Sujet : Quand Libé fait dans le « social » !!! | | Posté le 21-12-2012 à 14:53:19
| Une fois n’est pas coutume, parce que ce n’est pas vraiment un canard prolétarien, et on s’en soucierait comme d’une guigne si l’article en question n’était pas diffusé largement à travers les UD dans la CGT , pour illustrer le mot d’ordre de « sécurisation des parcours professionnels » . Lisez donc mais asseyez-vous d’abord et munissez-vous d’une bassine ou d’un sac à vomi : Flexibilisons plutôt le travail – 17/12/2012 "Soyons clairs : les négociations interprofessionnelles sur la sécurisation de l'emploi sont fondamentales pour l'avenir de notre pays. Un avenir économique et social commun, car l'enjeu n'est pas une nouvelle réforme technique du code du travail, mais bien celui de la confiance réciproque et du courage retrouvé pour les salariés et les entreprises. En d'autres termes : pour les salariés, ne plus avoir peur des licenciements, et pour les employeurs, ne plus avoir peur d'embaucher sur le long terme. Il faut redonner aux entreprises françaises la capacité à gérer les à-coups de la mondialisation avec souplesse et réactivité (la flexibilité), tout en permettant aux salariés de disposer d'une meilleure boîte à outils pour s'adapter et rebondir rapidement en cas de perte d'emploi (la sécurité). Ceux qui veulent caricaturer diront : « Pouvoir licencier plus simplement, plus rapidement et à moindre coût. Ceux-là oublient le second terme de l'équation (sécurité ) pour ne retenir que le premier (flexibilité ) tout en le déformant. Sécuriser l'emploi et le salarié, tout en flexibilisant le travail, voilà l'enjeu. Comment? Pour les salariés tout d'abord, en leur redonnant confiance en eux mêmes et en les accompagnant mieux en cas de chômage pour qu'ils retrouvent rapidement du travail. Il faut regarder les choses en face : la mondialisation a changé les règles du jeu. Le temps de l'emploi, à vie dans une entreprise est, dans la plupart des cas, révolu. On peut s'en désoler, regretter un temps béni où tout était tracé d'avance, ou au contraire l'accepter, le contrôler, voire en tirer avantage. Nous avons la chance d'avoir une véritable tradition industrielle, des salariés compétents, performants, éduqués. Il faut leur redonner une confiance en leur capacité de rebond et d'adaptation. Par la formation tout d'abord, tout au long de leur vie, pour les aider à progresser toujours. Dans leur recherche d'emplois, en mutualisant le reclassement externe pour les PME. En accompagnant les trous d'air d'une entreprise et en permettant plus simplement le détachement de salariés dans d'autres entreprises d'une même région. En cumulant les droits des salariés au fur et à mesure de leur vie professionnelle même s'ils changent d'entreprises… Voici des premières pistes. Les solutions existent, elles doivent être mises sur la table et discutées collectivement. Du côté des entrepreneurs, il faut définitivement casser cette peur de l'embauche qui s'est installée depuis plusieurs années. La flexibilité, c'est d'abord de pouvoir anticiper et gérer les crises : recourir de manière plus simple à des outils déjà existants comme le chômage partiel, les modifications des horaires ou la mobilité. Bien sûr, lorsque les licenciements sont inévitables, car malheureusement ils le sont parfois, il faut alors les sécuriser juridiquement. Ce sont les possibilités de recours trop souvent actionnées qui induisent des situations malsaines pour les entreprises et les salariés lorsqu'un jugement de prud'hommes, plusieurs années après, remet en cause des accords parfois pour des simples raisons de procédure. La sécurisation des accords de sauvegarde de l'emploi, qui permettent le maintien de l'emploi grâce à une maîtrise de la masse salariale et une flexibilité accrue de l'organisation du travail, est une piste importante qu'il faut investiguer. Ainsi, paradoxalement, cette réforme indispensable vise en fait à refaire du contrat à durée indéterminée (CDI) le cas général d'embauche des salariés. Car aujourd'hui, notre marché du travail, à force de rigidité et de contrainte, a conduit à une situation socialement difficile : l'absence de flexibilité favorise la création d'un salariat « précaire » à base de contrats à durée déterminée (CDD) et d'intérimaires. Ces statuts sont positifs s'ils restent utilisés dans le cadre de leur vocation première : permettre de répondre à une augmentation transitoire d'activité. Ils deviennent problématiques quand ils se généralisent et servent avant tout d'outil commode de flexibilité pour les entreprises en période d'activité « normale». Aujourd'hui, notre pays s'est fracturé entre ceux qui souffrent et ceux qui se protègent, qu'ils soient salariés ou entrepreneurs. Ce n'est pas une situation acceptable intenable ! Le concept de flexi-sécurité peut et doit être la réponse à cette situation. Il nécessite cependant de changer de mentalité et de proposer au pays une nouvelle approche sociale : il ne s'agit plus d'interdire ou de protéger, mais bien de permettre et de donner la capacité à faire. La France en a les capacités et la volonté ! Si ces contraintes se lèvent, alors les entreprises n'auront plus peur d'embaucher et elles embaucheront. Si les salariés n'ont plus peur du chômage parce qu'ils seront mieux formés pour y faire face, ils accepteront plus facilement les mutations professionnelles. La France a rendez-vous avec son avenir. Espérons que les négociations en cours lui donnent une chance d'exister."
__________________ « paradoxalement la flexibilité en levant les freins à l’embauche, favoriserait le CDI comme contrat de travail dominant, alors que trop de rigidité engendrerait le recours aux contrats précaires de type CDD » . Voici un super cadeau de fin d’année : les licenciements au pays des bisounours. Laissez-vous lourder et vous irez au paradis du CDI à vie ! On a déjà entendu de tels paradoxes : laissez les patrons s'enrichir et on augmentera les salaires, renoncez aux 35 heures et aux primes et l'emploi sera préservé...ce genre de paradoxe s'appelle en français du chantage . « La sécurisation des accords de sauvegarde de l'emploi, qui permettent le maintien de l'emploi grâce à une maîtrise de la masse salariale et une flexibilité accrue de l'organisation du travail, est une piste importante qu'il faut investiguer. » Qui maîtrise la masse salariale et qui organise le travail dans ce pays, sinon le patronat ? La ficelle est un peu grosse et on n’a pas oublié que Sarkozy défendait la « flex-sécurité » en 2005. On imagine sans mal le marché du travail dans ce monde idyllique : des processions de salariés errant de pôle emploi en pôle emploi avec le mobilier Ikea plié sur la galerie. Les "raisins de la colère" version 2013. Mais les camarades syndiqués qui popularisent ce genre de poison avaient juste oublié d’en signaler l’auteur. Réparons cette petite négligence en jetant un coup d’œil sur le site de Libé : Il s’agit de Pierre Gattaz, PDG de Radiall, président de la fédération des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC), président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), et fils du père Yvon . Pour mémoire, Yvon Gattaz fut membre du Conseil économique et social de 1979 à 1989 et président du CNPF sous Mitterrand. Il impose la flexibilité du temps de travail, la limitation des charges des entreprises et de la taxe professionnelle, et signe "Les patrons reviennent" (Robert Laffont - 1988) et "Mitterrand et les patrons" (Fayard - 1999) Des camarades de cet acabit évidemment on s’en passe, mais ça devrait nous faire réfléchir sur la finalité de la sécurisation des parcours professionnels revendiquée par la direction de la CGT.
Edité le 21-12-2012 à 15:04:50 par Xuan |
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