Sujet : à propos du coup d'état au Honduras | | Posté le 13-07-2009 à 23:01:47
| Ces différents articles - dont nous ne partageons pas nécessairement toutes les thèses - illustrent la contradiction croissante entre l'hégémonisme US et l'ensemble du continent sud américain. Les bourgeoisies nationales de ces pays sont progressivement amenées à s'opposer à l'impérialisme US, précisément là où a commencé son histoire. On observe également que malgré son déclin, le principal impérialisme mondial s'accroche toujours à ses prérogatives et conserve les mêmes méthodes que par le passé. Le "premier coup d’État militaire de l’administration Obama", pour reprendre l'expression de T. Meyssan, montre aussi que le changement de personnel à la tête de l'impérialisme US n'a fondamentalement rien modifié, en dépit des discours apaisants à l'adresse du Tiers Monde. publié sur le site de M. Collon
Un message des faucons de Washington Stella Calloni Le coup d’Etat militaire du 28 juin au Honduras (qui en réalité avait commencé à la mi-juin, lorsqu’avait été attaquée la voiture transportant le président Manuel Zelaya Rosales) est un ballon d’essai pour les nouveaux schémas putschistes préparés par les Etats-Unis pour cette région. Du fait que sa méthode de contre-révolution ‘civique’ ne réussit pas à déstabiliser des gouvernements, comme on l’a vu en divers pays d’Amérique latine. Le président a été séquestré à son domicile par des militaires au matin du 28 juin et transporté au Costa Rica dans le meilleur style des coups du terrorisme d’Etat du passé. Cette très grave situation qui s’est poursuivie par des mesures répressives, des assassinats, séquestrations de fonctionnaires et de journalistes, et même de la ministre des Affaires étrangères Patricia Rodas ainsi que des ambassadeurs de pays étrangers, met au défi l’administration US de Barack Obama. Tous les témoignages indiquent une implication des services de renseignement et militaires des Etats-Unis. Une réalité est incontournable : ce pays maintient une base militaire à Palmerola, dans la région de Comayagua et est occupé à en construire une autre, soi-disant pour la lutte anti-drogues, sur la côte atlantique. Avec de telles installations, avec la surveillance du groupe militaire de l’ambassade et des institutions comme la CIA et le FBI, plus des fondations indépendantes, qualifiées de ‘démocratiques’, il était impossible aux Etats-Unis d’ignorer le coup d’Etat. A Palmerola, entre San Pedro Sula et Tegucigalpa, se trouve la base aérienne stratégique José Enrique Soto Cano, où opère la Force de frappe conjointe Bravo des Etats-Unis. Une base imposée par les schémas de la Guerre froide, dans les années 80, lorsque Washington menait une guerre clandestine contre le Niacaragua sandiniste. A l’époque, l’ambassadeur envoyé par les Etats-Unis, John Negroponte ( 1981-1985) était surnommé ‘Vice-roi du Honduras’ car il contrôlait la situation intérieure du pays et de toute l’Amérique centrale. Le Honduras est un pays extrêmement surveillé et, au siège diplomatique des Etats-Unis, on ne pouvait ignorer ce qui se préparait contre le président Zelaya. Les premiers heurts entre le président et Washington se produisirent le 27 janvier 2006, huit jours à peine après son installation, lorsque l’ambassadeur US Charles Ford lui demanda l’asile politique pour le terroriste cubano-américain et agent de la CIA Luis Posadas Carriles. Le président le raconta à des journalistes de son pays le 29 janvier. Il annonça qu’il rejetait cette demande parce que Posada Carriles « était une personne fortement soupçonnée d’actes terroristes au niveau international ». Ce dernier avait été détenu en mars 2005 aux USA, accusé d’être entré ‘illégalement’ dans le pays, mais il s’agissait d’une opération de la CIA visant à protéger un de ses agents. Il avait été arrêté avec plusieurs compatriotes pour détention d’explosifs lors du sommet ibéroaméricain. L’objectif était d’assassiner Fidel Castro et Hugo Chavez. Posadas Carriles est aussi accusé par le Venezuela d’avoir été le commanditaire d’un attentat contre un avion de la compagnie Cubana aviación qui s’écrasa dans les Barbades en 1976, faisant 73 victimes. Evoquant ces faits, Zelaya constatait que les Etats-Unis défendaient ce type de terrorisme, il rappelait les nombreuses ingérences des Etats-Unis en Amérique latine, et comment son pays fut victime de la Guerre Froide des années 80 quand le Nicaragua était attaqué à partir de son territoire. Mais l’opposition hondurienne s’est mise en branle lorsque Zelaya décida d’adhérer à l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (Venezuela, Bolivie, Nicaragua, Cuba, etc…) . Visitant le Honduras en juin 2008, Negroponte, alors sous-secrétaire d’Etat, fut accueilli par des protestations populaires. On l’accusa d’être responsable de la disparition forcée de plus de 200 Honduriens et étrangers, poursuivis, emprisonnés et éliminés dans les années 80. C’est lui qui avait organisé avec la CIA le transfert de militaires de la dictature argentine pour appuyer la sale guerre des mercenaires de la ‘contra’ nicaraguayenne. Tout cela a été dénoncé internationalement sur base de témoignages et de documents déclassifiés. Son souci était que le président Zelaya pensait ouvrir un grand aéroport commercial à Palmerola à cause des risques de sécurité qu'il y avait à l’aéroport international de Tocontín et Tegucigalpa. Les Etats-Unis pensaient que la construction d’un tel aéroport entraînerait leur retrait de la base militaire. Negroponte rencontra Zelaya mais aussi la présidente de la Cour Suprême de Justice, Vilma Morales, et le président du parlement Roberto Micheletti. Tous deux participants actifs du coup d’Etat. Negroponte rencontra aussi divers opposants dont les ex-présidents Carlos Flores et Ricardo Maduro. Après cette visite, l’opposition déchaîna sa campagne contre le président et l’ambassade des Etats-Unis y joua un rôle prépondérant. La main qui les nourrit Une étude de l’Observatorio Social Centroamericano indique parmi les promoteurs du coup d’Etat les multinationales