Sujet : Sur la question de Staline | | Posté le 28-06-2006 à 20:50:26
| SUR LA QUESTION DE STALINE –Editions en langues étrangères – Pékin 1963- La question de Staline est une grande question, une question d'importance mondiale qui a eu des répercussions au sein de toutes les classes du monde et qui, jusqu'à présent encore, est largement controversée. Les classes et les partis politiques ou factions politiques qui représentent les différentes classes ont des opinions divergentes sur cette question. Et il est à prévoir qu'une conclusion définitive ne puisse lui être donnée en ce siècle. Cependant, au sein de la classe ouvrière internationale et des peuples révolutionnaires, la majorité des gens ont, au fond, des opinions semblables; ils n'approuvent pas la répudiation totale de Staline et ne font que témoigner d'un attachement accru à la mémoire de ce dernier. Il en est de même en Union soviétique. Nos controverses avec les dirigeants soviétiques ne sont que des controverses avec une fraction d'hommes. Notre espoir est de pouvoir convaincre cette fraction d'hommes, afin de faire progresser la cause de la révolution. C'est là le but que nous nous proposons d'atteindre en écrivant le présent article. Le Parti communiste chinois a toujours soutenu que la répudiation totale de Staline par le camarade Khrouchtchev au titre de la "lutte contre le culte de la personnalité" est entièrement erronée, qu'elle a été faite dans des intentions inavouées. La lettre du 14 juin dernier du Comité central du P.C.C. souligne que la "lutte contre le culte de la personnalité" va à l'encontre de la doctrine intégrale de Lénine concernant les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, et porte atteinte au principe du centralisme démocratique du Parti. La lettre ouverte du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique évite de répondre aux arguments de principe avancés par nous, mais se contente d'accoler aux communistes chinois les étiquettes de "défenseurs du culte de la personnalité", de "propagateurs des idées erronées de Staline". Lorsqu'il luttait contre les menchéviks, Lénine a dit: "Ne pas répondre à l'argument de principe de l'adversaire et se contenter de lui imposer une imputation d’ ’excitation’ -cela signifie ne pas débattre mais injurier". L'attitude qu'a adoptée dans sa lettre ouverte le Comité central du P.C.U.S. est exactement celle des menchéviks. Bien que la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. ait substitué les injures au débat, nous, de notre côté, préférons ne répondre à cette lettre qu'en utilisant des arguments de principe et en apportant nombre de faits. La grande Union soviétique est, dans le monde, le premier Etat de la dictature du prolétariat. Ce fut tout d'abord Lénine qui a été le principal dirigeant du Parti et du gouvernement de cet Etat de la dictature du prolétariat. Après la mort de Lénine, ce fut Staline. Après la mort de Lénine, Staline non seulement fut le dirigeant du Parti et du gouvernement de l'Union Soviétique, mais aussi le guide universellement reconnu du mouvement communiste international. Le premier Etat socialiste inauguré par la Révolution d'Octobre ne compte jusqu'ici qu'une histoire de quarante-six ans. Et Staline a été le principal dirigeant de cet Etat pendant une période qui a duré près de trente ans. Par toute son activité, Staline a occupé une place extrêmement importante aussi bien dans l'histoire de la dictature du prolétariat que dans celle du mouvement communiste international. Le P.C.C. a toujours soutenu, à propos de l'appréciation à porter sur Staline et de l'attitude à adopter à son égard, qu'il ne s'agit pas seulement de porter un jugement sur sa personne, mais, ce qui est plus important, de faire le bilan de l'expérience historique de la dictature du prolétariat et du mouvement communiste international depuis la mort de Lénine. Au XXe Congrès du P.C.U.S., le camarade Khrouchtchev a répudié totalement Staline. Sur une telle question de principe, qui concerne le mouvement communiste international, les partis frères n'ont pas été consultés d'avance, on a voulu les obliger à accepter le fait accompli. Quiconque porte sur Staline une appréciation autre que celle de la direction du P.C.U.S. est considéré non seulement comme le "défenseur du culte de la personnalité" mais comme l'auteur d'une "intervention" dans les affaires intérieures du P.C.U.S. Cependant, nul ne peut nier la portée internationale de l'expérience historique du premier Etat de dictature du prolétariat, ni le fait historique que Staline a été le dirigeant du mouvement communiste international; par conséquent, nul ne peut non plus contester que la question du jugement à porter sur Staline est une question de principe d'importance majeure, une question qui concerne en commun le mouvement communiste international. Alors quelles raisons les dirigeants du P.C.U.S. ont-ils d'interdire aux autres partis frères de faire une analyse sur Staline et de donner une appréciation sur lui qui répondent aux faits ? Le P.C.C. a toujours estimé qu'il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l'histoire telle qu'elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l’idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l'histoire. Le P.C.C. a toujours considéré que Staline a commis un certain nombre d'erreurs qui ont une source ou idéologique ou sociale et historique. La critique des erreurs de Staline, celles qui effectivement furent commises par lui et non pas celles qu'on lui attribue sans aucun fondement, est chose nécessaire lorsqu'elle est faite à partir d'une position et par des méthodes correctes. Mais nous avons toujours été contre la critique de Staline lorsqu'elle est faite d'une façon incorrecte, c'est-à-dire à partir d'une position et par des méthodes erronées. Du vivant de Lénine, Staline lutta contre le tsarisme et pour la diffusion du marxisme; après sa participation à la direction du Comité central du Parti bolchévik ayant à sa tête Lénine, il lutta pour préparer la Révolution de 1917; après la Révolution d'Octobre, il lutta pour défendre les conquêtes de la révolution prolétarienne. Après la mort de Lénine, c'est sous la direction de Staline que le Parti communiste et le peuple de l'Union soviétique ont mené contre tous les ennemis, ceux de l'intérieur et ceux de l'extérieur, une lutte résolue qui permit de défendre et de consolider le premier Etat socialiste dans le monde. C'est sous la direction de Staline que le Parti communiste et le peuple de l'Union soviétique ont appliqué avec persévérance la ligne de l'industrialisation socialiste et de la collectivisation agricole, et remporté de grands succès dans la transformation et l'édification socialistes. C'est sous la direction de Staline que le Parti communiste, le peuple et l'armée de l'Union soviétique ont mené un combat des plus acharnés et fait aboutir la guerre antifasciste à une victoire grandiose. C'est Staline qui, dans la lutte contre les opportunistes de toutes nuances, contre les ennemis du léninisme, trotskistes, zinoviévistes, boukhariniens et autres agents de la bourgeoisie, a défendu et développé le marxisme-léninisme. C'est Staline qui, par une série d'œuvres théoriques, littérature immortelle du marxisme-léninisme, a apporté une contribution ineffaçable au mouvement communiste international. C'est sous la direction de Staline que le Parti et le gouvernement de l'Union soviétique ont appliqué une politique extérieure qui, dans son ensemble, fut conforme à l'internationalisme prolétarien, et apporté une aide immense à la lutte révolutionnaire des peuples du monde, dont celle du peuple chinois. Staline se tint en tête du courant historique pour diriger la lutte, il fut l'ennemi irréconciliable de l'impérialisme et de toute la réaction. L'activité de Staline fut étroitement liée à la lutte du grand Parti communiste et du grand peuple de l'Union soviétique; elle est inséparable de la lutte révolutionnaire des peuples du monde entier. La vie de Staline fut celle d'un grand marxiste-léniniste, d'un grand révolutionnaire prolétarien. Il est vrai que tout en accomplissant des exploits méritoires en faveur du peuple soviétique et du mouvement communiste international, le grand marxiste-léniniste et révolutionnaire prolétarien que fut Staline commit aussi des erreurs. Des erreurs de Staline, certaines sont des erreurs de principe, d'autres furent commises dans le travail pratique; certaines auraient pu être évitées tandis que d'autres étaient difficilement évitables en l'absence de tout précédent dans la dictature du prolétariat auquel on pût se référer. Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s'écarta du matérialisme dialectique pour tomber, dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s'écarter de la réalité et de se détacher des masses. Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente -contradictions entre l'ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple- de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions. Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d'éléments contre-révolutionnaires qui devaient l'être; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l'erreur d'élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938. Dans les organisations du Parti et les organismes de l'Etat, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement, Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs, Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l'Union soviétique et au mouvement communiste international. Les mérites que Staline s'était acquis durant sa vie aussi bien que les erreurs dont il fut l'auteur sont un fait objectif de l'histoire. Si l'on met en parallèle ses mérites et ses erreurs, ce sont ses mérites qui prédominent. Car, dans l'activité de Staline, ce qui est juste constitue l'aspect essentiel, ses erreurs n'occupant qu'une place secondaire. Lorsqu'il s'agit de dresser le bilan de toute l'activité idéologique et de tout le travail de Staline, chaque communiste honnête, qui respecte l'histoire, saura tout d'abord avoir en vue ce qui fut essentiel chez Staline. Aussi, lorsqu'il s'agit de connaître et de critiquer correctement les erreurs de Staline et de les surmonter, doit-on sauvegarder ce qui était l'essentiel de sa vie, sauvegarder le marxisme-léninisme qu'il a défendu et développé. Pour ce qui est des erreurs de Staline, lesquelles occupent seulement une place secondaire, elles doivent être considérées comme une leçon de l'histoire, une mise en garde pour les communistes de l'Union soviétique et ceux des autres pays, afin qu'ils ne commettent pas, à leur tour, pareilles erreurs ou en commettent moins; et cela n'est pas inutile. L'expérience historique, sous son aspect positif ou négatif, est utile à tous les communistes lorsqu'on en fait un bilan correct, correspondant à la réalité historique, et qu'on s'abstient de lui faire subir toute déformation. Lénine indiqua à plus d'une reprise que les marxistes se distinguent totalement des révisionnistes de la IIe Internationale quant à leur attitude envers des gens comme Bebel et Rosa Luxembourg, qui, en dépit de leurs erreurs, n'en restèrent pas moins de grands révolutionnaires prolétariens. Les marxistes ne cachent pas les erreurs de Bebel, de Rosa Luxembourg et d'autres; par l'exemple de ces erreurs, ils "apprennent à les éviter, et se mettent à la hauteur des plus strictes exigences du marxisme révolutionnaire". Au contraire, les révisionnistes "prennent un mauvais plaisir" aux erreurs de Bebel et de Rosa Luxembourg et "caquètent" là-dessus. A cet effet, Lénine a cité une fable russe pour se moquer des révisionnistes: "Il arrive parfois que les aigles volent plus bas que les poules, mais les poules ne parviendront jamais à s'élever à la hauteur des