Sujet :

quelques remarques sur les municipales

Xuan
   Posté le 02-07-2020 à 13:34:15   

On pourrait parler longtemps pour commencer de la tenue du premier tour malgré l'épidémie et au mépris de l'expérience acquise par le peuple chinois, des mesures mises en oeuvre par le PCC et que tous ont pu voir, contrairement à l'accusation mensongère de "dissimulation".
En particulier la tenue d'un banquet du nouvel an à Wuhan, début janvier, avait été sévèrement critiquée sur les réseaux sociaux et avait justifié entre autres le limogeage du maire. Ces faits ont été publiés et les politiciens bourgeois ont préféré s'en servir uniquement pour calomnier la Chine et non pour en tirer des leçons utiles de santé publique. Le résultat est que de nombreux électeurs, assesseurs et candidats ont été victimes du covid-19 et que certains en sont morts.

Le second tour a marqué la défiance inégalée du peuple envers les politiciens bourgeois et tous ceux qui se compromettent avec eux.
Ci- dessous un article paru sur le site "faire vivre et renforcer le pcf"


Municipales : derrière la "vague verte" des métropoles, gare à l’embourgeoisement de la gauche
par Hadrien Mathoux

Mercredi 1er juillet 2020

Après le bon résultat des écologistes aux municipales, beaucoup à gauche ont salué un triomphe porteur d’avenir. Pourtant, les résultats montrent également que la gauche a franchi une nouvelle étape de son embourgeoisement avec ce scrutin boudé par les classes populaires.

A défaut d’une réelle déferlante de votes, les écologistes ont eu droit à un raz-de-marée de commentaires enthousiastes ce dimanche 28 juin, à l’issue du second tour des municipales qui les a vu remporter plusieurs victoires dans des grandes villes françaises. De nombreuses personnalités politiques se sont en effet précipitées pour chanter les louanges de la ’vague verte’, jugée annonciatrice de lendemains enchanteurs pour la gauche. Ainsi Raphaël Glucksmann, eurodéputé élu sous l’étiquette socialiste l’an passé, a-t-il jugé qu’on avait tort de ’focaliser l’attention sur Le Havre et Perpignan’, la ’véritable nouvelle’ étant le fait qu’une ’vague de gauche et écolo [ait] submergé nos villes’.

Vous pouvez focaliser l’attention sur Le Havre et Perpignan, mais la véritable nouvelle ce soir, c’est celle-ci : une vague de gauche et écolo a submergé nos villes. Tant de bonnes surprises (pour une fois !), ça se célèbre ! Et ça engage pour la suite.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) June 28, 2020

L’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon, sobre et taquin, a tweeté qu’il avait ’connu pire dimanche’. Pour la députée France Insoumise Clémentine Autain, ’le rassemblement sur des bases écologistes et sociales, appuyé sur de l’initiative citoyenne, est porteur de changement et d’espérance’. Autre élue LFI, Manon Aubry a salué les ’victoires notables d’une gauche qui reprend des couleurs rouges / vertes ancrée dans des dynamiques citoyennes’. N’en jetez plus : pour ces partisans de la gauche rassemblée, les triomphes d’Europe Ecologie Les Verts tracent le chemin idéal pour une victoire en 2022. L’ancien journaliste de Quotidien et Konbini Hugo Clément résume le sentiment de ces écolos-enthousiastes transis d’aise : ’Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Poitiers, Nancy, Besançon... Incroyable et énorme vague verte partout en France. L’écologie remporte les plus grosses villes françaises et s’implante partout. Une nouvelle époque s’ouvre !’

Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Poitiers, Nancy, Besançon... Incroyable et énorme vague verte partout en France. L’écologie remporte les plus grosses villes françaises et s’implante partout. Une nouvelle époque s’ouvre ! #vagueverte
— Hugo Clément (@hugoclement) June 28, 2020

Dans l’appareil d’EELV, on se persuade également que l’écologie sera la matrice autour de laquelle la gauche, voire le paysage politique, construira l’avenir. Ainsi Yannick Jadot affirme-t-il dans Le Monde que l’on a assisté à ’un tournant politique pour notre pays. Le paysage se recompose autour de l’écologie, d’un projet riche.’ Autre cadre vert, David Cormand constate que son parti est à la fois soutenu par des macronistes déçus et ’un électorat de gauche qui voit que le récit social-démocrate classique est obsolète, intenable.’ Pour lui, le récit des écolos ’prend le pas sur la gauche productiviste’. Interrogé par Libération, l’analyste Stewart Chau juge lui aussi que ’les Verts sont la nouvelle matrice autour de laquelle peut se réorganiser la gauche’.