pharmaceutiques qui possèdent plusieurs laboratoires en Amérique latine. Elles ont appuyé le renversement de Zelaya parce que celui-ci a lancé, au début de l’année, l’achat de médicaments génériques à des prix permettant de satisfaire la demande du peuple hondurien, dont la santé était négligée depuis un demi-siècle. Y ont activement collaboré les Fondations de la CIA, comme la National Endowment Foundation (NED) (soi-disant Fondation pour la Démocratie) et USAID (Agence Internationale pour le développement) et particulièrement leur nouveau rejeton « UnoAmérica » (Unión de Organizaciones Democráticas de América Latina) plus dangereux de jour en jour. Financée par la NED et entraînée par les militaires et paramilitaires des précédentes dictatures, les mercenaires et les fascistes, UnoAmérica s’est fait remarquer par sa tentative d’assassiner le président bolivien Evo Morales. La presse hondurienne a précisément défendu le coup d’Etat en mentionnant le soutien de ces groupes criminels et des déclarations faites en Colombie contre le président. De nombreux militaires honduriens ayant participé à la sale guerre sont actifs dans le coup d’Etat ; ils font partie de cette organisation née lors de la sinistre Opération Condor, coordination criminelle des dictatures d’Amérique du Sud et du centre. Le journaliste Jean Guy Allard la nomme à raison “Alianza Fascista Panamericana”. Mais le facteur extérieur fondamental pour justifier le coup, c’est la volonté des Etats-Unis de préserver leurs bases militaires au Honduras. Ils désirent contrôler ce pays car la géographie de l’Amérique centrale ne les favorise pas. Fin 2007, le groupe d’Etudes de l’Amérique Latine et des Caraïbes (GEAL) a signalé que Washington considère que l’Amérique centrale constitue sa « frontière sud », et cherche à la conserver grâce à une forte présence militaire. Ceci s’est concrétisé avec le nouveau plan de sécurité régionale pour le Mexique et l’Amérique centrale où Washington a prévu d’injecter 1,4 milliard de dollars. Sandino Asturias, director de l’ONG “Centro de Estudios Guatemaltecos”, affirme que « le plan Maya-Jaguar y Palmerola, avec l’appui des garde-côtes d’El Salvador, les hélicoptères US du Guatemala et du Honduras, ainsi que le rôle important de l’agence anti-drogues DEA et le centre de radars de l’aéroport militaire salvadorien, expliquent la stratégie US. Ce Plan, lancé en 1998 et renouvelé chaque année, établit la présence de soldats US au Guatemala pour réprimer le narco-trafic. » Ces activités des troupes US (qui forment et encadrent les policiers et les militaires) sont appuyées par des unités d’infanterie et navales de la Force Aérienne de Palmerola. Asturias rappelle y avoir vu la piste d’atterrissage la plus longue d’Amérique centrale : 2.600 mètres, longueur nécessaire aux plus gros avions US. « Il existe un triangle Salvador – Guatemala – Honduras qui renforce la présence militaire des Etats-Unis. » Responsable de la commission des Droits de l’Homme du Honduras, Ramón Custodio dénonce « l’occupation militaire que constitue Palmerola » dans son pays. A cette présence envahissante s’est ajoutée une nouvelle création. Le 6 février 2009, l’ambassadeur US Hugo Llorrens a posé la première pierre d’une base prétendument antidrogues qui devrait être achevée en mars 2010. Le Département de Gracias a Dios, où est située cette base, forme la frontière avec le Nicaragua et est stratégique dans les plans de Washington. On dit que c’est par ce corridor que passe la drogue provenant de Colombie et destinée aux Etats-Unis, se prolongeant par le département des îles de la Bahía (Utila, Roatán, y Guanaja). L’amiral James Stavridis, chef du Comando Sur de l’Armée US, a déjà annoncé l’installation de technologies de pointe, l’envoi d’avions et de bateaux rapides. Des troupes y seront stationnées. Pour les ‘faucons’ de Washington, toute possibilité qu’un président comme Zelaya reste en fonction ou soit suivi par un autre défenseur de la souveraineté nationale et d’une indépendance réelle envers Washington ne convient pas dans une région comportant plusieurs gouvernements non soumis. [Traduit par Michel Collon et révisé par Magali Urbain pour Investig'Action.]
Edité le 14-07-2009 à 00:08:43 par Xuan |
| | Posté le 13-07-2009 à 23:14:58
| Hugo Llorens, l’ambassadeur US au Honduras : un éloquent pedigree Jean-Guy Allard Hugo Llorens, l’ambassadeur des USA au Honduras qui a reconnu avoir participé à des réunions où ont été discutés les plans de putsch avant le kidnapping du Président Zelaya, est un citoyen usaméricain d’origine cubaine, émigré à Miami dans le cadre de l’opération Peter Pan de la CIA. le 7/7/2009 Spécialiste en terrorisme, il était directeur des Affaires Andines au Conseil National de Sécurité à Washington lors du coup d’État contre le Président Hugo Chávez (en avril 2002). Pendant ses premières années d’activité diplomatique, il s’est installé une première fois au Honduras en tant que conseiller économique, et est passé, avec le même titre, par La Paz, en Bolivie. Il poursuit sa carrière comme attaché au commerce au Paraguay sous la dictature de Stroessner et plus tard à San Salvador comme coordinateur sur les narcotiques, une autre de ses spécialités. Lors d’un passage inattendu dans une autre partie du monde, ce Llorens aux multiples facettes est envoyé aux Philippines comme simple fonctionnaire consulaire. De retour sur le continent usaméricain, il sera pendant trois ans Consul Général des USA à Vancouver, au Canada, où il se consacrera à la mise en place d’une plate-forme "multi-agences" qui permet l’ouverture, au sein même du consulat, de bureaux du FBI, de l’ATF (Bureau des Alcools, Tabacs et Armes à Feu), et du service des douanes des USA. Sans oublier les représentations du Service Secret et de Sécurité du Département d’Etat. Tout cela sous couvert de lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale. L'ambassadeur Llorens présente ses lettres de créance au Président Zelaya le 19 septembre 2009. Quelque jours auparavant, Zelaya avait refusé de le recevoir, en signe