aigles !" Bebel et Rosa Luxembourg furent de "grands communistes" et bien qu'il leur fût arrivé de commettre des erreurs, ils demeurèrent des "aigles" tandis que les révisionnistes n'étaient que la "volaille" sur "le tas de fumier" de "l'arrière-cour du mouvement ouvrier". Le rôle joué dans l'histoire par Bebel, Rosa Luxembourg et autres est loin de pouvoir être comparé à celui de Staline. L'appréciation de la personne de Staline doit se faire avec d'autant plus de circonspection que celui-ci fut, durant toute une époque historique, un grand dirigeant de la dictature du prolétariat et du mouvement communiste international. Les dirigeants du P.C.U.S. accusent le P.C.C. de "défendre" Staline. Oui, nous le défendons et nous voulons le défendre. Du moment que Khrouchtchev déforme l'histoire et répudie totalement Staline, nous avons naturellement le devoir irrécusable, dans l'intérêt du mouvement communiste international, de nous dresser pour le défendre. En prenant la défense de Staline, le P.C.C. défend ce qu'il eut de juste, il défend la glorieuse histoire de la lutte du premier Etat de la dictature du prolétariat instauré dans le monde par la Révolution d'Octobre, il défend la glorieuse histoire de la lutte du P.C.U.S., il défend le renom du mouvement communiste international auprès des peuples laborieux du monde entier. En un mot, il défend tant la théorie du marxisme-léninisme que sa pratique. Les communistes chinois ne sont pas seuls à agir ainsi, tous les communistes fidèles au marxisme-léninisme, tous les hommes qui sont décidés à faire la révolution, tous les honnêtes gens ont agi de la sorte ou sont en train de le faire. Lorsque nous prenons la défense de Staline, ce ne sont pas ses erreurs que nous défendons. Les communistes chinois ont, il y a longtemps, fait par eux-mêmes l'expérience personnelle de certaines erreurs de Staline. Des erreurs de ligne furent commises au sein du P.C.C., ce fut tantôt l'opportunisme "de gauche", tantôt celui de droite. Pour ce qui est de leurs causes internationales, quelques-unes d'entre elles se firent jour sous l'influence de certaines erreurs de Staline. Dès la fin des années 20, puis durant les années 30, enfin au début et au milieu des années 40, les marxistes-léninistes chinois, ayant les camarades Mao Tsé-toung et Liou Chao-chi pour représentants, s'attachaient à enrayer l'influence de certaines erreurs de Staline, puis, après être progressivement venus à bout des lignes erronées, celles des opportunismes "de gauche" et de droite, ils ont fini par mener la révolution chinoise à la victoire. Cependant, certains points de vue erronés préconisés par Staline ayant été acceptés et mis en application par des camarades chinois, nous, les Chinois, devions nous-mêmes en porter la responsabilité. Aussi la lutte menée par notre Parti contre l'opportunisme "de gauche" et de droite se limitait-elle toujours par la critique de ceux de nos camarades qui avaient commis des erreurs, au lieu de faire retomber la responsabilité sur Staline. Notre but, en faisant ces critiques, c'était de distinguer le vrai du faux, tirer des leçons et faire progresser la cause de la révolution. Tout ce qu'on demandait aux camarades qui avaient commis des erreurs, c'était de se corriger. S'ils ne se corrigeaient pas, on pouvait encore attendre qu'ils prennent progressivement conscience par l'expérience pratique, à condition qu'ils n'organisent pas de groupes secrets et s'abstiennent de toute activité de sape. La méthode que nous avons adoptée était la méthode normale de la critique et de l'autocritique au sein du Parti, elle consistait à partir du désir d'unité pour arriver à la critique ou la lutte à une unité nouvelle, sur une base nouvelle; c'est pourquoi nous avons obtenu de bons résultats. Nous estimions qu'il s'agissait de contradictions au sein du peuple et non de contradictions entre l'ennemi et nous, et c'est pourquoi il nous fallait adopter une telle méthode pour les résoudre. Et quelle a été à l'égard de Staline l'attitude du camarade Khrouchtchev et de certains autres dirigeants du P.C.U.S. depuis le X Xe Congrès ? Au lieu de faire une analyse complète, historique et scientifique de l'oeuvre accomplie par Staline tout au long de sa vie, ils l'ont répudiée en bloc sans distinguer le vrai du faux ; au lieu de traiter Staline en camarade, ils le traitent comme l'on traite l'ennemi; au lieu d'adopter la méthode de la critique et de l'autocritique de faire le bilan des expériences et d'en tirer des leçons, ils rejettent toutes les erreurs sur Staline ou bien lui imputent des "erreurs" inventées à loisir; au lieu de raisonner, les faits à l'appui, ils s'en prennent à la personne de Staline, en usant d'un langage insidieux et démagogique. Khrouchtchev a couvert d'injures Staline, disant qu'il fut "un assassin" "un criminel" "un bandit" "un joueur", "un despote du type d'Ivan le Terrible", "le plus grand dictateur de l'histoire russe", "un imbécile", "un idiot" ... Nous craignons vraiment de souiller notre papier et notre plume lorsque nous nous voyons dans l'obligation d'énumérer des épithètes aussi grossières, aussi vulgaires et infamantes. Khrouchtchev a injurié Staline, disant qu'il fut "le plus grand dictateur de l'histoire russe". Cela ne revient-il pas à dire que le peuple soviétique a vécu trente ans durant, non pas en système socialiste, mais sous la "tyrannie" du "plus grand dictateur de l'histoire russe"? Jamais le grand peuple soviétique et tous les peuples révolutionnaires du monde n'approuveront pareille calomnie ! Khrouchtchev a injurié Staline, le taxant de "despote du type d'Ivan le Terrible". Cela ne revient-il pas à dire que l'expérience offerte en trente années par le grand P.C.U.S; et le grand peuple soviétique aux peuples du monde entier n'est pas celle de la dictature du prolétariat, mais est celle de la vie sous la domination d'un "despote féodal"? Jamais le grand peuple soviétique, les communistes soviétiques et tous les marxistes-léninistes du monde n'approuveront pareille calomnie ! Khrouchtchev a injurié Staline, le qualifiant de "bandit". Cela ne revient-il pas à dire que pendant une longue période le premier pays socialiste du monde a eu à sa tête un "bandit"? Jamais le grand peuple soviétique et tous les peuples révolutionnaires du monde n'approuveront pareille calomnie ! Khrouchtchev a injurié Staline, le traitant d"'imbécile". Cela ne revient-il pas à dire que le P.C.U.S., qui amené une lutte révolutionnaire héroïque pendant plusieurs dizaines d'années, a eu un "imbécile" pour chef ? Jamais les communistes soviétiques et tous les marxistes-léninistes du monde n'approuveront pareille calomnie ! Khrouchtchev a injurié Staline, disant qu'il était un "idiot". Cela ne revient-il pas à dire que la grande Armée soviétique sortie victorieuse de la guerre antifasciste a eu un "idiot" pour commandant suprême? Jamais les glorieux officIers et soldats de l'Armée soviétique et tous les combattants antIfascistes du monde n'approuveront pareille calomnie ! Khrouchtchev a injurié Staline, le considérant comme un "assassin". Cela ne revient-il pas à dire que durant plusieurs décennies le mouvement communiste international a eu un "assassin" pour éducateur ? Jamais les communistes du monde entier, y compris ceux de l'Union soviétique, n'approuveront pareille calomnie! Khrouchtchev a injurié Staline, affirmant qu'il était un "joueur". Cela ne revient-il pas à dire que les peuples révolutionnaires en lutte contre l'impérialisme et la réaction ont pris un "joueur" comme porte-drapeau ? Jamais les peuples révolutionnaires du monde, y compris le peuple soviétique, n'approuveront pareille calomnie ! De telles injures lancées par Khrouchtchev contre Staline sont la plus grande insulte que l'on puisse faire au grand peuple soviétique, au P.C.U.S. et à l'Armée soviétique, la plus grande insulte que l'on puisse faire à la dictature du prolétariat et au système socialiste, la plus grande insulte que l'on puisse faire au mouvement communiste international, aux peuples révolutionnaires du monde, au marxisme-léninisme. Lorsqu'il bombe le torse, martèle la table et crie de toute sa force en injuriant Staline, sur quelle position Khrouchtchev se place-t-il, lui qui, du temps de Staline, participa à la direction du Parti et de l'Etat ? Se place-t-il sur la position d'un complice d’"assassin" et de "bandit" ? ou bien sur celle d'un "imbécile" et d'un "idiot" ? Quelle différence y a-t-il entre ces injures adressées par Khrouchtchev à Staline et les injures vomies sur ce dernier par les impérialistes, les réactionnaires et les renégats du communisme ? Pourquoi cette haine mortelle pour Staline? Pourquoi s'en prendre à lui avec plus de férocité même qu'à l'ennemi ? Lorsqu'il combat Staline, c'est en vérité contre le régime soviétique et l'Etat soviétique que se déchaîne Khrouchtchev. Et en la matière, le langage qu'il utilise, loin de le céder à celui de Kautsky, de Trotski, de Tito, de Djilas et d'autres renégats, le dépasse encore en violence. On devrait précisément interpeller Khrouchtchev en lui citant ce passage de la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S.: "Comment ont-ils le courage de dire des choses pareilles à l'adresse du Parti du grand Lénine, de la patrie du socialisme, du peuple qui, le premier au monde, a fait la révolution socialiste, a sauvegardé ses grandes conquêtes dans des combats acharnés contre l'impérialisme international et la contre-r évolution intérieure, qui manifeste des miracles d'héroïsme et d'abnégation dans la lutte pour l'édification du communisme, en s'acquittant honnêtement de son devoir international envers les travailleurs du monde." Dans l'article "De la signification politique des injures", Lénine a dit: "...en politique, les injures cachent fréquemment, l'absence d'idées et l'impuissance totale, l'impuissance hargneuse des insulteurs." N'est-ce pas précisément le cas des dirigeants du P.C.U.S.. qui, constamment hantés par le spectre de Staline, essaient, par des injures contre ce dernier, de couvrir leur absence d'idées, leur impuissance totale, leur impuissance hargneuse ? Les Soviétiques, dans leur écrasante majorité; n'approuvent pas qu'on injurie ainsi Staline. Ils se montrent toujours plus attachés à sa mémoire. Les dirigeants du P.C.U.S. se sont dangereusement détachés des masses. Si, à tout moment, ils se sentent hantés et menacés par le spectre de Staline, c'est en réalité qu'ils se heurtent au profond mécontentement des larges masses populaires à l'égard de la répudiation totale de Staline. Khrouchtchev n'ose toujours pas faire connaître au peuple soviétique et aux peuples de tout le camp socialiste le rapport secret répudiant totalement Staline qu'il prononça au XXe Congrès, car c'est bien d'un rapport indigne qu'il s'agit, d'un rapport qui l'éloignerait dangereusement des masses. Ce qui mérite une attention toute particulière, c'est que les dirigeants du P.C.U.S., tout en s'appliquant à injurier Staline, expriment "respect et confiance" à Eisenhower, à Kennedy et à leurs congénères ! On impose à Staline des qualificatifs comme "despote du type d'Ivan le Terrible", "le plus grand dictateur de l'histoire russe", par contre, ce sont des compliments qu'on adresse à Eisenhower et à Kennedy, affirmant qu'ils "jouissent. du soutien de l'écrasante majorité du peuple américain" ! On injurie Staline en le traitant d"'idiot" et par contre, on fait l'éloge de la "lucidité" d'Eisenhower et de Kennedy ! D'une part, on flétrit impitoyablement celui qui fut un grand marxiste-léniniste, un grand révolutionnaire prolétarien, un grand chef du mouvement communiste international, d'autre part on fait le panégyrique du chef de file de l'impérialisme. Se pourrait-il que la connexion entre ces phénomènes soit le fait du hasard ? N'est-elle pas l'aboutissement logique de la répudiation du marxisme-léninisme ? Si Khrouchtchev n'a pas la mémoire courte, il doit se rappeler que c'est lui précisément qui, à l'occasion d'un meeting tenu à Moscou en janvier 1937, condamna avec raison ceux qui attaquaient Staline, disant "qu'en attaquant le camarade Staline, ils nous attaquent nous tous, ils attaquent la classe ouvrière et le peuple travailleur ! qu'en attaquant le camarade Staline, ils attaquent les doctrines de Marx, d'Engels et de Lénine !" Il doit se rappeler qu'il a lui-même, à maintes reprises, loué Staline, en disant que celui-ci était un "proche ami et compagnon d'armes du grand Lénine", "le plus grand génie, éducateur et chef de l'humanité", "le grand maréchal toujours victorieux", "l'ami sincère du peuple", qu'il a été son "propre père". Si l'on compare les remarques faites par Khrouchtchev du vivant de Staline à celles qu'il a faites après sa mort, on verra qu'il a fait volte-face dans le jugement porté sur Staline. Khrouchtchev, s'il n'a pas la mémoire courte, devrait évidemment se souvenir qu'il a lui-même soutenu et appliqué avec un zèle particulier, au temps de la direction de Staline, la politique de liquidation de la contre-révolution. Le 6 juin 1937, à la Cinquième Conférence du Parti de la Région de Moscou, Khrouchtchev a dit: "Notre Parti écrasera sans pitié la bande de traîtres et de renégats, éliminera de la surface de la terre toute la canaille trotskiste de droite. ... Le gage en est la direction inébranlable de notre Comité central, la direction inébranlable de notre chef, le camarade Staline. .. Nous détruirons tous les ennemis -jusqu'au dernier homme - et disperserons leurs cendres au vent." Le 8 juin 1938, Khrouchtchev a déclaré à la Quatrième Conférence du Parti de la Région de Kiev: "Les Yakyirs, les Balyitskys, les Lyubcjenkys, les Zatonskys et autre racaille veulent introduire en Ukraine les propriétaires fonciers polonais, veulent amener ici les fascistes, propriétaires fonciers et capitalistes allemands. ... Nous avons liquidé pas mal d'ennemis, mais pas encore tous. C'est pourquoi il faut nous tenir sur nos gardes. Nous devons bien retenir ce qu'a dit le camarade Staline: Tant qu'existe l'encerclement capitaliste, les espions et les saboteurs s'introduiront dans notre pays." Pourquoi Khrouchtchev, qui participa à la direction du Parti et de l'Etat du temps de Staline et qui soutint activement et appliqua résolument, à l'époque, la politique de liquidation de la contre-révolution, répudie-t-il en bloc tout ce qui a été fait pendant cette période et rejette-t-il toutes les erreurs sur Staline, tout en ayant soin de s'en laver lui-même les mains ? Lorsqu'il s'était trompé, Staline était encore capable de se critiquer. Par exemple, Staline avait donné des conseils erronés à propos de la révolution chinoise, mais après la victoire de celle-ci, il reconnut son erreur. Même les erreurs commises dans l'épuration du Parti, il les avait reconnues dans son rapport au XVIIIe Congrès du P.C.(b) de l'U.R.S.S. en 1939. Et qu'en est-il pour Khrouchtchev ? Il ne sait pas ce que c'est que l'autocritique. Il ne sait qu'une seule chose: rejeter toutes les erreurs sur les autres et s'attribuer tous les mérites. Que ces actes indignes aient été commis par Khrouchtchev, à une époque où déferle le révisionnisme moderne, n'est pas fait pour surprendre. Comme l'a dit Lénine en 1915 lorsqu'il critiquait les actes par lesquels les révisionnistes de la Ile Internationale avaient trahi le marxisme: "A notre époque de mots oubliés, de principes perdus, de conceptions du monde renversées, de résolutions et de promesses solennelles mises au rebut, il n'y a là rien dont on puisse s'étonner." La série d'événements survenus depuis le XXe Congrès du P.C.U.S. prouve à suffisance la gravité des conséquences qu'a entraînées la répudiation totale de Staline par la direction du P.C.U.S; La répudiation totale de Staline fournit à l'impérialisme et à toute la réaction des munitions antisoviétiques et anticommunistes qu'ils ne sont que trop heureux d'obtenir. Aussitôt après que le X Xe Congrès du P.C.U.S. eut clôturé ses travaux, l'impérialisme utilisa le rapport secret de Khrouchtchev contre Staline pour déclencher dans le monde une vaste campagne antisoviétique et anticommuniste. L'impérialisme, la réaction, la clique Tito et les opportunistes de toutes nuances ont tous sauté sur l'occasion pour prendre à partie l'Union soviétique, le camp socialiste, les partis communistes, tant et si bien que nombre de partis frères et de pays frères se trouvèrent dans une situation très difficile. La folle campagne de la direction du P.C.U.S. contre Staline fit que les trotskistes, qui depuis longtemps n'étaient plus que des cadavres politiques, se ranimèrent et clamèrent qu'il fallait "réhabiliter" Trotski. Lorsque le XXIIe Congrès du P.C.U.S. allait se clôturer, en novembre 1961, dans une "Lettre au XXIIe Congrès du P.C.U.S. et au Comité central du P.C.U.S.", le Secrétariat international de la soi-disant IVe Internationale écrivit que Trotski avait déclaré en 1937 qu'à l'avenir "un monument serait érigé en l'honneur des victimes de Staline", "aujourd'hui, affirme la lettre, cette prédiction se vérifie. Devant votre Congrès, le premier secrétaire de votre Parti a promis l'érection de ce monument", La lettre demande en particulier que le nom de Trotski soit "gravé en lettres d'or sur le monument érigé en l'honneur des victimes de Staline". Les trotskistes ne dissimulaient pas leur joie, ils estimaient que le mouvement lancé par la direction du P.C.U.S. contre Staline avait "ouvert la porte au trotskisme" et que ce mouvement était "très favorable à la progression du trotskisme et de son organisation -la IVe Internationale". En répudiant totalement Staline, la direction du P.C.U.S. a des fins inavouées. Staline est mort en 1953; trois .ans après, au XXe Congrès, la direction du P.C.U.S. déclencha de violentes attaques contre lui; huit ans après sa mort, au XXIIe Congrès, elle s'en prit encore une fois à Staline dont elle fit enlever et incinérer la dépouille mortelle. En s'acharnant encore et encore sur Staline, la direction du P.C.U.S. a voulu effacer l'influence impérissable de ce grand révolutionnaire prolétarien sur le peuple soviétique et les autres peuples du monde, et aussi frayer la voie à sa répudiation du marxisme-léninisme, que Staline avait défendu et développé, et à l'application généralisée de sa ligne révisionniste. La ligne révisionniste de la direction du P.C.U.S. débuta précisément avec le XXe Congrès pour devenir un système achevé au XXIIe Congrès. Les événements ont, par la suite, prouvé avec toujours plus de clarté que l'altération par la direction du P.C.U.S. de la doctrine marxiste-léniniste sur l'impérialisme, la guerre et la paix, la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat, la révolution dans les colonies et semi-colonies, le parti du prolétariat, etc. est liée à sa répudiation totale de Staline. La répudiation totale de Staline par la direction du P.C.U.S. a été faite sous l'enseigne de la "lutte contre le culte de la personnalité". La "lutte contre le culte de la personnalité" formulée par la direction du P.C.U.S. ne tend nullement, comme elle le proclame, à rétablir ce qu'elle appelle les "principes léninistes de la vie intérieure et de la direction du Parti". Tout au contraire, elle contrevient à la doctrine de Lénine concernant les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, et au principe du centralisme démocratique du Parti. Les marxistes-léninistes soutiennent que pour devenir un véritable état-major de combat du prolétariat. le parti révolutionnaire du prolétariat doit résoudre correctement les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses et s'organiser selon le principe du centralisme démocratique. Un tel parti doit avoir un noyau dirigeant relativement stable. Celui-ci doit être constitué par des chefs éprouvés, des chefs qui sachent unir la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution. C'est dans la lutte de classes et le mouvement révolutionnaire des masses que surgissent les chefs du parti prolétarien, ces chefs, qu'ils soient membres du Comité central ou d'un comité local du Parti, sont d'une fidélité absolue envers les masses, ils sont la chair de la chair des masses, ils savent rassembler de façon correcte les idées des masses et en faire une application conséquente. De tels chefs sont les vrais représentants du prolétariat. Ils sont reconnus des masses. La présence de tels chefs à la tête d'un parti du prolétariat est la manifestation de sa maturité politique, et c'est en cette présence que réside l'espoir de la victoire de la cause du prolétariat. Lénine dit avec justesse: "Aucune classe dans l'histoire n'est parvenue à la domination sans avoir trouvé dans son sein des chefs politiques, des représentants d'avant-garde capables d'organiser le mouvement et de le diriger". "Les chefs expérimentés et influents du Parti, dit-il aussi, se forment lentement et difficilement. Or, sans cela, la dictature du prolétariat, 'l'unité de sa volonté' est une phrase creuse." Le P.C.C. s'en est toujours tenu fermement à la"doctrine du marxisme-léninisme sur le rôle des masses populaires et de l'individu dans l'histoire, à la doctrine du marxisme-léninisme sur les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, au centralisme démocratique du Parti. Il a toujours persisté dans la. direction collective mais il s'oppose à ce que l'on rabaisse le rôle des dirigeants. Il accorde de l'importance au rôle de ces derniers, mais s'oppose à ce qu'on fasse un éloge outré de l'individu, un éloge qui ne correspond pas à la réalité, à ce qu'on exagère le rôle de l'individu. Dès 1949, suivant une proposition du camarade Mao Tsé-toung, le Comité central du P.C.C. décida d'interdire toute manifestation en l'honneur des dirigeants du Parti à l'occasion de leur anniversaire, et l'emploi du nom d'un dirigeant du Parti comme nom de lieu, de rue, d'entreprise. Ces vues que nous avons toujours maintenues, et qui sont correctes, se différencient foncièrement de la "lutte contre le culte de la personnalité" préconisée par la direction du P.C.U.S. Il devient toujours plus clair qu'en fait, en proclamant ce qu'elle appelle la "lutte contre le culte de la personnalité", la direction du P.C.U.S. ne vise point, comme elle le prétend, à développer la démocratie, à appliquer une direction collective, à s'opposer à l'exagération du rôle de l'individu, mais a en vue un tout autre objectif. En quoi consiste donc au fond la prétendue "lutte contre le culte de la personnalité" menée par la direction du P.C.U.S. ? Le fond de la question, pour aller droit au but, n'est autre que ceci: 1) Sous le prétexte de la "lutte contre le culte de la personnalité", opposer le dirigeant du Parti, Staline, à l'organisation du Parti, au prolétariat, aux masses populaires ; 2) Sous le prétexte de la "lutte contre le culte de la personnalité", défigurer le parti du prolétariat, défigurer la"dictature du prolétariat, défigurer le système socialiste; 3) Sous le prétexte de la "lutte contre le culte de la personnalité", faire valoir sa propre personnalité, attaquer les révolutionnaires fidèles au marxisme-léninisme et frayer le chemin aux intrigants révisionnistes pour qu'ils puissent usurper la direction du Parti et de l'Etat; 4) Sous le prétexte de la "lutte contre le culte de la personnalité", s'ingérer dans les affaires intérieures des partis frères et des pays frères et s'appliquer à entreprendre, à sa convenance, la subversion de la direction de partis frères et de pays frères; 5) Sous le prétexte de la "lutte contre le culte de la personnalité", frapper les partis frères qui s'en tiennent avec fermeté