Pourtant, si les soirées électorales victorieuses sont propices aux célébrations hâtives, l’analyse des résultats des municipales devrait inciter ces commentateurs à davantage de prudence. Avant d’être une victoire d’EELV, ce scrutin est marqué par le poids massif, impressionnant, écrasant de l’abstention, y compris dans les grandes métropoles où les Verts ont triomphé. Les citoyens ont été très majoritaires à ne pas se déplacer pour aller voter. Exprimer les scores des vainqueurs en pourcentage des inscrits, et non en pourcentage des suffrages exprimés, aide à remettre l’ampleur de la ’vague verte’ en perspective. Ainsi à Lyon, Grégory Doucet n’est devenu maire qu’en agrégant le soutien de 19,04% des électeurs, alors que 62,24% se sont abstenus. A Bordeaux, autre conquête écologiste majeure, 17,51% des inscrits ont voté pour Pierre Hurmic (abstention : 61,67%). Seuls 15,03% des Strasbourgeois inscrits sur les listes électorales ont permis à Jeanne Barseghian d’emporter la mairie, 63,34% s’étant abstenus. Malgré ce constat arithmétique, qui transforme le raz-de-marée vert en vaguelette, les réflexions inquiètes au sujet de la désaffection démocratique ont rapidement laissé la place à l’exaltation devant le début d’une ’nouvelle ère’.

Outre l’abstention, les constats triomphalistes au sujet de la ’gauche verte’ témoignent aussi d’un regard centré à l’excès sur les grandes métropoles. Rappelons que sur 236 communes de plus de 30.000 habitants, EELV n’en a remporté que… dix. Certes pas des moindres, avec les plus grandes villes de France (Strasbourg, Bordeaux, Lyon...) mais dans les communes de taille moyenne, l’écologie politique, et plus encore la gauche (qui l’emporte en s’unissant à Paris, Rennes, Nantes, Marseille, Montpellier, Rouen), sont absentes, et c’est la droite qui se taille la part du lion. Le constat est passé sous les radars médiatico-politiques, mais la gauche a perdu un nombre considérable de communes populaires ce dimanche 28 juin. Des mairies qu’elle détenait parfois depuis plusieurs décennies.

La gauche en grande difficulté dans les communes populaires

En banlieue parisienne, le Parti communiste a subi de nombreuses déroutes dans des villes qu’il gouvernait depuis l’après-guerre : Saint-Denis, Aubervilliers, Champigny-sur-Marne, Choisy-le-Roi, Valenton, Villeneuve-Saint-Georges. La droite a également gagné à Bondy, une ville contrôlée par le PS. Dans une autre banlieue, celle de Lyon, le processus est tout aussi spectaculaire, puisque les communes pauvres de la périphérie ont quasiment toutes élu des maires de droite : c’est le cas à Bron qui bascule, mais également à Meyzieu, Saint-Priest, Rillieux-la-Pape, Décines-Charpieu, Grigny, Pierre-Bénite, des villes que la gauche avait perdu en 2014. Partout en France, des bastions populaires historiques, au passé ouvrier, voient la gauche échouer face à la droite ou à l’extrême-droite. Ainsi le Rassemblement national l’emporte à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, à Bruay-la-Buissière dans le Pas-de-Calais, à Perpignan… Le PCF déplore également des défaites là où il contrôlait la mairie à Seclin (Nord), Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), Givors (Rhône), Fontaine (Isère), Arles (Bouches-du-Rhône)...