de solidarité avec la Bolivie qui venait d'expulser l'ambassadeur Philip Goldberg Aux côtés de ELLIOT ABRAMS et OTTO REICH La Maison Blanche de George W. Bush va nommer le rusé Llorens en 2002 comme ni plus ni moins que Directeur des Affaires Andines au Conseil National de Sécurité à Washington, D.C., ce qui fait de lui le principal conseiller du Président sur le Venezuela. Il se trouve que le coup d’Etat en 2002 contre le Président Hugo Chávez s’est déroulé alors que Llorens était sous l’autorité du Sous-Secrétaire d’Etat aux Affaires de l’Hémisphère, Otto Reich, et du très controversé Elliot Abrams (ancien conseiller en chef sur le Proche-Orient au National Security Council (NSC) et barbouze aux nombreux états de service en Amérique Centrale, NdT) . Reich, lui aussi citoyen US d’origine cubaine, protecteur du chef terroriste Orlando Bosch(Cubain anti-castriste, impliqué dans de nombreux attentats, dont notamment l'attentat contre le vol civil Cubana 455 en 1976, NdT), avait été pendant trois ans ambassadeur des USA au Venezuela, de 1986 à 1989, et disait "connaître le terrain". Reich, depuis le Département d’Etat, s’était empressé d’apporter son soutien au Micheletti vénézuélien (Micheletti nommé Président par les militaires putschistes au Honduras, NdT), Pedro "Le Bref" Carmona (surnom donné par dérision à celui qui a vainement essayé de prendre la place de Chavez en 2002 juste pour quelques jours, NdT), et aux militaires factieux. Otto Reich, membre à part entière du cercle des ex-faucons déplumés de la Maison Blanche, reste un des personnages les plus influents de la faune mafieuse de Miami. Son nom circule aujourd’hui entre les possibles conspirateurs de la camarilla putschiste de Tegucigalpa. En juillet 2008, Llorens est nommé ambassadeur au Honduras en remplacement de Charles "Charlie" Ford, un individu chargé, sur instruction de Bush, de la tâche ingrate de proposer au Honduras d’accueillir Posada Carriles (autre émigré cubain impliqué dans de nombreux attentats contre des civils dont aussi celui de la Cubana, NdT). Zelaya avait répondu par un non sans appel et "Charlie" avait du informer ses chefs qu’ils devaient se garder leur « patate chaude » (le personnage était devenu embarrassant pour l’administration Bush en pleine campagne « anti-terroriste », NdT). Le Général Vasquez se sentait déjà "sollicité" Lors de l’arrivée de Llorens à Tegucigalpa, le 12 septembre 2008, le Président Zelaya, prenant acte du fait que la Bolivie venait d’expulser le représentant diplomatique des USA, pour cause d’ingérence, avait, en geste de solidarité, refusé de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur. Huit jours plus tard, Zelaya recevait Llorens pour lui exprimer le malaise de son gouvernement face "à ce que subit le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud." Il convient à cet égard de se souvenir d’un événement intervenu alors. Le 22 septembre, tandis que Zelaya exprimait son “malaise”, le chef d’Etat-Major Conjoint des Forces Armées du Honduras, le Général Romeo Vásquez, le même leader putschiste qui appuie aujourd’hui Micheletti, avait déclaré à la presse locale qu’ "il y a des personnes intéressées à destituer le Président Manuel Zelaya". Le militaire fasciste ajoutait que le Président "subissait des critiques en raison des accords conclus avec le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua" et que "nous avons été sollicités pour renverser le gouvernement". "Mais nous représentons une institution sérieuse et respectueuse, donc nous respectons Monsieur le Président en tant que Commandant Général et nous nous plions à la loi'', assurait avec la plus grande hypocrisie celui qui aujourd’hui ordonne à ses troupes de tirer sur le peuple (Pinochet avait tenu le même discours en 73 avant le coup d’Etat, NdT) . Le 22 juin dernier, le quotidien La Prensa révélait que s’était tenue la nuit précédente une réunion regroupant des responsables politiques influents du pays, des chefs militaires et l’ambassadeur Llorens, sous le prétexte officiel de "rechercher une issue à la crise". Celle provoquée par la consultation populaire organisée par Zelaya. Le New York Times devait confirmer plus tard que le Secrétaire d’Etat Adjoint pour les Affaires de l’Hémisphère Occidental, Thomas A. Shanon, ainsi que l’ambassadeur Llorens, s’étaient "entretenus" avec des officiers supérieurs des Forces Armées et des leaders de l’opposition sur "les moyens de destituer le Président Zelaya, comment l’arrêter et définir quelle autorité s’en chargerait". Traduit par Pedro da Nóbrega. Édité par Fausto Giudice pour Tlaxcala Source : Granma Internacional |
| | Posté le 13-07-2009 à 23:18:59
| HONDURAS : Billy Joya, le nouveau conseiller du président putschiste, tortionnaire et chef des escadrons de la mort AUTEUR: Prensa Latina et Minci Traduit par Karen Bellemans et révisé par Magali Urbain pour Investig’Action Le gouvernement de facto de Roberto Michelletti au Honduras, a nommé mercredi dernier comme ministre conseiller Billy Joya, connu pour avoir coordonné et dirigé tortures et assassinats dans ce pays pendant les années 80. Joya s’est joint au Bataillon de Renseignements 3-16 et fonda l’escadron d’élite de répression « Linx » des Cobras et fut premier commandant de ce groupe. De 1984 à 1991 il est resté dans l’escadron de la mort 3-16 où il a assuré plusieurs fonctions, sous le pseudonyme de « Licenciado Arrazola ». On lui attribue la responsabilité criminelle directe d’au moins 16 cas et d’actions spéciales qui ont laissé plus d’une dizaine de morts et torturés pour leur lien avec des organisations progressistes. Les agissements de Joya furent dénoncés en leur temps. Néanmoins ces antécédents n’ont pas de valeur pour Micheletti dont le gouvernement est aujourd’hui répudié par la communauté internationale. L’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution dans laquelle elle condamne le coup d’état militaire au Honduras et demande la restitution immédiate du président légitime de cette nation, Manuel Zelaya. La résolution adoptée par acclamation, fait