au marxisme-léninisme et créer la scission dans le mouvement communiste international. Khrouchtchev, en formulant la "lutte contre le culte de la personnalité", ne poursuit qu'une ignoble machination politique. Comme celui que décrit Marx, "s'il est une nullité en tant que théoricien, en tant qu'intrigant, il est dans son élément". Dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. a dit qu'"en dénonçant le culte de la personnalité et en luttant contre ses conséquences", il "apprécie hautement" "les personnalités" qui "jouissent d'un prestige bien mérité". Que veut-on entendre par là ? Simplement ceci: La direction du P.C.U.S. foule aux pieds Staline tout en portant Khrouchtchev aux nues. Elle exalte Khrouchtchev qui n'était pas encore communiste au moment de la Révolution d'Octobre, qui était un cadre subalterne du travail politique durant la guerre civile en le présentant comme le "créateur actif de l'Armée rouge". Elle attribue entièrement à Khrouchtchev le grand mérite de la bataille décisive de la Grande guerre patriotique de l'Union soviétique, prétendant que dans la bataille de Stalingrad on "entendait très fréquemment la voix de Khrouchtchev", que "Khrouchtchev était l'âme de ceux de Stalingrad". Elle inscrit entièrement à l'actif de Khrouchtchev les grandes réalisations obtenues dans le domaine de l'arme nucléaire et de la technique des fusées, et l'appelle "le père du cosmos". Or, nul n'ignore que la fabrication par l'Union soviétique des bombes atomiques et à hydrogène fut de grandes réalisations accomplies, du temps de la direction de Staline, par le personnel scientifique et technique et le peuple travailleur de l'U.R.S.S. C'est durant cette période également que furent jetés les fondements de la technique des fusées. Comment peut-on biffer d'un trait de plume ces faits historiques d'importance ? Comment peut-on attribuer tous les mérites à Khrouchtchev ? La direction du P.C.U.S. exalte Khrouchtchev qui a révisé les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et qui considère le léninisme comme périmé, prétendant qu'il a donné un "brillant exemple de développement et d'enrichissement créateurs de la théorie du marxisme-léninisme". Tout ceci qui a été fait par la direction du P.C.U.S., sous le couvert du mot d'ordre de la "lutte contre le culte de la personnalité", revient en réalité, comme l'a dit Lénine; à substituer "des chefs nouveaux qui débitent des choses prodigieusement stupides et embrouillées" "aux anciens chefs qui s'en tenaient à des idées humaines sur les choses simples". La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S, qualifie calomnieusement notre position qui est de s'en tenir fermement au marxisme-léninisme de "tentative d'imposer aux autres partis l'ordre des choses, l'idéologie, la morale, les formes et les méthodes de direction qui dominaient durant la période du culte de la personnalité". Pareille assertion ne fait que révéler davantage l'absurde et le ridicule de la "lutte contre le culte de la personnalité". A entendre les dirigeants du P.C.U.S., après que la Révolution d'Octobre eut mis fin à la période du capitalisme en Russie, il serait apparu en Union soviétique une "période du culte de la personnalité". A ce qu'il semble, le "régime social", les "idéologie et morale" de cette période ne seraient pas socialistes. Durant cette période, le peuple travailleur soviétique aurait supporté un "terrible fardeau", il aurait régné un "climat de crainte, de suspicion, d'incertitude qui empoisonnait la vie du peuple", et le développement de la société soviétique aurait été entravé. Dans son discours au Meeting de l'Amitié soviéto-hongroise, le 19 juillet 1963, Khrouchtchev s'étendit sur la domination "terroriste" de Staline, prétendant que celui-ci "maintenait son pouvoir par la hache". Décrivant l'ordre social d'alors, il affirma qu'"à l'époque, il arrivait souvent qu'on partît au travail sans savoir si on reviendrait chez soi, si on reverrait sa femme et ses enfants". La "période du culte de la personnalité" dont parle la direction du P.C.U.S. aurait donc été celle d'une société qui, littéralement, fut plus "haïssable" et plus "barbare" que celles du féodalisme et du capitalisme. Suivant les affirmations de la direction du P.C.U.S., la dictature du prolétariat, le régime social socialiste instaurés par la Révolution d'Octobre n'auraient pas, durant toutes ces décennies, délivré le peuple travailleur du fardeau qu'il supportait, n'aurait pas accéléré le développement de la société soviétique; et c'est après le XXe Congrès du P.C.U.S., lequel entreprit la "lutte contre le culte de la personnalité", que le peuple travailleur a été délivré de son "terrible fardeau" et le "développement de la société soviétique" subitement "accéléré". Khrouchtchev a dit: " Ah! si seulement Staline était mort dix ans plus tôt!" On sait que Staline est mort en 1953; s'il était mort dix ans plus tôt, cela aurait été en 1943 exactement, année où l'Union soviétique passa à la contre-offensive dans la Grande guerre patriotique. Qui souhaitait alors la mort de Staline ? Hitler ! Dans l'histoire du mouvement communiste international, l'utilisation par les ennemis du marxisme-léninisme de mots d'ordre du genre de celui de la "lutte contre le culte de la personnalité" pour diffamer les dirigeants du prolétariat et saper la cause du prolétariat n'est pas une nouveauté, mais une manoeuvre ignoble depuis longtemps mise en lumière. Bakounine, conspirateur de l'époque de la 1ère Internationale, utilisa des propos de ce genre dans ses invectives contre Marx. Au début, pour gagner la confiance de Marx, il écrivit: "Je suis ton disciple et je suis fier de l'être." Par la suite, lorsque sa tentative d'usurper la direction de la 1ère Internationale eut échoué, il en vint à injurier Marx en ces termes: "En tant qu'Allemand et Juif, il est un autoritaire de la tête aux pieds", "un dictateur". Kautsky, renégat de l'époque de la IIe Internationale, utilisa également des propos du même genre pour injurier Lénine. Il calomnia Lénine, le présentant comme "le Dieu des monothéistes" qui avait "réduit le marxisme non seulement au statut d'une religion d'Etat, mais encore à une foi médiévale ou orientale". Trotski, renégat de l'époque de la IIIe Internationale, fit de même, en injuriant Staline en termes analogues. Il dit que Staline était "un despote" et que "le bureaucrate Staline a entretenu un vil culte du chef, en attribuant à celui-ci un caractère sacré". La clique Tito, une clique de révisionnistes modernes, a aussi utilisé des termes analogues pour injurier Staline, prétendant que celui-ci était un "dictateur" d'un "pouvoir absolu". Il ressort de tout ceci que le mot d'ordre de la "lutte contre le culte de la personnalité" lancé par la direction du P.C.U.S. vient en droite ligne de chez Bakounine, Kautsky, Trotski et Tito, qu'il sert à combattre les chefs du prolétariat et à saper le mouvement révolutionnaire du prolétariat. Les opportunistes dans l'histoire du mouvement communiste international n'ont pu oblitérer l'oeuvre de Marx, Engels et Lénine par la diffamation. Khrouchtchev, non plus, ne parviendra à effacer l'oeuvre de Staline en usant du même moyen. Lénine a indiqué qu'une position privilégiée n'assure pas le succès de la diffamation. Khrouchtchev a pu profiter de sa position privilégiée pour faire retirer du Mausolée de Lénine la dépouille mortelle de Staline, mais s'il veut profiter de cette même position privilégiée pour effacer la grande figure de Staline dans le coeur du peuple soviétique et des peuples du monde entier, il n'y parviendra jamais. Khrouchtchev peut profiter de sa position privilégiée pour apporter telle ou telle altération au marxisme-léninisme, mais, jamais il ne parviendra à son but s'il veut profiter de cette position privilégiée pour abattre le marxisme-léninisme que Staline et les marxistes- léninistes du monde entier ont défendu. Nous voudrions donner sincèrement ce conseil au camarade Khrouchtchev: nous espérons que vous reviendrez de vos égarements, et que, quittant une voie totalement erronée, vous reprendrez le chemin du "marxisme- léninisme. Vive la grande doctrine révolutionnaire de Marx, Engels, Lénine et Staline! -------------------- Ni révisionnisme, Ni gauchisme UNE SEULE VOIE:celle du MARXISME-LENINISME (François MARTY) Pratiquer le marxisme, non le révisionnisme; travailler à l'unité, non à la scission; faire preuve de franchise de droiture ne tramer ni intrigues ni complots (MAO) La position des camarades du Parti Communiste du Népal (Maoiste) sur la question de Staline: Le mouvement communiste international et ses leçons historiques.PCN(m) Après la mort de Lénine, c’est Staline qui a pris la direction du mouvement communiste international. Staline a bien servi le mouvement prolétarien, en réalisant des tâches historiques telles que : la lutte contre le liquidationnisme de droite, qui avait émergé sous la forme de la soi-disant « révolution permanente » mise de l’avant par Zinoviev, Kamenev, et principalement par Trotski ; l’établissement du léninisme ; le renforcement de l’Union soviétique, notamment par la collectivisation de l’agriculture et le développement de la planification économique ; l’écrasement du fascisme hitlérien au moment de la Seconde Guerre mondiale ; la synthétisation de l’expérience du développement économique soviétique ; et la direction du mouvement communiste international, qu’il a assumée pendant une période d’environ 30 ans. Néanmoins, le fait que plusieurs faiblesses importantes aient prévalu chez Staline et qu’elle aient éventuellement causé de sérieux problèmes, ne doit pas être ignoré. Notre point de départ à cet égard, doit être évidemment l’évaluation que Mao en a faite, lorsqu’il a dit que l’œuvre de Staline comportait 70 % d’aspects positifs et 30 % d’aspects négatifs. C’est ainsi qu’on doit comprendre la défense qu’il a faite de Staline contre les attaques portées contre lui par la clique de Khrouchtchev, de même que les explications qu’il a fournies de ses erreurs et faiblesses. L’évaluation que Mao a faite de Staline se distingue à la fois des points de vue révisionnistes de droite qui l’ont renié complètement, et du point de vue dogmato-révisionniste sectaire qui refusa de reconnaître ses erreurs et faiblesses. Au sein du mouvement communiste international, le premier courant fut symbolisé par Trotski, Tito et Khrouchtchev, alors que le deuxième fut représenté par Enver Hoxha. Il faut aussi noter qu’au même moment où Mao entreprit de lutter contre le révisionnisme moderne, se développait aussi le courant dit « euro-communiste », qui sous prétexte de s’opposer à la conception monolithique de Staline et à la bureaucratie, rejetait le matérialisme dialectique et la science marxiste d’un point de vue anarchiste bourgeois pluraliste. Pendant que le débat faisait rage au sein du mouvement communiste international et que Khrouchtchev, de concert avec l’impérialisme, diffamait Staline à partir d’un point de vue contre-révolutionnaire, il était nécessaire de défendre Staline et de mettre l’emphase sur ses aspects justes et positifs. Ce faisant, il ne s’agissait pas simplement de défendre Staline en soi, mais de défendre aussi le mouvement communiste dans son ensemble ainsi que le socialisme ; en définitive, c’est le marxisme-léninisme lui-même qui était en jeu. Mais aujourd’hui, les choses ont beaucoup changé : le révisionnisme de Khrouchtchev, qui s’est éventuellement transformé en social-impérialisme, a failli complètement, jusqu’à entraîner la dissolution pure et simple de l’Union soviétique. En Chine, les partisans de Khrouchtchev ont usurpé le pouvoir suite à un coup d’État contre-révolutionnaire, et réussi à restaurer le capitalisme après la mort de Mao. Il n’y a plus, aujourd’hui, un seul