En résumé, dans une large mesure, l’écologie et la gauche ont gagné dans les métropoles, les territoires les plus riches du pays, dynamiques économiquement et bien insérés dans la mondialisation. A contrario, dans la France périphérique, celle des petites communes et des villes moyennes, la ’vague verte’ est tout bonnement inexistante. Plutôt qu’à un changement de paradigme, il est probable qu’on ait assisté ce dimanche 28 juin à un nouvel épisode spectaculaire de l’embourgeoisement de l’électorat de la gauche. Si l’on ne dispose pas encore de données sociologiques suffisantes pour se prononcer avec certitude, l’étude de l’Ifop menée en 2019 sur ’les ressorts du vote EELV aux élections européennes’ démontrait déjà avec acuité les dynamiques à l’oeuvre : ’Le vote EELV est d’abord un vote urbain, son intensité étant d’autant plus forte que le nombre d’habitants dans une commune est élevé’, écrivaient Jérôme Fourquet et Sylvain Manternach, qui allaient surtout plus loin en illustrant qu’à l’intérieur des grandes villes, plus le prix de l’immobilier augmentait, plus les scores des écologistes grimpaient en corrélation. Bien sûr, précisait l’Ifop, si une proportion écrasante de ’CSP+’ votent EELV, il ne s’agit pas de la bourgeoisie traditionnelle mais du ’soutien des ’bobos’’ ayant largement voté Emmanuel Macron dès le premier tour en 2017 : professions intellectuelles, de la culture et de l’information, ainsi qu’étudiants et jeunes ménages de cadres. Reste que cette bourgeoisie, même progressiste, reste une bourgeoisie, et que les classes populaires et habitants des communes en difficulté ont déserté la gauche dans les grandes largeurs à l’occasion de ces élections municipales. Un constat qui n’a pas l’air d’inquiéter outre mesure les thuriféraires de la ’vague verte’.
marquetalia
   Posté le 19-08-2020 à 16:44:37   

Donc,LFI n est plus pour la lutte des classes,puisqu elle se rapproche d EELV,qui est pour l économie de marché ?
pzorba75
   Posté le 19-08-2020 à 17:02:17   

marquetalia a écrit :

Donc,LFI n est plus pour la lutte des classes,puisqu elle se rapproche d EELV,qui est pour l économie de marché ?

LFI n'a jamais adopté la lutte des classes, ses dirigeants et ses élus sont plutôt des collaborateurs des classes dirigeantes, leur mission principale reste la récupération des voies des électeurs du PCF,un petit marché, tout juste utile pour obtenir les 500 parrainages nécessaires au candidat à l'élection présidentielle.
Pour le reste, LFI et EELV resteront européistes et anticomumnistes, ce qui va très bien ensemble et restent opposés aux régimes russe et chinois souvent caricaturés.
Cet assemblage n'ouvre pas de perspective pour une sortie révolutionnaire de la crise générale du système capitaliste, en ce sens c'est une perte de temps pour les militants révolutionnaires.


Edité le 20-08-2020 à 05:14:12 par pzorba75


Xuan
   Posté le 19-08-2020 à 23:30:24   

Exactement.
LFI a essayé de siphonner le PCF. Mais ses difficultés internes ont mis fin à ce projet momentanément.
pzorba75
   Posté le 20-08-2020 à 05:28:00   

La mise en scène des Insoumis 2017 a été bien réussie par Mélenchon et son groupuscule issu de la mouvance socialo trotskiste, avec la complaisance de la direction du PCF apeurée d'affronter les élections présidentielle et législative de 2017.
Le montage Insoumis s'est vite heurté aux cas "personnels" et, sans ligne politique ferme, guidée par le centralisme démocratique, le mouvement LFI s'est trouvé réduit en poussière, perdant ses électeurs aux différents scrutins, souvent au profit des européistes écologistes. Cette affaiblissement compromet lourdement le programme de "révolution non violente par les élections".
Toutes les portes et fenêtres de la magouille politique sont ouvertes pour faire le spectacle en 2021 et en 2022, où les chances de succès restent faibles, d'autant plus faibles que la mobilisation des électeurs du peuple subissant la crise est déjà très réduite et qu'en 2021 il ne faudra pas compter sur les ressources et réserves du PCF pour obtenir un résultat préparation la révolution citoyenne.
Mélenchon et Jadot sont dans une impasse. Ce qui n'est pas forcément inquiétant, ni une surprise.