un appel aux 192 états membres de l’ONU à ne pas reconnaître le régime militaire qui a pris le pouvoir par la force et à ne pas reconnaître un gouvernement différent de celui de Zelaya. Profil de Billy Fernando Joya Améndola, membre de l’escadron de la mort B3-16 Le bataillon 3-16 Au Honduras il n’y a pas d’acte de création du Bataillon 3-16, mais les premières disparitions datent de 1981. Cette année-là, Washington décida de changer d’ambassadeur à Tegucigalpa. John Dimitri Negroponte fut l’élu. Son curriculum, impeccable : ancien chef de la CIA au Vietnam. Negroponte fut l’homme clef de la stratégie anticommuniste de Washington en Amérique Centrale et dans la création de la Contra du Nicaragua. Les hommes du 3-16 furent entraînés par des agents de la CIA et de distingués militaires argentins. A cette époque le général Suárez Manson apparaît lié à l’instruction du 3-16, un des plus grands répresseurs de la dictature argentine. Billy Joya n’a pas étudié seulement les méthodes argentines; étant cadet de l’école militaire Francisco Morazán de Tegucigalpa, il partit avec une bourse d’études au Chili de Pinochet. Billy Fernando Joya Améndola, membre de l’escadron de la mort B3-16 Capitaine de l’armée du Honduras, il était chef de sa division tactique dans le Bataillon 3-16. Il agissait en synchronisation avec la Direction Nationale de Renseignements (DNI), le bras répresseur de l’armée. Expert en infiltration et guerre psychologique. De 1984 à 1991 il est resté dans l’escadron de la mort B3-16, où il a assuré plusieurs fonctions, sous le pseudonyme de « Licenciado Arrazola », entre autres : - liaison entre conseillers nord-américains et le bataillon B3-16; chef du Détachement Technique Spécial; coordinateur du B3-16 entre Tegucigalpa et San Pedro Sula; liaison entre les conseillers argentins et le B3-16, - il est accusé d’avoir séquestré et torturé six universitaires honduriens en 1982, - on lui attribue la responsabilité criminelle directe d’au moins 16 cas et d’actions spéciales qui ont laissé plus d’une dizaine de morts et torturés pour leur lien avec des organisations progressistes, entre autres : les actions des colonies la Campaña, la Matamoros, la San Francisco, la Florencia Sur, l’Aurora, Guamilito et Loarque. Actuellement, le gouvernement de facto de Roberto Micheletti au Honduras a nommé comme ministre conseiller Billy Joya. Torture et séquestration d’étudiants honduriens Le 27 avril 1982, à cinq heures du matin, Joya, à l’époque sous-lieutenant, et six de ses hommes fortement armés pénétrèrent dans l’habitation du sous procureur de la République du Honduras, Rafael Rivera, pour arrêter les étudiants. Deux d’entre eux étaient les filles de Rivera, qui bénéficiaient de l’immunité étant donné le poste de leur père. Dans leur lieu de captivité, ces six étudiants croisèrent d’autres détenus qui n’ont jamais réapparu. Malgré que la police et l’armée n’aient jamais reconnu la détention des six universitaires, deux d’entre eux furent mis à disposition de la justice 11 jours plus tard. Ils furent accusés de détention d’armes et d’explosifs. Mais dans la maison de Rivera, où ils louaient leur logement, n’ont été trouvées que des notes. Malgré qu’il n’existe pas de traité formel entre l’Espagne et le Honduras, une loi espagnole, celle d’Extradition Passive de 1985, permettait l’envoi de Billy Joyas au Honduras. Le juge compétent à Tegucigalpa devait solliciter, à travers Interpol ou par voie diplomatique, l’extradition. Une fois reçue, les autorités judiciaires espagnoles pouvaient ordonner la détention de Joya. Le juge hondurien aurait 40 jours pour motiver sa demande, qui lorsque approuvée, serait d’immédiate application. Pourtant après une demande du 7 août 1997, sans succès, on constate que le gouvernement du Honduras n’avait pas de volonté d’exécuter cette extradition. Asile en Espagne Il est entré en Espagne en avril 1996 avec un visa touristique. Il venait de Colombie où il s’était caché après sa fuite du Honduras lorsque a commencé un procès contre lui et d’autres membres de l’escadron de la mort. En octobre 1996, il demanda l’asile politique en Espagne, et le 30 mai 1997 le ministre de l’intérieur espagnol le refusa. Le refus de l’asile en Espagne était lié à l’ordre administratif d’expulsion dans les 15 jours. L’avocat de Joya fit appel devant la Chambre des Contentieux, paralysant la mesure. La chambre signala à Joya, le 5 février 1998, que l’ordre d’expulsion était gelé jusqu’à ce qu’il résolve l’affaire de l’asile. Joya vivait caché en Espagne depuis avril 1996, à Séville, dans le quartier Los Remedios, dans un des immeubles les plus emblématiques et chers, El Presidente. Billy Joya fut accusé en 1994 des délits de torture et de détention illégale, et le 17 octobre 1995 un juge civil de Tegucigalpa dicta un ordre de recherche et capture à son encontre. L’avocat espagnol Enrique Santiago, spécialisé dans le droit international humanitaire, a porté plainte, en 1998, à ce sujet au nom d’un des torturés, Milton Jiménez Puerto. La plainte s’est appuyée sur l’article 5.2 de la Convention Internationale Contre la Torture, signée par l’Espagne. Joya n’a jamais travaillé en Espagne. Il fut financé et aidé par son beau-frère avec qui il partage une entreprise de sécurité au Honduras. La seule activité connue était celle de catéchiste. Il a aidé les élèves du collège Saint Joseph des Sacrés Cœurs de Séville à comprendre le christianisme. Source : Aporrea-Micheletti nombra al asesino y torturador Billy Joya ministro asesor del gobierno golpista publié sur Tlaxcala |
| | Posté le 13-07-2009 à 23:31:18