État socialiste. En ce moment, les révolutionnaires de partout dans le monde peuvent librement, en-dehors de toute pression politique, faire le bilan de l’expérience historique. Elles et ils portent une grande responsabilité sur leurs épaules, et doivent travailler fort afin de l’assumer correctement, sans aucun doute. Dans ce contexte, il nous faut approfondir ce qui était déjà mentionné dans l’introduction de la lettre intitulée Sur la question de Staline, publiée dans le cadre du grand débat lancé par Mao et le Parti communiste chinois contre le révisionnisme de Khrouchtchev : « La question de Staline est une grande question, une question d’importance mondiale qui a eu des répercussions au sein de toutes les classes du monde et qui, jusqu’à présent encore, est largement controversée. Les classes et les partis politiques ou factions politiques qui représentent les différentes classes ont des opinions divergentes sur cette question. Et il est à prévoir qu’une conclusion définitive ne puisse lui être donnée en ce siècle. » Le siècle dont parlaient Mao et le Parti communiste chinois vient de se terminer : nous venons d’entrer dans le XXIe siècle. Nous devons porter attention au fait qu’on doit défendre les 70 % de contributions positives de Staline, et aussi tirer les leçons de ses 30 % d’erreurs. Comme on le dit plus loin dans le même article, « pour ce qui est des erreurs de Staline, lesquelles occupent seulement une place secondaire, elles doivent être considérées comme une leçon de l’histoire, une mise en garde pour les communistes de l’Union soviétique et ceux des autres pays, afin qu’ils ne commettent pas, à leur tour, pareilles erreurs ou en commettent moins ». Un autre élément important à considérer, c’est que les erreurs de Staline se divisent en deux catégories : il y a celles qui étaient inévitables étant donné le manque d’expérience de la dictature du prolétariat, et celles qui relèvent de ses propres faiblesses idéologiques. S’il n’était pas nécessairement possible d’empêcher les premières, les deuxièmes auraient certes pu l’être.Dressant la liste des erreurs de Staline, voici ce que disait encore la lettre publiée à l’occasion du grand débat : « Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s’écarta du matérialisme dialectique pour tomber dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s’écarter de la réalité et de se détacher des masses. Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente — contradictions entre l’ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple — de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions.Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d’éléments contre-révolutionnaires qui devaient l’être ; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l’erreur d’élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938. Dans les organisations du Parti et les organismes de l’État, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement. Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs. Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l’Union soviétique et au mouvement communiste international. » Armenak
Edité le 28-10-2015 à 11:00:05 par Xuan |
| | Posté le 28-06-2006 à 20:52:12
| Voilà la base d'un des débats sur le FML (brochure du PCC) |
| | Posté le 04-09-2006 à 22:56:07
| En effet, c'est une bonne base de discussion. Sur la question des 30% et des 70%, je ne sais pas si cela s'applique d'abord à l'attitude de Staline envers le PCC ou bien si on peut généraliser. Je m'en tiendrais à un jugement principalement positif , en ajoutant qu'il appartient aux communistes de l'ancienne URSS de porter un avis définitif sur l'oeuvre de Staline. Il est aussi légitime de situer historiquement ce texte dans le cadre de la lutte des lignes dans le mouvement communiste international. La lettre en 25 points en est aussi une étape importante mais c'est un autre débat. |
| | Posté le 05-09-2006 à 16:21:11
| Voici un autre texte - du PCR(co) - qui peut êter utile au débat : Arsenal > Numéro 5 - Mai 2005 Pour une appréciation juste de la question de Staline Le chapitre du programme du PCR[co] qui présente notre ligne idéologique (i.e. le marxisme-léninisme-maoïsme) se propose de situer le développement de la science révolutionnaire du prolétariat à travers les différentes étapes que le mouvement communiste international a franchies tout au long de son histoire. Après avoir rappelé le rôle absolument crucial joué par Marx, Engels et Lénine, à la fois aux niveaux théorique et pratique, notre programme présente une évaluation assez sommaire de la place occupée par celui qui a pris la relève de Lénine à la tête du premier pays socialiste et dirigé le mouvement communiste international pendant près d'une trentaine d'années - à savoir, ce personnage tant décrié que fut Joseph Staline : «Après la mort de Lénine, les bolcheviks et Staline ont poursuivi l'expérience socialiste en Union soviétique et ont tenté de faire avancer la révolution mondiale. Staline a lutté fermement contre l'ancienne bourgeoisie et contre certaines déviations opportunistes comme le trotskisme, et dirigé la mobilisation du prolétariat et des peuples contre la montée du fascisme dans les années 1930 et 1940, y compris pendant la Seconde Guerre mondiale lors de laquelle le prolétariat soviétique a fait d'énormes sacrifices. Globalement toutefois, Staline a été incapable de comprendre les contradictions de la société socialiste; les conceptions erronées et les faiblesses d'alors du Parti bolchevik l'ont empêché de voir le développement d'une nouvelle bourgeoisie qui a éventuellement réussi à renverser les acquis de la révolution d'Octobre. À l'échelle internationale, Staline et le Parti bolchevik ont fait preuve d'une tendance à l'hégémonie qui a eu en plus pour effet d'étendre certaines de ces conceptions erronées à l'ensemble du mouvement communiste international. «Avec le temps, ajoutons-nous, la direction du Parti communiste de l'URSS s'est engagée dans la voie du capitalisme d'État : une nouvelle bourgeoisie est apparue autour de l'appareil d'État, qui a soumis de nouveau le prolétariat à des rapports d'exploitation.» Au cours des prochains mois, les militantes et militants du PCR[co] comptent étudier et débattre de cette période importante à tous points de vue - celle de la construction du socialisme en URSS - afin d'en arriver à une compréhension plus achevée des grands enjeux liés à la transition du capitalisme vers une société sans classes. C'est dans ce cadre général que nous souhaitons mener plus spécifiquement la discussion sur la «question de Staline», si controversée. Alors, Staline fut-il le plus grand génie, éducateur et chef de l'humanité, comme certains l'ont louangé à sa mort? Ou plutôt un vulgaire assassin, bandit, despote et idiot, comme les mêmes gens l'ont affirmé trois ans plus tard, ouvrant la porte à ce qu'on a appelé la «déstalinisation» en URSS? Dans un important article publié en 1963 qui visait à répondre à la campagne de dénigrement alors menée par le Comité central du PC de l'Union soviétique (PCUS) à l'encontre de Staline, la direction du Parti communiste chinois (PCC) écrivait : «La question de Staline est une grande question, une question d'importance mondiale qui a eu des répercussions au sein de toutes les classes du monde et qui, jusqu'à présent encore, est largement controversée. Les classes et les partis politiques ou factions politiques qui représentent les différentes classes ont des opinions divergentes sur cette question. Et il est à prévoir qu'une conclusion définitive ne puisse lui être donnée en ce siècle.» [1] Maintenant que ce siècle est terminé, quelle conclusion définitive lui donnerons-nous? En d'autres termes, quels acquis et quelles leçons peut-on et doit-on tirer de l'expérience soviétique pour aller de l'avant dans la lutte pour le socialisme et le communisme? Telles sont les grandes questions auxquelles le mouvement communiste de notre époque doit répondre. Les principaux détracteurs de Staline - qu'ils soient impérialistes, trotskistes ou anarchistes - ne peuvent concevoir qu'on puisse reconnaître ne serait-ce que quelques qualités à ce «monstre fini». Pour eux, le personnage même de Staline - son «caractère» - impose qu'on le rejette parmi les figures les plus honnies de l'histoire. Cette critique unilatérale de Staline reflète la conception du monde bourgeoise selon laquelle ce sont les individus, et non la lutte des classes, qui font l'histoire et qui en constituent le moteur. Ainsi, pour les idéologues bourgeois, l'URSS fut d'abord et avant tout la création des grands personnages qui l'ont «imaginée», puis dirigée : au tout premier chef Lénine, et ensuite son successeur. À ce titre, Staline incarne pour eux non pas la «tyrannie» dans l'absolu, mais la tyrannie exercée contre leur propre classe. En effet, pendant des dizaines d'années, le dirigeant soviétique a personnifié le spectre de la fin des valeurs et des privilèges de la minorité bourgeoise et le «cauchemar» d'une société où il ne lui serait plus possible de se livrer aux pillages et à l'exploitation du plus grand nombre. Lorsqu'ils critiquent Staline, les bourgeois - qui n'ont habituellement aucune difficulté à fermer les yeux sur la terreur et le despotisme - dévoilent en fait leur haine du projet communiste lui-même et de ce qu'il représente. Fondamentalement, c'est la même conception bourgeoise et idéaliste qu'on retrouve derrière les critiques trotskistes (qui imputent à l'individu Staline la responsabilité principale des échecs et des difficultés rencontrées en URSS) et anarchistes (pour qui l'existence même d'une direction politique - incarnée, ou pas, par un dirigeant en particulier - constitue une entrave à l'avènement d'une société sans classes). Il ne s'agit aucunement ici de nier le rôle, positif ou négatif, qu'a pu jouer tel ou tel individu à tel ou tel moment de l'histoire. Seulement, pour l'apprécier correctement, il faut pouvoir le situer dans le cadre de la lutte des classes réelle et des conditions objectives et subjectives qui prévalaient à une époque et un endroit donnés. C'est ainsi, et seulement ainsi, que la critique de Staline nous permettra d'en arriver à une compréhension juste et plus avancée des exigences de la lutte pour le socialisme et le communisme. Bref, comme le disaient les camarades chinois dans l'article précité, «il ne s'agit pas seulement de porter un jugement sur sa personne, mais, ce qui est plus important, de faire le bilan de l'expérience historique de la dictature du prolétariat et du mouvement communiste international». La répudiation du «stalinisme» par Khrouchtchev et le PCUS Au sein du mouvement communiste, la question de Staline fut soulevée pour l'essentiel à partir de la présentation du fameux «rapport secret» par celui qui était devenu le premier secrétaire du Comité central du PCUS après son décès, Nikita Khrouchtchev. Ce dernier profita de la tenue du 20e congrès du Parti en 1956 pour lâcher cette «bombe» en présence des déléguéEs de la plupart des «partis frères» du PCUS, parmi lesquels le Parti communiste chinois. Selon Khrouchtchev, loin d'être «le grand maréchal toujours victorieux»,voire même son «propre père» (comme Khrouchtchev l'avait lui-même affirmé à la fin des années 1930!), Staline n'était en fait qu'un imbécile, «un despote du type d'Ivan le Terrible» ainsi que «le plus grand dictateur de l'histoire russe». Tout en admettant la pertinence d'une partie des critiques portées par Khrouchtchev, Mao a alors tout de suite vu que ce n'était pas tant les erreurs de Staline, en soi, qui étaient visées par les nouveaux dirigeants du PCUS, mais la légitimité même du marxisme-léninisme et de la construction du socialisme. Tandis que les révisionnistes Liu Shaoqi et Deng Xiaoping se