d'un bon financement.
Le Pen a touché un financement de 10 millions d'une banque européenne.
Mais il reste un sujet de fond entre la fraction en place et l'extrême droite, c'est le conflit ente l'OTAN et la Russie. Zemmour comme Le Pen ont pris position pour elle.

De son côté Pécresse défend une Europe "de l'Atlantique à l'Oural" et qui n'intègre pas l'Ukraine dans l'OTAN.


Edité le 01-02-2022 à 20:17:15 par Xuan