| Même le Honduras s’émancipe Maurice Lemoine « Je ne comprends pas ! Si la IVe flotte des États-Unis peut venir en Amérique latine, pourquoi pas une flotte russe (1) ? » La réflexion n’est pas le fait du président Hugo Chávez, dans le pays duquel doivent se dérouler, en novembre, des manœuvres navales conjointes russo-vénézuéliennes, mais de son homologue équatorien Rafael Correa. Annoncée le 25 avril, la réactivation de la IVe flotte américaine, dotée d’unités polyvalentes des forces spéciales SEAL (SEa, Air, Land), pour diriger et coordonner les marines d’Amérique centrale et du Sud — contre « le trafic de drogue et le terrorisme » ! — n’a soulevé aucun enthousiasme dans le sous-continent, loin de là. Au même moment ou presque, celui qu’on présente souvent comme l’« anti-Chávez », le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, s’emporte : « C’en est terminé du “le marché peut tout”. (…) C’en est fini de l’époque où nous, les économies émergentes, nous dépendions du Fonds monétaire international [FMI]. (…) C’en est fini d’une Amérique latine sans voix propre (2). » Plus qu’un symbole : c’est le 11 septembre, trente-cinq ans jour pour jour après le renversement du socialiste chilien Salvador Allende, que la Bolivie et le Venezuela ont expulsé de leurs pays respectifs l’ambassadeur des États-Unis, considérant que Washington conspire contre leurs gouvernements. Moins remarqué, le chef d’État hondurien Manuel Zelaya « ajournait », le lendemain, la réception des lettres de créances du nouvel ambassadeur américain à Tegucigalpa, en signe de solidarité avec la Bolivie. Ces dernières années, seuls la Colombie et le Salvador ont élu des présidents ouvertement proaméricains. Même des pays d’Amérique centrale — la traditionnelle « arrière-cour » — font le grand saut. Après avoir demandé en vain une aide à Washington et à la Banque mondiale, le Honduras a rejoint l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), projet géopolitique « radical » qui, sous l’impulsion de M. Chávez, regroupait déjà la Bolivie, Cuba, le Nicaragua et le Venezuela. Le Costa Rica, lui, est devenu le dix-neuvième membre de l’accord Petrocaribe, à travers lequel Caracas vend du pétrole à un prix inférieur à celui du marché. Lorsque le Venezuela achète des chasseurs Sukhoï et des fusils d’assaut Kalachnikov à la Russie, ou accueille sur son sol deux bombardiers stratégiques TU-160 venus de Moscou, ce n’est pas pour attaquer la Floride, mais pour dynamiser une « nouvelle géopolitique mondiale ». En moins spectaculaire, le Brésil ne fait pas autre chose lorsqu’il annonce qu’il construira quatre sous-marins conventionnels, un sous-marin à propulsion nucléaire et des hélicoptères militaires grâce à des transferts de technologie français. Face à Washington, Brasília marque son territoire. Développement des relations Sud-Sud pour le Brésil. Etablissement de liens avec la Chine, l’Iran et la Russie pour le Venezuela et la Bolivie (3) — la société pétrolière russe Gazprom faisant une entrée remarquée dans ces deux derniers pays. Multiplication des accords bilatéraux entre l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, Cuba, le Nicaragua, le Venezuela, le Paraguay, l’Équateur — où, le 28 septembre, la nouvelle Constitution, qui a pour objet de refermer la parenthèse néolibérale, a été largement approuvée par référendum. Des différences subsistent, voire des contentieux, entre pays latino-américains. Toutefois, à l’heure décisive, ils font désormais front commun. En a témoigné la tentative de déstabilisation menée par les préfets des départements dits « autonomistes » contre M. Evo Morales, en septembre, en Bolivie. C’est à cette occasion qu’est intervenue l’expulsion de l’ambassadeur américain Philip Goldberg, présent en Bosnie de 1994 à 1996, au Kosovo entre 2004 et 2006, et considéré comme un spécialiste du « séparatisme ». Conscients de ce que la « bataille de Bolivie » serait décisive pour l’avenir de la gauche latino-américaine, et même, au-delà de la gauche, pour sa souveraineté, le Venezuela, suivi par le Brésil, a provoqué une réunion de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), organisation jusque-là plus symbolique qu’effective, à Santiago du Chili. Sans présence des États-Unis, les pays de la région ont fermement soutenu M. Morales et indiqué qu’ils ne toléreraient aucune « rupture institutionnelle » chez leur voisin. On évoque à présent la création d’un conseil sud-américain de la défense pour prévenir et résoudre les conflits. L’idée, lancée en 2003 par M. Chávez, a été reprise par M. da Silva mais se heurte à l’hostilité de la Colombie. Le grand projet des États-Unis, la création d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), n’a pu s’imposer. Le sous-continent a profité des cours exceptionnels de ses produits primaires sur les marchés émergents comme ceux de l’Inde et de la Chine. Avec le vent mauvais venu de Wall Street, la donne change. « Alors que, initialement, on espérait que l’Amérique latine pourrait rester en dehors de la crise, des signes très forts annoncent avec certitude des impacts à venir. On peut non seulement s’attendre à une détérioration prolongée du commerce extérieur, mais aussi à un choc financier très violent et dans un délai très court. Plus le système bancaire et la Bourse des valeurs sont internationalisés, plus la fragilité est grande (4). » De fait, des pays comme le Mexique, le Chili, le Brésil et le Pérou sont déjà affectés. En 2006, le président vénézuélien avait proposé de créer une Banque du Sud « alternative » destinée à utiliser les réserves existant dans la région pour en terminer avec la dépendance vis-à-vis du FMI, financer le développement des pays membres et réduire l’exclusion sociale. Favorables à une intégration favorisant leur domination économique sur le reste de la région, le Brésil et l’Argentine traînaient les pieds. Face à la menace venue du nord et retrouvant à Manaus (Brésil), le 1er octobre, MM. Chávez, Correa et Morales, le président brésilien s’est finalement rallié aux « radicaux » et a accepté la création de la nouvelle institution. Source: Le Monde diplomatique http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=6&id=2212&option=com_content&Itemid=11 on trouvera plusieurs article sur le sujet dans le site de M. Collon http://www.michelcollon.info/index.php |
| | Posté le 13-07-2009 à 23:53:26