rangeaient du côté de Khrouchtchev dans le rapport final qu'ils ont présenté au 8e congrès du PC chinois ayant eu lieu en septembre de la même année, Mao pressentait que la répudiation de Staline faite par le PCUS visait à ouvrir la porte à la restauration du capitalisme en URSS et à la consolidation du pouvoir de la nouvelle bourgeoisie qui s'y développait. C'est pourquoi il a tenu à ce que le PC chinois s'en distance, par la publication de deux articles, «De l'expérience historique de la dictature du prolétariat» (1956) et «Encore une fois à propos de l'expérience historique de la dictature du prolétariat» (1957). En accord sur ce point avec le Parti communiste chinois, le Parti du travail d'Albanie (PTA), alors dirigé par Enver Hodja, se porta lui aussi à la défense de Staline. Un an après la tenue du 20e congrès du PCUS, le Plénum du PTA affirmait : «Nous ne sommes pas d'accord avec ceux qui liquident toute l'activité révolutionnaire de Staline...» [2] Suivant la tenue de deux grandes rencontres des partis communistes et ouvriers ayant eu lieu à Moscou en 1957 et 1960, il est apparu de plus en plus clairement qu'une ligne révisionniste consolidée se cristallisait autour de Khrouchtchev et de la direction du PCUS. C'est ainsi que ce qu'on a qualifié de grand débat sur la ligne générale du mouvement communiste international est apparu au grand jour au début des années 1960. C'est dans ce cadre que les forces révolutionnaires au sein du mouvement, qui ont donné naissance au nouveau mouvement marxiste-léniniste, ont abordé la question de Staline. L'article publié par le Parti communiste chinois en 1963, auquel nous avons fait référence plus haut, s'inscrivait précisément dans le cadre de cette polémique. C'est dans ce contexte que Mao a livré sa fameuse évaluation à l'effet que les mérites de Staline prédominaient sur les erreurs qu'il a commises, dans une proportion qui fut évaluée à «70/30» (i.e. 70% d'aspects positifs vs 30% d'aspects négatifs). Cette évaluation fut rejetée par une partie du mouvement marxiste-léniniste naissant, en particulier par le Parti du travail d'Albanie, pour qui le fait même de reconnaître que Staline ait pu commettre des erreurs constituait une concession inacceptable à l'impérialisme et la réaction. Ce point de vue est encore défendu de nos jours par une organisation comme le Parti du travail de Belgique (le PTB), dont le principal dirigeant Ludo Martens a écrit plusieurs textes en défense de Staline. [3] À l'opposé, d'autres organisations, issues du mouvement maoïste, en sont venues à renverser l'équation faite par Mao : c'est le cas notamment de l'organisation Voie prolétarienne, en France, qui a remis en question «l'approche positive» de Staline. Pour ces organisations, ses aspects négatifs dépassent en effet les 30% évalués par Mao et se situent plutôt dans une fourchette s'étendant entre 30% et... 100%. Mais au-delà de l'aspect purement quantitatif de la chose, quel est donc le contenu idéologique et politique réel de la critique maoïste de Staline et surtout, quelle fut son utilité dans l'évolution de la ligne générale du mouvement communiste international? La réplique de Mao et du Parti communiste chinois Dans l'article signé par la rédaction du Renmin Ribao et celle du Hongqi, précité, on peut lire : «Le PCC a toujours estimé qu'il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l'histoire telle qu'elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l'idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l'histoire. «Le PCC a toujours considéré que Staline a commis un certain nombre d'erreurs qui ont une source ou idéologique ou sociale et historique. La critique des erreurs de Staline, celles qui effectivement furent commises par lui et non pas celles qu'on lui attribue sans aucun fondement, est chose nécessaire lorsqu'elle est faite à partir d'une position et par des méthodes correctes. Mais nous avons toujours été contre la critique de Staline lorsqu'elle est faite d'une façon incorrecte, c'est-à-dire à partir d'une position et par des méthodes erronées.» Après avoir présenté de manière exhaustive la longue liste des apports positifs de Staline (lutte contre le tsarisme et pour la diffusion du marxisme en Russie, participation au Parti bolchevik et à la révolution d'Octobre, défense des conquêtes de la révolution prolétarienne, lutte contre les opportunistes et les ennemis du léninisme, lutte antifasciste, soutien à la lutte révolutionnaire des peuples du monde, etc.), le PCC conclut que «la vie de Staline fut celle d'un grand marxiste-léniniste, d'un grand révolutionnaire prolétarien», puis ajoute : «Il est vrai que tout en accomplissant des exploits méritoires en faveur du peuple soviétique et du mouvement communiste international, le grand marxiste-léniniste et révolutionnaire prolétarien que fut Staline commit aussi des erreurs. Des erreurs de Staline, certaines sont des erreurs de principe, d'autres furent commises dans le travail pratique; certaines auraient pu être évitées tandis que d'autres étaient difficilement évitables en l'absence de tout précédent dans la dictature du prolétariat auquel on pût se référer. «Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s'écarta du matérialisme dialectique pour tomber dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s'écarter de la réalité et de se détacher des masses. Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente - contradictions entre l'ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple - de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions. Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d'éléments contre-révolutionnaires qui devaient l'être; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l'erreur d'élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938. Dans les organisations du Parti et les organismes de l'État, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement. Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs. Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l'Union soviétique et au mouvement communiste international.» Ceci dit, «en prenant la défense de Staline, le PCC défend ce qu'il eut de juste, il défend la glorieuse histoire de la lutte du premier État de la dictature du prolétariat instauré dans le monde par la révolution d'Octobre, il défend la glorieuse histoire de la lutte du PCUS, il défend le renom du mouvement communiste international auprès des peuples laborieux du monde entier». Les communistes chinois étaient bien placés pour comprendre l'importance des erreurs que Staline a commises, puisque eux-mêmes les ont parfois payées chèrement. Comme le rappelle l'article, «dès la fin des années 1920, puis durant les années 1930, enfin au début et au milieu des années 1940 [bref, à toutes les étapes de la révolution chinoise, jusqu'à la prise du pouvoir...], les marxistes-léninistes chinois [se sont attachés] à enrayer l'influence de certaines erreurs de Staline, puis, après être progressivement venus à bout des lignes erronées, celles des opportunismes "de gauche" et de droite, ils ont fini par mener la révolution chinoise à la victoire». Ces erreurs dont parle ici le PCC, ce sont notamment les directives en provenance de l'Internationale communiste, qui favorisaient la stratégie insurrectionnelle en Chine et sous-estimaient le rôle de la paysannerie, et qui se sont avérées particulièrement néfastes pour la révolution chinoise. Mao et les révolutionnaires au sein du Parti communiste chinois se sont battus contre ces conceptions erronées et ont fini par imposer leur propre stratégie - la révolution de démocratie nouvelle dans le cadre d'une guerre populaire prolongée - qui a conduit aux victoires que l'on sait. On voit donc que la critique maoïste de Staline est loin d'être complaisante. Mais elle n'a jamais ouvert et n'ouvre aucunement la porte à la déferlante anticommuniste de la bourgeoisie et des opportunistes, qui rejettent Staline non pas parce qu'il aurait failli à conduire l'Union soviétique au communisme mais au contraire, parce qu'il est allé trop loin dans cette direction. C'est une critique matérialiste, qui fut complétée en outre par d'autres études et d'autres textes, dont certains ont été regroupés dans un recueil qui fut publié en français au début des années 1970. [4] Certains de ces textes furent écrits par Mao en réaction à un article publié par Staline en 1952 [5] et au Manuel d'économie politique du PCUS. Mao y relevait le fait que le PCUS, sous la direction de Staline, avait négligé de mobiliser les masses dans la réalisation des transformations nécessaires à la consolidation du socialisme, et éventuellement à l'atteinte d'une société sans classes. En outre, Staline considérait que la collectivisation de l'agriculture, l'industrialisation et le développement rapide des forces productives, grâce à la planification économique centralisée, étaient le facteur clé et suffisant en soi, pour garantir le triomphe du socialisme. Ce faisant, il en était venu à sous-estimer gravement la nécessité de révolutionnariser les rapports de production afin de résoudre les contradictions qui continuent à exister, celles qui naissent et se développent dans le cadre même du socialisme. De fait, dès les années 1930, la direction du PCUS en était venue à considérer que les contradictions de classe s'atténuaient en Union soviétique et que la menace principale qui pesait sur l'existence du socialisme provenait de l'extérieur, et non de l'intérieur du pays. Pour Mao, on l'a vu, certaines erreurs commises par Staline auraient pu être évitées, tandis d'autres étaient inévitables, étant donné qu'il s'agissait de la première véritable expérience de construction du socialisme dans la jeune histoire du mouvement communiste. L'important, pour lui, c'était d'apprendre de ces erreurs et de cette expérience, afin d'aller plus loin dans la compréhension de ce qu'est le socialisme et de ce qu'il faut faire pour le consolider et le faire progresser. Pour une approche juste de la question de Staline La critique maoïste de Staline et de l'expérience soviétique, liée à la pratique et à l'expérience même de la révolution chinoise, a permis à Mao et aux révolutionnaires au sein du Parti communiste chinois de développer grandement la théorie révolutionnaire, sur toute la question de la transformation de la société vers le communisme. C'est cette critique, ainsi que la systématisation à laquelle elle a contribué, qui ont éventuellement permis le déclenchement de la révolution culturelle. Par l'étude de l'expérience historique de la dictature du prolétariat en URSS, des limites et erreurs qui ont été commises, les maoïstes chinois ont compris un certain nombre de choses et théorisé un certain nombre de concepts qui font désormais partie de la ligne générale du mouvement communiste international : • le fait que la lutte des classes se poursuit pendant la période du socialisme; • qu'à cette étape, la contradiction principale oppose toujours le prolétariat à la bourgeoisie; • qu'une nouvelle bourgeoisie se développe sur la base des conditions matérielles sur lesquelles s'édifie la nouvelle société; • que cette nouvelle bourgeoisie se concentre au sein du Parti et de l'appareil d'État; • que le Parti est traversé par une lutte de lignes constante, qu'il faut mener consciemment pour faire avancer la ligne prolétarienne; • qu'il faut distinguer les contradictions au sein du peuple des contradictions «entre nous et l'ennemi»; • qu'il faut restreindre et viser à éliminer le droit bourgeois; • qu'il faut combattre les anciennes divisions (entre travail intellectuel et manuel, entre hommes et femmes, entre villes et campagnes, etc.) qui peuvent faire naître de nouveaux rapports d'exploitation; • qu'il faut transformer les rapports de production, ainsi que les rapports sociaux qui en font partie, de façon à assurer la direction du prolétariat; • qu'il faut oser aller à contre-courant; • qu'il faut assurer la direction prolétarienne au sein du Parti, et la direction du Parti sur l'ensemble de la société; • qu'il faut mener une ou plusieurs révolutions culturelles pour liquider le quartier général de la bourgeoisie et surtout pour réaliser les transformations nécessaires dans la superstructure, en mettant notamment en place des mécanismes qui permettront de consolider la dictature du prolétariat; • bref, qu'on a raison de se révolter, pas seulement sous les conditions de la dictature de la bourgeoisie, mais plus encore dans le cadre du socialisme. Ce corpus théorique, qui justifie à lui seul qu'on considère le maoïsme comme une étape supérieure dans le développement de la science révolutionnaire du prolétariat (et qu'on pourrait résumer sous le vocable de théorie et pratique de la révolution culturelle, qu'on appelle parfois aussi le concept de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat), il est bon de le comparer avec ce qu'a produit la critique idéaliste de Staline (en excluant ici la critique purement bourgeoise, qui n'a jamais prétendu, de toutes manières, viser au communisme, ainsi que la critique révisionniste, du type Khrouchtchev, qui a conduit l'URSS là où l'on sait) : 1) les trotskistes, qui ont sans doute été historiquement les plus virulents critiques «de gauche» du stalinisme, n'ont jamais avancé plus loin que la queue du mouvement spontané des masses et sont restés parfaitement incrustés dans la légalité bourgeoise; 2) les anarchistes, de leur côté, n'ont jamais réussi à développer une conception générale valable de la transition vers une société sans classes, qui permettrait de résoudre les difficultés objectives réelles auxquelles quelque mouvement révolutionnaire que ce soit sera toujours confronté (il ne suffit pas de crier «à bas l'État et tous les tyrans» pour empêcher qu'une nouvelle classe dominante se forme sur la base même des rapports de production, et qu'elle les transforme en de nouveaux rapports d'exploitation); 3) enfin, ceux que le mouvement maoïste a fort justement qualifié de «dogmato-révisionnistes», comme le Parti du travail d'Albanie, ont vu leur «socialisme» s'effondrer comme un château de cartes, sans même qu'il y ait eu quelque bataille de livrée, et leurs descendants se sont englués eux aussi dans la légalité bourgeoise, comme de vulgaires trotskistes. Il en est, au sein du mouvement marxiste-léniniste, qui, sans nécessairement adopter le discours du PTA (qui prétendait que Staline était le plus grand marxiste-léniniste que le monde ait jamais enfanté alors que Mao n'a été qu'un révolutionnaire démocrate petit-bourgeois), ont néanmoins choisi d'opposer Staline à Mao : c'est le cas, notamment, du Parti du travail de Belgique. Le PTB dit reconnaître, sur papier, les apports théoriques et politiques de Mao, tout en rejetant la critique maoïste de Staline. [6] Officiellement, le PTB reconnaît la pertinence de la lutte menée par le Parti communiste chinois contre le révisionnisme de Khrouchtchev (bien qu'il juge que le PCC a fait preuve d'un «scissionnisme de gauche» néfaste en rompant avec le PCUS). Il dit même accepter la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat. Mais pour lui, la révolution culturelle, qu'il dit avoir été nécessaire, visait d'abord et avant tout à «combattre le bureaucratisme et le révisionnisme», et à débusquer les «bureaucrates, technocrates, arrivistes et révolutionnaires démocrates bourgeois» Mais la révolution culturelle, ce n'était pas seulement ça - en fait, ce n'était pas ça du tout. En effet, il ne s'agissait pas tant de dégommer la poignée de responsables du Parti engagés dans la voie capitaliste (bien qu'il ait été certainement juste et nécessaire de le faire) : en rester là, c'eût été s'arrêter seulement à la surface des choses. L'objectif de la révolution culturelle, c'était d'abord et avant tout, comme Mao l'a si bien dit, «de résoudre le problème de la conception du monde» et «d'éradiquer les racines du révisionnisme». Et bon, par «racines du révisionnisme», Mao ne référait évidemment pas aux deux pieds de Liu Shaoqi et de Deng Xiaoping (bien qu'on n'aurait certainement pas pleuré si les pieds de ce salaud avaient été éradiqués). Mao, qui était un grand marxiste, n'a jamais cru que le révisionnisme naissait de la «mauvaise volonté» ou des mauvaises intentions de tel ou tel individu - fut-il aussi sombre et maléfique que Deng Xiaoping. Dans une société socialiste comme la Chine, les racines du révisionnisme, on les retrouve dans les bases matérielles mêmes du régime qui engendrent, «à chaque jour et à chaque heure» comme le disait Lénine, une nouvelle bourgeoisie. Du fait même qu'il soutient que la Chine est encore de nos jours un pays socialiste (parce que formellement, y domine encore la propriété étatique des principaux moyens de production), on voit bien que le PTB n'a rien compris à la critique de la «théorie des forces productives», qui est au cœur du maoïsme (et de la critique maoïste de Staline). Pour le PTB, la propriété juridique formelle des moyens de production détermine si on a affaire, ou pas, au socialisme : le contenu réel des rapports de production reste secondaire. Sans doute à son corps défendant, le PTB rejoint ainsi le point de vue trotskiste, qui considérait que l'URSS, sous Khrouchtchev, Brejnev et même Gorbatchev, restait toujours un «État ouvrier» - «dégénéré», certes, mais néanmoins prolétarien du seul fait que la propriété des principaux moyens de production restait publique. Alors, s'agit-il d'opposer Staline à Mao? À notre avis - et Mao s'est lui-même clairement exprimé en ce sens - il y a bel et bien une continuité entre les deux, ancrée dans l'histoire du mouvement fondé par Marx et Engels. Ayant bénéficié de l'expérience soviétique et de celle de la révolution chinoise, et parce qu'il avait brillamment assimilé le marxisme-léninisme, Mao a été en mesure d'amener la théorie révolutionnaire à une étape supérieure. Pour les révolutionnaires d'aujourd'hui, qui consacrent tous leurs efforts à relancer le combat communiste dans les conditions du début du 21e siècle, il pourrait s'avérer tentant de remettre en question l'évaluation de Staline faite par Mao. Il est vrai qu'on pourrait facilement aligner quelques aspects négatifs de plus (remise en question des acquis des femmes en matière d'accès au divorce ou du droit à l'avortement; propagation d'une tendance conservatrice en matière de culture; etc.) pour ramener la balance à «50/50», ou même à «30/70». Cela nous éviterait de subir les foudres de la bourgeoisie (qui nous demanderait toutefois sûrement d'aller jusqu'au bout et de remettre aussi en question Lénine, pour ensuite remonter jusqu'à Marx), ainsi que les sarcasmes de nos amiEs anarchistes, qui n'en ratent pas une pour nous tirer la pipe - mais qui refusent, pour plusieurs, de débattre avec nous politiquement. Mais cela nous mettrait-il dans une meilleure position pour contribuer utilement à faire progresser cette grande lutte amorcée il y a 150 ans dans le but d'abolir toute forme d'exploitation? Il nous sera certainement plus utile de nous concentrer sur le «30%», déjà relevé par Mao, afin de bien saisir la grande profondeur et toute la portée des conceptions que les communistes chinois ont su développer et appliquer, particulièrement dans le cadre de la révolution culturelle. Telle est la voie qu'ont suivie les partis et organisations maoïstes qui ont rejeté à la fois le révisionnisme des Khrouchtchev et Deng Xiaoping, de même que le dogmato-révisionnisme du PTA et la vision métaphysique et subjectiviste de tous les Ludo Martens de ce monde et qui ont fondé, en 1984, le Mouvement révolutionnaire internationaliste (MRI). Comme le souligne la déclaration publiée par le Comité du MRI à l'occasion du 1er mai, «l'idéologie communiste progresse à travers des zones de turbulence. Les nouvelles conceptions nous permettent de dépasser l'inertie dans laquelle certaines anciennes façons de voir les choses ont pu nous mener; on doit démêler les points de vue justes et ceux qui ne le sont pas. Les idées qui surgissent des différents domaines de l'expérience humaine seront développées et testées au fur et à mesure que le monde se transformera. [...] «Le communisme demeure le seul espoir de l'humanité. Mais cet espoir ambitieux ne pourra se réaliser qu'à travers une lutte, une dure lutte dans tous les domaines de la vie. Le mouvement communiste international a mis au monde des légions de héros et d'héroïnes qui ont bravé l'emprisonnement, la torture et la mort face à l'ennemi. Ce mouvement doit faire preuve du même courage en s'auto-examinant sans pitié et en affichant sa détermination à démontrer que son idéologie demeure vivante et qu'elle nous permet de comprendre, encore plus complètement, toute la complexité et la richesse de la société humaine et de la lutte des classes. Le mouvement communiste international doit démontrer qu'il est capable de rejoindre et d'unir des millions de personnes, d'apprendre d'elles et d'en gagner des millions d'autres, tout en combattant avec ténacité pour soutenir et mettre en pratique notre idéologie de libération.» Cette approche, réellement marxiste-léniniste-maoïste - et cette approche seule - nous permettra d'aller de l'avant et de remporter de nouvelles victoires, encore bien plus grandes que celles que notre classe a déjà réalisées. 1) Rédaction du Renmin Ribao et du Hongqi, «Sur la question de Staline - À propos de la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. (II)» (13 septembre 1963), dans Débat sur la ligne générale du mouvement communiste international (1963-1964), Beijing, Éditions en langues étrangères, 1965, p. 123-148. Ce texte est réputé avoir été écrit par Mao lui-même, ou à tout le moins sous sa supervision. 2) Staline, grand marxiste-léniniste, recueil de textes albanais et chinois, Paris, Nouveau bureau d'édition, 1976, p. 12. 3) Ludo MARTENS, Un autre regard sur Staline, Antwerpen, Éditions EPO, 1994. Bien qu'il repose sur une défense absolue de Staline, ce livre n'en reste pas moins une référence utile pour réfuter les mensonges de la bourgeoisie à son sujet. 4) Hu CHI-HSI (dir.), Mao Tsé-toung et la construction du socialisme, Paris, Éditions du Seuil, 1975 5) Joseph STALINE, Les problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S., Beijing, Éditions en langues étrangères, 1974. 6) Voir par exemple : Ludo MARTENS, Mao Zedong et Staline, texte publié le 5 novembre 1993, disponible sur www.ptb.be/doc/doc/maostali.htm. [Article paru dans la revue Arsenal, n° 5, mai 2005] |
| | Posté le 05-09-2006 à 18:48:42
| Xuan a écrit :
Sur la question des 30% et des 70%, je ne sais pas si cela s'applique d'abord à l'attitude de Staline envers le PCC ou bien si on peut généraliser. |
C'est totalement stupide ! On ne peut pas juger Staline à 70% bon et 30% mauvais. C'est un peu comme dire : "Tiens, aujourd'hui je me sens à 70% content et à 30% malheureux". Staline a fait des erreurs mais on ne peut pas l'exprimer en pourcentage, ce n'est pas matériel. |
| | Posté le 05-09-2006 à 21:35:18
| Des erreurs, quelles erreurs ? Tout le monde dit: "Staline a fait des erreurs"! Qu'importe effectivement si c'est 30% ou 35%... Mais quelles erreurs ????? Qu'on les dise ! Et qu'on examine par la méthode marxiste de l'analyse concrète de la situation concrète s'il s'agit d'erreurs ( c'est-à-dire que Staline, c'est-à-dire le Parti Communiste Bolchévik, aurait pu faire autrement ) ou s'il s'agit de nécessités, voire de décisions salutaires, ou d'actes dans lesquels il n'avait personnellement rien à voir ! Tout le reste, c'est du bavardage., de la spéculation.