| Le premier coup d’État militaire de l’administration Obama Le SouthCom prend le pouvoir dans un État membre de l’ALBA par Thierry Meyssan http://www.voltairenet.org/article160801.html En remettant en question la présence militaire US à Soto Cano et en adhérant à l’ALBA, le Honduras a suscité la colère de Washington. Des militaires formés à l’École des Amériques et encadrés par des conseillers US ont renversé le président constitutionnel Manuel Zelaya et ont installé à sa place son rival de toujours au sein du parti libéral, Roberto Micheletti. Thierry Meyssan revient sur les enjeux de cette confrontation qui marque la volonté de l’administration Obama de reprendre en main l’Amérique latine. 29 JUIN 2009 Roberto Micheletti, président du Congrès et rival de toujours de Manuel Zelaya au sein du Parti libéral, salue les députés qui viennent de le désigner président du Honduras. Nul ne pensait que la crise opposant le Honduras aux États-Unis pourrait se conclure par un coup d’État militaire. Washington semblait avoir renoncé à ces méthodes, quoi que l’administration Bush ait encore récemment soudoyé des militaires pour renverser le président constitutionnel du Venezuela (12 avril 2002) [1] et qu’elle ait envoyé les forces spéciales enlever elles-mêmes le président constitutionnel d’Haïti (29 février 2004) [2]. Mais les communicants de la Maison-Blanche avaient suffisamment mis en scène le large sourire du sémillant Barack Obama pour que l’opinion publique internationale ait cru que les États-Unis avaient changé et qu’ils avaient abandonné leur ambition impériale. Les cinq États de l’ex-République fédérale d’Amérique centrale (Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua) offrent un intérêt stratégique particulier puisqu’ils forment le lieu de passage entre deux continents et deux océans. Cependant, aucun de ces États ne dispose de ressources particulières. Par contre, chacun d’entre eux peut être utilisé pour contrôler la zone. Ainsi durant la révolution sandiniste au Nicaragua, Washington utilisa le Honduras comme base arrière de la contre-révolution. Sous la direction de John Negroponte, l’ambassade des États-Unis à Tegucigalpa était devenue le quartier général des « contras » nicaraguayens et de leurs escadrons de la mort. Dans cette perspective, l’évolution anti-impérialiste du Honduras, après le retour au pouvoir des Sandinistes au Nicaragua, représentant moins un problème en soi qu’un danger de « contamination ». En quoi donc l’évolution du domino hondurien représentait-il un tel danger que Washington décide de recourir aux vieilles méthodes au risque d’anéantir tous ses efforts de communication ? La présidence de Maduro et les élections de 2005 Comme toute l’Amérique centrale, le Honduras est en proie aux maras (gangs), dont le plus célèbre est le Mara Salvatrucha. Il s’agit de bandes d’enfants, asservis par la dépendance aux drogues et organisés selon des rites mystico-criminels [3]. Ils commettent toutes sortes de violences, parfois d’une barbarie inouïe, et dans certains cas de vrais massacres. En 2001, le candidat nationaliste Ricardo Rodolfo Maduro Joest avait été élu pour lutter contre le crime, après que son fils de 25 ans eut été enlevé, torturé et assassiné. Les obsèques du jeune homme s’étaient muées en manifestation nationale. Dès son accession à la présidence, Ricardo Maduro avait ordonné de spectaculaires opérations anti-gangs. Il avait développé l’arsenal des policiers et avait fait sortir les militaires des casernes pour leur prêter main forte. Soutenu par la démocratie chrétienne, il avait fait adopter une loi condamnant à 5 ans de prison minimum la simple appartenance à un mara. Bien que la loi ait été copiée au Guatemala et au Salvador, elle fut ultérieurement invalidée par la Cour constitutionnelle car elle rendait des individus responsables par association de crimes qu’ils n’avaient pas commis. Ces mesures firent exploser la population carcérale et se soldèrent par des mutineries sanglantes dans les prisons. En définitive, faute de traiter les causes sociales de ce phénomène de masse, ces initiatives n’enrayèrent pas la propagation du crime. En 2005, le candidat nationaliste à sa succession, « Pepe » Lobo, considèrait que les maras ne peuvaient être éradiqués qu’au travers d’une guerre. Dans une sorte de surenchère, il proposa donc de rétablir la peine de mort par référendum avec possibilité de la prononcer collectivement contre les gangs. Cependant, une étude menée au Salvador voisin avait montré que 51,9 % de ces criminels ont entre 11 et 15 ans. Le Honduras aurait donc du tuer nombre de ses propres enfants. À l’opposé, le candidat libéral, Manuel Zelaya, proposait une approche plus raisonnable, non seulement fondée sur la répression, mais incluant de vrais tentatives d’éducation et d’insertion de ces enfants. Le bilan du président Ricardo Maduro était également discutable au plan économique. Ancien gouverneur de la Banque centrale et brillant homme d’affaire (concessionnaire Xerox et directeur du fonds d’investissement La Paz), Maduro a négocié avec le FMI et le Club de Paris la réduction de la dette, mais en contrepartie, il a été obligé d’augmenter les taxes et de réduire le nombre de fonctionnaires ; une politique qui a exclusivement pesé sur les classes moyennes. Il a aussi fait adhérer son pays à l’Accord de libre-échange États-Unis/Amérique centrale, sans rencontrer d’opposition politique prticulière, malgré les conséquences désastreuses pour les petites exploitations agricoles. Les excellentes relations du président Maduro avec son homologue états-unien, George W. Bush, se concrétisèrent avec l’envoi de 370 hommes en Irak, où ils servirent avec les Espagnols dans la zone placée sous administration polonaise. Toutefois, il fut politiquement contraint de retirer ce contingent lorsque l’Espagne de Zapatero se retira. Au demeurant, le mandat de Ricardo Maduro se termina dans une ambiance grotesque avec un divorce à grand spectacle. Le libéral de gauche José Manuel Zelaya Rosales proposa une alternative séduisante. Pour faire des économies budgétaires, il entendait réduire le train de vie de l’État plutôt que de fermer des services publics. Pour augmenter les recettes de l’État, il proposa de faciliter l’emploi dans les secteurs à forte main d’œuvre. Pour lutter contre la criminalité juvénile, il annonça son intention de doter toutes les écoles d’ordinateurs et de rendre l’instruction publique gratuite pour tous. En 2005, lors d’un scrutin à un seul tour, les électeurs l’élirent avec 49,9 % des voix, et lui donnèrent 48,4 % des sièges au Congrès (la chambre unique). Son principal concurrent, le nationaliste de droite Porfirio Lobo Sosa, n’obtint que 46,2 % des voix et 42,9 % des sièges au Congrès. Les résultats étaient si serrés qu’ils furent contestés, pour être enfin validés après deux semaines d’incertitudes. Trois petits partis se sont retrouvés en position d’arbitres au Congrès : l’Union démocratique, la Démocratie chrétienne et enfin Innovation et unité. Élection présidentielle (27 novembre 2009) José Manuel Zelaya Rosales 49,90 % des suffrages exprimés Porfirio Lobo Sosa 46,2 % des suffrages exprimés Juan Ángel Almendares Bonilla 1,5 % des suffrages exprimés Carlos Sosa Coello 1,0 % des suffrages exprimés Juan Ramón Martínez 1,4 % des suffrages exprimés Élections législatives (27 novembre 2009) Partido Liberal 62 sièges Partido Nacional 55 sièges Unificación Democrática 5 sièges Democracia cristiana 4 sièges Innovación y Unidad) 2 sièges La présidence de Manuel Zelaya Rien ne laissait prévoir que le rancher Manuel Zelaya entrerait en conflit ouvert avec Washington, d’autant que la majorité relative dont il disposait n’encourageait pas à une rupture politique. En premier lieu, Zelaya a poursuivi la décentralisation qu’il avait initié lorsqu’il avait occupé des fonctions ministérielles par le passé. Il s’agissait de rapprocher les centres de décision des citoyens pour renforcer le pouvoir populaire et la transparence. Cette réforme a fait surgir un clivage entre la classe politique corrompue de la capitale et les nouveaux notables locaux. Elle a aussi mis en lumière le contrôle par les militaires d’une partie de l’économie [4] Surtout, Manuel Zelaya annonça en juin 2006 que la base aérienne de Soto Cano [5], abritant un contingent US, serait affectée au trafic commercial. Devant la réaction du Pentagone, le ministre de la Défense hondurien envisagea de reculer en évoquant un coût d’équipement trop important, mais le président Zelaya maintint sa décision. Officiellement Soto Cano est une petite base avec 190 militaires et 730 personnels civils. Sa piste est la seule d’Amérique centrale capable d’accueillir de gros transporteurs de troupes. Fort Bravo est la seule antenne du SouthCom hors USA [6]. Surtout, Soto Cano est une base d’écoute reliée à deux unités secrètes Cerro La Mole et Swan Island. Ce dispositif est indispensable au renseignement militaire US dans la région. Curieusement, aucun traité n’a jamais été signé entre les deux pays pour préciser le statut de ces installations. Alors que le président jouissait d’une forte popularité, une soudaine campagne de presse l’accusa de ne pas tenir ses promesses, d’être incapable d’améliorer le niveau de vie et de juguler le crime. De fait, il ne pouvait protéger le pays de la hausse mondiale des prix du pétrole, tandis que quantité de reportages à sensations donnaient l’impression d’une explosion des maras. Manuel Zelaya y répondit en contraignant les médias audiovisuels privés à retransmettre plusieurs heures d’interviews de membres de son gouvernement. Washington manifesta son irritation en diminuant ses programmes d’aide à la population, mais maintint ses programmes de sécurité. Les États-Unis accordent en effet des moyens importants au Honduras pour qu’il réalise sur son territoire des éléments de ses plans de lutte contre le crime organisé, le trafic des stupéfiants et le terrorisme. Washington finance par exemple l’équipement high tech de Puerto Cortés pour que tous les containers qui y transitent à destination des États-Unis soient scannés. Au demeurant, Washington dispose de puissants moyens de pression sur Tegucigalpa. Si 7 millions de Honduriens vivent ans leur pays, près d’1 million supplémentaire vit aux États-Unis, notamment depuis les dévastations dûes au cyclone Mitch, en 1998. 78 000 d’entre eux ont un statut temporaire, plusieurs fois renouvelé, et peuvent faire l’objet de reconduite à la frontière sur simple décision administrative. Le président continua son action contre la corruption, contraignant plusieurs hauts fonctionnaires à la démission. En retour, certains d’entre eux commencèrent à comploter. On découvrit que l’ancien directeur de la compagnie de téléphone publics avait placé le président sur écoutes. Tandis qu’éclatait aux États-Unis la crise des subprimes et que l’on assistait au renchérissement mondial des aliments de base, le président Zelaya s’est logiquement tourné vers l’Alternative bolivarienne des Amériques (ALBA), une organisation inter-gouvernementale initiée par le Venezuela. Celle-ci garantit la sécurité alimentaire et énergétique de ses membres, et coordonne en outre des programmes de Santé publique. Cette décision rencontrait un fort soutien populaire, mais suscitait l’inquiétude des classes moyennes déjà frappées par la politique économique de Maduro, puis par la crise économique mondiale. Le 25 août 2008, Manuel Zelaya rendait hommage au « Guérillero héroïque » Ernesto Che Guevara et, devant une foule de 100 000 personnes, signait à Tegucigalpa l’adhésion de son pays s à l’ALBA en présence des présidents bolivien, Evo Morales, nicaraguayen Daniel Ortega, vénézuélien Hugo Chavez, et du vice-président cubain Carlos Laje. Le président dominicain Leonel Fernández s’était fait représenter. Le Honduras venait de basculer du côté des nations rebelles. Le coup d’État militaire Des officiels US ont admis auprès du New York Times être entrés en contact avec les putschistes ces derniers jours, mais —selon eux— en vue de les dissuader de faire un coup [7]. Selon ce témoignage, ces contacts auraient cessé dimanche (c’est-à-dire alors que le coup avait commencé). Or, la petite armée hondurienne est entièrement équipée, formée et encadrée par les