Message édité le 05-09-2006 à 21:37:45 par CMC |
| | Posté le 05-09-2006 à 21:37:01
| CMC a écrit :
Quelles erreurs ? Tout le monde dit: "Staline a fait des erreurs"! Qu'importe effectivement si c'est 30% ou 35%... Mais quelles erreurs ????? Qu'on les dise ! Et qu'on examine par la méthode marxiste de l'analyse concrète de la situation concrète s'il s'agit d'erreurs ( c'est-à-dire que Staline aurait pu faire autrement ) ou s'il s'agit de nécessités, voire de décisions salutaires, ou d'actes dans lesquels il n'avait personnellement rien à voir ! Tout le reste, c'est du bavardage., de la spéculation. |
Un exemple : interdiction de l'homosexualité. Etait-ce nécessaire ? J'en doute ! |
| | Posté le 05-09-2006 à 21:45:26
| On est vraiment au centre du problème !! |
| | Posté le 05-09-2006 à 22:23:30
| CMC a écrit :
On est vraiment au centre du problème !! |
Je considère la persécution des homosexuels comme une erreur de Staline. |
| | Posté le 05-09-2006 à 23:21:45
| Tu as raison KGB c'était en effet une erreur lié au fait que même chez Staline il pouvait y avoir des survivances (infimes) de la pensée réactionnaire bourgeoise. Personne n'est parfait loin de là et il faut toujours tenter de se corriger sinon pour ce qui est des 70/30 c'est plutôt une approche globale de l'oeuvre de Staline d'un point de vue qualitatif. Et c'est une estimation mais qui avait l'importance de montrer que Staline bien qu'étant un grand ML avec beaucoup de réussites n'était quand même pas un dieu omniscient qui ne fit jamais une erreur. Soutenir que Staline c'est 100% de positif c'est verser dans le dogmatisme et donc nier le matérialisme dialectique. |
| | Posté le 06-09-2006 à 00:05:51
| Komintern a écrit :
Et c'est une estimation mais qui avait l'importance de montrer que Staline bien qu'étant un grand ML avec beaucoup de réussites n'était quand même pas un dieu omniscient qui ne fit jamais une erreur. Soutenir que Staline c'est 100% de positif c'est verser dans le dogmatisme et donc nier le matérialisme dialectique. |
C'est ainsi que chaque ouvrier communiste doit penser l'histoire de ses dirigeants les plus importants. Le reste est du bavardage qui tend à occuper la petite bourgeoisie. L'ouvrier considére l'histoire du points de vue de ses intérêts politique, voilà ce qu'on appel méthode marxiste !!! Toutes les reflexions contre des persecutions, qu'elle qu'en soit la nature, ne peuvent être qualifié de bavardage. L'homophobie avait aussi des racines jusque dans les rangs ouvriers, l'histoire devait faire son oeuvre, en contre temps ceux-ci étaient à l'avant garde dans tellement de domaine de la vie sociale ... L'essentiel est qu'aujourd'hui les communistes soient à l'avant garde sur la question des persecutions de toutes natures. Je suis donc entiérement d'accord avec le camarade Komintern. |
| | Posté le 06-09-2006 à 05:37:49
| Xuan a écrit :
Sur la question des 30% et des 70%, je ne sais pas si cela s'applique d'abord à l'attitude de Staline envers le PCC ou bien si on peut généraliser. |
KGB Shpion a écrit :
C'est totalement stupide ! On ne peut pas juger Staline à 70% bon et 30% mauvais. C'est un peu comme dire : "Tiens, aujourd'hui je me sens à 70% content et à 30% malheureux". Staline a fait des erreurs mais on ne peut pas l'exprimer en pourcentage, ce n'est pas matériel. |
CMC a écrit :
Des erreurs, quelles erreurs ? Tout le monde dit: "Staline a fait des erreurs"! Qu'importe effectivement si c'est 30% ou 35%... Mais quelles erreurs ????? Qu'on les dise ! Et qu'on examine par la méthode marxiste de l'analyse concrète de la situation concrète s'il s'agit d'erreurs ( c'est-à-dire que Staline, c'est-à-dire le Parti Communiste Bolchévik, aurait pu faire autrement ) ou s'il s'agit de nécessités, voire de décisions salutaires, ou d'actes dans lesquels il n'avait personnellement rien à voir ! Tout le reste, c'est du bavardage., de la spéculation. |
Komintern a écrit :
Personne n'est parfait loin de là et il faut toujours tenter de se corriger sinon pour ce qui est des 70/30 c'est plutôt une approche globale de l'oeuvre de Staline d'un point de vue qualitatif. Et c'est une estimation mais qui avait l'importance de montrer que Staline bien qu'étant un grand ML avec beaucoup de réussites n'était quand même pas un dieu omniscient qui ne fit jamais une erreur. Soutenir que Staline c'est 100% de positif c'est verser dans le dogmatisme et donc nier le matérialisme dialectique. |
sti a écrit :
C'est ainsi que chaque ouvrier communiste doit penser l'histoire de ses dirigeants les plus importants. Le reste est du bavardage qui tend à occuper la petite bourgeoisie. (...) Je suis donc entiérement d'accord avec le camarade Komintern. |
Ce débat me rappel que nous l'avions déjà eu avec Koba à une époque. Il montre que la démarche matérialiste dialectique n'est visiblement pas vraiment appliquée par certains concernant les grands dirigeants. Faire de Staline un dieu qui ne se trompe jamais ce n'est pas avoir une démarche matérialiste dialectique. Koba qui à l'époque demandait aussi "quels erreurs de Staline ?" et critiquait le "70 - 30" n'hésitait pas dans le même temps à rejeter totalement Mao et à dire qu'il n'avait jamais été marxiste. On remarque le "sérieux" de cette démarche.... |
| | Posté le 06-09-2006 à 12:14:12
| sans vouloir polémiquer sans cesse sur le personnage il y aurait deux trois autres erreurs dont on pourrait parler comme le centralisme démocratique pour lequel il a pas toujours eu le plus grand respect dans les faits. je pense que c'est un élément plus politique que l'interdiction de l'avortement ou l'homosexualité.... il faut également nécesserairement distingué les erreurs qui reviennent entièrement à Stalin et les erreurs qui sont le fruits des imperfections de la Révolution (pour moi si il y a eu autant de problème avec les paysans c'est en partie parce que l'expropriation n'a pas eu lieu tout de suite)
Message édité le 06-09-2006 à 12:16:13 par Jameul |
| | Posté le 06-09-2006 à 19:43:02
| Mise au point. A l' évidence, le message de CMC du 5/9 à 21h 35 a été mal lu, mal compris, ou interprété de manière incorrecte par quelques camarades. CMC ne considère pas le camarade Staline comme un dieu. Staline peut et a sans doute commis des erreurs ( pas forcément celles dont on nous rabat les oreilles d'ailleurs ). Pour CMC il n'y a aucun tabou pourvu qu'on veuille bien adopter sur cette question comme sur d'autres, une démarche scientifique. Quand nous disons: "Quelles erreurs ?", il s'agit bien de définir de quelle supposée erreur on parle. On ne peut pas analyser un acte ou un phénomène si on ne commence pas par le définir. On ne peut pas faire un travail d'analyse scientifique sur un sujet aussi vague que " les erreurs de Staline ". Une fois défini l'objet de l'analyse, les communistes appliquent la méthode scientifique fondée sur le matérialisme historique. On remet l'acte politique étudié dans les conditions où il a été décidé et mis en pratique, on analyse les contradictions à résoudre, les solutions pour les résoudre, en fonction du réel... C'est seulement après qu'on peut dire s'il y a eu erreur ou pas. C'est la méthode que Ludo Maertens a utilisée pour écrire son livre " UN AUTRE REGARD SUR STALINE ", et le résultat est conforme aux exigences de la science marxiste-léniniste. C'est la méthode que tout communiste et toute organisation communiste doit observer. Encore une fois, tout le reste n'est que bavardage ou point de vue subjectif. Pour CMC, cette mise au point met fin à notre intervention sur ce sujet. Chacun jugera.
Message édité le 06-09-2006 à 19:45:21 par CMC |
| | Posté le 11-03-2007 à 18:06:57
| A ne pas manquer mardi soir sur M6: un documentaire exceptionnel sur le "tyran rouge". Il paraît que c'est du jamais vu avec une voix off qui y met vraiment de l'émotion. Et qu'ils ont ajoutés des paroles à Stalin sur certains vidéos muettes à partir de certains textes et discours |
| | Posté le 11-03-2007 à 21:22:55
| étonnant cette obstination : le stalinisme ne serait-il donc pas éradiqué ? |
| | Posté le 17-06-2011 à 17:59:59
| Vous dites que Staline a fait des choses biens oui c'est vrai mais quand vous parlez des erreurs qu'il a faites pourquoi ne parlez vous pas des nombreuses personnes qu'il a tué?Que pensez-vous de son nationalisme, du culte de la personnalité? |
| | | | Posté le 19-12-2011 à 23:58:15
| le dernier régime se réclamant de staline va etre renversé par l oncle sam,qui profite de la mort du président nord coréen. |
| | Posté le 20-12-2011 à 06:07:06
| Ce n'est pas encore fait. Les dirigeants Nord Coréens sont peut-être plus avisés que certains dirigeants des anciens pays de l'Est ou des républiques de l'ancienne URSS. Il n'ont pas envie de voir leurs filles de vingt ans devenir prostituées de luxe à Berlin, Paris ou sur la Côte d'Azur. Ni misérables sur les boulevards du nord est parisien, déjà bien encombrés. |
| | Posté le 20-12-2011 à 06:26:31
| les dés sont jetés... |
| | Posté le 20-12-2011 à 17:16:47
| D AILLEURS LA COREE DU NORD NE DISPOSE PAS VRAIMENT DE L ARME NUCLEAIRE,IL S AGIT D UN ARGUMENT IMPERIALISTE POUR DISCREDITER LA REPUBLIQUE POPULAIRE DEMOCRATIQUE EN VUE DE JUSTIFIER SON INVASION PAR LES U.S.A. |
| | Posté le 23-01-2013 à 12:07:30
| La question de Staline reste un bon moyen de différencier les communistes des révisionnistes . Le PC d' Union soviétique , avec Staline à sa téte , a mis 30 ans pour instaurer le socialisme en URSS . Les révisionnistes ont mis 30 ans pour réinstaurer le capitalisme et détruire l' URSS . |
| | Posté le 03-03-2013 à 11:28:31
| Bonjour , La bourgeoisie nous rabache à longueurs de journée que le communisme est mort . Mais 60 ans après sa mort , Staline leur fait encore peur . La preuve avec les " reportages " de propagande , contre Staline , diffusés en ce moment lors du journaux télévisés . |
| | Posté le 03-03-2013 à 11:30:29
| On peut méme parier qu'on va voir débouler en librairie un certain nombre d'ouvrage en rapport avec cet anniversaire . |
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