États-Unis. Elle obéit certes à son chef, le président de la République, puis à son chef d’état-major. Mais en pratique, elle est largement contrôlée par le SouthCom depuis Soto Cano et Miami [8]. Précisément, le Pentagone a précipitamment installé le nouveau commandant du SouthCom, le général Douglas M. Fraser, jeudi dernier, pour suivre le coup. Quoiqu’il en soit, l’opération a été conçue de longue date. Comme l’attaque des bâtiments officiels moldaves, le nettoyage de la vallée de Swat, l’extermination des Tigres tamouls ou la « révolution verte » en Iran, elle a été planifiée par l’administration Bush, puis confirmée et exécutée par l’administration Obama, après avoir été habillée des oripeaux de la légalité. La tension s’est concentrée lorsque le président Zelaya a convoqué —pour le dimanche 28 juin— un référendum autorisant l’élection d’une assemblée constituante. Immédiatement, une campagne de presse internationale a été initiée pour présenter cette initiative comme exclusivement vouée à autoriser Manuel Zelaya à briguer immédiatement un second mandat. Ce qui est faux, puisque l’élection de l’assemblée constituante aurait eu lieu le jour de la prochaine élection présidentielle et que la constitution n’aurait pu être modifiée que beaucoup plus tard. Le président n’aurait donc pas pu être candidat à sa propre succession. Mais après avoir accusé mensongèrement Hugo Chavez de vouloir être « président à vie », il fallait accuser son allié Manuel Zelaya de marcher sur lui aussi vers la dictature. Le 9 juin, le Congrès a adopté une loi constitutionnelle interdisant un référendum à moins de 180 jours de l’élection présidentielle. La Cour suprême a déclaré le référendum illégal (mais pas anti-constitutionnel) bien que la loi de modification soit elle-même anticonstitutionnelle. Toutefois, s’appuyant sur cette décision le chef d’état-major, le général Romeo Vasquez, a bloqué l’organisation du référendum. Le président s’est alors rendu lui-même sur une base militaire pour « délivrer » le matériel électoral et a révoqué le chef d’état-major pour insubordination. Comme tous les golpistes latino-américains, le général Romeo Vasquez a été formé par les USA à l’École des Amériques, de sinistre réputation. La base de Soto Cano est aujourd’hui commandée par le colonel Richard A. Juergens. Il aurait dirigé l’enlèvement du président haïtien Jean-Bertrand Aristide lorsqu’il était directeur des opérations spéciales du Special Operations Command. Dimanche 28 juin 2009, vers 5 h 30 du matin (heure locale), l’électricité et les lignes téléphoniques filaires et hertziennes ont été coupées. Des commandos encagoulés [9] ont investi la résidence du président de la République et l’ont contraint à les suivre. Il a été expulsé vers le Costa Rica en pyjama. Au moins huit ministre, dont la ministre des Affaires étrangères, ainsi que diverses personnalités, dont le maire de San Pedro Sula (la seconde ville du pays) ont été arrêtés. Lorsque l’électricité a été rétablie, les médias audio-visuels ont annoncé que le couvre-feu était décrété et le référendum et les offices religieux dominicaux annulés. Dans l’après-midi, les députés ayant été autorisés à circuler, le Congrès s’est réuni en séance extraordinaire. Le président de la Chambre, Roberto Micheletti, a donné lecture d’une lettre, datée du vendredi 26 juin, du président Manuel Zelaya donnant sa démission. Personne ne s’est étonné de cette missive anti-datée. Constatant la vacance de la présidence, le Congrès a désigné son président comme président de la République. De son côté, la Cour constitutionnelle a précisé dans un communiqué orwellien que l’armée avait défendu la Constitution et empêché le président Zelaya de faire un coup référendaire. La Cour a soutenu que le chef d’état-major avait certainement bloqué le référendum en toute légalité, s’il avait agit sur ordonnance d’un juge. Afin que nul n’ignore le véritable enjeu de cette opération, les militaires ont placé aux arrêts les ambassadeurs ou chargés d’affaire des États membres de l’ALBA. La technique utilisée pour le coup n’est pas sans rappeler celle d’Haïti en 2004 contre le président Jean-Bertrand Aristide : enlèvement au petit matin par des soldats encagoulés et apparition d’une lettre de démission. La manière dont les agences de presse atlantistes ont relaté mensongèrement le contentieux électoral pour donner une apparence de légalité au coup d’État montre la préméditation de l’opération par Washington. Le traitement du coup lui-même, en occultant l’enjeu central de la base de Soto Cano et les liens entre militaires honduriens et états-uniens, manifeste une volonté de dédouaner l’administration Obama. Source: Envoyé par l'auteur Image: Allan McDonald [1] « Opération manquée au Venezuela », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 mai 2002. [2] « La CIA déstabilise Haïti », « Coup d’État en Haïti » et « Paris relâche le président haïtien », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 14 janvier, 1er et 16 mars 2004. [3] « L’extension de la Mara Salvatrucha », par Gaston Pardo, Réseau Voltaire, 2 mars 2005. [4] La démocratie a été installée rapidement au Honduras alors que la région était le théâtre de révolutions et contre-révolutions. Les États-Unis ont veillé à ce qu’une partie de l’économie reste indirectement sous leur coupe via des militaires. [5] Cette base est également connue sous son ancien nom de Palmerola. Elle est située à 747 miles au nord-ouest de Tegucigalpa. [6] Le SouthCom est le commandement stratégique des États-Unis pour le contrôle de l’Amérique latine. [7] « Honduran President Is Ousted in Coup », par Elisabeth Malkin, The New York Times, 29 juin 2009. [8] Le SouthCom est installé à Miami, mais a une antenne à à Soto Cano et des sites avancés à Comalapa (Salvador), Manta (Équateur) et sur les îles d’Aruba et de Curaçao (Antilles néerlandaises). [9] Pour ce type d’opération, le port de la cagoule est inutile et contre-productif, sauf à masquer les conseillers militaires étrangers. |
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